J'espère que vous vous portez bien ! Voici l'avant dernier chapitre de cette enquête, ensuite on entrera dans un arc sans enquête que j'ai très hâte de vous présenter.

Si ça vous intéresse, j'ai mis sur mon profil le lien de la statue dont je me suis inspirée.

Bonne lecture !

Rar : madlaine

Merci infiniment pour ta review, elle m'a fait très plaisir. Merci aussi d'avoir mentionné la règle des trois mobiles de Tony, ça va être pertinent pour la suite !

Haha oui, j'ai craqué, je commence à leur faire baisser leur garde, et Loki oublie de plus en plus rapidement pourquoi il est énervé. Par ailleurs, j'ai eu des bons retours sur le pov Steve, je vais essayer de le faire réintervenir par la suite. Bravo pour avoir deviné que le costard avait un rapport avec sa mère, tu as tapé dans le mille. Et enfin, personnellement, j'ai pensé à ma carte bancaire pour décrire la joie incrédule qu'ils ressentent en trouvant la statue, ce qui est sans doute un peu inquiétant pour ma banquière.

Merci encore, et j'espère que tu aimeras autant la suite !

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You asked me what I want from life, I said :

To make a lotta money and feel dead inside

Younger Hunger – "Dead Inside"

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Quand Loki arrive sur les lieux dans son costume noir, il a une nouvelle fois très mal dormi, et pas entièrement à cause du rationnement de came qu'il tente de s'imposer. Il se sent triste et misérable dans ce costume, comme si durant le temps qu'il avait passé dans l'armoire, le tissu avait conservé tout son chagrin.

Il cherche Stark du regard, et finit par le trouver. Il porte un costume bleu électrique, et a l'air parfaitement à l'aise. Probablement qu'avec sa tchatche et son sans-gêne, Stark pourrait s'infiltrer n'importe où, des hautes sphères jusqu'au monde de la nuit, et peut-être même dans la mafia.

Non, pas la mafia. Il était trop intègre pour aller aussi loin que Loki avait été.

Eh bien, voilà, ce n'était pas si dur. C'est une poussière, que tu as dans l'œil ?

Loki secoue ses épaules et sa tête pour chasser le trauma. Il reporte ses yeux sur son formateur, qui l'a lui aussi repéré. Tony s'excuse auprès de la placeuse avec qui il parlait, et le rejoint.

« De meilleur poil ? s'enquiert-il prudemment en guise de bonjour.

-Désolé pour hier, marmonne Loki, d'un ton qui pourrait faire croire qu'il a du gravier dans la bouche.

-Y'a pas de mal. Ça m'arrive aussi, de t'aboyer dessus sans raison puis de bouder pendant des heures.

-Ce n'était pas contre vous.

-Et c'était contre… ?

-Je ne crois pas que ça vous regarde, aboit-il sèchement.

-Tu sais que tu recommences, là ? »

Loki inspire lentement par le nez. Maintenant est un mauvais moment pour un autre uppercut. Que reste-t-il ? L'ignorer, lui mentir, ou lui dire la vérité.

Stark continue de le regarder.

Redoublez de prudence, des mensonges dans votre vie pourraient bien vous faire du mal.

« Costard, lâche Loki du bout des lèvres. Enterrement de ma mère. Le même. Me met en colère.

-Oh… Je ne savais pas, pour ta mère. Mes condoléances. Tu es jeune, elle a dû partir tôt.

-Cancer.

-Mes condoléances, répète Stark. »

Les épaules de Loki s'affaissent. Son chagrin n'est pas une excuse pour cracher à la face du monde. Et il est censé cacher ses émotions, bon sang. Il se relâche, aux cotés de ce formateur qui en sait déjà beaucoup trop. Ayant repris le contrôle sur ses émotions, il met fin à cette horrible conversation.

« Avez-vous repéré quelque chose ?

