Bonsoiiiir !
Pas de double chapitre pour rattraper le retard d'hier, vous aurez donc un cadeaux le 25 XD
AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.
AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya
Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi
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- Acte 1 : Attraper ses rêves -
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Scène 15
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« Tu te sens capable de passer en classe Héroïque en gagnant le Championnat ? »
Touya ne regrette absolument pas de relever le défi de Nagant, quand bien même cela l'oblige à bosser bien plus dur qu'il ne l'aurait fait normalement. Il a réussi à rentrer à Yuei en classe générale, puisqu'il ne pouvait pas passer les tests pratiques au vu son état de santé ; il suit désormais les cours à distance le temps que ses soins soient terminés. Ses notes devront être irréprochables aux examens et il devra se faire remarquer au Championnat de Yuei s'il veut pouvoir passer en classe Héroïque, mais il n'a aucun doute sur sa faculté à réussir.
Ses doigts glissent sur son bras, effleurant la jointure entre sa peau naturelle et celle greffée. Il y a une différence de couleur, quoique minime, mais la vue ne l'insupporte pas autant que ses brûlures noirâtres. Il n'a plus de démangeaisons, il n'a plus perpétuellement mal, au point que même sa rogne habituelle semble s'être calmée. Ou peut-être est-ce les exercices de yoga qu'il fait en parallèle de sa rééducation ?
Touya ne s'est jamais senti aussi serein. Endeavor pourrait débarquer soudainement dans sa chambre d'hôpital qu'il n'est même pas certain qu'il se mettrait en colère. Il lui en veut toujours, il le hait, même. Mais l'homme ne mérite pas que l'adolescent perde le contrôle de lui-même. Perdre le contrôle de ses émotions, c'est perdre le contrôle de son feu et mettre sa vie en danger.
Il ne veut plus jamais subir opération sur opération pour des greffes, quand bien même celles-ci lui permettent de revivre normalement. Enfin, s'il a jamais eu une vie normale avant de devenir un Midoriya.
Il soupire, ses yeux venant se perdre sur l'horloge sur le mur blanc en face de lui. Il déteste être enfermé dans cette pièce blanche, aseptisée, mais c'est toujours moins pire que celle où seuls les soignants avaient le droit d'entrer. Au moins, sa mère et son petit frère peuvent lui rendre visite, maintenant. Surtout Izuku, en fait, qui passe tous les jours après ses cours à l'hôpital, avant d'aller squatter l'agence de Nagant. Leur mère a repris à mi-temps son ancien travail pour éviter de trop prendre dans l'argent qu'elle a en réserve et, s'il s'est senti coupable un temps, il s'est rassuré en disant qu'elle est toujours là les soirs pour Izuku, et que Nagant paie une partie de ses frais de scolarité.
Que les Kamis bénissent cette femme, vraiment.
La porte s'ouvre soudain et Touya sent ses lèvres s'étirer en un sourire alors que le visage joyeux d'Izuku illumine la pièce ; il le perd cependant quand il se rend compte que Katsuki Bakugo se traîne derrière lui, les mains dans les poches et un début de coquard sur son œil droit. Son petit frère avance jusqu'à son lit avec une joie presque palpable, enlevant ses chaussures pour grimper sur son lit, mais l'adolescent ne peut pas détacher son regard du harceleur de son petit frère.
― Qu'est-ce que tu fais là, Bakugo ?
― Je raccompagne Izuku, le patchwork.
― Tu raccompagnes Izuku ?!
Touya s'empresse de retourner son attention vers son petit frère, posant ses mains sur ses épaules pour vérifier son état. Mais, s'il doit être honnête avec lui-même, Izuku a l'air en meilleure forme que les autres jours. Son uniforme n'a pas un grain de poussière et il n'y a aucune égratignure sur sa peau pâle. Serait-ce possible que… ? L'adolescent se retourne vers l'autre enfant, qui lui jette un regard à la fois défiant et… Touya n'arrive pas à saisir la lueur dans ses yeux. Kacchan n'a pas l'air aussi en colère que d'habitude. Il a l'air troublé, même, si l'adolescent devait mettre des mots sur la sensation qu'il ressent lorsqu'il l'observe.
