Bonsoiiiir !
(désolée, j'ai pas le temps de répondre aux reviews ce soir, promis demain ça sera le cas X)
AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.
AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya
Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi
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- Acte 1 : Attraper ses rêves -
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Scène 22
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Touya a un sourire qui lui brûle les lèvres, alors que les élèves sélectionnés attendant le début de la seconde épreuve. Mais il le retient, pour ne pas mettre la puce à l'oreille de ses camarades. Sans doute pensent-ils qu'il est arrivé jusque-là par chance, mais la chance ne sera pas de mise lorsqu'il leur bottera les fesses. Il n'a qu'à attendre. Il n'a qu'à attendre et il arrachera sa victoire de la main de ceux qui pensent qu'avoir réussi un examen d'entrée les place au-dessus de tout le monde.
Cependant, un gémissement lui échappe lorsqu'il entend l'épreuve suivante. Une épreuve en équipe, bien évidemment. Et ils sont réunis selon leur classement. Génial. Avec un soupir, il rejoint les deux personnes avec qui il est assigné. Il n'aime pas ça, mais il n'a pas le choix. Il ne l'aura pas non plus lorsqu'il sera un héros ; il devra parfois composer avec des gens qu'il n'apprécie pas.
Tant que ce n'est pas Endeavor, Touya devrait pouvoir le supporter.
― T'es un mec de la générale, donc ? Bravo pour ta place ! le congratule un étudiant ressemblant à un phoque.
Un Alter de mutation, sans doute. L'adolescent n'a pas l'impression qu'il se moque de lui, aussi il lui adresse un bref signe de tête, avant de glisser ses mains dans les poches de son ensemble de sport, prenant un air blasé pour masquer la boule au creux de son ventre. Sa réussite repose aussi sur les épaules de ses coéquipiers et il déteste la sensation grandissante de perdre le contrôle.
Medusa lui adresse un rictus carnassier depuis le groupe auquel elle a été assignée et il lui tire la langue, dans toute sa maturité.
― Tu sais attirer l'attention des mauvaises personnes, grogne la troisième membre de son équipe.
Elle secoue ses courts cheveux bleus, ses lèvres étirées en un éternel rictus qui met d'autant plus Touya sur ses nerfs. Tout comme le regard supérieur avec lequel elle le toise, alors qu'elle est à peine plus grande que lui, ce qui est notable pour une fille. Mais il déteste sa façon de lui faire sentir inférieur, alors qu'il est certain qu'il vaut autant qu'elle, si ce n'est plus.
Lady Nagant l'a choisi lui, pas elle. Ça veut tout dire, non ? Non ?
― Chacun aura un foulard à la couleur de son équipe attaché en évidence sur lui, avec un certain nombre de points indiqués dessus. Vous partez donc avec un nombre de points positifs, qui diminuera si une autre équipe a un de vos bandeaux et augmentera si vous en volez ! Évidemment, vous ne pouvez rien faire à vos bandeaux lorsque vous les portez : pas de dissimulation, ni de transformation ! Il vous est laissé cinq minutes pour établir une stratégie, avant que la chasse ne commence !
Touya hausse un sourcil devant cette consigne, trouvant sa formulation étrange. Autour de lui, ses deux camarades discutent déjà d'un plan, sans vraiment lui demander ni son avis ni son Alter. Hé bien, cela commençait bien. Peut-être devrait-il faire cavalier seul ? Il n'aurait qu'à reprendre les bandeaux volés de son équipe si besoin et dépouiller les autres.
Mais ce n'est pas ce à quoi s'attend Lady Nagant, n'est-ce pas ?
Un soupir lui échappe, avant qu'il ne tende la main pour y faire danser quelques flammèches bleues. Il attire ainsi l'attention du reste de son équipe, qui se tourne vers lui en silence.
― J'ai un Alter de feu. Entre autres capacités.
― Tu veux faire quoi avec ça, brûler les bandeaux ? renifle la jeune femme.
