Merci pour vos retours, et bon voyage vers le bas !

Rar :

Ilona : Merci infiniment pour ta review ! Je suis ravie que tu aies apprécié le dernier chapitre, j'espère que celui-ci va continuer de te plaire.

Lilmery : Merci beaucoup pour ta review, elle était vraiment adorable. J'espère que tu vas apprécier la suite de cette histoire.

Guest : Merci beaucoup pour ta review ! Je suis super contente que tu aies aimé ce chapitre même si j'ai bashé Fandral (ce n'est pas de ma faute, il a une tête de petit blondinet impertinent). Bonne lecture à toi !

Twenty One Pilots - "Heavy Dirty Soul"

I Don't Know Why But They Found Me - "Choke"

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Thor pénètre dans le bar café gay en cherchant son frère du regard. Il n'est pas surpris de ne pas l'y voir, mais il va tout de même s'asseoir à une table dans le fond de la salle. Il regarde sa montre, et décide de lui laisser dix minutes. Le serveur roux décoiffé vient prendre sa commande, et il demande une pinte de bière blonde.

C'est Pink Floyd qui passe, "Wish You Were Here", et Thor soupire silencieusement.

Quinze minutes plus tard, il a fini sa bière, et tente de trouver la force mentale de s'en aller, quand la clochette au-dessus de la porte tinte doucement. Loki entre prudemment, scannant la pièce. Quand il trouve enfin son frère, ses yeux fuient, et il se dirige vers le bar.

Les épaules de Thor se relâchent de soulagement, et un sourire hésitant s'installe sur ses lèvres. Il y a peut-être de l'espoir finalement.

Au bar, Loki capte l'attention du serveur, et se dit que ça aurait pu être Simon qui l'aurait servi ce soir-là. Il secoue la tête, et demande un double whisky. C'est ce que Tony prend quand ça ne va pas, et décidément, ça ne va pas.

Son verre en main, il se dirige vers Thor avec hésitation. Qu'est-ce qu'il lui a pris, franchement. Il s'assoit en face de son frère, et boit une longue gorgée. L'alcool le brûle, mais il va en avoir besoin. Quand il a rassemblé son courage, il racle sa gorge en feu, et récite ce qu'il a préparé pour ne pas qu'ils détruisent le bar :

"Merci d'être venu. Je suis désolé, pour tout à l'heure. Être passé sans prévenir, pour être agressif. »

Thor le regarde un long moment, essayant de déterminer si c'est un nouveau mensonge. Mais son frère est venu, alors il craque, et souffle :

-C'est moi qui suis désolé. J'aurais dû... T'écraser dans un câlin, et je t'ai crié dessus.

-Tu avais tous les droits de me crier dessus.

-Oui, c'est vrai, reconnait-il dans un sourire."

Loki fait tourner le liquide ambré dans son verre. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il s'était mis d'accord avec lui-même, il devait rester loin de Thor jusqu'à ce que tout ceci soit terminé.

Il lève les yeux, et se rend compte que c'est trop tard. Cet abruti lui a manqué.

"Ça... souffle-t-il. Me, fait plaisir, de te revoir.

-Moi aussi, p'tit frère."

Il entrouvre les lèvres pour dire quelque chose, mais se ravise, et détourne les yeux.

Un silence pesant s'installe, et Loki sent un poids s'alourdir de seconde en seconde dans sa poitrine.

Ils se sont perdus, n'est-ce pas. Toutes ces choses qu'il a faites l'ont éloignées de son parfait grand frère, qui ne pourra jamais comprendre, même s'il essayait. Si Loki lui dit qu'il a changé et que Thor lui fait confiance de nouveau, puis qu'il recommence à faire exactement la même chose le lendemain, il va le perdre pour toujours.

C'est pourtant ce qu'il va devoir faire s'il veut que la mafia lui fasse confiance, et ne le fasse pas disparaître.

Il reprend une gorgée de whisky. Il sait que c'est une mauvaise idée, que c'est un comportement d'addict, qu'il va dire des choses qu'il va regretter, et qu'il va avoir envie de kétamine.

Mais c'est son frère, et ils ne sont presque pas vus depuis l'enterrement de leur mère.

