Après pas mal de découpages et fil à retordre, voilà ce chapitre 6 ! J'espère qu'il vous plaira !
ENJOY !
Giovanni entra dans la chambre en même temps que les deux gardes qui posèrent un repas sur le bureau. Adrien avait jeté un œil plein d'espoir au plateau mais déchanta vite. Toujours pas d'eau. Il releva les yeux vers Giovanni qui lança :
- Tu as pris une décision ?
- Vous êtes conscients que je ne pourrais rien lui dire si je meurs de soif avant ? répondit Adrien.
Giovanni parut surpris de sa réponse mais ricana légèrement. Adrien s'était assis sur son lit, tous ses muscles tendus. Après l'ultimatum de Giovanni, il avait longuement discuté avec Plagg et avait fini par passer un marché avec lui. Si Giovanni ou un de ses hommes le frappait, il se transformerait. S'il n'était déjà plus capable de le faire, c'est Plagg lui-même qui interviendrait. Il ne voulait pas en arriver là, pourtant, la menace de Giovanni avait brisé quelque chose en lui. Pour la première fois depuis qu'il était là, il avait brièvement imaginé une issue dont il ne sortirait pas indemne, une issue où, qu'il sacrifie ou non son identité, il ne pourrait de toute façon plus être Chat Noir. Une issue beaucoup trop effrayante, où être contraint de se transformer si cela lui permettait de se sauver devenait soudainement beaucoup plus envisageable. Giovanni se rapprocha de lui et répondit :
- Je vais vraiment finir par penser que l'arrogance est héréditaire, dans ta famille. Mais peu importe. De toute façon, j'étais arrivé à la même conclusion que toi, tu ne me serviras à rien une fois mort de soif et tu te déshydrates vite. Viens avec moi !
D'abord étonné, Adrien constata que Giovanni attendait effectivement qu'il se lève. Il se redressa péniblement et un violent vertige le saisit lorsqu'il se mit debout. Il tituba et se rattrapa au mur à côté de lui avant que le décor ne se stabilise autour de lui. Il parvint à reprendre son équilibre et à lâcher le mur pour suivre Giovanni à l'extérieur de la chambre. Celui-ci l'entraîna dans un dédale de couloirs avant de s'arrêter devant une porte qu'il ouvrit. Il s'agissait d'une grande salle de bains.
- Je me suis dit que tu devais également avoir envie de te doucher, ça fait plus de vingt-quatre heures que tu es ici avec les mêmes vêtements. Je t'en ai fait amener des propres, ils t'attendent devant la douche. Tu as des serviettes à ta disposition. Et l'eau du robinet est tout à fait potable, profite-en pour boire tant que tu veux.
Adrien resta dubitatif quelques secondes, comme s'il refusait d'admettre qu'il avait correctement entendu. Giovanni l'obligeait à négocier le moindre verre d'eau en le gardant enfermé dans sa chambre depuis la veille, et il décidait spontanément de le laisser se doucher, se changer et boire autant qu'il voulait ?
- Qu'est-ce que ça cache ? demanda-t-il d'un ton hésitant.
- Je ne te cache rien, Adrien. Tu me parais juste être un gosse raisonnable et je peux comprendre que, jusqu'à maintenant, tu te sois méfié de moi. Mais tant que tu ne me mets pas de bâtons dans les roues, je n'ai aucune raison de te maltraiter. Tu as toujours un choix à faire. Tu as déjà eu un aperçu de ce qui t'attend si tu t'obstines à me tenir tête, je te donne maintenant l'aperçu de ce à quoi tu peux avoir droit si tu fais le bon choix. Réfléchis bien, il paraît qu'une bonne douche, ça met souvent les idées au clair !
Giovanni lui fit signe d'entrer et referma la porte derrière lui dès qu'il se fut exécuté. Adrien détailla la salle de bains pendant un instant. Elle n'avait aucune fenêtre mais les néons et la faïence blanche et turquoise la rendaient lumineuse. Son regard se posa sur les doubles vasques du lavabo en marbre. Ses vertiges et son épuisement témoignaient qu'il commençait à souffrir de la déshydratation, il ne tiendrait de toute façon plus longtemps sans boire. Il ouvrit le robinet et but de longues gorgées d'eau délicieusement fraîche. Son estomac le brûla rapidement et il se fit la remarque qu'il aurait peut-être dû boire moins vite après avoir été privé d'eau aussi longtemps. Pour autant, il ne parvint pas à détacher ses lèvres du robinet avant encore un moment. Quand il se redressa enfin pour couper l'eau, il remarqua que le lavabo était resté à moitié plein. Le siphon était recouvert par ce qui semblait être une multitude de grilles aux trous minuscules, superposées les unes sur les autres, au point que l'eau peinait à s'écouler correctement au travers.
