Je voudrais faire un bisou très spécial à Zombiscornu, l'auteure entre autres perles des Crétins de Manhattan. Et je me souviens de l'expression éberluée et rieuse quand j'ai lu le premier chapitre, car nos deux fics sont des copies conformes pour le synopsis (pour le ton, la mienne sera beaucoup plus noire je crois) : Loki est la toute nouvelle recrue de la NYPD et vit un calvaire auprès de son formateur l'officier Stark. Elle est la première à avoir lu la mienne, et ses conseils et encouragements ont été très précieux.

Playlist :

Delta Rae - Bottom of the River

The Wright Brothers -Blood on my Name

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Lorsqu'il entre dans la chambre immense, Loki grimace. Le maccabée, accroché au lustre qui tient bon bien qu'il penche un peu, lui tire sa langue devenue violette.

« Reste pas planté là, le bleu ! lui lance Grincheux, une casquette NYPD sur la tête. Va chercher le matos du doc.

Le bleu décide de laisser traîner la demande du lieutenant, curieux de voir le légiste à l'œuvre. Ce dernier lève les yeux en plaçant ses lunettes rondes sur son nez, se détourne un instant du cadavre pour remercier un agent de police qui vient de lui apporter un tabouret, et monte dessus pour observer la nuque de plus près.

Il y a beaucoup de monde dans l'appartement. Pas moins de deux agents dont l'auteur de l'appel, MacLogan, plus eux trois.

-Et donc, s'enquiert Loki à son mentor, pourquoi on est six flics sur un suicide alors que deux viols et un meurtre dans le Queens ont sûrement besoin de nous ?

Grincheux le regarde un instant avec un sourire en coin, comme s'il était heureux qu'il ait fait cette remarque, mais rejette la tête en arrière dans un éclat de rire la seconde d'après, dans le but manifeste de le ridiculiser.

-Parce qu'il est plein aux as, quelle question le bleu. On est des fonctionnaires, pas des justiciers. Tu t'es cru dans un Marvel ? Va nous chercher le sac mortuaire dans la voiture je t'ai dit.

Loki finit par s'exécuter en se tenant peut-être encore plus prêt pour l'opération « coup de poing" que lui a conseillé la lieutenant russe. Quand il sort, Tony lance un coup d'œil aux autres agents, mais personne ne semble perturbé par la question du bleu.

Bêêêê.

"Je t'assure que la NYPD ne manque pas d'effectifs, on est cinquante mille environ, daigne répondre Tony quand le nouveau est de retour. Si tu veux aider, c'est dans le social qu'il manque du monde.

-On est là parce qu'il est fiché chez nous, et parce qu'en plus ce n'est pas un suicide, rajoute Bruce en descendant. Il a été étranglé avant d'être suspendu là. Vous pouvez le décrocher, fait-il à Tony, mais les deux officiers de la municipale vinrent l'aider (parce que de toute évidence, il y avait effectivement trop de monde dans cet appartement.)

-Ok, donc voilà ce que j'ai pour le moment, lance MacLogan, qui les avait accueillis avant de partir interroger les voisins. Mark Millow, 36 ans, marié, pas d'enfants, il travaillait chez Apple. C'est sa femme qui l'a découvert ce matin, elle a voulu enregistrer sa déposition au poste pour éviter de rester ici.

-Elle a passé la nuit dehors ? demande Tony, prenant des notes, déjà prêt à élaborer des hypothèses juteuses de femme infidèle.

-Non, elle rentrait d'un séminaire à Washington. Elle est avocate dans une grande société. Pour ce qui est des voisins, ils n'ont bien évidemment rien entendu. Ils décrivent monsieur Millow comme quelqu'un de discret et courtois. Bref : r.a.s.

-Okay. Des indices, des trucs bizarres ?

-Non rien, mais on vous donne tout, ordinateur, corde et tout le reste.

-Dernière chose : vous avez dit au téléphone qu'il était fiché ?

-On a jamais eu aucune preuve, mais il a été suspect n°1 d'un triple meurtre en 2002. Je vous envoie ce qu'on a par mail, mais le dossier complet doit être dans vos affaires classées.

-Super, merci officier. On s'occupe du reste. »

MacLogan hoche la tête et va parler à un de ses gars. Tony a noté que Loki, même s'il a filé un coup de main aux autres pour le corps et l'ordinateur, n'a pas arrêté de les regarder et a sans doute tout écouté.

« Des pronostics, le bleu ?"

Celui-ci lève un sourcil.

"On n'a rien.

-Alleez, t'as bien lu des polars. Tu y crois, à la justice faite maison pour le triple meurtre ?

-Je ne connais pas l'affaire.

