Bonjour à tous !
Hmm. Bon. Je vous dois des excuses pour le délai de cet épilogue. Je savais que ce serait long, je ne pensais pas que ce serait à ce point. Des excuses de ce retard j'en ai eu plein - allant de "j'ai été malade" à "j'ai été en panne d'inspiration pendant trois semaines" en passant par "j'ai beaucoup trop cruellement manqué de temps" - et je vais vous épargner le récit exact de ces deux mois. Juste. Au moins, voilà cet épilogue dont je suis assez fière au final (enfin, je pense pouvoir dire que je ne pouvais pas faire mieux) donc je préfère vous le proposer comme ça que si je l'avais bâclé pour le finir plus tôt ? J'espère qu'il vous plaira dans tous les cas. ENJOY !
- Ce sera tout bon pour nous, Monsieur Agreste, merci de votre coopération.
- Je vous en prie, c'est normal, répondit sobrement Gabriel au policier devant lui.
Gabriel raccompagna les policiers jusqu'à la grille d'entrée du manoir avant de retourner dans la bâtisse. Dès huit heures ce matin, ils s'étaient présentés chez lui avec un mandat de perquisition leur donnant le droit d'obtenir toutes les vidéo-surveillances de la nuit passée. Gabriel ne s'en était pas étonné, il s'y attendait même – et ces vidéos ne contenaient aucune information qu'ils n'avaient pas déjà. Peu de temps après qu'ils aient exposé le motif de leur venue, Amélie avait glissé que leur présence à Félix et elle n'était plus nécessaire maintenant qu'Adrien était revenu et le Gorille les avait conduits à la gare. Félix devait avoir avoué à sa mère que les enregistrements révéleraient son discours au Papillon sur la volonté de détruire Gabriel et ils s'étaient enfuis avant que ce dernier ne les visionne. Au moins, Gabriel était assuré de ne plus avoir affaire à eux désormais.
Les chaînes d'information en continu diffusaient en boucle les images de vidéos d'amateurs du combat de la veille, jusqu'au moment où le rayon de la télécommande avait touché Giovanni. Bien que personne ne l'ignorait, aucune chaîne publique ne se serait risquée à retransmettre en direct la mort d'un homme. Pourtant, l'information avait fait le tour de Paris et même de la France en une poignée d'heures. Pour la première fois, le Papillon avait délibérément tué quelqu'un. Cette information avait relancé les recherches des autorités sur son identité et Gabriel avait longuement été interrogé sur son passé avec Giovanni. Il leur avait répondu, aussi fidèlement que possible. Oui ils avaient négocié ensemble pendant l'enlèvement d'Adrien. Non il n'avait plus de raison de vouloir s'en prendre à Giovanni maintenant qu'Adrien était sain et sauf. Oui il l'avait surveillé de loin pendant toutes ces années. Oui la liste des ennemis que Giovanni s'était fait était longue comme un bras et oui, il pouvait la leur fournir. Oui, Nathalie pouvait témoigner qu'il avait passé la nuit à surveiller le combat qui avait lieu devant ses fenêtres via ses caméras de surveillance. Bien sûr, il leur pardonnait cette méprise et ces questions qu'ils se devaient de poser.
Gabriel leva les yeux vers l'horloge dans leur entrée. Il était désormais plus de midi. Il hésita quelques secondes avant de monter au premier étage. Il frappa légèrement à la porte de la chambre d'Adrien et, n'ayant pas de réponse, entra silencieusement. Malgré les rideaux tirés, la lumière du jour éclairait la pièce et le regard de Gabriel se posa sur son fils, encore endormi. Sans faire de bruit, il se rapprocha du lit dans lequel Adrien était pelotonné et s'assit à côté de lui. Il avait remplacé les vêtements que Giovanni l'avait obligé à porter par un pyjama à manches courtes, noir avec des liserés gris dessinant le G majuscule emblématique de la marque Agreste. Il soupira légèrement et sentit une pression s'estomper puis disparaître en voyant son fils dormir. Depuis trois jours, lui-même avait été incapable de fermer l'œil sans que les images d'Adrien violenté par Giovanni ne s'imposent violemment dans son esprit, sans qu'il ne le revoie être jeté dans une voiture avec un sac sur la tête ou brisé de douleur et d'épuisement sur une chaise. Il avait cru se rassurer en voyant Ladybug le ramener, mais c'était avant de le voir appuyé contre un pilier de leur escalier pour tenir debout, les yeux cernés et le regard honteux des humiliations qu'il avait subies. A présent qu'il avait pu dormir quelques heures et qu'il voyait Adrien en faire autant, l'inquiétude commençait enfin à se dissiper – malgré les hématomes qu'il discernait encore sur les bras de son fils.
Il tendit lentement la main vers lui et dégagea délicatement les mèches de cheveux collées à son front par la sueur. A son contact, Adrien laissa échapper dans son sommeil un léger râle ressemblant à un ronronnement et sa tête se lova un peu plus contre la main de Gabriel. D'abord surpris, Gabriel continua à laisser ses doigts passer doucement dans les cheveux de son fils pendant que son ronronnement s'intensifiait. Il avait l'impression que cela faisait une éternité, mais les souvenirs d'Emilie qui serrait Adrien dans ses bras en l'appelant Chaton lui revinrent en tête. Il ne s'était jamais demandé d'où lui venait ce surnom. Emilie avait-elle déjà entendu Adrien ronronner de la sorte ?