Il se dirigea vers la douche à l'italienne, au bord de laquelle plusieurs serviettes, gels douches et shampoings étaient alignés. Un peu à côté, des vêtements étaient posés sur une chaise. Un débardeur blanc avec un col en V. Un long gilet rouge. Et un jean taille haute bordé de liserés rouges également. Adrien les détailla et se figea une seconde.
- Qu'est-ce qu'il y a, demanda Plagg en sortant de sa poche, tu ne les juges pas assez bien pour toi ?
Adrien soupira. Il aurait dû se douter que la proposition de Giovanni cachait effectivement quelque chose.
- Ce sont des vêtements des principales marques concurrentes à celles de mon père, expliqua-t-il. Et étant son mannequin principal, je ne suis censé porter que du Agreste. Ces vêtements, c'est… Que ce soit les marques ou le style, les couleurs, les formes… C'est le cocktail parfait pour le rendre furieux quand il me verra avec ça sur le dos.
- Tu veux qu'on parle de la fureur de Giovanni si tu refuses de les mettre ? lança Plagg. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il savait ce qu'il faisait en te conseillant de te changer…
Adrien étudia la remarque de Plagg pendant quelques secondes avant de se résigner. Il avait parfaitement raison, il préférait ne pas tenir tête à Giovanni pour l'instant - la douleur dans sa nuque, dans ses bras attachés toute la nuit et ses vertiges à cause du manque d'eau lui rappelaient trop ce dont il était capable. Il se déshabilla et entra dans la douche, dont il régla rapidement la température. Il ne put retenir un soupir de soulagement en sentant l'eau chaude détendre ses muscles et le débarrasser de toute la sueur collée à sa peau. Il appuya son avant-bras contre le mur et posa son front dessus, les yeux fermés, savourant juste la sensation de la douche. Son tournis s'atténuait progressivement, probablement sous l'effet de l'eau qu'il avait pu boire, et le brouillard qui envahissait son esprit disparaissait petit à petit. Quand, au bout d'une éternité, il eut pour la première fois depuis longtemps l'impression d'aller mieux et d'avoir les idées au clair, il avisa les bouteilles de savon posées à ses pieds. Elles flottaient désormais dans un bon centimètre d'eau. Comme pour le lavabo, l'évacuation de la douche était dotée du même système de grilles gênant l'écoulement de l'eau. La douche était suffisamment grande pour qu'il ait un peu de marge avant que l'eau ne se déverse dans le reste de la salle de bains, mais il se dépêcha tout de même à se savonner et se rincer avant de sortir de la douche. Il s'enroula dans l'une des serviettes délicieusement douce et chaude et soupira. Il ne pouvait pas nier que l'accès à l'eau et la douche lui avaient fait un bien fou et qu'il allait cent fois mieux que lorsqu'il était entré dans la pièce.
Son regard se reposa sur les vêtements apportés par Giovanni. Il avait beau avoir accepté de les mettre, il ne put s'empêcher de bloquer pendant quelques secondes avant de se résigner et de les enfiler. Il se dévisagea dans l'un des grands miroirs. Il était tellement habitué au style sobre et foncé typique de la marque Agreste qu'il mit quelques secondes à se faire à l'image que la glace lui renvoyait. Il ne pouvait pas nier qu'ils étaient confortables et à sa taille. S'il avait dû les porter en tant que mannequin, il aurait presque réussi à les assumer. Pourtant, à cet instant, il se sentait incapable de voir le col du débardeur dévoilant une large partie du haut de son torse ni la couleur pétante du gilet ni les détails colorés du jean sans que le regard réprobateur de son père ne s'impose beaucoup trop clairement dans son esprit. Il secoua la tête et se força à détourner le regard de la glace. Il attendit que Plagg se loge dans une poche du jean avant de sortir de la salle de bains. Giovanni l'attendait devant, appuyé nonchalamment contre le mur face à la porte. Il esquissa un sourire en le voyant et lança :
- J'étais persuadé que ça t'irait à merveille, tu es adorable ! Je suis presque sûr que ton père dira la même chose, tu ne crois pas ?