Il se souvient soudain de la question qui le taraudait quand Tony l'aidait à devenir clean, et qu'ils avaient regardé ce vieux film romantique. Il hésite un instant, et finit par la poser :

"Est-ce que... souffle-t-il doucement, tu aurais vu le film Sur la Route de Madison ? Avec Maman, peut-être ? »

Son frère réfléchit, fixant le vide en murmurant le titre, puis secoue la tête :

« Non, ça ne me dit rien. Et puis, c'est toi, qui étais proche de maman.

-C'est faux, nie calmement Loki. Ils étaient tous les deux plus proches de toi.

-Non, assène soudain Thor. Papa, je veux bien, mais pas Maman. Vous partagiez tout, tous les deux. Les bouquins, les chansons, les films…

-Pas tout, comme tu vois, marmonne-t-il en regardant son verre."

Thor laisse lui aussi son regard se perdre sur la table en bois sombre. C'est "Words" de F.R David qui passe à présent. Loki écoute la chanson quelques secondes, puis lâche :

"Je crois me rappeler que c'était l'un de ses films préférés, mais je ne l'ai jamais vu avec elle. C'était un film d'amour, je trouvais ça nul. On me l'a fait regarder il y a quelques mois. Il est bien.

-Ah.

-On pourrait le voir ensemble, si tu veux.

-Je croyais que c'était un film d'amour ?

-Ce sont plutôt... deux frère et sœur devenus adultes qui découvrent un pan caché de la vie de leur mère après sa disparition."

Thor a un sourire qui monte jusque dans ses yeux.

"Je veux bien, alors. »

Loki fait un effort, et sourit à son tour. Il pense à lever leurs verres, mais ils sont vides, alors il demande :

"Tu en reprends un ?

-Je veux bien. Je t'invite. Double whisky ?

-Je veux bien."

Son grand dadais de frère se lève précautionneusement de sa chaise et déplace ses muscles jusqu'au comptoir, attirant les regards des hommes présents.

Loki soupire doucement, tapotant ses doigts sur le bord du verre.

Ce n'est pourtant pas compliqué, de rester loin de ses proches. Il va amèrement le regretter, et il le sait très bien.

"Pourquoi un bar gay, au fait ? s'enquiert Thor en revenant quelques minutes plus tard avec leurs verres, en ayant sans doute eu quelques propositions.

-Une de nos victimes travaillait là. Je ne sors pas beaucoup, je crois que c'est le seul bar que je connaisse, à part celui de la Crim'.

-Vous allez toujours au Rosie's ? demande-t-il en essuyant le filet de mousse qui a coulé de sa pinte.

-Oui.

-J'ai hésité, à y aller. Pour voir si tu y étais. Mais, à chaque fois... J'ai eu peur. Je... J'ai été tellement perdu en apprenant que tu travaillais avec ces gens-là... Ceux que j'essayais d'arrêter...

-Ne le prend pas personnellement, mais... au début, c'était pour emmerder Papa et toi que j'ai commencé à faire ça. Je me rends compte maintenant que c'était la pire erreur de ma vie.

-Comment tu vas, là ? »

Loki relève les yeux, surpris par la question. Cela fait longtemps qu'on ne lui a pas demandé ça.

Il sent les émotions monter, et resserre leurs liens pour les empêcher d'atteindre son visage.

"Ça va. Je..."

Ne lui dis pas

La ferme

C'est dangereux

C'est mon frère

"Thor, je suis dans une position difficile. J'essaye de corriger ce que j'ai fait, mais pour cela, je dois donner le change encore un peu.

-C'est dangereux ? lance son frère avec inquiétude.

-Non, pas si personne n'a de soupçons. C'est pour ça que je vais devoir encore faire des choses... louches. Mais c'est pour la bonne cause, cette fois. Je te le jure."

Il plante son regard dans celui de son frère et ne cille pas.

"Tu me fais confiance ? poursuit-il."

Thor soupire, baisse les yeux, puis les redresse. Il lève sa pinte, et murmure :

"Oui."

Loki lève également son verre, et trinque doucement. Il prend une gorgée pour se remettre, l'alcool lui piquant les yeux.

Son frère a toujours une descente phénoménale. Ils évitent les sujets sensibles pour parler de leur mère, des bêtises de Loki à l'école, font des imitations de leur père en colère. On leur propose également un plan à trois qu'ils déclinent poliment après s'être étranglés dans leur verre. Ils sortent vers deux heures du matin, à la fermeture du bar, et Loki a peut-être une démarche plus tortueuse qu'au départ.