― Quelqu'un m'a dit un jour que c'étaient les Vilains qui blessaient les autres. Et puis… C'est vrai, que Lady Nagant, elle a dit qu'il ferait un bon héros ? demande Katsuki. Les autres, ils se sont moqués quand il l'a dit, mais… Deku, c'est pas un menteur.
― Ne l'appelle pas comme ça, le reprend Touya.
― T'as un problème avec moi, le puzzle ?!
― … Je ne sais pas si je suis admiratif de ton don pour trouver des surnoms ou si je dois soupirer.
Touya n'arrive pas à retenir le vague sourire en coin qui étire ses lèvres. Il n'oublie pas ce que Bakugo a fait à Izuku - comment pourra-t-il jamais l'oublier ? - mais il refuse de le braquer. Il sent qu'il est à un moment charnière, comme lorsqu'il a demandé à son géniteur de venir et qu'il ne l'a pas fait. S'il se loupe, c'est Izuku qui en fera les frais.
S'il réussit, peut-être qu'Izuku aura un allié.
― Oui. Elle l'a bien dit. Ce sera peut-être plus dur pour lui que pour d'autres, mais c'est faisable. Regarde Sir Nighteyes, ou même certains héros de l'ombre comme… Eraserhead, je crois qu'il s'appelle ?
Touya glisse un regard vers Izuku, qui lui confirme d'un hochement de tête vigoureux. Par les Kamis, son sourire est si grand qu'il semble faire le tour de sa tête. Est-il à ce point heureux d'avoir de nouveau Bakugo à ses côtés, quand bien même il lui a fait tant de mal ? L'adolescent envierait presque sa capacité de pardon. Il voudrait ne plus rien ressentir pour Endeavor, c'est lui faire trop d'honneur, mais il n'arrive pas à lui pardonner, ni à aller de l'avant. Pas encore.
Il mettra du temps à se défaire de toute cette haine qui l'a poussé à survivre et à avancer quand il était à la rue. Maintenant, il n'en a plus besoin. Elle est plus un poids qu'autre chose.
― Tch. Ça sera quand même moi le numéro 1, sale nerd !
― C'est moi qui surpasserait All Might ! répond avec autant de vigueur Izuku, déterminé.
Un rire échappe à Touya. Ils sont presque adorables, à batailler pour être celui qui surpassera All Might. Mais peut-être arriveront-ils trop tard ; après tout, ils ont huit ans de moins que lui. C'est long, huit ans. Il y a le temps de s'en passer, des choses.
― Pourquoi tu ris, toi ?
― Vous êtes mignons. C'est moi qui surpasserait All Might. Il serait plus juste de dire que vous tenterez de me surpasser.
L'air ahuri des deux enfants le fait de nouveau éclater de rire et il se laisse reposer sur son oreiller, riant presque à en avoir mal au ventre et les larmes aux yeux. Bon sang, qu'est-ce que ça fait du bien. Un bref instant, il souhaiterait que Natsuo soit là pour rire avec lui. Un bref instant, il souhaiterait voir encore une fois un sourire sur le visage de son frère.
Il ne veut pas songer au fait que les sourires ont disparu il y a bien longtemps de la maison Todoroki et qu'il est hors de question qu'il s'en approche, pour quelque raison que ce soit. Il refuse de prendre le risque d'y être ramené de force, d'être de nouveau brisé alors que sa mère et son frère de cœur ont réussi à le réparer.
― Peu, comme si tu pouvais être assez fort pour battre All Might. T'peux te brûler avec tes propres flammes !
― Parce que ton Alter n'a pas d'inconvénients, peut-être ?
