Bonjour ! Navrée pour le délai d'attente, j'ai eu beaucoup de choses à faire cet été. Je n'ai pas coupé mon long chapitre pour vous remercier d'avoir patienté, j'espère que ce qu'il y a dedans va beaucoup vous plaire.

Rar : Guest

Merci beaucoup pour ta review ! Pardon, du coup tu as attendu le chapitre pendant vraiment deux mois cette fois-ci. J'espère que l'attente en valait la peine, bonne lecture à toi !

Ilona

Merci infiniment pour ta review, elle m'a fait très plaisir, et je suis ravie que ta tension monte, c'est que je fais bien mon travail ! Très bonne lecture, j'espère que tu seras contente de la surprise !

Playlist :

Whitney Houston – "I Wanna Dance with Somebody"

The Foundations - "Build Me Up Buttercup"

Irene Cara - "What a Feeling"

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So kiss me now

This whiskey on my breath

Feel the lives that I have taken

What little soul that I have left

Delta Rae "Chasing Twisters"

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Deux membres de la brigade anti-gang s'approchent avec la ferme intention de leur piquer l'affaire Vanessa. Il y a la femme brune à queue de cheval, et le blond prétentieux, que Tony ne peut pas sentir. Il était un bleu quand il y avait eu l'affaire Stane, et si quelqu'un a pris la relève à la mort d'Obadiah, c'est sûrement lui.

Tony se lève, sort son flingue de son holster et le pose sur son bureau. C'est une manœuvre d'intimidation futile ayant peu de chances de fonctionner, mais il faut bien qu'il se détende, ou il risque de mettre son poing dans le nez de quelqu'un.

Fandral baisse les yeux vers son arme, puis s'approche de son bureau. Posant ses paumes à plat dessus, comme si c'était le sien, il lui lance doucement :

"Ne fais pas de vagues, Tony. Tu ne voudrais pas rajouter des violences à ton dossier, ça pourrait te coûter ton poste pour de bon."

Tony a un sourire faux, et secoue la tête avec des mains innocentes. Il fait signe à Fandral de se pencher pour l'écouter, et lui chuchote :

"C'est trop tard, connard. Prends ce que tu veux, j'ai déjà tout ce qu'il me faut pour vous foutre au trou."

Fandral a un discret mouvement de recul avec de l'inquiétude menaçante dans les yeux. Tony ne peut retenir un sourire de squale, et s'éloigne vers la cafétéria, comptant prendre l'escalier de secours pour se précipiter vers les labos. Il doit à tout prix récupérer l'ordinateur avant qu'ils ne le prennent avec toutes les autres pièces.

Le ripou fixe son dos en dépliant et repliant nerveusement ses doigts. Cela fait déjà plusieurs mois que Stark lui fait peur, mais avec la visite de Loki à leur Brigade, l'intrusion à l'entrepôt, et maintenant des menaces explicites, c'est plus qu'il ne peut supporter.

Il appellera Amora dès qu'il aura mis la main sur toutes les pièces à conviction de l'affaire, et lui dira qu'il est temps de faire taire Tony Stark.

Ils passent au labo récupérer les vêtements et l'ordinateur. L'ingénieure leur dit qu'elle n'a rien trouvé à l'intérieur, et il rétorque que s'il y a quelque chose de caché, ils mettront la main dessus.

-o-o-o-o-

Loki a passé la journée à éviter ses coéquipiers de l'affaire Vanessa. Il s'est penché avec Steve sur un probable meurtre conjugal, s'attendant à que Tony erre dans les bureaux en grommelant qu'on leur a volé leur dossier, mais ils ne l'ont pas vu. Il s'est demandé s'il devait s'alarmer, puis s'est agacé du ridicule de la situation. Sa mission est de faire tomber Thanos en jouant le double infiltré, et non de babysitter un flic boudeur et alcoolique.

Il est tard, et Steve vient de partir, quand le numéro d'Amora s'affiche sur son téléphone. Loki l'ignore, se masse un instant l'arête du nez, puis sort fumer pour la rappeler.

