Chapitre 12
Samedi 25 novembre, 20h45, appartements du professeur de potions
Severus Snape se versa un verre de cognac et s'installa sur son canapé. Un tantinet d'alcool l'avait toujours aidé à réfléchir, or il avait bien des choses auxquelles réfléchir. Deux magnifiques yeux ambrés, par exemple... ou encore des mèches de cheveux couleur miel, striés de gris très clair par endroits. Un corps qu'il devinait frêle mais fort, des hanches fines et délicates, un visage d'ange...
Cela faisait des mois qu'il évitait de croiser Remus Lupin lorsqu'il se rendait à Grimmauld Place, des mois qu'il se torturait au sujet des sentiments qu'il éprouvait pour le loup-garou...
20h50, appartements de Remus
Le loup-garou en question tournait dans son salon comme un animal en cage. Il avait bien remarqué les regards que lui jetait Severus par moments. Il avait d'abord cru qu'il s'agissait de haine, mais s'était vite rendu compte qu'il s'agissait plutôt de... désir ? À cette seule idée, son cœur s'emballait, son corps se réchauffait et il n'avait qu'une envie : se jeter sur ces lèvres tentatrices et les dévorer.
20h55, appartement de Severus
Le maître ès potions se versa un autre verre. Désir ? Passion ? Amour... ?
Il vida son verre d'un coup. Non, pas de l'amour.
21h00, du côté du loup-garou
Le coeur de Remus se serra. Il se sentait coupable de trahison envers Sirius d'aimer le pire ennemi de ce dernier. Car il était bel et bien amoureux de Severus.
Il inspira à fond puis réfléchit. Sirius était mort plus d'un an auparavant. Soit, il l'aimait, mais il n'avait jamais eu le courage de le lui dire. Sirius n'avait jamais su. Remus ne voulait pas prendre le risque de perdre Severus sans lui avoir révélé ses sentiments.
Son cœur fit un dernier adieu à Sirius et il ouvrit la porte de ses appartements.
Au même moment, chez Severus
Il vida un autre verre. Amour. Définitivement amour.
21h10, devant le tableau menant aux appartements de Sev'
Remus resta un moment figé, hésitant, puis frappa contre le tableau.
« Qui est-ce ? » entendit-il. Severus ne semblait pas très heureux qu'on le dérange. Mais l'ancien professeur de DCFM ne pouvait plus reculer, maintenant.
« C'est Remus, il faut absolument que je te parle, Severus ! »
Un silence. Un long silence. Très long. Trop long. Remus était sur le point de faire demi-tour quand le portrait bascula, faisant place à une ouverture. Sans hésiter, Remus entra.
Appartements de Salazar Slytherin
« Zaz', je peux te poser une question? »
Harry et Salazar étaient installés sur un canapédevant la cheminée, dans les bras l'un de l'autre. Harry était très nerveux. Il ne savait pas comment allait réagir son amant.
« Tout ce que tu veux, amour. »
« Tu n'as jamais regretté de ne pas avoir élevé ton fils? »
Salazar fixa Harry d'un air Crabbien (ou Goylien, si vous préférez. De toute façon ça revient au même). Il ne s'attendait pas à ce genre de question. Après un instant, il répondit tout de même.
« Bien sûr. Ç'a été la chose la plus dure à faire... De le laisser chez sa tante... »
« Et tu n'as jamais pensé à ravoir un enfant ?» poursuivit le Gryffindor.
« Si bien sûr. Mais ce n'est pas le plus important pour moi, tu sais. Du moment que je suis avec la personne que j'aime... » répondit Salazar, passant tendrement sa main sur la joue de son amant puis l'embrassant.
Appartements de Severus
Remus pénétra dans la pénombre de la pièce, éclairée uniquement par le feu de la cheminée. Il chercha Severus des yeux en vain puis entendit le portrait claquer derrière lui. Il se retourna pour découvrir un Severus appuyé contre le dos du tableau, un regard affamé fixé sur lui.
