Guenièvre se sentit poussée brutalement dans la bibliothèque sombre de son père. Ce n'étaient pas ses 18 ans qui lui offraient plus de courage et d'assurance face à son cousin furieux. Adulte maintenant, ancien mangemort et professeur de potion à Poudlard, il l'avait surprise rentrant à une heure du matin dans sa maison et comptait visiblement avoir quelques explications… Au fond d'elle, elle était terrifiée.

« On fait le mur maintenant, Gwenn ? » demanda-t-il d'une voix menaçante en fermant la porte à clef derrière eux.

Elle n'osa pas répondre. Oh, il n'y avait rien à répondre. Ses parents étaient partis pour fêter leur anniversaire de mariage, et ils avaient demandés à Severus de la garder durant cette courte semaine. Elle lui avait promis de se tenir à carreau, ne souhaitant pas faire de tors à son cousin auprès de ses parents, mais il avait été si renfermé et glacial qu'elle avait décidée de faire fis de ses promesses, et sortait tous les soirs depuis trois jours. Bien sûr, elle sortait bien avant ça dans le dos de ses parents, mais en temps normal, jamais elle ne l'aurait fait à Severus… jamais…

« Gwenn, je crois t'avoir demandé quelque chose. » fit remarquer Severus en se rapprochant d'elle, les yeux brûlant de façon affolante.

Elle frissonna et retint un cri.

« Oui. Murmura-t-elle.
Pour voir quelqu'un en particulier, j'imagine ? demanda-t-il encore, en face d'elle.
Oui.
Qui ? Poursuivit-il, implacable.
Ca ne te regarde pas ! Hurla-t-elle. J'ai 18 ans, je suis adulte depuis longtemps et j'ai le droit de voir qui je veux ! »

Severus la plaqua sans douceur contre la bibliothèque la plus proche, et les lattes des étages provoquèrent une douleur cuisante dans le dos de la jeune fille.

« Qui ? Répéta-t-il.
Vi…Vivrien… » Sanglota-t-elle en essayant de repousser son cousin.

Vivrien, son meilleur ami depuis son entrée à Poudlard, celui qui lui avait redonné goût à la musique, celui qui lui avait offert son premier baiser, sa première aventure, et aussi, son premier amant…

« Dolbert ? Cracha Severus, son visage contracté par la fureur.
Sev', lâche-moi, s'il et plait ! Pleura telle en agrippant les mains blafardes appuyées sur ses épaules pour essayer de leur faire lâcher prise. Je le ref'rais pas, promis ! Lâche-moi !
Cette taupe albinos a couché avec toi ? »

Guenièvre, à travers ses larmes, eut quand même le réflexe de rougir. Rougir et avoir plus peur encore, car il était une chose qu'elle ne voulait pas qu'il sache… ça non, jamais…

« Je le… ref'rais plus… Sésé… s'il te plait… tu me fais mal !... ».

Mais il ne la lacha que d'une main, posant l'autre sur le ventre de sa cousine.

« Trop tard Gwenn. Dit il d'un ton si bas qu'elle ne le perçut qu'avec peine. Je t'ais vu… quand tu t'es évanouie avant-hier, alors qu'il faisait si froid… quand tu as essayée de me cacher que tu vomissais tous les matins… quand tu tremblais… et ton appétit de ces derniers jours… comment je vais pouvoir dire ça à Oncle et Tante, hein, Gwenn ? Comment je vais pouvoir leur dire que leur fille est enceinte d'un vulgaire saltimbanque au sang impur ? Comment ! »

Il avait hurlé ce dernier mot. Et elle tremblait littéralement de peur à présent. Elle gémissait pitoyablement entre ses pleures.

« Vivrien est quelqu'un… de bien… c'est un… grand artiste… et puis… je vais… vivre avec lui… même si c'est un… sang-mêlé… et je garderais l'enfant… papa et maman voudront bien … je leur demanderais… il voudront bien… je leur dirais…
Non ! Non, tu n'auras pas ce gosse ! Tu n'iras nulle part ! Ce n'est pas ta place Guenièvre ! Ce petit abrutit n'est pas au courant que tu as un enfant de lui, n'est-ce pas ? Répond !
N…no…no…non…
Et il ne le saura jamais. » Conclut sentencieusement Severus.

Elle lui lança un regard purement effrayé et le repoussa de toutes ses forces. Il en tomba à la renverse et elle courut à la porte. Verrouillée, elle était verrouillée ! Elle sentit une main lui prendre ses longs cheveux châtains et la retourner. Elle envoya son poing dans la figure de son cousin. Il lui envoya le sien dans le ventre, en réponse… ils continuèrent à se battre, comme ils le faisaient autrefois amicalement, quand ils étaient plus petits. Mais avec haine, et avec douleur cette fois… du sang coulait le longs de l'entrejambe de la demoiselle Snape… mais elle ne s'en rendit pas compte… elle ne s'en rendrait compte qu'à la fin… la fin de tout…

