Bonjour bonjour ! J'espère que vous allez bien, et vous souhaite une bonne lecture pour cette dernière enquête.
Rar :
Ilona : Merci infiniment pour ta review, elle m'a bien fait rire ! J'espère que tu as passé de belles fêtes de Pâques, et que tu aimeras aussi ce chapitre.
Guest : Ravie que tu sois en colère contre mon tueur, et que tu aies aimé le dénouement. Merci pour ta review, j'espère que la dernière enquête va te plaire.
Pink Floyd - Comfortably Numb
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"Ce que l'on fait par amour s'accomplit toujours par-delà le bien et le mal"
Nietzsche
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Clint s'essuie les pieds sur le paillasson de l'entrée, une fois, deux fois, trois fois. Le rituel l'aide à laisser son boulot derrière lui, à ne pas laisser des éléments des scènes de crime entrer dans son appartement, être trop près des enfants quand ils sont là. Il ne l'a jamais dit aux collègues par peur du ridicule, mais peut-être que Natasha a deviné, pour l'avoir regardé faire plusieurs fois.
Il soupire. C'est l'anniversaire des jumeaux ce soir, et il avait dit à Laura de ne pas leur dire qu'il viendrait. Ils ont école le lendemain, Laura les a probablement couchés tôt.
Quand il allume la lumière, il y a du monde dans son salon.
Il porte aussitôt sa main à sa poitrine, là où son arme devrait être.
Son expression terrifiée s'efface pour un sourire incrédule. Laura et les jumeaux portent des chapeaux pointus en carton et crient "surprise" devant un gâteau d'anniversaire.
Son cœur bat la chamade, mais il met un genou à terre et ouvrent les bras pour rattraper Lila et Cooper qui lui foncent dedans.
"Joyeux anniversaire les fripouilles ! C'est super de vous voir, qu'est-ce que vous faites là ?
-On a demandé à maman si on pouvait venir chez toi pour notre anniversaire ! explique sa fille.
-Et elle a dit oui ! ajoute son frère.
-C'est merveilleux, merci, je suis très heureux de vous voir !
-Tu as un cadeau, hein ?
-Bien sûr ! Mais il est caché quelque part. Vous le cherchez ?
-Ouais ! Un trésor ! s'écrie son frère en courant vers le couloir."
Sa sœur le suit, et Clint se relève. Il a bien fait de s'y prendre à l'avance et de tout entreposer emballé dans la chambre d'amis, sinon il se serait senti très coupable. Les enfants avaient demandé ça ? Mais Laura...
Il se tourne vers elle avec un sourcil haussé et un sourire. Elle a les bras croisés, et le menton un peu baissé, mais elle sourit elle aussi.
"Comprends-moi bien, commence-t-elle en levant son doigt. Je suis toujours en colère pour le coup de l'école, et pour le coup de ta nouvelle scène de crime à vingt heures le soir. J'avais mon verre de vin, mon saucisson, mon film, et j'ai tout plaqué pour venir relever la baby-sitter, et en plus, les enfants n'étaient même pas contents de me voir, juste déçus que tu ne sois pas là...
-Je suis désolé, s'excuse-t-il une nouvelle fois. C'est vraiment, vraiment gentil de m'avoir fait la surprise ce soir.
-Ils avaient envie de te voir le jour de leur anniversaire."
Son sourire s'élargit, et elle relève la tête. Il se met à trembler un peu, et s'en étonne. Ce doit être l'ascenseur émotionnel d'avoir cru avoir des étrangers potentiellement dangereux entrés par effraction chez lui, puis son ex-femme et ses enfants lui ayant fait la surprise de fêter l'anniversaire avec eux.
"Ca va ? S'enquiert Laura avec un air inquiet en lui prenant la main.
-Oui, oui, ça va, longue journée. Je suis vraiment heureux de vous voir."
Laura a un sourire en coin, et ils tournent la tête en entendant cavaler dans le couloir.
"J'ai trouvé !
-Nan, c'est moi qu'ai trouvé !
-Ils sont groooos ! QU'est-ce que c'est ?
-Gâteau d'abord et cadeaux après ! impose Laura. "
Ils peinent à coucher les enfants, qui auraient voulu jouer avec leurs cadeaux toute la nuit. Laura avait eu un guide de petit chimiste qu'elle avait rebaptisé "police scientifique", et Cooper avait crié partout en découvrant le château de Poudlard en lego.
