Bonsoiiiir !

N'hésitez pas à vérifier si vous avez lu les chapitres 9 et 10, j'en poste trois ce soir !

AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.

AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya

Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi


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- Acte 1 : Attraper ses rêves -

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Scène 11

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Touya glisse sa main dans sa poche pour en sortir son couteau, alors qu'il pénètre dans la ruelle censée être sombre et pourtant éclairée d'une lumière douce, comme celle de la veilleuse de Fuyumi. Un homme maintient contre le mur une femme qui luie doucement dans la nuit, origine de l'éclairement de la ruelle. Peut-être un Alter de lumière ? Mais l'adolescent ne s'attarde guère sur la question ; la femme a les mains maintenues au-dessus de sa tête et son uniforme de collégienne alors qu'elle semble pourtant trop âgée pour en être une l'aiguille vers son probable métier. Il s'agit sans doute d'une travailleuse du sexe. Un client qui a refusé de payer ou une rencontre qui a mal tourné ? Les deux sont possibles et dans les deux cas, son poing le démange et ses flammes lui susurrent de transformer le porc en un tas de cendres.

Ce n'est pas parce que l'inconnue vend son corps que le consentement devient pour autant obsolète. Une règle de plus que Giran lui a inculqué et parfois, Touya se dit que le receleur est peut-être celui qui montre le plus de respect aux personnes du monde l'ombre, quand bien même il en fait lui-même partie.

― Hey ! J'peux savoir ce que tu fous ? crie Touya, interpellant l'agresseur.

Ce dernier se tourne vers lui. Sa figure n'a rien de remarquable, ni son corps. Il n'a donc pas un Alter de type mutation, ce qui lui rend l'identification moins aisée. Avec un peu de chance, Touya n'en aura même pas besoin, mais il préfère faire attention. S'il y a bien une chose qu'il a retenue des analyses d'Izuku, c'est que même un Alter faible peut devenir une arme des plus dangereuses selon comment il est manié.

― Rentre chez toi, petit, tu vas t'attirer des ennuis.

Un rire gras ; Touya se met à jouer avec son couteau, penchant la tête alors qu'un sourire sans joie tort ses lèvres. Ouh, il est terrifié. La blague, l'agresseur pense vraiment le convaincre de ne rien faire ainsi ? Enfin, l'adolescent n'a de toute façon pas l'intention de fuir, mais tout de même. Il renifle, dédaigneux, tout en réfléchissant à la meilleure manière d'intervenir.

D'un geste, il allume une de ses flammes devant son visage, provocateur. Il aime jouer avec le feu, il en a bien conscience, mais s'il arrive à faire peur à l'agresseur, il pourra s'en sortir sans se battre et retourner au plus vite auprès de son petit frère.

― T'as le choix, le vieux dégueulasse. Ou tu laisses la demoiselle tranquille, ou je te troue et je fais disparaître ton cadavre en l'transformant en cendres. Au choix. J'ai un faible pour l'odeur de barbecue et toi ?

Touya n'a évidemment pas l'intention de tuer l'homme ; trop d'ennuis pour peu de choses. Seulement, il sait à quel point il peut être effrayant avec ses cicatrices et cela ne manque pas. L'homme semble hésiter, avant de relâcher la jeune femme avec un grognement dédaigneux et de fuir sans demander son reste. Au moins ne l'a-t-il pas prise en otage ; peut-être n'est-il pas stupide, ou alors son Alter ne l'avantagerait pas dans une telle situation.

Au moins, la prostituée n'a rien et Touya fait disparaître flamme et couteau avant de s'avancer vers elle.

― Vous avez besoin d'aide pour vous relever ? Vous êtes blessée ?

Il ne lui demande pas si elle veut être accompagnée au poste de police le plus proche ; aucun d'entre eux n'est assez naïf pour penser qu'elle sera prise au sérieux. Elle risque même de finir au trou pour prostitution plutôt qu'aidée après son agression.

