Bonsoiiiir !

AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.

AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya

Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi

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- Acte 1 : Attraper ses rêves -

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Scène 13

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Touya songe encore à sa mère et à l'envie qui brûle en lui de sa présence à ses côtés alors que Thirteen le mène à la salle d'entraînement. Jamais il ne s'est senti aussi dépendant de quelqu'un et de son affection, mais cela le dérange moins qu'il l'aurait cru. Sa mère a une aura si apaisante qu'il sait qu'il se serait calmé à son contact. Son cœur ne battrait pas à mille à l'heure sous sa nervosité, alors qu'il observe du coin de l'œil Thirteen envoyer un message sur son téléphone, sans doute à Lady Nagant.

Un bref instant, il songe qu'Izuku serait en train de l'assaillir de questions sur son Alter à cet instant, quand bien même semble-t-elle occupée. Peut-être répondrait-elle avec ce sourire qui lui fait tant penser à Inko, avant de signer un autographe à l'enfant pour voir ses yeux briller. Il sait aussi que son petit frère en bondirait et pleurerait d'une joie si douce qu'elle lui réchauffe le cœur rien qu'à l'imaginer.

La question lui échappe sans qu'il ne veuille réellement la retenir.

― Est-ce que je pourrais avoir un autographe de votre part ? Pour mon petit frère ? Il vous admire beaucoup, alors je pensais…

Touya se reprend pourtant immédiatement. Il ne pensait plus, oui, pour la déranger ainsi. Jamais Endeavor n'aurait toléré une telle question. Il se sent profondément stupide et il se mord la lèvre, avant de tenter de rattraper le coup.

― Laissez tomber, je ne veux pas vous embêter, je…

― Vraiment ? Ça serait un plaisir !

Il y a une lueur dans les yeux de Thirteen que Touya ne sait pas comment interpréter. Elle range son portable dans une des poches de son costume et elle semble joyeuse. Est-ce que ça lui ferait plaisir ? Mais pourquoi ? Il l'embête sur son lieu de repos, non ? N'est-ce pas Endeavor qui dit toujours à quel point il s'agit d'une corvée, ce pourquoi il n'en fait pratiquement jamais ?

― Je ne suis pas encore très connue, alors peu de gens me demandent un autographe. C'est surtout la cheffe qui est demandée ! explique-t-elle avec un petit rire, sans doute en apercevant sa surprise.

― Alors les gens sont stupides, grommelle Touya. J'vous préfère à tous les autres héros qui font le show au lieu de sauver les gens.

Il se rend compte qu'il a parlé de façon audible quand des larmes brillent dans les yeux de Thirteen. Des larmes de reconnaissance, peut-être ? L'héroïne est surtout utile en cas de catastrophe naturelle ou d'accidents importants, alors beaucoup lui prêtent peu d'importance, les médias en premier. Il espère sincèrement que cela changera. Elle mérite bien plus de temps d'écran que le connard qui lui sert de géniteur.

― Tu es gentil, tu sais, mais tu n'es pas obligé de mentir.

― C'est trop fatiguant, d'mentir. J'le pense vraiment.

Thirteen ne lui répond pas. Peut-être ne le croit-elle pas et il serait bien le dernier à lui en vouloir. Elle ne le connaît pas ; sa parole n'inspire guère la confiance. Il n'y a bien qu'Izuku pour faire confiance aux autres dès la première rencontre. Son petit frère est un ange et Touya ne peut que craindre le jour où le monde le corrompra. Il espère lui offrir la force de se relever, ce jour-là.

Il espère qu'il le rattrapera à temps, ce jour-là.

La jeune femme s'arrête devant une porte, qu'elle ouvre pour le laisser passer. C'est un immense gymnase qui doit prendre tout un étage du bâtiment. La lumière du jour filtre par les verrières orientées au Sud et à l'Ouest et quelques héros s'entraînent sur des tatamis au milieu de la salle, en tenue de sport. Nagant est sur le côté, les observant et leur donnant des conseils, avant de se diriger brusquement vers lui lorsqu'elle le remarque.

— Tu peux disposer, Thirteen, je m'occupe de lui.

— Bien, Madame !

La plus jeune héroïne file, sans doute pressée de faire quelque rapport ennuyeux ou de prendre une pause, tandis que la plus âgée pose une main sur l'épaule de Touya. Il se tend quelques secondes avant de redevenir serein, mais cela ne passe pas inaperçu. Lady Nagant hausse un sourcil, avant de relâcher sa prise et de lui désigner un endroit dégagé dans le gymnase, avec une cible ronde installée devant un mur.