Adrien bougea dans son lit, l'arrachant à ses pensées, et ses yeux se plissèrent avant de s'ouvrir. Gabriel retira instinctivement sa main et, quand le regard surpris d'Adrien se posa sur lui, il murmura :
- Pardonne-moi, je ne voulais pas te réveiller.
Adrien paraissait déboussolé et son regard incertain sonda sa chambre avant de revenir sur son père, comme pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Il tenta finalement de secouer la tête de droite à gauche pour lui faire comprendre qu'il ne lui en voulait pas mais il grimaça de douleur quand ses cervicales protestèrent. Il se redressa précautionneusement dans son lit en s'appuyant sur le coussin que Gabriel glissait derrière son dos avant de murmurer :
- Ce n'est pas grave. Il a l'air d'être tard…
- Midi, confirma Gabriel. C'est normal, tu avais besoin de repos. Tu te sens mieux ?
Cette fois, Adrien maîtrisa le réflexe d'acquiescer d'un hochement de tête.
- Un peu mieux oui, confirma-t-il.
Même s'il paraissait émerger du sommeil, son regard était encore perdu. Il étouffa un bâillement en s'étirant discrètement et, quand ses bras se tendirent devant lui, Gabriel fronça les sourcils.
- Tu me parais avoir encore plus de bleus qu'hier sur les bras… nota-t-il.
Le regard d'Adrien devint plus alerte. Il avait mis un pyjama à manches courtes sans y réfléchir, et surtout sans aborder la minuscule probabilité que son père le voit dans cette tenue. Il réfléchit quelques secondes avant de se remémorer son combat contre Papillon au Trocadéro la veille au soir, pour protéger Ladybug. La canne de Papillon l'avait à plusieurs reprises frappé dans les avant-bras. Son esprit s'activa pour trouver une autre explication à donner à son père et il n'eut besoin que de trois secondes de plus pour répondre :
- Quand Ladybug m'a rejoint chez Giovanni, ses gardes l'ont attaquée. J'ai essayé de m'interposer pour l'aider mais ils m'ont pris par les bras et jeté par terre. C'était à peine dix minutes avant qu'elle me ramène ici, les marques n'avaient pas dû apparaître encore.
Gabriel acquiesça d'un hochement de tête, semblant convaincu par son explication, mais son regard s'était fermé. A nouveau, Adrien eut l'impression de le voir aussi furieux que la veille au soir, même s'il comprenait cette fois-ci que cette colère ne lui était pas adressée.
- Ce n'est pas grand-chose, je vous jure, assura-t-il. Je n'ai presque plus mal. Je mettrais des manches longues pour aller au collège et ça passera inaperçu.
- Tu ne retournes pas au collège, répondit Gabriel.
- Quoi ? Mais…
- Pas cette semaine, précisa-t-il. Tu as été malmené, brutalisé et tu es encore épuisé. Tu as besoin de voir un médecin, de te remettre de tes émotions et de dormir. Et nous aviserons si tu te sens en forme lundi.
Bien que soulagé par sa décision, Adrien était avant tout surpris. Malgré son réflexe de protestation, il s'attendait effectivement à ce que son père désire le ré-enfermer à nouveau au manoir Agreste.
- Je… Vous ne voyez vraiment pas d'inconvénients à ce que j'y retourne ?
Gabriel haussa les épaules.
- Giovanni n'est plus là. J'ignore si tu as eu vent du combat d'hier soir entre lui, Ladybug et Chat Noir ?
- Oui. J'avais entendu le bruit à l'extérieur, je ne dormais pas encore. J'ai assisté à la plupart du combat. Je… Vous avez vu les images également ?
- J'ai surveillé le combat depuis nos écrans, en effet, confirma Gabriel. A ce sujet, je dois te demander… Chat Noir a rejoint le combat par l'intérieur et il possédait la télécommande activant notre système de sécurité. Tu aurais une idée de comment il y est parvenu ?
- C'est moi qui lui ai ouvert, il est venu à ma fenêtre me demander de l'aide pour les prendre par surprise, confirma Adrien. Je lui ai indiqué où trouver la télécommande et comment remonter à la chambre de Félix. Je suis désolé, je ne pensais pas que ça vous poserait un problème, je voulais juste aider…
- Tu n'as pas à t'excuser, assura Gabriel, tu as très bien agi. Je souhaitais juste avoir une confirmation qu'il n'aurait pas pu entrer chez nous sans une complicité intérieure.
- Il n'aurait pas pu, confirma Adrien. Personne ne l'aurait pu, je vous le jure.
Adrien resta silencieux un moment avant de demander prudemment :
- Père ? Vous disiez que vous aviez vu toutes les images. Et puisque nous parlions de Chat Noir… A votre avis, est-ce qu'il aurait pu faire quelque chose pour Giovanni ? Il avait l'air bouleversé par sa mort mais… Est-ce qu'il aurait vraiment eu une chance de le sauver ?
