15-Une voix
Il fallut une dizaine de minutes à Flack pour se calmer et la présence de Stella à ses côtés, ses bras autour de lui qui le serraient tendrement, l'y aida grandement. Finalement, la scientifique se demandait si Don n'avait pas eu raison hier soir : il devrait peut-être voir le docteur Kendall…De toute manière, la psychologue voulait le voir…Peut-être que cette jeune femme arriverait à le faire parler pour savoir ce qu'il ressentait et ce qui le rongeait tant.
Les deux enquêteurs finirent par quitter la salle d'interrogatoire, la main dans la main, sous le regard interrogateur et intrigué de plusieurs policiers qui s'étaient ramenés quand ils avaient entendu qu'il y avait eu un conflit plutôt violent entre un suspect et un détective. Cet incident était même parvenu jusqu'aux oreilles du supérieur de Flack mais heureusement, Mac était parti réglé ce problème rapidement.
Vu l'état de nerfs actuel du jeune détective, Stella estima qu'il valait mieux qu'ils rentrent et appela donc Danny pour l'avertir. Mais un nouveau problème pointa le bout de son nez alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie…
Alors qu'ils passaient devant la réception, Don sentit soudain Stella trembler comme une feuille et se serrer tout contre lui, apeurée. Qu'avait-elle ? Etait-ce une rechute ?
Don (inquiet) Stella ?
Stella (la voix pleine de terreur) Il…Il y en a un ici…
Flack se figea et comprit ce que voulait dire la jeune femme par « un » : l'un de ces violeurs… Le détective entoura les épaules de la scientifique de son bras, rassurant, et essaya de calmer ses tremblements incontrôlables. Elle était tétanisée…
Don (la forçant à le regarder) Comment le sais-tu ? Tu…Tu ne les as…
Stella (tremblante, commençant à se recroqueviller) Sa…voix. J'ai…J'ai reconnu sa voix…
Don (la réconfortant comme il pouvait) Lequel est-ce ?
Stella (agrippant sa chemise, les mains crispées) L'homme à l'accueil…
Don : Celui qui parle à Foster ?
Stella : Oui…
Don (s'écartant gentiment d'elle) Ne bouge pas. Je vais m'en occuper…
Stella (s'accrochant à lui, criant de frayeur) Non ! Non !
Quand l'homme en question, Ben Langton, entendit la voix apeurée de la scientifique, il se retourna et fut stupéfait de la voir. Que faisait Emeraude dans un commissariat ? Et dans les bras d'un type ? Elle s'était fait surprendre entrain de racoler ? Ou bien…
Langton (intrigué et inquiet, à Foster) Heu…Vous avez fait une descente dans un bordel ?
Foster (étonné par la question) Non. Pourquoi ?
Langton (hésitant) Heu…Et bien…
Don (s'étant discrètement rapproché de lui, protégeant Stella de son corps, celle-ci accrochée à sa veste) Parce que Monsieur a été un client de « La Maison Close »… (menaçant) Et il va me suivre bien gentiment…
Langton : Et pour quelle raison, je vous prie ?
Don (froidement, le regard haineux) Viol. Et vous n'êtes pas suspecté, vous êtes coupable. Je le sais…
Langton (outré) Quoi ! C'est de la diffamation !
En entendant l'homme criait de colère, Stella resserra son emprise sur la veste et le corps de Flack. Elle détestait ces cris…Ils étaient toujours en colère contre elle…
Alors qu'il ne lâchait pas Langton de ses yeux bleus, devenu polaires pour l'occasion, Don posa une main réconfortante sur celle de Stella. Elle était terrorisée…
Don (continuant, implacable) On verra ça avec vos empreintes et votre ADN, ok ? Allez, tournez-vous.
Langton (s'exécutant tout en désignant Stella) Et elle ? Vous ne l'arrêtez pas ?
Don (le menottant sans aucune douceur, la voix remplie d'une colère contenue) Non.
Langton : Mais enfin ! C'est une des prostituées de « La Maison Close » !
Flack vit rouge une nouvelle fois et plaqua son prisonnier sur le comptoir du sergent Foster, qui recula de surprise.
Don (crachant avec colère) Non ! T'as tout faux ! Elle est flic. Et elle n'était pas là-bas par plaisir… (le relevant brutalement) Tu ne la toucheras plus jamais…Ni une autre femme d'ailleurs…
Langton (paniqué) Mais…Mais…Je savais pas…
Don (d'un ton plein de dégoût) Ce n'est pas une excuse…Tout sévices corporels est puni par la loi de toute manière.
Flack voulut ensuite avancer mais Stella l'en empêcha, figée et terrorisée, s'accrochant si fort à lui que cela inquiéta le jeune homme. Il avait l'impression de revoir la Stella effrayée qu'il avait retrouvée dans cette chambre, celle qui avait peur de tout ce qui l'entourait…
Don (à un agent) O'Reily. Amène ce type au lieutenant Taylor et dis-lui de faire des prélèvements d'empreintes et d'ADN. Ça concerne l'affaire de « La Maison Close ».
O'Reily (saisissant Langton par le bras) Bien, lieutenant.
Don (une fois que l'agent parti) Stella…On va rentrer, d'accord ?
Le détective sentit la jeune femme lâcher doucement prise et la vit soudain défaillir. Il l'attrapa de justesse et la prit dans ses bras, la regardant d'un air triste et inquiet et la menant vers la sortie.
Durant le trajet jusqu'à sa voiture, Flack observa Stella. Elle semblait si vulnérable maintenant, prostrée ainsi dans ses bras comme une enfant terrorisée. Ce dernier évènement aurait certainement des répercussions. Mais lesquelles ?