— Suis-moi par là. Je ne voudrais pas déranger les autres, même s'ils risquent de t'observer. Cela te dérange ?

— Est-ce que cela changerait quelque chose ? soupire Touya.

— Plus que tu sembles vouloir l'envisager, sourit-elle.

Touya fronce le nez et glisse ses mains dans ses poches, doutant malgré tout de cette affirmation. Les acolytes de Nagant trouveront bien un moyen de l'observer, de toute façon, alors à quoi bon ? Ce n'est pas comme s'il craignait d'avoir des spectateurs. Il s'en fiche, à vrai dire. La seule qu'il veut et qu'il doit impressionner est à ses côtés alors qu'ils rejoignent l'emplacement dédié.

L'héroïne lui désigne la cible d'un signe de la tête, avant de lui expliquer les consignes à suivre.

— Touche-la en augmentant petit à petit la force que tu y mets. Si je te vois forcer – et crois-moi, je le saurais – j'arrête ce test immédiatement. Compris ?

Touya hoche la tête. Lady Nagant s'écarte alors, s'installant sur le côté du tatami et l'adolescent déglutit, alors qu'il tente de former la plus petite boule de feu qu'il puisse faire. Il n'est pas habitué à ne pas y aller à fond et il ne comprend pas vraiment pourquoi l'héroïne veut voir ça, mais ce n'est pas lui qui pose les consignes du test, alors il est obligé de s'y plier s'il souhaite vraiment faire ses preuves.

Il envoie la première du bout des doigts, jurant alors qu'elle vient s'écraser vers l'extérieur de la cible. Il manque de précision dès lors qu'il n'utilise pas une grande partie de sa puissance. Mais lui a-t-on vraiment appris à être précis, maintenant qu'il y pense ? Endeavor n'avait que la puissance et la force sur ses lèvres, plutôt que la précision et la finesse. Est-ce que cela risque de le pénaliser ? L'adolescent ne préfère pas vraiment y penser, alors qu'il balance sur la cible des boules de feu de plus en plus grosses, jusqu'à la toute dernière qui l'engloutit finalement, pour n'en laisser que des cendres.

Touya sort de ses pensées lorsqu'il entend des applaudissements. Il se tourne, pour voir Lady Nagant claquer ses mains l'une contre l'autre, quand bien même ses yeux le jugent bien plus sévèrement qu'elle ne semble vouloir le laisser paraître.

― Impressionnant. Même s'il est surprenant que tu maîtrises mieux ton feu lorsque tu y mets une grande partie de ta force. Généralement, on apprend à contrôler son pouvoir à petite dose auparavant.

L'Autre est définitivement un connard qui ne sait pas enseigner la maîtrise d'un Alter. Quoi d'étonnant que Touya se soit blessé si souvent ? Peut-être est-ce là le fond du problème, bien plus que son absence de résistance à la chaleur et aux flammes. Personne ne lui a jamais rien appris en douceur pour lui laisser le temps d'appréhender le mieux possible son pouvoir.

― Il faut croire que j'aime en faire trop, louvoie-t-il pour éviter les questions.

― Si tu le dis.

― Avez-vous prévu autre chose ?

― Non, cela me suffit. Je t'ai vu à l'œuvre en combat approché l'autre jour, après tout. Je crois discerner tes forces et tes faiblesses. Rien d'irrécupérable à mon sens. Je pourrais t'enseigner à utiliser ton Alter de manière moins destructrice pour toi. Ce ne sera pas aussi impressionnant que ce que ton pouvoir peut faire, mais cela s'adapterait bien à ton corps et à ta façon de te battre.

― Alors, vous allez me recommander ?

― Il semblerait bien, même si j'en parlerai à tes parents d'abord.

Touya est partagé entre sa joie incommensurable à l'idée de pouvoir postuler à Yuei et la crainte insidieuse qui se faufile jusqu'à son cœur. Elle lui chuchote que sa mère n'acceptera pas, qu'il faut qu'il se fasse soigner d'abord et que Nagant n'acceptera sans doute pas... Il les étouffe en souriant à l'héroïne, refusant de songer pour l'instant aux conséquences. Il n'est pas certain de pouvoir les supporter.

