Joyeux 1er mai à vous ! J'ai beaucoup trop hâte d'avoir vos réactions à ce chapitre. Je fais actuellement tourner sur place ma chaise de bureau tellement je suis excitée.
Rar : madlaine
Merci infiniment par ta review ! C'est mon rayon de soleil à moi.
La désintox était simplement une référence à l'alcoolisme de Tony, qui va avoir son importance pour la suite.
Tes déductions m'intéressent toujours autant, et je suis ravie que tu aies aimé le dernier chapitre. J'espère que tu apprécieras autant celui-là !
Siamés - Mr Fear
The Unlikely Candidates – Danger To Myself
Sia – Breathe Me
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Hello,
My name is Mr. Fear
I wish I had a faster therapy (…)
You know, I'll never disappear
Now get us out of here
Don't fight with me my dear
No cure is coming near
Siamés – "Mr Fear"
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Ma Guofu y a songé toute la matinée, la statuette ne voulait cesser de troubler sa méditation. Sa disparition juste lors de la venue des policiers, et son retour soudain, ne pouvaient signifier qu'une chose : un membre du temple avait commis une faute terrible. Il y a deux mois de ça, Xu Zipeng et Fu Huoyuan s'étaient disputés, et plus il y pense, plus cette pensée le parasite. Il va laisser le vieux Hua Jifeng en dehors de cela, mais il a besoin de s'entretenir avec Fu Huoyuan.
La statuette à la main, il frappe à son bureau. On lui ouvre après une douzaine de secondes, et son confrère sort de son bureau pour refermer la porte derrière lui, comme s'il y avait quelque chose de suspect à l'intérieur. Ses soupçons renforcés, brandissant la statuette, Ma Guofu accuse :
«Hier matin, j'ai constaté la disparition de ceci, et ce matin, elle est revenue. Tu peux m'expliquer ?
-Donc, tu avais remarqué. J'ai espéré vous laisser en dehors de ça, Ma Guofu, vraiment. Mes excuses, mais je ne peux te garder en vie que si tu fais vœu de silence.
-Co-comment ? Que veux-tu dire ?
- Tu te souviens, de l'offre que nous avons eue il y a deux mois ? J'ai accepté.
-Pardon ? Cette-cette bêtise de contrebande d'art ?
-J'ai dit oui à votre place. Vous ne vous rendiez pas compte des profits que nous pouvions faire, rien à voir avec les bénéfices de la boutique de souvenirs !
-La boutique est déjà trop, selon moi ! Nous avons fait serment de chercher les élévations du monde spirituel, pas de celles du monde matériel ! L'argent détourne des enseignements de Bouddha !
-J'en ai assez, Ma Guofu. Je suis trop jeune pour moisir dans ce temple. Il y a une autre vie que ça. Il y a des plages, du luxe, des filles, et tout ça me tend les bras. Il suffit qu'une centaine d'objets soient vendus pour que je devienne aussi riche qu'un empereur.
-À quel prix ?... Qu'est-il arrivé à Xu Zipeng ?
-Il a tout découvert, et a menacé de tout raconter. Je n'ai pas eu le choix.
-On a toujours le choix. Tu as toujours le choix ! Tu échapperas aux châtiments si tu te repends.
-Encore un mois et j'aurai assez. Tu ne vas pas tout faire capoter maintenant, je suis allé trop loin. »
Sans un avertissement, Fu Huoyuan lui arrache la statuette des mains, et la lève au dessus de sa tête. Ma Guofu tente de se protéger, mais sent que son heure est venue.
« Lâchez ça ! hurle quelqu'un derrière eux. »
Son cœur frappant ses côtes, Ma Guofu recule à toute vitesse vers le gong qui l'a sauvé. Il reconnaît alors l'un des policiers venu enquêter sur la mort de Xu Zipeng. Il ressent un immense soulagement : enfin, tout était terminé, la justice terrestre allait être rendue.
« Je viens de la part du Mandarin, annonce le policier sans baisser son arme. Et si nous allions calmement nous asseoir, tous les trois ?
Ma Guofu écarquille les yeux. Le Mandarin. C'était de ce nom là que venait la proposition.