"Merci pour les pièces, lance-t-elle aussitôt décroché. Ils ont tout récupéré, même si c'est surtout l'ordinateur qui m'inquiétait. Par contre, Fandral m'a prévenu qu'un gars de chez toi s'est montré particulièrement menaçant.

-Qui c'est ? demande-t-il alors qu'il connait très bien la réponse.

-Un certain Stark. »

Merde.

Observant les phares rouge et blanc des embouteillages, trente mètres plus bas, il répond calmement :

« C'est le seul qu'on ne peut pas acheter ou faire chanter, j'ai fait en sorte qu'il me fasse confiance.

-Je sais, j'ai relu ton tableau.

-Il n'est pas un danger immédiat, il parle juste beaucoup.

-Il a peut-être confiance en toi, mais pas en l'anti-gang. Il a clairement dit qu'il avait de quoi faire enfermer nos gars. Alors tu te démerdes : tu l'en dissuades, tu fais monter le prix, tu lui mets trois balles, je m'en fous mais tu l'enlèves de là fissa. C'est compris ? On ne peut pas se permettre une autre bourde, le patron est menaçant.

-Je m'en occupe. »

Loki éteint sa cigarette et retourne à l'intérieur. Comme voulant l'alarmer, Tony a quitté sa cachette de la journée et est de retour à son bureau, comme si de rien n'était. L'infiltré inspire doucement, et s'approche de lui. En l'entendant arriver dans son dos, Tony ferme la page web sur lequel il était, et tourne son siège vers lui.

«Tu fais quelque chose, ce soir ?

-Non, répond doucement Loki en le regardant.

-Tu viens manger une pizza chez moi ? Je crois qu'il y a un vieux film sympa. »

Loki hoche la tête avec un pincement entre ses côtes, de pitié ou de tristesse. Tony semble lui faire une confiance aveugle, alors qu'il est toujours le numéro cinq de la mafia newyorkaise.

Rien ne se passera bien, quand il saura. Il doit se préparer au pire des scénarios.

« Je passe prendre les pizzas. », annonce-t-il avant de retourner à son bureau pour éteindre son ordinateur et prendre son casque.

-o-o-o-o-

Il s'avère qu'il n'y a pas de vieux film à la télé, mais que Tony veut exposer ce qu'il a trouvé dans l'ordinateur de Vanessa. N'ayant pas touché à la napolitaine que Loki lui a ramenée, il est par contre à deux verres de whisky. Il fait les cent pas dans sa cuisine, en lui exposant avec beaucoup de gestes les rôles et surnoms des têtes de leur organisation, ainsi que leur activité détaillée. Il est dans un état d'excitation mêlé de colère et d'inquiétude.

Loki le regardait faire des allers-retours en tentant de cacher son état d'angoisse profonde. Il avait serré discrètement l'assise de sa chaise quand on lui a badinement expliqué que le numéro cinq était en infiltration quelque part, FBI ou CIA, probablement.

Tony en sait beaucoup plus que Loki ne pensait. Amora n'exagérait rien en disant qu'il pouvait tout faire capoter.

Il croyait pouvoir éviter la casse pour ce soir, mais il n'a pas le choix, il va devoir agir.

« Ce n'est pas possible, marmonne-t-il avec une surprise sincère.

-Malheureusement, lui répond Tony en grommelant, je crois que si.

-Mon frère serait impliqué aussi ? demande-t-il, parce qu'il pense que c'est ce que le Loki de Tony demanderait.

-Je ne crois pas, non, affirme-t-il avant de marquer un temps. A vrai dire, je t'avoue que je n'en sais rien. Je ne sais pas qui sont les ripous de l'anti-gang. Au moins Fandral, mais les autres...

-Que vas-tu faire ?

-Je ne sais pas en qui je peux avoir confiance. Si c'est ce que je crois, notre police est infectée de manière bien plus grave que je ne le pensais.

