Bonjour ! Avec ce chapitre, on s'approche du meilleur et du pire ! Bonne lecture à vous !
Rar : Ilona
Merci beaucoup pour ta review, elle m'a bien fait rire ! Le fait que ce soit le 40ème était accidentel, mais ça tombait très bien ! J'espère que celui-là va te plaire !
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-
Pick up your gun
Put up those gloves
Save us from harm
Safe or alone
The Strokes - "Bad decisions"
-o-o-o-o-
Un an et demi plus tôt, cimetière du Calvaire, Queens, New York
C'est l'anniversaire de sa mort. Loki a tout fait pour ne pas y penser, mais en fin de soirée, ses pas l'ont irrémédiablement mené devant cette plaque de marbre blanc.
Il reste un long moment sous la pluie, à sentir l'eau glisser sur ses cheveux et couler dans son dos, lui arrachant un frisson. Fixant le nom gravé sur la pierre noble, il finit par murmurer :
"Je suis désolé.
-C'est vous qui l'avez tué, n'est-ce pas ?"
Loki fait un pas de côté, et sort son arme pour la braquer sur l'intrus.
"Vous avez sûrement des remords, pour revenir là ?
-Qui êtes-vous ?
-Nick Fury, commissaire à la brigade criminelle de New York, fait l'homme borgne avec un manteau et bonnet noir en montrant sa plaque. Je suis aussi un très vieil ami de Phil Coulson. Vous, vous êtes Loki Odinson, numéro 5 de la mafia newyorkaise. Et vous n'avez pas l'air bien.
-Une dernière volonté, avant de mourir ?
-Je voudrais vous parler de l'initiative Avengers. Vous m'accordez cinq minutes avant de m'abattre ? C'est une proposition qui pourrait vous intéresser."
Loki lève légèrement son arme sans la ranger, irrité mais impressionné par le culot de cet homme.
"Je vous offre l'immunité et la rédemption. Tout ce que je vous demande en retour, c'est de m'aider à coller perpète à Thanos.
-Je ne sais pas ce qu'ils mettent dans le café, à la Brigade, mais ça a l'air fort.
-Je sais tout sur vous, Odinson. Je sais que vous cherchez un moyen de changer de camp. Je sais que vous êtes bouffé, au bout du rouleau, et que je vais vous retrouver à la morgue dans moins de trois mois. Nous avons le même ennemi et le même but. Bossons ensemble."
Sans dire un mot ni le quitter des yeux, Loki retire la sécurité de son Beretta et pointe le front de l'homme en manteau noir.
"Je dois vous prouver que je ne suis pas un ripou ? Regardez mon compte si vous voulez, je ne gagne pas tant que ça en tant que commissaire. Je prends un très gros risque en vous approchant comme ça, rappelle-t-il en désignant d'un doigt prudent l'arme de Loki. Dites-moi au moins que j'ai raison, et que je n'ai pas fait ça pour rien."
Loki ne répond rien, gardant les deux pieds au sol et le bras tendu.
"Je peux vous le jurer sur tous mes hommes, je ne serai pas en paix tant que Thanos ne sera pas derrière un mur de dix mètres avec barbelés et miradors, ou mort. La question est : êtes-vous avec moi, ou est-ce que vous pressez enfin la détente ? Les cinq minutes sont passées depuis longtemps."
Loki le regarde un long moment, puis baisse son arme et en remet la sécurité.
"Je suis fatigué, avoue-t-il en regardant son flingue. Si vous êtes avec lui, ainsi soit-il, mais faites ça vite.
-Reprenez-vous, merde, aboie le commissaire. Pour réussir j'ai besoin d'un homme solide, pas d'un criminel drogué et suicidaire.
-Restez poli, ou je vais vraiment vous en loger une."
Le flic affiche un sourire faux. Connard, songe Loki, avant de tout de même soupirer :
"Je vous écoute. Exposez-moi votre plan.
-Si tout va bien, dans un peu plus de deux ans, vous êtes lavé de tout.
-Vous ne pouvez pas m'offrir l'immunité, j'en ai bien trop fait.
-Pour l'instant, si je vous arrête maintenant, vous en avez pour perpète. Si on la joue finement, vous pouvez en avoir pour deux ou trois ans, et recommencer votre vie.
-Tueur de flic, deux ou trois ans ?
-Je connais un très bon avocat dans Hell's Kitchen. On dira que vous étiez un infiltré depuis le début.
