Me revoilà pour la suite ! J'espère que ça vous plaira !

Je précise que FFnet n'envoie plus de mail pour prévenir que l'on a des MP mais ça ne m'empêche pas de répondre aux reviews, mes réponses sont visibles dans votre interface de compte FFnet. N'hésitez pas si vous avez des questions ou remarques ou quoi que ce soit, je ne mords pas !

Sur ce... ENJOY !


Giovanni rouvrit la porte de la salle dans laquelle ils étaient et Adrien le suivit dans le hall de la maison. Deux des hommes qui l'avaient enlevé l'entouraient mais aucun ne le retenait. Adrien tenta un coup d'œil vers la porte d'entrée. S'il parvenait à les prendre de vitesse et à revenir à l'extérieur… Giovanni ne s'était même pas retourné mais lança d'une voix traînante :

- Ne tente rien de stupide, Adrien. Je n'ai pas envie de leur demander de te rattacher.

Giovanni était devant lui et lui tournait le dos, il n'avait pas pu voir son regard s'égarer vers la porte… Est-ce qu'il avait lancé cela par hasard ? Est-ce que quelqu'un surveillait les écrans des multiples caméras et l'avait prévenu ? Peu importe. Les gardes le poussèrent légèrement vers un escalier de marbre montant au premier étage de la maison. En haut de l'escalier, le couloir partait à la fois à gauche et à droite, entourant ce qui semblait être une pièce entière en plein milieu de l'étage. Ils contournèrent cette pièce en longeant le couloir jusqu'à arriver à l'unique porte, que Giovanni ouvrit.

- Après toi, indiqua-t-il à Adrien.

Adrien entra dans la pièce. Une grande chambre, probablement de plus de 30 mètres carrés. Adrien la détailla rapidement. Étant en plein milieu de l'étage, elle n'avait aucune fenêtre mais les multiples néons à la lumière ajustée l'éclairaient entièrement d'une luminosité qui se rapprochait du naturel. Dans un coin à sa droite, un grand lit deux places faisait face à une bibliothèque remplie de livres divers et de bandes dessinées. Face à lui, un grand bureau vide et une chaise. A sa gauche, une porte ouverte sur des toilettes. Adrien resta stupéfait quelques secondes et Giovanni ricana :

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'attendais à être retenu dans de moins bonnes conditions ?

Adrien se retourna vers Giovanni. Il ne répondit rien mais son regard hésitant semblait confirmer la question. Giovanni reprit :

- Tu n'as pas à avoir peur de moi, Adrien. C'est contre ton père que j'ai une dent, et tu es ici parce que c'est le seul moyen de l'obliger à m'écouter. J'aurais sincèrement préféré ne pas en arriver là – et on n'en serait effectivement pas là si Gabriel avait accepté de jouer franc-jeu depuis le début sans me planter de couteau dans le dos. Mais tu n'y es pour rien dans cette histoire. Comme je te l'ai dit, ne tente rien de stupide et si ton père accepte de se montrer raisonnable, tu seras de retour chez toi en un rien de temps.

Le regard d'Adrien resta hésitant mais il acquiesça d'un hochement de tête avant que Giovanni ne reprenne :

- Fais comme chez toi ici. Le lit, les livres, tout est à ta disposition. La porte sera fermée à clé mais mes gardes restent devant. Si tu as besoin de quelque chose – autre qu'un moyen de communiquer avec l'extérieur, bien sûr – tu frappes à la porte pour qu'ils t'ouvrent et tu le leur demandes. Tu as des questions ?

Il en avait des dizaines. Quand est-ce qu'il pourrait sortir d'ici, qu'allait-il demander à son père contre sa libération, combien de temps le retiendrait-il avant de s'impatienter, que se passerait-il si son père refusait de négocier… Mais il réalisait qu'il n'était pas sûr de vouloir connaître les réponses. Il se concentra sur la seule réponse qu'il désirait connaître.