-Mais moi non plus, j'étais encore à l'université à cette époque. (Loki note l'information dans sa tête, et se dit que Grincheux était plus jeune qu'il n'en avait l'air. L'alcool ?) Mais ça ne m'empêche pas d'établir des hypothèses, moi. Bon, Bruce, on a fini ou quoi ? Pas que les scènes de crime ne sont pas passionnantes, mais j'ai hâte de jeter un coup d'œil à ce dossier, et je veux choper la veuve avant qu'elle ne s'envole vers d'autres cieux.

-On a fini, confirme Bruce. Quelqu'un a mesuré les dimensions de l'ascenseur ? Notre victime était plutôt baraquée, j'ai peur qu'on ait du mal à la descendre.

-Je note, si la veuve est noire, elle n'a pas fait son crime toute seule, l'amant est dans le coup."

Grincheux consigne son hypothèse dans un petit calepin, noirci de bouts de phrase et des dessins. Loki mit voler le carnet de Grincheux sur sa liste des choses à faire mentale, juste après le coup de poing.

"Vos hypothèses sont stéréotypées, tout de même.

-Gamin, j'ai sept ans d'ancienneté, je connais mon boulot, réplique-t-il en se tournant vers lui. Je vais te dire un truc important. On tue pour trois motifs : la haine, la jalousie et le silence.

-Et les meurtres gratuits ?

-Rien n'est gratuit aux USA, mon grand. L'eau, la sauce ketchup, la mort : rien. Va voir chez les communistes si on se fait tuer sans motif, mais ici, il y a toujours un mobile. Même si c'est plus triste de se faire plomber pour des Nike que pour un secret d'état."

Loki serre les dents. Les surnoms l'agacent au plus haut point, mais ne sont pas assez insultants pour justifier une droite. Il se voit un instant dire « ne m'appelez plus jamais « mon grand » » pour expliquer son accès de violence, et non, effectivement, c'est stupide.

Et puis, c'est un beau déballage de conneries.

"Et les crimes passionnels, la légitime défense, vous en faites quoi ? réplique-t-il.

-Voyons mon chou, tuer par amour ou légitime défense, c'est des conneries américaines pour passer moins d'années en taule. T'es con ou c'est pour faire ton intéressant ?"

Ouais, si, se dit Loki juste après avoir balancé son poing dans la joue de Grincheux. Ça se justifiait, finalement.

Mais il a mis trop de force dans son coup et Tony va bousculer Bruce juste derrière lui, qui portait le cadavre avec d'autres agents. Le médecin parvient à rester debout et à ne pas tomber sur le cadavre, mais Loki s'est déjà dit qu'il vient sans doute de faire une énorme connerie. Grincheux est baissé, la main à sa joue, et n'a rien vu de ce qu'il s'est passé. Il a baissé sa garde, et Loki n'aime pas les spasmes qui agitent le médecin, alors il s'interpose pour éventuellement retenir les coups du médecin et éviter un drame.

Il a vu juste.

Le médecin a une sacrée droite. Assez surhumaine d'ailleurs, parce que Loki est soudainement par terre, la lèvre sans doute éclatée elle aussi. Il se retourne pour ne pas se faire surprendre, et à son grand soulagement, son formateur est en train de raisonner le docteur qui a toujours le poing à moitié levé. Il soupire et se relève, les oreilles encore bourdonnantes tandis que le médecin se confond en excuses.

« Loki, je suis confus, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Toutes mes excuses, vraiment-

-Il n'y a pas de mal, doc, c'est de ma faute si vous avez été bousculé.

-Ok, quand vous vous êtes roulé une pelle, je peux engueuler mon bleu ?"

Grincheux avait la lèvre enflée et noire de sang à l'endroit de la coupure.

Et merde. Merci, lieutenant Romanoff. Très bon conseil, très aidant.

Tony s'approche de Loki, qui garde une posture droite et une expression fermée légèrement menaçante. Pour le déstabiliser, il s'approche un peu trop près, et voit très bien la lutte entre lui foutre un nouveau pain et se retenir par risque de provoquer une crise plus grande.

-T'as l'air minable. Je préfère m'être pris ta droite que celle de Bruce finalement. Bienvenue chez les tarés le bleu. Et au fait, j'ai des poux.

Là-dessus, il retire sa casquette et l'enfonce sur la tête de Loki, visière sur la nuque. Et même s'il avait conscience de s'en tirer à bon compte, autant pour la crise du médecin que pour les remontrances pour avoir levé la main sur son formateur, celui-ci ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que sa tête lui gratte et d'avoir envie de le tuer.

-Ok les gars, lance Tony aux agents restés prudemment derrière (même si un ou deux ont mis leur main à leur holster, impressionnés par le médecin), circulez, y'a rien à voir. Foutez-moi l'maccab', l'ordi et le reste dans l'ascenseur, on remballe. »

Après avoir laissé le doc et son cadavre à la morgue, et déposé les pièces à conviction à Darcy, ils parviennent à intercepter miraculeusement la femme de la victime. Malgré leurs têtes de rugbymen après un match et le fait qu'elle soit là depuis une heure, elle accepte de les suivre. Les autres en quêteurs les regardent avec des yeux ronds quand ils passent entre les bureaux. Seule la rousse n'a pas l'air stupide, et à la place, regarde Loki avec une expression mi-désolée mi-amusée. Enfoirée.

