Bon courage si vous faites le Nano, ou pour le mois de novembre, tout simplement, il fait froid et noir.

Rar : Ilona

Merci infiniment pour ta review. Si Tony n'était pas affecté, ce ne serait pas drôle, on est là pour le drama, non ? Bon courage pour la rentrée, plein de bisous !

Duncan Laurence - "Arcade"

Nina Simone – "Ne me Quitte pas"

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Clint et Steve retournent à l'entrepôt récupérer des prélèvements de sang, et faire une reconstitution des évènements grâce à la vidéo. Tony ne veut pas revivre ça, alors il reste ici, utilisant ses ressources légales pour refaire les mêmes recherches. Amora est enregistrée comme criminelle notoire, mais ça ne lui dit pas où la trouver. Natasha travaille au bureau d'à côté en silence, regardant la vidéo en boucle pour lire sur leurs lèvres, notant des bouts de phrases et des mots probables qu'ils auraient pu prononcer. Mais elle n'a pas d'images de Fury, et cette moitié de conversation qui lui manque lui fait défaut.

La perquisition chez Loki n'a pas lieu, et Tony les soupçonne de ralentir volontairement la demande au juge d'instruction pour le ménager. Ils continuent de le traiter comme un missile n'ayant pas explosé, et même s'il sait qu'il est injuste envers eux, il ne peut s'empêcher de s'en sentir blessé.

A un moment donné, ses yeux se ferment seul et il a un léger vertige. Quand les nausées arrivent, il comprend qu'il n'a plus d'autre choix que d'aller dormir, ou il va vraiment se faire du mal. Il repousse toutes les propositions de l'héberger, et quitte leur immeuble en parlant le moins possible. Il marche vers sa voiture en laissant la tornade de pensées prendre le contrôle de sa tête. Ce n'est pas qu'il n'a plus peur de mourir : il en a toujours la gorge serrée, et a un frisson dès qu'il voit un homme aux cheveux noirs. C'est qu'il ne supporte pas la présence des autres. Ils ne peuvent pas comprendre la merde noire qu'il ressent. Natasha a raison : il est beaucoup trop impliqué émotionnellement, d'une façon qu'ils ne pourraient jamais l'être, c'est précisément pour cela qu'ils ne peuvent pas l'aider.

Ces neuf derniers mois, depuis le jour où Loki a débarqué dans leurs bureaux comme un jeune bleu assuré aux yeux verts, ils ont été constamment ensemble. A force de se sourire, de s'engueuler, et de résoudre des affaires ensemble, Tony a peu à peu mis sa confiance et son cœur dans la balance. Qu'est-ce qui était vrai dans ce que Loki lui a confié ? Sa mère est-elle morte d'un cancer ? Est-il réellement le fils biologique de criminels ? Son livre préféré est-il du théâtre français du 19ème siècle ? A-t-il vraiment été soldat ?

Était-il vraiment attiré par Tony, ou est-ce qu'il n'a fait semblant que pour avoir sa totale et complète confiance ?

Une vague de nausée le reprend, et il s'arrête à un feu orange pour pouvoir respirer. Quelqu'un de pressé klaxonne derrière lui, mais il ne l'entend plus. Ces nuits qu'ils ont passé ensemble, ces regards d'abandon et de désir qu'il a cru voir, tout cela, ce n'était que du cinéma... ?

Il agrippe ses épaules de ses doigts et se penche en avant, son front touchant presque son volant. C'est trop dur. Il ne va pas y arriver.

Les klaxons insistants finissent par le ramener à la réalité, et il met le pied au plancher pour rentrer chez lui. Il passe prendre une bouteille de whisky, et en a vidé le tiers avant d'arriver à son appartement.

Epuisé, il s'allonge tout habillé sur son lit, tentant d'ignorer les souvenirs qui reviennent à la charge. Le second soir, il l'a invité chez lui, et Loki a accepté. Tony adorait ses longs doigts et la façon qu'ils avaient de le maintenir là, comme s'il pouvait s'en aller. Comme s'il avait été capable de s'en aller dans ces moments-là, grommelle-t-il en se redressant au bord du lit pour reprendre une gorgée. Alors qu'il baisse la tête, Loki s'agenouille entre ses jambes, lui retire la bouteille des mains pour la poser par terre, et se redresse pour l'embrasser profondément.

