3- Le bal

Ron, anxieux, révisait encore quelques pas dans sa chambre en se parlant à lui-même. Il avait pu trouver un meilleur costume que celui que a mère lui avait envoyé au bal de Noël. Une excuse bidon mais qui marche : il est devenu trop petit ! Il jeta encore un coup d'œil vers le miroir pour remettre son nœud papillon bien droit. Tout devait être parfait. Il ne fallait pas gâcher la plus belle soirée de toute sa vie ! Il soupira piteusement encore une dernière fois avant que Harry n'ouvre la porte.

-Alors, princesse, vous êtes enfin prête ?

-Oh, lâche-moi, Harry ! rétorqua-t-il en riant.

Ron aplanit les quelques plis de son costume et fit volte-face vers Harry.

-Alors ? lui demanda-t-il

Harry s'approcha de lui en fronçant un sourcil.

-Mmmmh… Il me semble qu'il manque un truc…

-Quoi ?

-Ton air nonchalant ?

Un coup de poing sur l'épaule le fit éclater de rire.

-Arrête ça, c'est normal que je sois stressé, nan ?

-Je comprends bien, c'est quand même avec la femme de ta vie que tu vas valser en essayant de ne pas écraser ses escarpins !

Ron fronça les sourcils.

-D'accord, je retire ! déclara Harry en haussant les épaules. Il riait toujours.

-Allez, laisse-moi un peu ! Faux frère !

Harry sortit du dortoir avec un sourire narquois que Ron arborait également.

-Bon… Allez, se dit-il en aparté. On y va.

Hermione tentait avec difficulté d'agrafer une fleur sur sa robe de bal.

-Aaah, ça m'énerve !

Elle s'agitait dans tous les sens en tournant dans la pièce. C'était le moment le plus stressant de toute sa vie ! Trois coups discrets se firent entendre et Hermione se retourna. Quand la porte s'ouvrit sur Ginny, elle souffla, rassurée.

-Ouf ! Ginny ! J'ai cru que c'était Ron !

-Je crois qu'il doit encore être dans le dortoir à se pomponner, en ce moment ! déclara-t-elle à Hermione avec un petit sourire malicieux. Alors, comment tu te sens ?

Hermione s'effondra sur le lit avec désarroi.

-Si tu savais comme c'est une galère ! Je tremble de partout, je sais même pas si j'arriverai à danser ! Et…

Elle ramassa la rose qui était tombée par terre.

-… et j'arrive pas à l'attacher, j'ai froissé ma robe et je commence déjà à transpirer !

Elle souffla, totalement désemparée. Ginny posa sa main sur son épaule.

-Allons, calme-toi ! Tout se passera bien !

Elle s'affaira à placer la rose près du décolleté et repoussa une mèche de cheveux d'Hermione qui pendait devant son œil.

-Tu es magnifique, ne t'inquiète pas ! Tous les garçons vont te courir après, ça risque même de rendre Ron jaloux !

Hermione sourit à Ginny et prit sa main.

-Merci, Ginny.

-Je t'en prie.

Elle se leva en défroissant sa jupe et se dirigea vers la porte.

-Finis de te préparer, on t'attendra tous dans la grande salle ! Je vais rejoindre Harry !

Hermione lui adressa un autre sourire et la salua de la main.

-A tout à l'heure.

Et Ginny disparut en fermant délicatement la porte. Hermione resta seule assise sur le lit et croisa les mains.

-Allez, décompresse ! Ca se passera bien…

Elle se leva, jeta un œil à la grande glace et retoucha une ultime fois sa coiffure avant de regarder droit devant elle.

-On y va.

Ron était descendu et attendait, assis sur une chaise, en écoutant furtivement quelques bribes de la conversation de Harry et Ginny, debout juste à sa gauche. Il jetait un coup d'œil toutes les cinq secondes vers la porte en espérant la voir arriver, mais seule cette fois, et pas avec un autre garçon accroché à son bras comme une sangsue répugnante. Il voulait être cette sangsue ce soir-là, et ne cèderait sa place pour rien au monde. Il soufflait à intervalles réguliers, et si l'on ne connaissait pas sa grande anxiété du moment, on aurait pu croire qu'il était prêt à accoucher, ce qui intriguait tout le monde.

Hermione marchait à pas lents le long du couloir tapissé qui menait au grand escalier principal.

« Pfff, ce qu'il fait chaud ! C'était bien le moment ! »

Elle s'arrêta en haut des marches et posa sa main sur la rampe lustrée. Elle inspira, puis posa le pied sur la première marche avec lenteur et élégance, même si il n'y avait personne. Elle voulait croiser le regard de Ron quand elle arriverait dans la salle et tenait à faire son entrée comme dans les grands films romantiques moldus. En attendant, elle craignait d'avoir l'air d'une parfaite idiote avec sa robe atrocement mal mise, ses cheveux qui partaient dans tous les sens et cette fleur qui semblait trembler dangereusement à chacun de ses mouvements. En tout cas elle voyait la situation comme ça. Quand elle descendit de la dernière marche, qui lui semblait la plus haute de tout l'escalier, elle freina pour fermer les yeux un instant, histoire de se rassurer rien qu'une fraction de seconde. Elle avança un peu timidement vers la pièce décorée aux couleurs de Poudlard en suivant le tapis rouge que les elfes de maison avaient du dérouler dans tout le château pour y mener. Bizarrement elle n'eut pas vraiment envie de penser à l'esclavagisme des elfes pour le moment et regarda discrètement à l'intérieur de la salle. Il y avait beaucoup de monde. Elle étendit les bras le long du corps en soufflant lentement, déterminée, et, agrippant sa robe telle une nouvelle Cendrillon, elle tourna pour faire son entrée.

