Auteur : Naëlle
Base : « le secret de Brokeback Mountain »
Disclaimer : Tous les personnages évoluant dans cette histoire sont © de leurs ayant droit (entre la nouvelle et le film, ça fait pas mal de monde. lol) à l'exception des quelques protagonistes sortis tout droit de mon imagination.
Spolier :
Tout le film. Remarquez, ça serait quand même bizarre que vous ayez vu le début et pas la fin. Mdrrrr !
Titre : Je ne te laisserai plus partir.
Genre : Sérieux/drame

Note : Hé bien, hé bien… comme je l'avais prévu, vous avez aimé la fin de mon chapitre précédent. lol
Et voilà ENFIN la suite tant attendu ! Je vous remercie encore une fois tous, pour vos encouragements sur cette fanfic.
Bonne lectures à tous !


Je ne te laisserai plus partir

Chapitre 3


Avalant difficilement sa salive, Ennis tendit une main en direction du lit. S'il était en train de rêver, alors autant aller au bout de son songe et dire à son ami ce qu'il n'avait jamais osé lui dire de son vivant. Mais plutôt qu'un rêve, c'était plutôt un cauchemar dans lequel il venait de s'embarquer. Alors que lorsqu'il dormait il revoyait fréquemment Jack tendre avec lui, ce jour là, aucune réaction ne prouvant le bonheur de son amant de le voir, ne transparaissait.

Plaçant une main sur la joue de son ami, Ennis ne rencontra aucune émotion qu'il aurait pu avoir en temps normal. Il s'assit alors et rapprocha ses lèvres du visage de l'homme.

- Jack… c'est bien toi… ?... Qu'est-ce qui s'passe… ? Pourquoi me tourmentes-tu autant… ?... Jack… Qu… Qu'est-ce que tu fous ?

Ennis s'était relevé d'un bond. L'autre lui lança un regard intrigué. Le cow-boy voulut sortir de la chambre, mais il se retint, bien décidé à comprendre ce qui se passait dans cette pièce sordide. Il était évident que son amant était réellement prostitué dans cet endroit, mais il refusait de s'en convaincre. Pourtant, les gestes qu'il venait d'avoir, ce n'était pas ceux qu'il aurait eut en temps normal. De plus, pourquoi ne parlait-il pas ? Lui qui aimait tant discuter de tout de rien et qui, les neuf dixième du temps avait dû faire la conversation pour eux deux. Non, ça ne pouvait pas être Jack… ça ne pouvait pas être « son » Jack.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
Demanda l'homme en se rapprochant une deuxième fois. Délicatement, il prit le bras de son ami avant de forcer ses yeux à voir dans ce semi ténèbre. Plusieurs traces de piqûre étaient visibles. Passant le doigt sur celles-ci, Ennis ne put retenir quelques larmes de couler. Et contre toute attente, il sentit un contact chaud contre sa joue. D'une main hésitante, Jack essuyait les goûtes salées roulant sur son visage. Et comme s'il cherchait au plus profond de sa mémoire, il laissa échapper, dans un soupire :

- … Ennis…

- … oui… c'est moi… Jack… tu es vivant…

L'homme serra son ami dans les bras. Contre lui, Jack gémit un peu sous la pression qu'exerçait le cow-boy sur lui. Le relâchent, Ennis se rendit compte qu'il était d'une maigreur telle qu'il lui semblait impossible qu'il puisse se lever. Comment pourrait-il le faire sortir si Jack ne pouvait pas se déplacer ? Pourtant, il fallait qu'il trouve un moyen de l'emmener. Durant plusieurs heures, l'homme retourna la situation dans tous les sens, mais il ne parvenait à trouver aucune solution. Et finalement, lorsqu'on frappa quelques coups à la porte afin de lui annoncer qu'il avait utilisé son temps, résigné, il se leva et s'apprêtait à sortir lorsqu'il revint sur ses pas. Il enleva sa veste puis sa chemise, et délicatement, il la mit à Jack. Chose qui n'était pas vraiment facile à faire car son ami ne l'aidait pas du tout. En finissant de la boutonner, le cow-boy posa son front contre celui de son amant.

- J'vais r'venir, murmura-t-il.

- … Ennis…

Quelques coups plus forts contre la porte l'obligèrent à partir, non sans un regard en arrière.