-Si c'est vrai, et que tu les exposes, tu vas te faire descendre, avoue Loki.

-Je m'en fous, assène Tony, je ne peux pas continuer à travailler comme ça. Dès que je commence à déterrer quelque chose, il est réenterré ailleurs la nuit suivante, et je dois tout recommencer. Pour avoir un réel impact, je dois passer aux choses sérieuses.

-Je vais te trouver dans un coffre de voiture la semaine prochaine, Tony !

-Tu me feras un bel éloge, lance-t-il avec un sourire fier.

-Je t'avertis une dernière fois, menace Loki en se levant.

-T'es mignon, le bleu. Tu t'inquiètes tant que ça ? "

Tony ne veut pas renoncer, Tony ne peut pas être acheté, il le sait déjà. Loki n'a plus beaucoup de cartes. A vrai dire, il ne lui en reste que deux.

Il doit détourner son attention quelques jours de manière efficace, ou le tuer.

Il a subitement très froid, et détaille attentivement son coéquipier comme s'il le voyait pour la dernière fois.

Il n'aurait jamais cru devoir franchir cette limite.

Amora l'a déjà fait depuis longtemps, évidemment. Mais après l'avoir vue après qu'elle l'ait fait, il sait qu'il ne sera plus jamais le même. Il avait l'espoir que le meurtre de Coulson ne l'ait pas fichu en l'air pour toujours, mais s'il doit s'approcher de Tony encore plus près pour pouvoir mieux le tuer, ce sera définitivement le cas. C'est un point de non-retour, duquel il ne pourra jamais revenir, jamais guérir, jamais se pardonner.

Il n'a pas le choix. Qu'il choisisse l'un ou l'autre, il va avoir du mal à s'en remettre.

Autant choisir l'option qui menace le moins la vie de Tony.

Il ne sait même pas s'il a correctement lu les signes, ou si, finalement, sa tentative de flirt ne lui fera rien, et ne le détournera de rien du tout.

Loki se lève doucement de sa chaise, et s'approche de Tony, appuyé contre son évier, se tenant le menton en réfléchissant. Il fait encore un pas, et son collègue lève finalement les yeux, haussant un sourcil. Il doit s'étonner de le voir aussi près, et Loki se contente de le regarder dans les yeux. Levant doucement sa main, il la pose sur le bras de Tony, posant un instant les yeux avant de les relever. Se penchant légèrement, il souffle :

"Oui. Je m'inquiète tant que ça, sombre imbécile."

Tony le scrute attentivement, glissant un instant vers ses lèvres, un petit air incrédule dans ses yeux. Il le fixe un long moment, comme voulant vérifier que ce n'est pas une mauvaise blague.

« Comment ça ?

-Il faut que je sois plus clair que ça ? Que je te transmette une notification écrite d'attirance envers un collègue, pour que tu le paraphes, et que tu le fasses contresigner par le commi..."

Stark se redresse pour l'embrasser. Loki a ses lèvres contre les siennes, la chaleur de son souffle, tabac contre alcool, le picotement dans le ventre et les doigts.

La culpabilité lui tord l'estomac alors qu'il a l'impression que cela faisait longtemps qu'il en avait envie. Depuis combien de temps n'a-t-il pas été aussi proche de quelqu'un ? Sa mission l'a tenu si loin des autres et de leurs préoccupations futiles à ses yeux qu'il n'arrive pas à se souvenir de la dernière fois que ça s'est produit. Il se laisse distraire par la sensation, et passe ses doigts sur la nuque de Tony. Sa peau est chaude, mais c'est sans doute ses mains qui sont froides.

Qu'est-il en train de faire ?

Tony lui fait confiance, une confiance de caneton. Tony a lu du théâtre français du 19ème parce qu'il aime ça, Tony l'a aidé à décrocher de la kétamine, Tony est venu quand il l'a appelé à l'aide en pleine nuit, et maintenant, il vient de lui dévoiler des informations qui pourraient le faire tuer.

