": Twist of Fate :"

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9. L'instinct du loup

Le sol se rapprocha de mes yeux à la vitesse de l'éclair. Je sentis mes membres me picoter, mon nez s'allonger en un museau et mes oreilles monter en pointe. Mes cheveux devinrent assez longs pour recouvrir mon corps telle une cape protectrice, mes mains et mes pieds se changèrent en fines pattes, et je sentis une longue queue de fourrure remuer dans les airs derrière moi.

"Non d'un diable !" soupirai-je, mais un grognement sourd se fit entendre à la place, "je ressemble à un loup." Je relevai les yeux, m'attendant à voir Riddle changé en ignoble serpent. Mes yeux de félin s'agrandirent de surprise lorsque je le vis. Il s'était aussi métamorphosé en loup !

Et en un superbe loup qui plus est.

Je me giflai mentalement. Hey ! me dis-je à moi-même, tu ne vas tout de même avoir un faible pour un loup ! Mais ce n'était vraiment pas ma faute. Tom était assez impressionnant, même changé en loup. Une fourrure d'un noir d'ébène et des yeux d'onyx brillant intensément sous le mystère de secrets impénétrables.

Son air narquois ne m'échappa pas. "Rushton," sa voix s'élevait claire et forte dans mon esprit, "bien joué. Toutefois, tu as mis le temps."

Comment pouvait-il encore afficher cet air insupportable sous forme de loup ! J'essayai de résoudre cette énigme pendant quelques instants puis pensai tout haut, "fais le toi-même Riddle !"

"Honnêtement Rushton" se moqua t-il, "es-tu toujours entourée d'autant d'épines venimeuses ?"

Je lui montrai mes crocs, essayant de sourire férocement et répondis, "toujours, ça garde les insectes nuisibles à distance."

Ses oreilles se dressèrent alors qu'il s'inclinait légèrement dans la pénombre. "Aussi plaisant est-il de se disputer avec toi Rushton, nous devons aller à King's Ross tout de suite." J'acquiesçai à la manière d'un loup et le suivis jusqu'à la sortie de l'allée qui donnait sur une autre rue du Chemin de Traverse. Puis je le vis se baisser, les épaules relevées en guise de défi, prêt à bondir sur le premier passant. Avec un bref coup d'œil vers moi, il me poussa et je trébuchai dans un tas de cendres.

"Roules-toi là dedans pendant quelques secondes. On pourrait trouver suspect deux loups, l'un noir et l'autre d'une vive couleur rouge, marchant côte à côte dans les rues du Chemin de Traverse."

Je lui lançai un regard agacé et grondai sarcastique, "non ! Tu crois ?"

Il me sourit sournoisement. "Oui je le crois. Alors ? Qu'attends-tu ?"

Je soupirai profondément, mais n'eus pas d'autre choix. D'un autre côté, se rouler dans les cendres pouvait être amusant. Du moins, si l'on considère le côté pervers de la chose et le fait que je sois un loup. "J'apprends, je comprends et j'obéis, Riddle," lui répondis-je d'une voix faussement joyeuse.

"Ne prends pas tes grands airs avec moi, petite fille," gronda t-il, ses yeux étincelant d'une lueur dangereuse alors qu'il sondait les rues pour repérer les sorciers trop curieux. J'avais fini et le vis ensuite inspecter mon travail, "bien Rushton, c'est assez. Maintenant suis-moi et en silence." Il s'arrêta un moment, puis ajouta un faible "s'il te plaît" en soupirant. Je baissai les yeux. Ma queue devenue noire et assez ébouriffée pour rendre lisses les cheveux d'Hermione, s'agitait dans un plaisant silence. Je le suivis discrètement à travers les coins et les recoins du Chemin de Traverse pendant ce qui me semblait être des heures.

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Lorsque nous fûmes à quelques rues de la sortie, il se retourna vers moi.

"Ne bouge pas jusqu'à ce que je te l'ordonne, ne fais rien de stupide et surtout, ne te mets dans aucune situation fâcheuse. Ces quelques jours m'ont permis de te connaître mieux que personne Rushton, et tu sembles avoir le don pour t'attirer des ennuis. Reste près de moi et suis chacun de mes mouvements." Je me tortillai, légèrement mal à l'aise sous ce qu'impliquait ce sombre regard. "Allons-y."

