"": Twist of Fate :""

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5 : Je dirai même qu'il ressemble à un ange.

Mary Beth entra dans la pièce, remarqua la façon dont j'étais collée contre le mur, et Tom, qui se tenait maintenant à l'autre bout de la pièce. Comment il y était arrivé si rapidement, je n'en avais aucune idée. Apparemment le futur Lord Voldemort était non seulement puissant mais aussi très vif. Trop vif, décidai-je en l'observant du coin des yeux. Il me répondit d'un regard, où je pus voir la mystérieuse lueur écarlate disparaître.

"Qui y a-t-il ? Mr Riddle 'e ferait-il peu' mon enfant ?" demanda t-elle. Son accent limpide comme de l'eau de roche me calma peu à peu. "Voilà que'ques vêtements miss. Ils ne sont pas à p'endre à la légè'e." Elle me tendit une cape vert émeraude, une paire de jeans et un t-shirt couleur argent. "Puisque tu se'as sû'ment à Serpentard, avec lui d'ailleu's. Et il n'a pas l'ai' si eff'ayant, je di'ais même qu'il ressemble à un ange, Dieu à décidément du coeu', mon enfant." Elle me caressa la tête, ce qui fit grimacer Tom, puis disparut à nouveau derrière la porte.

"Tu as toujours besoin d'un bain, Rushton." me dit-il, "je vais faire un somme en attendant. Et sois sûre de te couvrir de ce rideau de douche, je ne voudrai pas tourner de l'œil." ajouta t-il un sourire charmeur accroché aux lèvres. Je poussai un soupir d'exaspération alors qu'il se retournait et s'installait sur le lit, me demandant comment diable pouvait-il changer aussi vite d'une seconde à l'autre. Etre le diable en personne, puis la minute d'après, le séducteur le plus ensorcelant qui soit.

"Ne t'en fais pas" murmurai-je, "Je ne te montrerai rien pour tout l'or du monde." Je le vis se ruer sur les coussins et tomber instantanément dans un profond et véritable sommeil. Ai-je vraiment d'autre choix ?, pensai-je en me dirigeant vers la douche. J'accrochai la cape sur la rambarde de bois pour mieux me couvrir et examinai le fond de la douche. Une propreté douteuse si on faisait abstraction des diverses moisissures. Avec une grimace de dégoût, j'ôtai mes vêtements et laissait l'eau froide s'écouler sur moi.

Le contact de l'eau glaciale contre ma peau me fit sursauter de surprise. Les souvenirs du Terrier et de son eau chaude me revinrent aussitôt à l'esprit, et malgré l'entêtement de mes parents, l'envie de rentrer n'avait jamais été aussi forte. Néanmoins, j'inclinai la tête et laissait filer les gouttes sur mon visage.

Une fois ma douche terminée, j'entrepris de me sécher et de passer mes nouveaux vêtements. Puis je sortis en me couvrant de la cape, frissonnant sous l'effet du contact de l'air à travers mes cheveux humides.

Tom fut aussitôt debout. Et je le soupçonnais plus en train d'attendre que je finisse plutôt qu'autre chose. Et s'il m'avait vue ?osai-je brusquement penser. La rage s'empara de moi, me disant d'un côté qu'il ne s'y serait pas risqué et de l'autre, qu'un jeune Voldemort était bien capable de tout.

Il avait dû noter l'inquiétude qui marquait mon visage car je l'entendis rire sans retenue, une chose que je n'aurais jamais cru possible un jour, venant de la part de Tom Riddle alias Lord Voldemort. "Ne t'inquiète dont pas Rushton" dit- il sournoisement, "je ne suis pas tombé si bas pour me mettre à regarder les filles prendre leur douche ou passer leurs vêtements. Je préfère de loin mes méthodes."

J'acquiesçai l'air légèrement effrayé, puis laissai échapper un soupir de soulagement lorsqu'il détourna ses yeux.

J'espérai de tout cœur ne jamais connaître ses méthodes.