Son père parut surpris de sa question mais soupira rapidement :
- Personne n'aurait pu sauver Giovanni, Adrien. Il était perdu bien avant ce combat. Il était incapable de concevoir un avenir dans lequel il aurait tout simplement tourné la page et serait passé à autre chose. Surtout, il préférait prendre des risques inconsidérés plutôt que de refaire sa vie loin de nous. S'il n'était pas mort au cours de ce combat, il aurait réessayé, de franchir notre système de sécurité pour nous attaquer, de t'enlever à nouveau quitte à être intercepté par la police, ou je ne sais que d'autre encore. Il aurait pris des risques mortels pour nous atteindre tôt ou tard. Sa détermination était bien entendu impressionnante mais cette obsession l'aveuglait. Je n'aurais probablement pas accepté que tu retournes au collège s'il avait survécu. Un jour, peu importe dans combien d'années ou de décennies, il serait revenu réclamer sa vengeance. Sur moi, mais aussi sur toi. A ses yeux, il n'y avait plus de différence. Je pensais qu'avec le temps, il parviendrait à laisser tomber mais… C'est tout l'inverse qui a eu lieu. Il ne t'aurait pas malmené de la sorte si sa haine ne s'était pas répercutée sur toute la famille Agreste.
- C'est de ma faute, expliqua Adrien. J'étais bien traité avant que je ne lui tienne tête, c'était stupide de ma part et…
- Non, coupa Gabriel.
Adrien s'interrompit, surpris et intimidé par le ton cassant de son père qui reprit :
- Adrien je veux que les choses soient claires. Je t'interdis de culpabiliser de ce qu'il t'est arrivé, tu m'entends ? Rien de tout cela n'était de ta faute. Rien ne justifiait qu'il t'attache à cette chaise, qu'il te fasse enlever d'une façon aussi violente, qu'il te menace ou te terrorise comme il l'a fait. Et surtout, peu importe ce que tu aurais dit ou fait, il aurait fait tout cela et aurait trouvé un moyen de reporter la responsabilité sur toi. Faire croire à quelqu'un qu'il est responsable de ce qui lui arrive est l'un des meilleurs moyens de le contrôler et de briser sa volonté.
Adrien resta dubitatif quelques secondes, prenant le temps de ressasser chaque phrase que lui avait dite Giovanni, chaque acte, avant de réaliser à quel point il avait raison.
- Effectivement… Excusez-moi, je n'y avais pas pensé et…
- Ne t'excuse pas, répondit Gabriel d'une voix plus apaisée. Giovanni maîtrisait cette méthode à la perfection et elle a fonctionné sur ta mère pendant cinq ans. Tu n'avais aucune chance d'y voir clair dans son jeu.
Adrien baissa les yeux, plongé dans ses réflexions, avant de reprendre :
- Vous avez sans doute raison. Je me suis fait avoir. Je… En parlant de maman, je peux vous demander si… Tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il m'a montré… C'était vrai ? Je veux dire, j'ai senti à la façon dont il racontait sa vie avec elle qu'il modifiait de grandes parties de l'histoire mais… Mayura ? Le Miraculous du paon ? C'était vrai ?
- Ça l'était, confirma Gabriel. Ta mère et moi avons découvert les Miraculous du Paon et du Papillon, ainsi que le grimoire qui est dans mon bureau, lors d'un voyage au Tibet, avant ta naissance. Nous avons aussitôt compris que nous détenions des pouvoirs dépassant l'imagination, et les kwamis nous l'ont confirmé, mais ces pouvoirs nous paraissaient inutiles sur le moment. Donner de nouveaux pouvoirs à quelqu'un ou donner vie à ses émotions, nous ne voyions pas ce que nous pourrions en faire. Mais quand tu as été enlevé… J'ignore lequel de nous y a pensé le plus rapidement, mais nous étions arrivés à la même conclusion. Eux seuls pourraient nous permettre de te sortir de là. Le Papillon t'aurait donné directement des pouvoirs, mais cela aurait été à toi d'agir, de te mettre en danger, tu te serais retrouvé seul de la même façon. C'était trop dangereux. Mais le Paon, qui pouvait t'offrir un allié capable de te protéger et de te faire sortir de là ? Duuzu nous avait prévenus que c'était dangereux, que son Miraculous était cassé et ne pouvait être utilisé sans affecter la santé de son porteur. Mais à côté du risque que tu encourrais, c'était tellement ridicule, nous l'avons à peine écouté. Ta mère a donné naissance à ton garde du corps qui t'a ramené ici et que nous avons décidé de garder. Nous avons vite compris que les créations du Paon étaient des créatures bien réelles, dotées de personnalité, de sentiments… A nos yeux, il a rapidement fait partie de la famille et nous a permis de nous rassurer lors des rares fois où tu devais sortir de la maison. Mais la santé de ta mère a commencé à se dégrader après cela. Les pouvoirs des Miraculous nous ont alors effrayé et, avant qu'elle ne puisse plus voyager, nous les avons ramenés là où nous les avions trouvés, au Tibet. Je suppose qu'ils sont par la suite tombés entre de mauvaises mains.