Nous passâmes non loin d'un groupe d'élèves, glissant sur les pavés et assez cachés par la pénombre pour ne pas être vus. Puis Tom marqua encore un temps d'arrêt pour laisser passer un vieux sorcier semblant avoir la cinquantaine. Ses cheveux aubruns et ses yeux bleus pétillants avaient l'air familier. Il était en grande conversation avec une autre sorcière, apparemment âgée d'une vingtaine d'années et semblait-il, discutait d'un poste d'enseignement. "Salazar !" entendis-je Tom s'exclamer en se retournant brusquement, me bousculant par la même occasion. Je le suivis avec l'étrange impression de déjà connaître ce sorcier.

Je rampai derrière de grandes cages d'animaux, des portes bagages chargés ou encore des talus d'herbe. Je ne pouvais nier le sentiment me disant que tout ceci était mal, et que je n'aurais dû rien faire. Mais c'était également une expérience hors du commun. Le seul problème était l'instinct du loup. C'est triste à dire, mais une partie de moi rêvait de sentir la chair humaine entre mes crocs acérés, les cris de sorciers agonisant et leur sang chaud s'écoulant sur le sol. J'en avais l'eau à la bouche. Sentir l'odeur du liquide carmin couler dans leurs veines excitait mes sens. Seule ma raison humaine me permettait de garder le contrôle sur cet instinct, de le contenir par n'importe quel moyen, même si cela signifiait lui envoyer les visions d'une douce portée de louveteaux.

Alors que j'avançai toujours tapie dans l'ombre, je pensais à l'effet que laisserait cet instinct sur moi. L'instinct du loup serait-il toujours ancré dans un coin secret de ma nature ? M'affecterait-il ? Quels en seront les effets si je renouvelais souvent l'expérience ? Et s'il venait à prendre le dessus sur ma forme humaine ? Aurais-je encore la force de contenir ce désir d'étencher ma soif ? Ce désir de tuer ?

Pouvait-il forcer un humain à agir contre sa volonté ? Je frissonnai.

Cette question résonnait dans ma tête, lorsque les rues étroites de Londres entrèrent dans mon champ de vision. Tom me guidait toujours à travers les ténèbres. Nous glissions comme des spectres, ombre après ombre, rue après rue, de façon à ne pas être repérés. Mais mon esprit n'était pas tourné vers les sorciers qui auraient pu nous voir. Il était focalisé sur Tom. Le pouvoir qui émanait de son corps se faisait davantage ressentir. Peut être qu'un sorcier pouvait prendre goût à la poudre de Coranimag. Qu'arriverait-il à la personne ? L'instinct du loup deviendrait alors aussi puissant même sous forme humaine. Est-ce ce qui a rendu Tom si… fervent de magie noire ?

J'étais seulement sous cette forme depuis presque trente minutes, et mon corps commençait déjà à apprécier la puissance dégagée par le loup. Je prenais goût à ma silhouette musclée et élancée, la chaleur de ma fourrure protectrice, mes sens décuplés et mon odorat aigu avec lequel je ressentais parfaitement les émotions intenses des humains, leur frayeur ou leur joie. Un sorcier pouvait aisément vivre sous cette forme sans se lasser de cette puissance. Et devant son aisance, il ne fait aucun doute que Tom avait déjà utilisé cette poudre auparavant. Et si c'était le cas, pendant combien de temps exactement ?

J'observai chacun de ses pas effectués avec adresse et essayai de calquer ma démarche sur la sienne. Tom s'arrêta enfin derrière les fourrés d'un parc situé en face de King's Ross. Je fixai la gare pendant un instant, étonnée d'être arrivée en si peu de temps.

"Très bien," dit-il comme s'il donnait des instructions à un bataillon de soldats, "pour retrouver ton apparence normale, il faut penser être à nouveau humain, et surtout le vouloir. Comme j'ai plus de pratique, je n'aurais donc aucune difficulté, mais ça ne sera pas ton cas. Tu auras besoin de temps et c'est pourquoi je t'ai fait te dépêcher. Il y existe un autre moyen de reprendre forme humaine, mais je le réserve aux cas d'urgence."

Lorsque mon regard de prédateur croisa à nouveau ses yeux sombres, je sursautai de stupeur et me retins de lui bondir dessus. Toute trace d'instinct animal avait disparue et ils étaient redevenus plus humains que jamais. "Qu'est-ce qu'il peut être exaspérant!" grondai-je en voyant ses lèvres s'étirer en un sourire moqueur.