- Quand vous m'avez enlevé, ma classe était attaquée par un akumatisé et Ladybug l'affrontait. On sait comment a fini le combat ? Si Ladybug s'en est sortie, s'il y a des blessés…

- Ça doit pouvoir se trouver, admit Giovanni.

Il tira un téléphone de sa poche et pianota dessus avant d'accéder à une vidéo du Ladyblog. Il se rendit tout de suite sur les dernières minutes de la vidéo et plaça son téléphone de façon à ce qu'Adrien puisse voir l'écran également. Ladybug avait une profonde coupure sur le visage mais elle était tout de même parvenue à s'emparer de l'objet akumatisé pour le briser et capturer l'akuma. Elle rattrapa dans ses bras la victime du Papillon qui s'effondrait au moment où ses pouvoirs la quittaient, avant de tout réparer, faisant disparaître sa coupure. Son regard, lui, resta épuisé et inquiet. Elle disparut et Alya retourna la caméra vers le reste de sa classe qui se réunissait et Marinette informant leur professeur qu'Adrien avait été enlevé au début de l'attaque. Giovanni ramena son téléphone vers lui et ferma l'application.

- Rassuré ?

- Oui. Merci, souffla-t-il.

- Pas de quoi.

Giovanni jeta un œil sur sa montre avant de reprendre :

- Je vais demander à un de mes hommes de t'amener un repas. Tu as des allergies ou quelque chose que tu n'aimes pas ?

D'abord surpris par la question, Adrien secoua la tête de droite à gauche.

- Parfait ! Je te laisse te reposer. Et te détendre. A tout à l'heure !

Ses gardes et lui ressortirent, laissant Adrien seul dans la pièce.


- Bon, bon, bon… souffla le père de Sabrina. On ne va pas perdre de temps.

Après avoir réalisé l'enlèvement d'Adrien, Nathalie avait appelé le commissariat le plus proche qui leur avait confirmé que Gabriel devrait se déplacer en personne pour signaler l'enlèvement de son fils. Sortir de chez lui dans de telles circonstances lui avait paru au-dessus de ses forces, mais il s'était résigné à se rendre dans ce bureau. Heureusement, il était tombé sur le père de Sabrina, l'amie de Chloé, qu'il connaissait vaguement et dont il savait qu'il irait à l'essentiel.

- Vous connaissez son ravisseur ? Quelqu'un a pu l'identifier ?

- Il ne se sera pas déplacé en personne. Mais il avait déjà enlevé Adrien il y a dix ans et je savais qu'il ne manquerait pas une occasion de recommencer.

- Son nom ?

- Giovanni Armano.

Le policier pianota sur son clavier avant de confirmer :

- La voiture qui l'a enlevé a été aperçue sur l'une des vidéos du Ladyblog, nos équipes techniques essaient d'y récupérer la plaque d'immatriculation. S'il est lié à cette plaque, on aura notre profil de suspect. Dans tous les cas, nous allons avoir les éléments pour déclencher le plan Alerte Enlèvement. Un suspect, un enlèvement avéré devant témoins, et ses antécédents confirment qu'il est dangereux. C'est le procureur qui prendra la décision finale mais je ne vois honnêtement pas de raison qu'il refuse.

Le visage de Gabriel se referma légèrement et le père de Sabrina tenta un sourire :

- Rassurez-vous Monsieur Agreste. Ce n'est qu'une histoire d'heures avant que l'alerte ne soit déclenchée, et elle n'a échoué qu'une seule fois en quatorze ans. On le retrouvera, vous pouvez en être convaincu !

Gabriel ne parut pas rassuré mais grommela :

- Le plan Alerte Enlèvement fonctionne parce que les ravisseurs se baladent en public avec l'enfant enlevé. Giovanni n'aura pas commis cette erreur. A l'heure actuelle, Adrien est déjà enfermé dans des conditions qui ne lui laissent pas la moindre chance de croiser quelqu'un.

