Voilà un chapitre qui a tourné d'une manière inatendue (c'est à croire que ce n'est pas moi qui écris des fois ...). En effet, je pensais que cet épisode occuperait un demi-chapitre et qu'on arriverait à Gongaga plus vite ... Mais bon, voilà un petit spécial Rufus (alors qu'à l'origine je comptais m'occuper plus de Reno et Rude, tandis que Rufus ne devait pas trop apparaître). Enfin, les Turks seront de retour en force au prochain chapitre et on va enfin découvrir un peu Lida qui brille par son absence heum... Sinon, désolée de ma lenteur, le chapitre a été écris de façon fragmentaire " et le prochain n'arrivera pas avant le mois d'août, étant donné que je pars en vacances cinq semaines !

Je tiens à remercier les trois personnes qui ont fait des reviews o c'est toujours très motivant ! (et je suis bien contente de savoir qu'il n'y a pas trop de fautes ! fiouuu)

Et pour finir : les personnages de Final Fantasy VII ne m'appartiennent pas :p


Les affaires allaient très bien pour Rufus depuis quelques temps. Il s'était assuré deux contrats dans le secteur 5, avait détruit un laboratoire secret de la Maldin grâce aux Turks et débusqué la soeur jumelle d'Abia Feather. Depuis, il n'avait eu aucun contact avec Rika Maldin, ni avec un autre de ses concurrents et il se planifiait une petite promenade, sûrement au Gold Saucer, afin de relaxer un peu. Cela faisait déjà longtemps qu'il n'avait pas vu ses Chocobos d'élevage courir et quelques petites paris lui feraient le plus grand bien. Seul dans son bureau, Rufus Shinra contacta son chauffeur, puis les aviateurs de Junon, afin qu'un avion soit à sa disposition le plus tôt possible. Enfin, il saisit sa canne et jugea qu'un ou deux Turks seraient les bienvenus pour l'accompagner au Gold Saucer.
- Quel est votre nom ?

- Pardon ?

- Votre nom, s'il vous plaît.

- Euh ... Raine Highsky, dit Raine, rougissait un peu. Et vous, comment vous appelez-vous ?

La jeune femme ignorait pourquoi cet inconnu voulait savoir comme elle se nommait, mais elle ne comptait certainement pas flirter durant ses heures de travail.

- Signez ici, ordonna froidement celui qui était en fait un livreur.

- Vous dites ? demanda Raine, qui ne comprenait pas où voulait en venir l'homme.

- Signez, répéta-t-il, agacé.

- D'accord. Mais vous ne m'avez toujours pas dit votre nom.

L'inconnu ne répondit pas, fourgua un gros colis dans les mains de Raine (qui comprit enfin qu'il était livreur !) et se dirigea vers la porte sans un mot. Au dernier instant, il se retourna et jeta un coup d'oeil morne à la jeune femme.

- Vous êtes sûre d'être une Turk ?

- Bah oui ... répondit Raine, sortant sa carte d'identité de la Shinra. C'est marqué là ...

- Quel gâchis ...

L'homme blond, drôlement habillé pour un livreur, remit ses lunettes de soleil sur son nez et quitta à toute vitesse le bureau de Raine. Cette dernière, encore un peu étonnée, examina le paquet qu'on venait de lui remettre : il avait été expédié par une compagnie nommée "RAY-BAN", qui était en fait une filiale de la Shinra. La jeune femme, ne voyant pas à qui s'adressait ce paquet, ouvrit la boîte et, après avoir retiré quelques feuilles de papier bulles, aperçut quelques dizaines de lunettes de soleil neuves et prêtes à servir. De toute évidence, Rude avait jugé que son stock actuel ne survivrait pas à ses prochaines missions et il avait jugé plus prudent de commander. Amusée, Raine alla porter le colis dans le bureau du Turk chauve, qui était parti avec Reno, Lida et Elena à Gongaga.

- Savez-vous qui était ce livreur ? demanda soudain Tseng, qui avait apparu dans l'embrasure de la porte.

- Non ... je devrais ?

Tseng sourit, ce qui était rarissime, puis il expliqua :

- Il s'agissait de Cloud Strife.