Adrien serra imperceptiblement les poings avant de souffler :
- Vous savez comme moi qu'il détestera.
- Oh, ça je n'en doute pas ! J'ai trop hâte de voir sa réaction, pour tout t'avouer ! Enfin, vois le bon côté des choses… Tu m'affirmais tout à l'heure qu'il ne t'aimait pas que pour la représentation de sa marque ? On va pouvoir en avoir le cœur net ! Je suis beaucoup trop curieux de voir si tu auras le même intérêt pour lui après une telle provocation !
Cette fois, les mots restèrent coincés dans la gorge d'Adrien. Est-ce que vraiment la fureur de son père en le voyant porter ces vêtements le détournerait de son envie de le faire sortir de là ? Avant qu'il n'ait pu trouver quelque chose à répondre, Giovanni reprit :
- Trêve de bavardages, tu veux ? Tu avais une décision à prendre, tu as choisi ?
Quand Giovanni lui avait exposé sa proposition quelques heures plus tôt, il s'était senti incapable de prononcer un seul des mots qu'il exigeait de lui. Parce qu'il ne s'imaginait pas pouvoir le dire de manière crédible et qu'il refusait de se résigner à sacrifier son père et son entreprise. Qu'est-ce qui avait changé depuis ? Est-ce qu'il avait trop souffert de la soif, du manque de sommeil et des humiliations répétées en si peu de temps ? Il n'en avait aucune idée. La seule chose dont il était persuadé, c'est qu'effectivement, il saurait trouver les mots et il saurait être convaincant. Parce qu'il serait sincère. Parce que la sensation d'avoir les idées au clair et la gorge qui avait arrêté de le brûler était beaucoup trop appréciable pour qu'il se sente capable de recommencer à être privé d'eau pendant des heures. Parce qu'il était effectivement prêt à n'importe quoi pour sortir d'ici – y compris à supplier son père de lui céder son entreprise. Sa gorge se serra mais il réussit à souffler :
- C'est bon. Je vais lui demander.
Un sanglot lui monta à la gorge mais ses yeux étaient encore trop secs pour qu'il puisse pleurer. Dans un sens, il était soulagé de ne pas pouvoir donner cette satisfaction à Giovanni. Celui-ci esquissa un sourire et lui ébouriffa les cheveux dans un geste affectueux.
- Ravi de voir que tu es devenu raisonnable ! Je dois appeler ton père dans quelques heures, s'il continue à tourner autour du pot je viendrais te chercher pour que tu sois plus convaincant que moi. Je te conseille vivement d'y parvenir, sinon ce sont mes gardes qui se chargeront de te rendre convaincant, je me suis bien fait comprendre ?
Adrien acquiesça d'un léger hochement de tête, sa nuque encore douloureuse, tout en tâchant de ne pas le laisser voir à quel point il avait peur. Il savait que ses gardes ne le frapperaient pas. Qu'il avait accepté de se transformer pour se défendre dès le premier coup qu'ils essaieraient de lui porter. Il ne voulait pas en arriver là. Pas devant Giovanni, pas devant son père. Giovanni tira de sa poche la télécommande qui l'accompagnait partout et enfonça un bouton. Presque aussitôt, l'un de ses hommes apparut à côté de lui et Giovanni ordonna :
- Ramenez-le dans sa chambre. Amenez-lui une bouteille d'eau et laissez-le dormir un peu.
La sonnette du portail retentit dans le manoir et le garde devant la porte d'entrée s'avança pour ouvrir à une jeune fille. Une casquette rouge enfoncée sur sa tête masquait toute la partie haute de son visage mais son polo rouge siglé d'un logo en tissu blanc et le carton qu'elle tenait dans les mains laissaient comprendre ce qu'elle faisait ici.
- Bonjour ! salua-t-elle. J'ai un colis pour Monsieur Armano.
- C'est bon, je le prends.
- Je… Je peux vous demander une pièce d'identité s'il vous plaît ? demanda la jeune fille, subitement gênée.
