Lilmery : Merci beaucoup pour ta review ! Je suis très contente que mon histoire continue de te plaire, et j'espère que tu aimeras le chapitre !

Ilona : Hyper heureuse que tu aies aimé le chapitre malgré tes moments de choc ! Merci beaucoup pour ta review, j'espère que celui-là va te plaire et continuer de te stresser.

Playlist :

IAMX - "I Am Terrified"

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On est bien peu de choses

Et mon amie la rose, est morte ce matin (…)

Croit celui qui peut croire

Moi j'ai besoin d'espoir

Sinon je ne suis rien

Natacha Atlas - "Mon amie la rose"

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Tony déteste être réveillé par un coup de téléphone. D'une part, parce qu'il a eu la mauvaise idée quand il était ado de mettre AC/DC en sonnerie, et qu'il n'en a jamais changé. D'autre part, s'il est en train de dormir, c'est qu'il est trop tôt pour être emmerdé.

Il tend son bras en grommelant, et plisse les yeux pour identifier le criminel.

Il s'agit de sa plus vieille amie, et malheureusement, par ces statuts, elle bénéficie d'un aménagement de peine.

Il décroche, et marmonne :

"Pourquoi tu te sens obligée de m'appeler le lundi matin à 8 heures, Pep' ?

-Vanessa a disparu. Elle n'a pas répondu à mes messages ce week-end, et elle n'est pas au boulot ce matin.

-Elle va peut-être arriver, il est tôt, pour les gens normaux.

-Elle est toujours là à 7h30, elle épluche la presse du week-end.

-J'oubliais que les journalistes n'étaient pas des gens normaux.

-Arrête de plaisanter, Tony, murmure-t-elle précipitamment, je suis très inquiète, elle disait être tombée sur quelque chose de gros, c'est pour ça que je lui ai donné ton numéro.

-Moi aussi, je suis inquiet, proteste-t-il en se levant pour faire un café. On s'est vus, et je m'en suis voulu de ne pas l'avoir foutue dans un avion pour le Wyoming. Elle t'a dit ce qu'elle avait trouvé ?

-Non, je n'ai pas voulu en savoir plus...

-Tu as bien fait. Je me mets sur l'affaire, d'accord ? Mais en tant que collègue, tu ne peux pas la faire porter disparue, et moi non plus. Tu as le téléphone de sa famille, d'une copine, d'amis ?

-Non... Je vais voir la patronne tout à l'heure pour lui demander.

-D'accord. Tiens–moi au courant, et moi je vais regarder s'il s'est passé quelque chose ce week-end. On va la retrouver, d'accord ? Et puis, elle est peut-être juste malade."

Tony murmure encore quelques mots rassurants, puis raccroche. Il boit un shot de café, puis s'habille pour aller travailler. Steve le complimente pour arriver si tôt en début de semaine, mais il n'est plus d'humeur à faire des blagues, et se contente de leur micro-conversation du lundi matin en attendant que son ordinateur ne s'allume. Il commence à éplucher les faits divers et les rapports de la Municipale, mais rien n'impliquant la mafia et/ou une jeune femme brune ne s'est fait remarquer.

Il se renfonce sur son siège de bureau en se mordillant le pouce.

Tout cela sent très mauvais.

Le lendemain, les parents de Vanessa la portent disparue. Personne n'interroge Tony, qui ne contacte pas non plus la Municipale, dans le but de ne pas attirer l'attention sur lui. Si c'est bien la mafia, ils ont du monde partout, et vont être intéressés par le nom de la dernière personne à lui avoir parlé.

Après avoir fermé son verrou à double tour, il travaille toute la nuit sur une façon de protéger les rares informations que Vanessa lui a fournies.

Il recommence à dormir avec son arme, et prend du whisky comme somnifère.

