Bonsoiiiir !
AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.
AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya
Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi
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- Acte 1 : Attraper ses rêves -
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Scène 12
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Touya hésite devant la porte de l'agence.
Entrer ou ne pas entrer ? Affronter ses choix de la nuit dernière ou laisser couler en espérant que Lady Nagant l'oublie ? Il ne sait pas vraiment ce qu'elle veut de lui, même s'il espère, au fond, qu'elle veut le recruter après le lycée. Ce ne serait pas la première fois ; il veut bien commencer comme acolyte avant de monter une à une les marches jusqu'au sommet. Peut-être aurait-il dû demander à sa mère de venir avec lui - pas par peur, il n'a pas peur, il n'est pas lâche - pour l'aider à prendre une décision.
― J'peux savoir ce que tu attends ?
Il tressaille violemment et se retourne, avant de reculer d'un bond, ses flammes allumées au bout de ses doigts. Un claquement de langue agacé lui échappe alors qu'il se rappelle qu'il est en plein jour, en pleine rue, et il annule son pouvoir tout en lançant un regard noir à l'héroïne qui vient de le surprendre. Lady Nagant lui sourit, une main sur la hanche, et un grognement échappe à l'adolescent. Il déteste être pris ainsi en défaut.
― Oh, doucement, je ne vais pas t'attaquer. Tu as de bons réflexes.
― Si vous vouliez pas être menacée, fallait pas me surprendre.
― Tu aboies plus que tu ne mords, gamin.
Touya a envie de l'insulter. Ou de la frapper. N'importe quoi, en fait, tant que cela apaise le trou dans son ego. Il se réfrène parce qu'il a une famille sur laquelle retomberont ses actes s'il ne fait pas attention et non pas parce qu'il est impuissant ou incompétent face à l'héroïne. Il est certain de pouvoir la blesser s'il le voulait vraiment.
Il a été élevé pour battre All Might, après tout.
― Si c'est pour vous foutre de ma gueule que vous m'avez demandé de venir, je ferais mieux de rentrer.
Touya glisse ses mains dans ses poches, boudeur, avant de se détourner. Pourtant, il a à peine fait un pas qu'il se fige, alors que la voix de Lady Nagant le questionne doucement :
― Est-ce que tu veux devenir un héros ?
Évidemment. C'est le rêve de tous les enfants - sauf Shoto, lui souffle une petite voix qu'il ignore - alors comment peut-elle imaginer qu'il dise non ? Même s'il est presque un adulte désormais, il a quinze ans après tout, il n'est pas encore à l'époque où les gens rangent leurs rêves brisés.
― Est-ce que le soleil brille ? Est-ce que le ciel est bleu ? Vous vous foutez de moi ou vous vous moquez, sérieux ?
― Je pourrais te recommander à Yuei, tu sais.
Lady Nagant a un don pour le surprendre et Touya n'est pas certain d'apprécier. Ses mots se retrouvent coincés dans sa gorge et son esprit est une page blanche. Elle veut vraiment le recommander ? Mais pourquoi ? Et à quel prix ? Il n'est qu'un gamin brûlé de partout ; comment peut-elle penser qu'il est assez bon pour être recommandé ? La recommandation est à double-tranchant ; il peut être autant un moyen pour un héros d'obtenir un excellent acolyte pendant ses premières années après son diplôme, qu'un risque de le voir ternir sa réputation s'il échoue.
― Vous ne savez même pas si j'ai le niveau.
― Pourquoi crois-tu que je t'ai demandé de venir ? Je veux t'évaluer.
― Pourquoi moi ? Pourquoi ? Vous ne me connaissez que depuis cette nuit !
― Tu es le premier que je vois aider une prostituée sans rien exiger derrière. Et je t'ai vu te battre.
― Vous avez tout vu ? s'étrangle-t-il.
Lui qui pensait qu'elle n'était arrivée qu'à la toute fin. Pourquoi n'est-elle par intervenue avant, alors ? Pourquoi elle a l'a laissé se débrouiller pour venir lui remonter les bretelles derrière. Sa rage enfle et il grince des dents, avant que Lady Nagant ne douche sa colère avec un sourire quelque peu taquin.