Adrien acquiesça aussi lentement que l'état de sa nuque le lui permettait, paraissant convaincu, et Gabriel soupira intérieurement. Depuis le début, il s'était juré qu'un jour, il révélerait ce qu'il faisait à son fils, pourquoi seuls les pouvoirs du Papillon pouvaient encore le laisser espérer voir Emilie revenir un jour. Cette conversation aurait pu être l'occasion parfaite… Si tout n'avait pas basculé la nuit dernière. S'il n'avait pas franchi une ligne rouge en tuant délibérément quelqu'un. Il n'avait pas de regrets. Tout au long de son combat, de ses discussions avec Giovanni, il s'était petit à petit fait une raison. Giovanni était obstiné, beaucoup trop, et jamais il n'aurait abandonné. Jamais le scénario habituel de Ladybug et Chat Noir qui raisonnent l'akumatisé à la fin du combat n'aurait pu fonctionner avec lui. Il aurait disparu quelques temps, aurait ruminé son échec, aurait réfléchi aux raisons de cet échec. Et puis il serait revenu s'en prendre à lui, ou à Adrien, peut-être même aux futurs enfants d'Adrien en fonction du temps qu'il aurait passé à préparer son plan. Il savait que c'était la seule chose à faire pour assurer leur sécurité à tous les deux et que c'était à lui de le faire – c'était sa bataille, pas celle de son fils. Seulement, si un jour, son identité devenait connue, il serait aussitôt inculpé de meurtre et maintenir Adrien dans l'ignorance était la seule chose qu'il pouvait faire pour s'assurer qu'il ne tomberait pas avec lui pour l'avoir su et avoir gardé le secret.
- A votre avis, pourquoi le Papillon est allé aussi loin ? demanda Adrien. Pourquoi il aurait tué un de ses akumatisés ?
- Bonne question, répondit Gabriel. En vérité il y a plusieurs explications possibles. La première, c'est que Giovanni s'est fait un nombre incalculable d'ennemis tout au long de ses projets. Il a toujours considéré son entourage comme des pions à placer sur son échiquier, sans plus de respect ou d'intérêt pour eux, beaucoup de personnes auraient eu des raisons de lui en vouloir. La seconde, qui m'apparaît la plus probable, c'est l'intérêt qu'il avait pour les Miraculous. Par deux fois, son plan aurait été parfait si des pouvoirs imprévisibles n'étaient pas venus le contrecarrer. Le connaissant, il y a fort à parier qu'il aurait par la suite cherché à se les approprier, tous, pour être sûr qu'aucun d'eux ne sera utilisé contre lui. Le Papillon a pu voir en lui un ennemi potentiel qu'il a préféré éliminer pour se concentrer sur Ladybug et Chat Noir. Mais ce ne sont bien sûr que des suppositions. La vérité est que tant que son identité restera inconnue, personne ne saura jamais pourquoi il a agi de la sorte. Pourquoi il a été jusqu'à le tuer en plein combat.
La voix de Gabriel s'était troublée sur ses dernières phrases et son regard s'était légèrement détourné. Adrien parut hésiter quelques secondes mais finit par demander :
- Pardonnez-moi si c'est indiscret mais… Je me trompe ou vous semblez… Bouleversé par sa mort ?
Le corps d'Adrien s'était légèrement crispé en posant la question, comme s'il craignait qu'il s'énerve ou surréagisse, mais Gabriel caressa doucement le dos de sa main pour le rassurer avant de répondre :
- Bien sûr que je suis bouleversé.
Gabriel parut réfléchir quelques instants avant de soupirer :
- Si je dois être tout à fait honnête, oui sa mort me fait de la peine. Je me doute que tu n'as eu que des morceaux d'explications sur ce qui s'est passé entre nous par le passé mais… A l'époque de notre partenariat, Giovanni était avant tout à mes yeux un excellent ami. J'avais souvent avancé seul dans mes études, j'avais appris que le milieu de la mode est impitoyable et que l'on ne doit compter sur personne… Et je me suis retrouvé au début de ma carrière avec non seulement quelqu'un qui me propulserait dans la cour des grands en me garantissant que notre affaire fonctionnerait, mais aussi et surtout avec quelqu'un sur qui je savais que je pouvais compter. Nous passions la plupart de notre temps ensemble et pas seulement pour notre projet, juste parce que nous appréciions sincèrement la compagnie de l'autre. Et c'est pour cette raison que quand j'ai soupçonné que tout n'allait pas si bien que ça avec sa fiancée, j'ai mis du temps à intervenir, beaucoup trop de temps. Ce que j'ai longtemps refusé de m'avouer à moi-même, c'est que la première fois que je suis allé voir Emilie pour lui demander si tout allait bien avec Giovanni, j'espérais très sincèrement qu'elle me rassurerait et me promettrait qu'elle était heureuse. Parce que je ne voulais pas me mêler d'une histoire qui pouvait potentiellement me faire perdre quelqu'un que j'appréciais autant que Giovanni. Au fil de mes discussions avec Emilie, j'ai réalisé deux choses. La première, c'est que j'étais trop impliqué pour continuer à fermer les yeux. J'étais sincèrement attaché à lui mais je ne pouvais pas faire comme si je n'avais jamais rien su de son comportement avec elle, je ne pouvais pas savoir qu'il risquait de la tuer du jour au lendemain et vivre comme si j'ignorais ce fait. La deuxième, et c'est un des points qui font que ta mère était véritablement exceptionnelle, c'est qu'elle l'a compris. Elle avait un don pour lire dans l'esprit des gens, pour comprendre ce qu'ils ressentaient avant même qu'ils se le soient avoué à eux-mêmes, et elle a compris à quel point devoir choisir entre Giovanni et elle me brisait le cœur. Elle a compris à quel point j'avais été seul toutes ses années et pourquoi il m'était aussi dur de briser cette amitié de la manière la plus violente possible. Elle a parfois essayé de me dire de laisser tomber, qu'elle s'en sortirait seule, qu'elle n'avait pas besoin que je renonce à cela pour l'aider. Mais, le plus souvent, elle m'a assuré que si je choisissais de l'aider, elle resterait là. Que je perdrais bien sûr un ami mais que j'en garderai une autre. Et, au fil du temps, de nos discussions, de ma compréhension d'à quel point Giovanni était dangereux pour elle et donc possiblement pour moi aussi, j'ai compris que l'amitié d'Emilie m'était plus précieuse que celle de Giovanni. A l'époque je pensais avoir fait le deuil de notre amitié le jour où j'ai permis à Emilie de s'enfuir. Mais à la vérité… J'ai réalisé hier soir qu'une part de moi n'avait jamais cessé de regretter et de bénir ces jours où nous étions unis et que cette part espérait très sincèrement qu'un jour, Giovanni admettrait à quel point son comportement avec Emilie n'était pas acceptable et serait donc en mesure de me pardonner. J'ai compris ces derniers jours à quel point c'était définitivement impossible. Mais… Oui, je suppose que je vais devoir faire à présent le deuil de cette amitié que je n'ai pas réussi à faire il y a vingt ans.