― Merci… Dabi, je crois ? T'as changé de quartier ? Tu rôdais pas là, avant. J'ai cru qu't'y étais passé cet hiver.

Touya tressaille au surnom, avant de remettre la jeune femme ; elle lui donnait un peu de nourriture parfois, quand elle passait devant son coin. Il aurait dû y songer, avec son Alter lumineux. Il ne se rencontre pas à tous les coins de rue. Enfin, il avait plus important à penser et il doute que son vis-à-vis lui tienne rigueur de son oubli.

― J'ai été adopté, souffle-t-il laconiquement.

― Oh ? Félicitations ou…

― C'est une bonne famille. Je vais te laisser, mon petit frère attend à l'entrée de la ruelle, fait attention en rentrant.

Touya sait ce qu'elle sous-entend et préfère la rassurer directement. Il ne sait pas trop quelles rumeurs pourraient se répandre et si, auparavant, il s'en serait fichu comme de sa première paire de chaussettes, ce n'est plus le cas désormais. Il se détourne finalement en silence, les yeux vers l'entrée de la ruelle. Il ne voit pas Izuku ; sans doute ce dernier a-t-il pris un peu trop au pied de la lettre ses ordres, mais ça le rassure. Au moins, il ne peut rien lui être arrivé, n'est-ce pas ?

L'adolescent sent ses espoirs se briser en mille pièces alors qu'il sort de la ruelle pour apercevoir un groupe, dont celui qui semble être le meneur tient en otage Izuku, jetant des regards paniqués dans l'avenue, en direction de l'immeuble qu'ils ont quitté récemment. Putain. Les héros ont déjà commencé leur opération et son petit frère se retrouve impliqué dedans. Putain de bordel de merde.

Touya a le sang qui s'échauffe sous sa panique et sa peur. Izuku retient difficilement ses larmes, avant de croiser son regard et d'exploser.

― Hikari, à l'aide, Hikari !

Il y a un trou dans son cœur qui suinte à l'idée qu'Izuku soit blessé. Qu'aurait-il dû faire ? Aurait-il dû détourner les yeux de l'agression dans la ruelle pour protéger son petit frère ? Aurait-il dû être au contraire plus attentif à où il se cachait ? Et que risque-t-il de se passer, maintenant ? Touya tremble rien qu'en voyant la détresse de son petit frère qui tend les bras vers lui, mais un sursaut d'instinct de survie l'empêche de se précipiter sur celui qui le retient.

Il a brusquement a minima quatre armes à feu braquées sur lui, s'il en juge aux silhouettes menaçantes dans la nuit noire de revolvers et il ne peut pas prendre le risque d'agir tant qu'Izuku est au milieu, incapable de bouger. Il risquerait d'être touché, d'être tué par une balle perdue.

Pourquoi n'est-il pas resté à la maison ? Au moins, Izuku ne l'aurait pas suivi ; au moins, il n'aurait pas été en danger à cause de son incompétence à gérer la situation. Et il veut devenir un héros ? La bonne blague ; il prend soudain conscience de tout le travail qui l'attend. Il ne peut pas rester à son niveau actuel ou cela ne suffira pas.

― Ne bouge pas, ou c'est le gamin qui trinque, gronde le meneur.

― Mon petit frère n'est pas une menace. On disparaîtra sans rien dire ! tente l'adolescent.

― Désolé, petit, mais j'ai besoin de lui pour fuir les héros à mes trousses, tu comprends ?

Un flash intense de lumière éclate soudain derrière lui, arrosant les gangsters de lumière. Ils ferment les yeux, perturbés, et Touya met à profit ces précieuses secondes pour agir. Il court jusqu'à celui qui détient son petit frère, enflamme sa main et agrippe le haut de son bras. Par réflexe, l'homme relâche sa prise et hurle ; l'adolescent attrape Izuku de sa main dénuée de flamme, avant de bondir en arrière.