Hermione venait de franchir la porte. Ron avait tourné la tête juste à ce moment précis. Lorsqu'il la vit, aucune hésitation ne pouvait avoir lieu. C'était bien elle. Elle était magnifique dans sa robe dorée, digne des plus belles princesses de tous les contes de fées moldus qui puissent exister. Elle semblait un peu hésitante et le cherchait de vue, sans doute. Il se leva de sa chaise pour qu'elle l'aperçoive. Ils se fixèrent indubitablement et se sourirent. Elle avança en maintenant sa robe légèrement élevée au-dessus du pavé, tandis qu'il venait à sa rencontre en dévorant des yeux son visage étincelant de beauté. Lorsqu'ils furent assez prêts pour se parler, avec toujours leur sourire sur le visage, ils regardèrent leur pied, embarrassés. Ils rirent de leur timidité avant que Ron ne prononce le premier mot.

-Tu es… magnifique.

Elle sourit un peu gauchement, quoique flattée.

-Merci. Toi aussi, tu es… tu es très élégant.

Ron rit alors à cette annonce.

-Padma m'avait dit la même chose au bal de Noël !

Hermione, amusée mais embarrassée, sourit et se mit à observer ses mains, moins gênantes que ses yeux bleus qui la fixaient assidûment. Elle dû quand même relever la tête pour ne pas paraître stupide.

-Tu… tu veux danser ? lui demanda Ron, un peu craintif.

-Avec plaisir.

Il lui tendit la main, qu'elle prit à son tour, et ils se dirigèrent tous deux sur la piste de danse. Hermione fut surprise de voir tout d'abord qu'il l'avait invité à danser, ce qu'il n'avait fait à aucun moment au bal précédent avec sa partenaire, et ensuite qu'il ne se débrouillait pas si mal en valse.

-Dis-moi, tu danses très bien ! Tu cachais bien ton jeu !

-Si tu savais l'entraînement que ça m'a prit !

Elle sourit, tandis qu'il se revoyait encore à mimer les pas langoureux qui lui avait coûté quelques moqueries de la part de Harry, le seul au courant de ses répétitions improvisées, le soir dans le dortoir en pyjama. Il avait toujours ressemblé à un parfait crétin, désormais, il était un parfait crétin qui savait danser !

-Tu sais… déclara Hermione. Je suis très heureuse que tu m'aies… invité ce soir.

Ron resta un instant surpris.

-Euh… Harry m'avait dit que c'était toi qui… qui comptais sur moi pour ce bal…

-Harry ? Moi c'était Ginny qui…

En un éclair de lucidité mutuel, ils se retournèrent vers leurs deux grands acolytes, restés près des tables et qui les observaient en riant. Ils se sentirent stupides et rirent en chœur.

-Tu sais… Si je ne t'ai pas invité avant, c'est que je pensais que tu aurais déjà un cavalier… et que tu… lui aurais dit oui.

-Ron ! Tu sais bien que c'est du passé ! Ca fait trois ans !

-Je sais bien ! Mais… tu aurais très bien pu… en trouver un ! C'est pas ce qui manque, à Poudlard !

-Ron… il n'y en a pas un seul qui m'intéresse ici, pour la seule et unique raison qu'aucun d'entre eux ne te ressemble !

Ron la regarda dans les yeux, surpris.

-Je t'aime de tout mon cœur, Ron Weasley, depuis toujours et pour toujours, et même si tu n'avais pas réellement pris l'initiative de m'inviter ce soir… je suis… je suis très heureuse d'être avec toi.

L'intéressé lui sourit tendrement.

-Sache qu'il n'y a pas plus heureux que moi à ce moment précis ! Parce que moi aussi, je t'aime, et je suis terriblement jaloux.

-Jaloux ?

-Oui, je suis jaloux de tous ces gars qui posent les yeux sur toi tous les jours. J'aimerai être le seul à avoir ce droit. Et jaloux de Vicky, qui a… qui a eu la chance insolente de t'avoir comme partenaire.

-Tu crois que moi je n'étais pas jalouse de ton amourette avec cette… Lavande ?

Il ne dissimula pas sa satisfaction en apprenant cette nouvelle, et avança ses lèvres vers son oreille en mettant en contact sa joue avec la sienne.

-Alors comme ça, on est à égalité.

Il effleura avec lenteur la peau de son visage quand il revint en face d'elle. Elle regardait alternativement ses yeux, ses lèvres, ses yeux, ses lèvres… Quand elle s'approcha progressivement de lui, il crut comprendre ses intentions et fit de même au même rythme qu'elle. Ils fermèrent les yeux et lorsque leurs lèvres se touchèrent, tout semblait avoir disparu autour d'eux, ils n'entendaient plus rien, il n'y avait plus qu'eux, ils étaient un tout. Ce fut comme un choc électrique ; aucun d'entre eux n'avait jamais ressenti ça aussi intensément. Tout le monde autour deux mais qu'importe ? Jamais ils n'avaient ressenti autant de bonheur. Quand leur doux baiser romantique prit fin, ils furent accompagnés d'un tonnerre d'applaudissements tout autour d'eux.

« Manque plus que le générique de fin ! » avait glissé Harry à Ginny ce soir-là.

FIN (le voilà, le générique ! )