Alors que le soleil se lève doucement, il regarde le plafond en se demandant ce qui lui a pris de mettre les pieds dans ce piège à loups. Un à un, les fantômes des victimes présumées de ces ordures s'asseyent au bord de son lit, et il se dit qu'il a trop bu. Vanessa le borde, et avant qu'il ne s'endorme, lui murmure d'être prudent.

Il arrive très en retard au travail, et passe les jours suivants avec la journaliste dans le coin de ses yeux.

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Dix jours plus tard

Il est huit heures et demi du matin quand Clint reçoit un coup de fil du téléphone sur son bureau. Il répond par quelques onomatopées, demande des détails, note quelques phrases, puis raccroche.

"La Municipale a repêché un corps dans l'Hudson, annonce-t-il sobrement en se levant. Pas beau à voir. On ne sera pas trop de quatre avec Bruce pour le ramener, le petit n'est pas là ce matin. On décolle. Où est Tony ?

-Il n'est toujours pas arrivé, annonce Natasha en prenant ses affaires.

-Loki, va le chercher.

-Pourquoi ? s'enquiert-il sans accentuer la protestation sous-jacente."

Il a pris la décision de ne plus approcher Tony plus que nécessaire. L'histoire tragique d'Amora et de sa journaliste lui a fait l'effet d'une douche froide, et l'a convaincu de ne plus fraterniser avec personne jusqu'à ce que son entreprise ne soit terminée, son frère et ses "collègues" compris.

"Tu as un scoot, insiste Clint, tu seras rendu plus vite que nous.

-C'est une moto, Barton.

-Peu importe, c'est pareil, ça passe à travers les embouteillages. Je t'envoie l'adresse par texto, rejoignez-nous là-bas."

Sans montrer son mécontentement, il met sa veste et descend vers le parking. Avant de prendre la route, il essaye d'appeler Tony, sans succès. Cette outre insupportable doit encore cuver son vin sur son canapé.

Il arrive devant chez Tony, réessaye d'appeler, et réussit à obtenir un :

"J'arrive, j'arrive !

-Je t'attends en bas, dépêche-toi, on a repêché un corps dans l'Hudson.

-Je hais les noyés, grommelle le lieutenant avant de raccrocher."

Loki soupire et attend. Un type décoiffé et pas très frais sort de l'immeuble de Stark, mais il ne lui accorde pas plus d'attention.

Tony sort deux minutes plus tard, décoiffé lui aussi, avec un sourire stupide sur ses lèvres.

«En retard, l'agresse Loki.

"Désolé, un plan cul qui ne voulait pas partir. Tu sais ce que c'est, fait-il dans un clin d'œil en enfilant le casque. »

Loki réfléchit comment répondre à la question voilée, et finit par avouer :

"Je ne suis pas un grand fan des relations sentimentales ou sexuelles. Ça sert surtout à obtenir ce que l'on veut. Personnes, choses ou émotions.

-Quoi ?"

Le ton sans voix et presque inquiet l'informe qu'il a été trop franc.

Quand il était adolescent, on lui reprochait constamment de mentir, mais personne n'aimait quand il disait la vérité.

"Comment crois-tu que j'ai obtenu ce poste à la Crim' ? ajoute-t-il avec un sourire pour ne pas être pris au sérieux.

-Quoi, tu as taillé une pipe à Fury ? N'importe quoi, aboie de rire Tony en lui donnant un petit coup d'épaule."

Il monte derrière lui, se recule un peu sur le siège, et rajoute :

"J'ai failli te croire, tu sais."

Loki clipse les attaches de son casque en regardant dans le vide.

"Essaye de ne pas rouler trop vite, lui demande son ancien formateur en posant une main sur son épaule.

-Nous sommes en retard, ne compte pas là-dessus."

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Malgré la vitesse à laquelle il a roulé, ils arrivent sur les quais avec l'impression d'arriver après la bataille. La Municipale est déjà partie, laissant Clint, Natasha et Bruce avec le nez retroussé, observant le corps un peu vert à qui il manque un pied, avec un impact de balle en plein milieu du front.