Cependant, il n'avait pas pu comprendre. J'étais loup, lui sorcier. Et la règle voulait que seul le langage entre loups ou entre sorciers fonctionne. J'aurais pu lui lancer quelques répliques acerbes sans qu'il ne le sache, mais je n'en fis rien. Ma mère avait bien fait les choses et son éducation était trop forte pour me laisser profiter de la situation. Je soupirai, et souhaitai redevenir sorcière de toutes mes forces.

Rien ne se passa.

J'essayai encore, concentrant toute mon énergie à la tâche alors qu'une douleur envahissait mon corps. La transformation avait presque fait son effet. La colère commença à me submerger et je me concentrai encore et encore, sans obtenir de résultat si ce n'est plus de souffrance. Le loup, que je sentais plutôt être louve, ne voulait pas me quitter.

La voix de Tom revint hanter mon esprit. Tu dois le vouloir Rushton. Je le fixai, fermai les yeux et laissais les souvenirs gagner mon esprit.

Je pensai à la caresse du vent entre mes longs cheveux et la sensation de l'herbe contre mes pieds. Mais tu peux aussi ressentir cela maintenant, fit la voix d'une louve au pelage de feu, cachée dans l'ombre de mes pensées. Je me souvins du goût des fruits, des cakes de ma mère ou d'autres aliments que j'aimais tant déguster. C'est aussi possible. Reste avec moi ! Je suis si seule ! Je pensai aux rires, aux larmes et à tout ce dont un loup serait incapable de faire, mais elle restait là, et répondait à chacune de mes attaques par un autre argument.

"Non !" criai-je, "je veux à nouveau retrouver forme humaine !" Ma voix s'était élevée claire et forte, accompagnée par une nouvelle vague de souffrance, tels les crocs acérés d'un loup se refermant sur ma gorge. Ma tête tournait, je sentis la terre vaciller sous mes pieds et mon dos percuta le tronc d'un arbre. Pendant un moment, le silence régnait autour de moi. Les oiseaux ne chantaient plus. Même l'araignée qui rampait sur le dos de ma main restait immobile, comme si son petit cerveau s'était arrêté de fonctionner.

Je gémis. Attendez une seconde, me dis-je en reprenant mes esprits, ma main !

Je fixai mes doigts fins, ma main puis mes membres. La fourrure avait disparue. "J'ai réussi !" m'écriai-je en me redressant complètement, heureuse d'être à nouveau moi même et en un seul morceau. Je touchai vivement mes joues puis mon visage tout entier, rassurée par la douce sensation d'une peau lisse contre mes doigts.

Je m'arrêtai. Tom était en train de m'observer, et son sourcil relevé en disait long sur son état d'esprit.

"Amusant," dit-il narquoisement. Grrrr maudit soit-il ! "Si ce n'est pas pathétique." Ses yeux luisaient de cette même lueur écarlate, celle qui me faisait tant frémir. Son regard semblait scruter les profondeurs de mon âme. "Franchement Rushton, reprends toi. Comme si crier que tu veux redevenir humaine ne te suffit pas, il faut maintenant que tu bondisses comme l'un de ces stupides moldus à moitié ivre."

Je le fixai, oubliant ma joie devant son commentaire. "J'espère te voir disparaître un jour Riddle, te voir disparaître et oublié de tous," lui criai-je d'une voix furieuse.

Un claquement bref rompit le silence qui s'était installé. Je n'avais pas vu venir sa main qui entra en contact avec ma joue d'une façon très déplaisante.

"N'ose plus jamais me parler de cette façon," articula t-il lentement. "Un jour, tu regretteras chacun des mots vils et répugnants que tu as osé prononcer devant moi. Et lorsque ce jour viendra Rushton, tu prieras le ciel pour que la pitié au fond de mes yeux s'accorde avec ta stupidité."

Avant qu'il ne s'éloigne vers King's Ross, je vis la lueur écarlate disparaître et ses yeux recouvrer leur sombre couleur. Mais ce noir si familier était teinté d'un soupçon de douleur mêlé de peine. Ou peut être était-ce simplement ce que mon cœur me faisait ressentir. Une illusion.