Bakugo est capable de créer des explosions ; Touya mettrait sa main au feu - littéralement - qu'il ne peut pas s'en sortir indemne. D'ailleurs, vu le regard un bref instant paniqué de l'enfant, il sait qu'il a mis le doigt sur quelque chose. Sans doute l'inconvénient est-il vu comme une faiblesse par le sale môme et, au lieu de chercher à la dompter et à la surpasser, il la met de côté et surutilise son Alter, comme si le problème n'existait pas.
Touya déteste voir à quel point Bakugo est son reflet de lorsqu'il était enfant.
― Ce n'est pas une faiblesse. Certes, je me brûlerais si je perds le contrôle de mes émotions. Alors, il suffit de le garder. J'apprends à canaliser ma colère, à rester calme dans la plupart des circonstances. Ce n'est jamais facile d'accepter que notre Alter n'est pas aussi parfait qu'on se l'imagine. Mais c'est idiot de l'ignorer. On ne peut pas se surpasser en se voilant la face, alors le numéro un, encore moins.
― Je ne suis pas stupide ! Et je deviendrais le numéro 1 ! rage Bakugo.
― Alors, quel inconvénient traînes-tu ?
Baguko cligne des yeux et son visage se tord en une grimace menaçante, mais Touya se contente de hausser un sourcil à son attention. Le gamin n'est pas effrayant pour un yen. S'il pense l'intimider ainsi, il se trompe. L'enfant s'en rend d'ailleurs rapidement compte, puisqu'il finit par reprendre sa tête perpétuelle de grincheux, tout en le foudroyant du regard.
― Je vois pas pourquoi j'te le dirais.
― Tu n'es pas obligé de m'en parler. Mais ne penses-tu pas que je suis le mieux placé, au vu de ma faiblesse ?
Katsuki ouvre la bouche, avant de la refermer, comme s'il ne trouvait plus rien à répliquer. Il a l'air presque vulnérable, maintenant que Touya le pousse dans ses retranchements et réplique à sa colère. Quelqu'un lui a-t-il même jamais tenu tête ? Il en doute, vu ses croyances erronées à propos des Sans-Alters. L'adolescent devrait lui pardonner. Ce n'est qu'un enfant qui a été dirigé dans le mauvais sens, mais au fond, il sait que ce n'est qu'une excuse. Il ne se reconnaît que trop dans le gamin pour ignorer qu'il est trop fier pour admettre qu'il a été induit en erreur, qu'il s'est trompé.
Bakugo ne s'excusera sans doute pas auprès d'Izuku, qu'importe comment se déroule leur conversation. Mais Touya peut s'en satisfaire. Tant que le garçon n'efface plus la lumière dans les yeux de son petit frère, ni ne marque sa peau de nouveaux coups, il peut laisser passer cela.
Lui-même n'est pas certain qu'il demanderait pardon à ses proches s'il en avait l'opportunité.
― Le médecin a dit que je pourrais potentiellement devenir sourd. Ou malentendant. Mais j'suis sûr qu'il se trompe.
― Les médecins se trompent rarement, tu sais.
― J'deviendrais pas sourd !
Katsuki semble sur le point d'exploser, mais se retient pourtant. A-t-il conscience qu'il sera mis manu militari dehors s'il fait trop de bruits, ou alors veut-il vraiment son avis sur la question ? Il y a ce regard en coin, comme si le môme le défiait de le juger, tout en attendant une réponse. Touya penche la tête sur le côté, réfléchissant aux solutions qui pourraient être mises en place. Il ne s'est jamais intéressé à ce genre de choses auparavant, quand bien même il est affecté par son Alter. Est-ce qu'il existerait des palliatifs pour permettre à son corps de mieux supporter la chaleur ? Il devrait se renseigner, tiens.
― On pourrait apprendre la langue des signes, Kacchan ! Ça nous donnerait un super avantage en combat, comme ça, on pourrait communiquer dans n'importe quelle situation ou presque ! Tu imagines ? Le duo imbattable qu'on ferait ! Moi j'analyse, je mets en place des stratégies et tu leur fiches la raclée ! babille brusquement Izuku, les interrompant.
