Bonsoiiiir !

Désolée pour le retard de publication, j'ai eu deux journées compliquées ^^'

AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.

AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya

Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi


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- Acte 1 : Attraper ses rêves -

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Scène 9

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Que peut faire Touya, exactement, pour aider Izuku ? Si parler à ses harceleurs est une piste, il sait déjà qu'il doit venir le chercher pour éviter les incidents sur le trajet de retour. Son petit frère n'a plus d'endroit où courir se cacher, après tout. Un soupir lui échappe. Il aimerait tant pouvoir venir avec lui en cours pour maintenir ses ennuis à distance.

― C'était trop cool, tu sais, comment tu as envoyé voler Kacchan !

La voix d'Izuku le sort de ses pensées et il tire une bouffée de sa cigarette, avant de soupirer une nouvelle fois. Il adresse à son petit frère un regard fatigué, avant de lui poser la question qui le hante depuis qu'il l'a vu se faire chahuter, depuis qu'il a vu les écorchures sur ses mains.

― Pourquoi tu ne dis rien à maman ?

― Je lui ai dit, une fois. Elle a voulu agir. Les professeurs ont nié en bloc, ils ont appelé ça des accidents. Je… Ma voix compte moins que les autres. Alors ça a été pire après. Je veux pas qu'elle s'inquiète. Tu ne lui diras rien non plus, promis ?

Touya comprend, un peu trop bien. Personne ne l'aurait cru non plus, s'il avait parlé des abus de l'Autre. Mais au moins, maintenant qu'il est là, il peut aider son petit frère. S'il doit garder ça secret, très bien, il le fera, mais il fera tout pour y mettre fin et pour le protéger au mieux. Même pour ne pas voir l'inquiétude dans les yeux de leur mère, il ne sacrifiera pas la santé physique et mentale de son petit frère. Il préfère encore s'immoler mille fois avant d'en être réduit à cette extrémité.

― On va soigner tes bobos, d'accord ?

― Pas à la maison. Maman risque de s'en apercevoir, refuse Izuku. Elle veille sur toi comme du lait sur le feu, elle viendra forcément voir comment tu vas, même si on rentre discrètement. Et donc, elle saura. Je veux pas qu'elle sache.

Touya s'arrête, baissant la tête vers son petit frère qui le fixe avec résolution. Quelle tête de cochon, franchement. Un nouveau soupir lui échappe, alors qu'il réfléchit à une solution. Il n'a pas d'argent sur lui, alors il ne peut pas acheter de quoi le soigner au konbini. Il y a bien la clinique illégale où il lui arrivait de se rendre quand Giran ne pouvait pas le soigner et qu'il était méchamment blessé… Pas la meilleure solution, mais il ferait avec. Il préfère encore aider à la clinique en guise de paiement ou emprunter des médicaments à la pharmacie du coin pour leur offrir ensuite que de laisser Izuku avec ses blessures.

― Alors viens, je sais où on va aller.

― Chez Giran ? demande son petit frère.

― Non, je ne suis pas sûr qu'il accepterait de te soigner.

― Parce que j'ai pas d'Alter ?

― Parce que tu bosses pas pour lui, surtout.

Touya ricane gentiment et ébouriffe les cheveux de son petit frère, qui esquisse une moue. Il est adorable, même si l'adolescent a toujours une boule dans sa gorge. C'est effrayant de voir que la discrimination envers ceux sans-Alters est si bien imprimé dans la tête du plus jeune que c'est immédiatement la première réponse qui lui vient à l'esprit. Et puis, Touya doit bien avouer qu'il se méfie de ce que Giran pourrait déceler chez Izuku. Mieux vaut les tenir loin l'un de l'autre tant qu'il le peut, il a un mauvais pressentiment à ce sujet.

Son petit frère est un esprit brillant et le courtier aime tout ce qui brille.

― Du coup, on va où ?

― Tu verras bien.

Touya a un sourire un peu plus grand au soupir d'Izuku, visiblement frustré qu'il garde le secret. Il peut presque voir des rouages tourner dans sa tête alors qu'il semble vouloir deviner et l'adolescent ne compte pas l'arrêter. C'est mignon de le voir marmonner pour lui-même ses pistes et ses déductions.

Il se doute bien que d'autres doivent trouver cela effrayant, mais c'est toujours fascinant de voir un si petit garçon exprimer des raisonnements aussi poussés. Il ignore si c'est inné ou s'il a développé ce talent en observant les héros à la télévision, mais Touya a bien conscience qu'il s'agit là d'un talent précieux qu'il serait sage de l'encourager à développer.

