9-Purification
Stella était enfin dans son appartement et le trouva étonnamment propre. Il était difficile de croire qu'elle s'était… absentée durant deux mois.
Don (la voyant examiner son appartement avec un regard surpris) C'est moi…J'ai pensé que vous aimeriez retrouver un appartement propre. J'espère que ça ne vous dérange pas…
Stella (se tournant vers lui en souriant) Non. Merci, Don… (très sérieuse) Vous n'avez jamais désespéré à me trouver, n'est-ce pas ?
Don (hésitant, la fixant de son regard bleu, le rose colorant ses joues) Non…Je ne pouvais pas… Je ne voulais pas croire que vous étiez…
Stella : Morte ? (baissant la tête, parlant très bas) Il y a des jours où j'aurais voulu l'être…
Don (fronçant les sourcils) Pardon ?
Stella (avec un sourire forcée) Non, rien. Mais vous êtes une vraie fée du logis !
Don (embarrassé) Si vous pouviez éviter de le crier sur les toits… Danny pourrait me demander de lui nettoyer son appart'…
Stella rit doucement à cette idée. Il n'y avait que Flack qui pouvait lui redonner un peu le sourire actuellement. Et c'était grâce à lui qu'elle avait pu tenir si longtemps. Combien de fois avait-elle voulu se tailler les veines et s'était rétractée en pensant au jeune homme. Pour une raison inconnue, la scientifique avait su qu'il la retrouverait, qu'il la chercherait, qu'il ne l'abandonnerait pas…Et jusqu'ici, tous ses espoirs s'étaient révélés justes. Mais elle ne s'attendait pas à le voir réagir aussi violemment, prêt à tuer de sang froid, sans sourciller. Manifestement, elle n'était pas la seule à souffrir…Elle devait donc continuer à l'aider, comme il le faisait avec elle…Elle voulait revoir ses yeux bleus pétiller…Elle voulait faire disparaître cette tristesse et cette colère qu'il avait au fond de lui. Et elle se jura bien d'y arriver…
Don sourit légèrement en entendant le rire encore timide de Stella. Il aimait tellement l'entendre rire, la voir sourire. Mais elle devait d'abord surmonter tous ses traumatismes…
Don : Stella, je vais aller faire quelques courses pour que vous puissiez dîner.
Stella (effrayée de rester seule) Don…Je…
Don (sans geste brusque, lui redonnant sa plaque) Je reviens très vite, ne vous inquiétez pas…
Toujours craintive, Stella opina malgré tout de la tête, serrant la plaque du détective sur son cœur, et le vit esquisser un geste vers son visage mais il stoppa net. La scientifique put voir de la peur dans ses beaux yeux bleus et elle prit alors doucement sa main pour la poser sur sa joue, sans trembler. Elle se délecta de ce contact doux et chaleureux et eut la satisfaction de le sentir lui caresser le visage avec timidité. Il voulait vraiment qu'elle se sente en sécurité…
Don (la regardant tendrement) Je reviens, Stella…Promis…
Stella (levant les yeux vers lui) Je sais…
Stella le vit alors quitter son appartement puis se dirigea vers sa salle de bain, gardant toujours la plaque de Flack contre elle. Dès qu'elle fut dans la salle d'eau, elle finit par poser le badge sur le lavabo pour pouvoir se déshabiller et se doucher lorsqu'elle aperçut son reflet dans un de ses miroirs. Elle s'observa un moment. Son corps…Son corps était…
Stella (murmurant) Je suis sale…
oOo
Don revint dans l'appartement trente minutes plus tard. Il ne pensait pas que ça lui aurait pris autant de temps mais manifestement, la moitié des New Yorkais avaient décidé de faire leurs courses dans le même magasin que lui…
Ne voyant pas Stella dans le salon, Flack s'inquiéta puis entendit l'eau de la douche couler. Bien, ça devrait la détendre un peu…
Rassuré, le détective commença à déballer ses achats quand il entendit autre chose. Des sanglots ? Le cœur empli d'angoisse, le jeune homme se précipita dans la salle de bain et vit Stella recroquevillée dans un coin de la cabine de douche, les larmes aux yeux, qui se frottait vigoureusement le corps, tout en répétant sans cesse :
Stella (avec un ton monocorde) Je suis sale. Je suis sale. Je suis sale…
Quand Don vit la peau rouge et irritée de la jeune femme et certaines de ses écorchures recommencer à saigner, il n'hésita pas une seconde : il finit par entrer, prit une serviette au passage et atteignit Stella, recouvrant son corps et arrêtant le jet de la douche.
