Disclaimer : Les personnages, les lieux, etc… ne sont toujours pas à moi (et c'est toujours aussi triste) !

Rating : M, justifié dès ce chapitre (non mais ça traîne pas, avec moi !).

Pairing : Fleur/Cedric, bien sûr (aucune fic Fleur/Cedric en français… c'est HONTEUX. Je me fais donc une joie d'inaugurer).

Résumé : Et si tout s'était passé à la loyale ? Ne vous êtes-vous donc jamais demandé ce qui serait arrivé si Barthemius Croupton Jr. avait été découvert avant la Troisième Tâche ? Ce qui serait arrivé si la Coupe n'avait pas été un Portoloin vers Voldemort, si personne n'avait été là pour éliminer les obstacles devant Harry, soumettre Krum à l'Imperium et attaquer Fleur dans le dos ? Si Cedric avait survécu à cette nuit… ne dit-on pas qu'avec des « si », on referait le monde ?

Note : Pour la scène Fleur/Cedric, je vous conseille « Close your Eyes (Buffy and Angel theme) » de Chris Beck ;) (du grand art !)

What if…

Chapitre 1 : À la loyale

L'hymne de Poudlard jouait. La foule criait, acclamait, applaudissait. Nous, les Champions, nous saluions la foule en attendant que la Tâche commence. Je m'éloignai à quelques mètres du petit groupe et fis signe à Cedric de s'approcher, ce qu'il fit. Je devais lui parler. Maintenant. Avant que l'un de nous deux perde peut-être la vie dans ce labyrinthe. Je sais que c'était une pensée très négative, mais il fallait être réaliste. Des gens étaient morts dans ce Tournoi, bien avant nous. Il n'y avait pas de raison pour que ça ne recommence pas.

- Cedric, commençai-je, la gorge étrangement nouée nouée. Je… j'aurais voulu te parler…

- Je t'écoute, dit-il avec ce sourire qui avait le don de me faire fondre.

Seigneur, qu'il était beau.

- Ce n'est pas… facile à dire pour moi… Ced…

Je fus interrompue par la voix amplifiée de Verpey :

- Bonsoir tout le monde, et bienvenue à cette troisième et dernière Tâche du Tournoi des Trois Sorciers…

Je soupirai, résignée. C'était bien ma chance. Lui aussi, pour une raison obscure, semblait déçu que la conversation ait été ainsi interrompue.

- Après l'épreuve, alors, dit Cedric en tentant un sourire.

- Oui… après… bonne chance, murmurai-je alors qu'il s'éloignait vers son père.

- Plus tôt dans la journée, continua Verpey, le trophée a été placé dans les profondeurs du labyrinthe. Le but de nos Champions est simple : le premier qui touchera le trophée remportera la victoire ! Puisque Monsieur Diggory et Monsieur Potter se partagent la première place, ils seront les premiers à entrer dans le labyrinthe, suivis de Monsieur Krum et, finalement de Miss Delacour ! Champions, préparez-vous !

Je me plaçai au hasard face à une entrée. Il y eut un coup de sifflet, signifiant aux deux Champions de Poudlard qu'ils pouvaient entrer dans le labyrinthe, ce qu'ils firent aussitôt. Presque. Ce que j'ignorais, c'est que si j'avais regardé derrière moi à cet instant, j'aurais pu voir Cedric se retourner vers moi pour me regarder brièvement avant de s'avancer dans les profondeurs du labyrinthe, baguette en main.

Après quelques minutes, il y eut un second coup de sifflet, et Viktor Krum pénétra à son tour dans le labyrinthe. J'attendis patiemment le troisième coup de sifflet qui me permit d'entrer moi aussi dans le labyrinthe.

Il faisait très sombre, et la hauteur des haies n'arrangeait rien, bloquant la lumière du soleil couchant. Je marchais dans le labyrinthe, sans avoir la moindre idée de la direction que je devais prendre. Génial. J'étais entrée depuis deux minutes et j'étais déjà perdue. Puis, je vis une personne allongée sur le sol terreux. Cedric. Je courus vers lui.

- Cedric ?