Une fois à l'extérieur, il se mit à courir vers le bar dans lequel il prenait toutes ses consommation. Il entra et chercha Gloria du regard mais ne vit que l'une de ses copines. Il alla donc lui demander où était la femme lorsqu'il entendit :

- Je suis là Ennis Del Mar.

- Gloria. Viens !
Attrapant la femme sans ménagement, il l'obligea à le suivre à l'extérieur. Une fois dans la rue, elle se mit à rire.

- Si j'avais su qu'il suffisait d'être absente pour que tu te rendes compte de ma présence, j'aurai fait ça avant.

- 'faut qu'tu m'aides !

- Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Jack ! Jack est vivant !

La prostituée regarda l'homme avec effarement. Il était donc capable de se montrer aussi… vivant ?

- Heu… Ennis… je ne comprends rien.

- Celui que tout l'monde appelle Ennis, c'est Jack ! Il est vivant. J'sais pas comment c'est possible, mais il est là ! Il faut le faire partir. J'dois l'emmener loin d'ici. 'Faut qu'tu m'aides. J'croyais pourtant que…

- Stop !

Ennis récupéra son souffle, car il n'avait pas respiré une seule fois durant sa tirade. Gloria se demanda d'ailleurs si on ne lui avait pas changé son cow-boy préféré, mais le regard perdu et triste qu'il lui lança lui rappela que c'était vraiment le même. Elle reprit alors :

- Calme-toi et explique-moi ce qui se passe. Et calmement, s'il te plait.

- Ok…

- …

- Le gars qu'vous app'lez tous Ennis, il s'appelle Jack.

- D'accord. Et alors ?

- C'est mon… ami. On m'a dit, il y a presque un an qu'il était mort. Mais il est vivant, je l'ai vu.

- Où ça ?

- Dans un chambre, là-b…

Sans le laisser terminer, la femme tourna les talons.

Ne comprenant pas que ce qui lui arrivait, Ennis courut derrière elle.

- Gloria, attend.

- Pourquoi t'es-tu offusqué la première fois que je t'ai proposé d'y aller ? Je suis une pute, tu n'as pas de compte à me rendre !

Elle était furieuse et s'apprêtait à repartir lorsque l'homme la retint par le bras.

- Pourquoi t'es fâchée ?

- Parce que j'aurai aimé que tu sois franc avec moi ! Maintenant, lâche-moi !

La libérant un peu, il enchaîna :

- J'comprends pas…

- …

- Gloria ?

- Il fallait me dire que les femmes ce n'étaient pas ton truc ! Ca m'aurait évité d'essayer de te charmer ! Je suis ridicule ! C'est pathétique, je…

- J'aime pas les gars, coupa le cow-boy.

Pas vraiment sûr d'avoir compris, la prostituée demanda :

- Tu peux répéter ? Parce que là, je ne comprends pas. Quand on va dans les ruelles comme celles où tu as été, c'est forcément qu'on cherche…

- J'cherchais juste à t'aider ?

- « M'aider » ?

- Tu disais qu't'avais peur qu'l'Américain meurt. Alors j'suis allé le voir.

Prise d'un fou rire incontrôlable, la femme se mit à rire durant plusieurs minutes avant de se calmer.

- Ennis… Ennis… Comment font les gens pour savoir que tu penses à eux si tu ne l'exprimes pas un peu mieux ?

- ?

- Regarde, tu pensais à moi et tu t'inquiétais à mon sujet, mais je ne le savais pas… Ennis… si j'étais morte quelques minutes avant, je n'aurai jamais su que tu m'appréciais au point de t'en faire pour moi…, termina la femme dans un murmure.

Elle plaça ses mains sur les joues de l'homme avant de reprendre :

- Quand tu détestes quelqu'un, Ennis, dis-le… mais quand tu apprécies une personne, dis-le aussi…

- … c'est que… c'est pas facile…

- … ce n'est facile pour personne… pour personne…

Plusieurs minutes s'écoulèrent en silence, puis Gloria commença à marcher, suivit de son ami, avant de reprendre :

- Au fait, je t'ai coupé. De quoi voulais-tu me parler ?

Repensant soudain à celui qui était prisonnier d'une chambre sombre, Ennis, répondit, le plus calmement possible :

- Jack… Jack est vivant et il faut que je le fasse sortir.

- Comment a-t-il fait pour se retrouver ici ?

- J'sais pas, mais j'dois l'emmener.