- Le Cloud Strife ? s'exclama Raine, hébétée.

- Celui-là même.

- Alors il n'est pas un simple livreur, il s'agit d'une couverture, n'est-ce pas ?

- Non. Il est vraiment livreur. Il a toujours refusé de travailler avec nous, malgré les offres plus qu'alléchantes que lui a fait le président. Allez savoir pourquoi ...

Reno, Rude et Elena avaient souvent parlé du groupe AVALANCHE à Lida et Raine, leur racontant comme il avait vaincu Séphiroth deux ans et demi plus tôt. Et même si Raine savait parfaitement que Cloud, Tifa et Barret vivaient à Midgar, elle n'aurait jamais cru en croiser l'un d'entre eux durant sa vie. Ils étaient un peu devenus des légendes pour elle, Lida et bien d'autres personnes, et ne faisaient pas tout à fait partie du monde réel.

- Vous avez vu un fantôme, mademoiselle Skyhigh ?

Le président en personne venait d'entrer dans le bureau de Rude, où Raine venait de déposer la boîte de lunettes. Tseng salua sobrement Rufus Shinra, tandis que la jeune Turk se pencha à s'en frapper la tête au sol, avant de se relever brusquement en un garde-à-vous des plus raides.

- Presque, elle vient de croiser Cloud.

Rufus regarda Raine longuement, réprimant un fou rire. Cette jeune fille lui donnait toujours envie de rire, ce devait être à cause de ses perpétuellement yeux ahuris ou de ses cheveux trop raides qui voilaient son visage. Enfin quelque chose chez elle était profondément comique (bien malgré elle !) et c'était sûrement pour cela que Reno l'embêtait tout le temps.

- Tseng, puis-je vous emprunter mademoiselle Skyhigh ?

- Faites, monsieur le Président. Nous avons fini ce que nous avions à faire.

- Très bien, nous partons dans exactement quinze minutes, Raine.

- Bien, monsieur le Président.

La jeune femme jeta un regard incertain du côté de Tseng qui l'invita à suivre le Président.


Quand Rufus Shinra arriva au port de Junon, un immense avion l'attendait, ses hélices tournant à vive allure. Deux rangées de soldats vêtus de bleu et de gris s'alignaient de la porte de l'aéroport à celle de l'avion et le Président de la Shinra effectua la courte distance assez rapidement, compte tenu du fait qu'il marchait difficilement en s'aidant de sa canne. Ce fut Raine qui l'aida à s'installer dans l'avion et qui, une fois qu'elle fut à l'intérieur elle-même, eut l'autorisation de s'asseoir à côté du Président. Quelques minutes, ils survolaient la mer à destination de Corel, là où ils prendraient le tramway qui les mèneraient à leur ultime destination, le Gold Saucer.

- Alors, que pensez-vous de Cloud ? demanda le Président qui, assit bien droit dans son siège, avait les deux mains posées sur le pommeau de sa canne.

- Je ne sais pas ... Je l'ai à peine vu, répondit Raine, assise à ses côtés.

Ils étaient seuls dans une petite cabine dont la grande fenêtre leur offrait une belle vue sur l'océan.

- J'aimerais bien qu'il travaille pour moi, c'est un garde du corps expérimenté. Mais la livraison a plutôt l'air de lui plaire, dit Rufus, haussant des épaules.

- Il ne fait rien d'autre ? ne put s'empêcher de demander Raine.

Elle était sincèrement étonnée qu'un tel héros se contente de se promener à droite et à gauche, déposant une boîte par-ci et une autre par-là.

- Il s'occupe d'orphelins, se contenta de dire Rufus, méprisant.

Raine n'osa rien rajouter, se tenant à carreaux en présence du Président.

- Êtes-vous déjà allée au Gold Saucer ?

- Jamais.

- Alors cela devrait vous surprendre un peu au début, dit le Président de la Shinra. Mais c'est un lieu très intéressant pour qui sait s'en servir.

