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2. La fin justifie les moyens

Je me réveillais avec la sensation désagréable de cailloux glissant contre ma peau. Avec un gémissement de douleur, je relevai la tête puis me mis à genoux, scrutant d'un œil peu rassuré le paysage que m'offrait le clair de lune. J'essayai de me remémorer les dires de mon père sur les origines du Terrier et à quand remontait sa date de construction. Je sentis un frisson me parcourir l'échine. Il ne serait construit ou acheté, (bien que je suis tentée de croire à la première solution), seulement à compter de 1970. Un sentiment d'alarme m'envahit l'esprit, et je commençai à paniquer. En quelle année étions nous ?

Oubliant la douleur lancinante qui me traversait encore les membres, je me redressai rapidement. Par Merlin ! En quelle année ? J'essayai de calmer ma respiration qui devenait de plus en plus irrégulière à cette simple pensée. Je pouvais tout aussi bien me trouver en 1900 ou encore en 65… puisque selon les dires de mon père, il avait commencé à s'intéresser à cet endroit dès 1966. "Diable !" m'exclamais-je tout haut. Un faible mot dans ma situation, je sais, mais je me sentais d'humeur blasphématoire, chose qui tenait mes parents en horreur.

Je commençai à marcher, pensant au fait que je n'avais rien avalé depuis hier, et que la première ville habitée se trouvait encore bien loin. Le terrier était situé en pleine nature et assez isolé de toute civilisation, selon le désir de mon père de préserver sa famille et son intimité des regards du ministère. Bien évidemment, je suppose qu'à l'époque l'idée qu'un retourneur de temps vienne tout perturber, ne lui avait pas traversé l'esprit.

J'avançai toujours, ne sachant trop où ce chemin allait me mener, alors que le jour perçait déjà à l'horizon. Mes pieds me faisaient souffrir, mon ventre criait famine, la soif me tiraillait et j'étais épuisée. Je luttai désespérément contre l'envie de m'étendre sur le sol et m'endormir. Continu, me dis-je pour me redonner du courage, ignore juste que tu te trouves maintenant à un kilomètre du futur Terrier, et qu'il te reste probablement quarante kilomètres, en faisant abstraction des calculs de père, avant de croiser toute forme de vie.

"Merlin !" m'écriai-je d'une faible voix, "quel cruel sens de l'humour." Mes jambes cédèrent et je m'effondrai une fois de plus sur le sol. Je ne pu retenir les larmes qui s'étaient mises à couler le long de mes joues jusqu'à toucher mes lèvres. J'entrouvris juste ma bouche pour les laisser glisser sur ma langue, essayant ainsi de calmer mes violents sanglots. Curieusement, cela fit son effet. Je me souvins alors ce dont Harry m'avait expliqué, comment un sorcier avait fait jaillir de l'eau de sa baguet… Attendez une seconde ! Ma baguette !

Elle était là accrochée à ma taille, et toujours à portée de mains car j'aimais rester sur mes gardes. Je m'en emparais et prononçai d'une voix brève et enrouée "Summaï aqua !" Un fin filet d'eau commença à s'écouler du bout de ma baguette et je m'inclinai légèrement pour recueillir le précieux liquide entre mes lèvres. Une fraîcheur nouvelle jaillit aussitôt au fond de ma gorge pour se répandre ensuite à travers tout mon être. Je me sentais revivre, capable d'escalader monts et montagnes si nécessaire. Ou je le pourrai sûrement mais avec des vêtements un peu plus décents. Je fixai ma chemise de nuit, l'air honteuse. Elle était un tantinet transparente, d'une matière pâle et soyeuse, et maintenant recouverte de poussière et de traces d'herbe. Loin d'être l'idéal pour les longs voyages.

Que dirait-on en me voyant marcher dans cette tenue ? Les gens penseraient probablement à une agression ou je ne sais quoi. Je pouffai (chose que je faisais rarement) à la pensée qu'une personne puisse s'intéresser à moi.

Non pas que j'étais indésirable. J'avais sûrement les cheveux les plus longs jamais vus à Poudlard, et aussi les plus étranges. D'un rouge aux reflets de feu, ils étaient raides, m'arrivant presque aux hanches et contrastaient avec ma peau d'une pâleur extrême et mon visage aux traits fins. Mes yeux d'un bleu aussi sombres que la nuit, étaient semblables à ceux de mes parents. Et ma petite taille avait le don de m'exaspérer.

Le fait étant, que ma pauvreté me rendait indésirable aux yeux des autres. Stupides gallions ! pensais-je. Sortant de mes songes, je me remis sur pieds, bien décidée à ne pas m'éterniser plus longtemps. Et après trois heures passées en alternant la marche et les pas de course, je trouvai encore le moyen de me blesser, heurtant une pierre un peu trop tranchante.