"Hey Rushton !" appela t-il comme si je me trouvais à une centaine de mètres, "Allons-y. Il faut que j'aille acheter mes livres maintenant," s'écria t-il en insistant bien sur le "maintenant". Je grimaçai. "N'as-tu encore aucun livre ?"

"Non" murmurai-je, "je n'ai pas d'argent." Je sentis mes joues s'enflammer assez pour rivaliser avec la teinte de mes cheveux. Et je pouvais voir le tableau d'ici : moi, Virginia Weasley, démunie au point d'aller quémander l'aide d'un mage noir pour se procurer ses livres. Quelle journée d'enfer.

Un sourire narquois apparu sur ses lèvres, l'air de rien. Les joues virant maintenant au rouge brique, je m'écriai sur le ton de la défensive, "le fait d'être Sang Pur ne signifie pas pour autant rouler sur l'or, Riddle. !" Il ricana puis glissa une main dans sa poche, retirant assez de gallions pour acheter livres et robes. Il les déposa ensuite un par un dans ma main, fixant l'air ahuri qui marquait mon visage. "M-merci, Riddle." murmurai-je à son attention, mon regard ne pouvant se détacher de lui. Il ricana à nouveau, puis sourit de son air moqueur habituel.

"Je donne à ceux dans le besoin." dit-il clairement comme si cela faisait parti de ses principes, "et plus particulièrement aux Serpentard que je considère digne d'intérêt." Je retins un frisson lorsque je perçus à nouveau cette lueur étrange dans son regard.

"Bien Rushton, j'apprécie de te voir en admiration devant ma personne, mais il faut y aller."

Tu aimerais bien Riddle, pensai-je sinistrement alors que je le suivais dans le couloir. Je remarquai aussitôt la quantité de tableaux accrochés aux murs, dont la multitude de couleurs contrastaient vivement avec l'air sombre que dégageait l'ambiance de l'auberge, sans parler des grincements agaçants des marches d'escalier. Arrivée dans la salle du bar, je me glissai entre les tables et suivis Tom à l'extérieur. J'essayai de ne pas le perdre de vue alors qu'il arpentait rapidement les rues du Chemin de Traverse, sa cape flottant derrière lui à la manière d'un spectre. Avec un soupçon d'appréhension, je réalisai qu'il faisait déjà nuit, et pressai donc le pas. Ma mère nous avait toujours répété que ces rues étaient aussi mal famées que l'Allée des Embrumes, une fois la nuit tombée. Et puisque l'idée d'aller vérifier ne m'avait jamais tentée, c'était l'occasion rêvée.

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Alors que les ténèbres m'entouraient de toute part, je frissonnai et me blottie davantage sous ma cape. Les nuits aussi douces soient-elles, avaient l'air glaciales lorsqu'on se trouvait près de Tom. Nous fûmes bientôt chez Fleuri & Botts. La boutique semblait déserte à cette heure-ci sans la masse habituelle de sorciers surexcités, mais des bougies avaient été laissées à l'intérieur pour signaler l'ouverture. Nous entrâmes et je frissonnai à nouveau, mais c'était cette fois sous la douce chaleur de la boutique. Une sorcière assez âgée leva les yeux de son livre et nous accueillit, "Bien le bonsoir, jeunes gens !" s'écria t-elle d'un ton joyeux, "comment puis-je vous aider ?" Plutôt frêle et de petite taille, ses yeux bleu pâle étaient cachés derrière d'anciennes lunettes posées un bout de nez pointu. Elle semblait assez sympathique sous ses airs de vieille grand-mère et son large sourire.

Tom se dirigea vers la femme sans plus de cérémonie et lui tendit sa liste de livres. "J'ai besoin de l'ensemble de ces livres. Et assurez-vous également qu'ils soient en double exemplaires," dit-il en me jetant un coup d'oeil. Puis il ajouta un"s'il vous plaît", avec un sourire à faire fondre un glacier et une courtoisie sans égale. Le sourire de la sorcière s'élargit et elle disparut derrière les étagères, la précieuse liste en mains. Pendant ce temps, Tom semblait plutôt intéressé aux nouveautés, et dont je doute que le sujet soit très en rapport avec les cours.