Le calme retrouvé, ils rangent et débarrassent la table. Un peu plus tard, quand Clint fait la vaisselle et que Laura essuie, il s'arrête un instant pour poser ses yeux sur elle. Elle tourne la tête vers lui, et lui renvoie son regard. Ils se jaugent un instant, et Clint se penche vers elle, juste un instant avant qu'elle ne se recule en secouant la tête, soupirant :
"Clint... ça ne va pas marcher.
-Pourquoi ?
-Parce que, ça va recommencer. Tu vas continuer tes horaires horribles, tu ne seras jamais là, je vais me retrouver toute seule avec mon job, les enfants et les tâches ménagères...
-Le commissaire m'a parlé d'une promotion. Ils cherchent un nouveau chargé de communication dans la police municipale. C'est bien payé, et c'est des horaires de bureau.
-Oh, mais Clint... Tu adores la Crim'. Je ne veux pas être la raison pour laquelle tu abandonnes le job de tes rêves.
-Tu vois, je sens que parfois, c'est trop. Ce job est lourd. Plus ça va, plus je trouve ça dur. Je deviens cynique, aigri, paranoïaque... J'ai eu peur, tout à l'heure, en allumant la lumière. Un instant, j'ai cru que c'était le tueur qu'on a arrêté la semaine dernière, qui avait trouvé mon adresse et venait pour me tuer.
Elle pose une main sur son épaule avec un regard inquiet, et il pose sa propre main sur la sienne, soufflant :
"Ça va, mais parfois, je me dis que ça n'en vaut pas la peine. Que je passe à côté des enfants, que je ne les voie pas grandir. Que le jeu n'en vaut pas la chandelle."
Elle fouille dans ses yeux un long moment, puis lance :
"J'ai besoin d'être sûre que ce n'est pas des paroles en l'air. Tu comprends ? Parce que j'ai déjà trop souffert pour m'exposer de nouveau sans avoir de garantie.
-Je suis sérieux, Laura. Je te le jure. Excuse-moi, tout de suite, ce n'était pas une bonne idée, c'est juste l'émotion de la soirée. Je n'attends rien pour l'instant, je veux juste te dire que je vais lancer des démarches pour être là."
Laura continue de le jauger un long moment avec l'air de ne pas le croire, puis elle s'avance et le serre dans ses bras. Clint sent le torchon humide dans son dos, la chaleur de Laura, le parfum de ses cheveux, et quelque chose en lui se recolle.
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Les semaines suivantes, la vie suit son cours comique et désespérant. La machine à café tombe de nouveau en panne, et oriente la trajectoire du liquide en fonction du coin de la grille où ne se trouve pas le gobelet. Fury se fait de nouveau mal au dos, et peste tous les deux jours que personne, à part lui, ne remet jamais de papier dans cette photocopieuse.
Ils vont voir Rosa à son bar, qui leur sert toujours cette vodka horrible qu'elle fait probablement elle-même, et Natasha leur apprend de nouvelles chansons russes.
Darcy les invite à leur crémaillère dans Hell's Kitchen, et au cours de la soirée, Jessica fixe Loki à plusieurs reprises. Il lui trouve des yeux perçants qui cherchent la vérité, et se retient d'aller lui parler.
Cinq semaines après la mort d'Evelyn Evans, les Stups trouvent les corps d'un homme et d'une femme de type hispanique dans un immeuble abandonné. Lorsqu'ils se rendent sur place et reconnaissent les Cardenas, Tony vide toute sa flasque de whisky, Clint manque de se fracturer un orteil en donnant des coups de pied dans un mur, et Loki n'ouvre plus la bouche pendant plusieurs heures. Une voix mesquine et cruelle murmure dans leur tête que deux vies ne valent pas qu'on en venge une.
Cette affaire-là sera classée sans meurtrier, comme celle d'Andrès, le restaurateur préféré de Tony. Quand ils rangent le rapport inachevé aux Archives, ce dernier secoue la tête avec dépit, et Vol Au-Dessus d'un Nid de Coucou, qu'ils regardent le soir-même, ne lui remonte pas le moral, bien au contraire.
