Me voici avec un mois de retard pour cause d'oubli regrettable de fichier word. J'espère que ce court chapitre vous plaira !
Poison – Alice Cooper
Paint It Black – cover by Hidden Citizens
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Thor se frotte la nuque en contemplant la capture d'écran envoyée par la Crim' la veille au soir. Lorsqu'il l'avait croisée avec leur base de données, cela avait donné trois photos floues : l'une dans une boîte de strip-tease, l'une sur une caméra de rue alors que la femme monte dans une voiture noire, et la dernière sur les caméras de surveillance du tribunal, qui date de plusieurs années auparavant.
C'était Sif qui avait prise la première, alors qu'elle était en planque, il y a des mois de ça. La lieutenant avait été repérée peu après le cliché, et si elle ne s'était pas enfuie, elle y serait restée.
Dans le service, leur suspecte est surnommée La était supposément à la tête de la mafia irlandaise, et après toutes ces années, ils ne l'avaient toujours pas coincée.Là, ils la tenaient pour homicide volontaire avec des preuves solides.
Alors pourquoi Thor avait-il autant d'appréhension à ce sujet ?
« C'est quoi cette tête ? lui lance Sif avec un sourire. On va enfin enfermer la murène, et toi tu fais la gueule.
-Je ne le sens pas, murmure Thor en secouant la tête. C'est trop facile.
-Ça arrive à tout le monde de faire une connerie.
-Si elle est vraiment en haut de l'échelle, pourquoi ce serait elle qui racketterait les commerçants du coin ? En plus, ce sont les Russes qui tiennent cette partie de Brooklyn.
-Ça fait longtemps qu'on les soupçonne d'une alliance. On a notre preuve.
-Ça ne sent pas bon, Sif, c'est tout ce que je dis.
-Ouais, désolé, c'est mon sandwich banane cheddar, lance Volstagg, en penchant la tête hors de son box pour afficher un grand sourire.
-Mauvais timing pour les blagues, mec, soupire Fandral avant de boire une gorgée de son café. Par contre, Thor, c'est quoi ce pessimisme ?
Il secoue la tête. Rien, simplement cette capture d'écran qui lui noue l' preuves qui leur tombent dessus sont trop faciles, et il a un frisson alors que la clim est encore en panne.
-Est-ce qu'on passe à la Crim' leur présenter ce qu'on a ? s'enquit Sif.
-Oui, autant y aller, approuve Hogun.
-Et en passant, on récupère leurs preuves et leur affaire, fait Fandral avec un grand sourire en attrapant ses lunettes de soleil.
-Ils ne vont vraiment pas aimer ça… marmonne Thor.
-Depuis quand les services de la police s'aiment les uns les autres ?
-Vous croyez que la clim' marche chez eux ? s'enquit Fandral en s'engouffrant dans l'ascenseur. »
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Quand Clint revient avec son troisième café parce que sa fille ainée a fait des cauchemars toute la nuit, Tony a son doigt sur les pectoraux de Thor, leur collègue de l'antigang, et parle d'un ton menaçant :
« C'est un homicide volontaire sur un citoyen lambda, Odinson, c'est donc notre enquête.
-Sauf que votre suspecte est à la tête de la mafia irlandaise, lança Fandral d'un ton dramatique. Qu'est-ce qu'il te faut pour nous donner l'affaire ? Al Capone ?
-Une blondasse comme elle, parrain ? N'importe quoi !
-C'est notre boulot, on le connaît, alors fais le tien, asséna Sif en serrant les dents.
-Comment je fais mon boulot si vous nous retirez toutes nos enquêtes, tout ça pour les foutre sous le tapis !
-Stark, intervient soudain Fury qui s'avançait vers eux, ça suffit ! L'antigang, en salle de confé, allez me dire ce que savez. »
L'équipe de Thor suit le directeur non sans un regard froid pour leurs collègues de la Crim'.
« Quelle bande de pourris, marmonne Tony en jetant d'agacement le dossier sur son bureau.
-Tony, arrête ça, c'est des accusations graves ! s'énerve de nouveau Clint.
-Oh allez, tout le monde le sait, et tu sais quoi ? Je m'en fous, c'est pas mon service. Mais l'affaire va partir enterrée dans un tiroir, et l'enfoirée qui a tué Andrès va vivre sa vie.
