Bonsoir ! J'espère que vous allez bien et que le chapitre vous plaira.

Rar : Ilona :

Merci infiniment pour ta review, j'avais hâte de poster ce chapitre et celui d'aujourd'hui, ils commencent enfin à en dévoiler un peu plus sur eux ! Cette nuit sur la plage aura son importance pour la suite 😉 J'espère que le suivant te plaira aussi, bonne lecture !

Playlist :

The Weepies - "The World Spins Madly On"

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La lumière le réveille beaucoup trop tôt. Son dos et sa tête lui font atrocement mal, et Loki grimace en se redressant doucement. Il se masse le front, ses yeux vitreux regardant le soleil se lever sur la mer. Il a du sable sous ses vêtements, doit avoir trois heures de sommeil à tout casser, et regrette profondément d'avoir fait confiance à son coéquipier.

Sur le siège conducteur baissé au maximum, ce dernier ramène sa veste sur son visage pour qu'elle lui cache la lumière et qu'il puisse redormir un peu. Loki vérifie qu'il a ses clopes, et ouvre la portière le plus silencieusement qu'il peut pour sortir de la voiture.

Il fume sa première cigarette appuyé sur le capot, se morigénant pour avoir raconté tout ça à Stark. Il lui a donné beaucoup trop de détails, et tout cela est vérifiable d'une façon ou d'une autre. Il espère que jamais quelqu'un de la mafia ou de l'antigang ne laissera traîner le mot "poussière dans l'œil", et que jamais Stark n'apprendra le nom de ce soi-disant "indépendantiste".

A la moitié de la deuxième cigarette, il est moins tendu, et décide que ce qui est fait est fait. Maintenant, Tony lui fait confiance, et bien qu'il déteste le reconnaître, c'est aussi son cas. Il s'agit d'un nouveau paramètre qu'il devra prendre en compte à l'heure des choix difficiles. Il aura à être froid, impartial, et à prendre la meilleure décision en fonction de ce qu'il veut accomplir.

Il n'aura pas à choisir entre faire tomber Thanos et la vie de Tony. Ce sera plus subtil, plus insidieux. Ce genre de grandes scènes dramatiques n'appartiennent qu'aux films. Mais au bout du compte, il aura à prendre la même décision.

Il entend une portière s'ouvrir, ainsi qu'un juron qu'on grogne, et il sourit contre son filtre. Tony s'extrait difficilement de sa voiture, titube un peu, et va s'appuyer sur le capot aux cotés de Loki. Il se passe une main sur le visage, puis sort une petite flasque de la poche de sa veste.

"Vous n'êtes pas sérieux, s'étrangle Loki en le voyant s'enfiler une rasade de whisky.

-Il faut soigner le mal par le mal, le bleu, lance son formateur d'une voix rauque en baissant sa main.

-Surnom, Stark.

-Tutoiement, le bleu. Obbadiah disait que boire le lendemain matin, c'était "doigter le chien qui nous a mordu la veille".

-C'est dégueulasse. Je suis bien content que ce type soit mort."

Tony a un rire, et cela tranquillise un peu Loki, qui n'a pas aimé que ce nom soit mentionné quand le soleil se lève sur la mer.

Il a actuellement le rôle de Stane, et il déteste ce que ça implique pour ses futurs plans. Stark va le haïr de toutes ses forces quand il saura.

"Merci de m'avoir raconté, hier, souffle soudain le lieutenant. Tu t'en veux encore, pour le type que tu as tué ?

-Bien sûr, que je m'en veux encore, marmonne Loki en écrasant sa cigarette sur l'herbe poussant dans le sable. Je ne crois pas qu'on arrête un jour.

-C'était ta mission, tu n'avais pas le choix.

-On a toujours le choix, affirme-t-il en se penchant pour ramasser le mégot et le lancer dans la poubelle d'à côté. Je n'aurais pas dû le faire. Au moins, on m'aurait traité de tafiole lâche pour une bonne raison, et j'aurais la conscience tranquille.

-Tu as des trucs à raconter à la psy d'addictologie, au moins.

