Mme Diggory Weasley : Moi aussi, je veux le même ! Si j'en vois un comme ça en magasin, je t'envoie un bon de commande, mdrrr… (Quand on dit que c'est les meilleurs qui partent en premier… SNIF)
Chapitre 5 : Oups…
C'était inévitable. Bien que ça ne me plaisait guère, Cedric m'avait invitée pour une semaine. Et, même si je serais volontiers demeurée éternellement avec lui, par définition, « une semaine », ce n'est pas l'éternité, quelle que soit notre volonté.
Je venais donc de dire au revoir à Amos et à Grace (laquelle m'avait dit de revenir « quand je voulais »). J'étais dehors, avec Cedric, tenant fermement la vieille plume qui était mon Portoloin de retour. Nous nous regardions, légèrement embarrassés, ne sachant quoi dire, n'osant pas rompre le silence.
- On dirait qu'on va revenir aux hiboux, finit-il par dire d'une voix mal assurée.
- On dirait, répondit-je de la même voix.
Il me regarda longuement, puis, sans mot dire, ouvrit légèrement les bras. J'y plongeai sans hésiter, passant mes bras autour de son cou. Je le serrais dans mes bras comme un naufragé en pleine mer s'agrippant désespérément à son unique bouée de sauvetage. Lui aussi. Avec douceur, ses lèvres se posèrent sur les miennes.
Je fermai les yeux pour mieux m'abandonner aux sensations que ce baiser – de plus en plus passionné – éveillait en moi. Puis, après un moment dont la durée me fut impossible à déterminer, je m'éloignai légèrement de lui et caressai sa joue tendrement. Nous ne dîmes pas un mot. Nos yeux parlaient pour nous, communiquant à l'autre un amour tel que les mots n'étaient pas suffisants pour l'exprimer avec des mots.
Je savais que le Portoloin allait bientôt se déclencher. À contrecoeur, donc, je me détachai complètement de lui, empoignant ma valise.
- Je t'aime, murmura-t-il avec douceur.
J'ouvris la bouche pour répondre, mais, à cet instant précis, le Portoloin s'activa, et je fus emportée.
J'arrivai dans la cour du manoir familial. Poussant un discret soupir, j'entrai. En voyant Betty s'incliner devant moi en m'annonçant qu'on m'attendait pour dîner, je lui ordonnai de s'occuper de ma valise et me dirigeai vers la salle à manger. À mi-chemin, je fus interceptée par Gabrielle, qui me sauta au cou. Littéralement.
- Gaby, par toutes les fées de la Terre ! m'exclamai-je en passant très près de tomber par terre.
- Tu m'as manquééééée !
- Toi aussi, Gaby, assurai-je en la serrant dans mes bras.
Elle se recula un peu en fronçant légèrement les sourcils.
- Quoi ? demandai-je.
- Tes vêtements, dit-elle simplement.
- Quoi, mes vêtements ?
Je regardai mes vêtements, me demandant bien quel était le problème.
- Ils sentent… bizarre.
- Est-ce que tu serais en train de tenter d'insinuer que je pue, Gabrielle Delacour ?
- Non, mais ce n'est pas ton parfum. On dirait…
Son regard partit dans le vague. « Patiemment », j'attendis qu'elle se décide à expliciter.
- On dirait papa quand il se fait tout beau pour sortir avec maman au restaurant.
Mes yeux s'arrondirent alors que je comprenais ce qu'elle voulait dire. Le parfum qu'elle sentait sur moi était celui de Cedric. Et si ma petite sœur de huit ans pouvait le remarquer, nul doute que ma mère, avec son flair légendaire (dans tous les sens du terme), allait le remarquer. Et elle ne manquerait pas de se demander comment un séjour chez Fiona Duruisseau pourrait être à l'origine de la présence d'un parfum masculin sur sa fille adorée.
Je jetai donc à Gabrielle un regard qui voulait clairement dire : « Tu n'as RIEN senti, tu n'as RIEN vu, rien, rien, R-I-E-N » avant de me précipiter à l'étage pour me changer. Il n'aurait plus manqué que ça. Me faire découvrir maintenant alors que mon plan avait parfaitement fonctionné !
Je redescendis donc quelques minutes après. Lorsque j'entrai dans la salle à manger, on n'attendait plus que moi. Je m'assis donc, comme si de rien n'était.