-Tu nous prends pour qui, Tony, des anges vengeurs ?
-J'espérais qu'on servait un peu la justice dans cette police de merde, jure-t-il en prenant sa veste et en la mettant sur ses épaules.
-Tu vas où, encore ?
-Prendre l'air ! »
Clint souffle par le nez mais le laisse partir. Une vingtaine de minutes plus tard, l'antigang s'en va, et Fury leur promet de leur envoyer leurs preuves et le rapport d'autopsie dans les meilleurs délais. Ils disparaissent dans l'ascenseur avec des sourires et des hochements de tête.
Quand Fury revient, Clint le fixe un instant, laissant transparaître une pointe d'accusation dans ses yeux. Fury le laisse le fusiller du regard un instant, puis soupire et souffle :
« Je sais ce que je fais, Barton. On aura toutes ces ordures, et celle-ci ne fera pas si vous voulez que ça marche, vous devez me faire confiance. »
Clint soutient son regard un instant, mais finit par hocher la tête. S'ils sont tous destinés à être à la botte de la mafia un jour, alors Fury sera le dernier.
Il respecte beaucoup son chef pour ça, et continue de le suivre même quand ses décisions ont l'air stupides, merdiques ou un mélange des deux.
Fury retourne dans son bureau, et Clint décide de trier les papiers qui traînent sur le sien. Quand il est de mauvaise humeur, il aime jeter rageusement des trucs à la poubelle, pourquoi pas en faisant des paniers de basket.
Il va tenter un trois point quand Loki sort de l'ascenseur.
« T'étais passé où, le bleu ?
-J'étais retourné chez Andrès, voir si on avait oublié quelque chose.
-Et alors ?
-Pas vraiment, juste un truc bizarre que j'ai donné à Darcy, une pièce de viande avec six impacts de…
-Tu as fait ça pour rien, le coupe Clint, parce que l'anti-gang nous prend l'affaire.
-Ah bon ? souffle Loki en feignant la surprise.
-Yep, apparemment notre suspecte est à la tête de la mafia irlandaise. »
Loki n'est pas surpris. Il a eu Amora tôt ce matin qui lui a fait part de la décision qu'avaient prise les taupes de l'antigang. Ils allaient venir dans la matinée récupérer l'affaire afin d'empêcher la crim' de trop fouiner. Ensuite, ils s'arrangeaient pour faire disparaître les preuves. Loki avait été sceptique sur leur capacité à supprimer quelque chose d'aussi gros, mais n'avait rien répondu.
Loki s'est arrangé pour ne pas être là en même temps que l'antigang en retournant sur la scène de crime. À son entrée à la brigade, il avait demandé à Fury de ne pas informer les autres services. À vrai dire, Loki espère naïvement que son frère ne l'apprenne jamais. Thor le croyait probablement toujours mort, et se revoir tous les deux allait provoquer un bordel monstre.
Puisqu'il était dans la boutique d'Andrès, il avait refait le tour du magasin. Il ne comprenait toujours pas comment Amora avait pu faire quelque chose d'aussi inconsidéré et compromettant sans avoir une idée derrière la tête.
Il avait tout inspecté une seconde fois et pris la peine d'entrer dans des endroits où il avait simplement jeté un œil. La chambre froide, par exemple. Amora était bien capable de cacher un doigt ou même un cadavre entier là dedans. En passant devant la planche à découper, il vit que les couteaux n'étaient pas alignés. Il hésita un instant, puis se mit à la recherche de gants pour pouvoir les ranger de manière symétrique sans laisser d'empreintes. Ses tocs allaient le perdre, un jour.
Le froid, ou plutôt le symptôme de manque, lui filait des frissons violents, et alors qu'il esquissait un geste pour déplacer le dernier couteau, ce dernier tomba à terre. Loki poussa un juron, et se pencha pour le ramasser.
Alors qu'il allait se relever avec le couteau dans la main, ses yeux tombèrent sur une masse rouge et blanche cachée sous l'établi.
Il fronça les sourcils, et tira la pièce de viande à lui. Il y a avait des trous dedans. En s'efforçant de ne pas penser au corps d'Andrès, il mit son doigt dans l'un deux, et rencontra le métal froid et écharpé d'une balle.
Confus, il compta les trous. Il y en avait six. Ce qi ne correspondait pas aux cinq balles dans Andrès. De toute manière, il ne voyait pas pourquoi quelqu'un viderait son chargeur dans un quartier de bœuf.
