2-Descente en enfer
Flack fut étonné quand il découvrit le hall d'entrée de l'immeuble. Quelle différence avec son aspect extérieur délabré ! Tout paraissait neuf ici…Et accueillant. Ça cachait vraiment quelque chose…
Avançant prudemment, le jeune détective aperçut enfin une sorte de bureau d'accueil…Les deux hommes qu'il suivait étaient passés rapidement. Certainement des habitués de l'endroit…
Prenant une profonde inspiration, Don avança avec détermination vers l'hôtesse d'accueil, qui sourit poliment à sa vue, et pria pour qu'on ne le fouille pas : il avait caché son arme et sa plaque au cas où il y aurait du grabuge. Il pouvait en avoir besoin à tout moment…
Alicia : Bonjour. (l'observant rapidement) Vous n'êtes jamais venu, n'est-ce pas ?
Don : En effet…
Surtout garder son calme, paraître le plus zen possible. Elle ne devait se douter de rien…
Alicia : Bien. Si vous êtes là, c'est que vous avez rencontré l'un de mes collaborateurs…
Don : Oui. A…
Alicia : Je ne veux pas savoir d'où vous venez. S'il est venu à vous, c'est que nous pouvons nous satisfaire mutuellement.
Don : En effet…
Bien. Il donnait le change. Mais de quoi parlait-elle ?
Alicia : Je vois que nous nous comprenons…Suivez-moi. Comme vous êtes un nouveau client, je dois vous expliquer les règles de notre établissement.
Client ? Qu'est-ce qu'elle vendait ? Que proposait-elle comme service ici ? Et pourquoi tenait-elle à ne pas savoir qui il était ? Enfin, ça l'arrangeait bien mais cela intriguait énormément Flack.
Alicia mena le détective au petit salon et l'invita à s'asseoir sur l'un des fauteuils confortables. Elle se dirigea ensuite vers un petit bar, admirant discrètement le beau jeune homme…Il ne devait pas avoir de problèmes pour se trouver des filles…Mais manifestement, il cherchait autre chose…
Alicia : Voulez-vous boire quelque chose ?
Don : Non, merci.
Alicia (le rejoignant, s'asseyant à son tour avec élégance, un verre de cognac à la main) Bien. Ecoutez-moi attentivement. Je ne répéterai pas les règles…Vous ne parlez de cet endroit à personne j'ai déjà ce qu'il me faut pour ça. Quand vous venez ici, soyez discret…
Flack souriait intérieurement : il en connaissait déjà deux qui avait violé cette règle.
Alicia : Vous payez cash et d'avance. Je ne vous connais pas et vous ne me connaissez pas. Votre identité ne m'intéresse pas. Seul compte votre plaisir et votre argent pour moi. Compris ?
Don (hochant la tête) Oui.
Alicia (souriant, satisfaite) Parfait. Combien de temps voulez-vous rester ?
Rester ? Mais rester pourquoi faire ? Flack jurait intérieurement devant tous ces mystères. Mais si c'était le seul moyen d'avoir une piste sur la disparition de Stella…
Don (hésitant, espérant qu'il ne dirait pas une bêtise) Une heure…
Alicia (notant sur son agenda électronique) Bien. Ça vous fera 500 dollars.
Flack soupira de soulagement. Heureusement qu'il avait eu l'idée de prendre pas mal de liquide avec lui, comme à son habitude, pour payer les éventuels indics. Le détective sortit prudemment son portefeuille, évitant que la jeune femme assise en face de lui ne voie son arme, et lui tendit dix billets de 50 dollars. Alicia lui prit des mains et lui donna un énorme classeur.
Alicia (souriant, commençant à compter les billets) Faites votre choix. (apercevant une femme à son comptoir d'accueil) Excusez-moi, je reviens. Une cliente.
Flack fronça les sourcils. Une femme ? Mais qu'est-ce que c'était que cet endroit ?