Réfléchissant au moyen par lequel je pourrai m'éloigner de lui sans sortir de la boutique, je montai à l'étage et commençai à parcourir la première rangée de livres, caressant au passage la reliure de quelques uns. Mes doigts s'arrêtèrent sur le dos d'un livre en particulier lorsque j'en repérai le titre, "Les dragons dans leur habitat naturel, tout ce dont vous devez savoir et même un peu plus," murmurai-je pour moi-même. Je souris et le retirai en pensant à Charlie, alors que mes yeux se posèrent sur la première phrase.

"Les dragons sont sûrement les créatures magiques les plus connues et les plus mortelles de nos contrées. Avec des crocs pouvant aller jusque six mètres de long selon les espèces, munis de griffes environ deux fois plus longues, les dragons sont extrêmement dangereux. À travers les âges, de nombreuses légendes ont été contées à leur sujet, mettant en évidence les dégâts qu'ils peuvent engendrer sur les villes et les récoltes. Ce que beaucoup de sorcier ignore, c'est que les dragons sont très protecteurs envers leurs petits et protègent leurs œufs avec une dextérité et un zèle agressif." Je souris encore, imaginant les corrections que Charlie aurait apportées à ce livre. Avec un pincement au cœur, je continuai ma lecture, "

"Nombre d'humains ont essayé de capturer leurs œufs afin de leurrer les dragons et de les soumettre à leur volonté. Ces sorciers, plus couramment appelés les Dragontamers, ont fortement été critiqués pour avoir mis en pratique ce que leur nom implique : contrôler les dragons et les entraîner en vue de tournois. Des groupes de dragons avaient ainsi été capturés dans cet unique but. Activité fortement soumise au contrôle du ministère, il est parfois arrivé que les plus farouches opposants des Dragontamers parviennent à libérer les dragons de leur emprise, brisant ainsi le lien qui les unit à leurs éleveurs et les menant souvent à leur propre perte. Car il est bien connu, qu'une fois un dragon élevé et entraîné par le même sorcier pendant un certain temps, il devient progressivement lié à cette seule personne."

Je stoppai ma lecture, sentant une présence non loin de moi et fermai brutalement le livre. Appuyé contre une étagère, Tom me dévisageait d'un air calculateur.

"Je vois que tu t'intéresses aux dragons," dit-il d'un ton toujours aussi narquois, "les filles ne sont pas autorisées à faire parti des Dragontamers. Tu ferais mieux d'abandonner toute idée à ce sujet pendant qu'elle n'est encore qu'illusion. Ou peut être envisages-tu de te déguiser en garçon et de couper cette chevelure pour en ressembler ? Je t'assure Rushton, que beaucoup de petites idiotes ont déjà tentées l'expérience. Et sais-tu ce que fut leur punition ?" demanda t-il en me jaugeant du regard.

"La mort." Il avait murmuré le mot, le laissant se dessiner sur ses lèvres avec tout le plaisir sadique dont il était capable.

Je lui jetai encore un regard puis reposai le livre dans l'étagère. J'avançai ensuite le long de la rangée, laissant glisser mes doigts sur le revers des livres et mes yeux sur chaque titre. Certains étaient marqués par les époques, tombant presque en lambeaux, d'autres plus petits, semblaient neufs et luisants. Alors que je me déplaçai, je pouvais toujours sentir sa présence dans mon dos, il m'observait comme un prédateur traque sa proie. J'essayai de marcher d'un pas tranquille pour ne pas qu'il se doute de mon anxiété. Mais même s'il savait, le résultat n'était vraiment pas convaincant. Mes pas s'arrêtèrent devant un livre plus particulier, "la magie noire, ses essences et ses dérivés." Ignorant Tom, je le saisis avec précaution et commençai à lire :