Je me penchai vers lui, mais avant que ma main ne se pose sur son épaule, il se transforma, prenant les traits d'une fillette blonde, trempée des pieds à la tête, la peau presque bleue à force d'être pâle. Je reculai brusquement. Je savais ce que c'était. Un Épouvantard, prenant la forme de Gabrielle. Cette peur ridicule qui a hanté chacun de mes cauchemars depuis mon échec pour la Seconde Tâche. Ridicule, probablement, de me torturer avec des : « Et si Harry ne l'avait pas ramenée ? », mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Bon, je n'allais pas me laisser avoir par un stupide Épouvantard non plus !

- Riddikulus !

« Gabrielle » prit alors la forme d'une Gabrielle bien vivante qui dansait une gigue ridicule. J'éclatai de rire et l'Épouvantard disparut, me permettant de poursuivre ma voie. Après quelques minutes, une créature qui ne m'était en rien familière me bloqua le chemin. C'était gros, avec une épaisse carapace grise et un dard. (NdA : Autrement dit, un Scroutt à Pétard. Je me dis qu'elle ne les connait pas puisqu'il s'agit d'une créature hybride extrêmement rare et que les croisements LÉGAUX de créatures ne peuvent se faire qu'au sein du Ministère).

- Stupéfix !

Je dus plonger pour éviter mon propre sortilège, qui avait ricoché sur le dos de la créature sans même l'affecter. J'inspirai profondément. Si la magie ne pouvait pas m'être utile, il faudrait employer une solution plus directe et plus radicale pour poursuivre ma route, parce qu'il n'était absolument pas question que je rebrousse chemin devant un truc aussi laid.

Je me relevai d'un bond et courus carrément vers la bestiole, visiblement désorientée par ma « tactique » on ne peut plus… désorientante. Après tout, quelles étaient les chances pour qu'une jeune sorcière sensée – moi – se précipite tête baissée devant une créature magique inconnue, armée d'un dard, qui plus est ? Je sautai sur son dos, que j'utilisai comme un trampoline pour éviter le dard qui, à mon humble avis, devait être meurtrier ou, du moins, peu conseillé pour la santé. (NdA : Je vois les Scroutts comme de gros scorpions gris, donc…)

Il y avait cependant une raison (fort simple d'ailleurs) pour laquelle toute personne moyennement raisonnable et à peu près saine d'esprit m'aurait prise pour une folle en me voyant agir à cet instant précis : il est fortement déconseillé de déplaire à une créature dont on ne connaît pas toutes les propriétés et caractéristiques. Par exemple, il y avait deux choses capitales que j'ignorais à propos de cette chose répugnante et qu'il aurait été bon que je sache avant de lui sauter sur le dos comme un enfant saute sur son lit : premièrement, elle n'aimait pas qu'on lui saute sur le dos de la sorte. Deuxièmement, elle pouvait exploser.

Et elle ne s'en est pas privée. J'avais à peine mis les pieds sur le sol derrière elle qu'un souffle puissant et brûlant me projeta plusieurs mètres plus loin, me faisant rouler douloureusement sur le sol terreux et légèrement humide. Je toussotai dans la fumée produite par l'explosion. Une voix parvint de derrière l'écran de fumée noire :

- Fleur, est-ce que ça va ?

Cette fois, j'aurais pu la reconnaître dans n'importe quelles conditions. Même après avoir essuyé une explosion. C'était celle de Cedric.

- Oui, je…

Je l'entendis approcher et je me relevai, tentant d'avoir l'air digne, ce qui n'était pas gagné. Honnêtement, partiellement Vélane ou pas, je devais avoir l'air absolument horrible en ce moment. Mais ça n'avait pas l'air de le gêner. Je me raclai la gorge.

- Je ne savais pas que cette chose allait exploser, dis-je avec un sourire mal assuré et un léger rire nerveux.

- Oui, dit-il avec un sourire qui était terriblement adorable. Ça surprend la première fois.

- Je n'avais… jamais vu un truc pareil, continuai-je.

Je m'étais mise à marcher en parlant. Lui aussi. La situation était étrange. Étrange et embarrassante. Nous étions deux adversaires, engagés dans une course pour la victoire de notre école, et nous prenions le temps de discuter tranquillement. Bon, d'accord, « discuter tranquillement » est peut-être exagéré. Mais nous avions échangé quelques mots qui n'avaient rien de « Dégage, Delacour – Laisse-moi passer, idiot Britannique ! ». Non pas que nous nous soyons déjà parlés de la sorte. Non, bien sûr que non.

