Je ne sais pas s'il y a encore beaucoup de monde à lire cette histoire, mais merci à ceux qui sont là !
The Fugees - "Killin' me softly"
Leonard Cohen - "Everybody Knows"
Rar : Ilona
Merci beaucoup pour ta review ! Je ne garantis rien pour les Bahamas, je te laisserai découvrir. Bonne lecture !
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Il y a une ombre dans le vent
Je crois qu'une tragédie m'attend
L'étrange Noël de Monsieur Jack - "La Complainte de Sally"
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Ce samedi-là, la tension s'apaise doucement, et Tony propose une douche commune. Il tente de ne rien montrer pour ne pas effrayer Loki comme le premier soir, mais il sait bien que ce qu'il y a entre eux est différent de ce qu'il a connu. Habituellement, il n'a jamais le temps de connaître correctement quelqu'un et qu'on le connaisse en retour, il finit toujours par se lasser ou par couper les ponts avant que ça n'arrive. Mais Loki... Loki le connaît, presque trop bien. Ce n'est sans doute que l'habitude de travailler à deux, et de devoir prendre des décisions urgentes d'un regard, mais il ne peut s'empêcher de se sentir instinctivement compris, et de rien pouvoir cacher de ce qu'il veut ou ressent.
Ce qu'il ressent étant le meilleur sexe de sa vie, ainsi que beaucoup trop de d'affection prématurée, et il est hors de question de divulguer ces informations.
Il est affalé dans le canapé en songeant que les douches sont des choses formidables et qu'il mangerait bien des hamburgers ce soir, quand Loki arrive avec un sac à dos sur les épaules en annonçant qu'il va faire des courses.
"Ah, s'étonne-t-il en se tordant le cou pour le regarder, tu ne voulais pas commander ?
-Contrairement à toi, je me nourris d'autres choses que de pizzas et de burgers durant la semaine, et il n'y a plus rien dans le frigo.
-Tu veux que je vienne avec toi ?
-Non, c'est juste pour moi, reste là. Tu veux quelque chose ?
-Non, juste des burgers ce soir.
-Oui, je sais, dit simplement Loki en prenant son casque de moto.
-Avant de pouvoir partir, tu dois venir faire signer une autorisation de sortie de garde à vue."
Il croyait que Loki allait lever les yeux au ciel en le voyant quémander de l'attention, mais il s'approche en le regardant, et se penche au-dessus de lui pour l'embrasser. Cela dure quelques secondes de plus que ce que Tony avait prévu, mais hey, aucune raison de se plaindre ici. Loki finit par se détacher, et murmure :
"Il va y avoir du monde sur la route, ne m'attends pas pour commander."
Tony le regarde partir, mais son coéquipier ne se retourne pas, et ferme la porte derrière lui. Il fronce les sourcils. Ils se sont séparés bizarrement, et il n'a jamais vu Loki aussi inquiet que ce matin. Son coéquipier est certes du genre nerveux, sans doute aussi à cause de son passif de drogue, mais il est habituellement très doué pour cacher ses émotions et rester de marbre.
Peut-être a-t-il raison. Peut-être que les risques que Tony prend sont inconsidérés et ne feront avancer personne. Peut-être risque-t-il de gâcher quelque chose de très important à ses yeux pour un syndrome de super-héros mal placé.
Il devrait passer un coup de chiffon dans sa voiture, au cas où. Si l'anti-gang découvre un jour que Vanessa et lui se sont rencontrés, il pourrait se faire accuser de son meurtre.
En prenant le double des clefs de l'appartement de Loki pour pouvoir fermer derrière lui, il descend au garage avec du produit et un chiffon. Quel gâchis. Ils ont tué une jeune femme talentueuse pour pouvoir continuer d'amasser de l'argent sale, et semer plus de gens malheureux derrière eux.
Alors qu'il frotte mécaniquement en pensant à ce soir-là, ses yeux se posent sur la boîte à gants. Vanessa était intelligente, elle n'aurait pas pris le risque de voir ses preuves disparaître avec elle. Elle les aurait laissées à quelqu'un, en leur disant de ne pas les lire pour ne pas le mettre en danger.
Mais Tony n'aurait pu résister à la tentation de les divulguer.
Il fixe la cachette un instant, comme s'il voulait la passer aux rayons X. Il hésite à vérifier, voulant conserver encore un peu l'espoir que ce qu'il cherche désespérément se trouve à l'intérieur.
Il finit par tendre la main, murmurer une petite prière au dieu des enquêteurs, et ouvrir sa boîte à gants. Un smartphone l'y attend sagement depuis un mois.