Loki avait déjà un mauvais pressentiment à la mention d'un corps dans le fleuve, mais plus il observe le cadavre, plus une terreur sourde se répand dans son corps et ses bras.

Il n'entend pas quand Tony lui parle doucement à sa droite.

"Quoi ? doit-il demander sans quitter des yeux leur future victime.

-Je disais : j'ai réfléchi à ce que tu as dit, pendant le trajet. C'est vrai que les relations partent d'un désir, pour des personnes, choses ou émotions, comme tu dis. Mais l'attachement permet de s'oublier un peu, et cela permet parfois de construire quelque chose de moins égoïste.

-Je n'ai pas la tête à cette conversation, répond-il avec brusquerie en attachant son casque à sa moto pour s'approcher."

Il n'attend pas Tony pour rejoindre les autres et observer mieux le corps. Les habits jeunes et les cheveux longs lui confirment ce qu'il craignait, et il s'efforce de figer ses traits pour ne rien montrer.

Tony le rejoint, et contemple les yeux presque blancs de Vanessa en se sentant horriblement mal.

"Putain de merde", songent-ils en silence.

Tony sort sa flasque et boit une longue gorgée. Sans le regarder, Loki la lui prend des mains, et s'enfile une rasade lui aussi.

"Je hais les noyés, lance le lieutenant en s'approchant de Natasha en essayant d'avoir l'air détaché.

-Je sais, Tony, répond-elle simplement. Mais de toute évidence, elle ne s'est pas noyée. Jeune femme, la trentaine, pas de papiers, pas de téléphone. Cause de la mort, un seul impact de balle en pleine tête, puis le corps a été lesté par un poids, sans doute un parpaing.

-Cependant, notre tueur a omis de trouer l'abdomen pour ne pas que les gaz ne la fassent remonter, et ça n'a pas suffi à la maintenir au fond quand la cheville s'est détachée sous les forces contraires, précise le docteur Banner en imageant son propos avec ses mains.

-Bruce, bon sang, il est neuf heures du matin, et je viens de dire que je détestais les noyés."

Tony prend une nouvelle rasade, et remercie l'Hudson pour avoir suffisamment abimé le visage de leur victime pour que personne ne la reconnaisse comme son "coup d'un soir qui voulait plus", l'autre nuit, chez Rosie.

Clint met un coup de pied dans la direction d'un goéland qui s'approchait un peu trop du corps, et le traite de sale bête.

Natasha fronce les sourcils, tentant de se rappeler où elle a vu ces longs cheveux et ce teint mate, maintenant éclairci par l'eau. Elle jette un coup d'œil à sa chaussure, une Doc Martens verte, et reconnait la victime. Il s'agit de la fille du prétendu "plan à trois" de Tony, au bar. En observait ses fringues, Natasha s'était dit qu'elle avait plutôt l'air lesbienne, et Tony lui avait menti. Leur victime le connaissait donc pour autre chose, et elle avait fini dans le fleuve.

"Tony, viens voir, lance-t-elle en lui faisant signe de venir au bord de l'eau."

Elle fait semblant d'aller lui montrer l'endroit où un promeneur a vu le corps remonter, jette un œil à Loki prenant l'appareil photo dans la voiture, puis murmure :

"C'est ton "coup d'un soir" de chez Rosie, pas vrai ?

-Hein ? s'offusque Tony.

-La mafia l'a tuée, c'est ça ?

-Je ne sais pas qui c'est.

-Je l'ai reconnue, réponds-moi.

-Ecoute, Natasha, ne t'en mêle pas, s'il te plait.

-Toi non plus, ne t'en mêle pas, parce que sinon, la semaine prochaine, c'est toi qu'on repêchera.

-J'essaye juste de faire mon putain de boulot, chuchote-t-il furieusement en se penchant vers elle.

- Comprends-moi bien : je les hais autant que toi, mais je les déteste moins que je ne t'apprécie. Les faire tomber ne vaut pas la peine qu'on te perde. Est-ce que c'est clair, Tony ?