-Que faites-vous de votre ami ? fait Loki en désignant la tombe devant eux d'un mouvement de tête."
Nick Fury jette un long regard à la tombe en marbre gris, puis murmure :
"Il sait aussi bien que moi que vous n'êtes pas son véritable assassin. C'est lui, que je veux traîner dans la boue et faire enfermer."
Loki le fixe un long moment. Ce type est fou. Mais il a raison, il ne tient plus, et il sait que s'il continue, il est mort dans trois mois. Autant accorder un peu de confiance si cela peut rallonger, et faire payer celui qui l'a mis dans cet état.
-Je reste persuadé que vous allez nous faire tuer, avoue-t-il en baissant les yeux. Mais autant mourir en essayant de faire ce qu'on a décidé.
-Bien dit, le bleu."
-o-o-o-o-
Un an et cinq mois plus tard
Fury arrive dans les locaux de la Brigade Criminelle d'un pas rapide. Il se plante devant le bureau de Loki, et lui murmure de venir le voir dans son bureau. Ce dernier fronce les sourcils, jette un regard sur son écran, puis se lève pour suivre le commissaire dans le couloir administratif.
Tony s'est penché sur sa chaise et a également froncé les sourcils en les observant. Il va se lever pour aller écouter aux portes, mais son téléphone ne met à sonner, et il décroche en jurant. Il s'agit d'une journaliste du Times, disant s'appeler Vanessa.
Loki ferme la porte derrière lui et fixe le commissaire, qui l'attend derrière son bureau avec le visage plus grave que d'habitude. Il le laisse s'asseoir, regarde dans le vide un instant, puis soupire pour raconter :
"J'étais chez le médecin ce matin, qui a reçu mes résultats de scanner, pour mes maux de ventre et mes douleurs au dos. Il a pris un air gêné, et m'a montré des points blancs sur mon pancréas et dans ma moëlle épinière. Il me reste trois mois à vivre, quatre maximum."
Comme Chloé dans le livre préféré de Tony, un nénuphar grandit dans le corps du commissaire.
Loki n'a pas le temps d'afficher sur son visage la pitié qu'il ressent, que Fury lui tourne le dos et continue :
"Je vais vous dire deux choses que je ne veux pas, le bleu. Je ne veux pas mourir d'un cancer foudroyant et douloureux, et je ne veux pas non plus mourir pour rien. Donc, si vous avez une once de respect pour moi, vous allez écouter mon plan, et vous allez dire oui."
A la fin de l'exposé, Loki lance :
« Je crois que vous avez trop lu Harry Potter.
-Le truc de magiciens pour les ados ? Quel est le rapport ?
-Laissez tomber. C'est ridicule, enfin, ce que vous me demandez, je ne peux pas faire ça !
-Ce sera parfait, Odinson.
-Mais…
-Je ne peux pas aller jusqu'au bout, aidez-moi au moins à me dire que j'aurais rendu tout ça possible.
-Non c'est non, Fury ! Vous avez perdu la tête.
-Il faut que je menace de vous vendre à eux, pour que vous m'écoutiez ? aboie le commissaire."
Loki serre les dents.
"Vous mettriez une cible sur votre tête.
-Je vais mourir, Odinson, qu'est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ? Si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi. Et être avec moi signifie suivre mon plan.
-J'ai déjà tué votre meilleur ami, et maintenant, vous voulez que ce soit votre tour. Vous avez une tumeur au cerveau, aussi ?
-Ce sera la meilleure des diversions. C'est important que la brigade vous voie le faire, pour ne pas qu'ils aient de doutes et sabotent votre couverture, vous mettant ainsi en danger. Il faudra s'assurer qu'il y ait des caméras.
-Ils risquent surtout de m'abattre à vue.
-Thanos vous protégera. Il va vous bichonner, si vous faites ça, sans vouloir me vanter, je suis une belle épine dans son pied.
-Justement, que nous reste-t-il, si vous disparaissez ?
-S'il croit que la voie est libre, il va s'exposer, faire des erreurs. C'est là que Maria et vous le coincerez. Elle sait tout, elle aussi, mais il ne la connaît pas."
Stark va visionner la vidéo où il abat froidement leur patron...
Loki serre de nouveau les dents.
Il savait à quoi il s'engageait, en acceptant la proposition de Fury. Se racheter pour le meurtre de Coulson en se retournant contre Thanos. A l'époque, trahir la confiance de quelques flics ne lui posait aucun problème.
Ce n'est plus le cas, et il doit arrêter de se voiler la face à ce sujet.