"Vous êtes la femme de la victime madame ? s'enquiert Clint. Mes sincères condoléances. Vous voulez boire quelque chose ? fait-il en la guidant vers une salle plus loin. Nous avons juste quelques rapides questions à vous poser.

-Que vous est-il arrivé ? s'enquiert Steve avec une pointe d'inquiétude.

-Dissension interne et rite de passage, résume Tony. Mais c'est réglé maintenant."

Loki a oublié d'enlever sa casquette, donc ils croient la version de Stark. Car s'il a la casquette, c'est qu'il est passé au dessus des 80%. Mais ça, Loki ne le sait pas.

-Bon, on a une veuve à interroger, vous nous laissez ?

-Tu ne veux pas qu'on vous arrange ça, d'abord ? Vous avez l'air…

-Minables, termine Loki. Mais plus on la fait attendre, moins elle sera patiente et bavarde, non ?

-Je n'aurais pas dit mieux, le bleu."

Tony décide tout de même de passer par la pharmacie. Il prend le paquet de compresses et verse un peu de désinfectant sur une pour enlever le plus gros du sang coagulé.

"On a eu de la chance tout à l'heure, fit-il en nettoyant la plaie tandis que le bleu prépare sa propre compresse. Je ne sais pas si tu réalises bien.

-C'était... impressionnant.

-Il n'a aucun contrôle dessus. Il prend des cachets, mais parfois, ça remonte à la surface et ça explose. Il en a une peur bleue. Nous on a l'habitude, mais toi et ceux de la municipale, vous pourriez lui coller un procès.

-Je n'en ferai rien.

-Tu as intérêt, sinon, je t'en colle un pour coups et blessures.

-Pour tout vous dire, quelqu'un de la brigade m'a conseillé de le faire pour mettre fin au bizutage.

-Quelqu'un ?"

Loki garde le silence.

"D'accord. Je vois. Ce n'est pas ta droite qui va m'arrêter, le bleu. Tu me refais un truc comme ça, je mets ta candidature à la poubelle, et ce n'est pas le commissaire qui ira la repêcher."

Loki en doute fort, mais le lieutenant n'a pas tort. Il est là pour se faire apprécier et gagner la confiance des enquêteurs, pas céder à ses envies de mettre des pains. Il hoche la tête docilement.

Le lieutenant semble satisfait, car il referme l'armoire à pharmacie et repart. Il s'arrête devant une porte, étudiant le dossier poussiéreux. Ils ne pouvaient pas s'offrir des salles d'archives propres, à la Crim' ? Et puis surtout, informatiser tout ça ?

Le lieutenant met sa main sur la poignée de la salle d'entretien, et lui souffle :

"Tu es là, tu écoutes, tu observes, si tu dois parler c'est avec tact.

Loki se retient de répondre au conseil initile et condescendant, et entre à sa suite.

« Bonjour Madame.

-Bonjour, répond-elle calmement."

Ses yeux rouges disent qu'elle avait beaucoup pleuré.

"Madame Millow, je sais que vous avez déjà tout dit quelques étages plus bas, mais malheureusement, un élément nouveau nous oblige à transférer l'affaire et vous oblige surtout à vous répéter.

-Ce n'est rien, officier, fit-elle en secouant la tête. C'est mon jour de repos."

Elle a un discret sourire triste à l'ironie, car il lui faudra beaucoup de congés payés pour se remettre de cette journée. Et en voyant ça, Loki est prêt à mettre sa main au feu qu'elle est sincère dans son immense chagrin.

-Je vais donc faire vite, reprend Grincheux : est-ce que votre mari avait des ennemis ?"

Elle fronce les sourcils alors qu'elle répond :

"Non, mon mari était quelqu'un d'attentionné, apprécié au travail et dans la vie courante. Pourquoi demandez-vous ça ?

-Madame, une expertise médicale a montré que votre mari n'a pas mis fin à ses jours… mais que c'est bien quelqu'un qui l'a tué, et qu'on a ensuite maquillé le crime en suicide."

Ah, et c'est là que ça coince. Elle fige son visage en une expression horrifiée qui peine à paraître naturelle à Loki. Elle va commencer à mentir. Il n'a peut-être jamais été dans la police, mais il est doué pour savoir si les gens mentent. Il est d'ailleurs lui-même un talent naturel pour le mensonge ; ou alors s'est-il beaucoup entraîné.

-C'est incompréhensible, Marc était quelqu'un de vraiment adorable. Tout le monde l'aimait. Je n'y comprends rien. …Ҫa me rassure néanmoins qu'il ne se soit pas… parce qu'on était très proches, on se disait tout, et qu'il soit malheureux à ce point sans qu'il me l'ait dit, sans que je n'ai rien remarqué, ça me…

Cette émotion-là est sincère, et elle a l'air prête à fondre en larmes à nouveau.