Ainsi donc, le mal est partout.
Son cœur se serre de désespoir, mais il suit sans protester le faux policier dans le bureau de Fu Huoyuan.
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Loki garde son arme sortie, car il a beau avoir les deux moines désarmés dans un bureau, la partie n'est pas gagnée, et il n'a vraiment pas beaucoup de temps devant lui.
Il était arrivé quand Fu Huoyuan avait commencé à parler de ses ambitions, et il était resté caché pour en apprendre plus et pouvoir mieux le manipuler ensuite. Puis, il avait senti qu'il allait bientôt avoir un autre cadavre sur les bras, et était sorti de derrière son coin de mur.
« Je quitte George Britfears à l'instant, expose Loki le plus diplomatiquement possible. Nous pouvons encore étouffer l'affaire de trafic, mais pas le meurtre de votre confrère. »
Le moine innocent, Ma Guofu, se tend à ses mots. Pauvre homme, songe Loki. Il croyait résider dans l'endroit le plus paisible de New York, et voilà ce qu'on lui infligeait.
« Si je dois tomber, rétorque Fu Huoyuan, pourquoi je devrais laisser les autres s'en sortir ?
-Avec coups et blessures entraînant la mort sans intention de la donner, et un bon avocat, vous en avez pour dix ans. Pour contrefaçon, association de malfaiteurs et meurtre, on parle au moins du triple. Et si nous vous sommes redevables, nous pouvons nous occuper d'améliorer vos conditions en prison. Comme vous le savez, nous avons beaucoup de pouvoir dans l'Etat. Je peux vous garantir protection et confort de vie. Je peux même vous avoir des filles, en fonction de la prison où vous êtes. »
Le moine reste silencieux, mais Loki sent qu'il peut l'avoir. Il insiste une dernière fois :
« J'ai entendu la fin de votre conversation. Votre vie de rêve est encore possible, il vous suffit de faire ce que je vous dis.
-Très bien, capitule le moine. »
L'autre moine, Ma Guofu, s'il se souvient bien, a les yeux baissés, et Loki voit bien qu'il a autant envie de vomir que lui. Il lui souffle :
« Je serais vous, je changerais de temple. »
Ma Guofu relève la tête pour le regarder, du dégoût suintant de ses yeux.
« J'avais confiance en la police américaine. L'officier Rogers, celui qui est venu faire le croquis de Guanyin, il est comme vous ?
-Non, lui, il est intègre. »
L'information ne semble pas réconforter beaucoup le moine. Sa mâchoire est serrée d'amertume.
« Je vais rentrer au Tibet. J'ai besoin de me couper de ce monde. Vous êtes libres de continuer vos tristes péchés. »
Il se lève et quitte la pièce. Loki reste un peu prostré, déjà épuisé et nauséeux, mais il se force à garder sa face de truand face à l'assassin, et lui lance :
« Maintenant, écoutez bien ce que je vais dire. Il faudra tout répéter sans fléchir aux policiers qui seront là tout à l'heure, puis à votre avocat, et durant votre procès. Dans le cas contraire, vous signez votre arrêt de mort.»
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Quand Loki revient, Stark lui demande ce qui lui a pris tout ce temps, il réplique qu'une heure est une pause déjeuner tout à fait ordinaire, et à l'autre bout de l'open space, Fury hoche la tête.
Il a du mal à suivre ce qui se passe ensuite. Les symptômes de manque le reprennent : il transpire beaucoup, est épuisé et a du mal à se concentrer. Heureusement, dans la salle d'audience, Britfears débite sa leçon avec brio, disant qu'il connaît bien les moines du temple, et que lors de son don, il a suggéré de faire payer les entrées pour améliorer le temple. Xu Zipeng et Fu Huoyuan se sont alors violemment disputés à ce sujet. Steve, Stark et lui filent au temple avec le gyrophare, et après qu'ils l'aient bousculé quelques minutes, Fu Huoyuan commence lui aussi sa récitation. L'avant-veille, tard le soir, il a relancé le sujet de faire payer les entrées afin de financer les travaux du temple, et Xu Zipeng s'est énervé de nouveau. Il l'a insulté d'impie, de vendu aux démons. Fu Huoyuan a alors vu rouge, pris le premier objet qui lui tombait sous la main, et frappé. Il n'avait pas l'intention de le tuer, et en le voyant mort, il a paniqué. Il a soustrait la statue le temps de trouver de quoi la nettoyer correctement, et l'a remise en place. Durant son récit mensonger, il ne jette même pas un regard à Loki, et ne les met ni l'un ni l'autre en danger.