-Quelqu'un doit faire quelque chose, proteste-t-il doucement.

-Et ce ne sera pas toi, parce que sinon, j'en parle au commissaire pour qu'il te dise de rester tranquille. Laisse ton syndrome du super-héros où il est, je ne veux pas voir ton corps à la morgue. Est-ce que c'est clair ? insiste-t-elle en détachant chaque mot. »

Il finit par hocher la tête, et elle le laisse tranquille.

Tony veut se reprendre une rasade de whisky, mais sa flasque est vide, et il sort un juron coloré. Il retourne auprès des autres, et lance :

"On va croiser avec le fichier des personnes disparues. Elle est jeune, quelqu'un doit l'avoir signalée. Le mode opératoire fait penser à une exécution et aux méthodes du crime organisé, mais c'est à vérifier. On peut la ramener, ou il nous manque des choses ?

-La Municipale a dit qu'ils allaient déployer des moyens pour essayer de retrouver le pied gauche, mais ils doivent draguer tout le fleuve, ça peut prendre des jours, et ils peuvent ne jamais le retrouver.

-Ce n'est pas très grave, les empreintes n'auront pas survécu à l'eau de toute façon.

-Vu la dégradation des tissus, je dirais qu'elle est là depuis une à trois semaines, leur précise Bruce. J'essaierai d'en savoir plus à la Brigade.

-On l'embarque, alors ?"

Clint hoche la tête, et ils referment le sac mortuaire. Ils respirent à fond, et soulèvent le corps pour le déposer dans le camion, essayant de se boucher le nez et de ne pas entendre les bruits mouillés.

Loki regarde le soleil se refléter dans le fleuve en se sentant un peu malade.

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Quand ils reviennent au bureau, le chat trotte vers eux, et les suit quelques mètres avec la truffe en l'air avant de miauler bruyamment. Tony devine qu'ils sentent le poisson mort, et lui donne un faux coup de pied au derrière, râlant avec une expression de dégoût :

"C'est du cadavre mariné dans l'Hudson, Jarvis, pas des Whiskas. Va voir ailleurs.

-Bon, annonce Clint en s'approchant de son bureau pour y poser les clés de voiture. On va faire comme d'hab, personnes disparues, signalements et compagnie. Mais si c'est la mafia, ils ont dû faire ça bien. Comme d'hab, répète-t-il en haussant les épaules. Darcy aura les vêtements dans un petit quart d'heure, je vais lui chercher un bubble tea."

Natasha attend qu'il parte et que Loki aille chercher un café pour murmurer à Tony :

"Tu peux peut-être nous aider un minimum, à défaut d'arrêter de nous cacher des choses.

-Elle s'appelle Vanessa et elle travaille au Times, marmonne-t-il à contre-cœur. Sa disparition a été signalée par sa famille il y a dix jours.

-Tu aurais pu me mettre sur le coup, on aurait peut-être pu la retrouver.

-C'est la mafia, Natasha. Ils ne laissent rien au hasard, et si ça avait été le cas, la Municipale aurait déjà tout fait disparaître. On ne trouvera rien, c'est inutile.

-Parce que ce qui est utile, c'est d'amasser seul des informations sans savoir à qui les donner ensuite ? Et se faire tuer sans avoir rien pu confier à personne ? C'est utile, ça ?

-Que se passe-t-il ?"

Ils se tournent, et voient Loki boire une gorgée de double expresso en fronçant les sourcils.

"Tu aurais pu payer ta tournée, proteste Tony, nous aussi on a besoin de café."

Natasha se détourne et se dirige vers l'ascenseur, probablement pour aller voir Bruce.

"De quoi vous parliez ? Insiste doucement Loki en s'approchant de lui.

-On pense que le meurtre de Vanessa est lié à du trafic. Peut-être qu'elle en savait trop, ou que...