Un immense sourire se dessine sur son visage. Enfin. Quel idiot il a été de ne pas avoir regardé là.
En remerciant silencieusement son indic, il l'allume. Il essaye quatre zéros pour le code pin, et le téléphone se déverrouille docilement. Sur l'écran d'accueil, il y a une note, avec un message vocal et des photos en pièce jointe. Fébrile, il lance le fichier.
"Bonsoir, lieutenant Stark. Nous venons de nous quitter, et je vais aller faire un tour au local de Walmart pour faire du repérage. Au cas où il m'arriverait quelque chose dans les prochains jours, je vais vous dire pêle-mêle tout ce que j'ai récolté au fil des mois, ainsi que vous laisser mes quelques preuves, en espérant que vous pourrez reconstituer le puzzle en ajoutant vos propres pièces. Ce n'est pas grand-chose, mais j'espère que ça vous aidera.
Andrès a été tué par Amora, la cheffe de la mafia irlandaise. Ça, j'en suis sûre. Mais pour quelle raison, je ne sais pas. Elle est trop intelligente pour avoir déconné à ce point sans une bonne raison, et je ne crois pas à la théorie de la drogue lui faisant perdre le contrôle. Il reste à découvrir le vrai mobile de sa mort.
Il y a des livraisons sur les docks à destination du temple bouddhiste de New York, je soupçonne que quelques moines travaillent pour le Mandarin, un chinois trafiquant d'héroïne, d'art et de contrefaçons. Ils doivent peut-être collaborer avec des maisons d'enchères. Un moine aurait refusé de se soumettre et se serait fait tuer, le véritable mobile du meurtre aurait été couvert par un ripou. Je n'ai pas de preuve matérielle à ce que j'avance.
J'ai pu écouter une des conversations d'Amora, en février, dans un bar. Elle téléphonait à un ripou de la police, et l'appelait "poussière-dans-l'œil". Il y avait une histoire de PV que je n'ai pas comprise.
C'est tout ce que j'ai. Bonne chance, et faites attention à vous. Merci de m'avoir écoutée."
Tony ne se laisse pas atteindre par les dernières paroles de la journaliste, perturbé par un détail.
"Poussière-dans-l'œil"
Il connait ce surnom. Mais d'où ?
Il fouille un instant dans ses souvenirs, mais ne trouve rien, et se rabat sur le reste pour l'instant.
Le temple...
Le temple était leur affaire, pas celle de l'anti-gang, ou des Fraudes. S'il y a un ripou, il est dans leur brigade. Mais c'est impossible, ils se connaissent tous depuis si longtemps, il donnerait sa vie pour chacun d'entre eux, et inversement. Cela fait des années qu'ils travaillent ensemble, sauf bien sûr...
"Tu as pris une longue pause déjeuner."
"Une heure trente est un temps normal pour une pause déjeuner."
Quoi ?
Ils y sont allés tout de suite après, et le moine a avoué facilement sa dispute avec la victime. L'origine de la fausse statuette en ivoire vendue aux enchères est restée mystérieuse.
Loki aurait couvert...
Ce doit être une coïncidence, se stoppe-t-il.
Les coïncidences n'existent pas.
Non, il doit y avoir une autre explication.
"Il y a un truc pas net avec ce gars-là, et tu sembles l'oublier. Pourtant, tu es le premier à avoir dit qu'il était louche, et qu'il ne devrait pas être ici."
Putain.
"Je m'appelle Loki. Et vous avez mon dossier dans les mains.
-C'est un faux dossier, on le sait tous les deux."
Il y a eu toutes ces fois où il a sorti des informations de nulle part...
"J'ai appelé mon frère, leur indic a vu Cardenas mardi soir, en train de superviser l'emballage de sachets d'héro.
-Je croyais que tu n'avais plus de contact avec ton frère ?"
Il n'en avait plus. Il avait menti. Mais comment connaissait-il l'emploi du temps d'un mafioso, alors ?
"Il a des squelettes dans son placard." a un jour affirmé Natasha.
Il l'a crue un instant, et pour en avoir le cœur net, a posé la question à l'intéressé.
"Nat" te soupçonne d'être un ripou, ou pire. Elle a raison ?"
Loki a éludé la question, ce jour-là.
"Poussière-dans-l'œil"... Où est-ce qu'il a déjà entendu ça ?
Son sang le glace tandis que le souvenir remonte à la surface de sa mémoire.
La nuit sur la plage.
"Un jour, en Irak, j'ai dû tuer un indépendantiste. J'étais le dernier arrivé, ils m'ont chargé de le faire."
"Juste avant que je ne lui mette une balle dans la tête, il m'a regardé."