― Maintenant que tu le dis…
Les propos de Present Mic lui reviennent en mémoire. Est-ce que si leurs bandeaux sont volés et qu'ils les brûlent, cela reviendrait à ne pas perdre de points ? Après tout, il n'y aura plus de bandeau associé. Aucune autre équipe ne leur volerait leurs points. Est-ce autorisé ? Ou est-ce que leurs points seront décomptés tout de même ?
Touya partage son idée aux autres, s'attendant à ce qu'ils le traitent de stupide ou le dédaigne. Cela serait logique, non ? Endeavor était comme ça, aussi, à ne jamais prendre ses mots en considération, comme s'il n'était rien. Et cette sensation effroyable de ne rien valoir, de ne dire que des choses sans sens, il la ressent de nouveau, sous le regard de la foule venue s'amuser.
Il a l'impression d'être une bête de foire, avec les cicatrices de ses greffes légèrement apparentes et sa solitude en tant que seul représentant de la classe générale.
― C'est… Pas une mauvaise idée, admet l'adolescente. Mais à mettre en place que durant les dernières minutes si on réussit vraiment pas à les récupérer.
― Du coup, il faut savoir quels bandeaux de notre équipe ont été dérobés… murmure l'adolescent-phoque.
― Mieux vaut protéger nos bandeaux qu'en voler, en conclut la jeune fille. Le plus désavantagé, c'est toi, Selkie. Tu es bon au corps-à-corps, mais ton Alter ne te servira pas.
― Et c'est quoi le tien, Miss je-juge-les-autres ? renifle Touya.
Sans un mot, elle lève sa main, qui se couvre soudain de milliers de facettes, comme autant de diamants. D'accord, un Alter plutôt défensif, donc. Un bref instant, il se demande s'il serait capable de lui faire sentir la chaleur de ses flammes sans qu'elle ne soit pour autant brûlée, mais il enterre l'idée dans un recoin de son esprit, alors qu'un plan lui traverse l'esprit.
― Je propose que vous restiez ensemble. Vous vous connaissez bien, vous saurez mieux vous défendre. Quant à moi, j'irais au corps-à-corps leur voler les bandeaux. Deal ?
― Je te trucide si on perd, mais je dois admettre que tu as un meilleur Alter pour cette situation.
― Il n'y a pas de meilleurs Alters, il n'y a que des façons de l'utiliser, grogne pour toute réponse Touya.
Le début de l'épreuve, hurlé par Present Mic, lui évite de devoir s'expliquer. Mais il sent le regard de ses deux camarades sur lui. Ils ne s'attendaient pas à un tel discours. Est-ce parce qu'il vient de la classe générale, ou pensent-ils réellement qu'à partir du moment où leur Alter n'est pas adapté à la situation, ils ne peuvent rien faire ?
Même Izuku est plus débrouillard que ça et il n'a même pas dix ans. Bon sang, pourquoi tout le monde semble si aveugle à cet vérité ? Est-ce que posséder des pouvoirs a étriqué les esprits au point que chacun se catégorise ou était-ce déjà un défaut de l'être humain avant que les Alters n'apparaissent ?
Touya repousse ses réflexions alors qu'un premier suicidaire cherche à s'emparer de son bandeau. Avec un sourire légèrement narquois, il se baisse pour lui échapper, avant de lui saisir une jambe. L'adolescent la tire, faisant tomber son adversaire, avant de lui arracher son propre bandeau en lui tirant la langue.
― Il semblerait que Midoriya Hikari se soit donné pour mot d'ordre de donner du fil à retordre à ses adversaires ! Désolé, Inoue Kyosuke, il y aurait mieux fallu jauger ton opposant !
Touya continue à sourire, sans pourtant trop s'enorgueillit de sa réussite, gardant la tête froide et analysant la stratégie la plus sage. Il calcule le total de points en jeu, estimant qu'un tiers suffirait à leur équipe pour passer. Aussi, c'est vers les bandeaux valant le moins de points qu'il se tourne, vu que la plupart cherchent à se saisirent de ceux de la première équipe ou de la sienne.
