J'essaye un nouveau truc : les flash-back des victimes pour pouvoir mieux les comprendre, à la Cold Case. J'espère que ça vous plaira !

Alt-J - Matilda

Louis Armstrong - St James Infirmary

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Sept mois plus tôt

Simon Hill avait fait la route de New York à Wellsville avec sa vieille Ford, un paquet de cigarettes, et quelques albums de Bowie et de Lana Del Rey. Il avait compté sur le paysage, la nicotine et ses chansons préférées pour lui remonter le moral, mais ça n'avait pas marché.

Sue lui manquait. Il était si jaloux de Jacob d'avoir toute son affection, alors que ce type était tout de même parti à l'autre bout du monde, encore. Simon l'aimait bien, au fond, il était très gentil, mais la beuh ne le rendait pas très fute-fute, et puis surtout, la plus jolie fille de New York l'aimait alors qu'il était loin d'elle six mois dans l'année. Si Simon avait ce qu'il avait... Il secoua la tête pour arrêter de penser à eux.

Il était également très triste d'avoir démissionné de son boulot. Il adorait ce café, purée. Il adorait la déco, les clients, le quartier, et il adorait qu'on le laisse mettre toutes les vieilles musiques qu'il voulait, et tenter toutes les recettes de cupcakes qu'il voulait. Mais s'il gardait le même lieu de travail que Sue, il n'allait jamais s'en détacher, et actuellement, ses sentiments lui apportaient plus de souffrance que l'ambiance du café pouvait lui influer de légèreté.

Il porta sa main à son front et souffla par le nez. Il ne fallait pas pleurer au volant, voyons, ça réduisait la visibilité.

Il commençait à se dire que c'était une mauvaise idée de rentrer à Wellsville. Le coup de téléphone s'était très mal passé. Son père lui avait dit que si "Matilda" ne lui avait pas causé tous ces soucis, il ne serait peut-être pas malade aujourd'hui. Sa mère avait tenté de lui dire qu'il ne le pensait pas vraiment, que c'était l'inquiétude et la douleur qui le rendaient agressif, mais les mots s'étaient quand même gravés dans sa tête, comme tous les autres auparavant.

Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas entendu son deadname, ou qu'il n'avait pas grimacé en entendant les accords au féminin. Il y a encore deux semaines, sa vie était si bien. Le café qu'il adorait, les galipettes sous les draps avec Sue, les rues de New York où personne ne le dévisageait, si différent, oh, si différent, de Wellsville.

En se tassant sur son siège, il songea que la vie aurait été tellement plus simple s'il avait été cisgenre. Disparus, la dysphorie, le harcèlement scolaire, les questions incessantes sur ce qu'il avait entre les jambes.

Ah, s'il avait pu naître homme, ou se sentir femme. Son père serait fier de lui, et il serait le numéro un dans le cœur de quelqu'un.

Lana disait qu'elle avait une déprime estivale, et Simon soupira de tristesse en regardant le beau soleil de juin.

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Il se gara dans l'allée, et sortit lentement de sa voiture.

Revoir la maison de son enfance lui fit une impression très étrange, et quelque peu douce amère. Il se revit en train de courir dans le jardin, faisant exprès de tomber dans la boue ou de la balançoire pour tâcher les robes que sa mère lui achetait, jusqu'à ce qu'il n'y ait plu que les pantalons de propres. Il se revit jouer à la troisième guerre mondiale avec ses copains du primaire, se battant pendant des heures, et tuant le fantôme d'Hitler à coup de lance-pierre. Une nuit d'été, alors qu'il dormait dans sa petite tente avec une camarade de classe pour regarder les étoiles filantes, ils s'étaient longuement embrassés.

Sérieusement, ils auraient dû le voir venir, fit-il dans un sourire, appuyé sur sa portière ouverte. Et lui aussi aurait dû le voir venir. Il s'était obstiné pendant des années à vouloir se sentir fille, et ça ne lui avait pas vraiment réussi.

Oui, mais est-ce qu'être un homme lui réussissait ?

Actuellement, pas trop. Ses parents ne lui parlaient plus, il s'était fait larguer, et il avait démissionné d'un job qu'il adorait. Est- ce que Sue préférait Jacob parce qu'il était un "vrai" mec ?