- Vous n'avez pas encore été contacté ? De ce que vous me décrivez, cet enlèvement est une affaire personnelle et donc, il n'aura pas d'intérêt à lui faire de mal s'il veut s'en servir de monnaie d'échange… Quoi qu'il en soit, prévenez-nous si vous êtes contacté, n'essayez pas de régler ça seul…

- Mon fils a été enlevé par un psychopathe cruel et manipulateur qui ne reculera devant rien pour obtenir ce qu'il veut ! s'exclama Gabriel. Il ne se serait pas donné la peine d'enlever Adrien s'il n'avait pas l'intention de se servir de lui pour m'atteindre, vous pouvez être sûr qu'il n'hésitera pas à le torturer pour arriver à ses fins ! Donc quand il me contactera, je n'ai pas l'intention d'attendre que vos services arrivent à être plus intelligents qu'un génie qui prépare son coup depuis dix ans !

Le père de Sabrina semblait s'être ratatiné sur sa chaise devant l'éclat de colère de Gabriel mais il se ressaisit rapidement :

- Croyez-moi Monsieur Agreste. Ce n'est pas la première fois que nous traitons des enlèvements. Nous saurons gérer et vous ramener votre fils.

Gabriel ne se donna pas la peine de répondre.


Allongé sur le lit, Adrien fixait le plafond. Après avoir tourné en rond pendant quelques minutes, il avait reconnu qu'il n'avait pas grand-chose d'autre à faire que d'attendre. Des caméras étaient présentes dans chaque coin de la pièce, il ne pouvait pas faire un seul geste sans que Giovanni ne le sache immédiatement. Plagg était sorti de sa poche, ne pouvant pas être filmé, mais Adrien ne pourrait pas lui parler sans que ça n'attire l'attention. Il avait fini par s'allonger sur le lit pour essayer de faire de l'ordre dans toutes les idées et les questions qui se bousculaient dans sa tête. La vidéo prouvait que Giovanni n'avait pas menti, il l'avait déjà enlevé à l'âge de trois ans. Mais le reste de la vidéo ? Trop d'informations toutes plus sidérantes les unes que les autres, trop de preuves que tout cela était effectivement arrivé.

Son enlèvement, admettons. Le fait que son père ne lui ait jamais parlé de Giovanni. Une part de lui en voulait à son père et se disait qu'il aurait pu comprendre, peut-être même accepter, le fait d'être constamment sous protection s'il l'avait su. Mais une autre part comprenait que Gabriel ait préféré qu'il oublie tout, que peu importe ce qui lui était arrivé entre les mains de Giovanni, il ne voulait pas que son fils en ait de souvenirs au cas où ceux-ci auraient été insoutenables. Il restait la façon dont il s'était échappé. La plume. L'amok. Mayura, qu'il appelait maman pendant qu'elle lui parlait.

Sa mère avait été une porteuse du Miraculous du paon. En soi, cette information en elle-même ne le surprenait pas tant que ça. Elle lui avait souvent raconté que son père et lui avaient voyagé dans de nombreux pays de l'est asiatique avant sa naissance, il n'avait pas de mal à se dire qu'ils avaient découvert le Miraculous là-bas. Duzzu lui avait expliqué son pouvoir et elle avait eu l'idée de l'utiliser pour lui permettre de s'échapper. Ça tenait la route. Si on prenait en compte la faiblesse de Mayura lors de leurs combats et l'état de santé de sa mère, cela expliquait même beaucoup de choses.

Mais sa mère était morte et la Mayura qu'ils connaissaient était alliée au Papillon. Qu'était devenu le Miraculous du paon après la disparition de sa mère ? S'il était resté chez eux depuis tout ce temps, alors est-ce que… Non. Non non non. Ladybug avait déjà soupçonné son père d'être le Papillon. Avant qu'il ne soit akumatisé, avant qu'ils ne se souviennent que Jackady avait essayé de tuer Gabriel, avant que son père ne remarque sa bague à plusieurs reprises sans faire plus de remarques. C'était impossible. En supposant que ses parents aient possédé à la fois les Miraculous du paon et du papillon, son père ne les avait désormais plus, aucun des deux.