Loki avait continué de contempler Thanos et Fury bouger leurs pions sans rien dire. Penché à la fenêtre un soir doux d'avril, alors que Tony installe le clic clac, il se dit que tout ceci ne va plus durer longtemps.
La ville suinte, et va bientôt déborder.
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Vanessa retombe sur l'oreiller et tente de retrouver son souffle, affichant un sourire immense sur son visage. Ah purée, celui-là est dans l'un des top trois de sa vie. Elle a des fourmillements dans les doigts, et se sent stupidement heureuse. Elle tourne la tête vers la femme nue à côté d'elle, et cette dernière la regarde. Elle la fixe longtemps, et Vanessa commence à se tortiller.
"Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle d'un ton naïf.
-J'espère vraiment que tu n'es là que pour le sexe, souffle la blonde. Je détesterais avoir à te faire du mal."
Vanessa se retient de lever les yeux au ciel. Elle n'a même pas eu trente secondes pour savourer son coït : c'est de nouveau soupçons, menaces, et promesses de souffrance. Elle fixe Amora en retour et lui souffle :
"Je ne suis pas là que pour le sexe."
Elle inspire doucement par le nez, faisant semblant de rassembler son courage. Elle peut sentir le regard inquiet et dangereux de la mafieuse sur ses yeux fermés lorsqu'elle avoue :
"Je suis là pour ton matelas. Je le trouve extrêmement confortable. Il est dur et moelleux à la fois, tout comme il faut. J'aurais besoin des références, les ressorts du mien me rentrent dans le dos, et...
-Tout cela n'est qu'un jeu, pour toi. Tu sais à quoi tu me fais penser ? Un surfeur dans un banc de requins.
-Le moustique tue quatre-vingt mille fois plus que le requin, affirme Vanessa en levant son doigt pour montrer le sérieux de ces sources.
-Tu te comportes comme une gosse, accuse Amora en se redressant, une gosse qui s'amuse à allumer un briquet, et va cramer la maison !
-On ne fait rien de mal, bon sang ! De toute façon, comme tu dis, ce n'est que du sexe, assène-t-elle en se levant pour enfiler son sweat."
Amora se redresse pour la regarder remettre son vêtement, et finit par soupirer :
-C'est bon. Reste, je vais me détendre.
-Je vais pisser et me faire un café."
Une fois seule et plantée devant la cafetière, Vanessa soupire silencieusement. Amora a entièrement raison. Elle manipule ses sentiments pour obtenir des informations, et tout ça pour quoi ? Un bon article sur la mafia de New York ? Le Pulitzer ?
Tout est vrai : elle joue avec le feu, et va finir par se brûler.
D'un autre côté, si Amora insiste ainsi, c'est probablement qu'elle ne ment pas. Elle n'a pas envie de lui faire du mal. Vanessa pourra sans doute compter là-dessus si quelque chose tourne mal. Elle se côtoient depuis plusieurs mois à présent. Elle risque de perdre un doigt, certes, mais pas grand-chose de plus. Elle espère simplement que ça ne contrariera pas trop ses amours futurs. C'est important, un doigt, quand on est homosexuelle.
Elle jette un œil vers le couloir conduisant à la chambre. Dans d'autres circonstances, elle aurait envisagé un avenir avec une fille comme ça.
Mais une journaliste ne fait pas sa vie avec une mafieuse, et elle est stupide d'y penser.
Durant les semaines qui suivent, Vanessa prend son mal en patience. Elle tente de ne pas perdre trop de temps à écrire des articles sur une vieille dame assassinée par le directeur du Roxy pour son héritage et sur l'arrestation de dealers de drogue, afin de se concentrer sur ses recherches et son flirt avec Amora.
