Note : Restons dans les musiques de Buffy, je vous conseille hautement « Sacrifice (from 'the Gift') », de Christophe Beck toujours, pour la séparation (non, arrêtez, c'est une façon de parler !) de Cedric et Fleur… c'est beau, c'est doux, c'est triste, c'est parfait. Pour les amateurs de BTVS, c'est la musique qui joue lors de la final de la saison 5 (d'où le titre de la musique…).

Chapitre 2 : Promesses

Je fus tirée du sommeil par la chaleur du soleil sur mon visage. Je grognai. Qui avait encore ouvert les rideaux des fenêtres du carrosse ? Lorsque j'ouvris les yeux, plusieurs facteurs inhabituels me frappèrent. Premièrement, j'étais dehors. Je ne veux pas dire que j'étais dans le carrosse qui était dehors, non. J'étais vraiment dehors. Dans une forêt. Deuxièmement, j'étais nue. Première conclusion, donc : j'avais passé la nuit nue dans la forêt. La belle idée ! Troisièmement, je sentais un bras musclé autour de ma taille, signe que je n'étais pas seule. Deuxième conclusion, donc : j'avais passé la nuit dans la forêt avec un garçon n'étant pas plus vêtu que moi. Je tournai la tête et me retrouvai nez à nez avec… Cedric, qui me regardait de ses yeux ensorcelants.

Soudain, les souvenirs de la nuit dernière me revirent, balayant les brumes (pour ne pas dire le brouillard) que le sommeil avait semées dans mon esprit. J'avais… avec… aussi vite… oh, Seigneur. Qu'allait-il penser de moi, maintenant ? Je n'eus pas le temps de rougir qu'il m'embrassa tendrement sur le front avant de laisser un lent sourire se dessiner sur ses lèvres.

- Bonjour, dit-il avec douceur.

- Bonjour…

Il y eut un moment de silence. Nous savourions la magie du moment.

- Nous devrions y aller, dit-il avec une lueur de tristesse dans les yeux.

- Nous devrions, répondis-je sans toutefois bouger d'un millimètre.

Aucun de nous ne bougea, d'ailleurs. Nous savions que les délégations partaient ce matin. Plus vite nous quittions cette forêt, plus vite je retournerais en France. Plus vite nous serions séparés… nos lèvres s'unirent dans un baiser si passionné qu'il en était presque sauvage. Nos mains couraient sur le corps de l'autre, rallumant rapidement la flamme qui avait brûlé en nous la veille. Et, à nouveau, nous fîmes l'amour. Plus longtemps, plus longuement que la veille, explorant le corps de l'autre avec curiosité et attention, comme pour en apprendre les moindres détails. Pour ne jamais oublier…

Nous nous rhabillâmes. Nous étions là, debout dans la clairière, à quelques mètres l'un de l'autre, sans bouger, sans parler, juste à nous regarder. Peut-être gravait-il à jamais cette image dans son esprit. Moi, en tout cas, c'est ce que je faisais. Puis, ce fut plus fort que moi : la boule de sanglots qui montait dans ma gorge explosa. Il me prit tendrement dans ses bras, et j'enfouis mon visage dans sa nuque, humant son parfum unique. Il paraît qu'on n'oublie jamais une odeur. J'espère que c'est vrai. Parce que je ne veux jamais oublier celle de Cedric. (NdA : Non, j'invente pas… la tache olfactive est directement reliée à la mémoire. Lorsqu'on sent une odeur, on ne l'oublie jamais. Et puisqu'on estime que quatre-vingt pourcent des « goûts » sont des odeurs, ceci explique pourquoi il est fréquent de ne plus vouloir remanger un met quelconque si on en a été dégoûté une fois. C'était la minute de science…)

- Shhhhh, murmurait-il avec douceur pour m'apaiser en me berçant lentement dans ses bras. Shhhhh…

- Je ne veux pas repartir, Cedric. Je veux rester ici…

Mon Dieu, je n'aurais jamais cru dire une telle chose un jour. Jamais je n'aurais cru que devoir retourner dans ma chère France natale me provoquerait un jour une telle douleur.

- Tu m'écriras ? demandai-je soudain en levant les yeux vers lui.

- Tout le monde se le promet, répondit-il en posant une main sur ma joue.

- Mais personne ne le fait vraiment, dis-je en reniflant légèrement.

- Mais nous, on le fera, assura-t-il.