Je laissai échapper un soupir d'agacement. J'étais à bout de forces, mon pied saignait et me faisait atrocement souffrir, et cette stupide route ne me menait nulle part. Je décidai donc de tenter quelque chose que jamais je n'aurai osé faire dans une autre situation. Je décidai de voler, ou plutôt d'emprunter pour la bonne cause. "Accio balai !" m'entendis-je crier avant que ma raison ne puisse protester. Sans trop y croire, je finis par entendre un son fendre l'air, d'abord faible puis s'intensifiant progressivement à l'approche de quelque chose qui ressemblait à un Brossdur. Lévitant à quelques centimètres de moi, je le touchais du bout des doigts puis d'un geste confiant, je montai et m'élevai dans les airs.

Oh par tous les dieux s'ils existent, merci ! m'exclamai-je en filant comme une flèche à travers la brume des nuages et les profondeurs du ciel azur. La douleur de mon pied s'était déjà estompée et je ne sentais plus que la douce caresse et le léger murmure du vent contre mes oreilles. Voler en balai éveillait toujours en moi un sentiment de pure liberté. Et lorsque mes parents n'étaient pas dans les parages, j'aimais me faufiler hors de ma chambre, prendre le balai de Ron et aller tournoyer dans les airs. Je ne faisais rien de mal après tout. Je souris pour la première fois depuis bien des semaines, et dans mon entrain, fis avancer le balai plus vite vers la direction que je pensais être le Chemin de Traverse. Tant pis pour les moldus qui m'apercevraient ! Je glissai à travers les cieux et rien n'aurait pu venir perturber cet instant de bonheur. Pas encore.

Je fis tournoyer le balai sur lui-même et laissai échapper un rire de plaisir, repensant aux matchs de Quidditch. Puis une autre pensée me revint aussi en tête. L'année. En quelle année étions nous ? Je ne pouvais pas m'être retrouvée plus d'un siècle en arrière, et certainement pas plus tard que 1970… Et entre ces deux dates, les possibilités étaient encore nombreuses. "Et si… nous étions en 1942 ?" m'écriai-je tout haut, oubliant soudainement où je me trouvais.

Comme pour me répondre, le balai prit davantage de vitesse. Je m'agrippai plus fermement au manche, espérant de toutes mes forces voir le Chemin de Traverse entrer dans mon champ de vision. Une vague d'inquiétude commença alors me submerger lorsque j'aperçus Londres se dresser juste en dessous de moi. L'ensemble de la ville se tenait là, sous mes pieds, ce qui dans un sens était bon signe, mais aussi peu rassurant. J'avais déjà pu observer Londres d'une telle hauteur, mais avoir un simple "bout de bois" pour me protéger d'une chute imminente était autre chose que d'observer à travers la vitre d'une voiture volante. La vue n'avait jamais été aussi superbe, même si je me trouvais maintenant à quelques mètres du sol. Je retins un cri d'exaltation, en plaçant une main sur ma gorge.

Grossière erreur, pensai-je aussitôt alors que ma prise sur le balai se relâcha. J'étais en train de glisser.

Je repensai à tout ce qui s'était passé jusqu'ici. "Ah, oui" me dis-je calmement, essayant de Ne. Pas. Paniquer. Malgré. Les. Circonstances. Je n'avais jamais été douée pour cela. " Tout va très bien dans le meilleur des mondes. Je m'apprête à tomber avec grâce, ce ne sera sans doute pas le cas du balai. Vraiment bien joué ma pauvre Ginny. Et pour une fois, regarde tes erreurs en face." J'ouvris les yeux et poussai un cri. Un hurlement strident destiné à s'échouer dans l'immensité du ciel. J'en eu le souffle coupé et sentis une terreur sans nom emplir mes poumons. L'humiliation avait déjà gagné mon âme.

Je vis mes pensées défiler devant mes yeux, alors que le vide s'était fait dans mon esprit. Un souvenir de mes parents se serrant contre moi pour me protéger de la foule du Chemin de Traverse. Encore eux, m'ordonnant de garder constamment ma baguette à portée de main, quelque soit le lieu. Deux souvenirs de Ron et des jumeaux me faisant une farce. Plusieurs de Percy vantant incessamment les mérites de Croupton sénior avant sa mort et toutes les possibilités d'avenir que le ministre lui offraient. C'est ainsi, pensai-je en sentant le souffle du vent dans mes cheveux. Puis je heurtai quelque chose de dur et ce fut le noir total.

Deux chutes en moins de deux jours, ça pourrait devenir une habitude…

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TBC...