Elle rassemble une par une les pièces du puzzle. Un matin, elle surprend une conversation sur un temple bouddhiste, un autre, sur la campagne des élections municipales à l'automne. Elle a créé un padlet très protégé avec toutes ces informations, et tenté de créer un organigramme. Il y a un trafic d'art chinois dont elle ne sait pas qui s'en occupe. Pour ce qui est du trafic humain et de stupéfiants, chaque réseau a son ou ses gérants, directement chapeauté par un haut ponte de l'organisation. Ces gérants sont remplaçables et le sont d'ailleurs régulièrement, comme Cardenas, qu'on a retrouvé mort quelques semaines plus tôt. Les hauts pontes, eux, sont fixes. Le numéro cinq ou six de l'organisation est en infiltration quelque part, FBI ou CIA, peut-être. Amora est numéro quatre ou cinq, et elle gère la partie irlandaise, notamment le trafic de meth. Le numéro trois, un russe, gère l'héroïne et la prostitution. Le numéro deux est un gros bras et possède apparemment six doigts, il se charge souvent des meurtres qu'ils ne laissent pas aux tueurs indépendants et autres chantages. Il est l'ombre du numéro un, et le cache de la lumière des projecteurs.
Si bien que le numéro un est un gros point d'interrogation.
Elle sait qu'elle a déjà énormément d'éléments, que c'est assez pour faire un très bon article.
Mais elle a fini par comprendre que tout ceci la dépasse, et que n'importe laquelle de ces informations peut la faire tuer. Il faut qu'elle se fasse assister par quelqu'un avec plus de pouvoir qu'elle, seulement, de ce qu'elle a compris, il n'y a pas grand monde en qui elle peut avoir confiance. Les rares fois où Amora a eu un problème, elle a parlé de taupe, et le problème a été réglé rapidement. La brigade anti-gang est exclue, la municipale, sans doute probablement également, quant aux autres institutions, il y a toujours ce fameux numéro cinq ou six qui traine quelque part, servant à identifier les menaces et les éliminer.
Elle commence à ne plus bien dormir, à allumer toutes les lumières de l'appartement, et à songer à poser un triple verrou sur sa porte.
Un soir où elle fait une crise de panique sur le sol de sa cuisine, elle se rend à l'évidence : elle a besoin d'aide.
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Le lendemain, elle prend Virginia Potts à part à la machine à café. Elle était sa stagiaire quand elle est arrivée, elle a tout appris auprès d'elle. Vanessa n'aurait parlé à personne d'autre de ce projet, et d'ailleurs, à personne tout court, si elle avait pu.
Dès que Vanessa prononce le mot « mafia", Virginia lève les bras et fait mine de s'éloigner.
« Virg', insiste-t-elle en la suivant, il faut que tu m'écoutes.
-Vanessa, chuchote-t-elle avec une précipitation inquiète, c'est du travail de flic, que tu fais là. Et tu n'es pas flic. Tu ne fais que te mettre en danger.
-Ça ne te révolte pas, tous ces gens qui meurent, toutes ces affaires classées ? Les Cardenas ? Et la police qui ne fait rien ?
-Ils font de leur mieux, Vanessa.
-Elle est gangrénée de partout, voilà pourquoi ils ne trouvent rien. Je ne suis pas flic, comme tu dis, mais en creusant un peu, j'ai déjà trouvé beaucoup. Tu te souviens, du vendeur de chimichangas criblé de balles ?
-Tu n'es pas prudente. Arrête ce que tu fais, retourne à l'activisme Lgbt. Tu étais très emballée par le témoignage de Simon Hill, cet hiver !
-Ce qui se trame est bien plus grave que des thérapies de conversion, Virginia. Les gens sont aveugles, manipulés, il faut leur montrer ce qu'il se passe !
-Tu m'inquiètes, Vanessa. C'est dangereux, ce que tu fais. Tu pourrais te faire tuer.
-Et toi tu me déçois, Virg'. Je te croyais moins lâche que ça."
Vanessa lui tourne le dos et retourne à son bureau d'un pas furieux. Elle tente de se concentrer et d'écrire l'article qu'on lui a commandé, mais la colère peine à la quitter.
Une petite heure plus tard, Virginia revient la voir, et pousse un long soupir avant de proposer :
"Je peux te mettre en contact avec un flic intègre. Il est à la Criminelle, mais il a travaillé à l'antigang. Il y a frôlé la mort, à cause de la mafia. Je ne dis pas qu'il voudra bien t'écouter, mais tu peux lui faire confiance.
-Tu es sûre de ça ?
-J'en suis sûre.
-Je veux bien. Merci. Désolée de t'avoir traitée de lâche, souffle-t-elle avec sa pointe de culpabilité transparaissait dans sa voix.