- Je comprends, souffla Adrien. N'y voyez pas de reproche, mais… C'est pour cela aussi que vous ne m'aviez jamais parlé de lui ?
- En partie, avoua Gabriel. Oui, parler de lui m'était pénible et ça l'était tout autant pour ta mère. Mais surtout… Quand ton garde du corps t'a ramené ici après ton enlèvement il y a dix ans, nous t'avons emmené voir un certain nombre de médecins et de pédopsychiatres pour savoir comment tu allais. Tu étais trop jeune pour nous raconter ce qui s'était passé de manière fiable, mais ils nous ont tous affirmé que tu avais dû être très bien traité, que tu n'avais aucune trace de séquelle physique ou psychologique. Nous n'avons juste… Pas vu l'intérêt de t'aider à te souvenir d'un moment désagréable mais dont tu ne gardais aucun traumatisme. Et encore moins quand il nous était également difficile à ta mère et moi de parler de lui.
- Je comprends mieux, admit Adrien. C'est juste que… Enfin, je suppose que j'aurais mieux compris pourquoi j'étais enfermé si j'avais su le danger qu'il représentait ?
- Cet argument est possiblement le seul qui nous avait fait hésiter à t'en parler. A l'époque, nous avions fini par conclure que nous ne voulions pas pour autant que tu vives dans la peur. Nous ne pouvions pas te parler de Giovanni sans évoquer à quel point il était calculateur, rancunier et obstiné. Je suis bien conscient qu'il n'y avait pas de décision parfaite, juste… Nous avions le choix entre te faire peur ou te rendre amer envers nous.
- Bien sûr. J'en suis conscient, ça n'a pas dû être facile pour vous non plus. Au moins maintenant, la question ne se pose plus ?
- Au moins maintenant, la question ne se pose plus, confirma Gabriel. Je ne peux que te demander de m'excuser de tout ce qui t'est arrivé, il y a dix ans et ces derniers jours.
- Vous excuser ? s'étonna Adrien. Père, vous étiez prêt à renoncer à votre entreprise pour moi… C'est l'œuvre de votre vie et vous auriez pu la perdre en quelques jours…
- Que voulais-tu que je fasse ? Je sais que mon travail me demande énormément de temps, au point que je n'en ai quasiment plus à passer avec toi. Mais je refuse que tu penses que cette entreprise m'est précieuse au point de te mettre en danger pour la conserver. Ce n'est pas le cas. L'œuvre de ma vie, et ce que j'ai de plus précieux au monde, c'est toi. Je m'en veux énormément que les négociations avec Giovanni se soient enlisées aussi longtemps pendant que tu étais coincé là-bas…
- Giovanni raccrochait en laissant douze heures s'écouler à chaque fois que vous disiez quelque chose qui ne lui convenait pas. Je croyais qu'on n'était pas censé culpabiliser pour ce qu'il faisait délibérément en nous faisant croire que c'était de notre faute ?
Gabriel esquissa un sourire et admit :
- Tu apprends vite. Et tu as raison. Il n'y avait probablement pas grand-chose que j'aurais pu faire pour empêcher ces discussions de s'enliser.
- Qu'est-ce qui se serait passé si vous lui aviez effectivement cédé la maison de stylisme ?
Gabriel parut réfléchir quelques secondes à sa question mais, avant qu'il n'ait pu répondre, Nathalie frappa légèrement à la porte, restant dans l'encadrement. Gabriel se releva et Nathalie annonça :
- Je suis passée au collège comme vous me l'aviez demandé monsieur. Le directeur m'a confié le sac de cours et le portefeuille d'Adrien qui étaient restés dans son casier. Marinette m'a également proposé de passer vous amener vos cours en retard et vous les expliquer dès que vous serez rétabli, Adrien. Et je vous ai ramené ceci également.
