Bonsoiiiir !
AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.
AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya
Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi
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- Acte 1 : Attraper ses rêves -
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Scène 20
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— Est-ce que vous voulez en parler ?
― De quoi, exactement ?
Touya panse les blessures d'Izuku sous le regard inquiet de Lady Nagant, mais aucun des deux ne lui fait le plaisir de répondre à ses questions. Les mains de l'adolescent tremblent sous sa rage. Que doit-il faire pour protéger son petit frère, si même le récupérer à la sortie de l'école et la protection de Katsuki en cours ne suffit pas ? Il lui a suffit de dix minutes de retard pour retrouver le plus jeune avec des bleus et des plaies. Il a refusé de lui donner des noms, ou même une simple description et Touya bout.
Il bout de colère, d'impuissance, de désespoir. Il a épuisé toutes les cartes qu'il avait en main ; il est à cours de solution. Et même s'il prévient sa mère, cela finira comme la dernière fois qu'elle a cherché à agir : le néant.
Les acolytes murmurent dans leur dos et ses mains tremblent d'autant plus. Est-ce qu'ils le jugent ? Est-ce qu'ils estiment qu'il agit mal ? Touya ne veut ni de leur pitié, ni de leur jugement. Il essaye de protéger Izuku, il sait pertinemment que ce n'est pas assez, mais il ne peut rien faire de plus, ni leur mère. Ils sont piégés par une société qui considère mal l'absence de pouvoir et qui enterre déjà l'enfant.
Touya connaît sur le bout des doigts les statistiques qu'il cherche à faire mentir, après tout.
― Des blessures d'Izuku. Un enfant n'obtient pas ça en jouant ou en chahutant avec ses camarades, souffle l'héroïne.
― Il n'y a rien à dire.
― Hikari...
― Vous ne pouvez rien faire pour l'aider ! explose-t-il finalement. Izuku est Sans-Alter. Quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, pour ses professeurs, c'est toujours lui le coupable. Pour la police, c'est un cas auquel ils ne donneront aucune attention. Je le sais et ça me tue. Je tremble de ne pas le retrouver un jour à la sortie de l'école, de le voir un jour avec une blessure trop grave pour être soignée ou qui réduira à néant ses rêves. Mais je ne peux rien faire de plus. Pour l'instant. Quand je serais un héros, ma voix, elle aura de l'importance.
La voix de Touya est pleine d'espoir et de rêves. Peut-être que cela ne sera pas le cas, mais il ne veut pas l'envisager. Cela l'effraie bien trop ; il refuse de perdre Izuku à cause de la société qui le rejette. S'il s'écoutait, peut-être devrait-il dire à leur mère de faire passer Izuku en cours à distance. Mais ce n'est pas ce que son petit frère veut, de toute façon, alors il se tait, observant avec douleur la peau du plus jeune se couvrir de bleus et de sang certains jours.
― Mais pour l'instant, on peut rien faire d'autre.
― Puis Hikari, il a amélioré les choses ! Grâce à lui, je suis plus blessé quand je rentre, il m'aide à me soigner et puis, il m'a rabiboché avec Kacchan ! Et Kacchan, il me protège en cours ! Alors ça va !
Izuku sourit largement alors que Touya met un dernier pansement sur sa joue. Aussitôt, son petit frère sort son cahier neuf et un crayon, l'ouvrant à une nouvelle page pour démarrer une nouvelle analyse. Lady Nagant a les lèvres pincées lorsqu'elle lui tapote l'épaule pour attirer son attention, avant de lui faire signe de la suivre. La mort de l'âme, l'adolescent s'exécute. Est-ce qu'elle lui en veut de ne lui avoir rien dit ? Est-ce qu'elle a honte qu'il n'arrive même pas à protéger son petit frère ? Il y a une boule dans sa gorge qui l'empêche d'émettre le moindre son, alors qu'elle l'amène à l'écart, là où ni Izuku, ni ses acolytes ne pourront les entendre.
Un cri plus de surprise que de douleur lui échappe cependant lorsqu'elle lui assène une légère claque derrière le crâne, comme pour le réprimander.
― Vous êtes fâchée ?
― Évidemment que je le suis ! Tu aurais pu me demander mon aide. Rien ne justifie le harcèlement et si je ne peux même pas protéger des enfants, à quoi je servirai, hein ?
― ... Vous attendez vraiment une réponse ?
― Non, c'était rhétorique, soupire l'héroïne. Mais... Ton petit frère a l'air de mieux le prendre que je l'aurais imaginé.