L'adolescent trouve ses camarades lents. Ou est-ce lui qui est rapide et instinctif, entraîné par Endeavor et endurci par sa vie dans la rue ? Il arrive à deviner leurs actions et à les éviter, parfois in extremis et en acceptant de ne pas récupérer leur bandeau au passage, mais pour l'instant, personne ne l'a encore touché. Peut-être aussi parce que les Alters les plus puissants ne trouvent pas leur application dans cette mêlée et que leurs propriétaires n'ont pas l'habitude de faire sans ?
Touya est heureux d'avoir rencontré Izuku et d'avoir eu ses convictions chamboulés par son sourire chaleureux et son innocence désarmante. Il est heureux d'être là et de se battre pour ses rêves, alors que son géniteur lui avait retiré cette possibilité.
Il est heureux d'être un Midoriya et non plus un Todoroki, avec tout le poids de ce nom honni.
Lorsqu'il retourne auprès du reste de son groupe, il a une vingtaine de bandeaux autour de son poignet et découvre avec un certain agacement que la fille a perdu le sien. Cependant, il ne dit rien, se contentant de leur refourguer ceux qu'il a récupéré.
― Autant ?!
― Me sous-estimerais-tu ?
― Je n'ose plus, souffle l'adolescente avec une moue. Je dois bien avouer que tu nous aides bien, là. Tu crois qu'on en a assez ?
― De tête, je dirais qu'on a environ un tiers des points. Environ. Tu veux que j'essaye d'en voler d'autres ?
― Hum... Un seul. Un bien blindé de points, si tu peux. Sinon, reste pour défendre.
Touya songe à Medusa et il ne peut s'empêcher de sourire de toutes ses dents, ses doigts le démangeant. Il sait qu'il s'agit d'une mauvaise idée, qu'il ferait mieux de se contenter de ce qu'il a, mais rien qu'imaginer la tête déconfite de la première de la filière héroïque lui donne envie de lui voler son bandeau. Après tout, il a plus ou moins dissimulé son Alter aux autres, vu qu'il n'en a pas encore eu besoin. Peut-être pourrait-il s'amuser un peu ?
Il se reprend immédiatement. Ce serait jouer avec le feu que d'aller chercher le bandeau juste pour la frime et il en connaît que trop bien les conséquences. Il doit s'économiser, après tout. S'ils ont déjà assez, autant protéger leurs bandeaux et ceux volés.
― Il vaut mieux que je reste défendre. Vous résistez bien à la chaleur ?
― Pourquoi une telle question ?
L'adolescent sourit innocemment, avant d'utiliser son pouvoir pour former une barrière de flammes bleues les entourant et les séparant du reste des concurrents, plus haute qu'eux. Le public s'agite, visiblement surpris et intrigué, tandis que ses coéquipiers clignent des yeux en silence.
― Un Alter de feu, quelle surprise ! Et vu la couleur des flammes, je ne conseillerai pas aux autres élèves de s'y frotter ! Elles sont bien plus chaudes que celles habituelles ! s'exclame Present Mic.
― ... Tu es en train de dire que tu pouvais faire ça depuis le début et que tu l'as pas fait ? s'étrangle la fille de son groupe.
― Tu me l'as pas demandé, réplique Touya.
Et d'accord, peut-être n'y a-t-il pas vraiment pensé non plus. Il se sent un peu stupide, sur ce coup-là, mais il se rassure en se disant qu'au moins, il n'a pas grillé ses cartes trop vite et qu'il ne reste sans doute pas assez de temps pour que leurs adversaires trouvent une parade.
― Je sais pas si je t'apprécie ou si je veux te foutre des claques, grommelle sa camarade, grinçant des dents au passage.
― Les deux ne sont pas incompatibles, rit Touya.