Mon éducation – et autre chose de beaucoup plus fort et personnel – m'interdisait une telle vulgarité envers lui, et Cedric semblait aimer tout le monde. Enfin, peut-être pas. Mais il respectait tout le monde, et c'était déjà hautement admirable. Les trop peu nombreuses conversations (mais nous aurions pu en avoir un million sans que je trouve que ce soit assez) que nous avions eues étaient empreintes de courtoisie et même, parfois, de complicité. Du moins, c'était comme ça que je les percevais. Peut-être qu'elles l'ennuyaient à mourir.

Nous arrivâmes à une intersection. Nous nous regardâmes, ne sachant trop quoi dire. Finalement, ce fut lui qui rompit le silence :

- Je vais aller par là, dit-il en désignant le chemin de droite.

- Oui, dis-je à regret. Je vais continuer par là…

Je le regardai s'éloigner avant de continuer tout droit. Il fallait absolument que je me reprenne ! Cette attitude n'était pas digne d'une Championne. Oh, et puis au diable le Tournoi. Dans peu de temps, il serait fini. Dans peu de temps, Cedric et moi cesserions d'être des adversaires et je pourrai lui dire… ce que je devais lui dire.

Les pas d'une énorme créature firent vibrer le sol. Mes yeux s'arrondirent. Un sphinx. Je rêve. Ça ne pouvait pas être autre chose qu'un rêve !

- Bonsoir, Fleur Delacour.

- B… bonsoir…

La voix de la créature était à la fois douce et puissante. Fascinante, en un mot. Je me sentais hypnotisée par ses yeux jaunes, brillant d'une lueur mystique.

- Tu es parvenue jusqu'ici. C'est très bien.

Le sphinx se mit à faire les cents pas devant moi.

- Derrière moi se trouve le chemin le plus rapide jusqu'à la victoire.

Youpi ! Non, attendez. Pas youpi, en fin de compte. Une information traversa mon esprit : pour passer devant un sphinx, il fallait savoir résoudre son énigme. Encore une énigme ! Bon sang…

- Si tu trouves la réponse à mon énigme, je te laisserai passer.

Qu'est-ce que je vous disais.

- Si tu ne sais pas, tu peux te taire et passer ton chemin. Dans ce cas de figure, je ne te ferai aucun mal non plus. Cependant, si tu me donnes une mauvaise réponse, ou que tu tentes de passer devant moi sans donner de réponse, je te mangerai.

J'avalai de travers. Voilà qui était encourageant. Je supposai que ce n'était pas le classique « Je marche à quatre pattes le matin, à deux la journée et à trois à nuit ».

- Donnez-moi l'énigme.

Au pire, je pouvais me détourner et aller prendre le même chemin que Cedric. Le sphinx inspira profondément et dit d'un ton énigmatique (c'est le cas de le dire) :

- Mon premier est le début d'une chose que l'on apprend jeune et que l'on fait à tout âge. Mon second est synonyme de création. Mon troisième peut être de toi. Mon tout peut être de sable, d'or ou de soie.

Gloups. Pardon ?

- Est-ce que vous pouvez… répéter plus lentement ?

La créature sourit avec lenteur et s'exécuta. Je me mis à marcher, faisant les cents pas comme la créature. Marcher… le début d'une chose qu'on fait à tout âge… si c'était bien « marcher », son début était M ! Ensuite, un synonyme de création… construction ? Non, ridicule… puis, après de longues minutes, la lumière jaillit dans mon esprit : art. De la création artistique. « Mon troisième peut être de toi ». Moi. Qu'est-ce que je suis ? Je suis une humaine, une sorcière, une semie-Vélane, une fille, une blonde, une Championne de Beauxbâtons, une Française… un instant. La créature avait dit mon nom. Elle connaissait mon nom. Je suis Fleur ! Ça devait être ça. Qu'est-ce qu'on fait avec des fleurs ? Un bouquet ? Non, encore ridicule. UN CHAMP, un champ de fleurs ! M-art-champ. Marchand ! Marchand de sable, marchand d'or, marchand de soie ! Tout collait !

- Marchand ! risquai-je, espérant que mon raisonnement était bon.