Ses pensées s'étaient assombries de nouveau quand son père ouvrit la porte d'entrée. Simon se figea et le regarda un long moment. Il avait perdu du poids, et vieilli. Il ne se souvenait lui avoir vu des rides et des cheveux blancs avant de partir.

Son père serra les dents et le regarda de haut en bas. Simon serra les dents à son tour, et tenta de ne pas baisser les yeux. Incroyable l'emprise qu'un vieil homme avait encore sur lui.

"Bienvenue, souffla-t-il doucement. On t'attendait."

Il retourna dans la maison, laissant son fils ébahi dans l'allée.

Et bien, songea-t-il en rajustant son sac sur son épaule. Ça, c'était nouveau.

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Il aurait dû savoir que c'était un piège. Ils n'étaient qu'au milieu du repas, et son père lui avait déjà parlé de son cancer, du pronostic de six mois à un an, et d'une thérapie de conversion.

« Ce sont des amis qui nous en ont parlé. Les gens sont très bien, là-bas. C'est efficace dès le premier mois. Si ça ne marche pas, je te jure, je prendrai sur moi, et je t'accepterai comme tu es, parce qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Mais est-ce que tu veux bien juste essayer ?"

Simon poussa les petits pois dans son assiette de sa fourchette. Son père était mourant, et sa dernière volonté était d'envoyer sa "fille" en thérapie de conversion. C'était bel et bien un cauchemar.

Il souffla par le nez et ferma les yeux. Un mois de sa vie. Est-ce qu'il avait un mois de sa vie à passer aux mains de psychiatres homophobes ? Il n'était pas très en forme en ce moment, après avoir perdu Sue et son boulot, ce n'était pas une très bonne idée.

Mais au fond, qu'était un mois contre six, huit, douze avec son père faisant des efforts, lui parlant, lui souriant ? La poignée des derniers mois de son père. Il pouvait bien essayer.

Et puis, une fois qu'il serait sorti de là, il pourrait écrire un article dessus et l'envoyer à des journaux, ou au moins le publier sur le net. Qu'au moins cela serve à quelque chose.

Il rassembla tout son courage, et souffla :

"Très bien. Mais un mois, pas plus. S'il n'y a aucun résultat au bout d'un mois, je sors de là, et tu m'acceptes pour qui je suis.

-Aucun problème, Mathy.

-Mon nom est Simon, papa !" cria-t-il en tapant du poing sur la table.

Il se leva brusquement, prit son assiette, et après avoir mis les restes dans la gamelle du chat, la déposa dans l'évier. Il prit ses affaires, et arrivé au milieu de l'escalier, se calma et souffla :

"Désolé, je suis fatigué par la route. Bonne nuit, à demain."

Il resta un long moment allongé dans son lit, à regarder cette fissure au plafond qu'il avait fixée toute son adolescence.

Il ferma les yeux, et finit par s'endormir.

Trois jours plus tard, il entrait en thérapie de conversion au centre Saint James, et n'en ressortit jamais.

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Temps présent

Ils arrivent au centre en début d'après-midi. Garés dans le fond du parking pour plus de discrétion, ils se mettent en uniforme d'intervention, quand Natasha reçoit un appel du procureur de New York et s'éloigne pour lui parler. Tony met des gants aux cotés de Steve et réfléchit à voix haute :

"Je ne comprends pas pourquoi Simon a volontairement accepté de faire une thérapie de conversion. Il avait fait sa transition, Jacob et Sue le genraient correctement, il avait l'air heureux et équilibré. Pourquoi a-t-il cédé au caprice de ses parents ?

-Moi je comprends, répond Steve. Dans la même semaine, il apprend que son père a le cancer, le copain de sa... collègue l'engueule parce qu'il couche avec elle chez eux, du coup sa collègue le largue, et comme il en est très amoureux, il doit s'éloigner de son lieu de travail pour passer à autre chose. Et par-dessus le marché, il doit retourner chez ses parents qu'ils l'ont viré de chez lui à peine majeur, parce que son père a peu de temps à vivre. Conclusion : Simon était au fond du trou, ses parents lui ont dit "tu n'as jamais essayé ça, fais-le pour ton père mourant", et il y est allé.

-Tu brodes, là, Rogers, réplique Tony avec scepticisme.

