Bonsoiiiir !
Bon Réveillon à ceux qui le fêtent ^^
Et demain, en cadeau de Noël, le dernier chapitre de cette première partie !
AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.
AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya
Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi
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- Acte 1 : Attraper ses rêves -
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Scène 23
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— Alors, Midoriya, on a pleuré parce qu'on savait qu'on avait aucune chance ?
Touya se tend, à peine arrivé dans l'antichambre où quelques-uns des participants des duels sont déjà là, dont Médusa. Bien évidemment qu'elle devait voir les traces de ses larmes et le faire chier à ce sujet. Dommage pour elle, il n'est plus d'humeur à maintenir une apparence cordiale. C'est un regard noir qu'il lui lance pour toute réponse, grognant presque à son encontre. Elle tressaille, surprise, et il peut l'apercevoir ouvrir la bouche du coin de l'œil alors qu'il tente de s'éloigner. Que compte-t-elle lui dire pour enfoncer le couteau dans la plaie béante que son géniteur a rouverte ?
— Uwabami, fous-lui la paix, tu veux bien ?
Le lycéen cligne des yeux, alors que la voix de sa coéquipière durant la seconde épreuve retentit dans la pièce. Il tourne la tête, pour voir l'adolescente-diamant lui adresser un petit sourire, comme si elle avait finalement décidé qu'il mérite sa gentillesse. Tch, il ne veut pas de sa compassion ! Il est tout à fait capable de se défendre tout seul, merci bien. Et ce n'est pas la première fois qu'il est raillé ou insulté. Il a vécu à la rue, il a l'habitude. Il a seulement à endurer en silence.
— Oh, ou alors quoi, Ito ? Tu vas me dénoncer auprès de notre professeur ?
— Non, tu lui ferais ton grand numéro de l'innocente et polie première de la classe. Mais à ta place, je m'inquiéterais que quelqu'un mette des poils de chat dans ton casier...
— Tu n'oserai pas !
— J'oserais si tu continues à te montrer infecte avec lui parce que tu as peur pour ta place de meilleure élève. Vu ses résultats, il finira dans notre classe, alors essaye de faire un effort !
Medusa - ou Uwabami, comme l'a appelé l'adolescente-diamant - grimace, avant de se détourner. Touya hausse un sourcil en direction d'Ito, qui hausse les épaules en retour, comme si elle ne venait pas de prendre sa défense. Il ne comprend pas vraiment pourquoi elle s'implique dans cette histoire et il doit bien avouer qu'une alarme s'allume dans sa tête. Il sait très bien que les Midoriya sont des exceptions ; généralement, tout le monde s'attend à une compensation face à un geste gentil.
S'il y a bien une leçon que Giran lui a rentré dans le crâne, c'est bien celle-là.
— Je pensais que tu me détestais, pointe-t-il.
— Je mentirais en disant que je t'apprécie, mais je reconnais que tu as ta place parmi nous. Ça n'a pas de sens de te sauter à la gorge.
— Je n'ai pas besoin de ton aide, grogne-t-il.
— Oh, mais bordel, fais un effort aussi ! Tu ne vas pas te faire accepter dans nos classes avec un comportement pareil !
— Ça tombe bien, je ne suis pas là pour me faire des amis.
Ito lève les mains au ciel, décidant sans doute qu'il est un cas désespéré. Touya s'en fiche. Il n'a pas l'intention de se faire mousser par ses camarades ; il est là pour devenir un héros, pas pour se lier avec des gens qui risquent de mourir à peine leur diplôme en poche. Il connaît les statistiques à la sortie du lycée et, quand bien même les élèves de Yuei ont le taux de mortalité le moins élevé, il existe tout de même. Et il a un cœur déjà suffisamment abîmé pour qu'il ne le brise pas un peu plus.
— Tu m'déprimes, soupire l'adolescente.
— De rien, Ito.
Touya esquisse un rictus, tandis que le premier match est annoncé. Il finit par sortir son téléphone pour passer le temps jusqu'au sien et un sourire doux naît sur ses lèvres alors qu'il lit les messages encourageants de sa mère et, plus surprenant, de Giran. Un bref instant, il se demande si le courtier a délaissé ses affaires pour regarder le Championnat, mais il écarte vite cette idée. Cela ne ressemblerait pas à Giran ; il l'apprécie, certes, mais pas à ce point tout de même.
Si ?
L'idée lui fait tout drôle et Touya s'adosse contre un mur, songeur, alors qu'il se rappelle des mots de Giran, durant la conversation que le lycéen a surprise. Est-ce que le courtier a sérieusement réfléchi à être une figure paternelle dans le cas où sa relation avec Inko deviendrait sérieuse ? Est-ce que le receleur tient assez à lui ? Est-ce qu'il songe qu'il pourrait assez apprécier Izuku pour continuer à courtiser leur mère, en sachant qu'il devra les aimer aussi pour qu'Inko accepte de le laisser prendre une place importante dans sa vie ?