-Pas encore. Steve s'est arrangé avec le commissaire priseur, on n'interfère pas et on récupère la statuette à la fin de la vente. Ils ne sont pas contents, mais si on n'appelle pas les Fraudes pour leur parler de la façon dont ils se la sont procurée, ils vont coopérer. Je déteste les types des Fraudes, donc ça tombe bien. Je vais voir s'il reste de la place à coté de moi. Prends un papier pour pouvoir monter les enchères, on est sous couverture. »

Loki s'attend à une blague graveleuse, mais rien ne vient. Son formateur est concentré et dans son rôle. Peut-être serait-il capable d'être un infiltré, finalement.

Non, Stark tirerait dans la jambe de celui qui lui dirait d'achever quelqu'un.

De nouveau, il secoue discrètement la tête. Lui aussi devait se concentrer sur son rôle.

Un agent sous couverture sous couverture, songea-t-il soudain. On aurait dit le pitch saugrenu de Victor Victoria.

Ils s'assoient à leur place, et tentent de repérer un visage familier. Ils ne reconnaissent ni moine, ni touriste. Ils vont devoir patienter jusqu'à ce que leur statuette se montre et fasse sortir les loups de leur tanière.

Au fil des lots, Loki s'étonne des montants des fortunes des gens présents. Prêts à dépenser quatre mille dollars pour une vieille assiette, sept pour une vielle horloge : il y aurait tant de choses pour lesquelles cet argent serait mieux dépensé. Mais sans doute que les vies humaines valaient moins que les objets pour ces gens-là.

Et pour toi, songe-t-il, combien vaut une vie ? Assez pour justifier de la prendre pour en venger d'autres ?

Les morts se soucient-ils de cela ? Et Xu Zipeng, s'en porterait-il mieux si son assassin était trouvé, ou bien n'y avait-il qu'eux à perdre le sommeil à ce sujet ?

« Notre lot suivant est une statue en ivoire finement sculpté, annonce le commissaire-priseur, recentrant l'attention de Loki.

La statuette est amenée sur un chariot recouvert de velours rouge. C'est bien le croquis de Steve, directement taillée dans une défense d'éléphant, dont la richesse des détails est visible même depuis leur place. Elle est vraiment belle, et Loki se retient de se lever pour enfin mettre la main dessus. Assis à sa gauche, Stark ne dit rien, fixant attentivement l'objet, et Loki fait de même.

« Représentant la divinité Guanyin, continue le commissaire-priseur, elle date du 19ème siècle et est estimée à 4000 dollars. 4500 par ici, pointe-t-il avec son marteau tandis qu'une main masculine se lève, 5000 pour madame en jaune…

La première main masculine se lève de nouveau. Le sourire de Stark signifie sans doute qu'ils ont des suspects. Loki fait mine d'appuyer son coude sur son genou pour se pencher et pouvoir mieux les observer.

L'homme a une cinquantaine d'années, un menton assez avancé, un front un peu dégarni, un costume cravate noir. La dame est plus âgée, elle pourrait avoir soixante-dix ans, mais son tailleur jaune et son chapeau assorti la rajeunissent. Ils renchérissent plusieurs fois, jusqu'à ce que la femme atteigne neuf mille dollars, et l'homme finit par abandonner.

« Neuf mille une fois, neuf mille deux fois, neuf mille trois fois…

-Tu prends l'homme, je prends la p'tite dame, chuchote Stark. »

-Adjugé vendu ! »

Le marteau claque et Loki et Tony quittent leur place, courbés pour ne pas déranger leurs voisins. Loki rejoint rapidement la rangée trois rangs devant lui, et souffle à l'homme en montrant discrètement son insigne :

« Monsieur ? Cela vous embête si nous nous éloignons un instant pour discuter ?

Une fois qu'ils sont en retrait de la foule, il commence poliment :

-Agent Odinson, brigade criminelle. J'aurais juste quelques petites questions à vous poser. Votre nom ?

-George Britfears. C'est à quel sujet ? »

Le nom le fait tiquer. Il sort son portable et se dépêche d'aller sur le drive de la brigade.

Britfears…

« Excusez-moi, je vérifie une information, dit-il en relevant rapidement le nez. Pourquoi portez-vous autant d'intérêt à cette statuette ?

-Eh bien, si vous êtes là depuis le début, vous avez dû voir que j'ai acquis une autre pièce bouddhiste. Je porte un grand intérêt à cette religion, fait-il en jetant un regard inquiet au téléphone de Loki.