Je plongeai mon regard dans le sien et je n'y vis que de la sincérité. À nouveau, il m'embrassa, pressant ses lèvres contre les miennes, prolongeant le baiser au maximum. Je savais ce que ça voulait dire. C'était notre dernier avant qu'il ne me laisse partir. Notre dernier avant très longtemps. Peut-être même notre dernier tout court. Il dura plusieurs minutes, au terme desquelles je fis un gros effort de volonté pour me forcer à reculer.

- Cette fois, je vais y aller… avant que Madame Maxime n'alerte le Ministère… ou qui que ce soit d'autre…

- Je t'aime, murmura-t-il simplement avant de lâcher mes mains pour me laisser partir.

- Je t'aime aussi…

Je ne voulais pas partir. C'était sans doute ce que je voulais le moins au monde. Mais il le fallait. Je quittai donc la forêt et marchai vers le carrosse.

- Madame Maxime, elle est là ! cria aussitôt une voix.

Mes camarades coururent vers moi.

- Bon sang mais où étais-tu ? demanda Audrey. On était mortes d'inquiétude ! Tu nous as dit que tu allais prendre l'air quelques minutes, et tu n'es pas revenue de la nuit, Madame Maxime a failli faire une syncope quand on lui a dit !

Merde. Pardon d'être vulgaire. Il me fallait un mensonge, et TRÈS vite.

- Je suis allée dans la forêt et je me suis… ben… je me suis endormie.

Oh, allez. Ce n'était qu'un demi-mensonge. Et encore, par omission. J'étais vraiment allée dans la forêt. Et je m'y étais bel et bien endormie.

- Mais c'est complètement fou ! s'exclama Isis. Tu vas bien ?

- Oui, je…

- Mademoiselle Delacour !

Madame Maxime m'enleva dans ses puissants bras, réveillant les douleurs causées par le sol peu confortable de la forêt où j'avais passé la nuit.

- Nous étions terriblement inquiètes, comment vous sentez-vous ?

- Je vais bien, Madame Maxime, assurai-je.

Physiquement, c'était vrai. Émotionnellement, c'était le plus gros mensonge de toute ma vie. Elle me déposa sur le sol.

- Nous vous attendions pour partir, dit-elle en mettant une bourse dans ma main.

À mon regard (que je devine être interrogateur), elle dit :

- C'est votre part des mille Gallions, bien sûr !

Ah, oui, bien entendu. J'avais tellement axé mon énergie à me contenter de survivre aux épreuves que j'avais complètement oublié que le gagnant gagnait mille Gallions. Enfin, cinq cents, dans notre cas.

- Le trophée est dans le carrosse, bref, tout est prêt, nous vous attendions pour partir.

Comme une automate, je montai dans le carrosse avec les autres. Les Abraxans prirent leur envol, survolant Poudlard. Et, lorsque nous passâmes au-dessus du parc, je vis distinctement une personne marchant vers le château. Une personne vêtue de noir et de jaune. Cedric…

Je sortis un morceau de parchemin et une plume de mes affaires. Utilisant mon livre de métamorphose posé sur mes genoux en guise de soutien, je me mis à écrire. Sans que je m'en rende compte, Audrey, qui était assise à côté de moi, s'étira le cou pour lire. C'est lorsque j'entendis son : « Oooooh mon Dieuuuuu ! » que je relevai brusquement la tête, la prenant en flagrant délit d'indiscrétion.

- Audrey ! sifflai-je en ramenant mes jambes contre moi pour lui cacher ce que (peut-être) elle n'avait pas eu le temps de lire.

- Avoue, murmura-t-elle à toute vitesse. Tu étais avec ce garçon.

- Quel garçon ? demandai-je de la même manière.

- Diggory !

- Mais pas du tout !

Honnêtement, je pense que je n'aurais pas pu convaincre un enfant de cinq ans. Mon regard et le rosissement de mes joues me trahissaient, j'en étais sûre à cent pour cent.

- Je savais que ce n'était pas normal que tu aies partagé ta victoire avec lui !

- J'ai « partagé ma victoire » parce que nous sommes arrivés en même temps ! Ça me semblait plus… plus juste !

- Menteuse !

- Même si c'était le cas, qu'est-ce que ça pourrait bien te faire ?

- Tu me mens à moi pour le premier garçon venu, je trouve ça très…

- Ce n'est pas « le premier garçon venu » !

Devant son sourire de victoire, je sentis mes joues passer en mode cramoisi. Je m'étais trahie d'une façon pas très maligne. Elle me tendait un piège vieux comme le monde, indiqué avec des balises et des flèches écarlates clignotant sous une énorme enseigne indiquant « ATTRAPE-NIGAUD » en néons multicolores et je me jetais dedans encore plus naïvement qu'un enfant de trois ans.

