Bonsoiiiir !
C'est Noël et voici donc le dernier chapitre de cette partie ! Je n'ai aucune idée de quand je commencerais la suivante (au prochain Nano, j'imagine XD) et je la publierais sans doute comme celle-ci, lorsqu'elle sera terminée.
Merci pour toutes les reviews & les followings/favorites et d'avoir suivi cette partie jusqu'à sa fin !
AVERTISSEMENT : Cet écrit aborde des sujets difficiles, tel que la maltraitance, le harcèlement scolaire, la discrimination, la vie à la rue, etc.
AVERTISSEMENT 2 : Cet écrit utilise la théorie Dabi = Todoroki Touya
Disclaimer : Tout appartient à Kohei Horikoshi
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- Acte 1 : Attraper ses rêves -
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Scène 24
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— Mon bébé, je suis si fière de toi !
À peine a-t-il ouvert la porte de l'appartement que Touya se retrouve entre les bras et sous les larmes de sa mère. Un rire étranglé lui échappe avant qu'il ne lui rende son étreinte, posant sa tête contre son épaule. Il se sent tout de suite mieux en présence d'Inko. Il a l'impression que toutes ses craintes s'envolent et que ses émotions s'apaisent. Il pourrait presque oublier son entrevue avec son géniteur.
— Ouais, t'avais trop super giga la classe !
— T'étais super brillant !
Deux voix d'enfants lui font relever la tête et le lycéen sourit un peu plus en croisant les regards plein d'étoiles d'Izuku et d'Hitoshi, sur le seuil du salon. Il a vraiment dû impressionner les deux garçons et une sensation de fierté lui étreint le cœur. Il veut bien repasser par toutes les souffrances de ce tournoi pour que le regard des deux mômes reste aussi heureux.
Ses doutes concernant la relation entre Giran et sa mère reviennent cependant en force alors que ce dernier apparaît derrière les deux enfants. C'est à la fois logique - il pourrait être là pour passer du temps avec Hitoshi, après tout - et effrayant, parce que les yeux du courtier recèlent plus de douceur que Touya ne lui en connaît. Il ne l'accuse pas d'être violent ou quoi que ce soit du même acabit, mais il a surtout la certitude d'une homme plutôt détaché et sarcastique, quoi que cette certitude se soit bien effritée depuis quelques temps.
Il n'ose pas demander pourquoi le receleur est présent, alors qu'il s'extirpe de l'étreinte de sa mère pour se rapprocher des deux petits et s'accroupirent à leur hauteur.
— Un jour, ça sera vous au Championnat, je n'en doute pas un seul instant.
— Je serai premier ! déclare Izuku.
— Non, ça sera moi ! J'utiliserai ton Alter pour que tu me cèdes la première place !
— Et bah, j'y résisterai, nah !
L'adolescent éclate de rire et, rien que pour les taquiner, pince gentiment une de leurs joues avant d'ajouter sur le ton de la plaisanterie :
— Ou alors, Katsuki vous volera la place sous le nez !
Les deux enfants se figent, avant de s'entre-regarder. Il y a un air certain de complicité entre eux, sans doute plus sain que celui entre son petit frère et Katsuki, justement, mais Touya sait que ce dernier change petit à petit et fait des efforts, à la fois pour Izuku et pour lui-même.
— Kacchan, il est certes avantagé avec son Alter, mais Toshi, j'suis sûr il le battrait avant !
La rougeur soudaine sur les joues d'Hitoshi fait rire aux éclats Touya, quand bien même il perd toute envie de rire lorsqu'il se relève et qu'il s'aperçoit que Giran est auprès d'Inko, essuyant ses larmes de joie avec un sourire que l'adolescent n'a jamais vu. Il y a tant de tendresse dans ce sourire que le lycéen en a la gorge noué. Jamais il n'a vu un tel sourire sur les lèvres d'Endeavor ou de Rei. Est-ce que c'est une bonne chose ? Il a presque les mains qui tremblent d'appréhension, alors qu'il ignore comment réagir.