"Le type de magie le plus utilisé a toujours été celui provenant de l'essence lumineuse ou encore appelée dans le langage courant magie blanche. Considérée comme étant l'une des moins difficiles à apprendre, la magie blanche est enseigné aux jeunes sorciers dans toutes les écoles. A la fin de leur scolarité, chaque sorcier utilise donc en moyenne 90 de ses aptitudes magiques à travers ce type de magie. Un autre type bien plus dangereux, dont les limites sont beaucoup moins connues, est appelé essence des ténèbres, ou plus communément, magie noire. Opposée par nature au type lumineux, la magie noire fait également partie des aptitudes magiques que peut détenir un sorcier moyen. Très souvent utilisée par l'intermédiaire des sorts impardonnables, il en existe d'autres formes bien pires encore. Bien d'autre essence de magie se sont révélés à travers les âges mais sont loin d'être aussi importante. Il existe néanmoins un troisième type de magie, dont seul un mage fut célèbre pour en avoir montré les signes distinctifs. Cette magie, appelée…"

Derrière moi, Tom toussa, se pencha par-dessus mon épaule et examina le texte.

"Quoi ?" lui dis-je irritée. Non seulement il était le diable incarné, mais il commençait aussi à me porter sur les nerfs, chose que seuls Malfoy et Snape arrivaient à faire.

"Je remarque juste ton intérêt pour la magie noire, Rushton." ricana t-il, "il y a une raison particulière ?" Puis il s'adossa contre l'étagère, qui heureusement se tenait contre le mur. Le bleu rencontra l'ébène alors que nos regards se croisèrent, l'un méfiant, l'autre curieux.

Je remarque juste ton intérêt, répétai-je sarcastique. Puis je lui répondis, "Comme tu l'as remarqué je suis en train de lire, et puisque je m'intéresse généralement à ce que je lis, je cherche à en savoir plus. C'est un principe à la lecture, Riddle." Je reposai le livre et m'éloignai de lui pour redescendre l'escalier, ne lui laissant pas le bénéfice du commentaire.

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"As-tu trouvé quelque chose qui te plaît, demoiselle ?" demanda la sorcière en souriant. Je lui répondis d'un signe de tête et souris à mon tour, "tout ces livres," en levant ma main vers les étagères de la pièce, "c'est vraiment le paradis pour celui qui travaille ici. Et c'est difficile de choisir parmi autant de livres si intéressants."

"Peut être pourrais-tu me donner un coup de main d'ici cet été, les journées sont longues et je serais ravie d'avoir un peu de compagnie. Quel âge as-tu mon enfant ?"

"15 ans demain," dis-je d'un ton peiné, ce sera bien la première fois que je passe ce jour sans famille, pensai-je tristement. Sous son regard inquisiteur, j'ajoutai d'un ton froid, "hem oui, je… ils n'ont pas l'habitude de fêter les anniversaires à l'orphelinat," imaginant la vie cruelle que l'on doit y mener.

Et avec un air de sympathie, elle ajouta"Bon quel est ton nom, demoiselle ? Pour que je puisse t'envoyer un hibou si besoin est ?"

Je souris à nouveau et répondis d'un ton joyeux, "Virginia Rushton, madame, mais vous pouvez m'appeler Ginny." J'essayais de conserver une voix fière et heureuse, comme si je m'émerveillais toujours autant de ces petites choses. Jeune, innocente et insouciante, voilà ce qu'il fallait qu'elle croit, pensai-je. J'étais aussi pleinement consciente de la présence de Tom, debout derrière moi, les bras croisés et écoutant attentivement le moindre de mes mots.