Touya se retient de dire que son petit frère pourrait faire mieux que seulement l'analyse, avec de l'entraînement. Ce n'est pas le moment, pas alors que Katsuki passe d'un pied sur l'autre, hésitant. L'adolescent est presque fasciné de voir avec quelle finesse Izuku se charge de la fierté de son camarade de classe. Si lui est là pour lui sonner les cloches et lui faire changer de chemin, le plus jeune est là pour le guider.
Le sourire d'Izuku monte jusqu'à ses yeux larmoyants lorsque Katsuki annonce sa décision, avec son âpreté habituelle.
― D'accord, Deku, je veux bien, mais ça sera quand même moi le numéro 1 !
Le Grincheux pointe alors du doigt Touya et ce dernier hausse un sourcil, amusé plus qu'il ne l'avouerait jamais.
― Crois-moi que je te laisserai pas la place longtemps, je te botterai les fesses dès la sortie du lycée, et même avant !
― J'ai hâte de voir ça, renifle l'adolescent.
― Kacchaaaaan ! pleurniche Izuku, en se jetant sur son ami pour un câlin.
― Ah, mais lâche-moi, le nerd !
Pas d'explosions ; juste des cris sans conséquences et Touya jurerait avoir vu l'espace d'un instant une ombre de sourire sur le visage colérique de Katsuki. Est-ce que cette amitié lui a manqué, même s'il ne l'aurait jamais avoué ? Touya n'est pas certain de vouloir le savoir. La déception a toujours un goût amer et il n'a pas envie de gâcher son appétit pour le repas de ce soir.
Un œil à l'horloge, de nouveau. Le temps passe si vite ; l'heure de fin des visites est presque là.
Avec un soupir, il tend la main pour ébouriffer les cheveux d'Izuku, qui lui sourit largement avant de lui réclamer un câlin. Touya lui offre avec plaisir avant de lui embrasser le haut du crâne, sous le regard circonspect de Katsuki.
― Ça m'a fait plaisir de te voir, mais tu devrais y aller, l'heure de fermeture est proche, chuchote Touya à son petit frère.
― Je peux venir demain ?
― Bien sûr, quelle question !
Le même rituel, à chaque fois, comme si Izuku craignait de déranger. Bien évidemment que Touya sait que c'est dans son caractère, que son petit frère a encore trop peu de confiance en lui pour assumer que l'adolescent veuille le voir le plus souvent possible, mais ça le rend toujours un peu triste. C'est la société qui a poussé Izuku dans ce carcan étriqué destiné aux Sans-Alters. Petits, faibles, sans voix, car qui ne s'exprime pas ne peut se rebeller contre le système qui l'opprime.
C'est avec un dernier câlin qu'Izuku repart, mais Katsuki reste étonnamment sur le pas de la porte quelques instants de plus, avant de se tourner vers lui, l'air plus sérieux que jamais.
― Je le protégerai. Je vous le promets. Après tout, c'est ce que font les héros, non ?
Il y a une flamme qui brille dans les yeux rouges, que Touya ne connaît que trop bien. Katsuki a faim de reconnaissance ; il a soif de cette première place qui semblerait tant inatteignable pour d'autres. L'adolescent ne sait pas vraiment comment le mettre en garde de sa propre perte.
Touya ignore comment éviter à Katsuki les mêmes souffrances que lui.
― Katsuki… Je peux t'appeler Katsuki ?
― Tu le fais déjà, tête de marbré.
Touya esquisse un sourire, amusé par le surnom toujours plus original, avant de reprendre son air sérieux.
― Ton plus grand ennemi, ça sera toi-même. Fais attention…
Il frôle sa peau reconstituée, une grimace amère sur ses lèvres.
― Fais attention à ne pas te perdre.
― Peu ! J'suis meilleur que toi là-dessus, le puzzle !
― Tu commences à te recycler.
― Oh, la ferme !
La porte claque brutalement derrière Katsuki et Touya ne peut qu'espérer qu'il n'oubliera pas son avertissement.
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