-Je ne l'ai jamais dit à personne, murmure-t-il tout doucement.

-Ça sert à ça, tu sais, les psys.

-Parce que tu en as un, toi, pour la trahison de ton mentor et ami, qui a causé une blessure qui peut te tuer à n'importe quel moment ?

-Dit comme ça, ça rend tout plus moche, reconnaît Tony en détournant les yeux vers l'océan.

-Désolé, marmonne Loki en se rendant compte de ses mots.

-Ça rend tout plus joli, aussi. C'est comme si absolument tout pouvait être la scène de fin du film de ma vie."

Loki détourne lui aussi les yeux, et regarde le soleil qui s'est enfin détaché de l'eau pour s'élever dans le ciel. Deux types en contrejour, fumant et buvant sur un capot de voiture, devant le lever du soleil sur une mer d'huile. Ce pourrait être un dernier plan correct, songe Tony.

Ils attendent sans bouger que le film se termine, mais le temps continue de s'écouler sans que tout ne fonde au noir. Au bout d'un long moment, comme rassuré que la vie continue, il se redresse en lançant :

"On rentre à New York ? Il est déjà huit heures, Clint va nous engueuler.

-Putain, lâche Loki en regardant sa montre. Le notaire. Il voulait qu'on y soit à la première heure.

-Oui, et sans doute un peu plus propres que ça."

Vers neuf heures à la brigade, ils ont mal au dos, mal dormi et la gueule de bois. Ils portent également les mêmes fringues que la veille, ne se sont pas brossé les dents, et puent la fumée, le sel, ainsi que le whisky.

"Qu'est-ce que vous avez branlé, bon sang ? s'énerve Clint.

-On a pris l'air, revendique Tony avec effectivement une expression plus sereine. Pour décompresser.

-Moi, pour décompresser, je regarde Ratatouille avec les jumeaux, comme ça, je n'ai pas l'air merdique le lendemain !

-On n'est pas tous le parfait père de famille que tu es, Clint, alors fous-moi la paix. On va la terminer, cette enquête, même si on a besoin de boire un coup sur la plage pour oublier que des types éventrent des vieilles dames au couteau de cuisine, et piègent la femme de ménage pour qu'elle en chie en prison à leur place.

-Allez piquer du déo à Steve, et vous passer de l'eau sur le visage. Vous sentez comme la SDF devant le bar de Rosie.

-Merci du compliment."

Loki a un petit sourire apaisé. Tony a raison, cette soirée où ils ont ouvert les vannes a fait redescendre la pression.

Il va choper ce salopard, libérer Cardenas qui va retourner bosser pour Viktor, et Fury et lui vont faire tomber Thanos.

Et Tony... eh bien, Tony s'en remettra. Ce type a l'air aussi ébréché qu'indestructible.

"Oui ? lui demande son formateur, et Loki se rend compte qu'il le regardait.

-Merci de m'avoir emmené à la mer, répond-t-il simplement.

-Cela fait du bien de partir, de prendre du recul. J'adore cette ville, mais elle me fout les jetons, parfois. Et notre enquête, c'est du pipi de Jarvis à côté de ce qu'elle peut faire."

Loki ne le sait que trop bien, et il hoche la tête.

"Vous n'êtes toujours pas prêts ? les engueule Clint. Bougez-vous le cul, je veux être en face de ce notaire dans vingt minutes !"

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Le notaire n'en mène pas large quand il les reçoit dans son bureau.

"Comprenez, je dois protéger mes clients, et si je dis amen à toutes les personnes qui m'appellent pour voir un testament...

-Je comprends, répond lentement Clint avec l'air de vouloir lui arracher la tête. Maintenant, est-ce que trois flics de la Criminelle peuvent récupérer le testament de Mme Evelyn Evans pour résoudre son meurtre ?

-Oui, bien sûr, je vous le sors."

Il semble à Clint que l'homme en costard met un temps infini à lui sortir le dossier couleur crème avec une jolie police. Enervé par le comportement du type, Clint lui prend le testament des mains, et s'en va sans rien dire de plus.