- Quoi ? C'est mon patron, je l'ai pas, sa carte. Donne ce colis, je le lui remettrai.
- C'est que… C'est un colis à remettre obligatoirement en mains propres.
- Il n'est pas disponible, sois tu me le laisses, soit tu t'en vas !
La jeune fille basculait d'un pied sur l'autre, de plus en plus embarrassée.
- Je suis désolée, je peux pas vous le laisser sans preuve d'identité… L'expéditeur a payé un supplément pour que ce soit obligatoirement lui qui le réceptionne et je suis encore en période d'essai, je peux me faire virer s'il se plaint parce que je l'ai laissé à quelqu'un d'autre… Je peux vous laisser un avis de passage et il pourra repasser le chercher dans notre point-relais ? Il faudra que ce soit lui en personne, avec sa pièce d'identité, dans le point-relais de Nanterre, qui ouvre de 11h30 à midi tous les troisièmes mercredis du mois.
Elle cala le carton contre elle et sortit un papier mais le garde la stoppa :
- Non attends ! Il n'a pas que ça à faire de galoper jusque là-bas… Bon, tu m'attends deux secondes, je vais voir si je peux le déranger.
Le garde repartit en laissant le portail ouvert. Marinette posa le carton à ses pieds et, tout en maintenant la visière de la casquette devant son visage, s'assura qu'elle avait repéré toutes les caméras. En quelques foulées, elle se glissa contre le mur d'enceinte et se tourna face au crépi pour murmurer :
- Tikki, transforme-moi.
Encore quelques foulées et Ladybug entra dans le manoir à la suite du garde. Même si son visage était resté caché, les caméras n'avaient pas pu rater sa transformation ni son intrusion, il n'y avait pas assez d'angles morts pour cela. La course contre la montre pour trouver Adrien était déjà commencée.
Le visage de Gabriel apparut sur l'écran blanc avant la fin de la première sonnerie.
- Tic, tac, tic, tac, chantonna Giovanni. Tes douze heures de réflexion sont écoulées, Gabriel. Tu me cèdes ton entreprise contre ton fils, oui ou non ?
Les cernes de Gabriel s'étaient encore creusés depuis le matin même et il paraissait plus pâle que jamais.
- Oui, répondit celui-ci. Tous les papiers sont ici, il ne manque plus que nos deux signatures.
- A la bonne heure ! Ravi de voir que tu es devenu raisonnable…
- Maintenant que tu as les preuves que tu voulais que j'accepte de te la céder, est-ce que je peux te demander une faveur ?
- Je vais vraiment me mettre en colère si tu me demandes encore des garanties, répondit Giovanni avec une moue faussement inquiète.
- Ce ne sont pas des garanties. Tes conditions, je les accepte. J'ai juste une chose à te demander. Adrien a un contrat de mannequin auprès de ma propre agence, rattachée à la maison de stylisme Agreste. Une fois que je t'aurais cédé l'entreprise, l'agence t'appartiendra aussi et par extension, les activités des mannequins qui y sont employés également. Je n'ai besoin que de quelques minutes pour éditer les papiers qui marqueront la fin du contrat d'Adrien auprès de l'agence, mais il me faut sa signature impérativement, même en tant que représentant légal la mienne seule ne suffit pas. Nous nous retrouvons pour que je te signe la cession de mon entreprise, mais juste avant, Adrien signe sa rupture de contrat. C'est la seule chose que je te demande.
Giovanni resta silencieux quelques secondes en étudiant sa demande et finit par demander :
- Donne-moi une seule bonne raison de t'accorder cette faveur ?
- Nous savons tous les deux que je n'ai aucune raison de te faire confiance. Tu me jurais ce matin qu'Adrien ne t'intéressait pas si tu m'avais moi ? Je vais te demander une preuve de ta bonne foi sur ce point. Laisse-moi briser la seule chose qui te donnera du pouvoir sur lui une fois que j'aurais accepté tes conditions.
- Et si ton fiston adoré désirait continuer son activité ? suggéra Giovanni.
Gabriel réfléchit un instant avant de suggérer :
- Dans ce cas-là il resignera un nouveau contrat avec toi. Mais pas avant qu'il soit libre de ton emprise et qu'il puisse choisir sans pression.
