Bonjour à tout le monde et très bonne lecture !
Rar : Guest : Merci beaucoup pour ta review, je suis ravie que tu aies aimé le chapitre et le pov Natasha. J'espère que la suite te plaira !
Playlist :
The Strokes -Bad Decisions
Rob Simonsen – Love, Simon
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Leur suspect est Jacob Fritz, 28 ans, surfeur professionnel. Natasha fait craquer ses doigts, et entre dans la salle d'audition avec Tony, pendant que Steve et Loki vont s'installer derrière le miroir sans tain. Elle s'assied sur sa chaise, fixe Jacob quelques secondes, puis lance :
"À nous deux, maintenant. Lieutenants Romanoff et Stark. La première chose que je veux savoir est : quelle était la raison de votre dispute avec Simon, quelques temps avant qu'il ne disparaisse ?
-Simon ? balbutie Jacob. Pourquoi vous me posez des questions sur Simon ?"
Quelques instants plus tard, leur suspect cligne plusieurs fois des yeux et s'exclame :
"Oh, je comprends ! C'est pour ça, la brigade criminelle ! Non non, je suis très triste d'apprendre la mort de Simon, tout comme Sue. Je m'entendais bien avec lui.
-Ne me prenez pas pour une imbécile, rétorque Natasha en serrant les dents, vous avez forcément quelque chose à cacher pour nous avoir fait courir comme des lapins.
-Oui, mais pas à la brigade criminelle. Je croyais que vous étiez les Stups."
Devant la surprise hostile, Jacob se tord un peu les doigts et marmonne :
"J'ai… quelques, plantations, chez moi.
-Tu es en train de me dire que j'ai sauté de toit en toit pour des plants de beuh ? s'offusque l'autre policier en tapant sur la table et en faisant sursauter Jacob.
-Doucement, Tony, c'est probablement un mensonge. Répondez à ma question : pourquoi vous vous étiez disputés ce jour-là ?
-Ce n'était pas grand-chose, au final : mais je me suis fâché parce qu'il était venu à l'appartement de Sue alors que j'étais à New York.
-Vous vous fichez de nous, balbutie la policière. Il couchait avec elle : ça ne vous dérange pas, ça ?
-Attendez, laissez-moi vous expliquer : avec les compétitions et les entraînements, je suis tout le temps parti à l'autre bout du monde. Les vagues ne sont pas très hautes, à New York, tente-t-il de blaguer avec un sourire nerveux. En ne se voyant que tous les six mois, c'est compliqué d'être un couple traditionnel. Donc Sue et moi, on a une relation libre, mais pour que ça marche, on a des règles. L'une d'entre elles est qu'elle n'invite personne chez nous quand je suis à New York, or un soir, Simon était très déprimé, il est venu chez nous et, bon, elle lui a remonté le moral, quoi, élude-t-il en se renfrognant. J'étais dans ma famille à Boston, et elle me l'a dit le lendemain. J'en ai discuté avec elle, puis je suis allé mettre les points sur les I avec Simon au café. On s'est expliqués, il s'est excusé, moi aussi, parce que, le pauvre, et ensuite, on buvait une bière ensemble. Je n'ai rien compris quand Sue m'a dit qu'il avait quitté New York sans un au revoir, sans même demander un coup de main pour le déménagement, et sans donner de nouvelles par la suite. Mais bon, on comprend, maintenant..." fait-il en se passant une main nerveuse dans les cheveux avec un regard triste.
Natasha se masse l'arête du nez en tentant de conserver son calme. Tout ce baratin relationnel l'épuise. Le meurtre, la haine, la politique, tout cela est simple : mais les magouilles amoureuses, elle n'a jamais pu comprendre, ou même supporter. S'encombrer volontairement de ces gamineries une fois adulte dépasse ses capacités de compréhension.
"Comment ça, "le pauvre" ? relève Tony. Pourquoi il était déprimé ?
-Tu la gobes, l'histoire de la relation libre ? lui chuchote-t-elle.
-Franchement oui, chuchote-t-il en retour, c'est super courant maintenant. On demandera à notre détecteur de mensonge sur pattes, rajoute-t-il en montrant le miroir et Loki qui se trouvait derrière, mais pour moi, il dit la vérité. Alors, Jacob ? insiste-t-il en se recentrant sur le suspect. Pourquoi la déprime et la partie de jambes en l'air avec ta copine ?"