La jeune Turk n'était pas tout à fait sûre de comprendre comment on pouvait "se servir" du Gold Saucer, bien qu'elle supposait que cet endroit rapportait beaucoup d'argent à Rufus Shinra. Ce dernier fut silencieux quelques instants, observant la mer et songeant à toute cette eau dont il disposait. L'esprit du Président de la Shinra avait subi quelques évolutions depuis les deux défaites de Séphiroth et la quasi-destruction de la terre. Ainsi, avait-il décidé de ne plus utiliser d'énergie Mako - du moins, temporairement - et d'investir dans des méthodes plus écologiques, mais Rufus Shinra continuait quand même de considérer Gaïa entière comme son terrain de jeu. Midgar lui appartenait, l'océan était là uniquement pour lui et le soleil ne brillait que pour fournir en énergie ses plaques solaires, et non pour faire bronzer les touristes à Costa del Sol. Si cela avait pu être vrai trois ans auparavant, les choses avaient bien changé depuis et la Shinra avait perdu beaucoup de son influence. Enfin, personne ne parvenait exactement à déterminer ce que Rufus pensait et, en regardant l'océan, il pouvait tout aussi bien songer à changer de fauteuil présidentiel qu'à assassiner ses concurrents. La seule chose dont Raine fut certaine, c'est que peu importe la nature des pensées du Président, elles furent interrompues par la sonnerie de son téléphone portable, dont le numéro n'était connu que d'un nombre restreint de personne.

- Allô. Avez-vous trouvé ce que nous cherchons ? Bien, il n'y a eu aucun imprévu ? Ah ! Très bien, restez en poste, je passerai en personne demain et je vous ramènerai mademoiselle Skyhigh. Non, Tseng est encore à Midgar. Ne faites rien avant mon arrivée, à moins d'une urgence. Bien.

Puis il raccrocha et dit, en guise d'explication :

- Nous irons au village de Gongaga demain. Vos collègues ont repéré des agents de la Cornéo près du réacteur.

Raine et Rufus n'échangèrent plus un mot durant le reste du trajet et seule la vision animée et scintillante du Gold Saucer les sortit de leur mutisme. L'endroit était toujours aussi animé et bondé que d'habitude et Raine fut tout d'abord surprise de devoir sauter dans une sorte de toboggan multicolore afin de se rendre au stade où se déroulaient les courses de Chocobo. Le Président avait décidé de miser gros, histoire de s'amuser un peu, et il rencontra Esther, celle qui s'occupait de recruter les jockeys qui monteraient les chocobos de la Shinra. Pendant ce temps, Raine examinait les tableaux qui annonçaient les courses à venir, les statistiques concernant les Chocobos et leurs cavaliers, ainsi que les résultats des courses précédentes. Elle ne comprenait pas grand-chose au jargon sportif, mais constata rapidement que les Chocobos de la Shinra étaient parmi les plus rapides, bien qu'ils ne parviennent jamais à détrôner un certain Joe, jockey indépendant.

- Est-ce que vous pariez mademoiselle ? demanda la préposée, qui lorgnait outrageusement Rufus.

Derrière son comptoir, elle avait l'air d'un canari dans son ridicule tailleur jaune. Raine la dévisagea et répondit :

- Non, je vais me contenter de regarder.

- Et le monsieur qui vous accompagne ... ?

- Nous verrons, dit la jeune Turk, sans pouvoir réprimer un rire sec.

Le Président de la Shinra finit son entretien à cet instant précis et, en un claquement des doigts, se fit amener une petite mallette noire que Raine fut chargée d'ouvrir et d'exposer sur le comptoir des paris. La préposée rougit, tandis que Rufus Shinra, l'air suffisant, annonçait ses choix :

- 10 000, sur le numéro deux, Rya. 20 000 sur Poli, le numéro six et 15 000 pour le numéro trois, Giha.

Ces gros chiffres attirèrent l'attention des personnes aux alentours et même des joueurs qui dilapidaient tout leur argent dans les petits jeux que proposaient le Gold Saucer. Certains reconnurent le Président de la Shinra, dont le visage était quand même omniprésent à Midgar et dans la plupart des villes de Gaïa, mais d'autres ne virent que la mallette et les billets dépensés. Cependant, alors que Rufus se tournait vers Raine afin de lui confier les billets qui officialisaient ses paris, un grand homme, un peu bedonnant et légèrement chauve, posa brusquement sa main sur le comptoir et se posta devant le Président de la Shinra, qu'il dépassa d'une bonne tête. Un sourire niais animait son visage et découvrait ses dents jaunes, mais ses yeux noirs et luisants indiquaient trahissaient son apparence et laissaient entrevoir un homme intelligent et surtout dangereux. Raine se posta à la droite de Rufus, tandis que l'inconnu déclarait :

- 30 000 sur le numéro quatre, Joe.