Lentement, les beaux bâtiments se couvrent de crasse et de misère, alors qu'ils entrent dans les quartiers les plus malfamés de la ville, ceux où l'injustice s'est imprégnée jusque dans les trottoirs qu'ils foulent. Touya rapproche Izuku de lui et adresse un regard noir tout autour de lui, pour pousser les gens à s'écarter et à ne pas lui chercher d'ennuis. Il est suffisamment effrayant pour que les petits délinquants ne viennent pas l'emmerder, il le sait de son expérience dans les rues.

Il s'est rendu suffisamment de fois à la clinique pour se souvenir du trajet. Il s'engage alors dans une impasse, Izuku craintivement accroché à sa main, alors qu'il vient frapper sur la seule porte de l'allée. Trois coups courts, trois plus longs, trois autres courts, et la porte s'ouvre sur une vieille femme qu'il a vu bien trop souvent en quelques mois.

― Entrez, vite, souffle-t-elle.

Elle s'écarte lentement, le dos droit, dans une posture presque militaire malgré le poids de l'âge qui se voit sur son visage et dans ses cheveux. Touya pousse Izuku devant lui avant d'entrer, refermant la porte derrière lui. Il déteste le regard que lui envoie la vieille peau par-dessus ses lunettes dorées, juste avant qu'elle n'observe Izuku. Son œil laiteux lui file toujours des frissons et il a depuis bien longtemps pourquoi elle exerce sous le surnom d'Oni Baba.

Une vraie sorcière.

― Tu viens un jour où on a du monde, Dabi. Tu as l'air en forme, pourtant.

― J'ai été adopté. Je viens pour… pour le Môme. Il se fait harceler à l'école et il veut pas inquiéter maman.

Oni Baba esquisse un rictus et Touya grince des dents, agacé plus qu'il ne voudrait paraître.

― Tu es devenu plus doux, on dirait, tu m'as pas sauté à la gorge et ça fait plus d'une minute que tu es là.

― Je peux toujours, vieille sorcière, grogne-t-il.

― Mais, c'est mal de sauter à la gorge des gens, grand frère ! Non ?

Oni Baba éclate de rire et Touya se pince l'arête du nez, avant de tirer une dernière bouffée de sa cigarette et de l'écraser dans le cendrier à disposition, sur la petite table basse qui accueille aussi un ficus au bout de sa vie depuis que l'adolescent vient ici. À se demander même comment il vit encore, mais il est bien placé pour savoir que le bâtiment a vu mille miracles en son sein. Un de plus ne serait pas si étonnant.

― J'aime bien le Môme. Tu comptes payer comment, Dabi ?

― Comme ça t'arrange, la vioque.

― Hum, vraiment ? T'es sacrément attaché au Môme, pour que t'essaye même pas de négocier.

― Je suis pas d'humeur, quelqu'un m'a déjà mis sur les nerfs, gronde Touya.

La plus âgée éclate de rire, avant de s'avancer dans le couloir, jusqu'à l'accueil. C'est un salon d'appartement reconverti, avec de vieux fauteuils et sièges sans aucun doute récupérés dans une décharge. Un groupe de jeunes est déjà là et, aux regards qui se tournent vers eux dès lors qu'ils entrent, l'adolescent se doute qu'il n'a pas à faire à des enfants de chœur.

Tout dans leur posture et sur leur visage indiquent qu'ils sont comme des chiens errants, prêts à mordre s'ils sont importunés. L'un d'eux maintient un morceau de tissu sur son bras et le tissu se teinte de sang ; il est sans doute là pour être recousu. Touya préfère ne pas deviner pourquoi.

― Tu restes près de moi, surtout, souffle-t-il à Izuku.

Touya adresse un regard d'avertissement au groupe et oh, que n'a-t-il pas fait là. L'un d'eux, un jeune aux cheveux bleus verts hérissés en pic et aux yeux dorés, se rapproche soudain d'eux. Un coup d'œil derrière lui indique qu'Oni Baba a disparu ; sans doute est-elle montée à l'étage supérieur pour faire il ne sait quoi, mais actuellement, cela ne l'arrange guère. L'adolescent pousse Izuku derrière lui et il peut sentir ses petites mains s'accrocher au bas de sa veste, tandis que l'inconnu l'agrippe par le col.

― Je peux savoir pourquoi tu me fixes, l'agrafé ?

La provocation sort avant même qu'il ne réfléchisse, trop naturelle pour qu'il la retienne.

― C'est que t'es joli garçon, j'ai pas pu m'en empêcher !