Britfears…, songe Loki en scrollant frénétiquement la liste qu'il a rédigée la veille.

Bingo. Il brandit son portable sous le nez de leur suspect et lance :

« Et c'est dans cet intérêt que vous avez fait un don de mille dollars au temple de la ville il y a deux mois ?

-Exactement, se défendit l'homme en se fermant.

-Je n'ai pas tous les éléments avec moi, s'adoucit Loki, cela vous ennuierait-il de venir avec moi au poste ? Ce ne sera pas long. Cela me permettra de dissiper tout soupçon à votre égard.»

Son visage est fermé, mais l'homme accepte. Il ne doit pas se sentir en danger, ce qui n'est pas bon signe pour eux, mais Loki tient à creuser davantage.

Il l'invite à le suivre et ils rejoignent Stark, qui a laissé partir la vieille dame. Sans doute qu'elle n'est pas suspecte pour un sou. Loki les présente, et ils se rendent tous les trois au poste une fois que Steve leur a soufflé qu'il les rejoignait immédiatement avec la statuette.

En salle d'audition, Stark informe leur suspect de leur enquête, et l'homme affiche la surprise et la tristesse en apprenant la mort du moine. Loki sent qu'il les mène en bateau, mais ils n'ont rien de plus contre lui. Steve les rejoint, et comme c'est lui qui est en charge de l'affaire, Stark le laisse prendre le relai.

Derrière le miroir sans tain, Stark est survolté.

« Bien joué, le bleu ! Ce n'est pas assez pour nous, mais c'est le début d'un bout de ficelle, il ne reste plus qu'à tirer.

-S'il n'a pas fait ce don au temple pour acquérir la statuette, pourquoi il l'a fait ?

-Peut-être est-il de mèche avec le commissaire-priseur ?

-Ça ne colle pas, il nous manque un élément, marmonne Loki. »

On frappe tout à coup à la porte de la salle d'audience, Steve s'excuse auprès du suspect et sort. Stark s'apprête à quitter leur planque et Loki le suit. C'est Darcy qui se tient dans le couloir, une tablette numérique à la main.

« Darcy ? s'étonne Stark en sortant. C'est rare de te voir dans les étages.

-Ça ne pouvait pas attendre. J'ai deux mauvaises nouvelles, les gars. Un, il n'y a jamais eu de sang sur cette statuette. Il y a tellement de détails que j'aurais forcément dû en trouver dans les recoins, et rien. Ce n'est pas notre arme du crime.

-Et la deuxième ? marmonne Steve.

-Ce n'est pas de l'ivoire, fait Darcy en montrant ses résultats d'analyse totalement opaques à leurs yeux. J'ai gratté sous le socle pour faire des analyses, et c'est du celluloïd. Une imitation de très bonne qualité, mais une imitation quand même. C'est une fausse, elle ne vaut rien.

-Quoi! Mais alors… Oh, je comprends, réalisa tout à coup Stark. Il a fait monter les enchères pour refourguer la statuette à plus cher. Il travaille effectivement avec le commissaire-priseur.

-Vu comment il a réagi à ma proposition d'immunité, leur rappelle Steve, le commissaire-priseur est forcément véreux.

-Tu n'étais pas sérieux, dans cette proposition, j'espère ?

-Bien sûr que non, j'ai dit tout ça par oral, rien qui tiendra devant un juge.

-Ça c'est mon Steve, fait Tony avec un grand sourire.

-Sauf que c'est du ressort des Fraudes, pas des nôtres, donc on va devoir leur refiler ce pan de l'affaire.

-T'es pas sérieux ?

-On n'a pas le choix, Tony.

-Ils sont encore plus pourris que l'anti-gang !

-Arrête avec ça et recentre-toi. La statuette est une fausse que le commissaire-priseur et notre suspect se sont arrangés pour vendre à prix fort. C'est un fait, mais ce qui intéresse vraiment notre enquête est : Où est la vraie qui a disparu du temple ? Et pourquoi ce meurtre arrive deux longs mois après le don de Britfears ?