"Et bien je suis Mrs Hyacinth, enchantée de te connaître Ginny. Je t'enverrai donc un hibou dès que possible. Tu pourras aussi emprunter quelques livres si tu veux, bien que je doute qu'ils te soient d'une grande aide comparé aux ouvrages de Poudlard, " jacassa t-elle. "Mes enfants me renvoyaient systématiquement tous les livres en disant qu'ils trouvaient déjà leur bonheur là-bas. Espérons qu'il y en aura un qui puisse t'être utile et que Poudlard n'a pas !" ajouta t-elle encore. Je vais finir par l'adorer si je ne sors pas tout de suite d'ici, pensai-je. Puis soudainement, ses yeux devinrent troubles et laissèrent échapper une larme, qu'elle essuya rapidement d'un revers de main.

"Mais ils ne sont plus de ce monde, il y a de ça longtemps. Ils étaient tout deux aurors et furent pris dans une embuscade. Ils furent tués instantanément par le sort de mort." Elle se reprit et commença à emballer nos livres avec délicatesse. "Ah mais je vous ennuie sûrement avec mes sombres histoires, et vous avez d'autres choses à acheter. Je ne vous retiens pas plus longtemps."

Tom soupira, soulagé, ce qu'elle ne remarqua pas, et elle nous tendit la note des livres. "Cela fera trente gallions et cinq noises mes enfants."

Avec son sourire au charme révoltant, Tom prit les livres d'une main, la monnaie dans l'autre. Et au lieu de lui tendre trente gallions, il lui en donna quarante. "Merci, mon enfant. Béni sois ton cœur si généreux, mon garçon." Puis elle se replongea dans sa lecture.

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Une fois à l'extérieur, Tom se retourna vers moi. "Tu sais Rushton, tu n'es peut être pas si mal après tout. Et avec l'entraînement nécessaire, tu pourrais même briller." Son infâme sourire s'accentua sous mon regard courroucé.

"Et t'enseigner sera sûrement une agréable distraction."

"Je n'ai besoin de personne." répondis-je d'un ton déterminé et pressai le pas. Il ricana, ce qui suffit à me mettre hors de moi, "Tu me crois incapable de me débrouiller seule ?" lançai-je, la voix tintée de colère. Ceci le fit rire davantage. " Tu es pourtant bien placé pour savoir qu'il ne faut pas se fier aux apparences, Riddle." Son regard inquisiteur réussit à me faire frissonner ou peut être était-ce l'effet du clair de lune sur son visage. "Vraiment ? Et comment en es-tu arrivée à cette conclusion ?"

Je ne répondis rien et soupirai. Maudit soit mon manque de sang froid et sa manie de toujours avoir le dernier le mot.

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La boutique de "Madame Malkins, prêts à porter pour toutes occasions" entra dans mon champ de vision. Je suivis Tom à l'intérieur et fus immédiatement frappée par l'odeur des parfums de luxe. Devant moi se tenaient deux sorciers, l'un avec une longue barbe blanche et ondulée, dont le ventre le faisait presque ressembler au père noël. L'autre sorcière, plutôt mince, avait un pincement aux lèvres un peu comme si notre vue lui faisait horreur. Cependant à la vue de Tom, l'air méprisant fut vite remplacé par un sourire, "Mr Riddle !" s'écria t-elle, "mon meilleur client ! Que me vaut le plaisir d'une visite si tardive, et accompagné de cette jeune…" elle s'interrompit, me dévisageant avec un profond dégoût, "demoiselle ?"

Tom sourit, notant le ton de sa voix. "Tatoria," la salua t-il l'air narquois, pourquoi diable prenait-il toujours cet air ! pensai-je pour moi-même.

"Voici Virginia, trouvez-lui quelque chose de plus respectable, long et vert de préférence. Peut être bleu. Je prendrai quant à moi, ma tenue habituelle. Il nous faudrait également des robes pour Poudlard. Ne connaissant pas sa taille, je crains que vous ne soyez obligée de prendre ses mesures." Il sourit de plus belle en voyant l'anxiété évidente qui marquait mon visage. "Oh et, sachez user de votre courtoisie habituelle." ajouta t-il. Je lui lançai un regard menaçant, et avançai vers les bras tendus de la femme. Celle-ci me plaça devant elle, puis examina mes vêtements d'un œil attentif, m'enleva ma cape verte, toujours avec un bref rictus de dégoût sur le visage.