Sa seule inquiétude est Steve, observant la statuette avec les sourcils froncés. Il doit sans doute la comparer avec son croquis, et se demander comment une copie aussi parfaite s'est retrouvée vendue aux enchères. Mais pendant le débrief de l'affaire, Loki apprend que l'affaire est pleinement aux mains des Fraudes, et Britfears lui a assuré qu'ils sont tous à eux, là-bas. Il a confiance en le fait que Fury gardera sa langue jusqu'au moment d'abattre ses cartes, et que les ripoux étoufferont l'affaire.
Ils finissent leur débrief en début de soirée, puis restent un peu avec les collègues pour fêter leur succès, racontant les péripéties de l'affaire. Stark sort une bouteille de son tiroir, et personne ne lui fait de remarque parce qu'après tout, ils ne sont plus en service. Malgré le soulagement de classer l'affaire, Stark et Steve ont l'air songeurs et un peu amers. Loki sait ce qui cloche pour Steve, mais pas pour Stark, alors il risque :
« Un truc vous chiffonne, Stark ?
-J'espère qu'il y a aura un suivi psy pour Fu Huoyuan, répond le lieutenant en prenant une gorgée d'alcool avant de passer la bouteille. Tu te souviens ce que je t'ai dit ton premier jour, il y a deux mois, juste avant que tu me colles un pain ? Merci pour ça, d'ailleurs, Clint.
-Puisque je te dis que c'est Nat qui a donné ce conseil au bleu. Regarde, elle sourit ! proteste-t-il en la pointant du doigt tandis que la russe s'enfile une gorgée de whisky.
-Bref, l'ignore Stark, on tue pour trois raisons : la haine, la jalousie et le silence. Fu Huoyuan ne me semblait pas haïr la victime. Il a juste perdu son sang-froid, et comme il a beaucoup de force, il l'a tué sur le coup.
-Oui pareil, renchérit Clint, c'est ça qui me fait peur, les gens qui perdent le contrôle sans prévenir. Ceux-là, on ne peut pas les empêcher de tuer, j'ai l'impression d'être complètement démuni face à eux. »
Loki ne répond rien, il a trop peur de dire quelque chose qui attirerait les soupçons sur lui ou sur l'enquête.
Il le sait, que le mobile du meurtre de Xu Zipeng est le silence, mais lui aussi, il doit se taire.
« Au fond, c'est logique, conclut Steve. Il n'y a qu'un moine bouddhiste pour tuer un autre moine bouddhiste, car il n'y a qu'eux à savoir qu'ils ne sont que des humains comme les autres. »
Loki sait que c'est son sevrage qui parle, mais il trouve ça tragique.
Il rentre chez lui affamé et épuisé, mais combat son envie de manger ou d'aller dormir. Il doit encore appeler Thanos pour l'informer du déroulement des évènements. Il s'assied sur son lit, déverrouille sa seconde carte sim avec son empreinte digitale, et appuie sur le numéro de Thanos. On décroche à la seconde sonnerie.
«Bonsoir, patron.
-J'ai entendu parler de tes exploits, Loki. Il paraît que tu as sauvé notre toute nouvelle branche de trafic d'art, sans même en avoir connaissance en premier lieu.
-Le comptoir de commande et de livraison a été exposé, le commissaire est au courant de son existence. Mais il ne fera rien à ce sujet, et maintenant, il me mange dans la main.
-Très bien. Nous avons le contrôle des Fraudes, de toute façon. Selon toi, le comptoir reste exploitable ?
-Il manque trois moines, le Mandarin peut y mettre ses agents, et s'ils sont efficaces, tout peut reprendre en quelques mois.
-Parfait.
-Le seul hic est George Britfears, il connaît mon rôle. Est-il fiable ?
