Bonsoiiiir !

AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.

AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya

Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi


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- Acte 1 : Attraper ses rêves -

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Scène 17

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Malgré toutes les prières de Touya, l'enfant perdu ne semble pas se détendre à mesure que les secondes s'égrènent. Bien au contraire, même, si l'adolescent en juge de par son comportement. Le regard violet s'attarde surtout sur lui, alors que le môme triture la queue de sa peluche de phoque entre ses doigts. Il finit par le désigner de l'appendice de tissu, qu'il trifouille de plus belle entre ses doigts.

― Tu… Tu avais des brûlures, avant, non ?

Touya s'attendait à vrai dire à tout, sauf à cette question. Il a réellement déjà croisé ce gosse auparavant ?! Il n'a aucun souvenir de son apparence, ni de cette peluche que l'enfant tient si précieusement contre lui et qu'il ne doit que rarement quitter. L'adolescent soupire, se pinçant l'arête du nez alors qu'il réfléchit. S'il le connaissait avec ses brûlures, il a dû le rencontrer pendant la période où il était à la rue. Il n'a pas l'air d'être un enfant sans abri - trop propre sur lui pour ça - alors peut-être est-il le mouflet d'une prostituée qu'il a déjà rencontré ?

― Tonton t'appelle Dabi quand tu passes à la maison. Je peux t'appeler Dabi ?

Quand il passe à… ? L'adolescent se fige, alors qu'il croit comprendre. De toute sa période de sans-abris, jamais il n'est rentré dans une autre maison que celle de Giran et d'Inko. Ce qui signifie que le petit est le neveu de Giran et que cela explique pourquoi il ne l'a jamais vu ; jamais le receleur n'aurait pris le risque qu'il le voit ou qu'il en entende parler. Le courtier doit veiller sur lui comme un dragon sur son trésor.

Mais pourquoi est-il parti de chez lui et semble ne pas vouloir y retourner ? Giran n'est peut-être pas l'homme le plus affectueux du monde, mais il n'est pas mauvais pour autant, encore moins avec un môme. Est-ce une dispute qui a mal tourné, ou sa surprotection qui a fini par venir à bout de la patience de l'enfant ? Pourquoi il y a une lassitude dans ses yeux qui ne devrait pas se retrouver dans les yeux d'un enfant ?

Peut-être Giran a-t-il échoué à être une bonne figure paternelle, sans pour autant en être une mauvaise.

― Je préférerais Hikari, si tu veux bien, répond doucement Touya. Tu es le neveu de Giran, si je comprends bien ?

Un hochement de tête hésitant. Sans doute n'est-il pas censé l'avouer, mais il est un peu tard pour s'en soucier.

― M'appelle Hitoshi, marmonne le gamin.

― Juste Hitoshi ?

Touya hausse un sourcil à l'absence de nom de famille, alors que l'enfant hoche la tête avec encore de la méfiance dans son regard. D'ailleurs, Hitoshi tressaille même lorsqu'Izuku s'avance vers lui pour saisir sa main dans la sienne, babillant comme seul lui peut le faire.

― Je suis super heureux de te rencontrer ! Dis, tu as un Alter ? Qu'est-ce que c'est ? C'est quoi ton parfum préféré de glace ? Tu as quel âge ? Comment il s'appelle, ton phoque ?

Hitoshi a un geste de recul devant l'enthousiasme de Izuku et Touya fronce les sourcils, levant la main pour attraper son petit frère par le col avant qu'il n'effraie le petit fugueur. Son flot de mots est souvent comme une mer déchaînée et si l'adolescent sait naviguer dessus avec aisance, ce n'est pas le cas de tout le monde, encore moins des inconnus.

― Izuku, je crois que…

― Je suis désolé, je…

― Ah, pardon, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, désolé, encore pardon, tu n'es pas obligé de…

― Stop !

Izuku se fige en plein geste de recul, sous le regard paniqué d'Hitoshi ; Touya fronce de nouveau les sourcils, avant que son petit frère finisse sa course, deux pas en arrière. Le neveu de Giran a l'air terrifié, quand bien même il lutte pour ne pas le montrer. Mais l'adolescent connaît trop bien les expressions de peur retenue pour se laisser avoir. Peut-être est-ce l'effet de son Alter ? Un pouvoir d'immobilisation, s'il se fit à ce qu'il voit ?