- Sans pression ? Je suis choqué… Ton fils est traité comme un prince ici… Tu veux que j'aille le chercher pour qu'il te l'assure ?
- Non, répondit sèchement Gabriel. Je me doute que tu as passé la journée à le torturer. Règle ça avec moi et laisse-le souffler pendant ce temps.
- Le torturer, tout de suite les grands mots… Tu veux qu'on parle de la façon dont il était traité chez toi, quand tu exposais et surexploitais son corps jusqu'à l'épuisement pour la promotion de ton entreprise ?
Gabriel se crispa sous l'attaque mais sembla prendre sur lui pour ne pas rebondir.
- Tu n'as pas répondu à ma demande initiale. Tu acceptes qu'il brise ce contrat, oui ou non ? Ta réponse est la seule chose qui te sépare de la possession de la maison de stylisme Agreste.
Giovanni fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Le matin même, Gabriel était épuisé psychologiquement au point de ne plus supporter ses attaques personnelles et ses menaces. Ses cernes prouvaient qu'il n'avait pas dormi depuis, et pourtant ce soir il trouvait la force de les encaisser et de continuer à négocier ?
- Tu me sembles bien pressé de conclure, comparé aux jours précédents, nota Giovanni.
- Tu sais comme moi que j'ai envie d'extraire mon fils de ton emprise, répondit Gabriel. Je refuse qu'il passe une nuit supplémentaire hors de chez moi. Je te demandais des garanties, tu me les as données.
- La nuit est déjà bien entamée, pourtant, et avec celle qu'il a passée sur cette chaise, je suppose que ton fiston doit déjà dormir. Tu le réveillerais après une nuit blanche pour le plaisir de le récupérer quelques heures plus tôt ?
- Je suis à peu près persuadé que lui aussi préférera être réveillé pour rentrer chez lui.
- Je vais le secouer pour lui demander ? proposa Giovanni en amorçant un geste vers la sortie.
- Pas avant que tu aies accepté ma demande ! répondit précipitamment Gabriel.
A nouveau, Giovanni resta silencieux. Gabriel ne se comportait définitivement pas comme d'habitude. Il encaissait ses piques, peu importe à quel point Giovanni se délectait de les faire durer le plus longtemps possible, il insistait pour obtenir un accord le soir même quitte à ce que leurs négociations s'enlisent entre temps… Avant qu'il n'ait pu réfléchir plus en détail, son téléphone vibra pour annoncer l'arrivée d'un SMS. L'un de ses gardes l'informait d'une intrusion de quelqu'un qui avait demandé expressément à le voir pour se faufiler dans le manoir pendant qu'il tournait le dos. Il resta dubitatif quelques secondes puis finit par laisser échapper un ricanement amusé.
- Bien sûr. C'était bien joué de ta part, Gabriel, de chercher à me retenir ici le plus longtemps possible pendant que ton héroïne récupérait ton fils. Bien joué, mais insuffisant. Je te laisse. Désormais tu auras des nouvelles d'Adrien… Quand je l'aurais décidé. Ça pourra prendre quelques jours, arme-toi de patience.
Avant que Gabriel n'ait pu répondre, il coupa la communication et sortit de la pièce.
Ladybug se terra dans un recoin du couloir pendant que plusieurs gardes passaient devant elle. L'alerte avait déjà été donnée, tout le monde était en ordre de marche pour la trouver. Mais cela avait eu un effet bénéfique. Gabriel avait eu raison sur un point. Trouve la pièce la plus centrée de la maison avec des gardes devant, Adrien sera là. Au milieu de toute l'agitation, trois gardes s'étaient regroupés devant une pièce du premier étage. Située en plein milieu du manoir, une seule porte permettait d'y entrer et un grand couloir dans lequel des hommes patrouillaient l'entourait. Elle s'était dissimulée dans un petit couloir adjacent et observait cette allée. Plusieurs escaliers permettaient d'y accéder. Si les gardes entendaient du bruit au niveau des escaliers donnant accès aux couloirs, ils s'en inquiéteraient. Avec suffisamment de bruit venant de suffisamment d'endroits différents, elle devrait pouvoir les convaincre de se disperser. Elle lança son yoyo en murmurant :
- Lucky Charm !