Mais à l'époque, sa mère possédait le paon et l'utilisait pour l'arracher des griffes de Giovanni. L'amok se logeait dans une statuette de super-héros qu'il avait dans la main. Et donnait naissance au Gorille. Son garde du corps, présent dans ses souvenirs depuis toujours. Son garde du corps était un sentimonstre. Quand Mayura avait donné naissance à une imitation de Ladybug, il avait admis que les sentimonstres étaient des êtres à part entière, doués de conscience, de sentiments, de libre arbitre. Cette révélation n'enlevait rien à la façon dont il considérait le Gorille. Mais il était dans sa vie depuis dix ans, dix ans pendant lesquels il n'avait jamais vu sa mère se transformer en Mayura. Sa mère avait pu souffrir du Miraculous cassé du paon, mais pas sans jamais se transformer ? La Mayura qu'il connaissait était intervenue dans plusieurs combats avant de s'effondrer lors de leur dernier affrontement. Est-ce que maintenir un sentimonstre en vie, même sans être transformée, avait pu venir à bout de la santé de sa mère ? Ou son porteur était-il condamné dès sa première utilisation, réduisant juste de plus en plus son espérance de vie à chaque nouvelle transformation ? Sa mère avait-elle pu mourir dix ans plus tard pour avoir utilisé le Miraculous une seule fois, alors que Mayura, apparue plusieurs fois ces derniers temps, n'avait mis que quelques mois à ne plus être en état de combattre ?

Le claquement de la porte de sa chambre le tira de ses pensées, le faisant violemment sursauter. Il se redressa face à Giovanni et deux de ses hommes qui lui amenaient un plateau avec un repas. En le voyant sursauter, Giovanni ricana :

- Je croyais t'avoir dit de te relaxer… Détends-toi un peu, il ne t'arrivera rien ici.

Les hommes posèrent le repas sur le bureau mais Giovanni s'avança vers lui et désigna le téléphone portable qu'il tenait dans la main. Adrien reconnut le sien et se demanda un instant d'où il le sortait. Son sac était sur son dos quand il avait été enlevé mais il ne se souvenait plus de l'avoir eu à partir du moment où ils l'avaient attaché dans la voiture. Les hommes de Giovanni avaient dû lui enlever son sac pendant qu'il se débattait avant de le remettre à leur patron, qui avait trouvé son téléphone dedans.

- Je vais avoir besoin du code, s'il te plaît, demanda Giovanni en désignant l'écran de verrouillage à neuf points.

Adrien réfléchit à toute vitesse. Pourquoi Giovanni voulait-il utiliser son téléphone ? Et surtout, que pouvait-il trouver à l'intérieur ? Beaucoup de photos de Ladybug, quelques unes de ses amis. Pas de Plagg qui ne pouvait pas être photographié. Rien de compromettant en ce qui concernait Chat Noir, en tout cas. Restait la question initiale. Avant qu'il n'ait dit quoi que ce soit, Giovanni soupira :

- S'il te plaît Adrien, je n'ai pas toute l'après-midi. Ton père est déjà réputé pour être injoignable en permanence, on sait tous les deux que dans des circonstances pareilles, le seul moyen qu'il réponde est que ce soit ton nom qui s'affiche sur son écran.

Il acquiesça d'un hochement de tête. Obtenir le numéro de téléphone de son père et le contacter. De toute façon, ce n'était pas comme s'il était en position de refuser. Ni comme si son téléphone contenait des informations sensibles. Il fit glisser son doigt sur l'écran de façon à dessiner un M majuscule entre les points et celui-ci se déverrouilla.

- Je te remercie.

Adrien garda son regard fixé une seconde sur son téléphone. Il réalisait qu'à cet instant, il aurait donné cher pour pouvoir le conserver et appeler lui-même son père. Il se força à détourner son regard qui se posa sur le plateau avec une assiette fumante posé sur le bureau.