Touya comprend pourquoi Hitoshi l'a activé sans le vouloir ; Izuku a dû l'effrayer avec ses nombreuses questions intarissables.

― Hey, tout va bien. Ce n'est pas grave, si tu as activé ton Alter, tu...

― Whooooow, c'est trop trop cool ! C'est un Alter de manipulation ? C'était comme si mon corps ne m'appartenait plus, c'était étrange mais super génial ! T'imagines, Hikari, un héros avec un pouvoir comme ça ? Il aurait le taux de dégâts le plus bas de tous !

Izuku a la tête qui se tourne de Hitoshi vers lui, des étoiles dans les yeux, et Touya éclate de rire. Il n'est même pas surpris par la réaction de son petit frère, au contraire du neveu de Giran, qui n'a pas l'air de savoir où se mettre. Tout doucement, l'adolescent s'approche et pose une main sur ses cheveux violets pour le rassurer, lui adressant le même genre de sourire qu'à Izuku.

― Comme je le disais, ce n'est pas grave si tu as activé ton Alter, c'est plus de peur que de mal pour vous deux. Je suis désolé si Izuku t'a effrayé avec ses questions, ce n'était pas son intention.

Il y a des larmes qui brillent dans les yeux violets, mais aucune ne roule sur les joues rondes. Hitoshi le regarde fixement, comme s'il s'attendait à un revirement soudain de comportement, serrant encore plus sa peluche contre lui.

― Tonton, il dit que mon pouvoir peut faire peur aux gens. Vous… Vous avez pas peur ?

― On a l'air ? demande ingénument Izuku. Et pourquoi il ferait peur ? Ton Alter, il est trop giga méga cool ! Autant que celui de Kacchan !

― Mais… Je…

Les mots semblent rester coincés dans la gorge de l'enfant, qui finit par se tourner vers Izuku, hésitant quelques instants en silence, se cachant presque derrière sa peluche de phoque.

― Tu penses vraiment que je pourrais être un héros ?

― Tu as quel âge ?

― Sept… Sept ans !

― Oh, tu pourras même devenir un héros avec moi, t'as entendu, Hikari ? On va être trois pour te concurrencer quand on sera grand, tu vas voir !

Izuku brille ; à ses côtés, Hitoshi rayonne. Le soleil et la lune, en quelque sorte. Touya voit très peu Giran dire à son neveu qu'il peut être un héros, après tout ; peut-être ce dernier ne lui a-t-il même jamais avoué ce rêve d'enfant parce qu'il se doute de ce que son oncle fait. Alors l'assurance d'Izuku à ce sujet et sa lumière semble faire fleurir de l'espoir sur le visage du petit garçon.

D'un geste, ice dernier tend sa peluche de phoque à Izuku, qui le fixe un bref instant avec incompréhension.

― Tu peux toucher Pumpkin, si tu veux.

― Je… Peux ?

C'est au tour d'Izuku d'avoir des larmes au bord des yeux, mais lui ne les retient guère, les laissant perler sur ses joues parsemées d'éphélides, un sourire sur ses lèvres. Hitoshi le regarde sans comprendre et Touya soupire, avant de glisser ses doigts sur la peau de son petit frère pour essuyer ses pleurs, en vain.

― Je, je, plus personne ne veut me prêter ses jouets depuis que je suis sans Alter, alors pour… pourquoi ?

Izuku renifle, plantant ses yeux dans ceux de Hitoshi, qui le fixe sans comprendre. Puis, doucement, il s'approche pour lui poser sa peluche dans les bras, presque de force, pour ne pas lui laisser le choix de refuser.

― J'm'en fiche. Tu… Tu as dit que je pouvais être un héros. Tu pourrais bien être la personne la plus vile de toute cette planète, je te prêterai Pumpkin quand même.

― Ça veut dire qu'on est amis, alors ?

― Je… Je suppose, oui ? J'ai jamais eu d'ami.

― Alors je suis ton premier, c'est trop cool !