-Je peux tout mettre sur la table pour un article. Mon job, mes amis, mes relations, mon image. Mais, Vanessa, affirme Virginia en plantant son regard dans le sien, il faut tracer une limite. On ne met pas sa vie en jeu pour un bout de texte dans un journal. On est amies, j'aimerais que tu t'en rappelles.
-Je ne suis pas tête brûlée à ce point-là. Ne t'en fais pas."
Elle prend le numéro du flic avec un nouveau merci et un sourire, puis réfléchit à ce qu'elle va lui dire. « Et puis merde », se fit-elle en sortant son téléphone. Elle a déjà trop attendu.
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Fury arrive dans les locaux de la Brigade Criminelle d'un pas rapide. Il se plante devant le bureau de Loki, et murmure quelque chose. Le bleu fronce les sourcils, jette un regard sur son écran, puis se lève pour suivre le commissaire dans le couloir administratif.
Tony se penche sur sa chaise et fronce les sourcils à son tour, incertain de ce qu'il doit penser de ces cachotteries. Il va se lever pour écouter aux portes, mais son téléphone se met à sonner. Jurant doucement, il décroche tout de même.
« Lieutenant Stark ? s'enquiert une voix inconnue de jeune femme.
-Lui-même.
-Bonjour, Vanessa, je travaille au Times avec Virginia Potts, c'est elle qui m'a donné votre numéro.
-Je ne parle pas aux journalistes.
- Andrès, ça vous dit quelque chose ? Il a été tué de six balles dans le corps il y a neuf mois. Ca ne vous intéresse pas, de punir le responsable ? »
Tony lui raccroche au nez avec irritation.
Derrière la porte du bureau du commissaire, Loki, le visage un peu pâle, reste silencieux pendant la tirade de son chef, puis marmonne des chuchotements furieux.
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Furieuse de la réaction de son contact, Vanessa se rend dans un bar le soir même. Il est de notoriété publique que tous les bars près de l'immeuble de la police générale sont des bars de flics. Il y a un établissement attitré à chaque brigade, et il ne faut pas tenter d'en mélanger les clients. Il y a eu des rixes générales pour moins que ça. C'est d'ailleurs grâce à ces nuits agitées que les journalistes ont connaissance de l'attribution du bar à telle ou telle brigade.
Le Rosie's Desert Oasis est celui de la Crim', et la patronne protège farouchement ses habitués des fouineurs dans son genre.
Vanessa n'a pas fait un pas dans son bar que la patronne a déjà les yeux sur elle, et quand elle fait mine d'en faire un autre, Rosa contourne son bar en lançant :
"Eh, toi. »
Elle se plante devant Vanessa pour pouvoir lui murmurer d'une voix basse et menaçante :
-Les journalistes, je les repère à dix kilomètres. Alors tu vas prendre ton petit cul de fouille-merde et le foutre dehors.
-Je dois voir quelqu'un.
-Je m'en contrebalance.
-Je dois voir le lieutenant Stark à propos d'Andrès.
-Le vendeur de chimichangas ?"
Vanessa hoche la tête.
Tony a observé la patronne engueuler une jeune femme depuis le fond du bar, et s'est levé en disant à ses collègues qu'il revenait. Il arrive en face d'elle avec des mains levées pour rassurer et un clin d'œil pour la patronne.
"Laisse, Rosa, c'est pour moi. »
Ses yeux se font durs et plissés quand il pose ses yeux sur Vanessa. Elle est campée sur ses jambes, et elle ne bougera pas d'ici.
« Pas ici, lui murmure-t-il. Vous êtes folle, de balancer ça comme ça. Les docks, demain soir, je vous enverrai l'adresse par texto. »
Elle hoche la tête et s'en va. Tony prend un moment pour souffler par le nez, avant de mettre un sourire tranquille sur ses lèvres pour retourner vers sa tablée. À part Clint, les flics de terrain sont au complet. Il est resté avec Laura et les enfants pour regarder Coco, à ce qu'il paraît.
"Qui c'était ? s'enquiert Natasha voyant Tony revenir.
-Un coup d'un soir qui veut plus.
-Elle a parlé d'Andrès.
-On s'était rencontrés chez lui, la première fois, esquive Tony.
-Elle est mignonne, lança Steve.