-On parie combien que ça s'est passé comme ça.

-On parie combien que tu vas quitter la Crim' pour faire scénariste de sitcom.

-Tu me devras six mois d'appels au juge d'instruction si c'est vrai.

-Quoi ? Pas question, en plus ton truc est invérifiable, à moins que tu ne t'appelles Oda Mae Johnson, et que tu demandes directement à Simon.

-Je n'ai pas la référence.

-Ah ! s'offusque Tony. Plus un mot, Captain Inculte. Ghost, 1990 ! Patrick Swayze, Demi Moore, Whoopi Goldberg !

-Non, toujours pas.

-Nom d'un chien, grommelle son ami.

-Allez, c'est bon, le procureur nous donne le feu vert pour démonter ce merdier dans les règles, on aura des renforts dans deux heures, fait Natasha en revenant d'un pas énergique. Concentration, messieurs ! Tony, tu feras le sinophile plus tard.

-"Cinéphile", Nat'. Je te l'ai déjà dit en plus !

-C'est pareil !

-"Sinophile" c'est aimer la culture chinoise, rien à voir !"

Après quelques secondes de silence et de tranquillité, Tony insiste en chuchotant :

"Il faut que tu voies ce film, Rogers. Ils ont une alchimie dedans, c'est dingue. Ado, j'aurais tué pour un plan à trois avec Patrick et Demi.

-Je ne veux toujours pas connaître les détails de ta vie sexuelle, Tony, passée, présente, ou future.

-Tu ne sais pas ce que tu rates, mon vieux."

Loki, qui suivait Natasha vers le centre et écoutait la conversation d'une oreille, lève les yeux au ciel. Sérieusement. Ce type ne changerait jamais.

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Kathryn Kilkenny, surnommé « Kathy" par ses collègues du centre médical, range consciencieusement ses stylos par couleur et par taille. On lui dit qu'elle n'a pas besoin d'avoir autant de stylos, mais elle aime bien en avoir beaucoup étalés devant elle.

Elle est arrivée au centre en avril dernier, pour remplacer l'ancienne hôtesse d'accueil, et elle avoue bien s'y plaire, même si parfois elle est un peu émue par les patients qui semblent souffrir. Elle en voit passer parfois qui sortent de thérapie de groupe et ont les yeux rouges. Ils avaient vécu des choses difficiles étant petits, et ne pouvaient pas vivre une vie normale. Cela ne doit pas être facile, se dit-elle souvent. Elle-même a des pensées impures parfois, et en est toute retournée, alors ne pouvoir avoir que ça toute sa vie, elle a du mal à l'imaginer.

La porte automatique s'ouvre, et elle lève la tête pour voir arriver quatre inconnus, trois hommes et une femme, habillés en noir et portant un holster.

Oh oh, se dit-elle avec inquiétude.

« Bonjour, se lève-t-elle avec fébrilité. Bienvenue au centre St James, je peux vous aider ?

-Brigade Criminelle de New York, fait la femme en sortant une petite plaque dorée. Nous avons téléphoné il y a deux jours. Mon collègue, ajoute-t-elle, vous demandait si vous aviez eu un patient afroaméricain au nom de Hill.

-Ah, oui, murmure Kathryn. Je me souviens maintenant. Je n'avais rien trouvé dans mes fichiers-

-Nous avons la preuve que vous avez bien accueilli une personne enregistrée sous le nom de Matilda ou Simon Hill, annonce le policier avec la barbiche, vous nous avez donc menti.

-Mais-mais-mais, mais non, couine Kathryn, je vous assure, tenez, regardez, j'ai mon fichier de tous les patients ayant séjourné au centre, et je n'ai pas de Hill. »

La policière rousse passe derrière son bureau et la regarde faire sa recherche infructueuse en silence.

« Est-ce que c'est facile de supprimer un nom ?

-Mais-mais-mais je n'ai rien supprimé !

-Ce n'est pas ma question, madame. Est-ce que c'est facile de supprimer un nom ? »

Kathy laisse passer un long silence, puis elle répond faiblement :

« Il faut cocher la croix et appuyer sur la poubelle.

-D'accord, accepte la policière. Est-ce qu'il est facile d'accéder à votre session ? Qui connait le mot de passe et l'identifiant à part vous ?

