11-Mon Ange Gardien
Stella ne cessait de se retourner dans son lit, encore et encore. Dès qu'elle fermait les yeux, des images de tout ce qu'elle avait subi à « La Maison Close » lui revenait à l'esprit. Et quand elle arrivait à dormir, ses rêves se transformaient rapidement en cauchemars terrifiants. Elle était trop marquée par tous les sévices qu'elle avait enduré pendant ces deux longs mois et elle n'arrivait pas à les effacer de son esprit, à oublier ces terribles souvenirs…Comment pourrait-elle se sentir mieux ? Comment pourrait-elle oublier ? Comment pourrait-elle ne pas associer Don à eux ? La scientifique savait que le jeune homme voudrait aller plus loin que des baisers et des étreintes chastes et sages…Mais arriverait-elle à supporter son corps ?
Stella cessa de s'interroger. Pour le moment, elle devait trouver un moyen de dormir… Et si… ?
La scientifique finit par se lever et se dirigea dans son salon pour y retrouver Don, manifestement endormi sur son canapé dépliant.
Don (intrigué) Stella…Qu'est-ce qu'il y a ?
Stella (sursautant en l'entendant, puis faisant une petite moue triste et navrée) Des cauchemars…
Flack se redressa, dévoilant accidentellement son torse nu aux yeux de Stella, et la regarda, inquiet. Il aurait dû y penser…Mais il était comme elle…Il n'arrivait pas à dormir… Les images de la vidéo qu'il avait vue dans le bureau de Mac ne cessaient de l'assaillir…
Stella déglutit avec difficulté et ouvrit grand les yeux à la vue du corps à moitié nu du jeune détective, à la fois troublée et apeurée. Flack était fort et il pourrait faire ce qu'il voulait d'elle, d'un simple geste. Son corps lui rappelait celui des autres…
Voyant le regard apeuré de la jeune femme fixé sur lui, Flack devina la raison de sa peur et se tourna pour prendre le haut de l'uniforme d'hôpital posé sur le dossier du canapé.
Stella (lui saisissant le bras) Non.
Don (souriant avec gentillesse) Stella, je comprends. Ça ne…
Stella (s'approchant timidement avant de s'asseoir au bord du canapé-lit, à côté de Don) Je…Je dois m'habituer…Je ne veux plus avoir peur…Mais surtout, je ne veux pas avoir peur de ton corps…
Avec une main tremblante, Stella rapprocha sa main du torse nu de Flack, qui hésitait entre la laisser faire ou l'arrêter, et regarda intensément ses yeux bleus, qui exprimaient à la fois sa confusion et son amour pour elle. Elle avait pris la bonne décision. Si elle voulait que leur relation évolue, elle devait pouvoir le toucher sans peur…
La scientifique toucha enfin avec légèreté la peau nue de Don, posant sa main sur son cœur dont elle pouvait entendre les battements frénétiques et affolés. Et ressentir ces battements qui lui étaient destinés troubla encore plus Stella. Le jeune homme l'aimait donc tant qu'un simple toucher le faisait réagir ainsi. Et malgré tout, Don tenait. Il n'essayait même pas de l'étreindre, de la serrer contre lui. Stella pouvait voir de la crainte dans ses yeux bleus et elle savait qu'il avait peur de lui faire mal. Pas physiquement, mais psychologiquement. Il ne voulait pas qu'elle l'associe aux autres…
Stella : Don…
Don (l'interrompant, déglutissant et très troublé à ce simple contact) Stella, pourquoi es-tu venue ?
Stella (plongeant son regard dans le sien) Je…Je voudrais dormir…avec toi…
Don (grimaçant légèrement) Stella, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne…
Stella (le coupant fermement) Je n'ai été rassurée qu'avec toi à mes côtés toute la journée, Don ! Je veux juste… essayer…S'il te plaît…
Don (voulant se montrer raisonnable) Stella, j'ai dû y aller avec mille précautions pour te toucher, même doucement. Dormir avec moi, c'est…
Stella : Ne comprends-tu pas ? Je te fais confiance, Don. Tu es mon Ange Gardien…Je sais que tu ne me feras pas de mal… Comme maintenant, alors que je…
Et comme une enfant curieuse, la scientifique explora enfin le torse du détective du bout des doigts, sentant chaque muscle et les frissons que sa caresse innocente provoquait. Stella aimait cette peau. Sa peau…
Don sentit sa respiration s'accélérer et son cœur s'emballer encore plus. Mais il se restreignait avec force. Il voulait tellement la prendre dans ses bras, la serrer tout contre lui. Mais il savait comment Stella risquerait de réagir…
Stella (entendant les battements frénétiques du cœur de Don avec étonnement, le fixant de ses yeux émeraude) Don…S'il te plaît…Laisse-moi dormir avec toi…
Et sans attendre sa réponse, la scientifique se glissa sous les draps avec rapidité, avant que son audacieux courage ne la fuit, et se remit à le regarder timidement.
Stella : Don…Couche-toi…
Don (intrigué) Stella…Je t'ai dit que…
Stella (souriant, rassurante) Ce n'est pas pour ça…Couche-toi, s'il te plaît…
Hésitant encore, le détective finit par s'exécuter et attendit de voir ce qu'allait faire maintenant Stella, curieux et inquiet à la fois. Flack ne voulait pas qu'elle se force en quoique ce soit…
La scientifique se coucha à son tour puis se tourna vers Don et rencontra son regard bleu interrogateur et malgré tout amoureux. Respirant à fond, elle se rapprocha lentement de lui, avec timidité et presque avec appréhension, sans quitter son regard bleu des yeux. Elle pouvait lui faire une entière confiance…
Flack ne bougeait pas un muscle face à l'approche timide de Stella. Il craignait qu'une quelconque réaction de sa part effrayerait la jeune femme et avorterait sa tentative d'approche volontaire. Pour beaucoup, ce simple mouvement pouvait paraître simple, mais Don savait que Stella avait puisé tout son courage au fond d'elle-même pour traverser cette étape. Mais le détective se demandait si elle n'allait pas trop vite…
Don : Stella, ne te force pas…
Stella (déterminée) Je veux dormir dans tes bras…
Arrivant enfin à destination, Stella posa sa tête sur le torse ferme du jeune homme, juste au niveau de son cœur, puis passa doucement un bras autour de sa taille. Elle le sentit tressaillir sous elle et se mit à sourire. Elle aimait les réactions qu'elle provoquait en lui…
Stella : Tu…Tu sais, tu peux m'enlacer…
Flack la regarda pour confirmation puis entoura délicatement les épaules de Stella de son bras et eut la satisfaction de ne pas la sentir trembler, juste quelques frissons.
Don (inquiet tout de même) Tu as peur ?
Stella : Non. C'est agréable…
Et la scientifique frotta doucement son visage contre le torse de Don et poussa un long soupir. Elle était si bien contre lui. Elle se sentait en sécurité…
Flack entendit la respiration de Stella devenir régulière et vit qu'elle s'était paisiblement endormie, la main accrochée à l'élastique de son boxer, comme si elle craignait qu'on ne l'enlève une nouvelle fois, qu'on l'éloigne encore de lui, et la tête posée sur son cœur. Avec une immense douceur, le détective caressa ses beaux cheveux bouclés avant de tomber lui aussi dans un profond sommeil. Ça faisait si longtemps qu'il ne s'était pas endormi si facilement…