Il se lève d'un bond. L'alcool n'est pas une bonne idée. Il va prendre une douche pour chasser tout cela, et prendre un somnifère.

La dernière fois qu'ils l'ont fait était sous la douche, et il s'efforce de ne pas y penser, de ne pas fermer les yeux, de ne pas souhaiter que soudain, quelqu'un dans son dos l'enlace, et glisse son nez dans ses cheveux. A l'époque, il n'avait aucune raison de ne pas laisser Loki ramper sous sa peau, et il s'en mord les doigts aujourd'hui. Il doit penser à autre chose, il doit penser au boulot, à l'affaire. Mais sans penser à Fury, ni penser à ce soir-là sur les docks, où il a engueulé une journaliste qui allait bientôt mourir.

"Ce n'est jamais assez, Vanessa. Jamais. On croit qu'on compte pour eux, et en fait, ça ne leur pose jamais aucun problème de presser la détente. Ce ne sont pas des gens comme vous et moi. Ce sont des requins, des bouchers, des monstres."

Quel idiot. Il a été l'hôpital qui se fout de la charité, de lui dire ça.

Il a ramené le monstre sous et dans son lit, et s'est senti putain de chanceux de l'avoir fait.

Il n'a donc rien appris depuis Obadiah.

Oh, mais Obadiah ne lui a jamais donné l'impression de le comprendre sans paroles. Obadiah n'a jamais passé une nuit sur la plage avec lui, à l'écouter raconter son passé pendant des heures. Obadiah n'a sûrement jamais pleuré devant Sur la Route de Madison.

Durant leur première soirée, comme il connaissait le film par cœur et qu'il était très long, Tony s'était laissé somnoler. C'est le son de la pluie battante pendant la scène sur le carrefour qui l'avait réveillé, et il avait entrouvert les yeux pour voir la réaction de son bleu. Il avait vu une larme dévaler sa joue, et avait aussitôt feint le sommeil pour ne pas le mettre mal à l'aise. Quand il lui a demandé plus tard si l'histoire l'a ému, Loki avait menti, et il s'était alors dit qu'il avait eu raison de faire semblant de dormir.

Quel requin, quel boucher, quel monstre, pleure devant un film d'amour ? Comment Tony aurait-il pu savoir ? Comment aurait-il pu ne pas s'attacher ?

Il soupire, et augmente la température de l'eau pour se réconforter.

Il parvient à quitter sa douche, à se sécher sommairement et à vaciller jusqu'à son lit. Alors qu'il sombre doucement, Vanessa lui dit qu'en effet, il ne pouvait pas savoir, et Fury lui assure que sa mort n'est pas de sa faute. Il accepte le faux réconfort apporté par l'alcool, et laisse la nuit et les regrets gagner cette partie.

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Il n'émerge que vers onze heures du matin en ayant la nette impression qu'un bulldozer physique et émotionnel lui a roulé dessus jusqu'à ce qu'il se réveille. Il trouve désespérant de se dire que Steve ne va pas l'engueuler pour son retard, comme à son habitude, mais lui resservir le même regard indulgent qui ne l'a pas quitté la veille. Il trouve désespérant de se dire que plus rien ne sera jamais pareil.

C'est effectivement le cas lorsqu'il arrive à son bureau, et il s'efforce de ne pas penser à tout ce que la trahison de Loki implique, et tout ce qu'elle va le forcer à enterrer, en plus de ce qu'il avait cru sentir entre eux.

Il n'est pas arrivé depuis dix minutes, et hésite encore entre un whisky, un café, ou les deux, quand Bruce sort de l'ascenseur, l'air proprement bouleversé. Sa blouse blanche dénote entre les ordinateurs et leurs dossiers, et les plonge immédiatement dans une grande inquiétude.

"J'ai quelque chose à vous dire. Les autres sont là ?"