― Croyez-moi, je ne sais pas comment il fait pour sourire avec tant de lumière et de chaleur après tout ce qu'il a traversé. Il est trop bon pour ne serait-ce qu'en vouloir à ceux qui le harcèlent. Ça ne veut pas dire que cela n'a pas laissé des traces. J'essaye de lutter contre les idées qu'il a intériorisé, mais c'est difficile, parfois. Mine de rien, avoir votre approbation pour son avenir, ça lui a redonné de la confiance.
― C'est à ce moment-là que tu as décidé de me respecter un peu plus ?
― ... C'était si flagrant ? bougonne-t-il.
― Oui, assez, vu ton mépris initial, rit doucement l'héroïne. Mais je ne t'en tiens pas rigueur. Je crois que je comprends mieux pourquoi, si tu as passé une partie de ta vie à la rue. Ça doit être compliqué de gagner ta confiance.
Touya hoche la tête en silence, son regard se dirigeant vers Izuku dont le sourire reste ancré sur ses lèvres, alors que Thirteen lui tend un bocal de ce qui ressemble à des caramels. L'adolescent sent sa propre bouche s'étirer en un sourire doux, avant de qu'il ne se retourne vers Lady Nagant.
― Il est l'un des rares. En même temps, comment ne pas lui faire confiance, avec son si grand cœur ? Et vous êtes la seconde personne à lui avoir dit qu'il pourrait être un héros. Vous lui avez offert bien plus que vous ne l'imaginez. Alors oui, je vous fais confiance. Je vous respecte. Comme je respect Thirteen pour lui faire oublier sa mauvaise journée.
― Qu'est-ce que tu ferais, pour lui ?
― Tout ce qu'un être humain n'est pas sensé faire. Je tuerais pour le protéger, tant pis pour la prison ou même la peine de mort. Tant qu'il sourit, le reste m'importe peu.
Cependant, Touya sait pertinemment qu'Izuku lui en voudrait beaucoup. Ce n'est pas son genre d'accepter que d'autres souffrent pour lui. Il est même certain qu'il se sacrifierait même pour quelqu'un d'autre si cela était nécessaire, plus par absence d'estime de soi que réellement par altruisme, car même l'altruisme a ses limites. Le lycéen devrait enseigner à son petit frère à être un peu plus égoïste, parfois. Après tout, cela ne lui ferait pas de mal.
― Quelque chose me dit qu'il ne sourirait pas si tu tuais pour lui.
― C'était hypothétique ! s'exclame l'adolescent. Bien évidemment qu'il détesterait ça. On parle d'Izuku, tout de même.
Un léger rire s'échappe des lèvres de Nagant et Touya comprend qu'elle le taquine. Il se contente de lever les yeux au ciel, un sourire amusé sur ses lèvres, avant qu'elle ne reprenne, un peu plus sérieuse.
― Comment tu te sens, pour le Championnat ? Stressé ?
Touya penche la tête sur le côté, surpris par la question. Giran lui a simplement souhaité bonne chance, Izuku ne doute pas un seul instant de lui ; c'est même plutôt sa mère qui est stressée à sa place, pleurant encore plus facilement que d'habitude. Le lycéen se sent bien, pour l'instant. Ni stress, ni inquiétudes ne le rongent et peut-être est-ce anormal. Mais il a été élevé pour battre All Might, il s'est endurci dans la rue. Il est serein.
― Non, pas vraiment. Peut-être sur le moment même ?
― Je dirais que tu fonctionnes par vagues, surtout. Certains jours, tu n'as absolument aucun doute sur toi-même, alors que ta mère et ton frère te ramassent à la petit cuillère d'autres jours.
― ... Ce n'est pas si faux, admet-il à contrecœur. C'est grave ?
― Tu en as conscience, donc non. Tu comptes avoir un suivi psy ?
― Maman ne me laissera pas le choix. Mais ça attendra après le Championnat, ça me fera moins à penser.
De toute façon, cela avait déjà bien attendu des années. Quelques jours de plus ou de moins ne feront pas la différence et, même s'il a eu un suivi psychologique en même temps que sa rééducation, ce n'était pas centré sur la même chose. Officiellement, il ne se souvient de rien concernant sa vie avant d'être à la rue et qu'aucun avis de disparition ne lui correspondait. Cela l'empêchera de parler de certaines choses, mais ce n'est pas si grave. S'il peut déjà exprimer ses craintes et ses doutes vis-à-vis de son présent, son passé ne sera pas si important que cela.,
― Si tu remportes le Championnat, je t'apprendrais quelque chose de spécial, qui te permettra d'utiliser tes flammes le plus finement possible. J'imagine qu'arriver sur le podium sera suffisant pour te faire remarquer, mais...
