13-Incontrôlable
Flack avait accompagné Stella devant le bureau de Mac où la psychologue Celine Kendall s'était provisoirement installée pour cette première séance avec la scientifique. C'était une idée du jeune détective. Il pensait que Stella serait plus à l'aise dans ce lieu familier et Hawkes avait estimé que cela serait en effet préférable.
Le détective préféra attendre que Stella entre dans le bureau, lui laissant une nouvelle fois sa plaque pour son réconfort, et partit chercher Mac, voir où lui et son équipe en étaient.
Don fut étonné de voir Danny devant la salle d'interrogatoire mais, haussant les épaules, il le salua rapidement et s'apprêta à y entrer quand…
Danny (lui saisissant fermement le poignet) Non, Don. Mac ne veut pas te voir ici.
Don (intrigué) Pourquoi ?
Danny : Kaile a été assignée à l'affaire…Du moins, pour cette partie-là…
Don (menaçant) De quelle partie tu parles, Danny ?
Danny : Je… (soupirant en voyant le regard sans équivoque de son ami) L'affaire concernant Stella…
Don (serrant les dents à se les casser) L'un de ses violeurs est dans cette salle ?
Danny : Oui. Mais tu n'y rentreras pas. Et tu ne verras ou n'interrogeras aucun des violeurs de Stella. Va t'occuper plutôt des autres éléments concernant « La Maison Close ». (avec une moue comique, espérant le détendre un peu)Et, au fait, merci pour les petits bouts de cervelle…
Don (ignorant sa plaisanterie) Laisse-moi voir l'interrogatoire.
Danny (grimaçant) Ce n'est pas une bonne idée, Don…
Don (avec une fermeté peu habituelle chez lui) Laisse-moi le voir !
Le jeune expert hésita, ne sachant pas, pour la première fois, comment pourrait réagir son meilleur ami juste en voyant le déroulement de l'interrogatoire. Vu le massacre qu'il avait fait à lui tout seul quand il avait retrouvé Stella…
Le détective n'attendit pas plus longtemps la réponse de Danny et entra dans la salle adjacente à la salle d'interrogatoire, finalement suivi par son ami. L'expert suivait les ordres de Mac : veiller à ce que Flack ne fasse pas de bêtises et prévenir toutes réactions vengeresse ou autres…
Don vit le suspect qu'allait interroger Mac et fulminait déjà, sa respiration s'accélérant et sa fureur assez visible aux yeux de son collègue : le vénérable juge Mark Alpens…
Danny : Don…Tu ne…
Don (grommelant, furieux) Ce n'est pas un suspect, Danny, c'est un coupable…
Danny : Calme-toi. Il va peut-être nous permettre de démanteler le réseau…
Don (le fusillant du regard) Si vous faites le moindre marché avec lui…
Danny : Il n'y aura aucun marché. Les hommes que tu as dégommés nous ont dit pas mal de choses dont l'existence de plusieurs bâtiments de ce genre à New York. Le problème, c'est qu'ils ignorent où ils se trouvent. Ils sont assignés au même établissement. Mais leurs clients savent où peuvent se trouver les autres…
Don (croisant les bras, se calmant un peu) Je vois…
Danny (voyant Mac entrer) Ça y est, ça va commencer…
oOo
Kaile Maka laissa à Mac le soin d'interroger le suspect. Et quel suspect. Un juge, rien que ça ! Et qui prônait une place à la Court Suprême…ce qui était maintenant fort compromis avec cette accusation de viol…
La détective pouvait voir le dégoût s'exprimer sur le visage de l'expert et elle le comprenait, même si elle n'avait rien vu des vidéos ou autres photographies. Mais le résumé de l'affaire lui avait largement suffit…
Mac toisait le juge de toute sa taille, le fixant d'un regard froid et implacable, et semblait même devenir plus imposant, plus menaçant. Tout à fait normal, étant donné que Stella était sa meilleure amie…L'expert finit enfin par parler.
Mac (d'une voix glaciale) Savez-vous pourquoi on vous a amené ici, juge Alpens ?
Alpens : Pas vraiment, non…
Mac : Pour viol.
Alpens (les yeux exorbités) Viol ? Allons, vous plaisantez. Je n'ai violé personne !
Mac : Oh, vraiment ? (lui jetant une photo de Stella) Et elle ?
Alpens (fronçant les sourcils, étonné) Emeraude… ?
oOo
Danny sentit son ami se crisper à ses côtés lorsque le juge prononça ce mot et le regarda, inquiet.
Danny : Don ? Du calme, mon vieux…
Don respira à fond mais serra les poings avec force, à s'en faire blanchir les phalanges. Danny avait raison. Il devait rester calme. Calme et professionnel…
Le jeune expert dévisagea son ami, étonné de voir une telle expression de rage sur son visage. Manifestement, ces paroles avaient réussi à vaguement le calmer mais il ne pouvait assurer que le juge aurait survécu à la fureur de Flack…
Les deux policiers continuèrent à observer et écouter l'interrogatoire.
oOo
Mac (croisant les bras) Vous la connaissez, on dirait…
Alpens (hésitant, se sentant piégé) Heu…
Mac (se penchant vers lui, les mains posées sur la table) Inutile de nier, nous avons des vidéos vous montrant entrain de violer cette femme.