"Je nous appelle un taxi, annonce son frère.

-J'ai ma moto, marmonne-t-il

-Pas question, tu iras la récupérer demain."

Thor finit par en alpaguer un, et Loki s'assoit en se tenant la tête, mais il réussit à donner son adresse, ce qui est une belle victoire.

La route est silencieuse et confortable. Les lumières vertes, rouges et jaunes tanguent un peu, mais c'est agréable. Tony va tellement se foutre de sa gueule demain, réalise-t-il avec un sentiment d'impuissance.

Ils arrivent beaucoup trop vite devant son appartement. Peut-être a-t-il dormi un peu. Il ouvre la portière, et son frère tout de même un peu éméché l'attrape par l'épaule.

Il n'a pas le temps de se retourner qu'on le serre dans ses bras. Il garde les yeux ouverts, ayant oublié ce que cela faisait.

"Tu m'as tellement manqué, bredouille Thor. Je n'arrive pas à croire que tu sois là.

-Moi aussi."

Ce qui ne veut pas dire grand-chose dans le contexte de la phrase, mais ça ne semble pas très grave. Le chauffeur de taxi leur dit que le compteur tourne toujours, et son frère le lâche.

"Tu m'appelles ?

-La semaine prochaine, même lieu, même heure ? propose-t-il en se levant.

-Ok.

-Bonne nuit, lance-t-il avant de fermer la porte."

Cette fois-ci, il reste debout en regardant le taxi s'éloigner. Il respire à fond en se sentant étrangement bien malgré sa nausée, et commence son ascension vers son appartement. Il tente plusieurs fois de pousser la porte de son immeuble avant de se rappeler qu'il a besoin du badge pour faire ça, et réussit à remonter chez lui. Il décide de prendre une douche, et de boire beaucoup d'eau pour ne pas être trop inefficace le lendemain.

Il est sur le point d'aller se coucher quand son interphone sonne. Une pointe de stress lui revient de la nuit de son overdose, jusqu'à ce qu'il se dise que ce doit être un de ses voisins au moins aussi beurré que lui. On insiste, et il va décrocher.

"Bonsoir ?

-C'est Amora. Ouvre."

Il a subitement très froid, et le reste de son alcoolémie s'en va aussi vite qu'elle est venue.

"Comment as-tu eu mon adresse ?

-Je sais très bien où tu habites. Dépêche-toi d'ouvrir.

-Je ne peux pas, imagine qu'un flic te voit.

-Parce que tu laisses les flics entrer chez toi ?

-Ils me font confiance, et ce ne sera plus le cas si la tête de la mafia irlandaise ne dégage pas de devant chez moi !

-Je suis couverte de sang, poussière dans l'œil, c'est si tu ne me laisses pas entrer, qu'il y aura plein de flics devant chez toi."

Merde.

C'était trop beau, songe-t-il en lui ouvrant la porte.

-o-o-o-o-

Bien qu'épuisé, Loki fait un tour rapide dans son appartement pour vérifier qu'il n'y a rien de compromettant, et ouvre la porte de son appartement. Amora est en effet couverte de sang, elle en a notamment sur les mains et sur le haut du corps. Il y en a même un peu sur le front, sans doute après qu'elle se soit remis une mèche de cheveux.

Ses yeux sont rouges et très dilatés, ses mains tremblent, et ses joues sont trempées.

Loki fronce les sourcils. Il n'a pas l'habitude de la voir perdre le contrôle d'elle-même ou de ses émotions.

"J'ai très soif, annonce-t-elle en entrant."

Il souffle par le nez et referme derrière elle en disant adieu à sa nuit de sommeil. Une tueuse trafiquante et camée est dans son salon couverte du sang de quelqu'un d'autre, et regarde un meuble que lui a fabriqué un policier.

"Elle est jolie, ton étagère, commente-t-elle.

-Je n'y suis pour rien, c'est un meublé, ment-il en allant chercher un verre d'eau. "

Quand elle le rejoint et qu'il lui met le verre dans les mains, elle renifle, se frotte le nez et commente :

"C'est quoi ton truc ? Tu n'as pas de l'alcool plutôt ?

-Pas avec la coke, tu sais bien.