-Tu mens mal, Tony. Tu amasses des informations ? Sur la mafia ? C'est ça, que Natasha disait ?

-Tu rigoles ? Je ne suis pas fou. Ces gens-là te tuent pour avoir toussé sans leur accord. Je laisse ça aux inconscients."

Il retourne à son bureau, et Loki baisse la tête en essayant de faire taire les voix inquiétantes dans sa tête.

Natasha remonte de la morgue, et s'assoit à son bureau pour pianoter sur son clavier. Clint revient trois minutes plus tard, et Natasha tourne son écran pour lui montrer :

"Je l'ai trouvée. Vanessa Thompson, journaliste, 32 ans. Ses parents l'ont portée disparue il y a dix jours, elle n'est pas venue au travail depuis deux semaines.

"Wow, tu as fait vite. Montre. Oui, c'est elle. Elle me dit quelque chose...

-Elle travaille au Times, apparemment, élude-t-elle pour ne pas lui laisser le temps de fouiller dans ses souvenirs.

-Ah mince, réalise Clint en se tournant vers Tony, ce doit être une collègue de ta meilleure amie, non ?

-Probablement, marmonne Tony en faisant mine d'observer son visage. Merde, j'espère qu'elles n'étaient pas trop proches. Pep' est super sensible pour ces trucs-là.

-Et elle a de quoi, reconnaît Clint. Je veux dire, nous on s'y attend un peu plus, c'est dangereux d'être policier. Mais quand tu es gratte-papier, et que ta jeune collègue se fait exécuter d'une balle dans la tête...

-Je vais l'appeler dans la soirée. Comment tu as dit qu'elle s'appelle ? Vanessa ?

-Oui, Vanessa Thompson. Bon, c'est bien, on a un nom et une adresse. Journaliste ? Peut-être qu'elle comptait faire un article sur la mafia...

-Peut-être, appuie Natasha sans regarder Tony.

-On va chez elle ? Peut-être que la scène de crime est là-bas. On n'a pas trouvé de sang sur les docks. Darcy ou Bruce nous appelleront s'ils ont du nouveau. Loki, tu peux me trouver l'adresse des parents ? Il faudrait que Natasha et moi allions les voir dans l'après-midi pour leur annoncer la mauvaise nouvelle, et leur demander s'ils savent quelque chose."

Loki hésite un instant en faisant semblant de ne pas écouter. Y'a-t-il quelque chose à cacher chez la journaliste, qu'Amora aurait oublié ?

Il ne sait pas si elle a le temps ou le courage d'aller chez elle pour vérifier qu'il n'y avait rien de compromettant pour eux.

Sans doute que Vanessa avait une copie de ce qu'elle avait trouvé. Peut-être même avait-elle noté l'emplacement de leur QG quelque part.

Oh, et puis merde. Ce n'est pas sa bavure. Si Amora faisait des erreurs, et concentrait sur elle l'attention et les soupçons de Thanos les prochains jours ou semaines, tant mieux.

"Loki ?

-Oui, pardon, l'adresse des parents. Je te trouve ça, Clint.

-Ok, merci, à tout à l'heure. Tu conduis, Tony ? Parce que si c'est Natasha, on va encore griller des feux sans gyro, et Fury commence à râler.

-Je t'entends, Clint."

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Ils ont du mal à faire sauter la serrure, il y a deux verrous supplémentaires au-dessus de la poignée. L'appartement de Vanessa ressemble un peu au sien, et cela atteint plus Tony qu'il ne le voudrait. Il fouille un peu dans les placards, et trouve de l'alcool fort, une alimentation à base de pâtes et de pizzas, des montagnes de papiers non triés.

Dans le tiroir de la table de chevet, il trouve des sex toys, des somnifères et un taser.

Il contemple un peu les deux derniers avec regrets. Vanessa avait du mal à dormir, et se sentait menacée. Il se dit qu'il aurait dû insister davantage, puis secoue la tête pour chasser l'idée. Il traîne assez de culpabilité pour ne pas en rajouter, sans parler des fantômes s'asseyant sur le bord de son lit sans y être invités.