- Quelque chose à dire ? demanda Giovanni.

Il voulait son téléphone. Il voulait parler à son père. Et il savait que ce n'était même pas la peine de le demander. Il hésita quelques secondes avant de se résigner et de simplement désigner le plateau.

- Je pourrais aussi avoir de l'eau s'il vous plaît ?

- Bien sûr.

Il fit un signe de tête à ses gardes qui sortirent aussitôt et revinrent quelques secondes plus tard avec un verre d'eau qu'ils posèrent sur le plateau.

- Merci, souffla-t-il d'une voix à peine audible.

- Pas de quoi. Comme je te l'ai dit, tu peux avoir quasiment tout ce que tu veux tant que tu te comportes gentiment.

Giovanni lui ébouriffa rapidement les cheveux avant de faire volte-face et de sortir de la pièce.


- Nous finissons ce journal de 13 heures avec une information de dernière minute que nous venons de recevoir. Ce matin, aux alentours de dix heures, le jeune Adrien Agreste, fils du créateur de mode Gabriel Agreste, a été enlevé alors que sa classe se rendait en cours de sport. On ignore pour l'instant l'identité de son ravisseur alors que les autorités continuent à interroger les témoins de la scène. Quiconque aurait des informations sur cet enlèvement est prié de contacter le commissariat le plus proche…

Félix était resté stoïque devant l'écran de télévision mais Amélie rigola légèrement :

- Il y aura mis le temps… Sa patience avant de passer à l'action m'impressionnera toujours, définitivement.

Félix délaissa l'écran de télévision pour se retourner vers sa mère.

- Quoi, vous savez qui a fait ça ?

- Bien sûr. Giovanni avait déjà tenté d'enlever Adrien pour faire chanter Gabriel il y a dix ans, et il n'a jamais été du genre à abandonner une idée qu'il avait en tête. Je savais que tôt ou tard, il ressortirait de l'ombre.

- Qui est ce Giovanni ?

Amélie soupira légèrement et s'installa plus confortablement dans le fauteuil :

- C'était mon meilleur ami et mon meilleur partenaire. Nous avons fait HEC ensemble, dans la même promotion. Nous avons au départ été placés en binôme par hasard, mais notre équipe était tellement efficace et complémentaire que nous sommes restés ensemble pendant toutes nos études, pour chaque projet de groupe. Nous passions tellement de temps à travailler ensemble que nous avons fini par rencontrer nos familles respectives. Et il a rencontré ta tante Émilie. Ils se sont revus quelques fois avant de sortir ensemble.

Félix parut hésiter :

- Vous… Cela a l'air de vous contrarier ?

- Sur le coup, je l'étais oui. Il a fallu qu'il sorte avec Émilie pour que je réalise que j'aurais possiblement souhaité qu'il y ait plus entre nous qu'une relation de travail. Enfin, je suppose que je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même de ne pas le lui avoir proposé quand j'en avais encore l'occasion ? Et puis avec le temps, j'ai admis que leur couple semblait fonctionner. Il était aux petits soins pour elle, il lui décrochait la lune… Et quand ils se sont fiancés, il a tenu à organiser leur mariage de A à Z, et notamment en leur faisant faire des alliances sur mesure. Les Graham de Vanily cèdent depuis des générations les anneaux jumeaux à leur aîné pour son mariage et Émilie était née quelques minutes avant moi, ils devaient lui revenir. Mais avec des alliances imposées par Giovanni, cela changeait tout. J'ai donc pris les anneaux et décidé que ce mariage était la meilleure chose qui pouvait m'arriver. Mais un soir… Émilie m'a appelée. Elle voulait quitter Giovanni et me demandait si elle pouvait compter sur moi pour l'héberger le jour où elle partirait effectivement. La nouvelle m'a un peu sciée et je me suis demandé si je n'étais pas en train de trahir l'amitié de Giovanni… Mais Émilie restait ma sœur, je ne pouvais décemment pas lui refuser ce service, et quand elle est arrivée chez moi, j'ai constaté à quel point leur séparation avait été houleuse. Il était en effet préférable qu'elle habite chez la seule personne qui saurait tenir tête à Giovanni s'il décidait de revenir lui chercher des noises. Elle a donc vécu quelques temps chez moi le temps de se remettre de sa rupture et de retrouver un appartement.