Au début de sa carrière, Tony s'est fait trahir par son formateur ripou de l'anti gang, et a failli en mourir.

Et maintenant, Loki manipule ses sentiments, pour ne pas qu'il expose les membres de la mafia de New York ?

Quelle sorte de monstre est-il devenu ?

Il se détache. Tony a ses mains dans son dos pour le garder proche, et son regard plongé dans le sien, avec à l'intérieur beaucoup trop d'émotions que Loki ne veut pas y voir.

Dans les yeux de Tony, il voit sa propre mort.

Il croit qu'il va vomir.

« Il faut que je parte, souffle-t-il en se détachant.

-Eh, Loki, lance doucement Tony en fronçant ses sourcils. Ce n'est que moi, ajoute-t-il avec un sourire rassurant. Tu sais que je ne dirai rien à la brigade.

-Je n'aurais pas dû faire ça, fait-il en récupérant sa veste de moto.

-Pourquoi ? insiste Tony en le suivant dans le couloir. Je ne dirai rien, on peut même faire semblant qu'il ne s'est rien passé, si c'est ce que tu veux. Mais ne pars pas comme ça, au milieu de la nuit, comme un...

-Comme un quoi, Stark ? aboie Loki.

-Etranger, souffle-t-il avec impuissance en tentant de le retenir.

-C'est ce que j'aurais dû rester. »

La porte claque, et Tony reste devant. Il n'a rien pu faire, et Loki s'est enfui.

Se passant la main dans les cheveux, il retourne dans la cuisine, et baisse les yeux vers la rue. Le poing contre la vitre, il le contemple enfourcher sa moto et partir en réveillant tout le quartier.

« Merde, murmure-t-il à la fenêtre."

-o-o-o-o-

L'aiguille des vitesses tourne doucement alors que le moteur rugit de plus en plus fort. On lui klaxonne dessus à tous les boulevards, et Loki fixe l'horizon sans ralentir.

Il peut sentir son cœur frapper sa poitrine, et ses mains trembler sur les poignées de sa moto tournées vers l'avant. La vitesse l'oblige à rester concentré pour ne pas mourir, et l'empêche de penser.

C'est ce qu'il voudrait. Arrêter de penser. Arrêter de se souvenir. Arrêter d'avoir sur sa langue un goût de whisky et de café.

Putain.

Il doit rester concentré.

Il doit garder en tête le plan, les scènes, les objectifs. Maintenir l'illusion, donner des informations, mentir, tuer, trahir.

Il a envie de kétamine. Mais s'il débarque au QG dans cet état, il est bon pour se faire griller.

Son casque est resté chez Tony, et la vitesse l'oblige à plisser les yeux alors que le vent lui meurtrit les tympans.

Il lui semble qu'il a du mal à respirer.

Il roule jusqu'à arriver à la mer, en haut de la plage où ils avaient passé la nuit. Son regard reste un long moment fixé sur l'eau noire. Il n'y a aucune lumière au dessus de l'océan, ni bateau ni phare, si bien qu'on ne distingue pas la limite de l'horizon. Faisait-il aussi sombre, ce soir-là ? Il n'en a pas le souvenir, mais sans doute que le feu de camp sur la plage les éclairait suffisamment.

Il repart dans l'autre sens en faisant rugir sa moto, sans descendre ni regarder derrière lui.

-o-o-o-o-

Tony n'a pas dormi de la nuit, et s'est forcé à aller au travail, prenant avec lui le casque de moto oublié avec des marmonnements mécontents. L'insomnie l'a fait arriver plus tôt que d'habitude, et c'est Whitney Houston qui l'accueille quand il sort de l'ascenseur. Elle veut danser avec quelqu'un qui l'aime, et il n'est vraiment pas d'humeur pour cette chanson. Il fouille la salle du regard pour trouver le coupable, et voit Clint putain de Barton qui fredonne en remuant en rythme ses pieds posés sur le bureau.