Touya leur sourit et se relève, les observant un bref instant, avant de sortir le téléphone que lui a offert sa mère pour son entrée à Yuei. Il inspire doucement, avant d'y chercher le numéro de Giran. L'homme ne lui a plus rien demandé depuis longtemps, mais il le lui a quand même donné ; l'adolescent en est heureux aujourd'hui. Il n'a aucune idée de quoi faire avec Hitoshi et le ramener directement à Giran sans avoir flairé la situation lui paraît profondément stupide.

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De : Moi

17h32

J'ai trouvé Pumpkin sur la route

Je te le rapporte ?

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Toua n'est peut-être pas aussi malin qu'Izuku, mais donner le prénom de Hitoshi à l'écrit alors que Giran semble tant faire d'efforts pour le cacher lui semble d'une stupidité sans nom. Avec un peu de chance, le nom de la peluche devrait suffir pour que le courtier comprenne de quoi il en retourne exactement.

La réponse ne tarde pas à arriver, plus terrible presque qu'une absence de retour.

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De : Giran

17h33

… Bordel

Désolé de te demander ça, mais tu peux le garder auprès de toi ?

Je viendrais le chercher quand il ne risquera plus rien

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De : Moi

17h33

Pardon ?!

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De : Giran

17h34

Tous mes clients ne sont pas facile à raisonner

Je préfère le savoir chez toi, actuellement.

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Touya a une petite idée de ce qu'il se passe et sa main tremble. Ils ne peuvent pas aller au glacier ; il y a trop de risques. Si Giran admet lui-même qu'il n'a plus assez d'influence pour empêcher ses clients de lui mener la vie dure, s'i ces derniers mettent la main sur le petit garçon…

Un soupir lui échappe. Même s'il ne voulait pas protéger Hitoshi, en fait, Giran jouerait sur sa dette pour le faire obéir. Avec un sourire, il prend une photo des deux petits garçons qui discutent ensemble, des sourires plein leurs yeux et Pumpkin dans les bras d'Izuku. Le courtier aimerait sans doute voir que son neveu s'est fait un ami, même si cela devra attendre que Touya puisse lui montrer en main propre.

Il ne prendra pas le risque de lier Hitoshi et Giran en lui envoyant la photo sans aucune protection. Par contre, il ne se gêne pas pour l'envoyer à sa mère, légendant l'image pour amorcer le fait qu'il y aurait un invité ce soir.

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De : Moi

17h38

Regarde, Izuku s'est fait un nouvel ami !

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De : Maman

17h39

Ils sont adorables !

(explique-moi pourquoi le petit est en chaussons)

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De : Moi

17h40

… Je t'expliquerai à la maison

Il vient avec nous

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De : Maman

17h41

Ça tombe bien, il y a des crêpes au goûter

Il y aura simplement moins de restes.

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De : Moi

17h42

Comme si on aurait laissé quelque chose ^^

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Un soupir de soulagement échappe de nouveau à Touya, avant qu'il ne relève la tête vers les deux enfants, rangeant son téléphone. Ils sont trop absorbés dans leur discussion pour lui prêter attention ; aussi, il se permet de poser une main sur leur tête, ébouriffant gentiment leurs cheveux. Izuku rit, tandis que Hitoshi le fixe avec des yeux ronds, sans doute surpris par le geste. Giran ne le fait-il jamais, ou le môme ne s'attendait-il simplement pas à ça de sa part ?

― Hitoshi ? Je viens d'avoir ton oncle. Tu rentres avec nous, ça te va ?

― Il est en colère ?

― Je ne sais pas. Mais soulagé de te savoir avec nous, ça oui. Et puis, maman m'a dit qu'il y avait assez de crêpes pour trois à la maison.

― Ouiiiii, les crêpes de maman, elles sont trop bonnes, viens viens viens !

Izuku sautille presque sur place, avant de saisir par la main Hitoshi et de l'entraîner avec lui. Touya a du mal à retenir son propre sourire alors qu'il leur emboîte le pas, essayant de ne pas ruminer ses pensées. Il saura bien assez tôt pourquoi Giran préfère que Hitoshi soit loin de chez lui. Peut-être voudra-t-il même bien lui dire comment il s'est retrouvé avec un neveu dans les pattes ? C'est beau de rêver ; l'adolescent se doute bien que l'existence de Hitoshi est un trop lourd secret pour ça.

Touya espère simplement que les nuages dans les yeux de l'enfant ne reviendront pas de sitôt.

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