― J'allais intervenir quand tu l'as fait. Et ensuite, tu t'es jeté tête baissée au milieu des criminels et intervenir t'aurait mis plus en danger.
― … J'imagine que le trottoir n'est pas le meilleur endroit pour en parler en détails, finit par soupirer Touya, vaincu.
Il ne peut pas laisser passer cette chance infime d'entrer à Yuei. Quand bien même il devra attendre encore un an, le temps de soigner en profondeur ses brûlures - son rendez-vous chez le chirurgien est dans une semaine et l'adolescent ne veut pas savoir comment sa mère a réussi à avoir un créneau si tôt - il ne peut pas tourner le dos à cette opportunité parce que Lady Nagant réussit à le mettre en colère si aisément.
― Non, en effet. Je t'en prie, rentre donc.
Touya lui adresse un regard en coin, se renfrognant avant de lui obéir. Les portent s'ouvrent devant lui et un frisson parcourt sa colonne vertébrale alors qu'il sent le regard des personnes déjà présentes dans le bâtiment. Instinctivement, il relève les yeux pour examiner l'endroit et chercher tout ce qui pourrait servir d'issue de secours. Ou d'arme, au besoin.
C'est blanc. C'est plein de vitres et de lumière. Peut-être un peu trop pour Touya, d'ailleurs. Ses sens s'affûtent alors qu'il sent la tension dans le hall suite à son entrée. Il n'arrive pas à se séparer de son mauvais pressentiment. Son année à la rue lui a inculqué sa méfiance envers les instances légales et il n'est pas à son aise. Tout est trop propre, trop étincelant, trop luxueux. Peut-être est-ce même son enfance qui parle, son enfance aseptisée et autoritaire. Il ne se sent pas à sa place dans tant d'ordre. Il aime le chaos des bas-quartiers, le chaos de la chambre qu'il partage avec Izuku et où il y a toujours quelque chose qui traîne ; un cahier, une figure, un sweat.
― C'est… C'est l'adolescent prometteur, Lady ?
Touya cesse d'observer son environnement pour se tourner vers la personne qui vient de parler, prêt à lui offrir un regard noir, mais il se fige. C'est une jeune femme aux cheveux noirs, dans un costume qui ressemble à celui des cosmonautes. Avant de connaître Izuku, il aurait bien été en peine de reconnaître l'acolyte de Lady Nagant ; maintenant, à force de l'écouter analyser les héros à la télévision, il fait sans peine le lien.
Parfois, il se demande s'il aurait pu comprendre que la force ne fait pas tout sans connaître son petit frère. Touya s'est rendu compte que même s'il était fort et entraîné, quelqu'un avec un Alter plus faible mais mieux maîtrisé, ou alors utilisé de manière inattendue, pouvait avoir le dessus sur lui. Tout n'est pas une question de pouvoir.
― Tout à fait, Thirteen. Il fait un peu chaton des rues, il crachouille et il griffe, mais il est inoffensif.
― J'vais faire comme si j'avais rien entendu.
― Tu vois, il crachouille.
― Vous m'cherchez, la vieille ? éclate finalement Touya. Je ne suis pas venu pour être le clown de service !
― C'est ce que tu comptes répondre aux étudiants qui te cracheront dessus à cause de tes origines ?
Touya ouvre la bouche pour répondre, avant de la refermer, observant l'héroïne d'un œil nouveau. Elle est en train de le tester. Elle joue avec ses nerfs pour voir si cela vaut la peine de miser sur lui. Et il comprend ce qu'elle sous-entend. Elle pense sans doute qu'il vient des bas-quartiers, qu'il vit chichement avec le reste de sa famille et que ces origines peu glorieuses lui seront sans doute reprochées à Yuei. Depuis quand la profession est-elle devenue si élitiste ? Il peut comprendre encore que les personnes plus pauvres aillent dans des lycées moins chers et surtout moins cotés que Yuei, mais tout de même. Ses origines supposées ne devraient pas lui attirer de mépris.
― Ils trouveront toujours quelque chose à redire. Je ferais avec.
― Même s'ils insultent ta famille ?
― J'veux bien les voir essayer.