Jacob souffle un peu par le nez à la provocation, mais répond :
"Il venait d'apprendre que son père avait un cancer. C'est pour ça qu'il voulait rentrer dans son village dans le Nord. C'est vraiment dommage qu'il soit... Je m'entends… m'entendais très bien avec Simon. C'était vraiment un gars super, et Sue est au trente-sixième dessous depuis ce matin. Il faut vraiment que vous trouviez celui qui a fait ça."
Natasha reprend son massage et s'occupe cette fois-ci de ses tempes. Ils avaient réellement sauté de toit en toit pour rien.
"Bon, conclut-elle. Quelles sont les éléments concrets nous prouvant que vous n'avez rien à voir avec sa mort ?
-Je… marmonne Jacob. Quand Sue m'a dit qu'elle n'avait plus aucune nouvelle, j'étais en Nouvelle Zélande, pour trois mois. Je n'en ai pas bougé, c'est marqué sur mon passeport. Vous… vous savez quand est-ce qu'il est... mort ? Je n'étais pas déjà rentré, si ? »
Natasha ne répond rien, tape du poing sur la table, et sort de la pièce.
Dans l'open space, Clint l'informe qu'une femme terrorise l'accueil, et refuse de partir avant de l'avoir vue. Elle soupire, et descend dans le hall pour la faire monter. Sue Higgins a les yeux très rouges et gonflés, ainsi qu'un air à la fois furieux et bouleversé.
« Vous n'avez pas le droit de l'enfermer ! lui répète-t-elle pour la troisième fois quand elles sortent de l'ascenseur, et que Tony et Steve s'approchent pour comprendre ce qu'il se passe.
-Votre compagnon s'est enfui par la fenêtre quand nous sommes venus à votre appartement pour discuter : nous sommes en droit de le mettre en garde à vue pour refus d'obtempérer et entrave à une enquête criminelle.
-Vous ne pouvez pas me faire ça ! Je viens d'apprendre la mort de Simon, et le soir-même, vous accusez mon mec de l'avoir tué ! Vous perdez votre temps, je vous ai amené ses billets pour la Nouvelle Zélande de cet été, fait-elle en sortant deux feuilles de papier et un passeport. Il était déjà parti depuis une semaine quand Simon a disparu des radars, et vous m'avez dit ce matin que cela faisait six mois qu'il était mort. Il est donc revenu presque deux mois après son décès. Ça ne colle pas, affirme-t-elle avec conviction et espoir.»
D'un geste sec, Natasha prend les billets d'avion imprimés et le passeport américain. Elle examine les tampons de la nouvelle Zélande ainsi que les vols, et les dates concordent. Dans le métier, c'est ce qu'on appelle un alibi en béton armé.
« Très bien, madame Higgins. On va relâcher votre compagnon. »
Sue les remercie avec un soulagement fébrile, et Tony lui indique un endroit où patienter. Au lieu de le suivre et de s'asseoir, la serveuse reste sur place, respire profondément, et souffle :
"Il y a quelque chose que je ne vous ai pas dit. Quand Jacob est parti pour la Nouvelle-Zélande, Simon m'a invité chez lui. Je savais ce qui allait se passer si j'y allais, et je lui ai dit qu'on ne pouvait plus continuer. Parce que je... commençais à avoir des sentiments forts pour lui, mais je ne voulais pas perdre Jacob. Il m'a dit qu'il n'y avait pas de problème, mais... avec son père malade, il ne devait vraiment pas être bien. Je me dis que c'était peut-être à cause de ça qu'il a démissionné du café, qu'il a quitté New York, et que..."
Elle met une main devant sa bouche pour ne pas sangloter. Natasha surmonte son agacement pour le couple, et pose sa main sur l'épaule de la jeune femme pour murmurer doucement :
"Ce n'est pas un suicide, Sue. Sinon on ne serait pas encore en train d'enquêter. Sa mort n'est pas de votre faute. Allez, allez-vous asseoir, on va laisser sortir votre compagnon.
-Avant, j'avais une toute petite question, fait soudainement Tony. Est-ce que Simon a déjà parlé de thérapie de conversion ?
-Ces horribles centres ? murmure Sue. Non, jamais, pourquoi ?
-Pour rien, une idée, comme ça. Venez, on va vous installer là."
Natasha retourne à son bureau déposer les preuves, et s'assied à son bureau. Elle y pose son coude, et se soutient le front de sa main. Pauvre Simon. Amoureux d'une fille qui ne l'aimait pas, et ses parents refusant de l'accepter comme il était. Ils ne l'avaient même pas porté disparu, et refusaient de répondre aux personnes qui s'intéressaient à sa mort, même la convocation était restée lettre morte. Le jeune homme devait se sentir tellement seul, quand on l'avait électrocuté.