― Tu te fous de ma gueule ?!

Touya regrette instantanément sa connerie, mais il est trop fier pour demander pardon. Il se contente de juger le malappris du regard, tressaillant à peine lorsqu'il lève le bras comme pour lui mettre le poing dans la gueule. Il doit être nouveau, lui, s'il ignore que les bagarres sont interdites dans la clinique. C'est un territoire neutre ; même des membres de clans rivaux ne sauraient être assez cons pour déclencher les hostilités ici.

En soupirant, il enflamme une de ses mains et l'approche du poignet qui le retient, haussant un sourcil. La menace silencieuse fonctionne, puisque son vis-à-vis finit par le relâcher en grognant, retournant vers ses camarades en lui adressant un regard noir. Touya soupire de soulagement, éteignant son pouvoir avant de masser sa gorge douloureuse. Il n'avait pas besoin de ça, vraiment.

― Tu… Ça va, grand frère ?

― Ne t'avise jamais de provoquer quelqu'un en colère, ça finit toujours mal, d'accord ?

― … Fais ce que je dis, pas ce que je fais, c'est ça ?

― Exactement, confirme l'adolescent.

Izuku rit doucement et Touya lui ébouriffe les cheveux, avant de rejoindre un des canapés. L'un des pieds est brisé, remplacé par un carré de bois provenant sans doute d'une palette, et l'assise est ainsi légèrement penchée. Cela fait rire Izuku alors qu'il grimpe sur le canapé, installant sa tête sur ses genoux et se pelotonnant contre lui comme un chat. L'enfant réussit à rester calme et silencieux pendant une bonne dizaine de minutes, le temps que le groupe soit pris en charge, mais retrouve finalement sa langue alors qu'ils sont seuls dans la pièce.

― Tu crois que ce que tu as dis à Kacchan, ça le rendra comme avant ?

Il y a tant d'espérance dans la voix de son petit frère que Touya a son cœur qui se tord. Il n'aime définitivement pas être celui qui annonce les nouvelles qui éteignent la lumière dans les yeux verts.

― N'espère pas trop. Tout au plus, ça le fera réfléchir, mais les gens ne changent pas si facilement.

― Je veux qu'il redevienne mon ami…

― Même après tout ce qu'il a fait ?

― C'était pas vraiment sa faute. Personne ne lui a dit que c'était mal. Tout le monde l'encense. C'est pas vraiment sa faute, hein ?

Touya se renfrogne. Il est bien obligé de lui accorder le point, quelque part. Kacchan n'aurait peut-être pas tourné ainsi si les adultes ne l'avaient pas encouragé, mais tout de même. Ça n'excuse rien, même si c'est une explication plausible. L'adolescent plonge ses doigts dans le nid qu'est la chevelure de son petit frère, qui bâille contre lui. Ses journées doivent être si longues et éreintantes, à subir le mépris de ses professeurs et à tenter de fuir ses harceleurs.

Ça le tue de ne pas pouvoir faire plus, mais il ne peut pas juste retirer son petit frère de l'école, quand bien même l'envie est présente. Un soupir lui échappe et il espère qu'il aura réussi à faire réfléchir Kacchan. Si au moins lui pouvait arrêter, ça serait déjà ça de gagné.

― De toute façon, je vais t'apprendre à te défendre. Comme ça, ils ne te feront plus autant de mal.

― Tu sais te battre ?

― Mieux que tu l'imagines, renifle l'adolescent.

L'air émerveillé d'Izuku lui tire un sourire. Il ferait n'importe quoi pour le protéger et puis, s'il veut devenir un héros, il devra renforcer son corps, de toute façon. Au moins, sous sa supervision, Izuku ne tentera rien de dangereux et encore moins seul. Il ne connaît que trop bien les risques d'un entraînement sans supervision. Il refuse que son petit frère repousse ses limites trop fort, trop souvent.

Il ne sera pas l'Autre, jamais.

Aussi, lorsque c'est à Izuku de se faire soigner, Touya le prend dans ses bras et l'accompagne pour lui tenir compagnie et lui donner du courage. Il sera tout ce qu'Endeavor n'est pas. Il sera tout ce qu'on lui a répété qu'il ne pourrait pas être. Il sera tout ce qu'il a échoué à être. Pour lui qui a vu la mort droit dans les yeux, c'est un doigt d'honneur à ce destin qu'on l'a poussé à embraser.

Il sera bon. Il sera un héros. Il sera un grand frère.

Touya sera et les ténèbres ne l'auront pas.

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