Il franchit en quelques pas la distance qui le sépare de son collègue, et murmure d'un ton aussi bas que menaçant :

"Tu peux éteindre cette radio, s'il te plaît ?

-Bonjour à toi aussi, Tony, fait Clint en levant la tête de son dossier mais sans enlever ses pieds ni baisser le son. Bien dormi ? Je parle en rimes, aujourd'hui.

-Et moi je vais parler en autre chose si tu ne laisses pas les années 80 là où elles sont.

-Ouhlà, on t'a mis un râteau hier soir, ou quoi ?"

Tony frappe du plat de la main le bouton off, et la radio s'éteint dans un claquement plaintif.

"Nan, s'étrangle Clint en écarquillant les yeux, on t'a vraiment mis un râteau ? Toi ?

-Ecoute, je suis très content que vous ayez remis le couvert avec Laura, parce que c'est sûrement la raison de ton humeur niaise, mais on enquête sur des meurtres ici, et ça demande du respect."

Clint lève les yeux au ciel, et retire ses pieds de son bureau.

"Tu sais que je pars dans trois semaines, hein ? Tu pourrais faire un effort de sympathie pour profiter de nos derniers moments entre collègues. Mais bref, je sais très bien que c'est trop t'en demander."

Irrité, Tony s'en va sans un mot vers la machine à café. Loki n'est pas encore arrivé, et est donc en retard.

Il met une pièce dans la machine, sélectionne le bouton où quelqu'un a remplacé le nom officiel par une étiquette marqué "Lave en fusion", et écoute le ronron satisfaisant de sa vieille amie. Comme si elle voulait elle aussi lui reprocher d'avoir mal parlé à Clint, le café commence à couler à coté, et il est obligé de se baisser rapidement dans un juron pour récupérer le reste. Il secoue sa main brûlée, constate qu'il a tâché son haut, et fusille du regard Steve qui vient lui dire bonjour.

"Oui, elle coule encore à coté, il faudra que tu jettes un œil, confirme son collègue avec une moue impuissante.

-Je ne suis pas un putain de technicien réparateur, j'en ai ma claque d'être tout le temps fourré sous cette machine parce qu'elle tousse de travers, Fury n'a qu'à la foutre à la benne et en acheter une neuve ! Merde, quoi !"

Steve le fixe avec un air surpris, et Tony part en laissant là son café. Il va s'enfermer aux Archives pour trouver un peu de calme, et continuer de fouiller l'ordinateur de Vanessa. Darcy a été formidable la veille, et au lieu de la vraie pièce, a donné à la place un ordinateur incraquable à l'anti-gang. Elle lui a sauvé la mise, et lui a laissé plus de temps pour trouver d'autres informations, tout en n'informant pas la mafia des avancées de Vanessa.

A l'étage, une fois la voie libre, Clint approche de la machine, et Steve lui demande en balbutiant :

"Qu'est-ce qu'il a, ce matin ?

-Sais pas, lance Clint avec une moue amusée. Il a dû se prendre un râteau. Nan, je pense que c'est cette journaliste qui le travaille, tu sais, l'anti-gang nous a piqué l'affaire hier. Encore.

-D'ailleurs, j'ai vu la photo sur ton tableau, elle ne ressemble pas à cette fille qui était venue le voir, un soir, au bar ?

-Qui ça ?

-Tu sais, après l'affaire Cardenas, on était allés boire un verre...

-Ah oui, je n'étais pas venu, on regardait un film avec Laura et les jumeaux. Ça va mieux, au fait, nous deux.

-C'est vrai ? Super, félicitations, sourit Steve avec des yeux pétillants.

-Elle ne me croyait pas quand je lui ai dit que j'allais changer de boulot pour être avec eux, et comme les jours de ma mutation approchent, ben... Voilà, fit-il avec un grand sourire, ça va, quoi. Les enfants sont super contents.

-Je suis heureux pour toi. Allez, je te paye un café, je lèverai le gobelet au-dessus.