Décidément, elle déteste cette enquête.
Steve s'approche, et lui demande doucement :
« Ça va ?
-Essaye de rappeler les parents pour la forme, puis demande à Barnes que les Stups aillent fouiller l'appart de Sue et Jacob demain. Je me sentirai mieux ensuite.»
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Jacob Fritz comme petit ami jaloux et tueur est donc une fausse piste.
Le lendemain, Natasha reprend l'enquête à partir de sa visite au café, et se rappelle qu'ils n'ont toujours pas fouillé le domicile de Simon. Ils s'y prennent vraiment à l'envers, avec cette enquête, et elle ne les mène nulle part. Cela l'agace profondément. Ils perdent du temps, et plus le temps passe, plus leurs chances de retrouver le coupable se raréfient.
Elle appelle le syndicat de l'immeuble, qui lui annonce que l'appartement de Simon a été vidé à la troisième cessation de paiement et sans réponse de sa part. Il lui donne l'adresse d'un garde meuble où sont entreposées ses affaires pour encore un an, puis, ce sera la déchetterie.
Elle tente d'appeler les parents pour tenter de comprendre pourquoi ils n'ont pas récupéré les possessions de leur enfant, mais ils ne répondent toujours pas.
Elle emmène ses trois collègues au garde-meuble en appuyant rageusement sur l'accélérateur. Ils y trouvent le contenu d'un appartement de jeune, à savoir un cône de signalisation, un drapeau trans, des meubles d'occasion et quelques affiches de film. L'ensemble est consternant de tristesse et de gâchis. Loki manipule en silence quelques vinyles de Bowie avec une colère sourde au fond de l'estomac. Ils emmènent quelques affaires comme pièces à conviction, mais ne trouvent ni portefeuille, ni téléphone, ni quoique ce soit qui les fasse avancer.
De retour au poste, Natasha donne le feu vert à Loki pour appeler les centres médicaux. Il commence par le St James, mais il a beau insister, l'hôtesse d'accueil ne trouve aucun Hill afroaméricain dans ses listes de patients, actuelle ou passée. Il ne rencontre pas plus de succès chez les autres centres médicaux, et son stylo traverse presque la feuille quand il raye le dernier nom de sa liste.
Tony leur parle de son hypothèse de la thérapie de conversion, mais Natasha objecte que même si c'est une bonne théorie, ces centres sont très discrets, car illégaux dans l'Etat de New York, et qu'il sera très difficile de les trouver. Le juge d'instruction ne délivrera jamais de mandat sur une simple intuition, et certainement pas pour tous les centres de psychologie et d'addictologie de l'Etat. Ce n'est tout simplement pas possible. Tony propose alors d'y aller sous couverture, mais Natasha affirme que s'il va en civil sans mandat pour accuser de meurtre des médecins avec probablement de solides contacts avec l'Eglise, il est bon pour être rétrogradé. Inquiet à l'idée de retourner à la Municipale s'occuper des vols de sacs de main, le lieutenant grommelle et laisse tomber.
Ils continuent leurs recherches le lendemain, mais n'avancent pas plus. Bruce a bouclé son autopsie sans autre information, et Darcy n'a rien trouvé d'intéressant dans son analyse de la scène de crime.
Le surlendemain, ils se réunissent tous les quatre avec un air sombre.
« On va devoir classer l'affaire, marmonne Tony.
-Fais chier, peste Natasha, on avait des éléments pourtant."
Elle fait quelques pas en rond pour ruminer un peu, puis s'arrête devant le carton des affaires du garde meuble. Elle tend la main pour toucher le drapeau bleu, rose et blanc, et murmure :
« Désolée, Simon. »
Le téléphone se met soudain à sonner. Ils le regardent un instant de façon spéculative, puis Natasha jette un regard à l'open space en marmonnant :
« Si c'est pour toi, Clint, je t'assomme. »
Elle rejoint le téléphone en trois pas rapides, et décroche :
«Natasha Romanoff, brigade criminelle de New York.
-Bonjour, murmure une voix de femme. Grace Hill.
-Bonjour madame Hill, répond calmement Natasha tandis que Steve, Tony et Loki s'approchent.
-Je vous appelle parce que je suis très inquiète pour… mon fils. Nous n'avons pas répondu à vos questions et vos appels parce que nous ne voulions pas y mêler la police, et que mon mari est très malade, mais… je n'en peux plus, je dois savoir.
-Pouvez-vous me raconter ce qu'il s'est passé ?