― Je n'ai que ma mère. Elle est à la maison tous les après-midi, à vrai dire.

― Très bien. Je viendrai dans deux jours, alors, cela conviendrait ?

Touya hoche la tête, alors que Lady Nagant lui sourit. Elle tourne les talons ensuite, l'invitant d'un geste de la main à la suivre. Sans doute compte-t-elle le raccompagner jusqu'à l'entrée, aussi l'adolescent lui emboîte-t-il le pas en silence, glissant de nouveau ses mains dans ses poches. Il compte bien filer sans attendre une fois dans le hall, avant que l'héroïne n'ait le temps de changer d'avis.

Cependant, il ne s'attendait pas à l'attroupement autour d'un bureau, qui s'éparpille comme une volée de moineaux lorsque Lady Nagant toussote pour signaler sa présence.

― Qu'est-ce qui se passe, ici ?

― Lady, regarder l'invité surprise qu'on a ! Il cherchait Hikari, alors on lui a demandé d'attendre, s'exclame l'un des acolytes.

Touya se fige à ces mots et en apercevant Izuku assis sur une chaise, à côté de Thirteen. Ses yeux verts brillent comme deux étoiles, alors que l'héroïne semble toute aussi heureuse. Il tend l'oreille et comprend qu'ils sont en train de parler d'Alters. Mais il voit surtout les bandages sous ses manches qu'il tente de dissimuler et les traces de terre sur son pantalon qu'il a sans doute essayé de faire disparaître.

Il a une boule au cœur en songeant qu'il aurait pu lui éviter des ennuis s'il était sorti plus tôt de l'agence, ou au contraire s'il était venu plus tôt dans la journée. Il se déteste pour lui avoir fait défaut et pourtant, son petit frère sourit largement en le voyant. Il descend de sa chaise pour courir vers lui et enfouir sa tête dans ses jambes, le saluant avec une voix forte.

Comment peut-il lui sourire alors qu'il n'a pas réussi à être là pour lui à temps ?

Touya se baisse pour venir l'enserrer dans un câlin, ses doigts se perdant dans les cheveux ébouriffés. Ses mots meurent sur ses lèvres ; il ne peut pas lui poser de questions sur sa journée maintenant, avec tant de monde autour. Il espère juste que ça a été moins dur que d'habitude. Il veut juste que son petit frère cesse de souffrir à l'école ; est-ce réellement trop demander au reste du monde ?

― Alors, voilà Midoriya-bis. Je crois que tu voulais mon autographe, petit ?

― Lady Nagant, bonjour ! Je peux vraiment en avoir un ? C'est vrai ? Oh, merci, merci, c'est le meilleur jour de ma vie !

Izuku en sautillerait sans doute sur place en d'autres lieux, si Touya en juge bien par la tension dans son corps d'enfant qu'il tente de cacher. Sans doute ne veut-il pas que l'héroïne change d'avis si jamais il se montre trop empressé ? L'adolescent en doute sincèrement. Jusqu'ici, Lady Nagant lui fait moins mauvaise impression que la première, quoi que cela ne soit pas si difficile.

― Thirteen t'a aussi donné le sien ? demande Touya avec un sourire doux à son petit frère.

Qu'importe ses remords de ne pas avoir pu le récupérer à la sortie de l'école ; Izuku brille toujours autant qu'à son habitude, peut-être grâce aux héros présents dans l'agence. C'est un de ces héros-là qu'il veut devenir. Il veut faire naître des sourires et de l'espoir sur les visages des gens et non pas la peur, comme sait si bien le faire Endeavor.

― Tout le monde a été très gentil avec moi et m'a donné le sien, je suis super content ! Mon carnet, il est presque plein !

Izuku lève le dit-carnet vers lui et l'ouvre pour que Touya puisse voir les pages remplies de signatures des héros présents. Il reconnaît certains noms, tandis que d'autres ne lui évoquent rien. Mais il ne doute pas un instant que son petit frère sait exactement qui est chaque héros de l'agence et son Alter.

― Alors on demandera à maman de t'en racheter un, conclut l'adolescent.

L'enfant acquiesce, avant de s'échapper de son étreinte pour venir tendre son carnet à l'héroïne n°3. Elle s'en saisit avec un sourire, attrapant au vol un crayon que lui lance Thirteen, avant de l'ouvrir au niveau des premières pages. Elle se fige et hausse un sourcil ; Touya comprend qu'elle vient de tomber sur les analyses d'Izuku et tout son corps se tend alors qu'il se relève.