- Tu t'es bien amusée, chez Fiona ? demanda mon père.
- Oui, répondis-je, mentant à la perfection.
On ne passe pas dix-huit ans à « subir » une éducation comme la mienne sans apprendre à mentir. Il faut bien que ça ait des avantages.
- Ça m'a fait du bien de la revoir, assurai-je.
- Qu'avez-vous fait ? demanda ma mère.
- Rien de spécial, répondis-je avec détachement.
Je tendis la main pour prendre un morceau de pain. La gauche. Erreur monumentale.
- Qu'est-ce que c'est ? s'interrogea mon père, le regard fixé sur ma main.
D'ailleurs, c'est là que je réalisai mon erreur. Parce qu'il se trouve que c'était justement la main où je portais ma claddagh. Il me fallait donc improviser un mensonge, et vite. En espérant que mon père et ma mère ignorent ce qu'est une claddagh.
- C'est un gage d'amitié que m'a donné Fiona.
- Oh, je vois, répondit-il.
« OUF » pensai-je. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'avais eu chaud. Le reste du repas se passa (fort heureusement) sans anicroche, ainsi que le reste de la soirée. Vers vingt-deux heures, la fatigue me gagna et je m'excusai auprès de mes parents pour aller me coucher. Je mis peu de temps à m'endormir.
La chaleur de son corps contre le mien… ses lèvres chaudes et douces effleurant ma nuque frémissante… ses mains courant fiévreusement sur mon corps en feu… sa voix, profonde et suave, murmurant mon nom…
- Fleur… Fleur !
Grognant légèrement, je m'éveillai. Ce qui signifiait deux choses : primo, ce n'était (malheureusement) qu'un rêve. Secundo, quelqu'un allait me le payer très cher. Mais lorsque je vis Gabrielle, assise sur l'un des coins de mon lit, serrant contre elle sa peluche de chat blanc, mon énervement s'envola. Je me redressai à moitié.
- Qu'est-ce qu'il y a ? murmurai-je.
J'ignorais quelle heure il était et, par conséquent, si mes parents étaient couchés. Donc, ne prenons pas de risque.
- J'ai fait un mauvais rêve, dit-elle d'une toute petite voix.
Depuis qu'elle était petite, c'était moi qu'elle venait voir dans ces cas-là. Je ne me souvenais même pas qu'elle ait déjà réveillée ma mère après un cauchemar. C'était toujours moi. Silencieusement, je lui fis signe d'approcher. Elle se blottit contre moi et je caressai doucement ses cheveux.
- Raconte-moi, chuchotai-je.
- C'était tout froid et tout noir, commença-t-elle d'une voix faible. Et il y avait plein d'eau. Je crois. Je crois que j'étais dans l'eau…
Je sentis ma gorge se nouer. Gabrielle poursuivait son récit, mais je me doutais déjà de ce qu'elle allait me dire :
- Et il y avait plein de rires méchants autour de moi. Beaucoup de mains gluantes et griffues essayaient de m'attraper pour me tirer vers le fond…
En mode automate, je la berçai tendrement dans mes bras alors qu'elle se mettait à pleurer, mais mon esprit était ailleurs. Je savais bien ce que signifiait ce cauchemar qui la hantait. J'ignorais si elle avait vraiment commencé à s'éveiller avant qu'Harry atteigne la surface, ou si ce rêve était un pur produit de son imagination. Mais ça n'avait aucune importance. Le résultat était le même : ma petite sœur avait peur.
Et c'était ma faute. Parce que je m'étais inscrite à ce stupide Tournoi, parce que je m'étais laissée avoir par des Strangulots, qu'un gamin de quatorze ans avait été capable de repousser. Lamentable. Je savais pourquoi c'était toujours moi qu'elle venait voir après un mauvais rêve. Elle avait confiance en moi, et elle s'attendait à ce que je la rassure, que je la protège. Peut-être même qu'elle me voyait comme une espèce de héros.
Mais ce jour-là, dans le lac, son héros avait échoué. Je devais la sauver, et j'en avais été incapable.
Et maintenant, c'était elle qui payait pour mon incompétence.
Gabrielle mit peu de temps à se rendormir. Moi, au contraire, je mis plusieurs heures à pouvoir retrouver le sommeil.