"J'ai été bouleversé, et j'en ai pleuré."
"Ils m'ont charrié avec ça jusqu'à la fin en m'appelant "poussière-dans-l'œil".
Non...
Non, merde !
Tuer un indépendantiste en Irak, son cul.
Loki aurait tué quelqu'un pour le compte de la mafia ?
Loki... travaillerait pour la mafia ?
Normal qu'il soit inquiet pour Tony, il sait pertinemment ce qui arrive à ceux qui fouinent trop, s'il s'en est occupé personnellement.
Non...
Assommé, il laisse sa tête trop lourde reposer sur le dossier, fixant le plafond de la voiture en grinçant des dents.
Il continue de se répéter que cela pourrait être de simples coïncidences. Beaucoup, de simples coïncidences. Mais la règle trente-neuf continue de résonner dans sa tête, et plus il y pense, moins il y croit.
Il doit se comporter de façon professionnelle. Laisser ses sentiments de côté. Mettre sous clef les derniers mois et dernières nuits, pour pouvoir penser clairement.
Il réécoute le message, et les soupçons continuent de s'empiler comme les marches d'un échafaud. Février coïncide avec la période de punition aux parcmètres de Loki, ils doivent être les PVs dont parle Vanessa. Il n'y a pas d'autre explication que Tony pourrait formuler sans une terrible mauvaise foi.
Ce n'est pas possible, et pourtant, il sait. Il sait qu'il se voile la face depuis trop longtemps déjà. Ce n'est pas possible, parce que c'est horrible à en vomir, à quel point il a baissé sa garde, à quel point il s'est fait entuber. A quel point Loki l'a berné comme un bleu.
Il était méfiant, pourtant, au début.
Pas comme ça, pas deux fois, putain.
Loki est la taupe de la mafia. Ce n'est pas possible et pourtant, tout s'emboîte. Les soupçons de Natasha, le faux dossier, tous les mystères, son frère à l'antigang, les messes basses avec le commissaire…
"Je sais que vous avez magouillé pour embaucher ce gamin, avait affirmé Tony. Je peux savoir pourquoi ?
-Il peut nous apporter beaucoup."
Le commissaire sait.
"J'espère juste que Fury sait ce qu'il fait, je ne veux pas qu'il finisse comme Coulson", avait ajouté Natasha.
Le commissaire est en danger de mort.
Tony tourne sa clef de voiture, et démarre en trombe.
Pourvu qu'il n'arrive pas trop tard.
Il installe son gyrophare sur le toit, et tout en appuyant sur l'accélérateur, il prend son communicateur et l'enclenche :
"A toutes les unités, lieutenant Stark de la brigade criminelle, matricule 6942. 10-01 et 10-24 aux stockages de Walmart, 67ème avenue, 10-108 en la personne du commissaire Fury.
-Lieutenant Stark, 10-60, on arrive.
-On arrive, Tony. 10-0, répond la voix de Natasha."
10-0. Faites preuve de prudence.
« Désolé Natasha, marmonne-t-il en passant une vitesse, mais ce n'est pas mon style. »
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Loki attend sur les quais. Le soir tombe, et les lumières de la ville commencent à s'allumer.
Fury gare sa voiture à quelques pas, et sort pour s'approcher de lui. Une fois à ses côtés, il reste debout sans un mot en contemplant lui aussi le fleuve et les lumières de la ville. Loki le laisse faire avec l'impression d'avoir la gorge serrée.
C'est le dernier soir de l'homme qui se tient près de lui, et il ne trouve rien à lui dire.
Il est nerveux, et voudrait vérifier que son Glock est chargé, mais ce serait cruel de le faire devant Fury.
Un bateau passe, et l'eau grise de l'Hudson clapote devant eux. Le bleu nuit marche doucement sur les couleurs pastel du soleil couchant, et il lui semble que Fury dessine du regard le contour de chaque gratte-ciel.
Au bout d'un long moment où Loki se dit qu'il commence à avoir froid, Fury soupire, et murmure :
"Si possible… ne faites pas durer ça trop longtemps.
-Entendu, croasse-t-il avant de se racler la gorge. Ça va ? demande-t-il en se sentant maladroit.
-Ça va. J'ai mis mes affaires en ordre. Dit ce que j'avais à dire, fait ce que j'avais à faire. Avoué aux gens que je les aime, donné mon chat, les conneries du genre.
-Qu'est-ce que c'était, comme chat ? s'enquiert Loki sans savoir pourquoi il demande ça.
-Un chat roux. Une teigne, pas très intelligent. Mais il a compris, je crois. J'espère, je ne veux pas qu'il miaule devant la porte. Ma sœur a des voisins pénibles."