Il sent une petite main s'agripper à la sienne, comme pour l'apaiser, et Touya croise le regard serein d'Izuku.
— Tu as pas à t'inquiéter. Monsieur Giran, il aime beaucoup beaucoup Maman. Mille fois plus que Papa, d'ailleurs. Il la regarde comme oncle Masaru regarde tante Mitsuki. Et ils sont très très amoureux. Ils se feraient pas de mal, alors que tante Mitsuki a un caractère aussi explosif que celui de Kacchan.
— J'ai peur quand même. Je n'ai jamais vu... Je les ai jamais vu heureux, moi.
L'aveu glisse sur ses lèvres sans que Touya ne puisse le retenir, ni ne le veuille vraiment. À qui d'autre pourrait-il confier ses craintes, après tout ? La bouche d'Izuku s'ouvre sur un "o" muet et il relâche sa main pour venir lui faire un câlin. Hitoshi passe d'un pied sur l'autre, avant d'agripper sa manche pour être certain d'avoir son attention.
— Je sais pas ce que tu as vécu, avant que ta maman t'adopte. Mais jamais, jamais mon oncle ne lui fera du mal. Je te le promets. Tu me crois ?
Hitoshi connaît bien mieux Giran dans l'intimité que lui, Touya le sait bien. Même si cela n'apaise pas vraiment ses craintes, il ne peut se résoudre à dire à l'enfant qu'il ne le croit pas. Il acquiesce alors, tapotant le crâne du petit garçon qui rougit d'autant plus, froissant le bas de son t-shirt de sa main libre. Le geste tire un sourire attendri à l'adolescent qui se relève finalement, les poussant d'un geste de la main vers le salon.
— Allez donc jouer, je dois prendre une douche, j'ai l'impression de sentir le bouc.
— C'est peut-être pas qu'une impression, rit Izuku en fronçant faussement le nez. Tu sens si horriblement mauvais qu'il va te falloir toute la bouteille de gel douche !
Et Touya sait qu'il plaisante parce que c'est le petit garçon que l'odeur de crasse, de feu et de sang n'a jamais dérangé. Il se contente donc de lui tirer la langue, avant de l'attaquer à coups de chatouillis sur les côtes, se délectant du rire pur qu'il récolte en récompense. Hitoshi les observe avant d'effectuer une retraite stratégique en riant doucement, le visage plus lumineux que jamais. Le lycéen est presque heureux qu'il ait décidé de fuguer et qu'il soit tombé sur Izuku pour lui apporter un peu d'innocence enfantine.
— S'il te plaît, j'm'excuse, arrête ! le supplie d'ailleurs son petit frère entre deux éclats de rire.
— Ah oui, vraiment ? Les héros ne se rendent jamais, très cher !
Touya arrête cependant ses chatouilles et Izuku lui tire la langue, essoufflé, avant de prendre à son tour la poudre d'escampette et de fuir dans le salon. Un léger rire s'échappe de nouveau des lèvres de l'adolescent, alors qu'il se redresse. Sa mère passe devant lui, se dirigeant vers la cuisine en chantonnant un air joyeux, et une main se pose sur son épaule. Touya glisse ses doigts dans ses poches de pantalon, avant de tourner la tête vers Giran. Il se pince les lèvres, soudain plus sombre.
— Ne joue pas avec son cœur. S'il te plaît. Si tu ne penses pas que tu pourras être doux avec elle, ne la fais pas espérer.
— Je ne suis pas assez stupide pour mettre mon propre cœur en péril.
Touya veut s'insurger, avant de se rendre compte de la tension dans le corps de Giran malgré sa posture nonchalante, de l'air sérieux dans son regard pourtant si souvent détaché. Serait-il possible que les sentiments du courtier soient bien plus profonds qu'il ne se l'est imaginé ? Il plisse les yeux, penchant la tête sur le côté, essayant de comprendre le sens caché des mots prononcés.