-Là, j'en ai besoin, donc soit tu m'en donnes, soit je fouille tous tes placards par ordre de probabilité où je pourrais en trouver jusqu'à ce que je mette la main sur un truc à 40, pas en dessous, réplique-t-elle en parlant très vite. »

Loki lève les mains en signe d'innocence et négocie :

"D'accord, mais tu vas te laver avant de mettre du sang partout chez moi. Deal ?"

Il la laisse réfléchir à sa proposition, et pour qu'elle ne mette pas de sang sur ses poignées de placard, il sort une des bouteilles de whisky que Tony a laissé traîner là. Comme ça, il n'a plus besoin d'en ramener à chaque fois, selon lui.

"Ce n'est pas ça que tu bois d'habitude, remarque-t-elle en fronçant les sourcils.

-Je change, ment-il de nouveau, la vodka me fait mal à la tête. La salle de bain est à gauche dans le couloir, tu trouveras une serviette sous l'évier, je te mets des vêtements sur le meuble."

Elle hoche la tête, malléable à cause de la descente. Elle ressort vingt minutes plus tard, Loki s'est levé et a ouvert la fenêtre pour éviter de s'endormir. Un verre l'attend sur la table du salon, et Amora s'assied pour en boire une gorgée.

« Que s'est-il passé ? lui demande-t-il.

-Mon contact au Times, répond-elle sans le regarder. Elle a fouiné. Elle s'est même rendue seule à l'entrepôt. »

Elle fait tourner la liqueur dorée dans son verre, et Loki croit se rappeler qu'elle avait une liaison avec son contact au Times. Il attend la suite des événements, mais rien ne vient.

« Qu'est-ce que tu as fait, alors ? »

Elle entrouvre les lèvres pour répondre, mais sa voix reste coincée, et elle se met à fixer la fenêtre.

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Quelques heures plus tôt

Vérifiant qu'elle avait bien son second téléphone dans sa poche pour la troisième fois, Vanessa continua de marcher. Par prudence, elle avait laissé sa voiture quelques quais plus loin pour ne pas faire de bruit, et tenait prudemment ses outils pour ne pas qu'ils s'entrechoquent.

En arrivant devant le hangar estampillé d'un W bleu et d'un soleil jaune, elle sortit son portable et se servit du zoom pour observer plus attentivement les murs du bâtiment. Aucune caméra n'était visible, et une large porte de garage verrouillée coulissait vers le haut.

Elle s'approcha discrètement, posa prudemment ses outils au sol, et glissa son pied de biche sous la porte. Une fois bien calé, elle donna un grand coup de pied dessus. La porte grinça atrocement, et elle se replia au sol. Elle attendit quelques secondes, puis se redressa pour caler de nouveau l'outil et recommencer.

Le verrou céda à la sixième tentative. Elle souleva doucement la porte, qui causa tout de même ce qui lui sembla un terrible vacarme, renforcé par les battements effrénés de son cœur.

Faire de la chute libre sans parachute lui aurait paru plus prudent et lui aurait moins fait peur, mais elle voulait ces preuves. Tout cela durait depuis trop longtemps.

Elle se faufila à l'intérieur, et referma la porte en tremblant légèrement. Cela faisait autant de bruit, mais son intrusion serait invisible de l'extérieur, et elle entendrait si quelqu'un entrait.

Elle attendit pour être sûre de ne rien entendre, puis alluma la lampe torche de son portable. Elle leva la tête pour contempler les impressionnants rayonnage de caisse et de palettes. Par où commencer ?

Elle avança doucement en levant la tête et en se sentant dépassée. Elle n'allait tout de même pas ouvrir des boîtes avec un pied de biche toute la nuit. La marchandise devait être dans des caisses en particulier, pour ne pas qu'elles soient embarquées par erreur, elles étaient peut-être même dans un tout autre endroit.

L'endroit sentait la cigarette, et elle tentait de trouver un indice, un signe, une trace qui puisse prouver que les plus grands criminels de la ville se réunissaient là.

Et là, dans un coin, près d'une borne à cigarettes, elle sentit tout à coup le parfum d'Amora par-dessus le tabac froid.

"C'est là, se murmura-t-elle doucement".

Il lui semblait être redevenue enfant, ayant éteint la lumière dans le couloir et tentant de rejoindre sa chambre sans se faire attraper par le fantôme derrière elle. Se parler toute seule suffisait alors à diminuer les sueurs froides de son dos.