Amélie marqua une pause comme pour remettre ses souvenirs en ordre avant de reprendre :

- Elle connaissait Gabriel depuis que Giovanni et lui travaillaient ensemble mais c'est quand elle est partie de chez moi qu'ils sont vraiment devenus proches. Ils sont sortis ensemble quelques temps avant que Gabriel ne la demande en mariage. Et là, Émilie m'a tout naturellement réclamé les anneaux gémeaux pour se marier avec. Parce qu'elle y tenait et que si Giovanni ne lui avait pas laissé son mot à dire sur la question, Gabriel acceptait volontiers qu'elle hérite des alliances qui lui tenaient à cœur. Je n'avais aucunement le droit de les lui refuser, elle était l'aînée, ces bagues lui revenaient. Mais cela m'a porté le coup de grâce. J'ai réalisé à quel point j'avais encaissé énormément de choses depuis le début de cette histoire. Voir ma sœur prendre mon partenaire et meilleur ami, la voir ruiner cette relation parce qu'elle était incapable de l'apprécier et de se satisfaire du bonheur qu'il lui proposait, l'héberger le temps qu'elle aille mieux et se reconstruise, la soutenir et la protéger lors de leur séparation… La voir me reprendre les anneaux a été le point de rupture. Je les lui ai remis en me jurant qu'un jour, ils seraient miens de nouveaux.

- Mais vous possédez déjà celui que j'ai repris à oncle Gabriel lors de notre dernière visite…

- Ces anneaux ne sont rien l'un sans l'autre, mais Giovanni m'offre une occasion sur un plateau d'argent. Il y a dix ans, il avait déjà enlevé Adrien mais Gabriel et Emilie ont réussi à le faire libérer avant que je n'ai eu le temps de réfléchir à la façon dont j'allais exploiter cette situation. Mais je connais Giovanni. S'il a mis dix ans à revenir, c'est qu'il a mis dix ans à s'assurer que son plan était parfait. Cette fois-ci, aucune erreur d'inattention, aucune manigance de Gabriel ne pourra le surprendre.

Elle marqua une seconde de silence avant de conclure :

- Et mon propre plan aussi est prêt. Prépare ta valise. Nous partons tenir compagnie à Gabriel dans ces moments si difficiles pour lui.


Gabriel soupira et se releva du fauteuil de son bureau avant de recommencer à faire les cent pas. L'Alerte Enlèvement était parue depuis le milieu de l'après-midi, la plupart des journaux télévisés avaient évoqué l'affaire, le père de Sabrina lui assurait que tous les commissariats de Paris étaient mobilisés… Pour autant, il n'était pas rassuré, loin de là. Giovanni s'était fait avoir une fois par le pouvoir du Miraculous du paon, et les akumas et amoks étaient devenus connus dans Paris. Même s'il espérait de toutes ses forces qu'il ne ressentait pas la terreur d'Adrien parce qu'il était traité convenablement, une part de lui plus réaliste se doutait qu'il était avant tout enfermé dans une forteresse dans laquelle même un akuma ne pourrait le rejoindre. Ne pouvant rien faire d'autre en attendant que Giovanni le contacte, il avait vaguement tenté de travailler pour se changer les idées, sans y parvenir. Le manoir lui paraissait trop grand, trop vide, trop silencieux. Ce n'était bien sûr pas différent de d'habitude, Adrien était loin d'être bruyant ou envahissant. Mais depuis dix ans, la certitude de le savoir en sécurité dans sa chambre l'apaisait et le convainquait qu'Émilie et lui avaient pris la bonne décision en le coupant du monde extérieur. L'envoyer au collège était-il une erreur, ou est-ce que Giovanni aurait malgré tout trouvé un moyen de l'enlever, peut-être même au sein du manoir Agreste ?