— Tu veux dire que...
— Je ne joue pas avec son cœur parce que je souffrirais qu'elle brise le mien.
Oh. Giran est amoureux d'Inko. Ou en tout cas, en bonne voie pour, si Touya comprend bien. Est-ce qu'Endeavor a jamais aimé Rei ? Est-ce que du coup, l'adolescent peut espérer que jamais le courtier ne lèvera la main sur Inko ? Qu'il la chérira comme sa mère le mérite mille fois ? Est-ce qu'il peut espérer que l'homme offrira aussi un peu d'affection à Izuku ?
Est-ce qu'il peut espérer que sa famille s'agrandisse sans que personne n'en pâtisse ?
— Dis celui qui doutait d'elle il y a encore quelques mois à peine.
— Il y a quelques mois à peine, je ne la connaissais pas, râle l'adulte. Tu es de mauvaise foi et tu le sais.
— Si je n'étais que de mauvaise foi. Giran, je...
Les mots se coincent dans sa gorge. Touya ne sait pas comment dire qu'il a peur à l'homme qu'il apprécie, à son protecteur et celui qui lui a sauvé la vie. Il est terrifié par le mal qu'il pourrait faire à sa mère, à son petit frère, quand bien même il se doute du bonheur qu'il pourrait tout aussi bien leur apporter.
Touya est terrifié, parce qu'il ne connaît que la destruction lorsque deux adultes s'aiment.
Giran soupire, avant de poser sa main dans les cheveux de l'adolescent et de les ébouriffer gentiment, un air sérieux sur son visage, plus qu'il ne l'a jamais vu. Est-ce qu'il compte le rassurer ou balayer ses angoisses d'un geste de la main ? Est-ce qu'il le blâmera d'avoir des pensées aussi noires à son encontre ? Le lycéen tremble, quand bien même il connaît le receleur depuis longtemps, parce qu'il ne supporterait pas de voir son affection et ses illusions se briser. Il a déjà trop souffert. Il veut seulement une famille heureuse et aimante. Est-ce que c'est vraiment trop demander aux Kamis ?
— Espèce d'idiot.
— Je ne suis pas idiot ! Je veux juste... Je...
Ses mots restent sur le bout de sa langue, mais Giran ne le laisse pas finir, venant l'enserrer dans une étreinte. Touya reste quelques secondes figé, éberlué par le geste si exceptionnel de la part de l'homme. Il a une boule dans la gorge et les larmes aux yeux, qu'il vient cacher contre l'épaule de l'homme. Il ne veut pas le perdre, ni sa mère, dans une relation qui pourrait les détruire. Il préfère les savoir seuls mais heureux, que lancés à deux dans une incertitude insoutenable.
— Je sais que tu as peur. C'est normal, de ce que je sais et je devine de ton passé.
— Je ne veux pas que vous vous détestiez ensuite et que ça soit douloureux pour tout le monde, chuchote l'adolescent, comme un aveu. Je ne veux pas souffrir d'une mauvaise relation entre vous. Je ne veux pas qu'Izuku ou Maman en souffre non plus.
— Je ne te mentirais pas en disant que la relation naissante entre ta mère et moi ne connaîtra pas de mauvais jours, qu'on ne se disputera jamais à propos de trucs stupides. Ça arrivera peut-être. Mais je te jure qu'on préférerait se séparer que se détruire. Il n'y a pas que des relations toxiques d'où personne ne peut s'échapper, tu sais. Ta mère sera indépendante financièrement dans quelques temps et je le suis aussi. Si jamais on voit que ça ne marche plus, on se séparera. Autant pour notre bien à nous que votre bien. Est-ce que tu penses vraiment que je veux faire souffrir Hitoshi dans quelque chose que je saurai par avance voué à l'échec ?