"Bien, nous devrons sans doute ajuster les tenues à votre poitrine," déclara t-elle ensuite. Je rougis, consciente du fait que je n'étais plus une enfant, même si ma taille n'avait que peu évoluée. "Mais le reste sera parfait quelle que soit la tenue. Croyez-moi Virginia, votre prénom ne vous ira plus aussi bien après avoir passé l'une de mes tenues, et lorsque Tom vous aura vue." s'écria t-elle moqueuse. J'étais maintenant rouge pivoine, réalisant qu'il était en train de nous observer avec un sourire satisfait aux lèvres.

"Suivez-moi très chère." Elle me guida jusque la pièce adjacente, une salle d'essayage avec des tabourets et une multitude de tissus colorés soigneusement rangés. A ma surprise, je ne pouvais voir aucun miroir. Je fus rapidement mesurée et jugée comme étant la sorcière la plus petite sur qui elle avait testé des tenues jusqu'à présent. Elle sortie ensuite sa baguette, la pointa en direction d'un tissu vert émeraude et entama toute une série de gestes habiles, murmurant une formule à peine perceptible. Il y eu des bruits de fermeture qu'on actionne, de tissu que l'on déroule, puis elle tendit ses bras pour me montrer une somptueuse cape couleur émeraude. D'un vert assez naturel, la cape était longue et ne ressemblait à rien déjà en ma possession. Elle avait un quelque chose qui attirait facilement l'œil, ce que j'aurais bien aimé éviter.

Je pivotai sur moi-même alors qu'elle m'inspectait. Le tissu avait un tout autre effet et faisait impression au contact de ma peau, avait-elle dit. Mes yeux rencontrèrent encore du vert, lorsque je m'apercevais de la robe qu'elle avait fait apparaître d'un geste de baguette. Je ne l'avais même pas remarqué ! Elle était tout aussi longue, de soie douce et m'enveloppait les hanches d'une façon élégante. Elle semblait briller de milles feu, comme je tournai encore pour son propre plaisir. D'un style assez médiéval, les finitions étaient entièrement brodées de fil d'argent, mettant le décolleté un peu trop en valeur à mon goût. Avec un claquement de langue admiratif, Mrs Malkins plaça la cape émeraude sur mes épaules, et ajusta son fermoir en forme de serpent d'argent autour de mon cou.

"Fabuleux," murmura t-elle, "vous allez faire la fierté de ce cher Tom Riddle, Miss Rushton. Et le vert fait remarquablement bien ressortir la lueur de vos yeux. Bien maintenant essayons l'ensemble bleu puis l'argenté."

Et il en fut ainsi. L'ensemble argent était brodé de fil blanc, et le bleu se finissait en bordures d'argent. La cape et la robe étaient identiques, mais selon elle, chaque couleur semblait apporter son plus à mes qualités. Elle ne me laissa pas de miroir pour que je n'aie aucune idée des détails auxquels elle faisait allusion. En même temps, les trois ensembles tombaient à la perfection, mes pieds me faisaient horriblement mal et tout ça commençait à me lasser. Mais ne semblant pas tout à fait satisfaite, Tatoria voulut essayer une autre couleur sur moi. L'ensemble noir eut l'effet escompté puisque dans son élan d'admiration, elle poussa un cri qui ameuta et le vieux sorcier et Tom par la même occasion, ceci à mon grand désarroi.

Mes pieds furent tout à coup très fascinants, et je gardais mes yeux baissés. Tatoria, qui semblait-il, me considérait maintenant comme son mannequin d'essayage favori, me demanda de relever le visage afin de le faire profiter aux autres. Ce que je fis difficilement, terriblement mal à l'aise et les joues en feu, puis très étonnée. Le vieux sorcier m'examinait de son regard un peu trop curieux et Tom me fixait la bouche légèrement ouverte. Tatoria fit ensuite apparaître un miroir.