Il allait sortir pour fumer une cigarette, quand on le retient d'un mot :
"Dernière chose, le bleu. Faites attention à Stark. Il n'en donne pas l'air, mais il est fragile. Il a déjà beaucoup perdu à cause de la mafia.
-Je sais, soupire Loki en se retournant, il m'a raconté."
Fury le regarde fixement en silence.
"Vous me dites ça parce que... Quoi ? s'énerve la taupe. Nous avons le choix, maintenant ?
-Non, en effet.
-Alors c'est inutile d'en parler. »
-o-o-o-o-
Trois semaines plus tard
Au vu de leur discussion sur le balcon et de la redéfinition de leur relation, ils décident d'un accord tacite de se séparer sur leur lieu de travail, au moins quelques jours. Tony part voir un corps retrouvé dans Central Park avec Clint, et Loki se met sur la nouvelle affaire de Natasha et Steve, un homme âgé retrouvé mort dans sa voiture. C'est la première affaire où Peter fait ses premières conclusions seul, et le pauvre tremble de tous ses membres en attrapant la langue de leur victime, afin de vérifier un empoisonnement au gaz.
Quand ils rentrent au bureau éplucher les proches, ils croisent Clint et Tony, comparant le fichier des disparitions pour donner une identité à leur corps.
Tony lui jette un regard en coin, avant de se détourner et d'esquisser un sourire discret en passant à un autre disparu. Loki lui jette un œil, ne pouvant empêcher la légère sensation de bien-être de venir s'installer entre ses côtes.
Le soir, il met son bon sens à la poubelle, et vers dix-neuf heures, tend son casque de moto à Tony.
"Il y a un vieux film à la télé ce soir. Ça t'intéresse ?
-Tu es sûr ? Tu n'as pas... du travail ?"
Tu es sûr de vouloir me ramener chez toi et voir ce qui se passe, bien qu'on soit deux types qui travaillent ensemble ?
"Non, je suis libre."
Tony attrape le casque en tentant de réprimer un sourire.
Ses mains serrent les hanches de Loki pendant le trajet à moto, et glissent sur l'intérieur de ses cuisses à un feu rouge.
Ils commencent dans l'ascenseur, Tony le regardant toujours en passant ses mains sous son T-shirt et en retraçant les lignes de la peau lisse dessous. Loki lui tient la nuque pour le garder là, sachant très bien qu'il pourra lui échapper demain.
Ils retirent leurs vestes et n'allument pas la télé, s'arrêtant contre les murs menant à la chambre.
Les voix menaçantes dans la tête de Loki reviennent et s'en vont, chassées par des lèvres sur sa gorge ou un frottement de la peau.
Tony prend son temps, plus que lui ne voudrait, car ses regards et ses mouvements lents crient qu'il attend ça depuis longtemps, et attestent de l'importance de cette nuit-là à ses yeux.
Les sensations et le plaisir ne lui font pas oublier à quel point il va bientôt regretter ce qu'il est en train de faire, mais il ne laisse rien paraître, et laisse échapper des mots contre l'oreille de Tony, qui approfondit son rythme en réponse.
Ils restent un long moment enlacés l'un sur l'autre, laissant les brumes se dissiper doucement et leurs souffles se ralentir. Loki sent très bien l'ambivalence de son corps, à la fois grillagé d'une angoisse maladive et parcouru de picotements d'apaisement. Il ne peut s'empêcher d'apprécier avec force leur étreinte, et de réaliser que le contact humain affectueux lui a manqué cruellement.
Tony finit par glisser à son côté, lui faire un clin d'œil, et fermer les yeux. Loki le regarde un long moment, repoussant l'horreur de la situation au lendemain.
Il apprécie à sa juste valeur le faux sentiment de sécurité apporté par la respiration calme et profonde près de lui, et s'endort plus vite qu'il ne l'a fait depuis longtemps.
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-
Ils arrivent ensemble au bureau le lendemain, et c'est probablement le sourire et la ponctualité de Tony qui les grillent. Clint lève la tête et fronce les sourcils.
« Vous êtes... venus ensemble ?
-Sa voiture est au garage, commence à mentir Loki.
-Oui, tout à fait, un problème de… d'embrayage, m'a dit le mécano, prétend maladroitement Tony. Garagiste, rectifie-t-il en se rendant compte que son mot est ringard.
-Oh, je vois. Vous couchez ensemble. Ce n'est pas trop tôt, affirme Clint en retournant."