Le sourire de la créature s'élargit et elle s'écarta pour me laisser passer. Merci, Seigneur. Le sphinx avait dit qu'il gardait le chemin le plus court vers le trophée, je me mis donc à courir. Plus vite ce serait fini, plus vite je pourrais parler à Cedric. Puis, au loin, je vis quelque chose qui me bloquait la route. Une chimère, si je me fiais à la silhouette. Mais là, je commençais à en avoir marre de ce labyrinthe. Je jetai donc à la créature un Stupéfix qui la fit se raidir et tomber sur le côté. Sans plus de cérémonie, je sautai par-dessus son corps paralysé, poursuivant ma course vers le trophée dont je percevais la lumière devant moi.

Puis, ma course s'arrêta brusquement, à quelques mètres seulement du trophée. Quelqu'un venant de la droite venait de me percuter de plein fouet. Quelqu'un vêtu de noir et de jaune. Cedric. Nous nous relevâmes, essoufflés, jaugeant l'autre. Puis, sans crier gare, nous nous mîmes à courir à nouveau vers le trophée et nous arrivâmes face à lui en même temps. Soudain, ce fut le silence, troublé uniquement par nos respirations haletantes. Aucun de nous n'osait prendre le trophée ni dire un mot. Puis, je reculai de quelques pas.

- Vas-y, dis-je, malgré l'effort que ça me coûtait.

Si Madame Maxime apprenait un jour ce que je m'apprêtais à dire en cet instant crucial, elle me tuerait sur-le-champ.

- Prends-le.

Il tendit la main vers le trophée, puis l'abaissa et recula aussi.

- Non. Toi, prends-le.

Je secouai la tête. Pourquoi est-ce qu'il rendait la chose plus difficile encore ?

- Je n'ai pas réussi la Seconde Tâche, Cedric. Tu mérites ce trophée plus que moi.

- Je n'étais pas assez courageux pour ramener ta sœur avec Cho, dans le lac. Toi, tu l'as été assez pour affronter des Strangulots pour elle. Ce trophée te revient.

À nouveau, je fis « non » de la tête, mais ne dis pas un mot. Puis, nous nous regardâmes.

- Ensemble, dit-il alors que je disais exactement la même chose.

Il tendit la main vers une poignée du trophée et je fis de même. Il avait pris mon autre main dans la sienne. Le contact de sa paume moite contre la mienne me fit agréablement frissonner, et j'étais sûre qu'il pouvait sentir ma main trembler dans la sienne. J'espérais juste qu'il mettait ça sous le coup de la victoire approchante.

- Un, dit-il en me regardant.

- Deux, dis-je en plongeant mon regard dans ses yeux gris emplis de chaleur.

- Trois !

Nos mains se refermèrent sur les poignées métalliques du trophée. Je me sentis happée, comme si un crochait m'attrapait par le nombril. Puis, lorsque nous apparûmes au point de départ, la foule explosa en un concert de hurlements. Les élèves de l'Académie étaient heureux parce que je ramenais la victoire, et ceux de Poudlard l'étaient parce que Cedric faisait de même.

- BEAUXBÂTONS ET POUDLARD EX AQUEO ! cria Verpey.

D'un mouvement de baguette, Dumbledore fit disparaître le labyrinthe. Mais je ne m'en préoccupais pas plus que je ne me préoccupais des félicitations de tout le monde.

La seule chose dont je me préoccupais, c'était la main de Cedric dans la mienne. Il la lâcha en voyant cette fille pour qui il avait refusé de m'accompagner au bal. L'Asiatique se jeta à son cou, criant qu'elle n'avait jamais douté de lui, l'embrassant un nombre incalculable de fois sur les joues. (NdA : Oui, pardon, je sais, je hais Cho donc, forcément, ça se voit…)

Je me laissai entraîner vers le carrosse par mes camarades. Mais, après quelques minutes, je me trouvai une excuse quelconque pour sortir. Il fallait que je parle à Cedric. Je m'étais promis de le faire, et j'allais le faire. Et c'était tellement urgent que je ne savais même plus ce que j'avais baragouiné à mes amies pour sortir. Qu'importe.

Lorsque j'arrivai devant les portes de l'école, il était là. Je n'en revenais pas qu'il m'ait attendue au lieu d'aller festoyer avec ses amis.

- Tu voulais me parler, avant le labyrinthe…

- Oui, je… Cedric, je sais que… c'est idiot de le dire… parce que ça ne changera rien… parce qu'il y a… elle… mais il faut vraiment que je…

Je ne parvins pas à finir ma phrase et je baissai les yeux. Je sentais que mes joues étaient en feu, et je devais briller jusqu'à Paris. Au moins.