-Nat a essayé ça hier, et elle n'est arrivée à rien. La machine s'est encore ramassé un coup de pied ninja russe, la pauvre.

-Attends, j'ai la technique."

Steve récupère un gobelet, se baisse pour le positionner sous le jet, et en se contorsionnant, introduit une pièce avant de sélectionner un café noisette. La machine tourne, attrape le gobelet pour en broyer le dessus, et crache le jet sur la main du flic blond. Tenant sa main brûlée, il lâche le gobelet qu'il tenait en vain et pousse un juron. Le chat, qui venait dire bonjour, en a le poil tout hérissé de peur, et se carapate à l'autre bout du bureau.

Clint en rit très fort, donne un chiffon froid et mouillé à Steve, puis repart à son bureau remettre la radio. Il a trouvé une station qui passe toutes les chansons de quand il était petit, et ça le met d'excellente humeur pour travailler.

Tant pis si son ancien mentor se comporte comme un con, alors que lui voudrait collectionner les bons souvenirs avant de s'en aller vers le département des Communications.

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Loki arrive relativement tard au travail. Il porte un premier regard sur les bureaux pour vérifier que Tony n'est pas là, prend note avec mauvaise humeur de son casque posé dessus, et se dirige vers le sien. Clint lui jette un coup d'oeil, et a l'impression de le voir raser les murs. Il hausse un sourcil intrigué et le fixe pendant qu'il l'installe, mais une autre chanson d'amour entraînante le distrait de son observation. Il est presque sûr qu'elle passait lors de leur premier restaurant, à Laura et lui. Il faudrait qu'il l'emmène de nouveau là-bas un soir, elle aimerait la nostalgie, et qu'il s'en souvienne. Peut-être pourrait-il demander une playlist spéciale. Il pourrait faire semblant de connaître quelqu'un du contrôle sanitaire pour faire pression sur le patron.

Loki croyait que Barton lui avait lancé un regard soupçonneux, mais quand il glisse un coup d'oeil dans sa direction, il le voit porter un regard mièvre vers le poste de radio. Il appréhende de revoir Tony, mais Steve vient rapidement le chercher avec une tâche de café sur sa chemise, pour trouver et arrêter le mari tueur de la veille. Ils y passent la journée, et finissent par obtenir les aveux à vingt-heures. Il part fumer une cigarette, soulagé. Une autre journée est passée, et Tony Stark est toujours en vie. Il sait très bien qu'il aurait dû vérifier aujourd'hui s'il ne faisait pas quelque chose pouvant faire capoter le plan, mais la soirée de la veille lui en a coûté davantage qu'il ne pensait.

Tony remonte dans les bureaux cinq minutes plus tard, frustré et perdu. Il a l'impression de passer à côté de quelque chose. Il y a quelques fichiers dans l'ordinateur de Vanessa, mais rien de concret, que des impressions vagues qu'elle lui a déjà dites de vive voix, cette nuit-là sur les docks. Elle avait dit avoir d'autres preuves, et il ne lui semblait pas qu'elle frimait, ou parlait dans le vide. Mais où pourrait être le reste ? Ils avaient tout fouillé chez elle, et lui avait passé deux jours à éplucher son ordinateur jusqu'à la RAM. Les infos devaient être sur son téléphone, qu'ils n'avaient pas retrouvé. Ce vide factuel le rendait fou.

Il marque un temps d'arrêt, puis passe près du bureau de Loki pour vérifier qu'il est bien venu. En y voyant ses affaires et qu'il a récupéré son casque, il lève la tête, et voit un filet de fumée grise s'étioler par la fenêtre de l'escalier de secours. Il inspire par le nez, réfléchit un instant à ce qu'il va dire, puis envoie tout balader en s'y dirigeant à grands pas.