Lorsque la fin de l'épreuve sonne, Touya éteint ses flammes, sans se départir de son sourire railleur. Ce dernier s'agrandit d'autant plus lorsqu'il observe le classement. Ils sont troisièmes ; assez pour passer, vu que seuls les quatre premières équipes sont qualifiées. Medusa le foudroie d'un regard noir et il lui rend un sourire plein de malice, espérant presque tomber sur elle par la suite pour lui rabattre son caquet. Le mystère de la dernière épreuve n'en est jamais un ; ce sont toujours des duels.
Son sourire s'agrandit d'autant plus lorsque les matchs sont tirés au sort et qu'il se retrouve effectivement contre elle. Un rire lui échappe, alors qu'une pause est annoncée. Des animations sont proposées aux élèves, mais Touya s'éclipse, préférant rester seul avant le début des affrontements. Est-ce qu'il arriverait à voir Lady Nagant quelques minutes ? Est-ce qu'elle est fière de lui jusque-là ? Est-ce qu'elle a des critiques à lui adresser ? Est-ce qu'elle le félicitera avec un sourire ? L'adolescent imagine que c'est ce que sa mère ferait sans peine si elle avait pu venir sur place avec les garçons, mais il l'imagine parfaitement pleurer à chaudes larmes devant le poste de télévision, Hitoshi et Izuku serrés contre elle.
Est-ce qu'il y a Giran, aussi ?
L'idée lui fait plisser le nez. Il n'arrive toujours pas à savoir si c'est une bonne chose que le courtier semble plus ou moins sortir avec sa mère. Ou en tout cas la draguer avec son accord. Il a toujours cette petite voix qui lui murmure que l'amour est destructeur, qu'il étouffera la lumière dans les yeux d'Inko, quand bien même elle rayonne encore plus, actuellement.
Touya passe une main dans ses cheveux à l'angle d'un couloir, alors qu'il a l'impression que la température est un petit peu plus élevée que dans l'arène. Il se fige soudain alors que l'atmosphère s'alourdit d'une présence qu'il ne connaît que trop bien et il se retient à grand peine de trembler - de peur ou de rage, il ne saurait le dire, peut-être bien un mélange des deux - alors que son cœur chute dans son estomac.
C'est Endeavor derrière lui. Il le sait, il le sent, jusque dans la plus petite fibre de son corps. Le lycéen est tendu, comme prêt à fuir, mais il est incapable d'effectuer le moindre geste. Est-ce que l'Autre l'a reconnu durant les précédentes épreuves ? Est-ce qu'il vient pour le ramener de force à la résidence Todoroki ? Est-ce qu'il fera du mal à sa mère ou à son petit frère s'il refuse de le suivre ? Est-ce que l'adolescent pourrait lui échapper en faisant un scandale ? Non, ils sont éloignés du public, personne ne l'entendra crier.
― Excusez-moi ? Midoriya Hikari, c'est bien ça ?
La voix de son géniteur est calme. Trop calme. Touya glisse lentement ses mains dans ses poches pour en dissimuler les tremblements qu'il n'arrive plus à retenir. Quelle sera sa punition pour s'être fait passer pour mort ? Pour s'être inscrit à Yuei ? Pour avoir trouvé sa place autre part que dans les plans biens huilés d'Endeavor ? Même la perspective de revoir sa fratrie qui lui manque ne peut surpasser la crainte sourde et l'horreur qui le clouent sur place, incapable de répondre ou d'effectuer le moindre geste de fuite. Il est comme une biche devant des phares.
Touya déglutit et serre les points, rassemblant ses miettes de courage avant de se retourner pour faire face à ses démons. Il ne flanchera pas. Il y a sa mère de cœur qui connaît ses peurs et ses faiblesses, il y a Izuku qui illumine sa vie et réchauffe son âme, il y a Giran qui trouverait sans nul doute des preuves pour toutes les casseroles que traînent le héros si le lycéen le lui demandait. Il n'est plus seul. Il ne se laissera pas ramener sans rien dire, sans rien faire.