Tony s'étrangle, et Loki n'est pas sûr de pouvoir supporter cette conversation. Il n'a besoin d'entendre ni à quel point Tony est décidément un piètre menteur, ni qu'il est attiré par lui depuis longtemps.
"Clint ! Est-ce que je parle comme ça de Laura et toi ?
-Oui, et avec beaucoup moins de tact. Ne compte pas sur moi pour ne pas t'emmerder. Qui la met à qui ?
-Barton ! aboit Loki.
-J'avais prévenu. Mais, sinon, félicitations, hein.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? S'enquiert Natasha en arrivant derrière eux avec son sac à dos.
-Ils...
-Clint, proteste une nouvelle fois Tony. La ferme.
-Je peux te parler de notre affaire, Loki ? lance-t-elle sans sembler s'intéresser à leur conversation. J'ai repensé à quelque chose hier soir."
Elle l'emmène devant la machine à café, et après avoir vérifié qu'ils sont seuls, lance :
"Tu as dit à Tony que Fury t'a mis là pour démasquer les ripoux des autres Brigades ? Il fait des recherches sur la mafia. Tu savais ?
-Non, je ne lui ai pas dit, et oui, je sais. Je lui ai dit d'arrêter.
-Moi aussi, je ne sais pas s'il a nous a écoutés. Tu devrais lui dire pour ton rôle. il se sentirait moins seul.
-Il ne sait pas tenir sa langue, et Fury ne veut pas bouger ses pions sans preuve.
-Tony sait très bien qu'il y a des vendus partout, il aimerait savoir que tu es dans son camp. Puisque tu es déjà dans son lit...
-Tu ne vas t'y mettre aussi…
-Ah, et si tu lui fais du mal, je t'écorche. Il peut être con à certaines heures, mais il est sensible."
Merde. Il n'a décidément pas besoin qu'on lui dise tout ça aujourd'hui.
Si au moins quelqu'un de confiance savait qu'il joue double jeu, et le disait à Tony le moment venu...
"Tu sais, Natasha…."
Il se ravise. Non. Les flics doivent croire dur comme fer qu'il travaille pour la mafia, pour que les ripoux fassent eux aussi remonter l'information à la hiérarchie. Si quelqu'un nourrit le moindre soupçon à son égard, toute la ville le saura. La réussite du plan de Fury va se jouer à un fil, et les enjeux sont trop importants pour qu'il risque tout maintenant.
"Je t'écoute, l'encourage sa collègue.
-Je ne suis pas très doué pour... ça, mais je vais faire de mon mieux. Tu voulais vraiment me parler de l'affaire ?
-Non. Mais tu sens son parfum, donc je me suis dit qu'il était temps de te faire le discours protecteur intimidant.
-D'accord. On peut s'y remettre, alors."
Il se détourne et s'approche de son bureau. Cela fait longtemps qu'il n'a pas senti la main glacée de l'anxiété serrer son cou comme un étau, et qu'il n'a pas eu envie d'exploser pour tout dévoiler.
Il parvient à se taire sans jeter un seul regard à Tony, de peur d'échouer à cacher son état.
Le soir, son coéquipier l'invite à passer la soirée chez lui. Il lutte un long moment, mais la pensée que tout sera bientôt fini l'empêche de dire non.
Avant de s'endormir, il passe un bras sur sa taille pour le rapprocher de lui, et faire taire l'horloge marquant les secondes dans sa tête.
-o-o-o-o-
C'est une fin de matinée, un samedi de tout début mai. Ils ne sont pas de permanence ce week-end là, et ont dormi chez Loki. Tony boit son café trop fort à la table, et lui, fume à la fenêtre en tentant de cacher ses idées noires. Pour la première fois depuis qu'ils dorment ensemble, il a fait un cauchemar, toujours le même. Sans doute que l'attente et l'incertitude commencent à lui peser pour de bon. Le camp adverse ne bouge pas, et Fury se porte moins bien. Ils vont devoir passer à l'action, mais ni l'un ni l'autre n'a envie d'en affronter les conséquences, et donc de décider d'une date.
Il se revoit dans son rêve mettre une balle dans la tête de Tony, et Phil Coulson le punir en lui attachant des livres aux pieds, le regardant se noyer dans l'Hudson. Il sent encore l'air quitter ses poumons et les bulles s'enfuir vers la surface, tandis que lui sombre dans les abysses, arrêtant progressivement de lutter en comprenant qu'il ne remontera jamais.