« Assieds-toi donc, Remus, je t'en prie, » dit Severus. Sa voix un peu plus basse que d'ordinaire envoya des frissons dans la colonne vertébrale du loup-garou.
Ce dernier prit place dans le canapé où il fut rejoint par Severus. Il remarqua distraitement la bouteille à moitié vide de cognac posée sur la table basse puis se tourna vers le ténébreux homme à ses côtés. Leurs regards se croisèrent. Les mots franchirent leurs lèvres au même instant.
« Je t'aime. »
Et ils s'embrassèrent fougueusement. Les mains du Slytherin déboutonnèrent la chemise de Remus et se baladèrent sur cette peau pâle et douce, ne prêtant pas attention aux multiples cicatrices qui marquaient Remus. Severus était au ciel de pouvoir enfin toucher cet homme qui hantait ses rêves depuis si longtemps.
Remus passa une main dans les longs cheveux de son compagnon, l'autre s'agrippant fermement au cou de l'homme. Il n'en revenait pas. Il embrassait Severus ! La main experte du Slytherin lui donnait des frissons dans tout le corps...
C'était avec joie et étonnement que Harry avait appris que Remus allait rester au château pour les vacances de Noël. Et c'est avec horreur qu'il découvrit qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait bien pouvoir offrir à l'homme qu'il aimait. C'était donc un Harry très indécis qui traînait ses meilleurs amis de boutique en boutique lors de la dernière journée à Pré-Au-Lard avant les vacances.
Hermione et Ron ne lui étaient pas d'une grande aide. La première s'obstinait à le traîner à la librairie du village alors que le second l'emmenait à Zonco, Honeyduck et aux Trois Blais. Il finit par les abandonner pour se rendre dans un magasin de vêtements dont il ressortit bredouille. Trop classique et impersonnel.
Il entra ensuite dans une bijouterie magique. Il observa avec émerveillement les divers colliers, bracelets, bagues et autres ornements exposés. Mais il finit par ressortir, n'ayant rien trouvé qui puisse convenir à l'homme qu'il aimait. Et puis à quoi lui aurait servi une bague garantissant l'amour éternel ? Il ne voulait en aucun cas falsifier les sentiments de Salazar. En plus ladite bague chantait faux...
Harry était sur le point de faire une crise de nerf. Il ne trouverait jamais rien à temps ! Il s'assit au pied d'un mur de pierre et se prit la tête dans les mains, désespéré. Soudain, il ressentit comme une altération dans la magie qui l'entourait. Le Weselt l'avait rendu beaucoup plus conscient du flux d'énergie que représente la magie. Il se retourna et découvrit que le mur de pierre contre lequel il était appuyé avait disparu et qu'à la place se trouvait la devanture d'un de ces magasins qui apparaissent et disparaissent d'un endroit à l'autre. Curieux, Harry poussa la porte et pénétra dans la sombre boutique. La poussière moutonnait sur les étagères, une lampe irradiait une lumière qui n'éclairait pas et il entendait quelqu'un marmonner avec une voix aussi grinçante qu'une porte mal huilée.
Le vendeur maugréait au sujet d'un certain mage dénommé Pincement, ou quelque chose dans le style. Il se retourna et aperçut Harry.
« Que puis-je faire pour vous ? » Demanda-t-il de sa voix de charnière rouillée.
« Heu, je cherche un cadeau pour un ami, mais je ne fais que jeter un coup d'œil, » répondit Harry. Le petit homme le mettait mal à l'aise.
Il se promena dans les rayons, s'éclairant de sa baguette, et finit par trouver exactement ce qu'il lui fallait. N'en croyant pas ses yeux, il paya l'objet au vendeur et ressortit de la boutique, qui disparut instantanément, ne laissant derrière elle que le mur de pierre.
Heureux comme un Malfoy à qui on viendrait de dire que tous les enfants de moldus avaient été virés de Hogwarts, Harry se dépêcha d'acheter les cadeaux qui lui manquaient et rejoignit ses amis aux Trois Balais. Il avait hâte d'être le 25 décembre.
