Cette fic est écrite dans le cadre de la 134ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Procrastiner". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Note de l'auteur : J'avais plein d'autres projets de spin-offs pour cette fic, mais c'est finalement au hasard des thèmes de la Nuit du FoF que celui-ci a vu le jour. Pour les lecteurs ou lectrices qui sont arrivées ici via le résumé des Nuits, je précise que ça risque de n'être qu'à moitié compréhensible (quoi que...) sans connaître la fic (lisez au moins le résumé en haut pour voir de quoi ça retourne quoi :p). J'espère que ça vous plaira ! ENJOY !
Adrien frappa à la porte du bureau et l'entrouvrit :
- Vous vouliez me parler Père ?
- En effet, confirma Gabriel. Assieds-toi.
Il attendit qu'Adrien prenne place face à lui pour reprendre :
- Concernant ton activité sportive qui aura lieu à l'extérieur du collège demain, le directeur du collège m'a appelé. Je suis toujours réticent à l'idée que vous vous y rendiez à pied sans aucune sécurité mais…
- Nous serons en sécurité Père ! protesta Adrien. Nous resterons tous ensemble, une trentaine d'élèves et deux professeurs…
- C'est ce qu'il m'a expliqué, confirma Gabriel. Couplé au fait que cela aura un impact sur ta moyenne si tu ne peux pas participer à cette activité, j'ai accepté de faire un effort et de te laisser y aller.
- C'est vrai ? s'exclama Adrien. Oh, merci Père !
- Cependant, reprit Gabriel, je te demanderai la plus grande prudence lors de ce déplacement, tu m'as bien compris ? Tu restes groupé avec les autres à chaque seconde.
- C'est promis, je vous le jure ! confirma Adrien. Je… Je sais à quel point ça vous coûte de me laisser faire quoi que ce soit, mais je vous promets que vous ne le regretterez pas !
- Je l'espère, répondit-il simplement. Tu peux remonter dans ta chambre.
Adrien repartit et Gabriel soupira longuement. Sans qu'il ne le laisse voir, la dernière phrase d'Adrien résonnait en écho dans sa tête. Je sais à quel point ça vous coûte de me laisser faire quoi que ce soit. Il ne doutait pas que, du point de vue d'Adrien, il était inutilement strict. Adrien ne pouvait pas se souvenir, pas comprendre, pas savoir le danger qui planait au-dessus de sa tête depuis dix ans. Il ne pouvait pas savoir qu'il y avait à l'extérieur quelqu'un qui attendait probablement la moindre occasion de l'enlever. Et il ne pouvait pas savoir que Gabriel l'aimait beaucoup trop pour accepter de prendre ce risque. A présent qu'il avait grandi, est-ce qu'il serait prêt à l'entendre et à l'accepter ? Peut-être, après tout. Il pourrait essayer. Demain, décida-t-il en regardant l'horloge et le travail qu'il lui restait à faire. Il le lui dira demain.
Le silence de la maison résonnait beaucoup trop fort. Depuis qu'il avait observé l'enlèvement d'Adrien depuis les yeux de son akumatisé, depuis qu'il avait reçu la convocation de Giovanni via le téléphone confisqué de son fils, chaque seconde s'écoulait beaucoup trop lentement. La veille au soir, il se promettait de dire aujourd'hui à son fils qu'il l'aimait et pourquoi il le surprotégeait. Il était désormais trop tard pour lui parler de Giovanni, mais il pouvait encore lui dire qu'il l'aimait. Il tenta de se raccrocher à cela, désespérément. Ce soir, quand il aurait accepté les conditions de Giovanni pour faire revenir son fils, il pourrait lui dire à quel point il tenait à lui.
Il se connecta au serveur de visioconférence à 20 heures précises et aussitôt, la vidéo de Giovanni s'afficha devant lui :
- Salut Gabriel ! Comment vas-tu ?
Un tic agacé parcourut sa tempe mais il se força à détailler l'endroit où Giovanni se trouvait. Une pièce sombre dans laquelle il n'était qu'en présence d'un garde qui surveillait la porte.
- Où est Adrien ? demanda-t-il en un souffle.
- Quel manque de politesse ! s'offusqua Giovanni. Dix ans que nous ne nous sommes pas adressés la parole, et pas un bonjour, pas un « Que deviens-tu depuis tout ce temps ? », pas de discussions sur tout ce que nous avons manqué l'un sur l'autre… Je suis affreusement déçu Gabriel.
- Épargne-moi tes sarcasmes, tu veux ? soupira Gabriel. Tu ne te serais pas donné la peine d'enlever mon fils sans un but précis, non ? Alors prouve-moi qu'il est en vie et dis-moi ce que tu veux pour le libérer.