Sans comprendre, il emballa la viande dans plusieurs sacs, et ramena le tout au poste.
Caché dans une allée, il avait surveillé le départ de l'antigang, puis était remonté donner le jarret à Darcy pour qu'elle l'examine sans forcément l'affilier à l'affaire.
Devant le bureau de Clint, Loki se secoue et tente de se concentrer sur son collègue, mais lui aussi est silencieux.
Clint songe à la réaction excessive de Tony, et se dit qu'il va falloir le surveiller. Mais honnêtement, pour l'instant, Clint ne peut pas le blairer. Comme il le dit souvent, Tony est son ami à temps partiel, et là, il n'a aucune envie de faire des heures sup.
Pourtant, il le connaît mieux qu'il ne le dit, et croit savoir où il est.
« Tu veux bien me rendre un service, le bleu ?
-C'est Loki.
-Loki, abdique Clint parce qu'il a besoin de ce service, tu veux bien aller faire un tour à la morgue, vérifier que Stark n'y est pas ?
-Pourquoi ?
-Tu veux bien ? »
Loki hausse un sourcil en le fixant un instant, puis hausse les épaules et retourne vers l'ascenseur.
Soulagé, Clint reprend sa boulette de papier pour retenter son trois points, et lève haut les bras quand il marque.
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Tony est à la morgue avec un coup de blues et dans le nez. Quand il parle, ses grands gestes secouent le peu de whisky qu'il reste dans sa flasque avec un clapotement.
« Je t'aimais beaucoup Andrès, tu sais. Je te l'ai déjà dit, mais les meilleurs chimichangas de Brooklyn, mec. New York ne sera plus pareil sans toi.
Andrès ne bronche pas sous son drap blanc, mais Tony aime à imaginer son grand rire modeste et ses deux mains à plat sur son tablier.
« Même si l'antigang nous vole l'affaire, je trouverai celle qui t'a fait ça, et elle pourra tourner dans Orange is the New Black jusqu'à la fin de ses jours. Je le ferai pour tes enfants.
Andrès lui aurait déjà offert un menu gratuit pour de si belles paroles.
Non, probablement pas, il était un peu trop près de ses sous pour ça.
Il lui aurait peut-être offert la boisson…
Près de ses sous…
Il aurait dû refuser de se soumettre au racket de la mafia, et on l'avait tué pour ça.
Il lève sa flaque pour se boire la dernière gorgée quand la porte automatique s'ouvre et laisse entrer Loki. Sans rien dire, le bleu le rejoint et se plante à côté de lui, les yeux sur l'expression douloureuse d'Andrès.
Tony est ravi de la distraction et observe sa recrue. Il a toujours des cernes profondes et un regard fiévreux, mais il ne présente ni sueur ni tremblement, ce qui est encourageant.
« Ça va ? s'enquit-il.
Loki réfléchit à quoi dire. Il ne lui dira pas qu'il a dormi comme de la merde et fait des tonnes de cauchemars. Il y avait eu de la neige glaciale, et un renard qui finissait par l'égorger.
Loki sait que c'est cette stupide histoire canadienne du moineau dans la merde qui ne veut pas quitter sa tête. Même s'il raconte son rêve, Stark lui dira probablement que la neige signifie qu'il est en manque de coke.
-Mieux qu'hier, finit-il par répondre. Vous ?
-Moins bien que demain, marmonne son formateur. Ils ont eu l'affaire ?
-Oui.
-T'as vu ton « en quelque sorte" frère ?
-Non, je l'évite. Nous sommes… en froid.
-T'entends ça Andrès ? Pas aussi froid que dans ton frigo, en tout cas ! Que s'est-il passé entre vous deux, le bleu ?
-Nos chemins ont divergé.
-Verger.
-Rentrez chez vous, Stark, vous n'êtes pas en état de travailler.
-Mais je l'aimais vraiment bien, tu comprends ? Et ça me fait chier que des gens que je connaisse meurent parce qu'on est incapables de les en empêcher. C'est un peu de notre faute, tu comprends ?
Loki fixe les yeux fermés d'Andrès.
De leur faute ?
Il a le numéro et l'adresse d'Amora. Il pourrait arrêter ça, maintenant.