-C'est vrai que ça fait loin, comme déclencheur, note Loki. Peut-être qu'il y a eu d'autres paiements plus récents, en liquide ?

-Mais on n'a aucune preuve, soupire Steve.

-Et il ne t'a rien dit de plus qu'à nous, maugrée Stark. Donc, cette statuette n'est ni le mobile, ni l'arme du crime, notre seul suspect très ténu nous ment comme un arracheur de dent, et on ne peut pas vérifier ses comptes sans mandat. En résumé, on n'a rien.

-« Arracheur de dents » est une expression hautement dénigrante pour les dentistes, Tony, intervient soudain Darcy.

-J'ai droit à quelle insulte, exactement, explique-moi ?

-Je te l'ai déjà dit : crevure, pourriture, kyste infecté, enflure finie à la pisse…

-Et pour les menteurs ?

-Tu mens comme un… korrigan.

-Ah hin.

-Ça ment beaucoup les korrigans.

-Oui, évidemment. »

Loki regarde attentivement Stark, et ses épaules sont un peu descendues. La logorrhée insensée de Darcy ne fait certes pas avancer l'affaire, mais elle a le mérite de faire redescendre la tension.

« Pause déjeuner, annonce Steve. Nous sommes tous affamés et irritables, ça va nous faire du bien. J'appelle juste les Fraudes pour qu'ils puissent venir prendre notre suspect en début d'après-midi, après que nous l'ayons auditionné une dernière fois.

-Fais chier, tiens, marmonne Stark.

-Britfears ne nous dira probablement rien de plus, Tony. Autant compter sur eux pour éclaircir l'affaire, c'est leur domaine après tout. Comporte-toi bien, s'il te plaît. »

Avec un regard d'avertissement à Tony, Steve regarde le mémo des numéros internes, et compose celui des Fraudes. Cela décroche tout de suite, d'une voix plaisante et commerciale que Steve a mise en haut parleur.

« Services des Fraudes, Hammer à l'appareil.

-Bonjour, Hammer. Rogers, Stark, et Odinson, notre petit nouveau.

-Bonjour Rogers, Stark, le bleu. Toujours pas destitué, Stark ?

-Toi non plus, Hammer ? Je te croyais en taule, avec tes magouilles.

-Et toi en désintox.

-Bien ! Messieurs, intervient Steve, et si nous démentions la croyance populaire selon laquelle les services de police ne savent pas coopérer ? »

« Ne pas savoir coopérer » ? C'était une façon de le dire, mais Loki aurait choisi « manquer de se sauter à la gorge ».

Les soupçons de Stark ne sont pas infondés. Pour cause de compartimentation, Loki ne connait pas le nom des ripoux aux Fraudes, mais il y en a au moins un. Ils en ont eu besoin pour négocier avec le Mandarin, qui, en plus de l'héroïne, s'est lancé dans l'importation de produits de luxe contrefaits depuis son pays natal.

Tiens donc… des contrefaçons…

Pris d'un doute, Loki s'éclipse et va sur le balcon, sortant avec son paquet de cigarettes à la main pour faire croire qu'il va s'en griller une.

Un écouteur bluetooth dans son oreille gauche et tournant le dos à l'open space, il allume sa cigarette et sort discrètement son téléphone. Il accède à sa deuxième carte sim avec son empreinte digitale, puis appelle l'un des rares contacts qu'il a dessus. On décroche à la troisième sonnerie.

« J'ai besoin d'un renseignement, annonce directement Loki.

-Qu'est-ce que tu veux, poussière-dans-l'œil ?

-Attention à tes surnoms, Victor. Je veux la liste des indics du Mandarin à New York.

-Pas question. Tu connais les règles.

-Très bien : est-ce qu'un George Britfears est dedans ?

-Non, c'est non, poussière-dans-l'œil. Je peux savoir pourquoi tu as besoin de cette information ?

-Tu oublies ta place, Victor.

-Je crois que tu me confonds avec toi. Réponds-moi.

-Une enquête, fait Loki avec un large sourire qui s'entend sans doute dans sa voix.