Touya n'est pas prêt. Il n'a pas besoin que quelqu'un remplace Endeavor. Il se doute bien que Giran serait différent, mais dans quelle mesure ? Est-ce qu'Izuku pourrait le supporter ? Il a déjà été détesté et abandonné par son géniteur. S'il offre son affection au courtier, il souffrira de ne pas être autant aimé en retour. Et lui-même, est-ce qu'il pourrait le supporter ? Le lycéen déglutit, la main plus tremblante qu'il ne le voudrait, avant de jurer lorsque son tour d'entrer en piste arrive. Medusa lui offre un sourire plein de moquerie et un frisson le parcourt.
Un grognement lui échappe, alors qu'il lui emboîte le pas, avant de se séparer d'elle au détour d'un couloir pour entrer du côté opposé au sien. Son feu lui démange le bout des doigts, il y a trop d'émotions en lui, prêtes à exploser à tout instant. Il y a sa hargne envers Endeavor, ses angoisses et ses doutes, et les ténèbres qui gangrènent ses espoirs si durement acquis. Il veut seulement que le chaos dans sa tête cesse. Comment peut-il empêcher ses flammes de le ronger quand même ses propres émotions le consument ainsi ?
Il n'a même pas le temps d'envoyer des SMS à qui de droit pour tenter de remettre un peu d'ordre dans son esprit.
Lorsque Touya entre dans l'arène, c'est comme si plus aucun son ne lui parvenait. Seuls les battements de son cœur résonnent en lui alors qu'il s'avance, dans un silence presque trop lourd. Ses oreilles bourdonnent. Il a l'étrange sensation de vouloir être à la fois ici et ailleurs. À la fois, il veut réaliser son rêve et fuir son géniteur ; il veut réaliser son rêve et pourtant apaiser ses inquiétudes vis-à-vis de Giran et de sa mère. Pourquoi la vie doit-elle être aussi compliquée ? Ou est-ce simplement lui qui a bien plus mal démarré que les autres ? Il est fatigué de ses angoisses incessantes.
Pourtant, à peine songe-t-il qu'il ne s'inquiéterait pas autant sans personne à aimer qu'il secoue sa tête, un rictus fatigué sur ses lèvres. Non. Il préfère encore passer sa vie anxieux pour ses proches, plutôt qu'être à nouveau seul. Ce ne sera sans doute pas aussi facile qu'il se l'imaginait en acceptant de devenir le fils d'Inko, mais il ne changerait d'avis pour rien au monde. Il a besoin de sa famille, tout de cœur qu'elle soit.
Son géniteur peut bien revenir dans le paysage, Touya n'est plus son fils. Il n'a plus à en avoir peur. Même si Endeavor voulait lui remettre la main dessus, l'existence même de l'adolescent est un trop gros scandale pour sa carrière. Comment ferait-il ? Touya est libre. Quoi qu'il arrive, Endeavor ne peut plus rien lui faire.
— Ton éclat se termine ici, Midoriya. Je m'assurerai que tu n'ailles pas plus loin.
Touya cligne des yeux, avant de reprendre réellement conscience de ce qui l'entoure. Medusa est en face de lui, déterminée, la tête haute et le regard fier. Il se sent soudain calme, loin d'être déstabilisé par les actes de la jeune femme. Elle n'est pas la plus terrible des adversaires qu'il a dû combattre pour arriver là où il en est. Elle ne l'arrêtera pas. Personne d'autre que lui-même ne le peut et il se jure d'être désormais sourd à ses doutes qui empoisonnent ses pensées.
— Pourquoi tiens-tu tellement à me mettre des bâtons dans les roues ?
— Tu n'as pas ta place ici ! Si tu as échoué à l'examen pratique, alors tu n'as pas ta place parmi les héros !
— Et ne t'es-tu jamais dit que cet examen était profondément injuste pour ceux dont l'Alter est plus subtil ? Pour ceux qui n'ont aucune formation au combat ? Ne t'es-tu jamais dit qu'un examen seul ne détermine pas la valeur d'une personne pour devenir un héros ?
— Ce ne sont que des fausses excuses ! J'en suis la preuve !
— Oh ?
La cloche retentit pour annoncer le début du duel et Touya glisse ses mains dans ses poches, par pure provocation.
— Prouve-le moi donc.
— Espèce de !
Touya n'est pas certain que la lycéenne comprenne qu'elle réagit exactement comme il le souhaite, alors qu'elle fonce sur lui sans plus attendre. Il doit reconnaître qu'elle est rapide, peut-être même plus que lui. Cependant, il ne cherche pas à esquiver son attaque, au contraire. Il sourit au moment où son poing menace de l'atteindre, avant de laisser ses flammes courir sur son corps. Elles brûlent la main de Médusa avant que celle-ci ne l'atteigne et elle saute en arrière pour se mettre en retrait, sa main brûlée serré contre elle. Aussitôt, l'adolescent éteint ses flammes pour ne pas infliger à sa peau des souffrances qu'il peut lui éviter, sortant finalement ses mains de ses poches.
— Tu ne peux même pas dire que tu n'étais pas au courant. J'ai montré mon Alter lors du match précédent.