En quelques enjambées, il vient se placer derrière Izuku, grondant presque. Il ignore comment Nagant va réagir, mais si elle s'avise de critiquer le travail de son petit frère… Il refusera son offre. Il refuse d'avoir une dette envers quelqu'un qui blesse sa famille. La confiance en lui d'Izuku est encore trop fragile ; il ne se relèvera pas, cette fois, si une héroïne se moque de ses analyses.

― Ah, non, pas les premières pages, je suis désolé, c'est sinistre, je… s'emballe l'enfant.

― C'est toi qui les a écrites ?

Lady Nagant a adouci sa voix, Touya en est certain, alors qu'elle rend le carnet à Izuku. Ce dernier tremble, des larmes plein les yeux, avant d'acquiescer en hoquetant. Il a les mains serrées sur le bas de sa chemise d'uniforme ; l'adolescent se contente pourtant de poser sa main sur son épaule pour le rassurer, sa propre colère disparaissant aussi vite qu'elle est venue. L'air sur le visage de l'héroïne est de l'admiration, il en mettrait sa main au feu. Sans mauvais jeu de mots.

― Tu as quel âge, dis-moi ?

― Sept… Sept ans, m'dame.

― Je comprends mieux pourquoi ton frère est si fier de toi, tu sais. Ces analyses… Elles sont vraiment bonnes, pour quelqu'un de ton âge. Si tu veux, tu pourras venir après les cours ici. Thirteen sera ravie de t'aider à t'améliorer. Elle a une formation d'Analyste.

― Je, je ne veux pas déranger !

― Tu ne dérangeras pas. Tu as une merveilleuse compétence, tu sais, ça serait du gâchis de ne pas l'améliorer si tu le souhaites.

― Vrai… Vraiment ? Et est-ce que je pourrais devenir un héros comme Thirteen, alors ?

― Avec beaucoup d'entraînement, je pense que tu peux réussir si tu t'accroches, quelque soit ton Alter, tu sais. Regarde Sir Night Eyes, par exemple !

― Même si je n'ai pas d'Alter ?

Il y a tant d'espoirs dans la voix d'Izuku et tant de silence qui suit sa question. Lady Nagant est surprise, avant qu'un air peiné ne se peigne sur son visage. Elle s'agenouille, avant de le prendre dans ses bras, comme pour le rassurer. Ou est-ce pour se rassurer elle-même ? Touya a l'impression qu'elle tremble, alors qu'elle lui offre sa réponse.

― Rien ne t'empêche de devenir ce que tu souhaites, héros ou non. Tu es encore à l'âge où on idéalise la profession et tu as le droit de changer d'avis plus tard, mais si tu le souhaites vraiment, alors essaye et donne tout ce que tu as. Alter ou pas, fais vivre tes rêves, petit, qu'importe que les autres veuillent les détruire.

Izuku renifle, avant d'éclater en sanglots. Touya comprend pourquoi. C'est une chose qu'il lui dise, c'en est une autre lorsqu'il s'agit de la meilleure héroïne du pays. Et il mentirait en disant qu'il est indifférent à sa déclaration. Lady Nagant vient d'offrir encore plus d'espoirs à son petit frère, elle vient de lui offrir encore plus de terreau pour pousser et grandir dans la bonne direction.

Il a un nœud dans sa gorge, mais parce qu'il refuse de pleurer en public. Il risque de choquer les héros présents, s'il se met à verser des larmes de sang.

Il tourne la tête et renifle, s'attirant un rire étranglé de Thirteen. Il esquisse une moue alors qu'il se tourne vers elle pour la foudroyer du regard, avant de rattraper au vol le paquet de mouchoirs qu'elle a lancé. Que ?! Il la fixe un instant avec incompréhension, avant qu'elle ne lui offre un clin d'œil complice.

― Tu dois être enrhumé, avec ce temps de chien !

Mais bien sûr. Touya lui sourit, reconnaissant qu'elle lui permette de sauver la face, et alors que Lady Nagant se relève, il songe que l'héroïne a gagné son respect et sa loyauté. Qu'importe les conditions qu'elle lui imposera en échange de son patronage.

Il sera fier de devenir un héros sous l'égide d'une femme aussi admirable.

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