"Tu n'as pas l'air bien, lui lance Tony en reposant sa tasse. Le manque est revenu ?
Loki secoue la tête, regardant un instant la ville avant de répondre :
"Je repense à notre discussion de la semaine dernière. Tu n'as pas abandonné, pas vrai ?"
Tony porte ses yeux vers la cafetière, et l'infiltré n'a pas besoin d'entendre la suite pour savoir qu'il a raison.
"Si si...
-J'en étais sûr.
-Je suis discret, je t'assure."
Loki lève les yeux au ciel. Comme si c'était suffisant.
Il repense à Vanessa, la journaliste d'Amora, avec sa balle dans la tête et son corps dans l'Hudson, et serre les dents.
"Eh, Loki. Ca va aller.
-Non, Tony, assène-t-il en le foudroyant du regard. Non, ça ne va pas aller. Tu crois peut-être que la journaliste de l'Hudson ne pensait pas être discrète ? Qu'elle ne pensait pas avoir pris ses précautions ?
-Elle ne se rendait pas compte du danger. Quand je l'ai rencontrée, je lui ai dit de quitter l'Etat, mais elle ne m'a pas écouté."
Loki écarquille les yeux. Ça, il ne l'a pas vu venir. Tony connaissait personnellement Vanessa ? Que lui a-t-elle révélé d'autre ? Elle a cotoyé Amora pendant plusieurs mois, peut-être a-t-elle entendu l'une de leurs conversations téléphoniques. Il croyait que son coéquipier avait simplement trouvé cela dans l'ordinateur, qu'il n'a pas pris la peine de courir chercher chez la journaliste avant la perquisition. C'est la catastrophe.
"Est-ce que quelqu'un t'a vu avec elle ? murmure-t-il d'une voix blanche.
-Non, nous étions seul.
-Tu es complètement inconscient, tu pourrais avoir une cible sur ta tête en ce moment-même !
-Cela fait un mois, je ne crois pas qu'ils sachent. Ecoute, je t'ai dit que j'arrêtais pour te rassurer, mais je ne peux pas. C'est notre métier, Loki !
-Notre métier est d'enquêter sur les gens morts, pas de refiler du travail aux collègues en nous faisant descendre !
-J'enquête sur Andrès, sur Vanessa, sur les Cardenas, sur Phil Coulson, sur des dizaines, voire des centaines de gens ! Je croyais que tu avais plus de couilles que ça !
-Va te faire foutre ! Je ne veux pas être témoin de ton meurtre !
-Arrête de fuir ! On dirait que c'est tout ce que tu sais faire !"
Loki serre le poing, pour le desserrer la seconde d'après.
"Sors de chez moi.
-C'est vrai, quoi, merde. J'ai l'impression que tout te fait peur.
-Parce que tu risques ta vie, Tony ! insiste-il. Cette femme a été tuée, ça ne te suffit pas ? Tu veux la rejoindre ?
-Si ça peut exposer ces enfoirés, ça en vaut la peine !
-Que tu n'en aies rien à foutre de ta vie ne veut pas dire que c'est le cas de tout le monde. Je t'ai donné une condition, une. Si tu n'es pas capable de la respecter, ne remets plus les pieds chez moi."
Tony serre les dents.
"Tu me demandes de choisir, c'est ça ? Mes valeurs, ou toi ?
-Oui, je te l'ai demandé, et je voulais que tu choisisses de rester en vie.
-Alors, désolé, mais si j'ai une chance d'élucider ces meurtres, je refuse de fermer les yeux."
Tony se lève en laissant sa tasse et se dirige vers le couloir. Loki le voit s'éloigner, et sent l'inquiétude ramper dans sa poitrine. Il ne peut pas le laisser partir, encore moins le laisser rentrer chez lui seul. Il y a probablement un tueur à gages campé devant sa porte, parce que toute la mafia a son adresse, grâce à son stupide fichier excel qu'il a lui-même écrit. Le mafieux soupire et écrase sa cigarette. Il suit Tony, et le rattrape doucement par le bras alors qu'il met sa veste.
"Reste, marmonne-t-il avec amertume. Je préfère encore que te savoir ici.
-Je croyais que je ne devais plus remettre les pieds chez toi, fait-il en récupérant ses clefs sur le buffet de l'entrée.
-Deux flics valent mieux qu'un. Reste, insiste-t-il en passant ses mains sur ses épaules pour lui retirer sa veste.
-Je n'arrêterai pas, Loki.