Un grand collier tomba dans sa main. Un collier en métal, avec de nombreuses tiges métalliques qui en pendaient. Un sourire rassuré se dessina sur son visage. Elle n'en demandait pas tant. Elle attacha le bout de son yoyo au collier et, vérifiant que les gardes ne regardaient pas dans sa direction, le lança vers l'un des escaliers. L'écho métallique résonna mais, le temps que les hommes de Giovanni se retournent, le collier était revenu dans sa main. Ils scrutèrent l'escalier et l'un d'eux ordonna :
- Ça doit être elle ! Allez voir !
Deux hommes se détachèrent du groupe et Ladybug esquissa un sourire. Elle recommença. Plusieurs portes, plusieurs escaliers, jusqu'à ce que les gardes se dispersent à sa recherche. Quand il n'y en eut plus qu'un seul dans le couloir, celui-ci entama une ronde à un rythme rapide pour sonder le maximum d'escaliers. Elle attendit qu'il passe devant lui et s'élança vers la porte. Fermée, bien sûr. Elle prit l'une des tiges métalliques du collier et la glissa dans la serrure. Au bout de quelques secondes, un déclic se fit entendre et elle ouvrit la porte pour se glisser dans la pièce.
- Ladybug ? s'étonna Adrien.
Il était installé sur un lit et s'était redressé en l'entendant entrer. Adrien était pâle, ses yeux cerclés de larges cernes et il avait esquissé une grimace de douleur en se relevant précipitamment. A l'évidence, elle l'avait réveillé et ses yeux papillonnaient comme pour se persuader qu'il ne rêvait pas.
- Adrien ! Tu vas bien ?
- Oui, mais… C'est bien toi ? Qu'est-ce que tu fais-là ?
- Je viens te chercher et te faire sortir d'ici. Tu es blessé ? Tu vas pouvoir me suivre ?
Adrien s'était complètement relevé et son regard redevint alerte au fur et à mesure qu'il émergeait. Ladybug accrocha le collier autour de son cou pour avoir les mains libres pour le porter mais Adrien confirma :
- Ça va aller oui.
- Alors on s'en va. Ils ne m'ont peut-être pas vue rentrer.
- C'est blindé de caméras, indiqua Adrien. Ils savent que tu es là.
- Raison de plus pour ne pas traîner. Viens !
Ils se détournèrent vers la porte au moment où celle-ci s'ouvrit sur Giovanni accompagné d'une douzaine d'hommes. Ils entrèrent dans la pièce et, une fois tous à l'intérieur, Giovanni appuya sur le bouton d'une télécommande et une paroi de métal descendit du mur pour condamner la seule porte de la pièce. Un sourire amusé sur son visage, Giovanni applaudit lentement trois ou quatre fois avant de lancer :
- Toutes mes félicitations, Ladybug ! Je ne pensais pas que tu arriverais jusqu'ici aussi vite. Ton ingéniosité est surprenante et pousse à l'admiration, je comprends comment tu peux tenir Papillon en échec depuis aussi longtemps. Malheureusement, ça ne suffira pas.
Ladybug s'était placée entre Adrien et Giovanni dans un réflexe, son yoyo tournoyant dans sa main, son regard sondant les hommes qui les encerclaient.
- Laisse tomber ce yoyo, reprit Giovanni, ça ne te servira à rien. La dernière fois, Adrien m'avait filé entre les pattes grâce à des pouvoirs magiques. Tu te doutes bien que cette fois-ci, je n'ai rien laissé au hasard. Vos combats je les ai étudiés, pour mieux les anticiper. Cette porte n'est pas la seule à s'être blindée de métal, c'est le cas pour toutes les portes de la maison et aussi le milieu de certains couloirs. Même si Chat Noir avait été avec toi, un seul cataclysme ne vous aurait pas suffi à sortir. Toutes les portes et fenêtres sont hermétiques, il n'y a pas un centième de millimètre d'interstice, et toutes les aérations et tuyaux de cette maison sont équipés d'une succession de grilles minuscules qui empêchent un akuma ou un amok d'entrer, même l'eau et l'air peinent à y passer convenablement. Chaque centimètre carré de la maison est équipé de caméras avec plusieurs gardes devant chaque écran qui me retransmettent ce qu'ils voient. Si Rena Rouge avait été avec toi, aucune de ses illusions n'auraient suffi à tous nous distraire suffisamment. Inutile de te dire que nous sommes trop pour être inquiétés par une unique piqure de Queen Bee. Quant à toi… Je te l'ai dit, ton yoyo ne te sera pas utile. Les plafonds et hauts des murs sont les surfaces les plus lisses possibles, tu ne trouveras rien autour de quoi l'enrouler pour nous contourner. Et je comptais sur le fait que tu utiliserais ton Lucky Charm pour arriver jusqu'ici. Tu n'as plus que quatre minutes et ton collier si utile pour passer mes gardes et la porte ne te servira pas à grand-chose désormais. Alors dis-moi… Tu comptes faire quoi, maintenant ?