Touya n'est plus le fils d'Endeavor. Il ne l'a jamais été. Un outil, oui, mais rien d'autre.
― Hum ?
Ses doigts griffent sa peau à travers le fond de sa poche, alors que le lycéen peine à regarder le héros qui n'en a que le nom dans les yeux. Son regard se fixe finalement sur une des épaules larges, alors qu'il songe que leur dernière discussion était une dispute, par la faute de son géniteur. Il n'est même pas venu le voir. Il lui a tourné le dos, la seule fois où Touya voulait vraiment quelque chose de lui. Il ne devrait pas avoir peur. Il devrait le dédaigner et tourner les talons pour se rendre vers un lieu plus fréquenté. Mais il a l'impression de redevenir un enfant qui n'ose pas désobéir devant l'homme qui l'a tant brisé.
― Je tenais à vous féliciter pour vos résultats. Si vous êtes pris en classe héroïque, ce dont je ne doute pas, je vous proposerai volontiers un stage. Il n'y a pas de meilleur opportunité pour exprimer votre talent.
Touya a l'impression de ne plus savoir comment respirer. C'est une blague, n'est-ce pas ? Il doit cauchemarder et en se pinçant, il reviendra à la réalité. Le géniteur qui l'a tant dédaigné accepte finalement de reconnaître son talent ? Tant de cris, tant de colère, tant de souffrance et de larmes pour en arriver là ? Il y a une boule dans sa gorge.
C'est trop tard. Bien trop tard. Le lycéen aurait voulu entendre ces mots il y a deux ans et maintenant, cela lui donne surtout la nausée. Est-ce qu'Endeavor a refusé de voir ses capacités plus tôt parce qu'il n'était pas à la hauteur de ce qu'il attendait ? Est-ce qu'il n'est qu'un rebut dont il trouve finalement l'utilité en tant qu'acolyte plutôt qu'en tant que héros indépendant ? Touya sait que la plupart des héros avec un Alter lié au feu finissent comme ça. Si ça leur plaît, grand bien leur fasse.
Mais il ne connaît que trop la déception et le rejet dans le regard de l'homme pour supporter de le côtoyer ne serait-ce qu'une seconde de plus.
― Oh, Endeavor ! Je dirais bien que c'est un plaisir de vous voir si je ne vous avais pas trouvé en train de tenter de débaucher mon apprenti !
Deux mains se posent avec autorité sur ses épaules, alors que la voix de Lady Nagant résonne dans le couloir. Instinctivement, dans un réflexe pour se protéger du numéro deux et s'en tenir le plus loin possible, Touya recule pour se coller à l'héroïne ; il sait qu'elle l'aura remarqué, qu'elle aura sans doute d'autres questions, mais ce n'est pas quelque chose dont il se préoccupe vraiment actuellement. Il veut seulement respirer, sans ce poids sur sa poitrine qui s'alourdit à chaque seconde qui passe.
― Je vois. Ma proposition tient toujours, cependant.
― Allez vous faire foutre.
Touya se dégage finalement de la prise de sa mentor pour fuir, le cœur battant au bord de ses lèvres, incapable de regretter le moindre de ses mots. Il y a tant de colère qui l'étouffe et le goût de bile qui remonte le long de son œsophage le brûle plus vicieusement que ses flammes. Des larmes d'eau coulent le long de ses joues, le démangeant comme si de l'acide coulait sur sa peau, alors qu'il trouve refuge à l'extérieur, dans le silence et l'air frais.
L'adolescent palpe ses poches pour chercher son téléphone portable, alors que sa respiration se fait de plus en plus difficile et ses larmes de plus en plus abondantes. Ses flammes lèchent ses doigts et il sait qu'il est à deux doigts de perdre le contrôle, comme sur la colline, mais il refuse d'échouer à se calmer, pas après tout ce que sa mère de cœur a fait pour lui. Pas pour voir la peur et la tristesse dans les yeux d'Izuku. Pas pour voir la déception dans les yeux de Nagant.