Ce n'était plus le cas, mais en un sens, le parfum la ramenait à ces moments doux-amers d'after sex où Amora et elle tentaient d'oublier leurs deux boulots.

"Comment as-tu trouvé cet endroit ?"

Vanessa se glaça et éteignit la lampe de son téléphone. La lumière s'alluma, en une belle démonstration de son impuissance. Amora était au bout d'un rayonnage, s'approchant d'elle avec une expression douloureuse et un flingue à la main.

La journaliste ne pouvait détacher son regard de l'arme noire et striée qui avait l'air beaucoup plus effrayante que dans les films.

"Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? asséna la trafiquante. Tu croyais quoi, que coucher avec moi t'autorise à mettre en danger tout ce pour je travaille ?

-Tu n'es pas obligée de faire ça, balbutia Vanessa d'une voix qui lui sembla très faible. Je-je n'ai rien trouvé.

-Menteuse. Tu nous as très bien trouvés. Je ne sais pas comment, d'ailleurs."

Amora leva sa main droite, et d'un court mouvement vers l'arrière, chargea l'arme. Vanessa en sursauta, et leva ses mains devant elle.

"Je ne dirai rien, tu le sais, je n'ai jamais rien dit...

-Donc tu te balades, c'est ça ? Donc ton boulot ne compte pas pour toi ? Donc tu serais prête à fermer les yeux en oubliant toutes tes valeurs de sainte nitouche ? avança Amora tandis que Vanessa commençait à hocher prudemment la tête. Conneries ! cria-t-elle en levant le flingue. Tu es comme moi. Bourreau du travail.

-Non, écoute, Amora, je... On-on est bien, ensemble.

-Je t'avais prévenue, insista la mafieuse avec une fêlure dans sa voix et un mouvement énervé du poignet. Je t'avais prévenue, que je devrais te faire du mal si je n'étais pas que ton plan cul.

-Ce ne l'était pas au début, tenta Vanessa, mais... Mais c'était chouette. Non ?"

Amora la regarda, et son poignet trembla légèrement. La journaliste se mordit la lèvre pour s'empêcher de bégayer, et leur rappela tout doucement :

"Tu te souviens, le mois dernier ? Il était horriblement tard, et on n'arrivait pas à dormir. Tu as dit qu'on pourrait quitter New York, aller sur une île déserte...

-C'était des conneries, Vanessa, la coupa la trafiquante en levant de nouveau son arme. Tu sais très bien que ni mon patron, ni le FBI ne me laisserait faire ça.

-Non, écoute, persista Vanessa en y croyant presque. Si tu collabores, que tu dis qu'ils te faisaient chanter et que tu devais le faire, tu es sortie dans quelques mois, et on pourra partir. Il te suffit de tout dire, et..."

Le coup de feu leur perça les tympans. Les yeux de Vanessa se révulsèrent, et elle s'écroula en arrière, sa tête frappant le sol de ciment. Son trou en plein milieu du front ne saigna même pas, tant celui à l'arrière était béant. Amora resta figée une interminable dizaine de secondes, avant de se tourner et vomir par terre en tremblant convulsivement.

Qu'avait-elle fait ?

Il le fallait. Vanessa les aurait fichu par terre, aurait tout détruit.

Est-ce que ça n'aurait pas été pour le mieux, finalement ?

Venait-elle de faire la plus grosse erreur de sa vie ?

Elle se releva en titubant et sans jeter un regard au corps. Elle se dirigea vers une palette, ouvrit un carton, et sortit un sachet de coke d'un paquet de farine. Elle en reversa en l'ouvrant tant elle tremblait, déposa une ligne sur sa main, et renifla.

Elle devait rester concentrée.

Emballer le corps, le mettre dans le coffre, aller au fleuve, le lester, le jeter à l'eau, détruire le téléphone et les papiers, revenir, tout nettoyer, se débarrasser de la voiture. Et puis ?

Ne pas se flinguer.

Aller voir Loki ?

Ne pas tuer tout le monde.

Ne pas craquer.

Ne pas craquer.

Ne pas tuer tout le monde.

Ne pas se flinguer.

Ne pas craquer.

Dans le hangar désert et devant le corps en sang, elle se mit à hurler.

-o-o-o-o-

En la voyant bouleversée et en se rappelant son état à son arrivée, Loki comprend sans qu'elle n'ait besoin de le formuler.