Don (paniqué mais ferme) Stella ! Arrêtez, vous saignez !
Stella (le fixant avec de grands yeux apeurés) Don, je dois me nettoyer ! Je suis sale, si sale… (recommençant à se frotter vigoureusement) Il faut que ça parte…
Don (l'arrêtant en lui agrippant fermement les bras, lui faisant pousser un petit cri de peur) Vous n'êtes pas sale, Stella ! Ce n'est pas vous, c'est eux ! Ce sont ceux qui vous ont fait du mal qui sont sales, pas vous ! Surtout pas vous…
Stella (se mettant à pleurer avec force) Don…Je les sens encore sur moi…Partout… Ça s'est insinué dans ma peau…Je veux que ça disparaisse…
Don (se faisant violence pour ne pas la prendre dans ses bras pour la rassurer, donnant un ton raisonnable à sa voix) Stella, ça ne partira pas en vous arrachant la peau…Il vous faudra du temps pour oublier…
Les larmes coulaient toujours à flot sur les joues de Stella et Don les essuya doucement avec ses pouces, dans un geste tendre et prudent. Il détestait la voir pleurer et la voir ainsi…dans un tel état de détresse, ça lui était insupportable. Si Mac et son équipe avaient quelques uns des violeurs de la jeune femme, le détective n'était pas sûr qu'il pourrait éviter de les massacrer les uns après les autres…
Alors que le détective lui essuyait ses larmes et commençait à la sécher en douceur pour ne pas l'effrayer, Stella le fixa un moment, totalement muette, se plongeant dans son beau regard bleu toujours triste, et elle put y lire toute son inquiétude mais aussi…son amour ! Son amour pour elle !
Et sans réfléchir, Stella embrassa Flack avec désespoir tandis que ses mains se dirigeaient lentement vers son pantalon, cherchant les cordons pour lui retirer. Surpris, le détective répondit d'abord à son baiser. Il en avait tellement rêvé…Puis, se rendant compte de ce qu'il faisait et sentant les mains de la jeune femme s'activer sur ses vêtements, il s'écarta vivement d'elle, essoufflé.
Don : Stella ! Non !
Stella (suppliante) Purifiez-moi, Don. Lavez-moi d'eux…Faites disparaître leurs présences de mon corps…
Don (désespérément) Stella…
La jeune femme s'empara une nouvelle fois de ses lèvres fermes avec force, le mordant presque, et glissa ses mains sous le haut de l'uniforme d'hôpital qu'il portait toujours, le sentant frémir sous ses doigts. Il avait envie d'elle…
Flack se sentait partir quand il sentit les mains fines de Stella caresser ses abdominaux mais il réussit, il ne sait comment, à s'écarter d'elle.
Don (retirant ses mains de son corps) Stella ! Pas comme ça ! Je…
Stella (pleurant) S'il vous plaît, Don…
Le détective n'avait plus qu'une solution. Ça allait être rude mais il n'avait plus le choix…
Don serra Stella dans ses bras avec force, l'écrasant contre lui, et l'embrassa avec passion. Et comme il s'y attendait, Stella se raidit, prenant peur, et tenta de le repousser. Don s'écarta alors d'elle, la tristesse se dessinant sur son visage, et il sentit des larmes perler sur ses joues…Encore une fois…
Don (triste et persuasif) Regardez comment vous réagissez quand je vous touche sans précaution, Stella ! Vous tremblez. Vous me craignez ! Et je vous aime trop pour vous faire encore plus de mal ! Coucher avec moi maintenant ne vous aidera pas. Dès que vous serez vraiment prête, que vous accepterez sans trembler que je vous touche vraiment, alors nous ferons l'amour…Mais pas maintenant, Stella. Ça serait une erreur…
Stella : Mais je sais que vous avez envie de…
Don : C'est vrai. Je ne vous mentirai pas. J'ai envie de vous à tel point que ça me fait mal. Mais vous êtes encore fragile et vulnérable…Je ne suis pas un de ces hommes qui profiterait de cette situation…
Stella : Je sais, Don… (pleurant à chaudes larmes) Je suis désolée. Je suis tellement désolée. Mais je voudrais oublier. Tout oublier !