Un ricanement lui échappe malgré lui. Oh, il ne compte pas en venir aux mains ; ils ne méritent pas qu'il risque un blâme ou une expulsion. Mais s'ils veulent jouer une guerre psychologique, ce ne seront pas eux qui gagneront. Il est déjà cassé, après tout, quand bien même les Midoriya l'ont réparé ; il ne craint pas leurs sarcasmes, mais il sait comment retourner des esprits, il sait comment pousser les gens à bout.
Il n'a qu'à prendre exemple sur Endeavor. Son géniteur a bien réussi à le briser, après tout.
― Je craindrais presque ton idée, si je n'étais pas certaine que tu ne ferais rien qui pourrait nuire à tes proches.
Touya soupire, avant de se tourner vers l'héroïne. Il comprend les raisons de ce test psychologique, mais il n'a pas envie de jouer et de tourner autour du pot maintenant qu'il l'a percé à jour. Si elle tient à savoir de quel bois il est fait, elle n'a qu'à lui demander, au lieu de chercher constamment à l'agacer.
― Je vais être honnête. Je peux pas vous promettre de pas être arrogant, de jamais prendre la mouche ou de ne pas être insolent. Mais je connais les limites ; je ne ferais rien qui pourrait salir votre image, ni celle de ma famille.
― Tu es bien attaché à tes proches… Tu es conscient que tu les mettrais potentiellement en danger en devenant un héros, n'est-ce pas ?
― Vous voulez dire, plus qu'en vivant ?
Le sarcasme échappe à Touya sans qu'il ne lutte vraiment pour le retenir. Bien évidemment qu'il est conscient des risques pour ses proches. Il y a toujours eu un Vilain pour découvrir les proches de héros et s'en prendre à eux, mais cela reste rare. Statistiquement, sa mère et son petit frère ont plus de chances de mourir en allant faire les courses.
Statistiquement, son petit frère n'arrivera peut-être jamais à l'âge adulte.
― Touché, rit Lady Nagant. Je dois bien admettre que tu as raison.
― J'ai souvent raison, renifle-t-il.
― La morgue de l'adolescence… Je t'aurais pensé plus vantard que ça, néanmoins.
― Avant, peut-être. Mais mon petit frère m'a fait reconsidérer tout ce que je tenais pour acquis. Il est bien plus brillant que moi.
Il y a un instant de silence dans l'agence et Touya sent un nœud dans son ventre, qu'il n'arrive pas à détendre. Il jette un regard vers Lady Nagant, la suppliant presque mentalement de mettre fin à cette atmosphère pesante. Il ne sait pas pourquoi ses mots entraînent une telle réaction et il n'est pas certain de vouloir savoir.
― Tu reconnais les qualités de quelqu'un de plus jeune que toi. Intéressant. Sur les héros que tu connais ici, peux-tu citer au minimum une de leurs qualités ?
― Non.
La réponse de Touya est franche, peut-être un peu trop. Il entend les soupirs surpris et les chuchotements outrés. Bien évidemment que c'est surprenant, mais il ne s'imagine pas leur dire qu'avant Izuku, jamais il n'aurait porté son attention sur des acolytes. Il ne s'imagine pas leur dire que les qualités qu'il pourrait énumérer, ce serait celles qui émergent des analyses de son petit frère. Touya est trop fier d'Izuku pour s'approprier ses mérites.
Il préfère encore perdre des points auprès de Lady Nagant que de s'arroger quelque chose dont il n'a pas le mérite.
― Pourquoi ?
― Parce que je ne les connais qu'à travers les analyses de mon frère. C'est… Si je dois leur trouver des qualités, alors ça serait en les côtoyant, pas en me reposant sur le talent d'Izuku.
Le silence, de nouveau. Mais cette fois, Touya ne se sent pas jugé par les regards sur lui. Il parcourt la pièce des yeux, pour ne croiser que des sourires et des airs amusés. La suspicion et l'outrage ont disparu, emportés par ses mots sincères. Il y a une boule dans sa gorge, à croire que le nœud dans son ventre a fait des petits jusqu'à sa langue pour l'empêcher de parler.
Est-ce que s'il avait été sincère sur ce qu'il ressentait, est-ce que s'il avait dit à Endeavor à quel point ça lui faisait mal d'être remplacé, est-ce que les choses auraient pu tourner autrement ? Il est heureux de connaître la famille Midoriya et d'en faire partie, mais il garde un goût amer sur ses lèvres.