Bon, donc elle se doutait qu'on l'avait assassiné, mais à part ça, tout le monde l'aimait. Mais bien sûr.

-Donc vous vous entendiez très bien, continue Grincheux.

-Oui, dit-elle en refrénant son chagrin, oui, on s'entendait très bien.

-Depuis quand vous connaissiez-vous, si ce n'est pas indiscret ?

-C'était en… 2006. Ça fait neuf ans.

-Est-ce qu'il vous a déjà parlé de l'affaire Wilson ?

-Wilson… ? Une affaire ? Non, jamais.

Elle est douée mais elle ment.

-C'était quatre ans avant votre rencontre, un triple meurtre non élucidé où il était le principal suspect.

Son supérieur étale les photos devant elle et vraiment, ce n'est pas agréable à regarder. Trois jeunes filles noires, égorgées, baignant dans leurs trois sangs. Elle détourne le regard avec un mouvement de recul puis semble se forcer à regarder à nouveau. Pourquoi ?

-Il ne vous en a jamais glissé un mot ?

-Non, j'ignorais qu'il avait été… mêlé à ça.

-Trois sœurs, assassinées chez elles tard dans la nuit après la fête d'anniversaire de l'une. Tous les participants avaient été interrogés et votre mari était le dernier à les avoir vues en vie, même si ses souvenirs étaient un peu flous.

-Il ne m'en a jamais parlé. Cela devait être trop dur pour lui. Je suis sûre que vous comprenez.

Mouais, songe Tony. Il va laisser couler pour qu'elle se rassure et baisse sa garde, puis revenir à l'assaut ensuite.

-Depuis combien de temps votre mari travaille-t-il chez Apple ?

-Depuis qu'il a 25 ans. En 2004.

Ses réponses sont rapides, mais elle a dû déjà dû répondre à ces même questions plus tôt dans la matinée, et a donc sans doute les dates bien en mémoire.

-Il ne vous a vraiment jamais parlé de cette soirée d'anniversaire ? insiste soudain le bleu. Cela a dû profondément le marquer, pourtant...

-C'est son m-meurtre que vous voulez élucider, ou celui de 2002 ? s'irrite-t-elle.

Hm, elle a sans doute la date un peu trop fraîche dans sa mémoire pour être honnête sur sa méconnaissance de l'affaire. Mais l'indice est bien trop mince pour dire avec certitude qu'elle sait quelque chose et la cuisiner dessus.

-Les deux crimes sont sans doute liés, madame, fait Grincheux, reprenant l'initiative. Dans le cas des meurtres non-élucidés, les proches ont soif de vengeance… et peuvent parfois se tromper de coupable dans l'aveuglement de leur chagrin, rajoute-t-il prudemment. Peut-être votre mari a-t-il été pris pour cible par erreur par un proche des victimes ?

Grincheux fait vraiment des hypothèses stéréotypées et prématurées. Loki croirait presque qu'il est en train d'écrire un épisode d'une série policière de mauvais goût.

Madame Wilson parait tout de même plus calme à présent.

-Mais mon mari ne-n'a sans doute rien à avoir avec cette horreur… Il n'était qu'un adolescent…

-Il avait tout de même 23 ans au moment des faits.

-Mark avait horreur de la violence. Vous faites fausse route.

-Bon, clôt Loki. Vous n'avez vraiment aucun ennemi à l'esprit, quelqu'un qui le jalouserait pour son poste haut placé, ou…

-Non, vraiment, affirme-t-elle. Sans doute que… des gens ont pensé comme vous et croyaient mon mari mêlé à cette sombre histoire…

Elle éclate soudainement en sanglots et ils savent tous les trois que c'est la fin de leur entretien.

-Merci infiniment pour votre patience madame Millow. Si vous souhaitez parler de la perte de votre être cher, nous possédons une cellule psychologique.

-Ce- ça ira, j-je vais rentrer chez… Moi, fait-elle dans un dernier sanglot.

-Vous êtes venue dans une de nos voitures, s'enquiert Loki, vous voulez que quelqu'un vous raccompagne ?

-Merci m-mais je vais prendre un taxi. Qui sait quelles horribles questions vous pourriez encore me poser."

Elle efface la trace de ses larmes et sort dignement de la pièce à leurs côtés, puis marche vers l'ascenseur sans se retourner.

Loki la regarde partir, réfléchissant à toute vitesse.

« T'en penses quoi le bleu ? lui fait Grincheux.

-Elle ment. Il avait des tas d'ennemis et elle connaît l'affaire. Les parents Wilson sont encore en vie ?

Quand il lui jette un œil, Loki peut voir qu'il sourit.