Steve appelle rapidement Natasha et Clint, qui les rejoignent en compagnie de Darcy. Bruce prend une grande inspiration, et commence en semblant cherchant ses mots :

"Hier, pendant l'autopsie, j'ai trouvé une grosseur étrange. Je ne suis pas équipé pour ce genre d'analyses, alors j'ai envoyé ça au service d'oncologie du Bellevue Hospital, mais on était dimanche, le labo était fermé. J'ai mis l'échantillon sur la liste d'urgence, et ils viennent de m'envoyer les résultats."

Il attend un instant, posant ses yeux sur leurs visages, comme hésitant à leur dire. Mais il doit voir que Natasha va lui sauter au visage s'il ne finit pas sa phrase, alors il annonce d'un ton grave :

"Fury avait un cancer. Pancréas, phase terminale. J'ai trouvé des métastases un peu partout, notamment dans la moëlle épinière. C'est impossible qu'il n'ait pas senti la douleur. L'oncologue m'a dit qu'avec ou sans traitement, il lui restait très peu de temps.

-Quoi ? souffle Natasha.

-Non, c'est impossible, proteste Darcy.

-Pourquoi ne nous l'aurait-il pas dit ? balbutie Clint.

-Peut-être qu'il ne savait pas ? avance Steve.

-C'est ce que j'ai cru aussi, leur assure Bruce, mais l'oncologue m'a assuré qu'à ce stade, il avait forcément des symptômes. C'est alors que j'ai pensé à..."

Il ne finit pas sa phrase, car il sait que les mêmes souvenirs leur sont revenus en mémoire. Nick bourreau du travail Fury avait eu plusieurs arrêts pour des rendez-vous médicaux ces derniers mois, et quand il était là, il se plaignait souvent de son dos, ou de maux de ventres. Clint se rappelle de cette engueulade monumentale qu'il avait reçue pour l'avoir interrogé sur sa ceinture lombaire, et proteste avec agressivité :

"Pourquoi on n'a rien vu ? Hein ?"

Ils sentent qu'il ne parle pas que du cancer, et Natasha jette un regard à Tony. Ce dernier soupire, et regarde son ancien pupille craquer à son tour.

"Merde, quoi ! se déchaine Clint. Pourquoi Fury ne nous a rien dit ? On était son équipe ! Et ce putain de Loki, j'ai confié ma gosse à ce type ! Tout le monde nous prend pour des cons, ici, ou quoi ? On est censé être flics, et on n'est pas capables de voir que notre commissaire est en phase terminale, ou que notre dernière recrue est un putain de mafieux ? Merde !"

Il frappe le bureau de son poing, et sort prendre l'air sur le balcon.

Darcy a la bouche légèrement entrouverte, et son regard oscille entre les leurs. Elle finit par soupirer, et dit qu'elle doit appeler Jessica.

Steve s'attendait à ce que Natasha soit dans un état bien pire, mais quand il tourne la tête, elle est appuyée sur un bureau et semble réfléchir.

"Natasha ? lui souffle Bruce en ayant également l'air inquiet pour elle. Comment tu encaisses tout ça ?"

Elle reste pensive encore quelques secondes, et lui répond :

"Je trouvais Loki louche, au début, mais j'ai arrêté parce que je faisais confiance à Fury. Je croyais qu'il savait ce qu'il faisait, parce qu'il n'y a pas plus méfiant que lui. Mais … s'il était malade... Peut-être que ça change la donne. Peut-être qu'il s'est senti prêt à prendre plus de risques, pour être sûr de venger Phil avant de mourir. Peut-être a-t-il fait un pari...

-Et il a perdu, constate sombrement Tony. On les fait, cette perquis' et ce mandat d'arrêt ? Je veux retrouver ce salopard."

Il entraîne Steve avec lui pour enfin téléphoner au juge d'instruction, et Bruce soupire.

"Je suis inquiet pour lui, confie-t-il.

-Moi aussi, soupire-t-elle, mais je ne crois pas qu'on puisse l'aider davantage pour l'instant, il faut qu'il digère. Merci, de t'être occupé de Nick. Tu crois... que je peux venir le voir ?