Elle désigna une petite boite blanche et Adrien reconnut l'emballage d'un téléphone portable flambant neuf. Elle entra dans la chambre pour le lui amener pendant qu'Adrien se souvenait que Giovanni lui avait confisqué le sien pour contacter son père. Gabriel avait dû se douter qu'Adrien n'avait jamais récupéré son téléphone et demander à Nathalie de lui en racheter un.
- Je vous remercie Nathalie, confirma Gabriel. Adrien, tu avais d'autres affaires qu'il t'avait prises ?
- Mon sac de sport, et la tenue que j'avais dedans. Merci Nathalie. Je…
Ses joues s'étaient empourprées légèrement mais son père le coupa :
- Ce n'est pas grave, Adrien. Je préfère cent fois que tu sois revenu mais que tes affaires soient restées là-bas. Nous te rachèterons tout cela.
Adrien acquiesça lentement mais son regard resta baissé. Nathalie reprit :
- Vous souhaitez que je vous apporte votre repas ici, Adrien ?
- Non merci, je peux descendre, sourit-il.
- Très bien. Je vous fais servir votre repas en bas d'ici cinq minutes.
- Faites amener le mien aussi, ajouta Gabriel, je vais manger avec lui.
Les deux regards étonnés d'Adrien et Nathalie se posèrent sur lui et, bien qu'aucun d'eux deux ne répondit, Gabriel parut comprendre leur étonnement. Son regard se ferma légèrement mais il finit par reprendre :
- Cela fait plus de deux jours que je vis dans la peur de perdre tout ce qui m'est le plus précieux. Je suppose que je peux prendre dix minutes pour me faire à l'idée que tout s'est bien terminé.
Notre-Dame sonna douze coups au milieu de la nuit quelques secondes avant qu'une silhouette noire n'atterrisse précautionneusement sur le bâtiment. Chat Noir s'assit sur une arête de l'un des toits du bâtiment et reprit lentement sa respiration. Une semaine s'était écoulée depuis leur combat contre Giovanni, pourtant, il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il n'avait pas parcouru les toits de Paris dans la nuit noire pour lutter contre une insomnie. Peut-être parce qu'il n'y avait plus eu d'attaque akuma depuis et qu'une semaine de répit pouvait effectivement être considéré comme une éternité par rapport à la fréquence habituelle des attaques. Peut-être parce que c'était sa première transformation depuis ce combat et qu'il avait tellement vécu dans la peur de renoncer à son identité secrète qu'une partie de lui s'était effectivement persuadée que cette escapade était trop inespérée pour être routinière. Peut-être parce que c'était la première fois depuis une semaine qu'il parvenait à se transformer, qu'il parvenait à prononcer les mots « Transforme-moi » sans que les regrets et le dégoût de lui-même ne bloquent les mots dans sa gorge.
- Hey Chaton, salua une voix douce derrière lui.
- Ma Lady. Comment ça va depuis le temps ?
- A t'entendre on dirait qu'on ne s'est pas revus depuis un an. Mais ça va bien. Après les derniers événements, je dois avouer que cette pause a fait du bien. Et toi ? Tu vas mieux ?
Chat Noir mit quelques secondes à se souvenir de ce dont elle était au courant ou non.
- Un peu mieux, oui. Je suis sous anti-douleurs. Je ne suis pas pressé de refaire face au Papillon, mais j'arrive au moins à sauter et courir sans avoir mal.
Ladybug acquiesça lentement mais elle ne put s'empêcher de réfléchir. Chat Noir était trop sérieux, son regard trop vague, presque triste, pour qu'elle puisse sérieusement croire qu'il allait bien.
- Et par rapport au combat contre Giovanni ?
- Oh, étonnamment ça, ça va. Enfin… Je ne sais même pas comment l'expliquer. Bien sûr que je regrette encore de ne pas avoir pu rattraper Giovanni, de ne pas avoir pu empêcher sa mort… Mais… Enfin je me conforte en me disant que Papillon est le seul responsable. Et le fait qu'il n'y ait pas eu d'attaque depuis une semaine semble montrer qu'il ne l'a pas vraiment tué de sang-froid, que lui aussi est encore en train de ruminer ce qui s'est passé. Alors… Oui, je pense qu'on est en droit d'espérer que ça ne se reproduira pas de sitôt. Ça va aller, je te jure.
- Ne m'en veux pas Chaton, mais j'ai du mal à te croire quand tu me dis que tu vas bien alors que tu n'as fait aucun jeu de mots stupide en deux minutes de conversation, souffla doucement Ladybug.
Chat Noir soupira légèrement.
- Je ne sais pas si je vais réussir à t'en parler sans compromettre mon identité.
Ladybug acquiesça légèrement mais prit quelques secondes de réflexion avant de suggérer :
- Essaie quand même ? Si tu ne trouves pas les mots alors tant pis mais… Je n'essaierai pas de faire des déductions, je te le promets.
Chat Noir resta silencieux un moment avant de reprendre :
- Est-ce que tu me trouves égoïste ?
- Égoïste ? s'étonna Ladybug. Je… Non Chaton ! protesta-t-elle. Tu passes ta vie à tout plaquer pour voler au secours des parisiens en danger, comment veux-tu être accusé d'égoïsme ?