Une fois son inspection terminée, il monopolise l'ordinateur en essayant de craquer le mot de passe, mais tout est bien protégé. Natasha le surveille du regard, et il s'efforce de ne pas croiser leurs yeux.

Il emballe le pc en pièce à conviction, comptant regarder cela avec Darcy tout en espérant ne pas lui en faire voir trop. Elle aussi a une fibre justicière, et sa copine Jessica encore plus.

Il s'attaque avec courage aux tas de papiers et de journaux. Tout y est empilé en désordre par date d'ancienneté, et les articles de chiens écrasés surplombent ceux des trafics démantelés. Il ne trouve pas ce qu'il cherche, à savoir, les documents qu'elle lui a montrés l'autre soir, ni l'organigramme dont elle lui a parlé. Il passe sa main sous la surface du bureau, tapote les fonds de tiroir pour savoir s'ils résonnent, mais ne tombe sur aucune enveloppe cachée.

En le voyant retourner la pièce depuis un peu trop longtemps, Natasha vérifie que Clint est dans une autre pièce, et s'approche pour lui murmurer :

"À te regarder, je pourrais croire que tu cherches des infos sur la mafia.

-Je ne fais que mon travail de flic, répond-t-il sans la regarder. Je cherche le mobile du crime.

-Pas de blague, Tony. Je n'en ai pas envie, mais si je vois que tu vas faire des vagues, je demande ta destitution de l'affaire.

-Sous quel motif ? Vas-y, essaye, la provoque-t-il en levant la tête pour la fixer. Je ne l'ai vue qu'une fois.

-J'ai trois de nos collègues qui t'ont entendu dire que vous aviez fait un plan à trois ensemble. Qu'est-ce que tu dis de ça ?"

Tony lève les yeux au ciel en serrant les dents.

"Ne t'en veux pas, même les meilleurs finissent piégés par leurs mensonges, professe-t-elle en passant ses doigts sur le bois sombre du bureau.

-Arrête, Natasha. J'ai déjà failli mourir une fois à cause d'eux, répète-t-il en ayant des flash-backs de sa conversation avec Vanessa. Je ne les laisserai pas…

-Justement, le coupe-t-elle, la prochaine fois sera la bonne. J'ai déjà perdu trop de monde pour le plus grand bien, et tu n'en feras pas partie, un point c'est tout. Cette brigade, c'est ma famille, Tony, insiste-t-elle. Ne me l'ampute pas pour poursuivre des chimères, ou je te jure que j'irai te chercher de l'autre côté par la peau du cou. в том числе ?"

Tony ne parle pas russe, mais il hoche la tête. Il a compris, mais ça ne veut pas dire qu'il est d'accord. Il y aura des dizaines d'autres Vanessa, si tout le monde pense à ses proches et à ce qu'il a à perdre. Parmi toutes les personnes qu'il connaît, il se considère comme l'un de ceux ayant le moins d'attaches. Dans son cas, faire tomber ces salauds vaut la peine de couler dans le fleuve avec un trou dans la tête. Pas pour les autres, pas pour Vanessa. Mais pour lui, oui, et c'est pour ça qu'il va le faire.

Tant pis si ses collègues boivent des coups en son honneur, si on affecte son bureau à une nouvelle recrue, et si Loki regarde quelqu'un d'autre avec ses yeux verts.

Natasha voit son regard, y lit que ses menaces ont échoué, et se résout à aller voir le commissaire dès que Tony aura le dos tourné.

"Les gars ? leur lance Clint en passant sa tête dans l'encadrement. Vous savez si elle avait un copain, ou une copine ?

-C'est sa famille qui a signalé sa disparition, répond le lieutenant.

-Parce qu'il y a une brosse à dents en rab, des tasses sales avec cuillère mais d'autres sans, et un soutif de taille différente à sécher dans la buanderie."