"Qu'as-tu fait du corps ? demande-t-il prudemment. »

Amora cligne des yeux et revient à la réalité. C'est trop tard. C'est fait, et elle ne pourra plus revenir en arrière. Il faut avancer. Il faut passer au travail suivant. Ne pas craquer.

"L'Hudson, finit-elle par répondre. J'aurais dû passer chez elle plus tôt, pour pouvoir faire passer ça pour un suicide. Ça aurait été plus simple, et toi, tu m'aurais caché ça sans problème. Mais je me suis dit qu'elle n'allait rien trouver, puis que j'avais encore le temps…."

Elle serre son poing et le pose contre son menton pour s'empêcher de trembler. Elle serre douloureusement les dents, longtemps. Loki la regarde, n'ayant aucune idée de ce qu'il doit faire. La laisser boire, en dépit des risque pour sa santé, étant donné qu'elle a visiblement pris autre chose ? Aller près d'elle ? La laisser seule ?

"J'aurais pu t'aider, murmure-t-il doucement.

-Je voulais le faire seule. Avant de m'y mettre, j'ai essayé de faire passer avec de la poudre, mais ça ne passe pas."

Elle tente de prendre une grande inspiration, mais ça ne semble pas aller mieux. Elle prend une longue gorgée d'alcool, mais cela ne va pas mieux. Ses mains commencent à trembler, mais les larmes ne coulent pas. Elle fixe la fenêtre avec un regard dangereux, avant de marmonner :

"Tu sais, je crois que je pourrais tout détruire, ce soir. Foutre le feu à toute la putain de ville. Voir les newyorkais se tordre de douleur. Je crois que je me sentirais mieux."

Loki lui dirait bien de commencer par leur patron, mais elle risquerait de s'en souvenir plus tard. Alors il se lève pour se rapprocher d'elle, et après un regard fiévreux, elle fait pareil, épousant sa mâchoire de sa main et appuyant son pouce dans sa joue à lui faire mal.

"Qu'est-ce que tu fais ? souffle-t-il

-C'est ça, ou je sors, et je commence à tirer sur les passants. Tous ceux qui ne savent pas ce qu'il se passe, qui ne savent pas ce qui se joue, qui font la fête le soir, et dorment pendant des heures !

-Amora.

-Tais-toi.

-Non, franchement, je…

-La ferme, Loki ! Je te jure que si tu ne m'en empêches pas, je vais le faire."

Il l'embrasse en espérant qu'elle se calme. Elle lui fait mal, à serrer si fort. Elle ne le lâche pas, lui mord la lèvre. Alors il est sa dernière chance avant la folie meurtrière ?

Il sent la colère monter. Elle ne sait pas qu'il joue bien plus avec le feu qu'elle. Pourquoi se permet-elle de craquer, elle qui n'a qu'un camp, et aucun secret, aucun mensonge ?

D'autre part, elle lui fait réaliser que lui aussi a quelqu'un qui fouine trop, une Vanessa, et il refuse de penser à ce que cela implique.

Il lui agrippe les cheveux, et elle serre trop fort sa nuque en réponse. Ils font l'amour sans affection, comme on se défoule sur un sac de sable. Il en résulte des bleus, des morsures, et plus de mal que du bien.

Loki reste longtemps après à regarder le plafond, songeant que cela va laisser des marques, et pas seulement sur son corps.

Quand il finit enfin par sombrer malgré l'épuisement, il fait beaucoup de cauchemars. Cette fois, c'est Coulson qui l'étrangle, parce que Loki a balancé le corps de Tony dans l'Hudson River, avec des piles de livres attachées à ses pieds pour qu'il coule.

Le lendemain, son réveil sonne, et il reste allongé sur le dos un long moment. Il finit par se lever sans jeter un regard à la silhouette sous le drap. Après une très longue douche, le miroir de la salle de bains lui montre de larges hématomes étalés sur le cou, les bras et les hanches. Il soupire, et retourne à la chambre. Il prend un pantalon et un chemise à manches longues dans son placard. Il s'afférait à la boutonner jusqu'au col quand Amora se tourne péniblement vers lui. En entendant le froissement des draps, Loki regarde un instant sa porte de placard, puis chuchote par-dessus son épaule :

« Ça va ?

-Non.

-Tu aurais pu y passer, avec tes mélanges.

-Va te faire foutre.