- Ah-ah ! Donc, tu admets que tu mens !

- Je n'admets rien du tout, maintenant, laisse-moi écrire ma lettre tranquille !

Je me tournai un peu, appuyant mon dos sur la paroi du carrosse, les genoux pliés, de sorte qu'elle ne pouvait absolument pas voir ce que j'écrivais (à moins de plonger littéralement sur ma lettre, mais moins subtil, tu meurs). Le seul inconvénient de la tactique était que je voyais très nettement son regard très, très soupçonneux. Je repris mon écriture, feignant de ne pas la remarquer.

- Alors, qu'est-ce que vous avez fait ?

- Rien du tout puisque nous n'étions pas ensemble, répondis-je du tact au tact calmement.

En toute modestie, je dois dire que je masquais très bien mon énervement et ma nervosité.

- Oh, bien sûr. Et pendant cette nuit où vous n'étiez pas ensemble dans la forêt, vous n'avez quand même pas…

J'haussai un sourcil, comme pour lui demander de poursuivre sa pensée.

- Tu sais… vous n'avez pas… fait… certaines choses qui… qui ne devraient pas… qui ne devraient pas se faire pour… des jeunes filles de notre condition ?

« Deux fois plutôt qu'une », dis-je mentalement.

- Audrey ! m'exclamai-je, jouant le rôle de la vierge offensée.

D'accord, je reconnais que ça pouvait paraître déplacé d'employer une telle expression vu ce que j'avais fait avec Cedric. Mais avoir « sauté le pas » ne m'empêchait pas d'être offensée ! Non mais.

- J'aimerais vraiment savoir pour quelle genre de fille tu me prends !

Audrey me jaugea un moment, puis :

- Pour une menteuse.

Ça se voyait tant que ça ? Avant que je trouve quelque chose à dire, intelligent de préférence, elle avait détourné le regard et je continuai ma lettre. Lorsque j'eus fini, je me relis.

« Cedric,

Je t'écris cette lettre en direct du carrosse de l'Académie. Avec Audrey Dubuisson qui s'acharne à m'agacer prodigieusement. Enfin, qu'importe.

Tu me manques déjà, Cedric. Je ne sais pas ce que je vais faire chez moi. Sans toi. Sans ton amour pour me faire vivre. Sans ta présence, juste avec ton souvenir. C'est bête qu'on ait attendu le dernier jour pour se le dire. On aurait pu avoir tellement plus de temps si on s'était décidés avant. Enfin, on ne refait pas le monde avec des « si ».

Je t'aime, Cedric. Je sais que tu le sais déjà. Je te l'ai dit tellement de fois depuis la fin du Tournoi, mais j'ai l'impression que ce ne sera jamais assez. Mais ça me fait du bien de te l'écrire. Même par plume interposée.

Amoureusement,

Fleur.

PS : N'oublie pas notre promesse, surtout… »

Je la pliai soigneusement et la glissa dans une enveloppe, sur laquelle j'écrivis « Cedric Diggory, Poudlard » avant d'ouvrir la cage de Princesse, ma chouette. Je lui tendis la lettre, et elle la prit dans son bec. J'ouvris la fenêtre du carrosse et elle s'envola. Après son envol, je m'empressai de refermer la fenêtre, ignorant les regards assassins des autres.

- C'était vraiment si urgent ? grommela Aurore.

- Tu parles, dit Audrey, c'était pour son amoureux.

Dire ça au milieu de filles de Beauxbâtons, c'était pire que de faire exploser une bombe. Une douzaine de voix féminines s'élevèrent en même temps, demandant la même chose :

- Qui c'est ?

- Le Champion de Poudlard, répondit Audrey en fronçant le nez avec dégoût.

Alors, là, je n'ai pas du tout aimé. Pas le fait qu'elle l'ait dit (quoique. Mais, ça, je m'y attendais), mais la façon dont elle l'avait dit. Avec dédain.

- Rohlala, trop jeune, a dit Isis.

- Mais non, l'autre ! « Ze 'andsome ouane », dit Audrey avec son accent anglais qui était encore pire que le mien. (NdA : Mdr, ça mérite traduction : « the handsome one »)

Oh, et puis zut. Je ne les reverrais plus, après ça, de toute manière.

- Oui, et alors ?

- Mais Fleur, commença une fille, c'était un adversaire !