- Impossible, murmura la femme. Jamais Pedro ne te laissera faire.

Prenant la femme par les épaules, Ennis lui dit :

- Je DOIS l'emmener avec moi ! Jamais je ne le laisserai ici !

- … Ennis…

- J'dois faire kekchose !... J'ai jamais… rien fait pour lui… alors aujourd'hui, j'dois intervenir…

- … Jack, il a de la chance…

- Quoi ? D'la chance ?

- … oui… d'être autant aimé de toi…, chuchota la femme.

Surpris, l'homme la lâcha et elle en profita pour s'en aller.


- Ennis ? Mais que fais-tu ici ? Je te croyais parti depuis ce matin.

- J'peux pas… j'dois voir Jack, répondit l'homme en quittant son hôtel.

- Ennis, attends…

Mais le cow-boy était déjà loin. Gloria poussa alors un profond soupire.

Quelques minutes plus tard, Ennis tendit une liasse de billet pour pouvoir passer toute la nuit avec son ami. Lorsque la vieille femme prenant l'argent le laissa entrer, son cœur se serra. Tout comme la veille, l'homme était à moitié allongé sur le lit et ne réagit pas du tout à son entrée.

- Jack…, murmura-t-il. C'est moi…

Après s'être approché, il s'assit sur le lit et prit une main de son amant dans la sienne. De sa main libre, celui que tout le monde appelait par un prénom qui n'était pas le sien, voulu déshabiller son 'client'. Mais comme le soir précédent, il fut arrêté. Prenant sa deuxième main, Ennis murmura :

- … non… pas maintenant… pas ici… pas comme ça…

Tenant fermement les deux mains de Jack dans la gauche, l'homme s'amusa à passer la droite sur le visage de l'homme près de lui. Il connaissait ses formes par cœur, pourtant, c'était comme si ses doigts découvraient pour la première fois la courbe du visage de son ami, ses lèvres, ses yeux…

- … je te croyais mort… Jack… je…

- … Ennis…, murmura difficilement l'homme.

- Jack… putain… voilà qu'j'pleure…

Prenant son ami contre lui, le cow-boy le serra de longues minutes.

- Quand on s'ra sorti… j'te promets…

Ne finissant pas sa phrase, Ennis enlaça un peu plus l'homme.


Le lendemain matin, Gloria s'attendait à ce qu'Ennis lui annonce son départ, cependant, celui-ci vient la voir, mais pour tout autre chose.

- Tu peux m'prêter d'l'argent ?

Le regardant tout d'abord avec des yeux ronds, la femme finit par lui demander de répéter avant d'être sûre d'avoir bien compris et de répondre :

- Ennis… j'ai déjà du mal à vivre avec ce que j'ai… alors…

- C'est bon, j'ai compris.

- Attend ! Tu n'as pas compris ! Tu sais qu'en restant ici ton patron va finir par te virer quand tu rentreras ? Et sans travail, plus d'argent, rajouta-t-elle avant de s'éloigner.

Réalisant soudain que ce qu'elle venait de lui dire était on ne plus vrai, l'homme décida de retourner chez lui, promettant intérieurement à Jack qu'il reviendrait rapidement.

Une fois de retour, c'est une véritable tempête qui s'abattit sur lui, en la personne de son employeur, cependant, étrangement, il décida de ne pas le renvoyer mais lui dit qu'il ne le payerait pas durant les jours où il avait été absent.

Les jours qui suivirent furent une véritable torture intérieure pour le cow-boy. Savoir son ami prisonnier d'une chambre et ne pas pouvoir le sortir de là le rendait presque fou. Son travail était la seule solution qu'il avait trouvé pour ne pas trop y penser, aussi ne regardait-il l'heure ni pour arriver ni pour partir. Cela faisait bien entendu la joie de son patron, car, il était bien évident qu'il ne lui donnerait pas un sous de plus que ce qui avait été convenu.

Ce soir là, Ennis rentrait, plus fatigué que jamais chez lui, lorsqu'il aperçut une silhouette devant son mobil home.

- Jenny ?

- Ha papa ! J'ai cru que tu ne rentrerais pas ce soir.

- Ta mère sait que tu es là ?

L'adolescente eut un sourire avant de répondre :

- Oui, elle est au courant. Je peux passer la nuit ici ?

- Heu… c'est petit… mal rangé… et…

- Papa, c'est juste pour une nuit.