Fury jette un dernier regard vers la ville, et lance :
"On y va ?"
Loki hoche la tête, et se dirige vers sa moto. Une fois dessus, il vérifie que son Glock est chargé, puis démarre. La voiture de Fury part par une autre route pour ne pas qu'ils arrivent ensemble.
Il la regarde s'éloigner en songeant que lui aussi aurait dû dire et faire des choses avant ce soir.
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Tony coupe son moteur et laisse sa voiture descendre la légère pente qui mène aux quais sans faire de bruit. Il en sort et fait quelques pas, serrant les dents en voyant la voiture garée devant l'entrepôt. C'est bien celle de Fury, son mauvais pressentiment avait raison. Il doit vite entrer là-dedans et le sortir de là. En cherchant une fenêtre ou une entrée annexe, ses yeux se posent sur une moto qu'il connait bien, mise à l'écart près d'un buisson. Il serre les dents. S'il cherchait une preuve pour faire taire ses derniers espoirs que Loki soit innocent, il l'a trouvée.
Une nouvelle fois, il cloisonne ses émotions et ne se laisse habiter que par un sentiment d'urgence.
Il n'a pas d'arme, il n'a rien. Son Glock l'attend stupidement dans le tiroir de son bureau. Il a été un idiot de décider de le laisser au boulot : tout cela parce qu'une fois, il y a quelques mois, il l'a regardé trop longtemps après quelques verres, et a eu la frousse au réveil. Tout ce qu'il a dans sa voiture, c'est un gyrophare et un mégaphone, qu'il a réussi à récupérer au bout de quelques années à la Crim', au cas où il en aurait besoin en dehors de son service. Pour être honnête, c'était pour frimer, mais il est heureux de les avoir ce soir. Si seulement il avait fait pareil avec son flingue.
Il pourrait essayer de s'infiltrer pour au moins connaître la situation, mais il est à son désavantage, ici. Ils doivent connaître l'endroit par cœur, ainsi que tous les coins sombres où l'attendre et lui coller une balle.
Tant pis, il doit essayer, pour tenter de sauver son boss. S'ils le repèrent, ils vont s'enfuir aussi sec, et il ne les retrouvera plus. S'il se débrouille bien, il peut faire les deux, et trois, s'en sortir vivant.
Enfin, peut-être pas tout. Il aura sans doute à faire un choix.
Il va s'élancer quand un coup de feu fend le soir, et le fait sursauter.
Dans l'entrepôt, Loki baisse son arme en regardant Fury s'affaisser comme une poupée de chiffons. Il espère que personne ne regarde ses yeux, ni sa main qu'il sent trembler. Ont-ils fait une terrible erreur ? Thanos n'est pas venu. Ils n'ont gagné aucune preuve de sa culpabilité ce soir : ils n'ont fait que le rassurer en faisant disparaître sa plus grande menace. Même en ayant leur plan en tête, Loki ne peut s'empêcher de penser la même chose. Fury était leur plus grand atout, et sans lui, il est peu probable qu'ils gagnent cette partie.
Dehors, Tony sait qu'il n'a plus le temps. Un tic-tac oppressant s'accélère dans sa tête, le commissaire n'en a plus pour longtemps s'il n'arrive pas à ouvrir le passage aux ambulanciers. Tant pis pour ces raclures, il les attrapera tôt ou tard. Il retourne en courant à sa voiture, allume le gyrophare, et décroche le mégaphone de la grille de ventilation.
"Une bonne chose de faite, poussière-dans-l 'œil, commente Viktor.
-Il ne fera plus traîner son sale œil partout, commente Loki en essuyant ses empreintes dans sa veste."
Ils entendent tout à coup un gyrophare, et une voix d'homme leur crie :
"Le bâtiment est cerné ! Rendez-vous !"
Loki la reconnait, et une terreur froide parcoure ses veines.
Tony n'est pas censé être là.
Si Loki ne fait rien, il va mourir.
Il doit prendre une décision rapidement. Comme l'imbécile qu'il est, à cause de son stupide complexe de super-héros, Tony va foncer dans le tas dans peu de temps, même sans arme. Il a moins d'une minute pour éloigner la tête de la mafia de cet entrepôt.
"Les flics sont là, Fury avait du renfort, chuchote-t-il. Allons-nous en."
"Tu es sûr qu'il n'est pas seul ? proteste Viktor. On n'a entendu aucune voiture.
-On ne l'a pas entendu non plus, ils devaient être en planque avant qu'on n'arrive. L'endroit a été vidé, de toute façon, depuis la journaliste ?