Le lendemain, lorsque je m'éveillai, Gabrielle dormait encore. Doucement, pour ne pas l'éveiller, je me levai et sortis de ma chambre. Lorsque j'entrai dans la salle à manger, ma mère y était déjà. Elle me salua distraitement en me voyant entrer, plongée dans la lecture de son livre.
Je pris place à table et n'eus pas le temps de me servir, car un hibou entra rapidement dans la maison par la fenêtre ouverte et se posa… sur la table, faisant pousser à ma mère un grognement sonore, qui n'avait décidément rien à voir avec le rang social de la famille.
- De qui est ce satané volatile mal élevé ?
- De Fiona, mentis-je.
J'avais aussitôt reconnu le hibou aux plumes d'un beau roux sombre : c'était celui de Cedric. Mais, bien sûr, je ne pouvais pas décemment le dire à ma mère. Je me contentai donc de prendre la lettre que portait l'oiseau. J'ouvris la lettre, laissai tomber avec négligence l'enveloppe sur la table et entamai ma lecture. J'avais à peine lu ma première phrase que le ton soupçonneux de ma mère s'éleva :
- De Fiona ?
- Oui, maman, répondis-je avec distraction.
- Ce n'est pas l'écriture de Fiona.
M… elle avait raison. L'écriture de Cedric, rapide, droite et assurée, ne pouvait en aucun cas être confondue avec celle, féminine, stylisée et aux mille et une fioritures de mon amie. Interloquée, je n'arrivais pas à dire un mot. D'ailleurs, qu'est-ce que j'aurais pu dire ?
- Donne-moi cette lettre, Fleur.
- Mais, maman… commençai-je dans une tentative désespérée de sauver ma peau.
- Fleur, ordonna la voix de mon père dans mon dos, donne cette lettre à ta mère.
Je sursautai. Je ne l'avais pas entendu arriver. Prise au piège, je tendis avec résignation la lettre à ma mère. Après quelques secondes, elle la tendit à mon père.
- C'est en anglais, dit-elle d'un air sévère.
Facteur aggravant. Ma mère ne comprenait pas l'anglais, mais elle pouvait le reconnaître. Et je n'étais pas sauvée pour autant. Si ma mère ne parlait pas un mot d'anglais, mon père, avec son poste de haut fonctionnaire au sein du ministère français de la magie, était parfaitement bilingue. Il s'empara de la lettre et commença à lire. Ce qui voulait dire que j'allais vraiment avoir de gros ennuis. Et son expression, de plus en plus mécontente, n'augurait vraiment rien de bon.
- Donc, résuma-t-il en redéposant la lettre sur la table. Non seulement tu t'offres le privilège d'entretenir dans notre dos une relation amoureuse avec un Anglais, mais, en plus, tu t'es payé le luxe de nous mentir en prétendant aller chez Fiona, alors qu'en fait, tu étais chez lui ?
- Ce n'est… pas ce que tu crois ? tentai-je d'un ton misérable.
Vraiment pitoyable.
- Qu'est-ce que je dois croire d'autre que le fait que ma fille, MA FILLE, est allée passer une semaine chez un GARÇON en prétendant être chez son amie ?
- C'est vrai, cédai-je, mais, contrairement à ce que tu pourrais éventuellement penser, il ne s'est absolument rien produit de répréhensible…
Bon, d'accord, c'était un mensonge, mais il n'en saurait rien. Et au point où j'en étais…
- Il ne manquerait plus que ça.
- Cedric, murmura ma mère, le regard fixé sur la lettre. Diggerri ? Le garçon qui représentait Potdelard ?
- Diggory, maman, corrigeai-je machinalement.
- Ce petit charmeur à deux sous ?
- Maman ! dis-je d'un ton offensé.
- Ne réplique pas comme ça à ta mère ! intervint mon père. Surtout pas pour un garnement Britannique de seconde zone !
- Papa, tu ne le connais même pas !
Il balaya l'air de sa main, comme s'il considérait que connaître une personne était quelque chose de très facultatif pour avoir le droit de porter un jugement. Mon regard passait de mon père à ma mère, et inversement. Jamais je n'aurais cru devoir me disputer comme ça avec eux pour quelque chose d'aussi personnel que mes sentiments envers quelqu'un. Silencieusement, mon père tendit la main vers moi.
- Quoi ? demandai-je.
- Ta bague.
- Pardon ?
- Donne-la-moi.