-Va voir Darcy, lui dit-il finalement. Elle doit avoir craqué le mot de passe du mac. Moi, je fais des recherches sur les parents des trois filles. »

Loki s'exécute en prenant soin de ne rien laisser paraître. Il ne se sent pas aussi tendu qu'il l'aurait pensé. Il a mis son formateur dans la poche, et il ne pensait pas que l'affaire le passionnerait autant. Il était là dans un tout autre but, et il devait faire attention à ne pas le perdre de vue, même si tout cela allait prendre beaucoup de temps.

Il ne le sait pas, mais alors qu'il va descendre, Natasha s'approche de Tony et lui murmure :

« C'est quoi tes scores ?

-89%, annonce-t-il d'un ton neutre et la rousse hausse un sourcil impressionné. C'est toi qui lui a conseillé de me mettre un pain ? fait-il d'un ton accusateur en se tournant vers elle.

-Non, c'est Clint, fait-elle dans une grimace désolée.

Dans l'ascenseur, Loki se prépare psychologiquement à se faire agresser les tympans, mais c'est une vieille chanson gayfriendly des années 80 qui l'accueille lorsqu'il arrive dans le labo. L'ingénieure scientifique essaye manifestement d'apprendre la chorégraphie Just Dance au chat.

Loki se demande soudainement pourquoi il a accepté la proposition de Fury.

-Wake me up, before you-Allez Cookie, ensuite tu- ça va, j'ai compris, fait-elle après un miaulement de protestation. Tu n'es pas prêt pour Raspoutine de si tôt, toi. Hanging up like a yoyo- Ah, parfait ! fait-elle lorsque son ordinateur émet un jingle joyeux. Et normalement…

Elle se retourne soudainement et saute de joie.

-Je le savais ! Tu es de ceux qui arrivent juste quand j'ai un résultat, et pas avant ! Viens viens viens !

Loki la suit tandis qu'elle demande par commande vocale de baisser la musique. Elle commence alors un long monologue précipité que Loki a du mal à suivre :

"Oh mon Dieu j'ai trouvé des trucs tellement géniaux dans ce bébé. J'ai passé les photos de vacances –ils sont allés à Honolulu, ces kystes infectés- je suis directement allée aux fichiers protégés, et j'ai trouvé trois catégories de documents : le porno –fort original d'ailleurs, tu aimes les daisy chains ?-, des fichiers secrets Apple –je suis sûre qu'on pourrait se faire une fortune avec ça- et enfin, enterré profondément : le meurtre des sœurs."

Elle afficha sur son écran différentes coupures de presse, photos et extraits de journaux télévisés.

"Le type s'intéressait de très près aux avancées de la police. Moi je dis ça…

-Vous dites qu'il avait des fichiers classés d'Apple ? On n'a pas exploré l'hypothèse de l'espionnage industriel.

-Tu m'as vouvoyé ? s'étrangle Darcy. J'ai quoi, quatre-vingt ans ? Tu arrêtes ça tout de suite ou tu sors de mon labo."

Loki lève les yeux au ciel mais l'ingénieure semble avoir oublié sa menace.

"C'est une piste, en effet ! Les fichiers sont cryptés mais je vais y jeter un œil. Peut-être qu'ils ont pensé à mettre une batterie décente sur l'Iphone 7."

Loki manque de sourire à sa blague tandis que la chanson de Wham! se termine et que Grilfriend d'Avril Lavigne démarre, continuité logique à la playlist du jeu d'ados surexcitées.

-Merci. Je vais…

-Attends, on n'a pas vu la corde !

-Je ne reste pas avec ça en fond sonore.

-Tu as entendu le monsieur Siri ? Viva Las Vegas.

Elvis Presley se met à swinguer dans le labo et FBI fonce entre ses jambes à la poursuite d'une souris à ressort. Loki se demande comment un être humain peut parvenir à travailler avec autant de distractions. Le pire est que son travail a l'air on ne peut plus correct et efficace.

-La corde me contrarie, fait-elle en fronçant des sourcils pour gronder l'objet. Pas d'empreintes ni d'élément notable. Fabriquée en Chine, probablement à Qingdao vue sa composition, elle a pu être importée par plusieurs chaînes de bricolage et de grande distribution. Même le Magasin des Suicides vend de celles-là, en premier prix.

-Le Magasin des Suicides, répète Loki en espérant avoir mal entendu.

-Yep, fun, hein ? Sur la 25ème rue. Ils ont tout. Poison, sabre, flingues avec une seul balle, toutes les marques de corde… Ils sont vachement contrôlés mais en vrai personne ne vient là pour se suicider, il n'y a que des touristes et des ados. C'est un peu comme le musée de la torture à Prague, tu vois ? Les gens aiment le morbide. Tu regardes GOT ? Quelle question, bien sûr que tu regardes. Tu aimais Jon ?

-Trop gentil, pas intéressant. Je préfère Ramsay.