Loki ne tourne pas la tête en entendant la porte s'ouvrir. Il garde ses coudes appuyés sur la rambarde, regardant les bouchons s'épaissir sur l'avenue tout en bas. Le frottement des tissus l'informe que Tony l'a imité et s'est installé près de lui. Il se passe un long moment durant lequel les épaules de Loki se tendent, et où il réfléchit à une explication pour son comportement de la veille, avant qu'il n'entende souffler :

« Je voudrais qu'on parle d'hier soir."

Evidemment.

"Il n'y a rien à dire, répond Loki d'un ton bas et calme. C'était une erreur.

-Je voudrais entendre tes raisons.

-Tout simplement parce qu'on travaille ensemble.

-Il y a plus que ça, non ? »

Loki le regarde. Il ne peut pas lui expliquer, et cela va être très dur de lui mentir correctement sans baisser les yeux.

Le plus simple serait de lui cracher des horreurs à la figure, mais il est trop fatigué pour ça. Un bon mensonge reste celui qui comporte un maximum de vérité, bien qu'il ne mette quelques secondes supplémentaires à sortir.

« Tu m'inquiètes, avec tes recherches, finit-il par avouer. Tu vas te faire tuer. Et je ne serai pas assez solide pour l'encaisser si on s'implique comme ça.

-Ah, constate Tony.

-Tu voulais mes raisons. Les voilà.

-C'est à cause de ton passage à la Fraude ? »

Loki lève la tête et le regarde sans comprendre.

« Phil Coulson, explique Tony. Il s'est fait buter par ces enfoirés il y a deux ans et demi. Tu savais ?"

Contrôle, Loki. Maîtrise. Regarder droit dans les yeux, ne pas cacher ses mains, ne pas accélérer son rythme de parole.

« Oui, je l'ai appris là-bas, et en effet, ça m'a fait peur. »

Tony s'accoude au balcon et soupire, regardant les immeubles dans la lumière du soir.

« Je comprends. Je suis prêt à faire un peu plus attention à ma vie….

-Si… ? complète Loki en éteignant sa cigarette.

-Si tu me laisses approcher un peu.

-Il reste le problème du travail.

-Je risque un procès pour harcèlement sexuel ?

-Non. Et moi ?

-Non.

-Je suppose que ce n'est pas si grave, alors, capitule Loki en relevant la tête.

-C'est un oui ?

-C'est un présumé innocent jusqu'à preuve de culpabilité.

-J'essaierai de ne pas t'en donner. »

Tony s'avance, et Loki ne le repousse pas. Le lieutenant pose une main sur son poignet, et le mafieux le regarde, sentant de nouveau cette impression liquide et lourde de bien-être mêlé de culpabilité couler doucement dans son estomac. Il se sent comme une ordure quand Tony le regarde avec son affection dans les yeux.

« Je suis désolé, ne peut-il s'empêcher de murmurer.

-De quoi ?

-D'être parti comme un voleur, ment-il de nouveau.

-Franchement, c'est parce que c'était mon appartement, mais j'aurais peut-être fait pareil à ta place.

-Ah oui ?

-Oui, je ne sais pas, peut-être que si on avait été chez toi, je serais parti aussi.

-Pourquoi ?

-Eh bien... Comme tu dis, ne pas mélanger le travail avec le reste, ça pourrait nous rendre moins efficaces.

-Et qu'est-ce qui a changé ?

-J'ai réfléchi. Je me suis dit que ça valait la peine d'essayer."

Ça ne vaut tellement pas la peine, songe Loki avec l'impression que ses poumons sont comprimés et qu'il ne peut plus respirer.

"Ça va ?

-Arrête tes recherches, insiste-il en plantant son regard dans le sien. Je suis sérieux. Je ne veux pas retrouver ton cadavre dans un parking.

-J'arrête, promis."

Loki ne fouille pas trop longtemps dans ses yeux pour voir s'il ment. Il a trop peur de ce qu'il peut y voir.

Il choisit de fermer les yeux.

Amora a essayé de le prévenir, pourtant.