-Personne… murmure-t-elle. Je vous assure.

-Il n'est noté nulle part ? »

Kathy laisse passer un long silence, puis ouvre le tiroir de son bureau où se trouvent tous ses stylos, ainsi que le post-it où sont marqués les codes de l'ordinateur.

« Merveilleux, soupire la policière rousse. Merci, madame. »

Natasha revient vers eux et marmonne :

« N'importe qui pouvait accéder à cet ordinateur et supprimer le nom de Simon. Celui qui l'a fait et qui envoie les mails à la mère est sûrement notre assassin. On campe là s'il le faut, mais on interroge tout le monde jusqu'à ce qu'on l'ait trouvé.

-J'appelle Peggy et le restaurant pour annuler, soupire Steve.

-Tu n'es qu'un canard, Rogers, accuse Tony.

-C'est notre anniversaire de rencontre, je vais me faire tuer. Mais l'affaire passe d'abord. »

Natasha revient vers l'hôtesse d'accueil, et lui demande calmement :

« Vous savez ce qu'il se passe ici ?

-Oui, balbutie-t-elle, c'est un centre d'aide psychologique. Je peux vous demander pourquoi vous êtes ici ? demande Kathryn courageusement.

-Ecoutez-moi bien. Nous savons que ce centre abrite une thérapie de conversion pour les personnes homosexuelles et trans, ce qui est illégal dans l'état de New York. Nous quatre sommes ici dans le cadre d'une enquête pour meurtre, mais une équipe de la police municipale va nous rejoindre pour vous interroger. Je voudrais que vous m'indiquez le bureau du directeur, et que vous ne laissiez sortir aucun personnel.

-Je ne comprends pas, balbutie-t-elle.

-Dites à tout personnel du centre qu'il faut parler avec un policier avant de sortir, et dites-moi où je peux trouver le directeur. »

L'hôtesse lui indique le bureau au fond du couloir en triturant ses lunettes, et Natasha la laisse tranquille.

« Tony et Loki, je veux bien que vous restiez là pour l'instant pour parler à ceux qui sortiraient. Je vais voir le directeur avec Steve.

-Pourquoi pas moi ? proteste Tony.

-Parce que je sais que tu ne supportes pas ces gens-là. »

Sur le chemin du bureau, Natasha a allumé son dictaphone pour pouvoir réécouter l'entretien plus tard. Ils frappent, entrent, et le directeur commence à leur expliquer qu'il ne dirige pas une thérapie de conversion, mais un centre d'aide psychologique, notamment dans le cadre des addictions. Ils accompagnent les patients dans l'abandon d'une mauvaise habitude, qu'elle soit coûteuse ou dangereuse pour leur santé. Natasha le coupe dans son baratin et lance :

« Monsieur, nous sommes sur une enquête pour meurtre concernant un jeune homme de 28 ans. Sa famille nous a confié son inquiétude, car il serait soit disant dans votre centre depuis sept mois, et ils n'ont que des nouvelles par mail. »

Le directeur fronce ses sourcils dans une expression de souci et d'incompréhension.

« C'est impossible madame, nos séjours dépassent rarement un mois, et jamais trois. Quel est le nom de ce jeune homme ?

-Simon Hill, il a peut-être été enregistré sous le prénom de Matilda, et quoiqu'il en soit, l'hôtesse d'accueil ne l'a pas trouvé dans la base de données.

-Laissez-moi juste vérifier avec mes identifiants. »

Steve se met avec diplomatie à côté de lui pour surveiller ce qu'il fait, mais le directeur ne fait qu'imiter la dame qu'ils ont vue, et ne trouve rien non plus.

« Ce nom me dit quelque chose, pourtant, marmonne-t-il. Une femme qui croyait être un homme, ce n'est pas ça ? »

Steve grimace et Natasha affiche un sourire de requin. Oh, le procureur allait en faire de la chair à pâté.

« Oui je me souviens, elle était partie sans dire au revoir au personnel, son médecin m'a dit qu'elle avait hâte de retrouver sa famille. Les infirmières l'avaient bien aimée, très gentille, mais très têtue, je ne suis pas sûr que nous ayons réussi à l'aider.