-Je sais, j'ai entendu. Tant pis. Si je ne peux pas t'en empêcher, laisse-moi au moins surveiller tes arrières quelques jours."
Loki s'efforce de contrôler ses émotions. Il a envie de l'agripper, de le secouer par les épaules, de casser quelque chose.
Si Tony n'a pas arrêté ses recherches, et connaissait Vanessa...
Un seul faux pas de sa part, et on donnera un ultimatum à Loki. La Brigade Criminelle est sous sa responsabilité, ce sera à lui d'éliminer Tony si sa première méthode a échoué.
Fury et lui doivent agir rapidement. Sinon, demain soir, il sera obligé de faire comme Amora.
Dans ce cas, c'est probablement leurs dernières heures ensemble.
La réalisation le fait pousser Tony contre sa porte d'entrée pour le piéger là, le pressant contre la porte avec un genou entre les siens. Il n'amorce rien d'autre, se contentant de regarder son coéquipier. Les yeux de Tony oscillent des siens à sa bouche, ses lèvres s'étirant en un sourire avant de glisser une main sur la nuque de Loki.
"C'est mon héroïsme qui te fait cet effet-là ?
-Ferme-la.
-A tes ordres, le bleu."
Loki piège ses poignets contre la porte et l'embrasse presque douloureusement. Le souvenir de sa nuit avec Amora lui revient, et il le lâche immédiatement. Alors qu'il veut s'éloigner, Tony le retient, soufflant :
« Vas-y, ne t'inquiète pas.
-Je ne suis pas sûr de vouloir, finalement.
-Tant pis, alors."
Tony libère ses poignets pour glisser ses deux mains sur sa nuque et l'embrasser lentement. La douceur est presque pire, à vrai dire, elle lui fait l'effet d'une balle dans le cœur.
Fury et lui doivent réussir. Sinon, Loki sera incapable d'éliminer ce flic-là.
Merde, comment a-t-il pu déconner à ce point et en arriver à ça.
Quelle a été l'erreur ? Quand il l'a laissé rester pour son sevrage ? Quand il l'a emmené à moto, et a senti sa chaleur dans son dos ? Quand il a cédé à sa demande, et commencé à le tutoyer ? La nuit sur la plage ? Quand il a vu le corps de Vanessa sortir du fleuve, et été pétrifié que ce soit un jour un flic à barbiche ? Ou était-ce juste un regard, un sourire de trop, des mois auparavant, alors qu'il avait baissé sa garde quelques instants ?
Putain de merde.
Il va être intolérable de voir la trahison et l'envie de meurtre dans les yeux de Tony, et c'est pourtant ce qui va lui arriver.
Il sera déjà chanceux s'il peut le maintenir en vie, ou si ce n'est pas lui qui sera obligé de le tuer.
Son coéquipier se détache et lève les yeux vers lui, fouillant dans son regard. Loki le laisse faire, incapable de prendre une nouvelle décision.
« Tu t'inquiètes encore, remarque-t-il. Fais-moi confiance, on va s'en sortir. On va les faire tomber. On est la putain de brigade criminelle de New York.
-"Putain", c'est du slut shaming, ne trouve qu'à répondre Loki.
-Ca faisait longtemps, ça."
Il l'embrasse de nouveau, et Loki resserre son étreinte, passant ses mains sous sa chemise.
Il a fait une erreur, une erreur énorme, en les laissant s'attacher.
Il va devoir payer pour ça, et ce sera hors de prix.
Les doigts de Tony passent entre ses cheveux, et il le garde contre lui comme si c'était la dernière fois.
Il a presque envie d'envoyer tout le monde se faire voir, et de proposer à Tony deux billets aller-simple pour les Bahamas. Ils ne seraient pas si mal, tous les deux, sur une plage ensoleillée, sans cadavres ni mafia.
Dans sa poche, son téléphone s'allume. Un numéro masqué envoie un simple "Walmart, 22h, ce soir."
Il s'agissait bien de la dernière fois.
-o-o-o-o-
Deep down we both knew you were trouble by design (...)
I can hear the sound of the sirens circling around (…)
Now I'm under your spell
Trapped in the lie
Shouldn't have stood that close to the fire
No turning back
No where to run
No where to hide
It's too late to say goodbye
Cage the Elephant - "Too late to say goodbye"
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-
Kaboom ! J'espère que le chapitre vous a plu et que que vous vous portez bien, on se retrouve au prochain chapitre pour la catastrophe !