Un coup d'œil en arrière ; la prostituée se tient dans l'entrée de la ruelle, chancelante mais déterminée à aider. Leurs regards se croisent un bref instant et Touya hésite à peine avant de pousser Izuku vers elle. Sans doute veut-elle l'aider pour le remercier de sa propre intervention. Sans doute brûle-t-elle aussi de l'impuissance qu'elle a dû ressentir lors de son agression et qui l'a retenue d'utiliser son Alter.

Sa rage brille dans ses yeux jaunes.

― Éloigne-toi avec Izuku, j'm'en occupe ! crie-t-il.

Il enflamme ses deux mains, se tenant désormais entre le groupe de criminels et l'entrée de la petite ruelle. La vue commence à leur revenir et certains jurent ; Touya ne leur laisse pas le temps de reprendre totalement leurs esprits. Il enflamme ses mains et ses pieds, ignorant les hurlements d'agonie de sa chair qui se carbonise sous sa colère et sa peur.

Il ignore si c'est lui qui a été bien entraîné, si les malfrats le sous-estiment ou un mélange des deux ; mais il trouve le combat d'une étonnante facilité. Ou peut-être sont-ils surpris, aussi ; rien n'est à négliger, alors qu'il les étale un à un, évitant leurs coups. Dans le capharnaüm qu'il crée, aucun ne tente de tirer de peur de blesser un allié, ce que l'adolescent utilise à son avantage pour les frapper aux points les plus sensibles. Il n'est pas assez gentleman pour négliger de viser les organes génitaux. Une victoire est une victoire. Une vie est une vie. À quoi bon se battre avec style si c'est pour s'en prendre plein la tronche derrière ?

Il ne comprend pas comment certains héros peuvent privilégier le show à la protection des civils.

Sa respiration est haletante alors qu'il ne reste plus aucun de ses adversaires debout. Il éteint ses flammes, pestant à mi-voix en voyant les dégâts de ses émotions fortes sur ses bras, avant de repérer une tache jaune sur le sol. Il la ramasse et dépoussière ce qui s'avère être la poupée d'All Might de son frère. Elle est un peu terreuse encore, mais rien qu'un bon bain savonneux ne saura résoudre.

― Waw, trop cool, Hikari !

Touya rit à l'exclamation de son petit frère, sans pour autant nier la pointe de crainte qui lui serre le cœur. Est-ce qu'Izuku risque d'être traumatisé ? Il voulait seulement observer les étoiles avec lui, il ne méritait pas de mettre sa vie en danger. S'il avait fait un peu plus attention, peut-être qu'il aurait pu lui éviter d'être pris en otage.

― Très impressionnant, en effet, quoi qu'illégal. Je vous rappelle que vous n'êtes pas censés utiliser votre Alter, jeune homme.

L'adolescent tressaille à la voix et se tourne vers son origine, blêmissant en voyant la silhouette de tout à l'heure. Lady Nagant. Merde. S'il se retrouve au poste, il y aura trop de questions gênantes et puis, ce n'est pas un endroit pour Izuku. Est-ce que cela pourrait l'empêcher de postuler à une école héroïque plus tard ? Cela peut compter comme de la légitime défense, non ?

Son petit frère vient s'accrocher à lui et Touya s'aperçoit du coin de l'œil que la prostituée a disparu. Elle a eu plus de jugeote que lui, visiblement. Et puis, elle l'a bien aidé ; il ne lui en veut pas de sauver sa propre peau. L'adolescent risque toujours moins qu'elle s'il est emmené au poste.

― Nous n'étions pas non plus censés nous retrouver dans une telle situation.

― Vous auriez pu vous blesser.

― Rien à foutre. Mon petit frère était en danger, j'allais pas rester et prier qu'un héros se bouge le cul rapidement ! Dans ce quartier, ça tiendrait du miracle !

― Ils faisaient partie du groupe que je devais arrêter. Je serais venue.

― Et comment on pouvait le savoir ? Et même, comment aurais-je pu être certain que vous ne vous ficheriez pas de nous ? Les héros dédaignent les gens des bas quartiers. Nous ne sommes pas assez beaux pour vos shows.