Pourvu que jamais Natsuo, Fuyumi ou même Shoto ne s'en veuillent un jour de sa disparition. Ce n'est et ne sera jamais leur faute. Ils n'étaient tous que des enfants.
― Cheffe, on peut garder le chaton ? Il est adorable quand il parle de son petit frère.
― Je suis pas adorable ! s'étrangle Touya, avant de se renfrogner.
― Tu es honnête. Je dirais même franc. Et tu ne mâches pas tes mots. Tu ne te feras pas que des amis chez les héros, mais tu devrais pouvoir survivre à la concurrence ! conclut avec un sourire Lady Nagant.
― Il survivra pas aux paparazzis ! rit un des acolytes dans la pièce.
Touya inspire, lentement, tentant de se défaire de l'amertume dans sa bouche. L'atmosphère est joyeuse alors que les acolytes de Lady Nagant plaisantent et le taquinent, sans pourtant être moqueurs. Est-ce que ce n'est qu'une apparence qu'ils se donnent ? Il tressaille lorsque l'héroïne pose une main sur son épaule, mais il ne fait pas de geste pour s'en défaire. Elle a beau lui taper sur les nerfs, elle ne cherche pas à rire de lui. Elle semble même heureuse de ses réponses, s'il se base sur la lueur brillante dans ses yeux.
― Thirteen, tu peux lui faire passer le test papier ? Je lui ferai passer un test physique ensuite, mais je dois d'abord m'occuper des rapports de mission.
Thirteen acquiesce, avant de lui faire signe de la suivre. Touya songe un instant qu'Izuku serait plus que ravi d'avoir son autographe, mais il n'est pas certain que l'acolyte prendrait bien une telle demande alors qu'elle est sur son lieu de repos. Il passe une main dans ses cheveux teints en noir, songeant qu'il devrait bientôt refaire une teinture. Peut-être du vert, cette fois, pour ressembler au reste de sa famille ?
― Est-ce que tu pourras remplir une fiche d'informations, aussi ?
La question de Thirteen le tire de ses pensées et il se rend compte que Lady Nagant ne l'a absolument pas présenté sous son nom à son équipe. Ou l'a-t-elle fait avant qu'il ne vienne ? Mais elle n'avait pourtant aucune assurance qu'il se déplacerait… Un soupir lui échappe et ses doigts viennent pincer l'arête de son nez. Il a l'impression désagréable de se faire manipuler. Cependant, l'héroïne n'a aucun intérêt à vouloir le recommander par tous les moyens, non ?
Ou alors elle sait, et elle l'a dit à Endeavor, et ce dernier veut…
Un rire triste lui érafle la gorge, alors qu'il ne va pas au bout de son idée. C'est stupide. Son géniteur ne le laisserait jamais s'engager sur la voie de l'héroïsme. Il a brisé si fort ses rêves que Touya ne peut même pas en douter une seule seconde.
― Tout va bien ?
L'inquiétude dans la voix de Thirteen accentue son malaise. Elle n'a aucune raison d'être gentille avec lui. Même si c'est son métier, elle pourrait être bien plus rude. Il suffit de voir ce qui lui sert de géniteur.
― Juste… Juste une pensée parasite. Ce n'est rien.
― … Tu n'es pas honnête quand ça te concerne, hein ?
― Tu le feras remonter à Lady Nagant ?
― Elle le sait déjà. Elle t'a dit d'aller à l'hôpital cette nuit, non ? Si tu étais blessé.
― Je ne l'étais pas.
― Pinocchio, tourne pas la tête, tu vas heurter une verrière… soupire Thirteen.
Touya pourrait s'entêter, mais il sait reconnaître une situation perdue d'avance. Il soupire de nouveau, laissant retomber sa main le long de son corps. Oni Baba lui a passé un savon pour avoir aggravé ses brûlures, mais au moins les bandages s'étendent bien à l'abri derrière ses manches.
― Je devais ramener mon petit frère à la maison.
― Mais tu n'as pas été soigné.
― Ce n'est pas ce que j'ai dit.