Don : Ce n'est pas votre faute, Stella. Je comprends… (clignant des yeux pour dissiper ses larmes, essayant de détendre cette triste atmosphère) Mais ne me refaites pas ce coup-là. Mon cœur ne va pas tenir sinon…
Stella (avec un minuscule sourire) Promis…
Don (se levant, tout en renouant les cordons de son pantalon) Et maintenant, sortez de cette douche et rhabillez-vous. Je vais vous préparez un bon repas…
S'assurant qu'elle suivait ses instructions, le détective finit par se retourner quand une main agrippa doucement son bras. Le jeune homme se tourna pour voir deux yeux émeraude encore humides posés sur lui, presque timides.
Stella : Don…
Don (avec douceur) Oui, Stella.
Stella : Vous avez dit que vous m'aimiez…C'est vrai ? Malgré le fait que je…
Don : Oui. N'en doutez pas, Stella. Et rien ne fera changer mes sentiments envers vous…
Stella : Alors…Est-ce que je peux vous tutoyer ?
Don (souriant) Bien sûr…
Stella (le retenant encore) Don…
Don (son regard bleu plein de gentillesse et de sollicitude) Oui ?
Stella (presque timide) Je peux…Tu veux bien…m'embrasser ?
Flack écarquilla les yeux, stupéfait par sa demande, haussant les sourcils à l'unisson. Stella…Stella voulait qu'il l'embrasse…Qu'il l'embrasse vraiment ? Pas pour échapper à ses démons mais pour l'avoir lui, le sentir…
Stella (sentant son hésitation) Juste un baiser, Don…Un baiser amoureux…On ne m'a jamais embrassée durant ces deux mois…Ils voulaient juste…mon corps…
Don (déglutissant) Tu…Tu es vraiment sure ?
Stella (hochant la tête) Oui. Je veux de nouveau sentir de la tendresse…Ta tendresse…
Déglutissant une nouvelle fois et inspirant profondément, le jeune homme posa délicatement ses mains sur les joues de Stella, les caressant doucement avec ses pouces, puis se pencha prudemment vers elle, lui laissant le moyen de s'esquiver. Au lieu de ça, elle se mit sur la pointe des pieds et glissa lentement ses bras autour de son cou avec une certaine appréhension.
Don (caressant toujours son visage) Je ne veux pas te blesser, Stella. Jamais. Alors, si…
Stella (nouant enfin ses bras sur la nuque de Flack) Je sais…
Puis leurs lèvres se joignirent enfin, avec une grande douceur. Ce baiser fut incroyablement tendre et devint un peu plus ardent. Mais Don se restreignait fortement. Il craignait la réaction de Stella s'il s'enhardissait. Elle avait besoin de temps…
Les deux policiers finirent par se séparer, le souffle un peu coupé, et Stella s'éloigna légèrement, presque effrayée de sa propre audace. Flack avait les lèvres douces et fermes…Et il avait été si tendre dans ce baiser timide…
Flack avait toujours ses mains sur le visage de la scientifique et caressa sa joue avec une grande gentillesse, lui souriant avec amour.
Don : Je t'attends au salon…pour dîner, d'accord ?
Stella (hochant la tête) D'accord…
Puis avant que le détective ne parte, la jeune femme lui déposa un bref baiser sur les lèvres puis se précipita dans sa chambre, s'empourprant de sa témérité et sentant une chaleur l'envahir. Mais la peur était encore là…
Don, sous le choc de la surprise, secoua la tête et revint dans la cuisine reprendre là où il s'était arrêté. Il se sentait un peu…frustré et cela le révulsa. Il s'en voulait de ressentir ça. Il se devait de tenir ! Pour Stella. La scientifique avait vraiment besoin de temps, de douceur et de tendresse…Elle en avait été privée depuis si longtemps…