-Ce patient n'est jamais rentré chez lui, monsieur, jamais. Nous soupçonnons l'un de vos personnels d'avoir supprimé son nom du fichier, et de continuer d'envoyer des mails à sa famille pour faire croire qu'il est encore en vie. »

Natasha se penche et lâche sa bombe :

« On a retrouvé son corps dans une forêt de l'État, à vingt-cinq kilomètres de votre centre. Il est enterré là depuis six mois. »

Le directeur blanchit. Ses yeux oscillent de Natasha à Steve, comme s'il attendait que le policier blond dise qu'il ne faut pas écouter sa collègue et qu'elle fait souvent ce genre de mauvaises blagues.

« Vous… vous dites qu'elle a été tuée ? Par l'un de mes employés ?

-C'est exactement ce que l'on dit. Simon Hill a probablement été tué avec des électrochocs, vous en disposez, ici ?

-Je… Nous ne les utilisons plus depuis des années. »

Natasha retrouve son sourire de squale. Ils les tenaient.

« Maintenant, monsieur, j'aimerais que vous nous ameniez au médecin de Simon pour que nous puissions nous entretenir avec lui, puis que vous donniez à mon collègue tous les électrodes en question pour analyse. »

Le directeur sort de son bureau d'un pas mal assuré, et Natasha demande doucement à Steve :

« Tu as entendu ? Le psy a dit que Simon était parti en catimini parce qu'il voulait retrouver sa famille.

-Oui, tu as bien fait à demander à le voir en premier. »

Ils retrouvent Tony et Loki dans le hall. Ils ont parlé avec une infirmière qui voulait sortir fumer une cigarette, et elle se souvenait de « Matilda ». Quelqu'un de très positif et gentil. « Elle » et le docteur Crowley s'entendaient très bien. Les guillemets s'entendaient dans la voix de Tony, qui en grimaçait encore. Natasha se félicitait de ne pas l'avoir emmené chez le directeur. Le problème était que si Steve allait chercher les électrodes, alors Natasha, devant absolument être accompagnée de quelqu'un pour mener l'interrogatoire, devrait voir le médecin avec lui. Tony allait devoir faire un effort, et prendre sur lui. Dans le pire des cas, elle le ferait remplacer par le bleu, qui semblait très doué pour compartimenter et cacher ses émotions.

Elle se secoue discrètement la tête pour faire partir ses soupçons. Ce n'est pas le moment pour ressasser ses inquiétudes.

« Laissez-moi deviner, lance Natasha au directeur alors qu'ils commencent à parcourir les couloirs du centre. C'est le docteur Crowley que nous allons voir ?

-Le docteur Crowley est un excellent psychiatre, il est là depuis treize ans. Lui et… votre victime s'entendaient très bien, précise-t-il en commençant à se dire qu'il serait plus prudent d'adopter le prénom et les pronoms de la police pour les rendre moins hostiles.

S'ils voulaient renforcer les personnes dans leurs névroses, grand bien leur fasse.

Un homme en blouse blanche sort d'une pièce, et le directeur l'interpelle. Le médecin tourne ses yeux bleu électrique vers eux.

Il a une quarantaine d'années, et a déjà quelques cheveux blancs, qui lui donnent un air de vieux beau qui n'est pas désagréable. Le tout lui donne un petit air de Georges Clooney dans ses derniers rôles, un charme discret mais qui reste un rien magnétique.

« Docteur Crowley. Ces messieurs dames de la police de New York voulaient s'entretenir avec vous au sujet de Ma… Simon Hill.

-Ah. Bien sûr. Pas de problème.

-Vous auriez une petite pièce tranquille à nous fournir ? demande poliment Natasha. Tony, fait-elle en se tournant vers lui, tu veux bien ? Steve va suivre le directeur pour récupérer les électrodes. »

De son coté, Loki n'a pas quitté le psychiatre du regard de toute la rencontre, et a vu les yeux s'écarquiller discrètement de peur à la mention de Simon et des électrodes.

« Gentil flic ou méchant flic ? » demande discrètement Tony.

Surveillant le suspect avec attention, Natasha ne réagit pas tout de suite à la question, et finit par souffler :

« Nous deux, gentils, puis méchants. »

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Alors ? Coupable ? Pas coupable ?

Vous trouvez ça intéressant le flash-back des victimes ? Vous voulez que je continue ?

Gros bisous, portez-vous bien !