- Papa !
- Fleur Daphné Delacour-Leboiser, donne-moi immédiatement cette bague !
- Alors là, pas question.
Houlà. Attendez. Depuis combien de temps est-ce que je répondais aussi vertement à mes parents ? Ils échangeaient discrètement des regards surpris. Je ne les avais pas habitués à une telle désobéissance. Poussée à bout, je pris la lettre de Cedric d'un geste rageur et montai l'escalier. Au passage, je faillis foncer directement dans Gabrielle. Je ne répondis pas à son regard interrogateur et allai m'enfermer dans ma chambre.
Je me laissai glisser sur le sol avant de laisser aller ma tête contre la porte en soupirant bruyamment. Je griffonnai rapidement une réponse à Cedric, lui expliquant qu'il ne devait pas s'inquiéter si je ne répondais plus. Également, je lui conseiller de ne pas m'écrire tant que je ne lui enverrais pas un autre hibou. Je soupirai à nouveau en signant et en donnant la lettre à ma chouette, qui prit immédiatement son envol. Cedric comprendrait. Cedric comprenait toujours.
J'allai dans la salle de bain reliée à ma chambre et fermai la porte derrière moi. Une bonne douche me ferait du bien. Je fis couler l'eau, me débarrassai de mon pyjama de soie parme et entrai dans la douche. J'y demeurai de longues minutes, laissant au jet relaxant le soin de me détendre. Après un quart d'heure environ, je sortis de la douche, m'essuyai avec une épaisse serviette blanche, que j'enroulai autour de moi avant d'entrer dans ma chambre. Et ce que je vis me coupa le souffle.
Ma mère me tournait le dos, penchée sur un tiroir ouvert, dont elle fouillait le contenu sans gêne. Je me raclai bruyamment la gorge. Elle se retourna, nullement embarrassée.
- Bonjour.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je en m'approchant d'elle.
Évidemment, je connaissais la réponse, elle cherchait les lettres de Cedric. Mais je voulais voir si elle allait oser me le dire en me regardant dans les yeux. Ou si elle allait oser me le dire tout court.
- Ne t'occupe pas de ça.
- Au contraire, je crois que je devrais, répliquai-je avec un calme trompeur.
Allez savoir où je trouvais le cran de répondre comme ça à ma propre mère.
- Ça ne te regarde pas.
- Puisqu'il s'agit de ma chambre, de mon tiroir et de mes effets personnels, je pense que ça me regarde.
Ma main glissait paresseusement vers ma baguette magique, sagement posée sur mon bureau.
- Maman, je réitère.
- Même réponse.
- Je vais t'aider, dans ce cas. Ce n'est pas celui-là.
VLAM. Ma main venait de se refermer sur ma baguette magique et, en moins de temps qu'il ne m'en fallait pour jeter un Maléfice de Chauve-Furie à Hector Lepère, j'avais refermé tiroir brusquement. Miraculeusement, ma mère avait eu le réflexe de retirer ses mains avant que le tiroir ne se referme. Elle tourna lentement la tête vers moi. J'inspirai profondément et levai ma baguette jusqu'à la pointer vers elle.
- Sors.
- Fleur, baisse cette baguette, je ne t'ai pas élevée comme ça !
- Non, mais tu ne m'as pas non plus élevée à fouiller dans les affaires des autres. Pourtant, c'est ce que tu faisais à l'instant même. Tu veux les lettres de Cedric ? Et pour quoi faire ? Est-ce que je fouille dans tes lettres d'amour, moi ? Encore une fois, je vais t'aider : non. Alors, sors de ma chambre tout de suite.
- Ce garçon t'a changée, Fleur, dit-elle d'un ton hautain. Dans le mauvais sens du terme.
Je soutins son regard alors qu'elle sortait. Lorsque la porte se referma derrière elle, je laissai tomber ma baguette sur le bureau.
Pincez-moi, je rêve. Était-ce vraiment moi qui venais d'agir comme ça ? Menacer ma mère de ma baguette, lui parler comme je l'avais fait…
Elle devait avoir raison. Je devais avoir changé.
Dans le bon sens du terme.
Le mot de la fin : P'tain, que ses parents sont vaches, lol ! Surtout la mère… ahlala, dur d'aimer un Anglais, hein ? Reviews, pliiiiiiiiiiiiizzz !