Natasha attend de l'avoir rejoint pour lever les yeux au ciel.

"Quoi ? proteste Clint. C'est de l'astuce classique d'enquêteur. Brosse à dents, tasses, gels douche homme ou femme, et vêtements de taille ou genre différents.

-Je dirais une copine, elle portait des Doc Martens.

-Ça, c'est cliché, proteste Tony.

-Comment tu expliques le soutif, lieutenant Tolérance ?

-Parce que tu fais des surnoms, toi maintenant. Je n'en sais rien, elle s'est trompée de taille.

-Les soutifs, ça coûte cher, Tony, on les essaie, avant de les acheter.

-On est d'accord, Laura fait pareil, appuie Clint. Donc, elle a une copine assez proche pour laisser une brosse à dents, mais elle n'a pas signalé sa disparition avant la famille.

-Ça la rend suspecte, concède Tony. Mais on ne va pas obtenir d'autorisation de test ADN sur la brosse à dents pour un soutif trop grand, ou trop petit, je n'en sais rien, il est comment, d'ailleurs ?"

Natasha lui donne une claque sur la tête, et va chercher des sacs à échantillons.

"On peut toujours essayer, positive Clint. Une journaliste en Times, ce n'est pas rien, Fury va nous donner du budget."

C'est Natasha qui va faire la demande, pour une fois, et Tony se méfie immédiatement. Il est à peine surpris quand dans l'après-midi, alors que Clint et elle sont partis informer les parents, il entend claquer :

"Stark. Mon bureau."

Il soupire intérieurement, ferme la page sur lequel il était, et se lève. Il sait qu'il va devoir jouer serré.

Le commissaire lui fait signe d'entrer, et referme la porte derrière lui. Sans s'asseoir, Fury pose les mains sur son bureau, et plantant son regard dans le sien, lui annonce :

"J'ai eu vent de ce que vous faites. Je vais vous demander d'arrêter là."

Tony reste prudemment immobile, tentant de ne laisser passer aucune émotion. Mais plus son chef le fixe avec une menace sourde derrière ses yeux, plus il sent la colère monter comme une vague acide.

"Je peux vous en demander la raison ? demande-t-il calmement.

-Vous vous mettez en danger. Nous sommes la Crim', je refuse de perdre des hommes pour des affaires de mafia.

-Je pense à quelques personnes qui auraient intérêt à ce que j'arrête, et vous n'en faites pas partie.

-Qu'est-ce que vous insinuez, Stark ?

-J'insinue que ce n'est pas par inquiétude pour moi que vous me demandez de la fermer. J'insinue que si vous êtes contre moi, vous êtes avec eux.

-Avec eux ?"

Un sourire incrédule se dessine un instant sur ses lèvres, puis il se fait menaçant.

"Avec eux... répète-t-il.

Une main solide se referme sur son épaule, et Tony se crispe tandis qu'on le tourne vers le panneau de liège.

"Regardez bien, Stark."

Fury lâche son épaule pour décrocher son panneau de liège, mais au lieu du mur gris, il laisse voir un autre panneau, épinglé d'articles, de photos, et de numéros. C'est tout un organigramme qui se dévoile, et Tony le parcoure rapidement des yeux avec incrédulité.

"Phil Coulson était mon plus vieil ami, et il s'est fait torturer par ces salauds. Je suis dans votre camp, et j'ai un plan, mais que vous vous fassiez descendre n'en fait pas partie. Je vous demande de faire profil bas pour ne pas attirer l'attention sur nous, et de causer des dégâts collatéraux. Si vous tenez à quelqu'un, laissez tomber cette affaire.

-Je n'ai que deux choses dans ma vie, affirme-t-il sans détacher ses yeux du tableau. Mon boulot et ma ville. Laissez-moi vous aider à la protéger.