-Oui, fait Amora en grinçant les dents.
-Alors il n'y a pas de risque, partons."
Le bras droit du patron fait un léger signe de désintérêt avant de se diriger vers la porte de derrière, et les autres le suivent. Un bateau de la Douane les attend au bord du fleuve.
Loki fait mine de surveiller leurs arrières pour poser un dernier regard sur le commissaire. Il articule un "désolé" silencieux, et suit rapidement les autres.
Tony ne tient plus. Il a attendu trente secondes, s'il était eux, il aurait déjà déguerpi. Il se met à courir vers l'entrepôt en faisant le moins de bruit possible, et ouvre la porte de métal avant de se plaquer contre le mur extérieur. Personne ne lui tire dessus, et après un rapide coup d'œil à l'intérieur, entre précipitamment. L'endroit est vide et démesuré, le corps au sol n'en paraît que plus petit.
"Patron ! chuchote-t-il en se précipitant vers le centre.
Il se rappelle tout en courant qu'il faut chanter Stayin' Alive pour avoir le bon rythme d'un massage cardiaque, et qu'il n'aurait jamais voulu embrasser Fury, mais pousse un hurlement de rage en arrivant près de lui.
C'est la putain de mafia. La putain de mafia ne tire pas dans le ventre pour que les gentils se vident lentement de leur sang. Cela laisserait le temps aux autres gentils de venir les sauver, et ce n'est pas un putain de blockbuster américain.
La mafia met une balle en plein milieu du front.
La guerre est terminée.
Les méchants ont gagné.
Ils ont tué Fury.
"Non, non, patron, balbutie Tony en tombant à genoux. Non..."
Il n'en a pas vu depuis longtemps, et a oublié le choc que provoque le rouge brillant et flashy du sang frais. Il ne va pas redormir avant très longtemps.
Les autres débarquent en tenue complète et gilets par balle, et le trouvent dans la même position, en train de s'excuser, de crier et de regretter. Natasha le repousse délicatement pour examiner leur patron, et un Steve bouleversé l'éloigne en lui demandant ce qu'il s'est passé.
Tony lâche un long soupir. Ses muscles le lâchent, et il pose ses mains au sol pour s'asseoir, ramenant ses jambes près de lui. Steve pose un genou à terre pour être à son niveau et poser une main sur son épaule.
"Je..., murmure Tony."
Il prend une rapide inspiration, tentant de chasser la crise qui ne cesse de monter. Il tente plusieurs fois de cracher le morceau, mais les mots refusent de quitter sa bouche.
"Tony, insiste Steve. Un policier expérimenté est mort dans un entrepôt. Tu peux m'expliquer ?"
Il s'y reprend à plusieurs reprises avant de finalement avouer :
"Loki... est une taupe. Il est avec eux. Il a attiré Fury dans un piège.
-Avec eux ? Qui ça ?
-Le crime organisé de New York. Ceux qui ont tué Coulson, Andrès, Vanessa, les Cardenas. Il bosse pour eux."
Il frappe de nouveau son poing au sol, et crie :
"Il bosse pour eux !
-Calme-toi, Tony, respire.
-C'est de ma faute, Steve ! J'enquêtais sur eux, depuis le début, bordel ! Et il y a dix jours, je lui ai tout dit, tout ce que j'avais trouvé. Tout est de ma faute !
-Calme-toi, s'il te plaît. Regarde-moi."
Tony tente de lever les yeux pour croiser le regard bleu de son ami, mais détourne la tête aussitôt. C'est trop dur. Il a dû leur faire peur, et ils ont commencé à éliminer les éléments gênants. Peu importe si Loki l'a fait ou non, il aurait tout aussi bien pu appuyer sur la détente lui-même. Ses yeux se rouvrent pour regarder le corps inanimé de leur patron, et se ferment presque aussitôt. Il entoure ses propres épaules dans un réflexe de réconfort, et Steve pose sa main sur sa nuque pour la maintenir droite.
"Ce n'est pas de ta faute. Allez, viens. Tu as besoin de ces stupides couvertures de survie. Tu es un imbécile d'avoir foncé comme ça, tu n'es pas blessé ?"
Tony secoue la tête. Si au moins il était blessé. Il se sentirait peut-être moins coupable. Mais il n'a rien, et son boss est mort à cause de lui.
Une toile d'aluminium sur les épaules, il reste un long moment assis dans une voiture de police, se demandant pourquoi il n'a pas vu que le monde s'écroulait.
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J'espère que vous avez bien hurlé devant votre écran, pardon, que le chapitre vous a plu, et je vous dis à bientôt. Merci encore à ceux qui laissent un mot !