― Mais on me motive avec une carotte par acquis de conscience ?
― Ton amabilité en aurait bien besoin.
― Hey !
Touya s'indigne et Nagant éclate d'un rire joyeux, qui chasse l'ombre dans ses yeux. L'adolescent n'ose demander ce qui semble alourdir son regard de gravité ces derniers temps, mais il a l'impression que la question serait malvenue. Aussi garde-t-il le silence à ce sujet, reniflant dédaigneusement avant de relever la tête.
― Comme si j'allais échouer.
― Quelle morgue. Ça va les chevilles, sale gosse ?
― J'arrive encore à enfiler mes bottes, alors j'estime que oui, grogne-t-il.
― Allez, file, alors. Ta mère doit vous attendre, je ne voudrais pas qu'elle s'inquiète de ne pas vous voir rentrer.
L'adolescent songe surtout que sa mère doit s'occuper actuellement d'Hitoshi. Depuis qu'il passe ses après-midi à la maison, les yeux de l'enfant ont trouvé la même lumière que ceux d'Izuku. D'ailleurs, les deux petits garçons s'entendent bien et il a toujours un sourire tendre lorsqu'il les voit regarder des vidéos de héros ensemble, ou des dessins animés, avant qu'il ne soit l'heure de rentrer pour Hitoshi, lorsque Giran vient le chercher.
Parfois, l'homme arrive plus tard que prévu, ou prévient qu'il ne pourra pas venir le chercher, à croire que ses affaires sont de plus en plus chronophages à traiter. Touya n'ose pas lui demander pourquoi, pas alors qu'il semble si détendu lorsqu'il passe à la maison, lorsqu'il reste dîner avec eux parfois. Il n'ose pas demander à sa mère plus de détails sur la conversation entre eux qu'il a surpris, ni sur les sourires qu'elle adresse au courtier. Ils flirtent ensemble, il en est certain, mais pourquoi ne pas leur en parler, dans ce cas ? Parce que ce n'est rien de sérieux ? Parce qu'ils ne sont pas sûr de ce qu'ils attendant de leur relation ?
Le lycéen secoue brièvement la tête pour chasser ces pensées. Il ne veut pas y réfléchir de trop. Ce ne sont pas encore ses affaires et il ne peut pas nier qu'Inko a l'air plus heureuse, ou en tout cas mieux dans sa peau depuis que Giran a fait irruption dans sa vie. Il se pince les lèvres, se demandant si c'est parce qu'il semble l'apprécier malgré ses rondeurs ? Touya n'est pas stupide au point d'ignorer que sa mère de cœur vit plus ou moins bien sa prise de poids depuis quelques années, s'il se fie aux photos dans l'appartement et au regard triste qu'elle porte dessus. Alors peut-être que le peu d'intérêt que le courtier porte à l'apparence l'aide à se sentir mieux dans sa peau ?
Touya trouve ça un peu amer. Sa mère est magnifique comme elle est, avec sa douceur et sa gentillesse qui transparaissent dans les traits de son visage.
― Bonne soirée, alors. Je vous revois après le Championnat ?
― Sans doute. Bonne soirée à toi aussi.
Lady Nagant a un sourire étrange sur ses lèvres, presque amusé, et Touya plisse le nez, suspicieux, avant de soupirer et de laisser tomber. Il se dirige vers son petit frère, posant sa main dans ses cheveux. Aussitôt, l'enfant range ses affaires, avant de sauter au bas de la chaise.
― On rentre ?
― Oui, j'ai terminé avec Lady Nagant.
― Trop cool, j'ai hâte ! On a vu un poème à l'école et je veux en parler à Toshi !
― Il te laisse l'appeler Toshi ? s'amuse Touya.
― On est amis, donc oui ! se défend l'enfant. Tu doutes de moi ?
― Jamais !
Le lycéen rit doucement, avant de saisir dans sa main celle de l'enfant, saluant les héros présents dans l'agence avant de se diriger vers la sortie. Peut-être que tout ça n'est qu'un rêve et que lorsqu'il se réveillera, il sera de retour chez l'Autre, ou dans la rue, seul, immensément seul et sans espoirs. Mais ce n'est pas un rêve, pourtant. Touya le sait bien et ses craintes sont étouffées par le sourire d'Izuku.
Tant que son petit frère continuera de sourire, tout ira bien.
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