-J'ai donné, merci. »

Elle grommelle, et se tourne de l'autre côté.

« Claque la porte en partant, ajoute-t-il en quittant la chambre.»

« Loki ? »

Il finit par se tourner vers elle, et la voit lui tourner le dos, recroquevillée et le visage caché par ses cheveux.

"Je suis désolée, souffle-t-elle d'une voix faible. »

Il détourne les yeux et s'en va sans un mot.

En l'entendant partir, elle suppose qu'ils ne sauront jamais qui était le responsable de leur séance d'autodestruction assistée.

Au bout de longues heures, elle trouve le courage de se lever. Elle va vomir aux toilettes, et s'assied dans la douche avec l'eau allumée pour tenter de marcher de nouveau.

Elle remet les vêtements que lui a prêtés Loki, et va dans la cuisine fouiller les placards. Elle ne trouve que du café, et en fait couler un double. Adossée à la fenêtre, laissant une cigarette s'éteindre entre ses doigts, elle prend le temps de regarder les oiseaux.

Au loin, entre deux gratte-ciels, elle peut presque voir les diamants du reflet du soleil sur le fleuve. Elle frissonne en imaginant Vanessa avec une gueule de noyée. Sa peau chaude et douce livide et fripée, ses yeux bruns et brillants lavés et morts, ses lèvres autrefois sur son cou devenues bleues.

Elle se rappelle la balle dans la tête, le son assourdissant, et son regard qui ne regardait plus rien.

Ah, putain.

Ses genoux lâchent, et elle descend par à-coups le long du placard en éclatant en sanglots.

-o-o-o-o-

Ce n'est qu'arrivé au parking de son immeuble que Loki se rappelle qu'il a laissé sa moto au beau milieu d'Hells Kitchen. Il remonte pour appeler un taxi en grommelant copieusement, et se tape les bouchons du matin. Quand il arrive enfin à la brigade, il réalise que c'est précisément ce jour-là que le chauffage de la brigade a décidé de fonctionner, au début du mois de mai.

Coulson, peste-t-il en fusillait du regard le plafond, combien de fois devrais-je vous répéter que je n'avais pas le choix ?

"T'as l'air fatigué. Nuit agitée ?"

Au lieu de lever les yeux au ciel avec un sourire comme Tony s'y attendait, Loki lui répond d'un geste agacé de la main, comme s'il piétinait sa vie privée.

"Ah, mais c'est que j'ai raison, constate le flic avec un sourire de squale. Je croyais que tu devais voir ton frère. Raconte !

-Je ne veux pas en parler."

Stark se penche, et discerne le début d'un bleu, quelques centimètres sous l'oreille gauche.

"C'est une sacrée marque que tu as dans le cou, c'était du type sportif ?

-Stark ! aboie Loki en abattant son poing sur le bureau, fort. Une fois dans votre vie, mêlez-vous de votre cul !"

Surpris par le retour du vouvoiement et une réaction aussi violente, le lieutenant lève les mains en signe d'innocence et s'éloigne. Loki l'entend marmonner à Steve un «mal luné, ce matin" et s'éloigne avec lui vers la machine à café.

Seul dans l'open space, Loki se passe une main sur le visage.

Cela fait longtemps qu'il n'a pas eu envie de kétamine, et pourtant, là, il donnerait n'importe quoi pour une ligne.

Il passe sa journée à éviter tout le monde et à combattre son envie de replonger. C'est peut-être son contact avec une cocaïnomane qui a fait revenir le manque.

Il rentre chez lui dès qu'il peut pour retourner dormir. Amora n'est plus là, et seul un verre cassé dans son salon, ainsi qu'une trace de sang sur l'étagère de Tony, témoignent de la nuit qu'il a passée.

Il contemple la trace, puis prend Lorenzaccio parmi les trois livres qu'il possède.

Ce soir, il a besoin de se rappeler pourquoi il subit et commet toutes ces horreurs.

Pendant sa lecture, en voyant Lorenzo se noircir au contact du tyran qu'il veut tuer, il commence à mieux respirer et à se reprendre.

Il les aura tous, et vengera leurs victimes pour se faire pardonner des siennes.

Ou il mourra en essayant.

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J'espère que le chapitre vous a plu malgré l'ambiance qui se noircit. Merci pour vos éventuels retours qui me rassureront sur votre état d'esprit, portez-vous bien et à bientôt !