Ladybug sentait le sang tambouriner contre ses tempes de peur et de pression. Elle devait trouver quelque chose, absolument… Mais quoi ? Son silence parut donner une réponse à Giovanni qui ricana :
- C'est bien ce qu'il me semblait. Tu es coincée. Dans quelques minutes, tu te détransformeras, tu ne pourras plus rien contre nous et je suis à peu près persuadé de pouvoir trouver quelqu'un à qui revendre ton Miraculous à un bon prix. Peut-être même que Papillon m'offrira une prime pour te livrer sous ta forme civile en plus de tes boucles d'oreilles. Profite bien des minutes qu'il te reste, ce sont les dernières de ta vie de super-héroïne !
Ladybug ne put retenir un frisson de rage et d'appréhension et Adrien s'avança à côté d'elle en effleurant sa main dans un geste rassurant. Depuis qu'il était ici, il s'était toujours demandé si la situation était suffisamment désespérée pour qu'il sacrifie son identité secrète. La réponse avait toujours été non – jusqu'à maintenant. Tant pis si Giovanni avait tout prévu, tant pis si son cataclysme n'était pas censé les aider. Ils s'en étaient toujours sortis tant qu'ils étaient tous les deux. Dans une dernière hésitation, il demanda :
- Tu as toujours eu des idées de génie dans les situations désespérées. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, pas vrai ?
Le regard de Ladybug s'éclaira. En cas de situation désespérée. Ouvre-là si même tes pouvoirs ne te sont plus d'aucune utilité. Elle tremblait toujours de rage et de peur, mais elle n'hésita qu'une fraction de seconde avant de plonger la main dans son yoyo et d'en sortir un écrin à bijou.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? Prenez-lui ça ! ordonna Giovanni.
Trois hommes se jetèrent sur elle. Adrien tenta de s'interposer mais il fut rapidement repoussé et jeté sur le sol. Ladybug laissa échapper une exclamation choquée mais, avant d'avoir pu le rejoindre, l'un des gardes lui empoigna violemment le bras, transformant son exclamation en cri de douleur. Sous le choc, l'écrin tomba et s'ouvrit. Ses yeux étaient humides de larmes sous le coup de la rage et de la douleur mais elle distingua nettement un papillon noir qui sortit de la boite et plongea dans le collier autour de son cou. Aussitôt, une voix résonna à l'intérieur de sa tête :
- Ladybug, écoute-moi ! Je peux te donner les pouvoirs dont tu as besoin pour te sortir de là et mettre Adrien en sécurité, mais tu vas devoir me faire confiance !
Je m'en veux un peu de vous laisser là sachant que la suite ne sera pas là avant minimum une semaine. Pour me faire pardonner, vous avez droit pour les coulisses de la fic à LA conversation qui m'a donné envie de vous faire partager ces préparations en coulisses :
(Ah, et juste une petite précision de compréhension : en langage Fofien, une courgette signifie une idée de fic)
Misty 22/05/2020
Miloooooooooou :'( Au s'coooooooours
La courgette sur l'enlèvement d'Adrien a besoin de toi
Milou 22/05/2020
What can I do for you my dear?
Misty 22/05/2020
(sinon bonsoir et j'espère que tu vas bien)
Milou 22/05/2020
XD Oui oui, bonsoir aussi et tout va bien de mon côté ! Mais raconte-moi donc cette courgette.