― Aucun hôpital n'a accepté un Midoriya Hikari. La cheffe nous a demandé de vérifier, ce matin. Elle l'a pas dit, mais elle s'est inquiétée. Peut-être que tu devrais passer par notre infirmerie après ?
― Aucun hôpital officiel.
Thirteen tressaille et se retourne, ses yeux se plissant alors qu'elle l'observe plus attentivement. Touya sait qu'il aurait sans doute mieux fait de se taire, mais sa franchise a payé jusque-là. Et puis, il ne veut pas non plus passer à l'infirmerie de l'agence. Il ne veut pas être en retard pour aller chercher Izuku à l'école et éviter qu'il soit embêté par ses camarades sur le trajet du retour.
― Je crois que je comprends mieux ce que voulait dire Nagant quand elle nous a parlé de toi. C'est rare, les héros qui connaissent si bien les quartiers les plus pauvres de Tokyo.
― J'imagine que je peux les compter sur les doigts d'une main.
― Tu es optimiste.
Un rire échappe à Touya. Il aime bien cette héroïne et, lorsqu'elle lui sourit, il a l'impression de retrouver un peu de la douceur d'Inko dedans. Cependant, elle reprend un air un peu plus inquiet, alors qu'elle l'installe à une table, lui donnant une liasse de papiers et un stylo.
― Tu es certain de ne pas vouloir passer voir notre docteur ? Tes brûlures…
― J'ai l'habitude, vous savez. Ça ne fait pratiquement plus mal.
Touya hausse les épaules comme si ce n'était rien, quand bien même il ment. Il a toujours mal, mais la douleur lui est si familière qu'il l'ignore la plupart du temps. Il ne peut pas nier cependant qu'il serait heureux de souffrir moins, ce pourquoi il ne rechigne pas à se faire soigner. Seulement, il n'a pas confiance en tout le monde dans cette agence, pour ne pas dire qu'il n'a confiance en personne.
Il préfère encore prendre son temps avec sa mère derrière lui pour le protéger des intentions potentiellement malsaines des médecins. Après tout, ce ne doit pas être tous les jours qu'ils voient un grand brûlé comme lui encore en vie malgré des soins minimaux.
― C'est… à cause de ton Alter ?
― J'en ai perdu le contrôle, il y a longtemps. Les fois où je me blesse avec, autrement, ça tient de l'exceptionnel et non pas de la routine.
― Je vois. Je vais te laisser travailler, alors. Tu viendras me redonner tout quand tu auras terminé, d'accord ?
Touya hoche la tête, avant de s'atteler à sa tâche. Les exercices présentés sont pour la plupart à sa portée - et il ne remerciera jamais assez sa mère de bien avoir voulu qu'il utilise l'ordinateur familial pour étudier - et il espère que les quelques-uns qu'il laisse à moitié faits ne le pénaliseront pas trop.
Lorsqu'il les rend à Thirteen, il a légèrement mal à la tête. Cela fait longtemps qu'il n'a pas eu besoin de réfléchir autant. C'est sain, d'une certaine manière. Il n'a pas l'impression de tourner en rond dans l'appartement au moins, aujourd'hui. Il faut croire qu'il aime être actif. Ou peut-être que les leçons de son géniteur sont ancrées trop profondément en lui. Qui lui dit que c'est vraiment dans sa nature de faire vingt mille choses dans la journée ? Cela pourrait être un reste de ses journées passées à s'entraîner après les cours.
Touya ne peut pas savoir ce qui vient vraiment de lui et ce qui provient de son éducation. Il espère qu'il aura un jour la réponse. Il espère qu'un jour, il ne sera plus ce qu'Endeavor a fait de lui, jusqu'au moindre petit détail, et qu'il sera le héros qu'il rêve d'être. Mais pour en arriver là, il doit encore impressionner assez Lady Nagant pour qu'elle accepte de le prendre sous son aile. Et soudain, de vieux démons plantent leurs griffes dans son cœur rafistolé, lui susurrant qu'il ne sera jamais assez bon, que l'héroïne lui jettera un regard dédaigneux et déçu, avant de dire qu'il n'a pas sa place parmi les héros.
Touya voudrait à cet instant que sa mère soit là pour le serrer dans ses bras et lui promettre que tout ira bien.
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