-Ce soir ? Je lui mettrai un peu de maquillage pour ce soit moins dur."

Natasha hoche la tête, et Bruce lui lance un maigre sourire avant de redescendre. Elle jette un œil au bureau de Loki, restant pensive un long moment. Quand ils obtiennent le mandat de perquisition, elle part avec eux, souhaitant garder un œil sur Tony, mais espérant aussi mieux comprendre leur traître en visitant son appartement.

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L'endroit est sens dessus dessous, mais Tony est déjà au courant. Natasha lui jette un regard, mais ne fait aucune remarque. Clint est avec eux, mais Steve est allé montrer la vidéo au juge, sentant qu'un mandat d'arrêt sur un collègue ne va pas passer sans preuve.

Ils font des prélèvements, comme il s'agissait d'une scène de crime. Clint reconnaît le travail du bois de Tony sur l'une des étagères du salon, mais ne fait aucun commentaire. Il la regarde pourtant un long moment, réalisant que c'est comme si Laura lui avait avoué l'avant-veille tuer des gens pour le crime organisé depuis qu'ils se connaissent. Il se demande comment il se sentirait si quelqu'un dont il était aussi proche l'avait trahi à ce point, quand il remarque deux tâches sombres rapprochées sur le bois poncé.

Il en a trop vu dans sa carrière pour ne pas reconnaître la couleur du sang séché, et sort un coton-tige pour faire un prélèvement. Tout en frottant et grattant le bois, il hésite à le dire à Tony, mais finit par se dire que quel que soit le résultat, même s'il ne s'agit que du sang de Loki, son ami aurait voulu être au courant.

"Tony, appelle-t-il doucement."

Son ami arrive avec un air sombre et froid qu'il n'a jamais vu chez lui.

"Il y a une trace ici, explique-t-il, je fais un prélèvement pour que Darcy l'examine."

Tony fixe les tâches en ayant l'air d'avoir envie de vomir, puis repart dans une autre pièce sans rien dire.

Ils relèvent toutes les empreintes qu'ils peuvent trouver, et à la pensée que la moitié d'entre elles sont les siennes, Tony sort discrètement sa flasque de whisky.

Une fois sa pièce finie, la chambre, qu'elle a choisie pour que Tony n'ait pas à la faire, Natasha se promène et cherche les touches personnelles. Il y en a peu, à part peut-être trois livres qui gisent étalés dans le salon. Allant chercher un grand sac plastique, elle les ramasse avec ses gants, et prend le temps de les examiner. Il y a une compilation de nouvelles d'Edgard Allan Poe, un recueil de poésies de Robert Frost, et Lorenzaccio, de Musset.

Elle ne connait pas le dernier auteur, et prend le temps de lire le résumé. Elle se penchera sur les poèmes et les nouvelles plus tard, pour repérer s'il y a des pages cornées ou des phrases soulignées. Mais ces ouvrages sont plutôt communs dans une bibliothèque américaine, alors que celui-là...

"On ne saurait trouver, dans toute la cité de Florence, homme plus méprisable que Lorenzaccio. Aussi lâche que débauché, ce pitre à la triste figure sert d'entremetteur au duc Alexandre, qui tient la ville sous sa coupe. Pourtant, le vice n'est qu'un déguisement dont s'est paré le jeune homme : il a gagné l'amitié du tyran pur pouvoir le tuer. Mais assassiner le duc suffira-t-il à restaurer la République ?"

Natasha lève la tête et fronce les sourcils. Tiens tiens. Elle place les trois livres sous scellés, et va à l'entrée les mettre dans le bac des preuves.

Elle croise Tony, qui baisse les yeux vers son chargement avant de relever les yeux avec hostilité.

"Pourquoi tu prends ça ?

-Pour du profilage. Je suis douée, là-dedans.

-On l'a côtoyé pendant neuf mois, tu perds ton temps, proteste-t-il à contrecœur.