Impatient, Clint ouvre le testament dans leur voiture, et le lit à voix haute pour que ses coéquipiers aient l'information en même temps que lui.

""Je, soussignée Evelyn Evans, déclare sur l'honneur," bla bla bla... élude-t-il en lisant en diagonale pour aller à l'essentiel. Ah, lance-t-il "je lègue la moitié de ma fortune à mon mari, Philip Evans. Sur un second plan", bla bla bla... "Je lègue le quart de ma fortune à mon fils," bla bla bla... On y est, les Cardenas, "un huitième de ma fortune à Nadia Cardenas, pour son service dévoué à mes côtés"... "un huitième à la New York Film Critics Circle"...

Il lit un long moment, puis finit par dire :

"C'est à peu près tout.

-Je ne comprends pas, il n'est pas décédé, son mari ?

-Donc tout va revenir à son fils ? lance Tony.

-Je suppose.

-Donc on a toujours deux suspects. Son fils et le couple Cardenas.

-Elle a aussi donné un huitième à l'asso de cinéma, relève Loki.

-Mais ça ne les rend pas suspects pour autant.

-J'espère bien, s'étrangle Tony, le NYFCC, c'est le rassemblement de journalistes des meilleurs magazines et quotidiens, qui donne un classement des meilleurs films par catégories. C'est les deuxièmes Oscars, dont on parle, là.

-Ça dépend de combien d'argent ils hériteraient, l'ignore Loki en répondant à Clint. Même les journalistes passionnés de cinémas sont prêts à tuer pour une belle somme.

-On va faire un crochet par la banque pour le savoir, conclut Clint en mettant le contact."

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Ils passent deux heures à la banque avant d'obtenir le relevé de comptes attendu. Clint tape nerveusement du pied par terre en vérifiant régulièrement sa montre. Il leur reste vingt-quatre heures. Passé ce délai, les Cardenas écopent de vingt ans pour la femme et perpétuité pour l'autre, et le véritable coupable vit riche et insouciant, ou continue de tuer les mères et grands-mères des new yorkais.

Ils sont ralentis par des fonctionnaires et des bureaucrates, et ça le rend absolument dingue.

Quand enfin, le banquier qu'il a engueulé quelques minutes revient vers eux, il se lève en soupirant et tend sa main pour avoir les papiers.

"Elle était parmi nos meilleurs clients, affirme l'homme en chemise blanche en lui offrant l'enveloppe, nous sommes très peinés par sa disparition.

-ça veut dire quoi, "meilleurs clients" ? demande-t-il. Les plus fidèles ou les plus riches ?

-Les deux, répond-il simplement. La pauvre dame. Nous avons bien fait opposition sur la carte volée, mais nous n'avons enregistré aucun retrait depuis mardi, pour une place de cinéma.

-D'accord. Merci."

Le banquier s'éloigne, et Tony marmonne :

"Le portefeuille n'a pas été volé pour prélever de l'argent, il servait à ce qu'elle ne soit pas identifiée tout de suite pour gagner du temps.

-Ce n'est donc certainement pas un simple vol. Ça a été planifié depuis longtemps.

-Bon, alors, à combien s'élève le magot ?

-On va regarder ça au calme dans la voiture."

Assis devant son volant, il ouvre l'enveloppe, puis parcourt les comptes avec ses collègues penchés eux aussi sur la feuille. Ses yeux s'écarquillent en regardant le total, et il n'est pas le seul.

"Oh, putain, souffle Tony.

-Je crois que toute la police n'est pas payée autant," marmonne Clint.

Même Loki, habitué à voir passer des grosses sommes, est impressionné. Pas sûr que Viktor ou Amora, avec leur empire de prostitution et de drogue, soient beaucoup plus riches que leur victime.

"Evelyn, vilaine cachottière, fait Tony avec un grand sourire.

-Mais le fils nous avait dit qu'elle n'était pas très riche, se rappelle Loki, et qu'elle avait repris l'épicerie de ses parents...

-C'était peut-être une tradeuse de talent. Ou une hackeuse. Une grand-mère hackeuse fan de cinéma, je trouverais ça génial.