Le jeune détective suivit son hôtesse du regard et ne put apercevoir la cliente en question. Alicia avait fermé la porte… Soupirant de frustration et de contrariété, Don finit par ouvrir le classeur et se figea en voyant ses… « produits » : des femmes. Ce classeur semblait contenir une centaine de photos. Il n'y avait rien d'autre sur ces femmes : ni identité, ni âge, aucun renseignement quelconque…Juste leurs photos. Et on pouvait voir une certaine frayeur dans leurs yeux.
Une angoisse sourde tenaillait ses entrailles, une peur intense l'envahissait pendant que Don continuait de feuilleter ce terrible classeur. Il craignait le pire…
Lorsqu'il arriva à la page 25 de son « catalogue », son sang se glaça dans ses veines et une tristesse immense déferlait sur lui. Non, c'était impossible, ça ne pouvait pas être elle…
Alicia (le faisant sursauter) Vous avez choisi ?
Don (déglutissant, essayant de rester maître de lui-même) Heu…Oui. (lui montrant la photo de la page 25) Elle.
Alicia (haussant les sourcils, étonnée) Emeraude ? Vous n'en voulez pas une plus jeune ?
Don (déterminé, serrant le classeur avec force) Non. Je veux…Emeraude.
Alicia (s'inclinant, lui souriant) Très bien. Elle est très demandée, vous savez…Mais par des personnes plus mûres que vous.
Don (souriant) Je suis quelqu'un d'incroyablement mature…
Alicia : Votre choix le démontre. Avant de vous mener à sa chambre, je dois tout de même vous signaler certaines conditions.
Don (sarcastique) Je croyais que je les avais déjà eues.
Alicia (aimable et conciliante) Les règles de « La Maison Close », en effet. Mais chaque fille a sa particularité, ses exceptions.
Don : Ha…
Alicia : Pour Emeraude, c'est assez simple. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez avec elle : violence, utilisation d'objets, insultes…Mais vous ne devez en aucun cas la tuer, ou la blesser au point d'entraîner sa mort, et frapper son visage. C'est son atout principale : son beau visage fin et ses yeux émeraude. Beaucoup ont été charmé par son regard…
Don (sentant son déjeuner remonter au fond de sa gorge) Comme moi…
Alicia : Parfait. Emeraude est à vous pendant une heure.
Don (déglutissant) Merci.
Alicia : Ho ! J'allais oublier…Voulez-vous qu'elle vous voit ?
Don (fronçant les sourcils) Comment ça ?
Alicia : Si vous voulez qu'elle vous regarde, vous devez porter un masque. Sinon, elle aura les yeux bandés…C'est juste une question de prudence et de sécurité pour vous…
Don : Et bien…Bandez-lui les yeux…
Alicia (surprise) Je croyais que vous aimiez ses yeux ?
Don : Je préfère les imaginer. Et puis, qu'elle ne me voit pas rendra l'expérience plus… intense.
Rien qu'en prononçant ces paroles, Flack se dégoûtait.
Alicia : Comme vous voulez. (interpellant un homme) Mike, bandeau pour Emeraude.
Mike : Tout de suite.
Alicia fit patienter Don pendant quelques minutes devant un long couloir menant à de nombreuses portes. Mike lui fit un signe « ok » de la main peu après et disparut de sa vue. La jeune femme, souriant toujours avec amabilité, conduisit le jeune détective jusqu'à la chambre d'Emeraude et finit par lui ouvrir la porte.
Alicia : Amusez-vous bien…Méfiez-vous tout de même, elle se débat énormément. Vraiment, c'est une battante… (l'évaluant de la tête aux pieds, avec un regard appréciateur) Mais je pense que vous n'aurez aucun problème pour la gérer et la soumettre à votre contrôle…
Don (sentant la colère monter en lui de plus en plus) Et vous avez raison. Vous savez bien jauger les gens, dites-moi…
Alicia (flattée) Ça fait parti de mon métier…
Puis la jeune femme s'inclina et l'invita à entrer, fermant la porte derrière Flack par la suite. Don avança doucement vers la femme nue, attachée et aveuglée, ne regardant que son visage, et sentit des larmes perler sur ses joues. Mon Dieu…
Don (dans un souffle, avec une incroyable souffrance dans la voix) Stella…