-Je ne dis, ni ne fais ça pour te blesser, mais de toute évidence, il y a des aspects de sa vie que nous ne connaissions pas. Je pense que ça vaut le coup de se pencher sur le peu d'affaires personnelles qu'il possède."

Tony ferme les yeux en grimaçant, et part dans une autre pièce.

Ils n'y passent pas plus de temps que nécessaire, et repartent dans un silence pesant. Clint est encore tendu de son explosion un peu plus tôt, et la discussion que Natasha a eu avec Tony les a éloignés de nouveau. Soupirant intérieurement, elle se force à ralentir pour ne pas trop dépasser la vitesse autorisée. Même dans son ancien boulot, elle doit bien avouer qu'elle a rarement vu un aussi gros merdier.

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De retour au bureau, Clint et Steve partent voir le généraliste de Fury pour tenter d'en apprendre plus sur son état de santé, et Natasha, de son côté, s'impose encore trente minutes d'analyse de vidéo avant d'arrêter. Elle en a assez de voir un type, avec qui elle a travaillé presque un an, abattre de sang-froid l'homme qui lui a offert une seconde chance, et sauvé la vie.

Elle récupère plutôt l'un des livres de Loki, et, ayant peu de patience à revendre, elle commence par le plus court, les poèmes. Elle feuillette distraitement le recueil, survolant les mots pour trouver des notes ou des marques d'intérêt.

Le poème "Fire and Ice" est corné, et elle le lit attentivement. De ce qu'elle en comprend, le désir et la haine sont les deux dangers de l'humanité, et l'auteur se demande si c'est l'un ou l'autre qui en causera la perte.

Elle soupire intérieurement une nouvelle fois. Cela décrit bien la triste relation que Tony a eu avec leur traître de service. Elle ne sait pas comment son ami va s'en remettre cette fois-ci. Il s'est déjà fait trahir par un ripou auparavant, et n'éprouvait alors certainement pas autant d'attirance et d'affection. Elle ne sait pas dans quel état ils vont le retrouver ces prochains jours, ni comment ils vont l'empêcher de s'auto-détruire, soit en buvant comme un trou, soit en se jetant dans la gueule du loup à la moindre piste.

Le téléphone fixe de son bureau sonne, la tirant de son train de pensée pessimiste.

"C'est Darcy, lance une voix abattue quand elle décroche.

-Je te mets en haut-parleur, Darcy, annonce-t-elle pour la prévenir d'avoir du tact.

-J'ai fini mes analyses, vous pouvez descendre. Tony, tu n'es pas obligé de venir.

-Je l'ai vu mettre une balle dans la tête de notre patron, Darcy, lance l'intéressé depuis le bureau d'à côté. Je ne crois pas que quoique ce soit puisse me surprendre à ce stade."

Elle raccroche, et Natasha repose le combiné. Elle fixe son ami, et quitte à se fâcher encore plus avec lui, lance :

"Tony, tu aurais dû être destitué de l'enquête depuis le début.

-Et pas toi ? provoque-t-il. On ne peut pas se permettre d'être en sous-effectif.

-Tu souffres plus que n'importe lequel d'entre nous, tu ne peux pas le nier.

-Je veux mettre la main sur eux plus que n'importe lequel d'entre vous. Il n'est pas question que je me désiste, et je te déconseille d'essayer de m'y forcer."

Il se dirige vers l'ascenseur pour aller voir Darcy, et maintient la porte du pied en l'attendant. Soufflant lentement par le nez, Natasha le rejoint, et ils descendent tous les deux en silence.

C'est peut-être la première fois qu'ils n'entendent pas de musique en s'approchant du labo criminalistique. En y entrant, ils trouvent leur ingénieure en train de caresser le chat avec des gestes mous, la mascotte ayant niché sa tête dans son cou. Les animaux sentent la détresse émotionnelle, et Jarvis a toujours eu un faible pour Darcy. Elle les a entendus arriver, mais garde le silence. De toute évidence, elle n'a aucune envie de leur dire ce qu'elle a trouvé, et surtout pas à Tony, qu'elle évite soigneusement du regard.