Darcy éclate de rire, et Loki se rend compte qu'il est incapable de rester sur ses gardes avec elle.

"Tu as faim ? Le jeudi c'est chinois et cette semaine c'est mon tour, fait-elle en prenant son téléphone. Les autres m'ont commandé leur plat depuis une demi-heure, les vautours, marmonne-t-elle en fronçant les sourcils et faisant défiler ses messages.

-Ah, intègre Loki. Si ce n'est pas trop, je veux bien du porc au caramel et un bol de riz.

-Ça marche le bleu, fait-elle en composant le numéro. Tu peux ramener Cookie en haut ? Je lui ai appris à appeler l'ascenseur mais on a du mal à choisir l'étage. 喂,我的小苹果 ? 这是警察啊。对,打死,为什么,你也是谁的小苹果啊?好好,我今天要牛肉炒面*。。。

Donc, en plus, elle parle chinois, se dit-il en montant vers les bureaux, alors que FBI veut s'échapper de ses bras, excité par son jouet. Dire qu'il croyait avoir tout vu.

Quand il dépose le chat à leur étage et retourne au bureau de son tuteur, Barton et lui sont penchés sur l'écran et discutent avec animation.

-Puisque je te dis que c'est pas moi qui ai dit au bleu de faire ça ! Et par ailleurs, je trouve ton hypothèse de vengeance ridicule, c'est évident que c'est la femme et son amant. Le mari était très riche, elle est jeune et jolie. Qu'est-ce qu'il te faut ?

-On n'en a pas fini, Barton. Et non seulement la femme est sincère, mais un triple meurtre ça ne s'efface pas comme ça des mémoires.

-Tu parles. Les parents doivent avoir soixante balais, et les autres proches et les amis ont oublié jusqu'à leur nom. On dit qu'avec le temps, le seul qui se tape le fantôme d'une victime de meurtre irrésolu, c'est le fichu flic chargé de l'affaire.

-Je m'en balance de tes théories, Clint. Et je n'étais pas dans la police à cette époque, arrête de ramener ta psychologie de comptoir."

Loki se racle la gorge.

"Aucun indice sur la corde jusque là, mais il y a trois catégories de fichiers ultra protégés sur le mac. Du porno, des fichiers secrets d'Apple, et, toutes les coupures de journaux, rapports de police et communiqués de presse sur l'affaire Wilson, de 2002 à nos jours."

Grincheux lance à Barton le regard je te l'avais bien dit avant de retourner à Loki.

"Alors, ces communiqués ?

-Darcy me les transmets-

-Tu l'appelles déjà Darcy alors que tu l'as rencontrée il y a trois heures ?

-C'est parce qu'on ne m'a pas dit son nom de famille. Elle me transmet aussi les fichiers Apple une fois craqués, notre victime avait un poste très haut placé.

-On s'en fiche ça le bleu, tu lui fais perdre son temps, à notre ingénieure.

-Mais et s'il vendait les plans d'Apple, et avait été éliminé pour s'épargner de devoir révéler l'existence d'un espion industriel ?

-Et c'est moi qui regarde trop de films ? fait-il dans un aboiement de rire. Ils auraient tout simplement pu régler l'affaire en interne sans s'imposer des poulets fouinant partout."

Loki abandonne et s'enquiert :

"Les Wilson ?

-Ils habitent dans un petit bled nommé Little Hollow à une heure d'ici, tous les deux encore en vie. Partant pour un road trip ?"

Avec lui ? Certainement pas. Et rouvrir les plaies de deux au moins sexagénaires ne lui fait pas plus envie que ça.

Il cherche un prétexte pour y échapper quand un morceau de métal résonna dans la poche du lieutenant, le faisant sursauter et grommeler en décrochant :

-Darcy arrête de pirater ma sonnerie bo-

-VITE VITE VITE NON SEULEMENT LA BOUFFE EST ARRIVÉE MAIS J'AI TROUVE DES MAILS DE FOUS DANS L'ORDI DE MARC C'EST DING- »

Stark raccroche en soupirant, mais aussitôt son téléphone se remet à sonner, et il décroche de nouveau.

"Tony, descends à la morgue, j'ai du nouveau.

-Déjà doc ? Je croyais que tu avais une autopsie en retard-

-C'est-à-dire que je n'ai pas dû aller très loin. Descends, mais n'emmène peut-être pas le bleu, ce n'est pas beau à voir."

Mais le haut-parleur est mis, Loki fronce les sourcils et secoue la tête, semblant signifier qu'il veut venir.

-Je vais voir ça avec lui, dit Tony avant de raccrocher. Clint, je t'ai donné les grandes lignes de l'affaire, tu peux nous précéder au labo et aller voir de quoi il est question ?

-Reçu, lance le père de famille en partant vers l'ascenseur.

-Bon, à nous deux le bleu, commence Tony. Quand Bruce dit que ce n'est pas beau à voir, et bien ce n'est pas beau à voir.