- Justement. Je vole au secours des parisiens en tant que Chat Noir, oui, mais… Parce que j'aime ça. J'aime être Chat Noir. Et ces derniers jours…
Il s'interrompit quelques secondes, semblant chercher ses mots, avant de reprendre :
- Quand tu t'es retrouvée seule pour faire sortir Adrien de chez Giovanni, c'est vrai j'étais blessé pendant ce temps. Mais surtout, je n'étais jamais seul. C'était la principale raison de mon absence, j'aurais pu me transformer mais pas sans être vu, pas sans que ça signe la révélation de mon identité. Et donc, sans que ce soit ma dernière transformation. C'est ce fait-là qui m'a empêché d'intervenir. Je pensais m'être résolu à me transformer quand même si la situation devenait intenable mais… Avec le recul, je ne l'aurais jamais fait. Tu as été en danger contre Giovanni, Adrien était en danger, son père également et… Et d'autres personnes… Et j'ai préféré laisser faire ça et tous les conduire, toi incluse, à leur perte tant que ça me laissait une chance de rester Chat Noir ! Alors oui. Un super-héros qui préfère le rester plutôt que de sauver un maximum de personnes… On peut l'accuser d'égoïsme.
Ladybug acquiesça lentement, plongée dans ses réflexions, avant de répondre :
- Je ne pense pas que ce soit aussi évident que ça, en fait.
- Pourquoi ? L'équation est simple. J'ai préféré me protéger moi que d'autres personnes.
- Oui, et ? J'y serai restée face à Papillon si tu n'avais pas pu revenir. Si tu veux un exemple concret… J'avais une prof de chimie qui nous avait parlé des règles à appliquer en cas d'accident chimique grave dans un labo. Elle avait résumé ça en nous disant : S'il y a un grave danger imminent pour vous, ne réfléchissez pas, sauvez votre peau. Sinon, et seulement si vous pouvez intervenir en sécurité, alors voyez si vous pouvez aider d'autres personnes. Sur le coup, ça m'avait paru contre-intuitif au possible mais… Depuis que je suis Ladybug, je commence à comprendre. Ce n'est pas évident à accepter, c'est sûr. Mais si on ne prend pas soin de nous, qui le fera ? Et qui reviendra protéger les autres parisiens quand on ne sera plus là ? Surtout quand on sait qu'au final, à part pour Giovanni qui s'était mis seul dans ce pétrin, tout a bien fini, j'ai envie de dire que tu as fait le bon choix.
Chat Noir l'avait écoutée attentivement mais son regard triste se baissa à nouveau.
- C'est pas si simple. Je t'ai dit qu'il y avait d'autres personnes en danger également et… L'une d'entre elles fait partie de ma famille. Quel super-héros préfère conserver son identité plutôt que de protéger ses proches, honnêtement ?
Ladybug soupira légèrement.
- J'ai une théorie à ce sujet. Peut-être que je me plante et que ça ne s'applique pas du tout à toi, je te laisse me dire. Mais… Quand Papillon m'enfermait six pieds sous terre, pendant une seconde, je me suis demandée : Pourquoi moi ? Pourquoi c'est tombé sur moi, pourquoi, parmi toutes les personnes altruistes et prêtes à aider les autres qu'il y a dans Paris, c'est à moi que Maître Fû a confié les Miraculous ? J'y ai réfléchi pendant cette semaine et… Je suis arrivée à la conclusion que oui, j'étais prête à aider les autres, mais surtout, ma vie d'avant ne me convenait pas. Avant ces pouvoirs, j'étais timide, réservée, maladroite… Et sans ça, mes angoisses auraient fini par me dévorer. Maître Fû l'a vu, il a vu que j'avais besoin de ces pouvoirs pour parvenir à passer par-dessus ça et prendre confiance en moi. Alors… Est-ce que toi aussi, la vie que tu aurais eue si tu n'étais pas devenu Chat Noir aurait été trop triste et angoissante pour que tu puisses regretter tes pouvoirs un seul instant ? Et… Est-ce que les personnes qui étaient en danger, peu importe à quel point tu tiens à elles, n'auraient jamais pu y faire quoi que ce soit alors que tes pouvoirs, eux, le peuvent ?
Le regard de Chat Noir se troubla et, lorsqu'il baissa les yeux en acquiesçant légèrement d'un signe de tête, la main de Ladybug se reposa sur la sienne dans un geste apaisant :
- Ce n'est pas de ta faute si tes pouvoirs t'ont sorti d'une situation qui aurait fini par te tuer à petit feu. Et tu ne peux pas t'en vouloir d'avoir tout fait pour les conserver, je te le jure Chaton. Tu as été parfait. Ne retiens rien d'autre. Et ne laisse personne t'en faire douter.
Chat Noir parut hésiter quelques secondes mais finit par relever la tête vers elle en lui adressant un sourire attendri.
- Parfaite toi-même, lança-t-il. Merci. Vraiment.
- Je t'en prie. Une course jusqu'à la Tour Eiffel, tant que Papillon n'a pas encore retrouvé son énergie d'avant, ça t'intéresse ?
Cette fois, le regard de Chat Noir se ralluma de cette lueur enjouée et rieuse qu'elle lui connaissait.
- Et comment !