Touya se sent immédiatement coupable. Pas un instant il n'a pensé à Hitoshi, qui pourtant est tout aussi concerné par la relation naissante entre les deux adultes. Il a déjà dû porter le deuil de ses mères, comment vivra-t-il l'apparition d'Inko dans la vie privée de son oncle ? Et soudain, il se rappelle de ses mots d'enfant, de cette certitude inébranlable dans son regard d'enfant. Hitoshi est serein à cette idée; il est le seul enfant à avoir connu une relation fonctionnelle et aimante entre deux adultes. Est-ce que le lycéen peut se permettre de le croire ? Est-ce qu'il peut se permettre d'espérer sur la base de la confiance d'un enfant de sept ans ?
— Je doute qu'Hitoshi t'en veuille de penser à tes proches d'abord, tu sais. Il fonctionne de la même façon.
— Comment tu sais que... ?
L'adolescent relève la tête, surpris, pour croiser le sourire amusé de l'homme. Saleté de courtier qui le comprend beaucoup trop bien. L'adolescent fait la moue, entraînant un rire chez l'adulte, qui relâche son étreinte. Il pose cependant ses mains sur ses épaules, comme pour garder un contact rassurant.
— Tu n'es pas le seul à avoir peur, tu sais. J'ai peur qu'Hitoshi le prenne mal et cherche à dynamiter ce que j'essaye de construire. J'ai peur qu'Izuku ne m'accepte pas et me fuit, parce que je sais que ça ferait souffrir Inko.
— Et il y a toutes les peurs avec ma mère dont tu ne me parleras pas parce que c'est pas mes oignons ? devine Touya d'une toute petite voix.
— Exactement. Je n'en discuterai qu'avec elle, quand je serais prêt. En fait, ma seule certitude dans tout ce foutoir, c'est toi, parce que je te connais sur le bout des doigts et que surtout, tu es assez grand pour faire la part des choses, même si tu es terrifié.
— Tu m'attribues plus de mérites que j'en ai vraiment, là.
— Tatatata, je ne veux pas t'entendre te dénigrer ! Encore moins après ce magnifique show que tu nous as offert au Championnat ! Ai-je dis que j'étais fier de toi et de tout ce que j'ai fait pour que tu en arrives là ?
— Est-ce que tu serais en train de t'attribuer ma victoire ?!
Touya a pourtant du mal à se retenir de sourire. Il sent que Giran plaisante pour dissiper l'atmosphère pesante inhérente à leur discussion et puis, il y a son cœur qui brûle de joie en entendant que le courtier est fier de lui. Ses lèvres s'étirent finalement jusqu'à ses oreilles et non, il n'a pas les yeux humides, c'est encore des poussières qui se glissent sous ses cils !
— Allez, file, faut qu'on fête ta réussite comme il se doit !
— J'ai le droit à une fête ?
— Si Izuku et Hitoshi n'ont pas tout mangé quand Inko avait le dos tourné, oui. Mais ils étaient tellement heureux d'aider à préparer que j'en doute.
D'accord, Touya admet finalement que ce sont des larmes de joie qui coulent le long de ses joues, qui redoublent lorsqu'il se rue dans le salon pour y trouver des banderoles le félicitant, sa mère qui pleure autant que lui et les deux plus jeunes avec des chapeaux pointus, un sifflet serpentin aux lèvres pour un bruit infernal. Pourtant, l'adolescent n'échangerait sa place à cet instant pour rien au monde. Il se sent enfin à sa place, dans ce petit appartement, entouré de sa vraie famille, celle qui l'aime et le soutiendra jusqu'au bout, celle qui l'a réparé pour qu'il puisse aller de l'avant. Jamais il ne pourra rendre tout ce qu'ils ont fait pour lui, mais il se jure de les protéger en retour et de réaliser son rêve.
Touya sera un héro qui rallumera l'espoir et le bonheur dans le regard des gens, il se le promet.
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