-Mais il était normal, ce cadavre...

-Tu ne comprends pas, le bleu. La première étape c'est de déshabiller le corps, alors ce qu'on a pas vu et qu'est horrible c'est sous les vêtements.

Pour lui faire comprendre plus vite, Tony se désigne lui-même des deux mains et plus particulièrement son entrejambe. Le nouveau semble piger et retrousse son nez de dégoût.

"Tu veux vraiment venir ?"

Loki a un léger hochement de tête.

"Si tu vomis tu nettoies."

Il se demande s'il doit faire semblant de vomir quand il verra le corps. Un nouveau fraîchement sorti de l'école de police n'avait peut-être jamais vu de cadavre, et surtout pas mutilé. Mais Loki n'en était certainement pas à son premier rodéo.

Il n'a pas besoin de simuler la nausée qui le prend quand ils descendent à la morgue et découvrent le corps nu. Le pauvre homme s'était fait retirer les organes génitaux de manière sauvage, sans doute avec une scie ou un autre outil peu soigneux du genre.

"Bon, si jamais j'avais toujours des doutes, commence le docteur, ce n'est pas un suicide.

-En effet, Bruce, confirme Stark. Pré ou post mortem ?

-Si peu de sang sans pour autant avoir été nettoyé ? Post-mortem, et une heure ou plus après le décès.

-Mh, il a pris son temps.

-« Il » ? Je ne sais pas. On s'y est repris à plusieurs fois et en changeant sans doute d'instrument en cours de route : ce qui indique une fatigue musculaire importante, donc une force physique faible.

Loki a relativisé à la notion de post mortem, mais tout de même : il a beau avoir vu et fait des trucs moches, la mutilation à caractère sexuel, c'est beaucoup même pour lui.

"Quel instrument ?

-Je n'ai pas encore pu bien regarder, lui répond le médecin. Mais couteau à pain d'abord je dirais, puis de cuisine.

-Je ne vois pas sa femme faire ça, marmonne Grincheux.

-Elle n'avait pas l'air de le détester, lance Loki en pensant la même chose.

-Elle pouvait toujours mentir.

-Je ne pense pas, pas là-dessus.

-Alors on retombe sur les sœurs, grommelle le flic. Je vais aller interroger les parents.

-Vous ne montez pas voir Darcy ?

-Appelle-moi dans la voiture. Si la piste de la vengeance est la mauvaise, on doit le savoir au plus vite.

-Pourquoi ça ? s'enquiert Loki.

-Parce que le meurtre avec prélèvement, explique le docteur, qui témoigne souvent d'un fétichisme, par exemple des pieds ou des organes génitaux, est typique des tueurs en série.

-Donc qu'il soit fiché chez vous et ait des fichiers confidentiels… serait une simple coïncidence ?

-On doit s'en assurer, fait Tony après avoir pris les clefs de la voiture dans la pièce d'à coté, va voir les fameux mails, je file voir les parents et les proches.

Loki opine de la tête, sa nausée commençant à peine à refluer. Premier jour de formation, premier mutilé, et premier possible tueur en série. Il comprend pourquoi Fury lui avait dit que la plupart restaient à peine jusqu'à dix-huit heures, c'est vraiment un service rude. Mais il comprend aussi pourquoi il n'a aucun doute sur sa capacité à rester : après tout, son occupation est de la même nuance de glauque.

Il prend l'ascenseur, soulagé de quitter la morgue, et retourne voir l'ovni qui occupe leur labo.

-Coucou le bleu aux yeux verts ! lui lance Darcy, les bras levés, un grand sourire. Tu avais raison ! La piste de l'espionnage industriel est sans doute la bonne.

-Belle intuition le bleu, lance Barton, penché sur l'ordinateur.

-Pardon ? relève-t-il avec surprise.

-Les mails cryptés étaient dans un code coréen, assez original je dois dire. Notre victime s'apprêtait à conclure un contrat de data contre carte gold avec Samsung, principal concurrent d'Apple. Principales améliorations de l'Iphone 7 d'après ce que j'ai compris, et toujours rien sur la batterie. Je devrais me faire embaucher là-bas, j'ai plein de bonnes idées, et le salaire serait mieux qu'ici, continue à babiller Darcy.

-Le plus plausible serait que les mails aient été interceptés par Apple : harcèlement moral qui le pousse finalement au suicide.

-Sauf que ce n'est vraiment pas un suicide, soupire Loki en s'appuyant contre le plan de travail. Les marques sur la nuque ne correspondent pas, et il a été mutilé après son décès.

-Mutilé comment, s'enquiert Darcy.

-Prélèvement des organes génitaux.

-Je n'aime pas ça. Ҫa pue le tueur en série, marmonne Clint.

-Mais aussi la vengeance, propose Loki, si les trois sœurs ont été abusées sexuellement, non ?

-Tu pars sur la même piste que Tony finalement ?