-C'est déjà réglé. Le Mandarin a trouvé qu'il manquait de discrétion dans cette affaire, il va lui offrir un aller simple pour la Chine.
-Pouvez-vous lui demander d'attendre que l'enquête soit définitivement bouclée pour que personne n'ait de soupçon ?
-Cela va de soi. Bon travail, Loki. J'ai eu raison de te placer là.
-Merci, patron.»
Quand il raccroche, il a une forte nausée.
« Aller simple pour la Chine ». Ce sera vrai pour tous ceux qui connaissaient George Britfears, mais pas pour les asticots qui mangeront son corps dans une forêt de l'Etat.
Encore un mort pour mettre une poignée d'hommes sous les verrous.
La pile de cadavres continue de monter, et Loki ne sait pas s'il réussira ce qu'il a entrepris avant que sa conscience ne puisse plus l'encaisser.
Il sent venir le début d'une crise d'angoisse, et il se lève pour rejoindre son armoire. Il n'a pas encore mangé, c'est parfait. Sous sa pile de T-shirts, il tire un sachet hermétique. Rapidement, sur sa table de chevet, il en dépose une petite dose. Il prend une paille, renifle, puis se nettoie le nez au sérum physiologique. Il s'allonge, et attend. Longtemps. Rien ne vient. Il se redresse, et regarde sa table de chevet.
Il a vraiment besoin d'arrêter de se sentir comme ça. Et il en reste plein, dans le sachet. Il est à ça d'aller mieux…
Il résiste de longues minutes, fixant la poudre blanche qui a l'air si innocente, puis cède.
Il refait une petite ligne. Elles sont beaucoup plus petites que pour la cocaïne, il sait que c'est trompeur, mais il ne peut s'empêcher de penser qu'il n'y en a vraiment pas beaucoup, et que ça ne peut pas lui faire de mal.
Il se rallonge, et quelques minutes plus tard, l'effet arrive violemment, accélérant son rythme cardiaque, le faisant voir des choses qui ne sont pas dans sa chambre.
Il savait qu'il n'aurait pas dû en prendre dans cet état. Qu'il est fatigué, affamé, bouleversé, toutes les conditions pour faire un bad trip. Il savait encore mieux qu'il n'aurait pas dû en reprendre alors que l'effet se faisait attendre, que c'était le moyen parfait de faire une overdose.
Il allait mourir ici.
Cela empira d'un coup : il vit le cadavre de sa mère lui sourire, les asticots de Britfears grouiller sur son corps, crut sentir la main de Thanos autour de son cou lentement l'étrangler.
Il allait mourir ici.
Il devait réagir, vite. Sortir d'ici, aller chercher du secours, tambouriner à la porte des voisins.
Sinon il allait mourir ici.
Il se redresse, court dans le couloir, tombe de toute sa hauteur, mais ne sent rien en heurtant le sol. Thanos lui promet que ce ne sera pas le cas quand il s'occupera de lui, dans quelques minutes, quand il arriverait chez lui, car il allait arriver chez lui, il était devant l'immeuble, dans l'ascenseur, devant la porte.
Il ne devait pas sortir, pas ouvrir la porte.
Ou Thanos viendrait le chercher, et il allait mourir ici.
Appeler au secours.
Toujours allongé au sol, il fait un effort surhumain pour atteindre son portable dans sa poche et le tenir dans sa main. Il le lâche sur le parquet, trois fois.
Il ne voit rien, il ne peut pas écrire.
« Siri… appelle… Stark.
-Vous n'avez pas de contact appelé Stark.
-…Grincheux.
-Appel en cours, Grincheux. »
Loki ferme les yeux de soulagement.
Il doit rester dans l'appartement. Thanos ne connait pas sa nouvelle adresse. Il ne doit pas sortir d'ici, pas aller dans des lieux connus, pas aller à l'hôpital.
Stark comprend, l'addiction. Il va l'aider.
Stark décroche, Loki articule difficilement. On lui demande d'ouvrir la porte pour pouvoir entrer, et malgré son angoisse, il commence à ramper vers la porte. Stark arrive, Stark va convaincre Britfears et sa mère de retourner sous terre, et buter Thanos s'il le croise dans l'ascenseur.