— La plupart des Alters de feu ne font que produire des flammes à des endroits localisés !
— Exact. La plupart. C'est comme ça que tu comptes te défendre aussi, le jour où tu échoueras dans ton boulot ? "La plupart du temps, je fais ça bien" ?
Touya a un goût amer en bouche. Et c'est ça, la première de la classe ? À Yuei ? Cela annonce le niveau des autres lycées. Ce n'est pas tant un problème de force que de mentalité. Est-ce qu'il arriverait même à amorcer un changement dans une société aussi profondément dysfonctionnelle ? Il écarte ses doutes à peine y pense-t-il ; il ne s'autorise pas d'autres choix. Il doit changer la société, ne serait-ce qu'un tout petit peu, en faveur d'Izuku.
S'il perd espoir de changer les choses, que lui restera-t-il ?
— Qu'est-ce que tu en sais, que ce genre de choses m'arrivera ?
— Ah oui, pardon, tu mourras peut-être avant d'avoir à le faire, en effet.
D'accord, Touya veut bien reconnaît sa provocation était des plus vaches pour l'adolescente. Elle est peut-être aussi trop innocente encore, trop jeune pour comprendre. Lui le sait pour avoir vécu dans la rue ; Izuku le sait pour affronter chaque jour l'injustice et la bêtise de la société. Les héros ne gagnent pas toujours. Ils ne peuvent pas endiguer tout le malheur du monde à eux seuls. Et l'adolescent sait que malgré toute sa bonne volonté, il échouera parfois à sauver des gens. Et sans doute n'est-il pas aussi prêt mentalement à cette éventualité qu'il ne le voudrait.
D'autant plus si les gens en question se retrouvaient être ses proches. Il n'est pas certain qu'il le supporterait.
Touya laisse à peine le temps à la jeune fille de digérer ses propos qu'il contre-attaque, commençant à la bombarder de boules de feu. Elle les esquive, mais il ne lui laisse pas le temps de répliquer. Son but n'est pas de la blesser, mais de la mettre dos au mur. Il n'exploitera pas toute la puissance de son Alter, il risquerait de se brûler. Autant la jouer finement, comme son petit frère lui conseillerait, avec des étoiles plein les yeux.
La tête de Medusa lorsqu'elle esquive une autre de ses attaques et qu'elle pose un pied en dehors du ring vaut tout l'or du monde.
— Fin du match ! Et quel match, chers auditeurs ! C'est ce qu'on appelle une stratégie rondement mené, bravo à Midoriya Hikari !
Touya se détourne de son adversaire pour retourner dans l'antichambre. La première de la classe héroïque est tombée. Est-ce qu'il y a vraiment si peu d'excellents éléments cette année ou l'adolescente brille-t-elle plus sur le papier que dans la réalité ? Ou l'a-t-elle sous-estimé à cause de ses origines ? Il vient de la classe générale, après tout. Aurait-elle continuer à se voiler la face malgré les capacités qu'il a démontré ?
L'adolescent sait qu'il a mis le doigt sur le nœud du problème lorsque les matchs suivants se déroulent de la même façon. Tous pensent le surpasser, tous pensent qu'il va manquer d'endurance ou de sang-froid parce qu'il vient de la classe générale, parce qu'il n'a pas l'habitude. Touya a envie d'exprimer à chaque fin de match tout le mépris qu'il a pour cette façon de penser, mais peut-être que la déculottée qu'ils ont reçus les fera changer d'avis.
C'est même avec un arrière-goût dérangeant que Touya écoute Present Mic annoncer le classement du podium, alors qu'il monte sur la première marche. Ito est sur la troisième place et lui adresse un sourire amusé. Il n'a pas eu à la combattre et il le regretterait presque. Il est pratiquement certain qu'elle l'aurait pris au sérieux. C'est le deuxième sur le podium qui l'a battu, un garçon avec un Alter de glace qui lui fait bien trop penser à Natsuo. Mais son petit frère est bien plus gentil et bien moins borné que le lycéen, qui le tue du regard à chaque seconde.
Hé, il avait qu'à mieux se battre s'il ne voulait pas que Touya lui fiche une raclée face à tant de monde.
Pourtant, son arrière goût disparaît lorsque c'est Lady Nagant elle-même qui remet les médailles et le sourire fier qu'elle arbore lorsqu'elle lui remet la sienne le fait frémir. C'est un sourire qu'il y a encore quelques années, il aurait voulu voir sur le visage d'Endeavor à son égard. C'est le même genre de sourire que doit arborer actuellement sa mère devant sa télévision. Ses lèvres s'étirent en ce même sourire, par imitation ; il a une poussière dans l'œil qui crée des larmes au bord de ses yeux lorsque le poids de la pièce métallique se fait sentir autour de son cou.
— Je crois que tu as gagné ta place en héroïque, Hikari. Bienvenue dans le monde des héros.
Touya niera jusqu'à sa mort qu'il a pleuré de joie alors que le stade éclatait en célébrations pour les apprentis héros
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