-Je n'en sais rien, soupire-t-il à nouveau, c'est beaucoup plus simple à la télé. Le meurtrier est toujours le deuxième suspect à avoir été interrogé.

-On n'est pas sur un tournage le bleu, fit Clint avec un ton fataliste en posant une main sur son épaule. Je remonte dire à Fury ce qu'on a pour l'instant pour qu'il fasse le lien avec la presse et le FBI. S'ils nous piquent l'affaire à cause de la mutilation, je pique une crise.

Alors que l'agent appelle l'ascenseur, Loki se rapproche de Darcy pour se faire expliquer tout ce qu'elle sait.

"Donc comme Apple contrôle tout ce qui porte sa patte et dont les données sont lourdes, l'échange était supposé se faire à Central Park demain matin. Clint est parti voir Fury notamment pour qu'aucune info ne filtre dans les médias, afin qu'une équipe intercepte notre bonhomme et lui pose quelques questions.

-Bon, on va répéter tout ça à Grincheux, fit Loki.

-Grincheux ? répète Darcy. Oh mon dieu, cela lui va trop bien. Laisse-moi deviner, je suis Simplet, Bruce est Prof, Clint est Atchoum, Natasha- oui, non, ce n'est pas la personne la plus timide au monde. Pourquoi il n'y a pas de Nain qui s'appelle « Tueuse russe sexy » aussi ? Ҫa manque au film, je trouve.

-Je pensais plutôt à Timide, pour le doc, avoue docilement Loki, et à Prof pour le commissaire."

Darcy éclate de rire, et vraiment, c'est un son qui inculque plus d'espoir en l'humanité que n'importe quel muffin à la myrtille.

"Je t'aime vraiment bien. Tu as intérêt à rester parce qu'on va s'éclater. Bon, j'appelle Tony. Tiens, file-moi ton numéro d'abord."

Loki sort son portable et lui fait noter les dix chiffres, puis Darcy fait sonner son téléphone. Grincheux décroche presque aussitôt.

"Oui Darcy, alors.

-Nous vous informons que téléphoner au volant augmente le risque d'une mort prématurée et bien gore, annonce Darcy de la voix mélodieuse des vendeuses de maquillage dans les grands magasins.

-Je suis en kit mains libres, accouche.

-Notre macchabée était effectivement sur le point de dévoiler des secrets professionnels d'Apple à leur concurrent Samsung, tu peux faire d'office monter le bleu à 99% pourcent. Son partenaire en affaire et lui devaient se rencontrer demain matin à cinq heures à Central Park sous la grande roue, pour échanger clef usb contre cinquante millions de dollars.

-Bien. File mon numéro au bleu, et qu'il m'envoie un sms pour que j'ai le sien : je l'appelle dès que j'ai du nouveau pour faire avancer l'affaire. Clint prend sa formation en main pendant mon absence.

-Bien chef oui chef. Au fait, tu as oublié ton déjeuner.

-Mets-le moi dans un tiroir de la morgue, je le prendrai ce soir."

Le policier raccroche, et l'ingénieure prend le portable que Loki lui tend pour y noter le nouveau numéro.

"Quelle est cette histoire de pourcents ? s'enquiert-il soudain.

-La manière de compter de Tony. Si tu te stabilises jeudi prochain au dessus de 50%, il te formera comme il faut.

-Et là je suis ? demande-t-il encore, plutôt curieux.

-Aux dernières nouvelles fraîches que Clint m'a refilées, 87%. Le dernier à avoir été aussi haut c'est lui, il y a quatre ans, à 88. Mais bon, tu as le temps de redescendre. Tiens, fait-elle en lui tendant son téléphone."

Loki sourit en voyant qu'elle avait mis « Grincheux » en nom du contact.

"Merci Darcy. Tu es quelqu'un en or.

-Plutôt jade et lapis-lazuli, en réalité, fait-elle dans un clin d'œil. Et toi, tu vas faire un flic d'enfer.

(Surtout que Tony n'a jamais pris le numéro d'un bleu aussi vite)

Loki sourit, sincèrement mais aussi un peu à l'ironie de sa situation. (lui, un flic ? sérieusement ? Comment il en était arrivé là ?). Il prend les sacs en plastique de bouffe chinoise commençant à refroidir, son porc au caramel. De retour dans l'ascenseur, il envoie un message à son formateur :

«Loki, le nom du contact. Pas « le bleu » »

Quand il arrive à l'entrée du bled paumé et manipule son téléphone, Tony enregistre sans scrupule le numéro du nouveau sous le nom de « le Bleu ».

Parce que sérieusement, à quoi il s'attendait ?

Ce n'est pas les bisounours, ici.

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* "Allô, ma petite pomme ? C'est la police. Bien sûr que c'est Darcy, pourquoi, de qui d'autre es-tu la petite pomme ? Bon, alors, aujourd'hui je voudrais des nouilles sautées au bœuf (...)"