-Je le répète, Stark. Votre meilleure façon de m'aider, c'est d'arrêter d'attirer leur attention. Tout ce que vous faites, avec notamment, vos rendez-vous avec des journalistes qui se font descendre le lendemain, c'est faire des éclaboussures dans un banc de requin. Si vous continuez, vous allez nous faire tuer tous les deux. Compris ?

-Arrêter n'est pas mon genre, chef.

-Alors vous leur facilitez la tâche, et c'est vous qui travaillez pour eux."

Tony dégage sa tête, mécontent. Mais en le voyant détourner les yeux, Fury sait qu'il a gagné, au moins pour quelques jours.

C'est tout ce dont il a besoin.

Ils se toisent quelques instants en silence, puis Stark soupire, et finit par lâcher :

"Merci, de m'avoir dit. Avec les collègues me prenant pour un fou, je me sentais seul contre tous.

-Ils ne veulent pas vous perdre, Stark. C'est aussi simple que ça. Et moi non plus. Je vous tiendrai au courant de mon plan le moment venu."

Stark hoche la tête avec la mâchoire légèrement crispée, lui jette un dernier regard rapide, et sort de son bureau en prenant soin de refermer la porte. Seul, Fury se tient les côtes quelques secondes, puis reprend son tableau de liège pour cacher son organigramme.

C'est un coup dangereux. Il met Stark en danger, en lui révélant qu'ils sont du même bord. Mais il ne peut se permettre l'alternative, et même s'il s'est efforcé de cacher ses inquiétudes et ses douleurs à Romanoff, il sent qu'ils n'ont plus beaucoup de temps.

Qu'Odinson soit prêt ou non, la fin de partie est pour bientôt.

Assommé, pensif et frustré, Tony se rassoit devant son ordinateur avant de tourner lentement sur son siège à roulettes. Il n'a pas tout à fait obtenu ce qu'il veut. Il est soutenu par sa hiérarchie, mais il est soutenu pour ne rien faire, ce qui lui donne l'impression d'avoir des menottes aux poignets. Alors qu'il est innocent, merde.

Il n'a pas l'impression que Fury lui ment, et compte lui donner le bénéfice du doute. Par contre, quiconque pensant que Tony Stark va faire ce qu'on lui dit, peut se la mettre profond et retourner lire son dossier. Il va récupérer tout ce qu'il peut avant que les portes ne se ferment.

Il décroche le téléphone et compose le numéro raccourci pour les labos, comptant demander à Darcy où elle en est avec le mot de passe de l'ordinateur. Alors que la tonalité sonne, l'ascenseur s'ouvre avec une petite musique, laissant entrer quelques membres de la Brigade anti-gang.

Tony éloigne le téléphone de son oreille avec du meurtre dans le regard. Voir ces vautours revenir une nouvelle fois, voler pour les enterrer les dossiers de leurs victimes, lui donne envie de leur lancer le combiné dans la tête.

À la morgue, Loki contemple le visage abîmé par l'eau de Vanessa. Il a trouvé un moment d'intimité pour prévenir Amora de ce qu'ils ont trouvé, et l'informer qu'il est grand temps que Fandral, Hogun et Volstagg viennent récupérer leurs rares preuves avant que la Crim' ne fouine trop. Puis, souhaitant éviter Tony, il est descendu voir Bruce. Il s'applique depuis quelques minutes à faire semblant de poser des questions au légiste, ses pensées dirigées vers la journaliste. Tout en la fixant, il se demande s'il aura bientôt à mettre sur cette même table les personnes qu'il côtoie depuis des mois, et s'il aura à plonger son regard dans leurs yeux vides.

Il n'est pas prêt, et pourtant, il sait qu'il est bien trop tard pour reculer.

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J'espère que le chapitre vous a plu, et que l'inquiétude monte. Le scénario va s'accélérer, y compris sur le plan relationnel *wink wink*. J'espère que vous êtes bientôt en vacances si ce n'est pas le cas, et sinon qu'elles démarrent bien. À bientôt !