- Je te rassure, nous nous sommes à peine parlés avant la fin du Tournoi. Maintenant, il serait bien que vous lâchiez l'affaire. Et que vous arrêtiez de parler trop fort, vous allez réveiller Madame Maxime…

Argumentation pitoyable qu'était la mienne. Et elles le voyaient comme je le voyais. Mais tant pis, après tout ! D'abord, qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire que j'aie été ou pas dans cette forêt avec Cedric, et qu'est-ce qu'elles en avaient à faire de ce qui c'était produit ou pas cette nuit, ces fouineuses ? C'était ma vie, bon sang !

La totalité du voyage de retour se passa donc dans une ambiance absolument exécrable, avec les autres filles qui me jetaient des regards en biais qui signifiaient clairement « sale traîtresse », et moi qui m'efforçais de regarder dehors, les bras croisés. Lorsqu'il se posa devant l'Académie, je m'empressai de me changer d'un coup de baguette. Je portais encore la tenue que j'avais portée pour affronter les mystères du labyrinthe, et mes parents ne manqueraient pas de me demander pourquoi je ne m'étais pas changée. Mes cheveux se recoiffèrent instantanément et, d'un air digne, je sortis du carrosse, faisant léviter mes valises et le trophée. En le voyant, tous les élèves de Beauxbâtons n'ayant pas fait partie de la délégation – et donc, n'ayant pas pu voir le Tournoi – applaudirent avec enthousiasme.

- On a gagné ! s'exclama une élève en direction de son amie. On a écrasé ces brutes du Nord et ces idiots de Britanniques !

Non, désolée, chérie. Tu fais erreur. Nous n'avons pas « écrasé ces idiots de Britanniques ». Madame Maxime sortit à son tour du carrosse, posant une large main sur mon épaule.

- Mademoiselle Delacour, qui nous ramène le tant convoité Trophée du Tournoi des Trois Sorciers, n'a pas été le seul Champion à le faire.

On ne pourrait pas garder ça entre nous ?

- L'Académie Beauxbâtons a terminé ce Tournoi ex aqueo avec le Collège Poudlard, puisqu'ils ont été deux à s'emparer du trophée.

Les réactions qui s'ensuivirent furent diverses et variées : certains manifestèrent leur mécontentement d'être ainsi égalés, d'autres semblaient se dire que le fait qu'une autre école ait gagné n'était pas important, du moment que nous étions dans les gagnants.

Je remis le trophée à Madame Maxime, pour qu'elle le mette dans la salle de trophées de l'école. Lorsque mes parents arrivèrent, quelques minutes plus tard, mon père me serra dans ses bras.

- Ta mère m'a raconté, ma chérie. Je suis vraiment désolée d'avoir manqué ton exploit…

- Ce n'est rien, papa, dis-je en lui rendant son étreinte.

En rentrant à la maison, j'allai m'enfermer dans ma chambre. Gabrielle voulut venir me voir, mais j'entendis maman lui dire de ne pas me déranger parce que je devais avoir besoin de repos. Un peu plus tard, j'entendis mes parents discuter. En fait, ils étaient bien plus inquiets qu'ils ne l'avaient montré devant Gabrielle.

- Je crois qu'elle ne se sent pas bien, Florence.

- Je devrais aller la voir. Cette infirmière de Potdelard est une Anglaise… elle devait être d'une incompétence…

- Je crois que ce n'a rien à voir avec la médicomagie.

- Avec quoi, alors ?

- Le Tournoi ! Les Champions ne sont jamais les mêmes, après ça. Lorsqu'ils survivent…

Alors, là, il avait raison. Je n'étais plus la même, sûrement pas. Mais le Tournoi était loin d'en être la cause directe. D'accord, combattre une dragonne, ça fait réaliser que la vie est parfois plus fragile qu'on pense. Et lorsque j'ai cru perdre ma sœur dans le lac, j'ai réalisé à quel point je tenais à elle. Devoir me soucier autant de ma survie pendant l'année scolaire qui venait de se terminer, ça m'avait fait réaliser à quel point mes « amies » étaient idiotes et superficielles. J'avais mûrit, je suppose. Mais rien, rien de ce que j'avais affronté cette année, ou même dans toute ma vie, n'avait opéré autant de changements en moi que Cedric.

- Laissons-la se reposer, dit ma mère. Une bonne nuit de sommeil lui fera du bien…

Ma mère avait raison. J'aurais bien eu besoin d'une bonne nuit de sommeil. Mais, allongée dans mon lit, la tête tournée vers la fenêtre, je n'attendais pas le sommeil.

J'attendais un hibou.

Le mot de la fin : Et bah voilà… plus court que le précédent, mais ils peuvent pas tous être aussi longs, LOL.