Il se traîne jusqu'à la porte, car il ne tient plus sur ses jambes pour une raison inconnue, et fait un effort surhumain pour se hisser jusqu'à la clef. Il la tourne, s'effondre, et a la nette sensation que son âme quitte son corps.
Il se regarde sur le sol, puis traverse le plafond sans un regard en arrière, et c'est le noir.
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Tony est en train de convaincre un plan cul de passer chez lui quand un appel entrant de « Le Bleu » s'affiche. C'est inhabituel, et pénible, parce que s'il arrête de lui textoter son plan cul va renoncer, mais il décroche quand même.
« Stark, marmonne-t-il d'une voix ennuyée.
-Besoin… vous. Surdose. Pas… hôpital.
En quelques secondes, le flic en lui prend le contrôle. Le téléphone toujours à la main, il empoigne un T-shirt et débite :
-J'arrive tout de suite. Laisse la porte ouverte. Dis-moi à quoi tu tournes. »
On ne lui répond pas, il entend seulement des bruits de frottement, comme si on rampait sur le sol.
« Loki ! Réponds, merde ! À quoi tu tournes ?
-Ké… Kétamine.
-Ok, très bien, reste avec moi. Reste avec moi. Loki ?
Il entend un dernier bruit de frottement, un claquement de métal, un bruit sourd, puis plus rien.
« Loki ! Déconne pas, réponds. Loki ? »
Plus rien.
Merde !
Il termine d'enfiler ses vêtements et se précipite vers la sortie. En dévalant les escaliers parce que son stupide ascenseur est trop lent, il cherche un contact qu'il n'appelle pas souvent parce qu'il ne l'aime pas beaucoup, mais bon, il n'aime pas grand monde, et là, il n'a pas le choix. Après cinq sonneries, on décroche.
« Barnes, aboie-t-il dans le combiné. J'ai un suspect sous kétamine, pas bien, je soupçonne une overdose prochaine. Je fais quoi ?
-Bonsoir à toi aussi, Stark.
-Merde, Barnes, c'est une urgence !
-Symptômes ?
-Perte de connaissance, s'avance Tony parce que Loki ne lui a pas répondu.
-Mets-le en PLS. Appelle les secours. Surveille sa respiration et son pouls. Si l'un des deux s'arrête, tu sais quoi faire.
-S'il respire toujours, il y a moyen qu'il s'en sorte sans que j'appelle l'hôpital ?
-Tu veux qu'il crève ou pas ?
-Il a insisté, et il a juste perdu connaissance, affirme Stark en espérant que c'est le cas.
-Très bien, soupire Barnes, tu dois le surveiller pendant minimum deux heures. Respiration, et évite qu'il s'étouffe dans son vomi. Bonne nuit, Stark. »
Quand il lui raccroche au nez, Stark démarre sa voiture.
Il n'a sans doute jamais roulé aussi vite.
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Il retrouve rapidement dans son téléphone le dossier du bleu qu'il a piraté le jour de son arrivée, et fonce droit vers l'adresse renseignée. Arrivé devant le digicode, il appuie sur tous les boutons de l'interphone, et lance à tous ceux qui décrochent qu'il a oublié ses clefs. Il y a au moins un idiot pour lui ouvrir, et il grimpe les escaliers quatre à quatre.
Quand il arrive devant l'appartement, il prie pour que la porte s'ouvre, et elle ne montre aucune résistance quand il abaisse la poignée. Il ouvre prudemment, et comme il s'y attendait, manque de buter dans la silhouette gisant sur le sol, comme une poupée désarticulée.
Bon sang, il a l'air mort.
Stark referme la porte derrière lui et tombe à genoux, deux doigts sur la carotide et l'autre main à quelques centimètres de la bouche.
Loki a un pouls élevé et une respiration faible, mais il est vivant.
Il se rappelle de ce qu'à dit Barnes, ainsi que de sa vague formation de secouriste qu'il a faite à l'école de police, et met le bleu en pls. Il vient de terminer quand son téléphone vibre, et c'est de nouveau Barnes.