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent devant Gabriel qui en sortit et s'avança le long de la passerelle métallique conduisant au cercueil où Émilie reposait. Il la contempla quelques secondes avant de murmurer :
- Emilie, mon amour… Pardonne-moi d'avoir disparu ces derniers jours. Le retour de Giovanni et toutes les conséquences qui en ont suivi m'ont plus ébranlé que je ne voulais me l'avouer. Je sais que je ne tarderai désormais plus à retrouver mon énergie et ma détermination à obtenir les Miraculous de Ladybug et Chat Noir pour te ramener à mes côtés. Eux aussi ont été bouleversés par les récents événements et Chat Noir était blessé, je regrette de ne pas avoir su saisir cette occasion pour les vaincre. Peut-être arriverais-je tout de même à lancer ma prochaine attaque avant qu'ils ne soient complètement remis. Mais, pour l'heure, j'ai surtout tenté de maintenir à flots tout ce qui pouvait encore l'être. Adrien se remet encore doucement mais je pense pouvoir affirmer qu'il n'aura pas de séquelles à long terme. Tu ne peux pas imaginer à quel point je m'en veux encore d'avoir laissé tout cela arriver, à quel point je regrette de ne pas avoir pu le protéger plus que cela et le garder hors de portée de Giovanni. Rien ne serait arrivé si j'avais été plus vigilant.
Tout en parlant, son regard était resté rivé sur le visage figé et impassible d'Émilie. Cet endroit était peut-être le seul du manoir où sa douleur s'apaisait légèrement, où il parvenait à se convaincre que ce n'était qu'une question de jours avant qu'elle ne revienne à ses côtés. Il soupira longuement avant de reprendre :
- Tu ne m'as jamais autant manqué que pendant ces quelques jours où Giovanni a retenu Adrien, mon amour. J'étais perdu, désespéré et, si la première fois, nous avions réussi à faire face ensemble, j'étais surtout beaucoup trop seul pour parvenir à gérer cette situation. L'arrivée de Ladybug a été une véritable bénédiction, sans elle, je n'aurais eu d'autre choix que de céder à Giovanni tout ce qu'il exigeait en espérant que cela suffirait à le convaincre d'épargner Adrien. Avec le recul, je sais que il était inutile d'espérer cela, qu'il n'aurait eu de cesse de me faire souffrir à travers lui sans que je ne puisse rien y faire. Je ne peux que te demander de m'excuser d'avoir été aussi impuissant face à lui. Il avait toujours une longueur d'avance, je le savais pertinemment, tout comme je savais que je ne pouvais rien y faire. C'est possiblement l'une des raisons pour lesquelles j'ai aussi peu hésité avant de me résigner à le tuer. Pour la première fois, en tant que Papillon, j'ai eu un avantage sur lui et je savais que cela ne se reproduirait jamais plus. Je me devais d'en profiter, pour Adrien, pour le protéger une fois pour toutes contre ses agissements.
Gabriel marqua à nouveau une pause, comme pour profiter de cette certitude, celle qu'il était bien ici, devant Émilie, sans avoir perdu l'espoir de la faire revenir, avec Adrien en sécurité et toute cette histoire définitivement derrière eux. Il reprit lentement :
- Le lendemain de son retour à la maison, Adrien m'a demandé ce qui serait arrivé si j'avais effectivement cédé mon entreprise à Giovanni. Je n'ai pas eu à lui répondre, pourtant cette question continue de me hanter depuis une semaine. Lorsque je négociais avec Giovanni, à chaque seconde je me tenais prêt à lui céder si je constatais qu'Adrien était en trop grand danger. Je me disais que je conserverais toujours les Miraculous, que mes pouvoirs me donneraient encore un avantage pour me retourner contre lui s'il essayait de s'en prendre à nous. Mais je réalise aujourd'hui combien je me berçais de fausses illusions. C'est vrai, mes pouvoirs m'auraient encore permis de nous défendre. Mais c'est tout. Depuis toujours, je ne deviens le Papillon que dans l'unique espoir de te ramener. Et cela, Giovanni l'aurait réduit à néant. Je tiens à toi, mon amour, je tiens à toi plus qu'à n'importe qui d'autre au monde, mais jamais, je te jure que jamais je ne t'aurais fait revenir dans un monde où Giovanni aurait contrôlé nos vies. Si j'avais échoué à nous protéger Adrien et moi de son emprise, alors la moindre des choses que je te devais encore était de t'en protéger toi-même. Je ne le réalise qu'à présent que j'arrive à voir les choses avec le recul nécessaire. Ladybug ne sait probablement pas à quel point elle nous a tous sauvés cette nuit-là. Et elle ne sait probablement pas à quel point elle a été à deux doigts de la victoire. Papillon n'existe que dans l'espoir de te ramener. Avec Giovanni aux commandes, cet espoir aurait été anéanti. Sans Ladybug, sans son intervention et son sauvetage d'Adrien cette nuit-là, il n'y aurait plus jamais eu de Papillon à Paris.
Et voilà pour la fin de cette fic !
Même si ça me pince le coeur de la finir après y avoir passé autant de temps (quoi que, je n'exclus pas un ou deux spin-offs en fonction de mon inspiration), je suis tout de même contente d'en avoir vu le bout et j'espère que ce final vous aura plu ?
N'oubliez pas que seules les reviews permettent de savoir ce que vous en avez pensé ! Merci à tous ceux qui ont suivi cette fic et m'ont encouragée à continuer, vous êtes les meilleurs lecteurs qu'on puisse rêver d'avoir, sincèrement.