- Je t'aime, Cedric.

J'étais tellement troublée que la phrase était sortie de ma bouche en français. Lorsque je relevai les yeux vers lui, il semblait ne pas avoir compris. Peut-être ne voulait-il pas comprendre.

- Je t'aime, répétai-je en m'assurant de le dire en anglais, cette fois.

Je savais que ça ne servait à rien. Mais je voulais qu'il le sache. Je voulais qu'il le comprenne. Il détourna le regard, et je sentis mon cœur se broyer, se déchiqueter, se faire découper en juliennes et être piétiné par un troupeau de Sombrals déchaînés. Entre autres choses de ce goût-là.

- Je sais, Cedric… mais je voulais juste… je… je comprends… excuse-moi…

Oh, mon Dieu. C'était encore plus dur que je ne l'avais jamais imaginé, et je sentais les larmes me monter aux yeux. Pourtant, je savais depuis le début que c'était perdu d'avance. Pourquoi voudrait-il de moi, alors qu'il y avait cette fille, vivant près de lui, ne parlant pas avec un horrible accent, belle NATURELLEMENT, sans artifices magiques tels que du sang de Vélane ? Je partis en courant dans la forêt. Je n'en pouvais plus. J'allais craquer. Et je ne voulais pas qu'il me voie dans cet état. C'était déjà bien assez difficile comme ça sans en rajouter.

Je m'arrêtai dans une clairière et me laissai tomber à genoux près d'une petite rivière. Je retirai ma veste, défis d'un geste brusque mon chignon et laissai les larmes couler librement sur mes joues, mouillant ce visage pour qui tous les garçons vendraient leur âme au diable, sauf lui. Le seul garçon que j'aie jamais aimé. Probablement le seul que j'aimerai dans toute ma vie.

- Tu ne m'as pas laissé le temps de répondre, dit une voix douce dans mon dos.

- Tu n'as pas besoin de le faire, répondis-je en essuyant mes larmes du revers de la main.

Il s'avança vers moi.

- Tu ne veux pas savoir ce que je ressens ?

- Cedric, s'il te plaît, dis-je en reniflant. Je sais qu'il y a cette fille, je sais qu'elle t'aime et que tu l'aimes aussi, je le savais bien avant de te parler. Je sais tout ça, alors, s'il te plaît, je ne te demande qu'une chose, laisse-moi… je t'en prie.

- Fleur, ferme les yeux.

Malgré moi, j'obéis. Je le sentis s'accroupir derrière moi et se pencher vers mon oreille pour y murmurer.

- J'aime la fille qui a dansé avec une grâce incroyable le jour de l'arrivée des délégations, parce qu'elle est magnifique. J'aime la fille qui a eu le cran de s'inscrire à un tel Tournoi, parce que ça veut dire qu'elle est aussi dingue que moi. J'aime la fille incroyablement brillante dont le nom a jailli de la Coupe de Feu, parce qu'elle n'est pas que belle, elle est merveilleusement intelligente. J'aime la fille au caractère assez fort pour avoir été la seule des Champions légitimes à protester lorsque le nom de Potter est sorti aussi, parce qu'elle disait tout haut ce que nous étions trois à penser. J'aime la fille qui a eu le courage d'affronter une terrible dragonne, parce que je sais quelle peur peut nous pétrifier face à une telle créature. J'aime la fille que cet idiot de Davies n'était pas fichu d'écouter parler au bal de Noël, parce qu'elle a une conversation intelligente qu'il n'était pas capable de voir. J'aime la fille qui a accepter de plonger dans un lac inconnu et glacial pour sauver sa sœur, j'aime la fille qui était assez altruiste pour se débattre dans les bras d'une femme de la carrure de Madame Maxime juste pour rejoindre sa petite sœur dans le lac, et qui se moquait qu'on s'occupe d'elle ou pas, du moment qu'on prenne soin de Gabrielle. Parce qu'elle fait passer ceux qu'elle aime avant elle-même. J'aime la fille qui a eut l'audace de sauter à pieds joints sur un Scroutt à Pétard, parce que c'était tellement fou que personne d'autre qu'elle n'aurait osé. J'aime la fille qui a accepté de partager avec moi sa victoire et sa gloire, parce qu'elle est noble et juste. J'aime la fille qui vient de me dire qu'elle m'aime, parce que j'ai attendu ce moment si longtemps. J'aime la fille qui s'est enfui ici, parce qu'elle est fière et qu'elle ne voulait pas que je la voie pleurer, parce qu'elle est délicate et qu'elle ne voulait pas que je voie que je l'avais blessée. J'aime la fille qui pleure dans cette clairière, parce que ça veut dire que son cœur est tendre et que son amour est vrai…

