3-Délivrance

Flack ne pouvait le croire. Stella était là, juste sous ses yeux…Et elle avait été si proche de lui depuis tout ce temps ! Et lui avait été incapable de la retrouver plus tôt… Qu'avait-elle subi durant ces deux mois ?

La culpabilité rongeait le jeune détective de l'intérieur, sans aucune pitié, et ses larmes s'accrurent. A cause de son manque de vigilance et de son incompétence, Stella avait sans aucun doute souffert le martyre dans cette maison close…Et il en était responsable !

Don jeta un rapide coup d'œil sur le corps nu de la scientifique et put y voir des hématomes de tailles diverses et de multiples écorchures, désinfectées étrangement. Manifestement, la gérante de cet établissement aux services particuliers tenait à avoir ses « employées » en bonne santé…

Stella se mit soudain à parler, sortant le jeune homme de ses sordides pensées.

Stella (suppliant) Non…Pitié…Je ne veux pas…Je n'en peux plus…

Don sentit son cœur se briser en mille morceaux en entendant la voix désespérée et fatiguée de la scientifique. Il allait la sortir de là…Et tout de suite !

Le détective s'approcha doucement et s'assit au bord du lit calmement, ne voulant pas l'effrayer. Il amena ses mains sur le bandeau cachant les beaux yeux émeraude de la jeune femme pour l'enlever mais Stella eut un mouvement de recul, terrorisée.

Stella (effrayée mais se débattant) Non ! Ne me touchez pas ! Ne me touchez plus…

Le cœur de Flack se serra de douleur au son presque hystérique de la voix de Stella, où pointait aussi le désespoir, et à ses mots. Que lui avait-on fait ? Mais d'abord, il devait la rassurer…

Don (d'une voix très douce) Stella, c'est moi. Don Flack. Je suis là pour…

Stella (commençant à pleurer) C'est…impossible…Il…Il… (rageusement) C'est un nouveau stratagème pour me torturer ? Me faire plier ? Me soumettre !

Don (esquissant un geste pour l'attraper mais se retenant à temps) Ecoutez ma voix, Stella. C'est bien moi, Flack. Votre collègue dans la police. Votre ami ! Laissez-moi vous retirer ce bandeau pour que vous puissiez me voir, que vous puissiez voir que je suis là. Vous savez bien que je ne vous ferai aucun mal, Stella…

Et avant qu'elle ne puisse protester une nouvelle fois, Don lui retira rapidement mais délicatement ce maudit bandeau et prit son visage entre ses mains avec une immense douceur, le tournant vers le sien. Il pouvait sentir ses tremblements de terreur sous ses doigts…

Stella (les yeux toujours fermés, sanglotant de plus en plus et bougeant comme elle pouvait) Non ! Non ! Nooon !

Don (avec douceur mais aussi persuasion) Stella ! Ouvrez vos yeux ! Regardez-moi ! Laissez-moi vous aider à sortir de cet enfer ! S'il vous plaît…

Flack se mit à caresser tendrement les joues humides de la scientifique, essayant de la calmer, de la rassurer par ce geste doux. Et il y réussit…

Stella avait été étonnée par la douceur des mains posées sur son visage. Les autres n'étaient pas comme ça…Pas comme ça du tout…

La scientifique finit par ouvrir lentement ses yeux verts avec crainte et des larmes se mirent à couler abondamment quand elle reconnut Flack, qui lui souriait et la regardait de ses beaux yeux bleus pourtant voilés, tout en continuant à caresser doucement ses joues.

Stella (sanglotant et hoquetant) Dooon…Don…Don…

Don (continuant ses caresses sur son visage) Je suis là, Stella et je ne vais pas vous abandonner ici… (regardant les poignets de la scientifique) Occupons-nous d'abord de ces menottes.

Le jeune détective prit un des coussins colorés et bien rembourrés de la chambre comme silencieux provisoire et sortit ensuite son pistolet pour détruire les chaînes des deux paires de menottes, qui retenaient les poignets de Stella à la tête du lit. Dès que la jeune femme fut libérée de ses entraves, la scientifique se jeta dans les bras de Flack, pleurant sur son épaule et agrippant sa veste avec force. Le détective ne savait pas comment réagir et finit par l'entourer de ses bras avec douceur et prudence, sentant malgré ça le corps de la scientifique se tendre à ce simple contact. Elle avait peur…

Don (la réconfortant) Shhh, Stella. Je ne vous veux aucun mal. Vous le savez. Vous savez que je ne vous blesserais pas. Je…Je vous…

Puis Flack cessa de parler. Ce n'était vraiment pas le moment idéal pour faire sa déclaration. Où avait-il la tête ?

Stella (se détendant peu à peu à ses paroles) Don…Faites-moi sortir d'ici…Je vous en prie…

Le corps entier de Don frissonna en entendant la jeune femme prononcer son prénom. Et l'avoir ainsi dans les bras, si vulnérable…Il devait se reprendre ! Et agir vite. Très vite. Flack finit par s'écarter lentement de Stella afin de pouvoir retirer sa veste et lui fit mettre sur son corps nu…et meurtri. Le détective prit ensuite son portable et composa le numéro de Mac. Les autres filles de cette maison close devaient aussi être libérées…

Mac (voix off) Taylor.

Don : Ici Flack. J'ai retrouvé Stella. Envoyez une équipe d'intervention et une ambulance à cette adresse…

Pendant que le jeune homme parlait avec le chef de la scientifique, Stella s'était raccrochée à lui presque avec désespoir. Flack était son phare, son point d'ancrage, sa bouée de sauvetage. Sa seule présence la rassurait, la réchauffait, lui réparait peu à peu le cœur…Et ça faisait si longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ça…

Ayant terminé sa conversation téléphonique, Don raccrocha et regarda gentiment Stella, toujours accrochée à lui avec force. Il l'enlaça avec douceur, la sentant encore se raidir puis se détendre lentement, et caressa tendrement ses cheveux bouclés.

Don : Tout va bien, Stella. Mac va arriver avec une équipe…Est-ce que vous pouvez vous lever et marcher ?

Stella (hésitant) Ou…Oui, je crois.

Don : Bien. Nous allons partir. Je ne veux pas que vous restiez une minute de plus ici.

Stella, acquiesçant, crut déceler de la fureur dans la voix du jeune détective mais aussi de la tristesse. Il se sentait coupable…Coupable de ce qui lui était arrivé…Mais ce n'était pas sa faute…

Flack la fit se lever avec douceur et la soutint avec gentillesse, l'aidant à marcher, son arme à la main. Il serait sans doute obligé de passer en force…

Stella était toujours agrippée à sa chemise et semblait ne plus vouloir le lâcher. Il était le seul être en qui elle avait confiance…Son seul espoir…

Les deux policiers atteignirent la porte de la chambre, l'ouvrirent et tombèrent nez à nez avec Mike, qui pointait un revolver sur eux.

Mike (menaçant) Elle reste ici et toi, tu meurs, mon pote.

Don (ne contenant plus sa colère, ses yeux bleus assombris par la fureur, sa voix devenant dure et froide) C'est vous qui allez mourir…Jusqu'au dernier…

oOo

Alicia était entrain de surveiller ses « filles » sur ses écrans de contrôle pendant leur « travail ». Lorsqu'elle vit son dernier client sortir un flingue et délivrer Emeraude, elle envoya ses cerbères les intercepter. Quant à elle, il valait mieux qu'elle se tire en vitesse dans un de ses établissements secondaires. Et dès maintenant, elle se montrerait plus prudente avec ses clients et améliorerait sa sécurité…