-Elle m'a l'air lesbienne, à moi, insiste Natasha.
-Elle est bi, on avait fait un plan à trois.
-Tony, pour la dernière fois, ta vie sexuelle... soupire Steve.
-Je sais, Rogers, je sais."
Loki le fixait, et Stark prend une gorgée de whisky en soutenant son regard. Son bleu ne veut pas baisser les yeux, alors il lance sur le ton de la provocation :
"Quoi, Loki ? Intéressé ?
-Je ne sais pas ce qui me retient de te balancer mon verre à la figure.
-Ne gaspille pas l'alcool, réplique-t-il avant de sourire dans son verre.
-Rosa le fait dans son arrière cour, c'est sûr, confirme Steve en grimaçant. Bon, je vous laisse, Peggy doit être rentrée. »
Tony imite des bruits de canard quand Steve se lève pour remettre sa veste. Leur collègue rit, les traite de jaloux, et sort du bar. Tony le regarde partir avec un sourire, et se tourne vers son amie.
« Et toi, les amours, Natasha ?
-L'amour c'est…
-Pour les enfants, on sait. Je voulais juste des potins.
-Ne t'en fais pas pour moi, Tony. Je vis très bien toute seule. C'est un métier affreux pour la vie de couple ou de famille, de toute façon. S'il veut récupérer les deux, Clint va devoir nous quitter pour de bon. »
Tony grimace. Il a formé Clint. La Brigade ne serait plus pareille sans lui.
« Ne fais pas ton égoïste, lui reproche-t-elle. Tu le préfères avec nous, mais malheureux ? Il faut laisser les gens partir, Tony. »
Froissée pour une raison inconnue, elle remet sa veste en cuir et se lève.
« Toi aussi, tu nous lâches ? tente de la retenir Tony.
-Bonne soirée les mecs, demain huit heures.
-Mais bien sûr, raille-t-il.
-Je vais y aller aussi, en profite Loki, qui a trouvé la journée longue.
-Je ne travaille qu'avec des rabat-joie, bougonne Tony.
-Je te ramène, négocie Loki en se levant.
-Sur ton engin de malheur ? Pas question.
-C'est grâce à mon « engin" qu'on a attrapé l'assassin d'Evelyn dans son avion.
-Je ne veux pas entendre parler de ton engin, réplique Tony en enfilant quand même sa veste.
-Tu ne vas pas tomber, au moins ? J'appelle un taxi ?
-Qu'est-ce que tu racontes ? Je suis presque sobre. »
Loki lève les yeux au ciel, et lui enfonce son casque sur la tête. S'il avait su qu'"infiltré" impliquait « baby sitter", il aurait continué de balancer des corps dans l'Hudson River.
Il a toujours aimé conduire de nuit. Les lumières des phares, des feux, des enseignes et des pubs pour seul paysage, avec les rues bientôt désertes et la fraîcheur qui tombe sur la ville. Il aurait froid si son passager n'avait pas peur pour sa vie, et ne s'accrochait pas à lui comme à une bouée de sauvetage. Ou peut-être est-ce l'alcool qui le rend affectueux.
Cela lui pèse de l'avouer, mais la chaleur humaine calme la douleur du retour à la réalité qu'il a subi lors de son entretien avec Fury.
C'est pour bientôt. Tout cela va se terminer, et il sera bientôt seul, sur sa moto et partout ailleurs.
Il se gare devant chez Tony, qui secoue ses doigts gelés et lui remet son casque sur la tête. Il le fixe un instant, se penche vers lui, et abat la visière sur ses yeux. Loki le regarda rentrer chez lui en sépia, clipse les attaches et se force à partir avant qu'il n'ait passé la porte de son immeuble.
Oui, tout cela va se terminer.
Tony regarde la moto filer à travers la ville en se demandant si partir en guerre contre la mafia vaut les mensonges, les risques et le pincement au cœur.
Il lui vient tout à coup une peur de mourir qu'il croyait ne plus avoir, et il rentre chez lui avec une main posée sur ses cicatrices au torse, données par un ripou en qui il avait toute confiance.
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Shit is getting serious ! J'espère que vous commencez à avoir peur pour la vie de tout le monde et que vous avez apprécié ce chapitre. Plein de bisous, portez-vous bien !