«Ma conscience professionnelle ne veut pas me laisser dormir, grommelle-t-il en guise d'excuse. Comment va ton suspect ?
-Il respire.
-Vomi ?
-Pas vu.
-Si c'est un consommateur régulier, il n'a sans doute rien mangé exprès. Hématome, fracture ?
-Fracture ?
-La kétamine est un anesthésiant, puisqu'il ne sent plus la douleur, il s'est peut-être blessé sans s'en rendre compte. Regarde sous ses fringues, s'il n'y a rien de tordu ou de très bleu. »
Tony fait comme il dit, parce qu'il a beau ne pas aimer beaucoup Barnes, il bosse aux Stups et il connaît son boulot. Alors, il soulève les vêtements de Loki et l'inspecte de la tête aux pieds.
Aux pieds, il y a effectivement un problème.
« Oh putain, souffle-t-il. Je ne suis pas sûr que ce soit un angle normal, ça.
-Où ça ?
-Cheville gauche. Perpendiculaire à sa jambe.
-C'est une double fracture. Désolé pour tes preuves, mais appelle le 911 fissa, parce qu'il pourrait ne jamais remarcher si ce n'est pas soigné.
-Reçu, souffle Tony avec angoisse. Merci, Barnes.
-Tiens-moi au courant. »
Il raccroche, puis compose le numéro en murmurant à Loki :
« Je n'ai pas le choix, mon grand.
-911, j'écoute, lui répond une opératrice.
-Bonsoir, mon ami a fait une chute et je crois qu'il s'est cassé la cheville. »
Il donne l'adresse, l'état, finit par avouer que le blessé est sous kétamine parce qu'ils vont s'en rendre compte à un moment donné, et ils assurent être sur place dans vingt minutes.
Tony pose son téléphone, et soupire. Il place sa main à dix centimètres des lèvres de Loki, le souffle chaud sur ses doigts le rassurant un peu plus à chaque expiration.
Il est assis par terre dans l'entrée d'un appartement, et surveille le souffle de leur nouvelle recrue pour ne pas qu'elle crève.
« Va jamais falloir me refaire ça, p'tit con. Tu me devras au moins trois ans d'appels au juge d'instruction. Environ un an de cafés. Et puis six mois de repas. Et sept massages de pieds. »
Il parle tout seul jusqu'à l'arrivée des secours, et pendant qu'ils s'occupent de Loki, il cherche son portefeuille. Il le retrouve dans sa veste de moto, et est rassuré de trouver une assurance santé à l'intérieur. Tant qu'il y est, il lui prend des fringues de rechange et son paquet de cigarettes. Il trouve un vieux sac de sport en bas de l'armoire, et y fourre des vêtements pour trois jours. Dans les T-shirts, il tombe sur un vieux débardeur avec le logo de Nirvana, sourit, et le fourre dans le sac avant de le fermer. Il voit la kétamine sur la table de nuit, mais n'y touche pas car il ne sait pas encore quoi en faire. Le temps qu'il finisse, Loki est sur un brancard, et quand ils sont tous sortis, Tony ferme la porte à clef derrière eux.
On ne l'accepte pas dans l'ambulance, alors il fonce à l'hôpital avec sa voiture. Grâce aux informations sur l'attestation d'assurance santé, il parvient à remplir le formulaire d'entrée. Il apprend que Loki a trente-et-un ans, et que décidément il ne pèse pas assez lourd pour sa taille. Il attend une bonne partie de la nuit, puis, lorsque Loki sort du bloc opératoire au petit matin, les infirmiers le prennent en pitié, et le laissent rester dans la chambre.
Il met les clefs et le portefeuille de Loki dans le sac de sport dans l'armoire, puis sort son téléphone pour informer les collègues qu'il ne pourra pas venir à la brigade aujourd'hui, pour cause d'horrible diarrhée subite.
Il s'assoit dans le fauteuil près du lit, et sombre à l'instant où sa nuque touche l'appuie-tête.
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La drogue c'est mal, les enfants ! Le meurtre et le trafic de contrefaçons aussi, remarque.
J'ai terriblement envie d'avoir vos réactions ! Et vous dis à dès que je peux pour la suite. Portez-vous bien et bon week-end !