La sonnerie de son téléphone posé sur son bureau le tira de ses pensées. Il n'y jeta qu'un œil mais se figea en voyant le visage et le nom de son fils s'afficher. Il rejoignit son bureau en quelques pas, mais l'appel avait déjà été raccroché, à peine trois secondes après la première sonnerie. Est-ce qu'Adrien avait tenté de le contacter avant d'être surpris par Giovanni ? Ou est-ce que Giovanni jouait avec ses nerfs ? Avant qu'il n'ait pu s'interroger plus en détail, il reçut un SMS d'Adrien. Il tenait en deux lignes. Un lien vers le serveur privé d'un logiciel de visioconférence. Et quatre mots. Ce soir, 20 heures.

Les mains de Gabriel tremblèrent sur le téléphone. Il mourrait d'envie de répondre. Qu'ils pouvaient discuter dès maintenant, qu'il voulait parler à Adrien, avoir l'assurance qu'il était encore en vie, lui demander ce qu'il souhaitait en échange de sa libération… Il savait que ce serait contre-productif. Que Giovanni laissait les délais s'étaler pour jouer avec ses nerfs et que refuser d'entrer dans son jeu était la meilleure chose qu'il puisse faire pour préserver sa santé mentale – et donc avoir une chance de retrouver Adrien sain et sauf. Et qu'au contraire, insister dès à présent n'aurait que des effets négatifs. Au mieux, Giovanni s'en amuserait et prendrait deux fois plus de plaisir à le narguer. Au pire, il se mettrait en colère. Ses yeux se fermèrent brièvement pendant que son esprit l'assaillait de souvenirs vieux de vingt ans et ses doigts se crispèrent un peu plus sur le téléphone. Peu importe ce que voudrait Giovanni. Il était hors de question que son propre comportement provoque sa colère devant Adrien.


Les coulisses de la fic (ou l'art d'une Misty de se prendre la tête pendant trois jours sur un détail) :

Misty 27/07/2020 à 16:58

Oh punaise. J'hésite à troller dès le chapitre 3

Adrien a un code de verrouillage à 9 points sur son téléphone. Jusqu'à maintenant, le code c'était de tracer un L

J'hésite à ce que ce soit un M parce que "y a deux filles qui comptent pour moi et le L était un code trop simple, j'ai pris l'initiale de l'autre"

Milou 27/07/2020 à 17:35

Oh oui.

Please do.

Oh nan c'est trop bien.

Misty 27/07/2020 à 18:24

OK ce sera fait ET de ta faute.

[...]

Misty 28/07/2020 à 20:32

Damn, j'hésite pour le code de déverrouillage

le L ou le M ? En fait j'adore l'idée du L c'est juste que c'est un code trop simple

Milou 28/07/2020 à 20:34

Y a des gens qui ont des codes simples ? Je sais pas si ce sera choquant, hein.

Si tu tiens au L ça le fait.

Misty 28/07/2020 à 20:34

J'arrive pas à me décider

Enfin surtout

Je sais pas comment amener l'explication du M, alors que pour le L y en a pas besoin

Milou 28/07/2020 à 20:35

Hm ...

J'aurais tendance à dire que tu peux te passer d'explications pour le M et laisser les lecteurices se faire leur idée ?

Si t'hésites à ce point, c'est parce que y a que des bons choix.

Misty 28/07/2020 à 20:37

(et je leur copie cette conv en "coulisses de la fic" ce qui leur donnera l'explication à la fin ?)

ouais j'aime bien les laisser se débrouiller

Milou 28/07/2020 à 20:42

XD

Tu peux faire ça, oui.


Voilà. Ce code explique en très grande partie deux jours de procrastination avant de poster, donc.

En espérant que ça vous ait plu !

N'oubliez pas que seules les reviews permettent de savoir ce que vous en avez pensé ! (Et qu'elles font super plaisir à l'auteure !)