-Ou alors il a menti, marmonne sombrement Clint. On retourne le voir."

Au milieu de ses trois jours de congé pour le décès de sa maman, Henry Evans s'étrangle devant le relevé de comptes de sa mère, complètement incrédule.

"Vous êtes sûrs qu'il n'y a pas erreur ? Ma mère avait un peu d'argent de côté avec la pension de retraite de mon père, certes, mais pas du tout une telle somme !

-Vous n'étiez vraiment pas au courant ?

-Je... Bien sûr que non... Mes parents tenaient une épicerie, qu'ils tenaient de mes grands-parents... On vivait bien, certes, il y avait pas mal de clients qui venaient pour le dépannage..."

Il laissa ses mains reposer sur ses genoux, tenant toujours les relevés beaucoup trop élevés.

"Je suis stupide, marmonna-t-il tout à coup. Dans ma jeunesse, je n'ai pas eu à ouvrir un prêt étudiant comme tout le monde, ils ont payé tous mes frais d'université rubis sur l'ongle... Aucune supérette ne peut rapporter autant...

-Henry, intervient Clint, d'où vient cet argent ?

-Ma mère était très gentille, elle ne peut pas avoir fait quoique ce soit d'illégal ! Elle adorait les films de gangsters, mais ne pas payer le parcmètre la mettait dans tous ses états.

-Rien de boursier non plus ?

-Mes parents avaient quelques actions dans le cinéma dans les années soixante, mais...

-Monsieur, attaque finalement Tony, vous héritez à soixante-quinze pourcents de la fortune de votre mère, vous devenez donc le principal suspect de notre enquête.

-Je dis la vérité, il faut me croire !

-En attendant, votre mère a été poignardée à mort dans un cinéma pour son argent, et il va falloir nous expliquer en quoi vous n'êtes pas coupable.

-Tony, l'arrête Clint tandis que les larmes de l'homme se mettent à couler, mollo. On avait conclu qu'il n'y comprenait rien à ce qu'il se passait et qu'il était anéanti, ajoute-t-il à voix basse.

-Moi je mens très mal, mais ce n'est pas le cas de tout le monde."

Debout dans un coin de la pièce, Loki regarde le fils en commençant lui aussi à douter. Jouer l'imbécile quand vous héritiez de millions parce que votre mère mourrait assassinée, mais que des tonnes de preuves accusaient la femme de ménage et son mari, ça commençait à devenir un peu gros.

"Je... murmure Henry Evans. Vous avez le testament, donc ?"

Les trois flics se tournent vers lui avec un air plus ou moins hostile.

"Vous... Vous croyez que je peux le voir ? insiste le fils. Je vous dirais si je vois quelque chose de suspect. J'ai conscience que ça ne sent pas bon pour moi, mais vous devez me croire, j'étais avec ma femme et mes enfants mardi soir, je vous l'ai déjà dit. Je suis juste passé chez ma mère avant la séance de cinéma, mais ensuite, elle y est allée par elle-même, en métro. J'essaye de comprendre, tout comme vous."

Clint soupire, puis va chercher le testament dans la voiture. Henry le lit pendant quelques secondes, puis marmonne :

"Philip Evans... Mon père s'appelait Edmond..."

Haussant un sourcil, Clint va s'asseoir à coté de leur suspect, et lit avec lui le document.

"Et regardez, note Henry en montrant une ligne d'introduction, le testament date d'il y a deux semaines. Il a été refait."

Il baisse le document pour regarder dans le vague, et marmonne :

"Elle ne se serait tout de même pas remariée sans m'en avoir parlé ?

-On fonce chez le notaire, les gars, affirme Clint en reprenant le testament. Merci, monsieur Evans, on vous tient au courant."

Dans les bouchons du midi, il tape sur son volant en jurant :

"Comment on a pu être aussi cons, et ne pas même pas regarder la date ? Son mari est bien vivant, et il récupère la moitié du pactole, soit des millions d'euros !

-Il aurait changé de nom en se remariant ?

-Probablement, peut-être même qu'il comptait toucher l'héritage avec des faux papiers, je n'en sais rien.