Touya ne fera pas le plaisir d'échouer une fois de plus à Endeavor. Il ne le détruira pas une seconde fois. Il n'a pas le droit !
Deux bras s'enroulent soudain autour de lui, avant de plaquer son dos contre un buste de femme. L'odeur de Lady Nagant l'entoure alors qu'elle resserre son étreinte sur lui.
― Hey. Tout va bien. Tu n'es pas tout seul. Je suis fière de toi, tu sais ? Tu as un énorme potentiel. Je ne laisserai pas Endeavor mettre ne serait-ce qu'un doigt sur toi. Alors tu veux bien respirer en en même temps que moi ?
Une main se pose sur son torse pour aider l'adolescent à calmer sa respiration. Il s'agrippe aux doigts épais comme une moule à son rocher, suivant les indications que lui souffle sa mentore à l'oreille, avant de finalement se calmer. Elle ne desserre pas son étreinte pour autant, alors qu'elle se laisse tomber au sol, l'emportant avec. Au moins le lycéen est-il libéré du poids de son propre corps. Il essuie ses joues d'une mains tremblante, cherchant une justification à son comportement, même maladroite.
― Je...
― Je ne te demanderais rien. Pas aujourd'hui, en tout cas. Tu viendras m'en parler quand tu te sentiras prêt, d'accord ? Peut-être que ça serait dans deux jours, peut-être dans un an, ou même jamais. Je ne t'en voudrais pas. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de facile à partager.
― Vous avez deviné, n'est-ce pas ?
Un hoquet. Touya se sent vide, presque amorphe, après avoir pleuré ce qui lui semble être toutes les larmes qu'il a retenu de verser depuis sa mort présumée. Mais il a pourtant compris ce que sous-entendait l'héroïne. Après tout, côte à côte, la ressemblance entre son géniteur et lui est sans nul doute perceptible, même avec ses cheveux teintes. Elle n'a pas l'air en colère de son silence, mais est-ce qu'elle risque d'en parler ? Est-ce qu'elle risque de détruire tout l'identité qu'il s'est acharné à se construire, tout le bonheur dont il bénéficie désormais ?
Lady Nagant lui adresse un sourire doux, quoi qu'un peu triste, et Touya se rappelle qu'il lui fait confiance.
― Je crois, oui. Mais je ne te trahirais pas. Tu es mon protégé, tu te rappelles ? Et puis... Qui as-tu pu être avant, ce n'est plus important. Aujourd'hui, tu es Hikari Midoriya et tu as un Championnat à gagner !
Elle ponctue son discours de claques légères sur ses joues, comme pour le réveiller sans pour autant vouloir lui faire mal. Touya lui adresse un sourire épuisé, qu'elle force légèrement en appuyant sur ses joues de ses doigts. Il s'écarte pour échapper à son contact avec un sourire effectivement un peu plus grand, un peu amusé par ce comportement d'enfant chez une adulte.
― Montre-lui ce que tu es devenu, sans son aide. Montre-lui qui tu es désormais. Tu peux faire ça pour moi ?
Un rire humide échappe à l'adolescent, alors qu'il hoche doucement la tête. Est-ce qu'il oserait lui dire qu'à cet instant, il ferait n'importe quoi pour elle ? Non, sans doute pas. Mais la chaleur dans son cœur n'est pas factice ; il se relève, un peu plus serein, mais toujours moins qu'avant sa confrontation avec son géniteur.
Tant pis. Lady Nagant a raison : il a un Championnat à gagner. Le reste, il gérera plus tard, entre les bras solides de sa mère et face au sourire d'Izuku. Il ne laissera pas Endeavor mettre à mal tous ses efforts.
Plus jamais il n'y aura d'incident de la colline Sekoto.
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