Il toisa Rufus et étala ses gils sur le comptoir, bien à la vue de toutes les personnes présentes. Le Président de la Shinra, nullement impressionné, fouilla dans son manteau et extirpa nonchalamment de sa poche intérieure un paquet de billets qu'il jeta négligemment sur le comptoir, comme si cela n'avait été pas grand-chose.

- 10 000 de plus sur Poli, annonça Rufus Shinra.

- 10 000 de plus à perdre, mon cher petit monsieur.

Raine aurait pu mettre sa main au feu que c'était la première fois que quelqu'un appelait Rufus "mon cher petit monsieur". Toutefois, le Président ne broncha pas et, saisissant sa canne, alla s'installer dans une petite loge qui lui était réservée et qui lui offrait, bien évidemment, la meilleure vue sur la course des Chocobos. Le spectacle était fort intéressant, puisqu'il s'agissait de la classe S, où se retrouvaient seulement les meilleurs jockeys et montures. L'effervescence fut telle que Raine se surprit à applaudir quand ce fut Poli et son Chocobo doré qui franchirent la ligne d'arrivée les premiers. Rufus eut à peine un sourire en coin dont la source n'était pas le joli montant qu'il venait de gagner (trois fois rien pour un homme à qui appartenait la plus grande multinationale de Gaïa), mais plutôt son orgueil satisfait de cette victoire sur l'homme qui avait parié sur Joe. Ce fut donc très hautainement que Rufus alla réclamer son prix, ignorant avec superbe son "adversaire", comme seul lui savait le faire.

- C'était tout simplement de la chance, persifla l'inconnu, essuyant du revers de la main la sueur qui perlait sur son front.

Ses yeux noirs, braqués sur Rufus, exprimaient tout son mécontentement.

- Tout le monde sait que les Chocobos de la Shinra sont lents comme des bêtes à qui on aurait cassé une patte ... Un peu à l'image de leur cul-de-jatte de président !

L'insulte était grossière, assez peu fondée et pleine de mauvaise foi. Tout de même, elle enflamma le Président de la Shinra qui, piqué à vif, retira son gant gauche et l'utilisa pour gifler la joue de l'insolent homme. Raine, surprise que son patron réagisse de la sorte, lui lança un regard interrogateur auquel Rufus ne prêta pas attention.

- Je vous provoque en duel, monsieur. Je vous retrouve dans dix minutes au Battle Square.

Il n'ajouta plus rien et, s'appuyant sur sa canne, quitta l'arène des Chocobos, suivi de près par Raine qui n'en croyait pas ses oreilles. Les autres soldats de la Shinra qui les accompagnaient échangèrent des regards interloqués et accompagnèrent leur patron sans broncher. Rufus avait autrefois eu cette habitude de provoquer en duel tous ceux qu'ils jugeaient trop "impertinents" à son égard, mais depuis son accident lors de l'écroulement du QG de la Shinra deux ans plus tôt, il avait perdu cette étrange manie. Et même si il avait quitté son fauteuil roulant et que ses légions de médecins et de divers spécialistes de la santé avaient bon espoir qu'il retrouve ses forces d'antan, Rufus Shinra marchait encore à l'aide d'une canne et peinait toujours à se déplacer.

- Monsieur, vous êtes sûr que vous aurez la ... enfin que vous pourrez ...

- Ne vous en faites pas, j'ai fait beaucoup de progrès ces derniers temps, déclara Rufus, très sûr de lui-même.

- Tout de même, monsieur le Président, c'est peut-être un peu trop précipité ! insista Raine, poussant l'audace jusqu'à saisir le bras du président.