-Donc, ça pourrait être absolument n'importe qui. En étant marié à notre victime, il savait pour le cinéma le mardi soir, pour la femme de ménage guichetière là-bas, peut-être pour le casier du mari, et pour le testament.

-Retour à la case départ, marmonne Tony.

-Et il nous reste moins de vingt-quatre heures pour le trouver. Non, marmonne-t-il en regardant sa montre. Moins que ça."

Il remet sa main gauche sur le volant et appuie sur la pédale d'accélération.

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"Non non, son mari est bien vivant, maintient le notaire, à vrai dire, elle est venue le refaire il y a deux semaines, juste après s'être remariée.

-Avec qui ? assène Clint sur le point de craquer.

-Eh bien, Philip Evans. Il aurait pris son nom parce qu'il trouvait injuste qu'elle le perde, m'a dit Mme Evans.

-Féminisme mon cul, il voulait changer de nom et ne pas faire de vague ! Qui est-ce type, vous avez une pièce d'identité, au moins ?

-Et bien, non, Mme Evans n'était pas sous tutelle, elle faisait son testament comme elle l'entendait, dans les règles bien sûr.

-Vous, tant que vous touchez vos honoraires, vous vous fichez qu'on abuse d'une vieille dame ! Elle était âgée et pleine aux as, et tout à coup, un type tombe fou amoureux d'elle ?

-De ce que j'ai compris, il n'était pas si jeune que ça, la soixantaine.

-Que vous a-t-elle dit d'autre ?

-Je... je ne me rappelle pas. Qu'il était passionné de cinéma, peut-être ? C'était une dame qui parlait beaucoup.

-Merci pour rien, monsieur."

En bas de l'immeuble, Clint se passe ses mains sur le visage, inspire profondément, et résume la situation :

"On a vingt heures pour trouver un tueur sexagénaire passionné de cinéma, ou en tout cas, il l'a dit à Evelyn pour la séduire.

-Elle a caché son histoire d'amour à son fils, lance soudain Tony, mais peut-être pas à Nadia Cardenas. Si elle était très bavarde, elle lui a peut-être raconté quelque chose qui nous mettra sur leur piste.

-Retour à la brigade, donc."

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Steve lève la tête en entendant les portes de l'ascenseur s'ouvrir, et se redresse pour s'appuyer sur son bureau. Il trouve une mine fatiguée et tendue à Clint, qui lui demande :

"Alors ? Ils ont dit quelque chose ?

-Rien. Le mari répète qu'il ne parlera qu'en présence de son avocat.

-Il n'est toujours pas arrivé ?

-Non."

Loki tique. Viktor a une armée d'avocats à son service. Pourquoi a-t-il laissé le manager de ses dealers moisir en garde à vue pendant deux jours et une nuit, alors qu'il l'a sorti si facilement les autres fois ?

"Barton, Stark, Odinson, dans mon bureau, aboie soudain Fury depuis son couloir."

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Les mains appuyées sur l'acajou et un air inflexible sur ses traits, le commissaire annonce :

"Darcy a confirmé que le couteau de cuisine trouvé chez les Cardenas comportait des traces de sang humain, celui d'Evelyn Evans. Nous avons l'arme du crime, le mobile, les aveux signés : j'envoie le dossier au procureur en début d'après-midi.

-Quoi ? S'étrangle Clint. Non, chef, ce n'est pas eux !

-Auriez-vous la courtoisie de m'expliquer pourquoi ?

-Parce que nous avons la preuve que la victime s'est remariée avec un type sous un faux nom, et qu'il va toucher la moitié de l'héritage, non pas un huitième comme eux.

-Qui vous dit ce nouveau mari n'est pas aussi Cardenas ?

-Evelyn a dit au notaire qu'il avait soixante ans.

-Parce qu'elle ne tenait pas à ce qu'il sache qu'elle se tapait un gigolo mafieux.

-Chef, proteste Clint outré par la mauvaise foi de son supérieur, pourquoi voulez-vous classer cette affaire ? On touche au but !