-Nous avons coupé les ponts il y a des années parce que Matilda… je veux dire Simon, est parti à New York pour être un garçon. Il ne pouvait plus s'habiller comme une fille, il a coupé tous ses cheveux, et mon mari… enfin, nous, l'avons… mis à la porte. Il y a… sept mois maintenant, mon mari a eu un diagnostic de cancer, et… il ne voulait pas le voir tant qu'il… qu'elle était un garçon. Alors Ma… Simon a bien voulu essayer d'intégrer un centre qui pourrait l'aider à être une fille.
-Est-ce que je peux avoir le nom de ce centre, madame Hill ?
-C'est le St James Center, ce n'est pas très loin de New York."
Derrière Natasha, Loki frappe sa paume de son poing d'un geste furieux et victorieux à la fois.
" Ils n'autorisent pas les appels, continue madame Hill, pour que les patients se consacrent à leur thérapie, donc on reçoit des mails de Simon depuis ce centre, mais… je ne reconnais pas son style, je n'entends pas sa voix quand il écrit. J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose et qu'ils nous le cachent. Vous dites que vous… que vous avez retrouvé un corps ?
-Nous allons tirer ça au clair, madame, je vous rappelle dès que nous sommes sûrs de ce que nous avançons. »
Natasha raccroche après que la femme ait donné son numéro de portable, et se lève d'un bond. Elle jette un regard à ses collègues, et croise celui du bleu. Sans doute en colère d'avoir dû laisser de côté le centre alors qu'il l'avait dans le viseur depuis le début, il oublie d'afficher cette expression neutre qu'elle rencontre constamment chez lui, et ce qu'elle peut voir là ne lui plaît pas. Elle voit ses yeux briller d'un vert malsain, qui semble renfermer une violence sourde n'attendant que de sortir.
Elle détourne rapidement les yeux, et lance :
« En voiture tout le monde, faites péter le gyrophare, et personne ne rentre au poste sans qu'on ait les réponses à nos questions.
-On n'attend pas le mandat ?
-On a un témoin nous certifiant qu'il y a une thérapie de conversion là-bas, on peut intervenir immédiatement. Je vais juste voir Fury pour qu'il fasse la liaison avec la Municipale, et qu'ils nous rejoignent plus tard pour auditionner tout ce petit monde et faire fermer ce truc."
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Ils prennent deux voitures au cas où ils auraient un suspect à ramener avec eux. Loki part avec Steve, et Tony accepte d'être avec Natasha si c'est lui qui conduit.
Elle n'a pas lâché un mot depuis leur départ, quand Tony prend la bretelle pour la nationale et qu'elle lance :
« Tu sais vraiment ce que le bleu faisait avant que Fury ne l'embauche ?
-Non.
-Alors pourquoi tu m'as dit que c'était le cas ?
-Je sais qu'il y a des choses que Fury devait cacher pour pouvoir l'embaucher, c'est pour ça qu'il a fait un faux dossier.
-Des choses qui sont ?
-C'est personnel, Natasha, c'est à lui de te le dire s'il en a envie. Qu'est-ce que tu as avec le bleu, enfin ? demande-t-il soudain. Tu es sûre que ce n'est pas toi qui as un crush ?
-Il a des squelettes dans son placard, assène-t-elle avec les sourcils froncés.
-Comme nous deux, marmonne-t-il en retirant une main du volant pour se frotter machinalement la poitrine.
-Tu es le premier à crier au ripou, et là, rien ?
-Le bleu, un ripou ? N'importe quoi, rit Tony. J'ai vu son appart, et le truc le plus cher dedans doit être le frigo. Il a un problème de givrage, le frigo, précise-t-il d'un air moqueur.
-Je le soupçonne d'être pire qu'un ripou, Tony. Si je suis la seule à le penser, tant pis, je lâche l'affaire. J'espère juste que Fury sait ce qu'il fait, je ne veux pas qu'il finisse comme Coulson. »
Natasha se renfonce dans son siège avec un air soucieux, et Tony reste silencieux. Il pianote quelques instants sur le volant avant de souffler :
« Notre police a des gros problèmes de corruption, et je pense que tu as raison d'être méfiante. Mais honnêtement, je connais déjà pas mal des squelettes dans le placard du bleu, et je lui fais plutôt confiance. Tu as vu comment il était avec Lila, la gamine l'adore. »
Natasha ne répond rien et garde les yeux sur la route. Elle finit par lancer :
« Merci pour tes réponses et ta franchise, Tony.»
Il la regarde tourner la tête pour contempler le paysage avec un sentiment désagréable.
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Boum !
Bravo à celleux qui avaient deviné pour la thérapie de conversion, et à bientôt pour la suite de cette enquête !