J'avalai de travers, mon cœur devait battre à cent à l'heure et ma respiration s'accélérait. Est-ce qu'il venait vraiment de dire ça, ou avais-je occulté quelques marques de négation dans son long discours ?

- Je t'aime, Fleur.

Il l'avait dit en français, répétant sûrement ce que j'avais dit plus tôt. L'accent était horrible, il fallait l'admettre. Mais la délicatesse du geste me touchait. Je me tournai vers lui et je croisai son regard. J'avais toujours vu les yeux gris comme étant des yeux froids. Durs. Comme de l'acier, du fer. Jusqu'à Cedric et sa lueur de vie dans le regard. Sa lueur de chaleur. Son visage était si près du mien que je ne pus m'en empêcher : je posai mes lèvres sur les siennes.

Loin de nous l'idée de saluer les amygdales de l'autre. C'était un baiser doux et tendre. Amoureux. Et c'était incroyablement bon. Si bon que, lorsqu'il se recula légèrement, vingt siècles auraient pu avoir passé et je ne m'en serais même pas rendue compte. Il caressa mon visage avec douceur. C'était si merveilleux que ça en paraissait irréel. Si c'est un rêve, surtout, que personne ne me réveille. Si c'est un rêve, je ne souhaite qu'une chose : dormir pour toujours.

- J'aime le garçon qui a mis son nom dans la Coupe de Feu, parce que, oui. Il fallait être malade, mais moi aussi, je l'étais. J'aime le garçon qui a été choisi par la Coupe de Feu, parce que son sourire lorsque son nom est sorti, je ne l'ai pas vu. Mais il devait être magnifique, parce que le garçon qui est entré dans la salle des trophées après sa nomination était incroyablement beau. Fier et confiant, mais pas arrogant et suffisant. J'aime le garçon qui a su se taire alors qu'Harry Potter lui prenait une part de sa gloire et de sa victoire personnelles, parce qu'il est bon et généreux. J'aime le garçon qui a affronté une dragonne. Ça non plus, je ne l'ai pas vu. Mais j'aurais tellement aimé. Parce que dans cette tente, à ne pouvoir rien voir, je me mourrais de peur. Pour lui. J'aime le garçon qui a refusé d'aller au bal avec moi parce qu'il avait déjà une cavalière, parce que ça veut dire qu'il est loyal. J'aime le garçon qui a su battre les Strangulots, parce qu'il est meilleur que moi. J'aime le garçon qui était tellement doué qu'il est arrivé au trophée en même temps que moi alors que c'est lui qui avait le chemin le plus long. J'aime le garçon qui a refusé la gloire entière que je lui laissais par amour, parce qu'il est encore plus noble et généreux que je le pensais. J'aime le garçon qui est venu me rejoindre ici pour me dire toutes ces choses, parce que jamais je n'aurais pu l'espérer. J'aime chacun de ses sourires, chacun de ses gestes, chacun de ses regards, chacune de ses paroles. Il est beau, il est fort, il est franc et honnête, il est loyal, intelligent et noble. Je l'aime plus que tout. Je t'aime plus que tout.

Cette fois, ce fut lui qui m'embrassa, posant avec délicatesse sa bouche sur la mienne, glissant doucement sa langue dans ma bouche légèrement entrouverte. Il avait un goût légèrement sucré. Comme une Chocogrenouille. Quoi que je ne suis pas vraiment une experte en friandises. Peu importe, c'était divin. Soudain, une poussée (très désagréable, au demeurant) de principes moraux remonta en moi et je le repoussai délicatement. Il sortait encore officiellement avec cette fille. Être la raison d'une rupture était une chose, mais se laisser aller de la sorte en était une autre que je ne pouvais accepter.