-Barton, si toutes les preuves pointent vers eux, alors c'est qu'ils l'ont fait, arrêtez de vous obstiner ! Coffrez-les-moi, et qu'on en finisse. C'est un ordre."

Furieux, vexé et un peu peiné, Clint quitte le bureau pour retourner au sien. Tony jette un regard accusateur et déçu à son chef, et sort à son tour. Loki reste, ferme la porte derrière lui, et insiste :

"Fury, ils ne l'ont pas fait. Ce soir-là, elle faisait du baby-sitting, et lui empaquetait de l'héro sur les docks. Je le sais, Viktor me l'a dit.

-Je connais son rôle dans l'organisation, Odinson, c'est bien pour ça que je veux qu'il prenne perpét."

Loki fixe Fury, légèrement déstabilisé.

"La municipale l'a déjà coincé plein de fois, mais Von Doom a une armée d'avocat qui le font sortir constamment. La Crim', c'est en dehors de sa juridiction, on pourrait le coffrer pour de bon.

-On les aura, Fury, affirme doucement Loki en s'appuyant sur le bureau. Mais pas comme ça, pas par le bas. On doit frapper à la tête. Pas enfermer un sous-fifre pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Pourquoi croyez-vous que Viktor n'a encore envoyé aucun avocat ? Parce qu'il s'en fout. Cardenas est totalement remplaçable. Qu'il moisisse en taule ne lui fait ni chaud ni froid. Il se chargera probablement de le faire tuer une fois qu'il sera là-bas, et ni vous ni moi n'en saurons jamais rien."

Fury se masse les tempes un long moment, et finit par soupirer :

"Vous avez raison. Mes douleurs me rendent agressif et impatient. Nous devons faire profil bas, croire qu'ils ont toute la police et que nous sommes inoffensifs.

-Oui, affirme Loki. Vous devez donc nous laisser attraper un tueur de vieille dame, et libérer Cardenas. Parce que qu''il continue de travailler pour Viktor, ou qu'il meure et soit remplacé par un autre, ça ne changera rien, ni pour eux ni pour nous. C'est frustrant, mais c'est comme ça. Nous nous en tenons à notre plan à long terme.

-Vous avez gagné, Odinson. Allez attraper ce type."

Loki sort du bureau soulagé. Ce n'est pas passé loin. Il rejoint l'open space d'un pas pressé, et annonce la bonne nouvelle à ses collègues :

"Fury est revenu à la raison. Il ne va pas envoyer le dossier au procureur, nous avons toujours jusqu'à demain midi.

-Comment as-tu fait ? Souffle Clint avec incrédulité.

-Je lui ai dit que c'était raciste d'envoyer en taule des mexicains pour un meurtre qu'ils n'ont pas commis.

-J'avais déjà joué la carte du racisme. Sérieusement, le bleu."

Loki soupire. Encore un mensonge, pour changer.

"J'ai appelé mon frère de l'antigang à ma pause clope, finit-il par avouer. Leur indic a vu Cardenas mardi soir, en train de superviser l'emballage de sachets d'héro.

-Je croyais que tu n'avais plus de contact avec ton frère, lance Tony.

-Il a répondu à ma question, puis m'a envoyé bouler. Techniquement, il ne veut toujours plus me parler. Je vais essayer de me faire pardonner, un de ces quatre.

-Ce serait con de rester fâchés.

-Oui, c'est vrai, murmure-t-il.

-Donc on est bien sur la bonne voie depuis le début, les recentre Clint. Un type a épousé Evelyn pour hériter de sa fortune, et faire tomber la femme de ménage à sa place. Si elle a avoué alors qu'elle n'est pas coupable, c'est qu'il la fait chanter. On va refaire pression en disant qu'on n'avale pas leurs conneries. Tony, tu pousses le mari à bout, moi, je m'occupe de la femme. Loki, tu la regardes en salle d'enregistrement pour me dire ce que tu en penses après. Allons-y, on doit leur faire cracher le morceau."

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Tin tin ! J'espère que le chapitre vous a plu. Je n'en ai plus en réserve du nano, j'espère pouvoir vous donner la suite à l'heure. En attendant portez-vous bien !