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Je pensai à la teinte rubis qui s'imposait souvent dans son regard, et me demandai pourquoi je ne l'avais jamais remarquée auparavant.

Les yeux sont le reflet de l'âme.

Et celle de Tom doit être hantée par les tourments. A chaque fois que cette teinte carmin revenait, elle était plus vive, plus intense et me faisait davantage trembler. Je n'osai imaginer ce que cachait cette lueur, ni le sombre côté de sa personnalité. Mais la petite voix de ma conscience me forçait à regarder les choses en face. Elle ne cessait de me rappeler à qui ces yeux rubis me faisaient penser. Lord Voldemort se manifestait-il à travers ce regard ? Prenait-il le contrôle ? Et Tom aimait avoir le contrôle, imposer sa volonté sur le déroulement des événements, imposer sa présence. Ou peut être était-il… effrayé ? Effrayé par lui-même et par ce dont il était capable de faire. Peut être menait-il un combat contre lui-même, contre le loup qui sommeillait en lui, et qui était devenu trop puissant pour que la balance puisse à nouveau s'équilibrer.

Tant de questions et si peu de réponses… et je suis mal partie pour pouvoir un jour les obtenir ! Oh diable ! Maintenant c'est le trouble total.

Je sortis de mes songes et le suivi, une main sur ma joue encore douloureuse. J'avais mal, mais c'était une autre blessure. Je retins les larmes qui commençaient à perler au coin de mes yeux, et ne montrais rien. Ma douleur était une parmi tant d'autres. Je l'acceptais. Cette pensée me conforta et m'attrista également, alors que je voyais l'herbe effleurer le bas de ma robe. Puis cette herbe fut remplacée par de la pierre, et la pierre par des pavés lorsque je descendais les marches d'un large escalier menant à King's Ross. Tom attrapa un chariot, plaça nos affaires de cours à l'intérieur et commença à marcher vers la plate-forme Neuf Trois Quarts. Quand avait-il eu l'occasion d'emporter nos affaires ? Il était décidément plein de ressources. Je me questionnais mais obéis docilement lorsqu'il me fit signe d'approcher.

"Vite Rushton. Nous devons nous dépêchez si nous voulons les places idéales. Mes amis ont sans doute dû attendre pendant tout ce temps."

J'acquiesçai l'air anxieuse, essayant de paraître aussi soumise que possible tout en évitant son regard. Lorsqu'il le remarqua, ses pas s'arrêtèrent. Je ne pu m'empêcher de relever la tête, et mes yeux croisèrent les siens. Je pouvais nettement imaginer ses deux rubis en train de me scruter, mais son regard demeura aussi noir que la nuit.

"Je… suis désolé Rushton. Je n'aurais jamais dû perdre mon sang froid. C'est juste que tes paroles… ont été profondément blessantes. Ce genre de menaces m'importe peu, mais le fait que… venant de toi… Laisse moi voir où tu as mal," finit-il en m'attirant vers lui, de façon à ce qu'il puisse voir ma joue. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je me retrouvais contre lui, mais je me détournai. Un air froissé traversa ses yeux.

Pendant un moment, je me sentais mal. Moi, Virginia Weasley faisais face à un sorcier qui, un ; allait devenir le plus grand mage noir de tout les temps, deux ; luttait contre lui-même pour conserver toute sa lucidité d'esprit. Merlin, que dois-je faire ?

"Virginia," murmura t-il dans un souffle en me saisissant le menton pour me forcer à le regarder.

Je dû agir correctement car lorsque je répondis, "très bien Riddle, puisque je ne peux pas rester fâché contre toi très longtemps," un sourire apparu au coin de ses lèvres. Il m'observait toujours debout devant le passage, ce qui attira l'attention de quelques curieux. Puis ils passèrent leur chemin, et nous fîmes de même en franchissant la barrière.

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TBC...

Et voilà pour aujourd'hui! J'espère que cette suite vous plaît! Quant aux personnages... "héhé" ne vous fiez pas aux apparences! Bon j'avoue, Tom qui s'excuse c'est assez inhabituel mais n'oubliez pas qu'il ne fait jamais rien de désintéressé... peut être cherche t-il à gagner la confiance de Ginny ?Allez savoir lol, et si c'est le cas, dans quel but? Je ne dis rien de plus! Mais vous, vous pouvez toujours me donnez votre avis...

Sur ce, biz à tous et à bientôt!