Alpens (protestant) Ce n'était pas un viol !
Mac (haussant les sourcils, incrédule) Pardon ? Vous voulez me faire croire qu'elle était consentante ?
Alpens (balbutiant) Ce…Ce sont les règles de cet établissement… « La Maison Close ». Ces femmes acceptent toutes les violences et jouent la comédie pour…exciter.
Mac (contenant sa rage, ulcéré) Vous trouviez qu'elle jouait la comédie !
Alpens : Pourquoi ces questions ? Elle a dit que je l'avais violée ! Enfin, vous n'allez pas croire les paroles d'une pute !
Brusquement, Flack débarqua fou furieux dans la salle d'interrogatoire, arrachant presque la porte de ses gonds, et fonça droit sur Alpens, malgré Danny qui faisait tout son possible pour le retenir. Mac ne réagit pas immédiatement, surpris par l'entrée fracassante du jeune détective, mais aussi par sa présence ici.
Don se dégagea facilement de l'emprise de Danny, prit le juge terrorisé par le col de sa veste et le plaqua contre un mur, ne lui faisant plus toucher le sol.
Don (avec une voix pleine d'une rage froide) Osez répéter ça devant moi…
Alpens (effrayé et ne comprenant pas) Mais qu'est-ce qui vous prend ! Nom de Dieu, ce n'était qu'une pute parmi d'autres !
Don (avec une fureur glaciale) Vous faites erreur…
Mac (réagissant enfin) Flack !
Le détective n'écouta pas l'expert et finit par faire violemment rasseoir Alpens sur sa chaise puis lui colla le visage sur la table, juste à côté de la photo de Stella, lui écrasant la tête contre la surface dure.
Danny, que Kaile aidait à relever, fixa la scène les yeux exorbités : il n'avait jamais vu Don dans cet état et c'en était vraiment effrayant…
Don (pressant encore la tête du juge contre la table) Cette femme est un flic ! Et elle s'appelle Stella Bonasera. Et par votre faute, elle…
Alpens (apeuré mais aussi sur un ton colérique) Lâchez-moi ! Ce n'est pas ma faute si elle faisait des extras !
Hors de lui, Flack fit brutalement retourner l'homme face à lui et dirigea sa main vers son arme. Cet homme…Non, ce détritus ne méritait pas de vivre…
Soudain, le jeune détective se retrouva plaqué sur la table et sentit quelqu'un lui faire une clé au bras. Il ne connaissait qu'une seule personne capable de faire ça…
Don (furieux et se débattant avec force) Mac ! Bordel de merde, lâchez-moi ! Ne protégez pas cette sale petite ordure !
Mac (d'une voix forte et persuasive, le tenant fermement) C'est vous que je protège, Flack ! Vous et Stella ! Ça ne l'aidera pas si vous le tuez ! Vous le savez !
Don se rappela alors les paroles de Stella lors de sa libération de la maison close : « Ne tuez pas pour moi. » Le jeune homme finit par cesser de se débattre et se mit à sangloter en silence. Mac le lâcha enfin tandis que Kaile menait Alpens dans la cellule la plus proche.
Danny et Mac observait tristement le détective qui s'était prostré dans un coin de la salle et qui martelait le mur de ses poings.
Danny (s'approchant prudemment) Don, lève-toi. S'il te plaît, lève-toi…
Flack releva la tête, les joues inondées de larmes, et regarda son meilleur ami, la culpabilité s'exprimant sur son visage.
Don (d'une voix étranglée) C'est de ma faute, Danny, si elle a subi tout ça ! C'est de ma faute si on l'a enlevée et violée, si elle a vécu cet enfer. Je n'ai pas été assez vigilant.
Mac (s'accroupissant à son tour) Vous n'êtes pas responsable, Flack. Stella était à proximité d'un de leurs repères et ils se sont sentis menacés. Même si vous aviez été près d'elle, ça aurait été la même chose…Sauf que vous seriez mort…
Stella (faisant sursauter les trois hommes, la plaque de Don toujours sur le cœur) Mac a raison, Don…Combien de fois devrais-je te dire que tu n'y es pour rien ? Tu n'as rien à me prouver ou à te faire pardonner…
Don (avec tristesse) Stella…
La scientifique s'approcha doucement de lui, faisant un léger écart pour éviter Mac et Danny, et le prit lentement dans ses bras, caressant tendrement ses doux cheveux noirs, posant sa tête au creux de son épaule.
Mac comprit mieux ce que voulait dire Lindsay par « soutien mutuel » et il se leva, invitant Danny à le suivre. Il valait mieux les laisser seuls pour le moment. Stella devait réparer le cœur meurtri de Flack, comme ce dernier avait commencé à le faire avec celui de Stella…