Voyant qu'il n'avait aucune chance en argumentant avec sa fille, l'homme abandonna la partie et ouvrit la porte.

- Ca va ?
Demanda-t-il en faisant passer son enfant devant lui.

- Très bien, et toi ?

- Ca va.

- Junior m'a dit qu'elle était très heureuse avec son mari. C'est bien, hein ?

- Oui.

- Ils pensent attendre un peu avant de faire un enfant.

- …

- Maman voudrait savoir si tu viendras pour mon anniversaire.

- J'pense pas que ce soit une bonne idée, répondit l'homme en sortant des couvertures qu'il installa par terre.

- Papa…

- Hum ?

- Suis-je censé croire que tu penses encore à moi ?

Se retournant vers sa fille, les yeux agrandis par la surpris, Ennis en resta bouche bée.

- Tu vois, tu n'es même pas capable de me dire « mais si ma chérie, je pense à toi » ! C'est la preuve que… – un sanglot coupa l'adolescente, mais elle poursuivit – tu ne m'aimes plus… je me demande même si à un moment, tu nous a aimé Junior et moi. Et maman, est-ce que tu l'aimais ?

- Jenny…

- Je suis désolée… je n'aurai pas dû venir, reprit la jeune fille en sortant.

Restant d'abord quelques secondes sans bouger, l'homme sortit ensuite en courant.

- Jenny ! Jenny, reviens !

L'adolescente tentait de rejoindre la route d'un pas rapide, mais son père la rattrapa.

- Laisse-moi tranquille !

- Calme-toi, viens.

- Lâche-moi papa ! Tu me fais mal, lâche-moi !

Desserrant la pression qu'il exerçait sur le bras de sa fille, Ennis recula de quelques pas.

- Ta sœur et toi… j'vous adore… vous êtes mes anges… tu l'sais, pourtant.

- Je le savais, peut-être, mais aujourd'hui, je n'en suis plus sûre.

- Tu parles bien, toi.

- Pardon ?

- Pourquoi t'as b'soin qu'un pauvre type comme moi t'dise qu'il t'aime ?

L'adolescente se rendit soudain compte qu'un fossé les séparait, son père et elle. Elle, allant à l'école et ayant bien l'intention de poursuivre ses études en même temps qu'elle continuerait à chanter, et lui, cet homme, face à elle, qui n'avait quasiment aucune éducation. C'était vrai, il n'avait rien en commun, pourtant…

- Même si je parle mieux que toi… nous avons tous les deux des sentiments et quoique tu en penses, tu es mon père et je t'aime de tout mon cœur.

Prenant sa fille contre lui, dans un geste tendre, le cow-boy lui murmura :

- Moi aussi je t'aime mon ange.


- Papa ?
Jenny se réveilla et chercha son père du regard, mais ce dernier avait l'air d'être partit. Près de son oreiller, elle trouva un petit mot de lui indiquant qu'il était partit travailler et qu'il fallait qu'elle mette les clefs dans la boîte aux lettres après avoir fermé la porte, pour qu'il puisse rentrer.

« Quelle gentille façon de me dire de partir », pensa-t-elle en souriant.

Avant de s'en aller, elle décida de se prendre un petit déjeuner et se mit donc en quête de quelque chose à manger. Après un bon quart d'heure de recherche, elle mit la main sur un vieux paquet de biscotte ayant déjà été entamé. Ne trouvant rien pour tartiner dessus, elle abandonna son idée de manger et se contenta de se faire réchauffer un peu de café qu'elle but s'en pouvoir s'empêcher de se dire qu'elle en avait rarement eut du aussi mauvais.

« Papa… comment fais-tu pour vivre comme ça ? N'y a-t-il donc que l'alcool que tu aimes au point d'en avoir des dizaines de bouteilles d'avance ? »


Fin du troisième chapitre.

A suivre…


Note de fin de chapitre : Et voilà un nouveau chapitre d'achever… j'ai hésitez pour faire finir comme ça, mais pour une fois, je me suis dis que je n'allais pas être trop méchante :) Ha oui, c'est vrai, j'oubliais que Jack est coincé au Mexique. lol
J'espère que vous avez aimé ce chapitre… j'attends vos commentaire :-) (vous pouvez les écrire en Anglais, ce n'est pas un soucis… comme j'ai une lectrice anglophone…)
Je vous dis à très bientôt pour un prochain chapitre.
Naëlle