― Et si tu étais un héros, petit, qu'est-ce que tu ferais ?

― Je ferai bien votre boulot, pardi.

― Hikari, arrête !

Izuku l'agrippe un peu plus et tire sur son pantalon, comme pour l'inciter à se calmer. Touya soupire, avant de lui rendre sa peluche et d'inspirer profondément. Il a raison. S'il pousse le bouchon trop loin, ce n'est pas uniquement pour l'utilisation de son Alter qu'il risque de se faire embarquer au poste de police le plus proche. Et son but est justement de ne pas être emmené.

― Je ne vous demanderai pas pardon pour mes propos, je les pensais. Je vous prie simplement de m'excuser pour la forme que mes reproches ont pris.

― Et je ne peux pas nier que tu as raison, malheureusement. Tu as quel âge, dis-moi ?

― Quinze ans.

― Je vois. Passe par mon agence dans la semaine, jeune homme, j'ai peut-être une proposition qui pourrait t'intéresser, si tu me prouves ta valeur.

Est-ce qu'elle est en train de dire que… ? Touya n'ose espérer. Il reste figé, alors que l'héroïne s'avance pour venir lui tapoter doucement l'épaule, un sourire bienveillant sur les lèvres.

― Vous pouvez partir si vous n'avez pas besoin de soins. Je ne vous embarquerai pas pour cette fois.

Touya sent sa peau hurler des brûlures qu'il lui a infligées en surchauffant. Mais il s'en sortira très bien sans son aide. Il se méfie ; elle pourrait très bien l'emmener à l'hôpital et appeler les flics qui l'y cueilleraient. Et puis, cela inquiéterait leur mère pour peu de choses. Il ramènera Izuku à la maison et il passera ensuite à la clinique illégale qu'il fréquente. Cela suffira.

― Merci, daigne-t-il tout de même lâcher, se détournant de l'héroïne en agrippant la main de son petit frère.

― Je n'en attendais pas tant ! C'est mon travail.

― Vous remerciez bien un serveur qui fait son boulot, grogne Touya.

Seul le silence lui répond et l'adolescent prend dans ses bras Izuku, avant de l'installer sur ses épaules pour ne pas le perdre de vue. Le plus jeune bâille, avant de poser sa tête sur ses cheveux. Il doit être épuisé. C'est compréhensible. Peut-être devrait-il le laisser dormir avec lui pour le reste de la nuit, pour s'assurer qu'il ne fasse pas de cauchemars ? Les blessures de Touya peuvent bien attendre demain pour être prises en charge. Et ce n'est absolument pas parce que la présence de son petit frère à ses côtés chasse ses propres démons. Absolument pas.

Touya est passé depuis longtemps maître dans l'art de la mauvaise foi.

― Est-ce que je pourrais avoir ton nom, au moins ?

Il y a un brin d'amusement dans la voix de l'héroïne, qui l'interpelle pour ce qu'il espère être la dernière fois. Touya hésite. Ne risque-t-elle pas de lancer des poursuites contre lui, si elle a son nom ? Rien ne garantit cependant qu'elle aurait le bon et, puisqu'elle l'a sous la main, il serait plus sensé de l'arrêter ici et maintenant. Un soupir lui échappe, alors qu'il pèse le pour et le contre. Finalement, un sourire ourle ses lèvres, alors qu'il lance en réponse :

― Midoriya Hikari !

Il est fier de cette identité. Il est fier d'être le fils d'Inko et le grand frère d'Izuku. Parfois, il a l'impression que l'amour qu'il a pour eux est comme une jarre qui se remplit continuellement sans jamais déborder. Il n'en a et n'en offre jamais assez à son goût.

Son sourire ne le quitte pas, même une fois Izuku déposé à l'appartement, même une fois face à Oni Baba pour soigner ses blessures.

Il est un Midoriya et rien ne saurait ternir sa joie de porter ce nom-là.

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