Guenièvre ouvre brusquement les yeux. Elle ne remarque pas immédiatement le corps qui l'enlace par derrière, ni le souffle régulier et chaud sur sa nuque… il n'y a autours d'elle que douceur et réconfort, et pourtant son cœur est troublé. Est-ce du au vague souvenir de l'enterrement de son père, à la frustration d'avoir été brusquement rejetée par son cousin après leurs baisers et de n'avoir eut de lui que cette étreinte depuis, ou, et c'est le plus probable, la rancœur que lui inspire ce rêve qui n'en est pas vraiment un. Tout ceci s'est vraiment passé… mais c'est du passé, elle s'est faite une raison, et n'a jamais eu d'époux, ni d'enfant… pour ce dernier, Draco joue le rôle à merveille de toute façon. Et puis elle a haie Severus … jusqu'à la veille. Inconsciemment elle caresse la longue main blafarde posée sur sa hanche, cette main qui lui a fait tant de mal, et se lève doucement, pour ne pas le réveiller, lui…
En entrant dans la cuisine, elle retrouve sa mère, préparant du café et le petit déjeuner. Réchauffée par cette vision familière, elle vient embrasser sa mère sur la joue avec tendresse. Jade ri.

« Déjà debout ma petite ? » dit elle en lui tendant une assiette de toast natures et une tasse de café.

Elles s'asseyent l'une en face de l'autre pour commencer à manger.

« Je suis montée tout à l'heure. Dit Jade. Mais vous dormiez si bien que je pensais vous voir levés dans deux bonnes heures au moins ! »

Guenièvre rougi et plonge un moment dans sa tasse.

« Severus dors encore… dit-elle d'une petite voix.
Vous avez du beaucoup batifoler. » Dit sérieusement la vieille femme.

Gwenn prend un air scandalisée et sa mère sourit avec indulgence.

« Quand vous déciderez-vous à enterrer la hache de guerre, et vous épouser ?
Maman ! s'écrie Guenièvre en virant clairement au cramoisie. Severus est mon cousin, il ne se passera jamais rien entre nous ! Peut-être que cela aura fait très plaisir à… à… à papa, mais c'est absolument contre nature !
Je ne sais pas. Réplique la Tante Jade en haussant légèrement les épaules. Ton arrière grand père s'est marié avec sa cousine…
Mon dieu, maman, à l'époque ce n'étais pas mal vu ! Moi je paye déjà cher ma vie, la sienne est si compliquée qu'elle m'encombrerais ! Et puis le Snape Orchestra prend de l'essor depuis la tournée, me lancer dans une aventure avec lui serait un trop grand sacrifice…
Ma chérie ! Reproche la femme en fronçant sévèrement des sourcils. Tu l'aimes, est l'amour n'est pas un poids ! Severus est peut-être très introvertis…
Introvertis ! Ah, la meilleure de l'année !
Mais au fond c'est un bon garçon !
Et si il faut plaider en ma faveur, poursuit une voix glaciale et sarcastique, je suis moins naïf que tous les imbéciles qui ont pu passer sous tes lèvres. »

Guenièvre se retourne vivement pour apercevoir Severus Snape, près à partir, la regardant avec colère et… tristesse.

« Severus… je… je ne voulais pas… bredouille-t-elle.
Et bien essaye de savoir ce que tu veux, pour une fois, Gwenn. Réplique-t-il sèchement. Merci Tante pour cette nuit, mais je dois vraiment y aller.
Tu ne manges pas un peu, mon chéri ? demande la vieille femme, attristée, alors qu'il lui embrasse la joue et se dirige vers la sortie.
Non. Au revoir. »

Et il s'en va. Guenièvre se lève d'un bond, d'un coup catastrophé, et coure à sa poursuite. Il s'apprête à transplaner.

« Severus ! Attend, Severus ! »

Le dit homme se retourne et se fige avec mélancolie. Comme elle est semblable à la petite princesse Snape, cette grande et élégante femme, à courir après lui dans sa longue robe verte...

« T'as pas le droit. Dit il d'une voix éteinte qu'il s'efforce malgré tout de contrôler. Le jeune homme l'a peut-être mérité autrefois, mais aujourd'hui tu as l'enfant en face de toi… et lui il n'a pas mérité ça.
Je sais. Murmure-elle en lui caressant la joue. Pardon. Tu as raison.
Tu es une petite peste.
Et toi mon Prince charmant. Dit elle d'une voix un peu moqueuse. Excuse-moi. Je ne suis pas prête, c'est tout… tu comprends ?
Quand tu le seras Gwenn, viens me voir. »

Il se retourne, cherche en vain à se concentrer pour transplaner, ferme les yeux… et sent un doux effleurement contre sa bouche…

« Je suis prête, maintenant. » murmure la petite Snape à son oreille.

Il ouvre les yeux. Elle sourit. Il l'embrasse… la serre contre lui… l'aime… il est heureux… elle est à lui. Il le sait, ils le savent, et ça durera. Mais il faut laisser le temps au temps. Guérir quelques blessures, et se retrouver.

« Quelle fut la dernière parole d'Oncle ? Murmure quand même Severus, en retirant ses lèvres de celles de sa cousine.
Il aurais voulu que l'on redevienne les amis d'autrefois… il regrettait que tu ais pris le froide enveloppe de tes parents… que je sois devenue une vulgaire vieille fille… il nous aimait Severus, tous les deux.
C'était un homme bon et imprévisible… je dois y aller… je reviendrais bientôt. Promis. »

Elle acquiesce, il l'embrasse une dernière fois… et s'en va.

FIN