- Qui te dit que j'ai l'intention de le libérer ? J'avais bien une offre à te faire mais avec une telle ingratitude, je me demande si je ne vais pas revenir sur ma position initiale et garder ton fiston à mes côtés…
Les poings de Gabriel se serrèrent sous son bureau. Il avait tenu la journée en se persuadant qu'il retrouverait Adrien ce soir, qu'il pourrait lui dire tout ce qu'il avait à lui dire dès ce soir. Est-ce que véritablement, Giovanni l'aurait déjà tué ? Est-ce que véritablement, il n'aura plus jamais l'occasion de parler à son fils ? Devant son silence, Giovanni esquissa un sourire amusé et reprit :
- Allez, vu que tu en es toi-même incapable, je vais faire un effort de conciliation moi-même. Allez me chercher le gamin, ordonna-t-il à son garde qui sortit de la pièce.
Une lueur de soulagement traversa les yeux de Gabriel et Giovanni reprit :
- J'espère que tu es bien conscient que je te fais une fleur en t'autorisant à le voir, Gabriel. J'ose espérer que tu y mettras du tien également par la suite.
Gabriel se crispa légèrement sous la menace à peine voilée. Il réalisait seulement maintenant que, s'il désirait plus que tout être sûr qu'Adrien était vivant, il ne serait pas nécessairement plus rassuré de le voir dans la même pièce que Giovanni. La porte se rouvrit sur deux gardes qui escortaient Adrien.
- Adrien tu vas bien ? s'exclama instinctivement Gabriel. Il ne t'a pas fait de mal ?
Le regard d'Adrien parut soulagé en voyant son image à l'écran mais le sourire rassurant qu'il esquissa parut tout de même sincère.
- Non Père. Je vais bien je vous le jure.
Gabriel s'autorisa un soupir de soulagement pendant que Giovanni reprenait la parole. Celui-ci avait raccroché vite par la suite, beaucoup trop vite, dès que le sujet avait à nouveau dérivé sur autre chose que la cession de son entreprise. Le silence résonna encore plus fort quand son écran fut redevenu noir. Mais Adrien était vivant et semblait bien traité. Demain. Demain, il ne referait pas la même erreur, il accepterait les conditions de Giovanni dès qu'il aurait eu l'assurance de la sécurité d'Adrien en échange. Il le fera revenir chez lui, et il pourra enfin lui dire à quel point il tient à lui. Demain.
Il avait tenu sa parole. Jusqu'à la dernière minute, il avait refusé d'y croire. Giovanni avait continué à couper court à leurs discussions en raccrochant et laissant les heures s'écouler, il avait contré Ladybug et il avait réussi de justesse à lui donner les pouvoirs dont elle avait besoin pour s'en sortir. Mais tout était fini, Adrien était rentré chez eux et il pouvait bien s'accorder une heure ou deux avant de se préoccuper à nouveau de Ladybug. Il avait espéré pouvoir tenir sa promesse jusqu'au bout, lui dire dès ce soir à quel point il tenait à lui, à quel point il l'aimait. Mais c'était sans compter l'épuisement et la douleur d'Adrien qui tenait à peine debout et peinait à se remettre de ce qu'il avait vécu chez Giovanni. Gabriel avait espéré pourtant, tout au long de leur conversation, pouvoir enfin crever l'abcès et lui dire ces quelques mots. Mais c'était Adrien lui-même qui lui avait demandé s'il pouvait juste dormir et voir tout le reste demain. Il n'avait pas pu lui résister. Adrien avait besoin de repos, et il n'était désormais plus à une journée près. Cela pouvait bien attendre demain.
Gabriel savait qu'il n'avait jamais eu une aussi longue conversation avec son fils, pourtant, il ne désirait pour rien au monde y mettre un terme. Ils avaient trop de non-dits, trop de choses à mettre au clair et d'explications à donner, depuis beaucoup trop longtemps. Pour autant, il ne put s'empêcher d'être choqué quand Adrien s'étonna du fait qu'il était prêt à abandonner son entreprise et tout ce qu'il avait construit si cela avait permis de le sauver. Il en fut choqué, mais il lui était impossible d'en tenir rigueur à Adrien. Il avait toutes les raisons de le croire. Depuis son enlèvement, il s'était dit que c'était une parenthèse, un contre-temps qui l'empêchait de parler à son fils mais qui lui faisait réaliser la nécessité qu'il y avait à le faire. C'était faux. Cela ne faisait pas trois jours qu'il se promettait de lui dire qu'il l'aimait dès le lendemain. Cela faisait quatorze ans. Quatorze années au rythme quotidien de cette promesse jamais tenue encore. Quatorze années de trop.
- Je refuse que tu penses que mon entreprise est plus importante que toi. C'est faux. L'œuvre de ma vie et ce que j'ai de plus précieux au monde, c'est toi.
En espérant que ça vous ait plu !
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