Ce dernier sursauta, bien qu'il continuait à marcher tant bien que mal. Un léger rictus retroussa ses minces lèvres et il déclara, sans chercher à cacher son amusement :

- Faites-moi un peu confiance, vous travaillez pour moi après tout !

Évidemment, Raine savait que Rufus Shinra était loin d'être un idiot. Mais son orgueil l'avait peut-être emporté ...

Quinze minutes plus tard, dans le Battle Square, le président de la Shinra avait remis sa canne à sa garde du corps qui, perplexe, prenait tout de même les paris sur l'enjeu du combat à venir. Une petite troupe de curieux s'était massée autour de Raine qui notait soigneusement les mises dans un calepin qui lui avait gracieusement prêté la fille qui vendait les billets de l'arène. Si le président gagnait, elle pourrait s'offrir une petite semaine de vacances à Costa del Sol et pourrait même se payer le luxe de louer une villa en bord de mer.

- Je suis désolée, madame, mais les mises de départ doivent être au moins de 500 gils, sinon vous ne pouvez pas parier, expliquait Raine quand son téléphone portable se mit à sonner.

Elle le sortit de sa poche et, rangeant soigneusement son calepin et ses billets, elle annonça aux parieurs :

- Le bureau est fermé, je suis désolée ! Le combat devrait commencer dans quelques minutes !

Puis elle s'éloigna, choisissant un coin tranquille de la Battle Square pour répondre à l'appel - en l'occurrence le ridicule musée de Joe.

- Allô.

- Allô, Raine. Ici, Tseng. Tout va bien de votre côté ?

- Euh oui ... Le Président s'amuse beaucoup.

- Il s'amuse ?

- Eh bien ... Je vous jure que j'ai essayé de l'en dissuader, mais il a beaucoup insisté ...

- Ne me dites pas qu'il a embarqué sur un Chocobo !

- Oh non. Il ... va se battre dans la Battle Square. Un monsieur l'a provoqué ...

- Quoi !

- J'ignore de qui il s'agit, mais il n'a pas l'air très fort.

- Je vous rappelle que le Président a quitté son fauteuil roulant il y a à peine deux mois !

- Ne vous en faites pas monsieur, j'interviendrais si jamais cela devait tourner mal.

- Vous faites mieux. Prévenez-moi dès que ce combat sera fini.

- Bien, monsieur.

- Je vous appelais pour dire que je vais à Gongaga. Nous nous reverrons là-bas.

- Très bien, monsieur.

- Bonne chance, Raine.

La jeune Turk raccrocha, un peu piteuse. Elle retourna vers l'aréna, où le combat allait commencer d'un instant à l'autre. Rufus Shinra avait mis de côté sa canne et son long manteau gris clair et il effectuait quelques mouvements de réchauffement qui ne démontraient peut-être pas une grande force mais au moins une étonnante souplesse pour quelqu'un qui était encore en rééducation. Raine s'approcha du Président, espérant pouvoir lui glisser un mot avant qu'il ne serre la main de son adversaire et que le combat ne débute. Lorsque Rufus l'aperçut, il eut un sourire narquois, ce qui dans son langage à lui (qui était très particulier, il va sans dire) signifiait une extrême bonne humeur et un contentement sans bornes.

- Raine, j'ai cru comprendre que vous aviez vous aussi effectué quelques paris.

- Eh bien, c'est que ...

- Excellent initiative ! s'exclama Rufus, dont les yeux pétillaient. Qui était-ce au téléphone ?

- Tseng. Il désapprouve ... la situation, dit Raine, se raclant la gorge.

- Vous devriez tous faire un peu plus confiance à votre Président !

Sur ce, il bondit sur le ring, d'un mouvement vif et ample qui étonna la jeune Turk. Cette dernière souffla vainement : "Monsieur le Président ...!", mais il était plus qu'évident que Rufus Shinra ne l'écouterait pas, pas plus que tout autre personne présente dans la salle. Se sentant un peu inutile, Raine observa la petite cérémonie qui précéda le combat. Le protocole était plutôt simple : les deux adversaires s'inclinaient l'un devant l'autre et se serraient ensuite la main, ce qui fut une manoeuvre très brutale dans le cas du Président de la Shinra et de son "ennemi" inconnu. Il dut bien y avoir une ou deux phalanges de briser ...