-N'oublie pas pour qui tu travailles. Sinon, le rite de passage de notre prochaine recrue, ce sera toi. »

Quand Victor lui raccroche au nez, Loki a sa confirmation. Il rentre à l'intérieur, et en vérifiant qu'on ne fait pas attention à lui, se dirige droit vers le bureau du commissaire.

Nicholas n'est pas en pause déjeuner, et épluche toujours les mêmes dossiers. On peut même se demander si ce type dort, parfois, ou s'il ne daignera se reposer que lorsqu'il sera venu à bout de la mafia newyorkaise.

Loki sait que, caché sous un panneau derrière son bureau, il y en a un second avec les photos, les rôles et tous les détails connus des membres de leur organisation. Thanos occupe un point d'interrogation tout en haut, et tous ses lieutenants connus partent en flèche sous lui, dont Amora et Victor. Par sécurité, la place occupée par Loki dans la hiérarchie est laissée vide de tout renseignement, au cas où ce panneau serait découvert par un membre de la brigade.

« Fury, j'ai des infos, expose-t-il rapidement parce qu'il ne reste pas beaucoup de temps avant que la Fraude et ses ripoux débarquent pour prendre son suspect. Je peux vous résoudre l'affaire du temple, mais je dois pouvoir être à découvert devant notre suspect. »

Nick n'hésite pas un instant.

« Très bien. Appuyez sur les boutons off de la caméra de table, je serai le seul à vous écouter. »

Loki hoche la tête, et sort toujours aussi discrètement du bureau pour se diriger vers la salle d'audience. Fury le suit quelques minutes plus tard, et ils se quittent devant les deux portes qui mènent de chaque coté du miroir sans tain.

Loki entre dans la salle d'interrogatoire, et ferme la porte à clef derrière lui. Il s'avance vers la table et éteint la caméra, ainsi que celle dans l'angle de la salle. Son suspect le regarde faire avec un certain soulagement. Cela n'a pas l'air nécessaire, mais Loki se présente :

« Je viens de la part de Thanos, le nouvel associé du Mandarin. J'ai besoin de connaître votre véritable rôle dans cette affaire pour pouvoir vous aider.

-Vous me soulagez. Je savais qu'il y avait une taupe à la Crim', mais je ne savais pas qui c'était, ni si elle était chargée de cette affaire. »

Loki hoche la tête sans rien dire de plus. C'était donc pour ça qu'il l'avait suivi sans faire d'histoire à la salle des ventes, il savait qu'il avait un filet de sécurité. Loki ne saurait pas dire pourquoi, mais une pierre honteuse est tombée dans son estomac en entendant le mot « taupe ». C'était tout ce qu'il était, pas vrai ? Pour Thanos, pour Fury. Une petite langue menteuse, un pion bien docile et bien serviable.

« Donc vous ne connaissez pas les détails ? reprend Britfears.

-On compartimente par domaines, chez nous, c'est plus sûr.

-Oui, vous avez raison, le Mandarin fait ça aussi. Il m'a chargé de soudoyer les moines du temple, afin d'en faire la société écran de la contrebande d'art à New York. Nous avons commencé la fabrication des pièces et leur envoi, celle de ce matin était l'une des premières à être vendue. Un joli succès, je dois dire, je suis assez doué pour les enchères, ajoute-t-il avec un sourire satisfait. Malheureusement, un moine a découvert toute l'affaire, a voulu tout exposer au grand jour, et a dû être tué pour son silence. Depuis, votre brigade fouine beaucoup. Il faudra attendre plusieurs mois que la situation se tasse pour reprendre les expéditions. Mais si vous êtes là, c'est différent, vous allez pouvoir classer l'affaire.

-Ce n'est pas dans mes cordes, je viens d'arriver, et doit d'abord gagner la confiance de l'équipe avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Par contre, je peux les devancer au temple, et convaincre votre homme de taire le trafic. Sa peine sera moins lourde sans la contrefaçon, et on se chargera d'améliorer drastiquement ses conditions de vie en prison.