Tony l'embrasse, et Loki serre ses épaules pour le tenir plus près, passant ses doigts dans ses cheveux, s'efforçant de ne pas penser. Il s'oublie un instant, perdu dans la sensation d'un nez contre le sien, enveloppé dans la chaleur de quelqu'un d'autre une froide soirée d'avril.

Ils finissent sans doute par se rappeler que n'importe quel personnel pourrait les voir, et se détachent. Tony continue de respirer un instant contre ses lèvres, ses mains posées sur le torse de Loki, puis s'éloigne en soufflant :

« À demain ?

-À demain, répond Loki en sortant de nouveau son paquet de cigarettes. »

Tony hoche la tête avec un léger sourire en coin, et retourne à l'intérieur. Loki se détourne en fixant un instant New York, puis frappe la rambarde du poing. Ce n'était pas censé se passer comme ça.

Est-ce que cela sera suffisant ?

Ne fais pas l'innocent.

Est-ce que Tony va arrêter de fouiner, et de présenter sa tête sur un plateau à tout le monde ?

Tu le sais très bien, tôt ou tard, tu vas devoir le tuer.

"Tais-toi, souffle-t-il à la nuit."

Il a froid, seul sur cet escalier grinçant et plein de courants d'air.

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Quand il finit par retourner à l'intérieur, seul Fury l'attend à son bureau, son œil le fixant comme pour le passer aux rayons X. Il n'y a plus personne, et sa lampe est la seule allumée.

"Oui ? S'enquiert Loki en sachant très bien ce qu'il va dire.

« Je vous ai vus, sur le balcon. Vous et Stark ? Vraiment, Odinson ?

-Il fouine beaucoup depuis la mort de la journaliste, et il a un faible pour moi. C'est ça, ou je l'élimine. Vous préférez quoi ? le provoque-t-il.

-C'est dangereux.

-Je suis au courant. Avez-vous quelque chose à me dire que je ne sais pas déjà ?

-Vous pourriez aussi lui dire la vérité.

-À lui ? Vous plaisantez ! Il est incapable de mentir correctement, et encore moins de tenir sa langue. S'il apprend quelque chose d'aussi gros, il va foncer dans le tas, et tous nous faire tuer.

-Certes, mais je pense que cela risque de vous abîmer tous les deux. Je vous l'ai déjà dit il y a trois semaines, il a déjà beaucoup perdu à cause de la mafia.

-Amora m'a dit de le distraire quelques jours. Je les soupçonne d'accélérer leur plan à cause des recherches de Stark, nous n'avons qu'à faire pareil. Vous êtes prêt ?

-Je suis prêt. Et vous ?"

Loki hausse les épaules. Bien sûr que non. Mais il doute de l'être un jour.

Il veut en avoir fini avec tout ça avant qu'il ne soit trop tard, ou qu'il n'en soit plus capable.

« J'ai déjà dit à Stark d'arrêter, je vais insister davantage. Ne vous impliquez pas davantage avec lui.

-Allez-y, mais c'est trop tard, Fury. Depuis longtemps. »

Il attrape sa veste et son casque, et part sans se retourner.

Fury le regarde s'éloigner avec le sentiment que son plan comportera plus de dégâts collatéraux qu'il n'avait d'abord espéré.

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Le lendemain, Tony arrive tôt, va vers le bureau de Clint, et allume la radio. Même si c'est une chanson cheesy sortie de Flashdance qui passe, il la laisse allumée, et Steve sourit discrètement. Il hésite un instant, puis demande à Tony :

"Du coup, la machine...

-J'y vais, tu vas voir, je vais te la réparer en cinq minutes."

Steve hausse un sourcil empreint de surprise et d'amusement, mais ne fait aucun commentaire.

Tony part en salle de pause prendre ses outils et se glisser sous la machine à café, fredonnant doucement du Whitney Houston.

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Vu que vous avez attendu 40 chapitres pour ça, j'espère que ça vous a plu !

Portez-vous bien et bonne rentrée aux concerné-e-s !