Et il ne le fera pas, parce que ce n'est pas Amora qu'il veut.
C'est Thanos.
Il faudra aller plus loin, beaucoup plus loin pour obliger celui-là à sortir de l'ombre et s'incriminer.
Il ne peut pas se laisser attendrir maintenant.
Tu pleures, poussière-dans-l'œil ?
Loki a un mouvement de tête agacé pour chasser la voix dans sa tête.
« Je comprends, finit-il par souffler. Je vous ramène ?
-Je vais faire un somme sur le canapé de Darcy, fait Stark en secouant la tête, puis aller faire un tour sur les serveurs de l'anti-gang. »
Loki a une vague d'inquiétude, mais leurs taupes ne sont pas stupides. Elles ne passent que par une carte sim spéciale pour communiquer avec l'Autre. Même s'il met sa menace à exécution, Stark ne va rien découvrir de dérangeant. Loki se rend soudain compte qu'il a froncé ses sourcils, et qu'il doit expliquer la source de son inquiétude. Il s'enquit :
« S'ils vous repèrent, que va dire Fury ? »
Tony sourit les yeux fermés.
« On ne me repère pas. Je suis passé par le MIT, tu sais, le bleu. Double master informatique et robotique.
-Pourquoi la police, alors ?
-Parce que c'est bandant. »
Loki se retient de dire ce qu'il pense. Il pense que Stark se prend pour un super-héros. Ça, ou il a quelqu'un à venger, et à chaque criminel qu'il arrête, les vieilles cicatrices se font moins douloureuses.
Le problème avec cette méthode, c'est que chaque affaire irrésolue les rouvre, comme si c'était hier.
Loki ne sait pas s'il a raison, mais en voyant Stark secouer sa flasque pour voir s'il en reste, il se dit que c'est probable. La flasque ne fait plus de bruit, et le lieutenant soupire en se dirigeant vers la sortie :
« Bon allez, bonne nuit Andrès. »
Il est onze heures, et Loki a envie d'aller se coucher.
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Lorsque Tony se réveille, il a une migraine atroce, et une reprise sombre de Paint It Black dans la tête. Boire était censé aider, bordel.
Il se lève avec difficultés, et sort du petit local de Darcy pour revenir dans son labo. L'ingénieure scientifique asperger porte une adorable petite robe blanche en dentelle, et Tony en est bizarrement déprimé. Il doit tourner la tête et attendre que la noirceur s'en aille.
« Tu as passé Paint It Black pendant que je dormais ? lance-t-il avec une once de reproche.
-Non, je n'ai pas mis de musique. Cela prouve le caractère extrême et injustifié de mon indulgence, parce que toi, mon ami, tu es torché au boulot, et ce n'est vraiment pas pro. C'est mieux que coucher sur le bureau du patron, mais c'est pire que mettre du sel dans le café des collègues.
-Lâche-moi la grappe, tu veux, marmonne-t-il.
Avec ses digressions infinies et sans lien logique entre elles, Darcy est la pire personne à rencontrer en cas de gueule de bois. Il faut rapidement lui couper la parole, et s'enfuir dès que possible.
Il va s'exécuter quand il fronce les sourcils, parce qu'il y a une pièce de bœuf qui trône sur la table, telle un trophée de chasse.
« Tu cuisines, ici, maintenant ? s'étonne-t-il.
-Non, j'analyse. Loki a trouvé ça dans la chambre du magasin d'Andrès, il y a six balles dedans. Le calibre correspond aux balles qu'on a retrouvées dans son corps. Je cherche une correspondance, mais elles sont assez abîmées, la viande devait être encore un peu congelée quand le tireur l'a criblée de plombs. J'adore cette expression, ça fait très western.
-Pourquoi quelqu'un utiliserait de la bidoche comme cible de tir à la carabine ?
-Ça, je n'en sais strictement rien.
-Tu vas la filer à l'antigang ?
-Bien sûr que non, ça n'a aucun lien avec leur affaire, fait-elle avec un clin d'œil. »
Tony finit par sourire. S'ils contournaient suffisamment les procédures et les règlements, ils allaient peut-être finir par rendre la justice dans cette gangrène de ville.
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Cette seconde courte enquête est terminée ! Elle va être classée sans suite, mais qui sait, peut-être sera-t-elle utile plus tard dans l'intrigue *wink wink*
On se voit pour la troisième enquête !