- Cedric, l'autre… je ne peux pas…

Jamais je ne m'abaisserais à ce genre de choses avec un garçon lié à une autre fille. J'avais ma fierté et mes principes. Foutue fierté et foutus principes. Cedric me regardait attentivement, comme s'il mesurait l'impact que mes paroles avaient sur lui. Visiblement, il décida que l'autre fille n'était pas une raison suffisante, puisqu'il laissa échapper :

- Au diable…

Avant de m'embrasser à nouveau. Plus fort, cette fois. Je n'en revenais pas, c'était tellement bon, tellement délicieux… tellement vrai. Et puis zut. En effet, Cedric. AU DIABLE ! Je répondis à son baiser avec ferveur, avec amour. D'abord, je ne connaissais pas cette fille, je n'avais pas de compte à lui rendre. Ensuite, elle ne saurait jamais.

Lentement, il se laissa glisser sur le dos, m'entraînant avec lui. J'écartai légèrement mon visage du sien pour le regarder. Je n'arrivais pas à croire que Cedric Diggory était… hé bien, qu'il était allongé sous moi après m'avoir dit de si belles choses. Ces mots qui avaient apaisé ma douleur comme un baume apaise une brûlure. La lumière de la pleine lune accentuait les reflets d'argent de ses yeux magnifiques. Il était beau comme un dieu. Ma contemplation et mes réflexions de moins en moins catholiques furent interrompues par un murmure.

- Fleur…

J'aimais tellement la façon dont il disait mon prénom. C'était si adorable, avec son accent Britannique si chou. Mais le plus beau, c'était le ton qu'il avait pris, un ton rendu presque suppliant par les vibrations de l'amour. Et peut-être par autre chose en lien avec la bosse que je sentais contre mon bas-ventre. Lentement, je me penchai pour unir nos lèvres à nouveau. Si seulement la magie de ce moment pouvait ne jamais disparaître…

Doucement mais fermement, il inversa nos positions. Le dominer avait été délicieux, mais sentir son corps à la fois fin et musclé intimement pressé contre le mien était une sensation indescriptible. Il fit descendre ses lèvres sur mon cou, diffusant une puissante vague de chaleur dans tout mon corps. J'enfouis mes mains dans ses cheveux, la respiration soudain rapide. Je sentais son souffle chaud me chatouiller agréablement le cou.

Ses lèvres cherchaient les miennes, et je me fis un plaisir de répondre à leur demande en l'embrassant à nouveau. De doux et tendre, le baiser devint plus fougueux, au fur et à mesure que la flamme de la passion nous embrasait. Sa main glissa dans mon dos, sous mon débardeur. Si ça avait été n'importe qui d'autre, je lui aurais foutu une baffe. Mais ce n'était pas n'importe qui, loin de là. C'était Cedric. Il était fort probable que ma mère, très à cheval sur les principes, aurait hautement désapprouvé, Cedric ou pas. Tant pis.

Je glissai ma main sous son t-shirt pour caresser ce torse dont j'avais tellement rêvé. Rêvais-je, ou notre baiser se faisait de plus en plus… insistant ? Sans que je sache lequel des deux avait bougé, je sentis sa bouche se séparer de la mienne et son regard plongea dans le mien. Nous ne prononçâmes pas un mot. Mais, en un seul regard, nous avions compris que l'autre voulait exactement la même chose.

Soudain rendus fébriles, comme frappés par une urgence, nous ne tardâmes pas à nous débarrasser de nos vêtements. Son corps entier était baigné par lumière lunaire. Il était plus beau que jamais. Il m'embrassa tendrement alors qu'il plongea lentement en moi. En le sentant pénétrer dans mon intimité, je ne ressentis rien d'autre qu'un puissant sentiment de satisfaction. À croire que ces histoires de douleur étaient faites juste pour dissuader les filles de passer à l'acte. Ou bien peut-être était-ce parce que c'était Cedric…

Des vagues de plaisir de plus en plus fortes me traversaient alors qu'il bougeait en moi, ma peau me donnait l'impression de prendre feu sous les caresses de ses mains. Je gémissais doucement, et j'avais la merveilleuse impression que nous étions à la dérive, loin, très loin du monde réel

Ma bouche laissa échapper un gémissement plus fort que les autres, qui se mêla à la voix de Cedric murmurant mon nom, alors que nous étions emportés par l'explosion de l'extase final.

Le mot de la fin : P'tin, même pas deux jours pour ça, y'avait la motivation ! Je vous implore : reviews s'il vous plaît, j'aime me savoir lue :D