-Très bien. Le seul que j'ai réussi à acheter est Fu Huoyuan, il faisait tourner la baraque seul. Il prenait des photos détaillées d'œuvres authentiques qu'ils avaient au temple, rédigeait les bons de commandes, et se chargeait de la réception des colis. Il m'a dit que Xu Zipeng avait tout découvert, et avait dû être tué. Normalement, les autres ne soupçonnent rien. »

Si Loki se souvient bien, Fu Huoyuan est le moine le plus jeune, celui qui a fait « l'erreur » de traduction en ne mentionnant pas la dispute à propos d'argent qu'il avait eu avec la victime. Ils auraient dû creuser bien davantage de ce coté-là. Peut-être était-ce cette aura paisible et sacrée dont parlait Steve qui les avait, naïvement, empêchés de les soupçonner.

« Parfait, conclut Loki. Je me charge de cacher le trafic. Ainsi, vous ne serez pas inquiétés, et vous pourrez remplacer les moines morts ou en prison par des hommes à vous. Cela sera encore plus sûr qu'avant.

-Très bien, merci.

-Si vous ne faites que suggérer mon rôle à mes collègues ou ceux des Fraudes...

-Je n'en ferai rien. Nous sommes dans le même camp, après tout.

-Je les mentionne, car ils vont venir vous chercher, le prévient-il. Ils vont sans doute confronter votre version et celle du commissaire-priseur.

-Ne vous en faites pas, cela fait longtemps qu'ils sont tous à nous, là-bas. »

Loki hoche la tête, un peu nauséeux. Il n'y a plus rien à ajouter, alors il rallume la caméra de table, puis celle de la salle, et sort en rasant les murs.

Dans le couloir, il a des remontées d'estomac. Il respire profondément, puis ouvre la porte d'à coté qu'on vient de déverrouiller. Il referme à clef derrière lui, puis demande à Fury :

« Que fait-on, maintenant ?

-Ce que vous avez dit. Foncez au temple en prétendant chercher quelque chose à manger, convainquez l'assassin de taire le trafic, puis revenez. Je relancerai l'audition de Britfears à votre retour, et Steve et Tony se précipiteront là-bas. En résumé, on cache à l'équipe ce qu'on sait et on laisse le Mandarin continuer ses magouilles. Vous prévenez Thanos ce soir en disant que vous avez parlé à l'indic et que vous nous avez bien enflés, cela devrait aider à le remettre en confiance. Qui c'est, au fait, le Mandarin ?

-Un nouveau partenaire en affaires. Importation d'héroïne, de contrefaçon de luxe et, apparemment, d'art. Je n'ai pas d'informations claires sur cet accord, on me pense un élément sensible pour le moment.

-Je compartimenterais aussi, si j'étais à sa place. Merci, Loki. Comment allez-vous ?

Surpris par la question, Loki ne sait pas quoi répondre. Sans l'attendre, Fury poursuit :

« C'est très dur d'être un infiltré, on ne peut se confier à personne. Nous avons une psychologue spécialement pour ça. Souhaitez-vous la rencontrer ?

-Pour l'instant, ça va, commissaire. Je suis habitué.

-Vous étiez infiltré à votre compte, avant que je vous recrute ?

-Oui. Je ne sais pas. Je suppose que je ne savais pas vraiment ce que je faisais. »

Fury opina de la tête et le dépassa pour sortir.

« On va tous les coincer, Loki, je vous le promets. »

Loki ferme les yeux et tente de respirer profondément. Il suppose qu'il ne sait toujours pas ce qu'il fait.

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Il dit qu'il a des restes bientôt périmés à finir chez lui, récupère son casque de moto, et roule à tombeau ouvert dans New York. Il espère qu'il arrivera à temps, avant qu'un autre moine ne découvre quelque chose, et que la situation ne devienne hors de contrôle.

Dans les couloirs du temple, la statuette de Guanyin à la main et une ride de souci lui barrant le front, le moine Ma Guofu se rend au bureau de son confrère Fu Huoyuan.

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They say before you start a war

You better know what you're fighting for

The Cab - "Angel With a Shotgun"

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Tin tin tin !

(Je dois vous confesser que j'étais en panne d'inspiration pour nommer l'homme du Mandarin, et j'ai juste contracté « Britney Spears »)

Portez-vous bien et à bientôt !