- Est-ce que vous savez qui est cet homme ? demanda alors Raine à l'assistance qui était de plus en plus nombreuse.

- C'est le manager de Joe.

- Il est extrêmement riche !

- On dit qu'il possède des centaines de Chocobos !

Raine croisa les bras sur sa poitrine, réfléchissant. Bien qu'elle n'était pas particulièrement attirée par les courses de Chocobos, elle connaissait, comme un peu tout le monde, le jockey Joe. Son manager et lui étaient les coriaces rivaux de l'écurie Shinra, ce qui signifiait que Rufus et l'homme devaient déjà se connaître un peu. Mais la jeune Turk n'eut guère le temps de méditer plus sur le sujet, car les hostilités furent engagées et le combat auquel tout ce beau monde assista fut certainement un des plus originaux de toute l'histoire du Gold Saucer. Le manager de Joe - qui s'appelait Orio Rex , comme devait l'apprendre Raine - dépassait d'une bonne vingtaine de centimètre Rufus qui sut parfaitement mettre à profit sa petite taille. Après quelques échanges infructueux de coups de poings et de coups de pieds, Rufus asséna un habile coup de canne derrière les genoux de son adversaire qui céda et tomba. Toutefois, Orio, avec ses longs bras, attrapa le Président de la Shinra par le pantalon et parvint aussi à le mettre à terre. À ce moment, on eut pu supposer que le manager d'Orio profiterait de son important poids pour écraser Rufus qui, encore handicapé, peinait à se relever, mais Orio voulut plutôt récupérer la canne Shinra, afin de priver son ennemi d'arme. Manoeuvre douteuse, s'il en est, qui permit à Rufus de se remettre sur pieds et, bien qu'il fut un peu chancelant, il courut vers sa canne et, à la grande surprise de tous et surtout de Raine, parvint à la reprendre des mains d'Orio. Si ce dernier décida enfin de se mettre debout, Rufus ne perdit pas un instant et, réunissant des forces étonnantes pour quelqu'un qui avait subi un quasi-mortel accident deux ans et demi auparavant, frappa son rival au ventre avec le pommeau de sa canne. Le Président de la Shinra avait su où viser et Orio s'écroula, peinant à respirer, et marmonnant entre ses dents qu'il déclarait forfait.

Complètement ahurie, Raine n'oublia cependant pas de récolter tout l'argent qu'elle venait de gagner grâce à la victoire du président. Quand elle en eut plein les mains et que Rufus Shinra eut quitter le ring, la jeune Turk s'avança vers le président, encore hébétée de ses prouesses physiques.

- Monsieur, je suis sûre que vous pourriez vous passer de votre canne !

- Sûrement, mais j'aime beaucoup l'air que j'ai en marchant avec cela ... Et puis les gens ne se méfient pas d'un homme qui marche difficilement.

- C'était épatant !

La naïveté de Raine fit sourire Rufus qui jugea qu'il était temps pour eux de s'en aller.

- Je crois qu'il est temps pour nous d'aller à Gongaga, Raine. Nous nous sommes assez amusés pour aujourd'hui, déclara-t-il, en renfilant ses gants sans se soucier de l'homme qui gisait à ses pieds et qui soufflait comme un boeuf asthmatique en pleine crise.

Raine, pourtant habituée aux émotions fortes et rompue aux plus périlleux exercices, ne put réprimer un soupir de soulagement. Elle enjamba le vaincu, fouilla ses poches et en sortit une liasse de gils en expliquant :

- La prime du vainqueur, vous comprenez monsieur Rex.

Raine tendit les billets à Rufus qui lui offrit une généreuse commission.

- Merci. Vous êtes encore un peu impressionnable, mais vous devriez être bientôt aussi efficace que Reno et Rude. Enfin, je préférerais que vous ressembliez plus à Rude. Nous avons assez d'un Reno.

Sur ce, Rufus Shinra, sa garde du corps et les quatre fantassins qui les avaient accompagné quittèrent le Gold Saucer les poches pleines de billets.


Et voilà ! On se retrouve à Gongaga après les vacances ! Bon été !