Misty 22/05/2020
J'ai mon Maître Serp qui a fait de son manoir une forteresse imprenable à Miraculous, comme dit sur le topic d'à côté : plusieurs couches de portes blindées parce que un seul cataclysme, pas d'accroche à yoyo ni fenêtre dans le toit, etc etc
Et tout complètement étanche, anti akuma et amok
Quand, après s'être accordée avec Gabriel, Ladybug part sauver Adrien, j'ai besoin que Gabriel lui file/fasse passer une boite en mode "si tu es désespérée au point que même tes pouvoirs ne peuvent t'aider, ouvre-là". Avec dedans un akuma qui permettra à Gabriel de lui filer les pouvoirs dont elle a besoin pour se tirer de là avec Adrien
Comment Gabriel peut la lui filer plus ou moins discrètement sans que ça grille son identité ?
Je pensais ptêtre utiliser Amélie ou Félix qui sont au manoir aussi, mais quand ils seront tous les deux écartés de l'hypothèse de "qui est Papillon" parce que une femme et un gosse, les soupçons reviendront sur Gabriel, non ?
Milou 22/05/2020
Oui mais ça voudrait dire que Gabriel fait confiance à Félix ou Amélie pour ça ...
Misty 22/05/2020
Aussi. Après soit il leur fait confiance en mode minimum vital "ne pose pas de questions et crois-moi quand je te dis que ça sortira Adrien de là"... Soit il ruse ?
Milou 22/05/2020
Et je pense pas que Ladybug fasse confiance à Félix et Amélie non plus ?
Misty 22/05/2020
Ouuuu... Amélie est pote d'enfance avec le Maître Serp. Elle file à Ladybug une boite en mode "file-lui ça de ma part si tu tombes dessus, ça le déstabilisera" et Gabriel a mis discrètement un akuma dedans ?
Milou 22/05/2020
Je pense à Lila mais je doute qu'il veuille révéler leur lien...
Misty 22/05/2020
Et même sans faire confiance, une fois désespérée, ça se tente ?
... Ladybug fera plus facilement confiance à Amélie ou Félix qu'à Lila, non ?
Ou alors Chloé
mais faut s'assurer qu'elle l'ouvre pas
Milou 22/05/2020
Amélie est pote d'enfance avec le Maître Serp. Je ferais tellement confiance.
Ou le maire ?
Si c'est plus officiel.
Qu'ils fassent passer le truc en mode "colis anonyme certifié"?
Misty 22/05/2020
Le maire. Suffisamment con pour ne pas faire le lien entre "Gabriel m'a filé cette boite" et "Elle a été akumatisée quand elle l'a ouverte" mais complètement disculpable parce que présent à côté de Papillon pendant le jour des héros. Ca me plaît bien
Milou 22/05/2020
(Et il raconte sa journée à sa fille. Chloé s'indigne qu'il ait vu Ladybug sans elle. Elle, elle fait le lien et BAM reveal, elle sait qui est le Papillon.)
Misty 22/05/2020
(nan. Pas de reveal.)
Milou 22/05/2020
(Maaaaaiiiiiis.)
(Juste Chloé et elle poste dessus sur les réseaux sociaux et comme Ladybug l'aime pas elle la discrédite et Chloé se fait à nouveau akumatiser ?)
Misty 22/05/2020
(nan)
je te ferai un OS à part si tu veux
Chloé raconte à tout le monde que si ça se trouve c'est Gabriel et tout le monde la rejette et se fout d'elle, même Adrien
Milou 22/05/2020
Ouiii!
Misty 22/05/2020
Donc. Ladybug prévoit avec Gabriel d'aller chercher Adrichou, ils se revoient le lendemain avec le maire, Gabriel explique sa présence par "je lui ai demandé de nous sortir des archives des permis de construire le plan de la maison de Giovanni" pour la brieffer sur où sera Adrien, et le maire lui file la boite en mode "un généreux donateur a soupçonné que vous viendriez en aide à Adrien et m'a demandé de vous remettre ceci" avec le papier "ouvrir en cas de nécessité, si tes pouvoirs ne suffisent plus" ?
Ouais j'aime bien
You are the best
Milou 22/05/2020
Je plussoie. Oh j'ai trop hâte de lire !
Misty 22/05/2020
ça arrive, ça arrive
Voilà donc comment Milou a littéralement un don pour sauver la moitié du scénario de cette fic.
J'espère que ça vous a plu !
N'oubliez pas que seules les reviews permettent de savoir ce que vous en avez pensé !