Ce dernier soupire, le jour où il lui a présenté Loki lui revenant en mémoire malgré lui. Darcy adorant également les nouveaux, elle était absolument ingérable ce jour-là. Elle lui a mis du métal, lui a demandé d'où venait son prénom, et lui a fait des compliments sur ses yeux verts. Ils sont rapidement devenus proches, tous les deux...

"Au niveau des empreintes, récite Darcy avec une expression triste et mal à l'aise, on a une correspondance pour Loki, Tony, mais aussi Amora, la cheffe présumée de la section irlandaise du crime organisé."

Les six empreintes s'affichent sur l'écran, et Tony sent son cœur se serrer. Amora, celle qui a tuée Andrès, s'est trouvée dans l'appartement de son coéquipier et plus récemment amant. Il a l'impression de se trouver au milieu d'un horrible cauchemar, s'aggravant au fil des heures sans qu'il ne parvienne à se réveiller.

"Pour ce qui est des prélèvements sanguins, marmonne Darcy en ayant l'air encore plus hésitante, il n'y avait pas de correspondance avec les personnes recherchées, alors, pour être professionnelle, j'ai croisé avec le fichier que Bruce a de nos victimes. Il y a un match, c'est celui de Vanessa Thompson."

Tony pâlit, et doit s'appuyer sur le plan de travail de Darcy pour ne pas tomber.

Non. Loki aurait tué Vanessa aussi ?

Il y a du sang de Vanessa sur l'étagère qu'il a lui-même fabriquée, durant les deux semaines d'octobre où il a veillé sur Loki.

C'est comme si ce sang était sur ses propres mains.

Il a tout d'un coup du mal à respirer, et glisse au sol contre les tiroirs. Natasha se précipite vers lui et lui prend la main.

"Tony ! lance-t-elle d'une voix autoritaire. Ecoute-moi. On a vu pire, tu m'entends ? Respire.

-Natasha, tu ne te rends compte, proteste-t-il faiblement en voulant repousser sa main.

-Si, elle était ton indic, et lui, tu en étais amoureux. Le fait qu'on ait trouvé son sang chez lui te fait te sentir coupable comme tu l'avais tuée toi-même. J'ai bien compris. Mais tu n'as rien fait de mal, on s'est juste tous fait couillonner comme des bleus, et toi plus que nous. On est là, on est ta famille, et on ne te laisse pas tomber. Si tu ne fais rien de stupide, on va s'en sortir, et dorénavant tu habites chez moi, ce n'est pas négociable. Ça va aller, tu m'entends ?"

Elle se met à genoux, se penche, et le prend dans ses bras. Maladroitement, il l'étreint à son tour, et en sentant ses yeux s'humidifier, il finit par craquer. Elle a raison, là, c'est trop. Elle le serre à lui en briser les os, et il a l'impression qu'elle a peur qu'il ne tombe en morceaux.

Darcy s'agenouille à son tour, et pose une main sur son épaule et son front contre le sien.

Ils restent un long moment tous les trois sur le sol du labo, le chat se glissant entre eux pour s'installer comme il peut sur leurs genoux.

Tony s'efforce de respirer doucement, ainsi que de se concentrer sur son souffle et sur les bras qui l'enlacent. Il ne pensait pas que Natasha se ferait autant de souci. Après leur dispute lors de la nuit de la mort de Fury, il pensait avoir perdu son amitié pour toujours.

La première fois où elle lui a dit qu'elle considérait la Brigade comme sa famille, il ne l'a pas tout à fait crue. Il a trouvé cela ridicule, ils sont des personnes travaillant ensemble depuis plusieurs années, mais ils ne se connaissent pas si bien que ça, finalement. Aujourd'hui, il doit bien avouer que la tirade et l'étreinte de la policière sont les deux seules choses lui ayant fait du bien ces dernières quarante-huit heures.

Il ne fait aucun mouvement pour se dégager, savourant la sensation de se sentir moins seul et misérable quelques instants.

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Oui, je sais, je suis désolée. Merci d'avoir lu, prenez bien soin de vous !

(C'est le Nano, je vais mettre les publications de coté, mais je prends tous les petits mots de soutien.)