Diable ! pensai-je. Moi-même restait figée à la vue de cette superbe robe et de ses effets. La version noire avait un côté sombre qui semblait déteindre sur moi d'une façon assez séduisante. Mes cheveux contrastaient avec les finitions brodées de fil rouge, faisant presque ressembler les bordures à des filets de sang. Ma peau plus pâle que d'habitude, certainement dû à la fatigue, faisait flamboyer la teinte de mes cheveux et accentuait le bleu nuit de mes yeux. Une vraie reine des ténèbres, pensai-je ironiquement. Une occasion de commentaire que Tatoria ne manqua pas.

Tom qui avait gardé le silence jusqu'à présent, se reprit à la vitesse de l'éclair et déclara d'une voix neutre, "bien, vous pouvez préparer cette robe et celles que je vous ai demandé. Et n'oubliez pas les uniformes de Poudlard." Sur ces mots il s'apprêta à sortir, puis se retourna en ajoutant,

"vos robes sont toujours aussi somptueuses, ma chère." Puis il sorti, me laissant aux mains d'une sorcière surexcitée.

Avec un sourire à s'en décrocher la mâchoire, elle fit réapparaître les vêtements de Mary Beth d'un geste de baguette. "Tss, tss" siffla t-elle l'air désespéré, "laisser une telle tenue recouvrir un si joli corps. Vous ferez mieux de porter de meilleurs vêtements Miss Rushton, ou cette beauté fanera sans honneur." Puis après un dernier triste geste de la tête, elle me reconduit dans la salle principale, tenant les robes qu'elle emballa et me tendit ensuite. Tom nous y attendait et en avait apparemment déjà terminé avec le sorcier. Il régla et la sorcière nous accompagna jusque la sortie

"Prenez soin de ses tenues pour elle," dit-elle à Tom, "elle ressemble à une rose dont les épines doivent être préservées, et dont la beauté n'en sera que plus grande." finit-elle le sourire aux lèvres et moi dans l'embarras.

Par chance, Tom ne fit aucun commentaires et la boutique de chaudrons, pleine de récipients plus étranges les uns que les autres, ne montrait signe d'aucune Tatoria à l'horizon.

Elle était tenue par un sorcier aux traits sévères mais dont les épaisses lunettes lui donnaient plutôt l'air d'un vieux hibou. Et pour je ne sais quelle raison, ceci eut le don de m'amuser à chaque fois que je le regardais, alors que Tom me montrait quels étaient selon lui les meilleurs chaudrons. Puis nous sortîmes chaudrons en mains, et je sentis l'or de mes poches peser lourd sur ma conscience.

Alors que nous marchions toujours dans la nuit, je saisis rapidement les pièces et les tendis à Tom, "je n'en ai pas vraiment eu besoin, et je te redois ça en échange." Il me scruta pendant un moment, réalisant pleinement mes paroles, puis répondit à la négative, "je ne reprends jamais ce que je donne Rushton. Alors réjouis-toi pendant qu'il en est encore temps, car ses choses ont toujours une fin." Il referma ma main et j'acquiesçai, surprise de voir le futur Lord noir donner quoique ce soit sans jeter un impardonnable en retour.

Je le suivais sur le chemin du retour, encore plongée dans mes pensées. Je me demandais ce qui le poussait à agir ainsi. Je n'arrivais pas à cerner son attitude à mon égard, ni comprendre ses raisons. Parfois si charmant, pour laisser ce charme se transformer en un venin mortel la fois d'après … Seul l'avenir détient les réponses, si imprévisibles soit-elles. Me retrouver ici pour m'entendre dire ça, quelle ironie ! pensai-je sombrement, l'avenir je le connais déjà, c'est la façon de le changer qui m'est encore inconnue…

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TBC...