Samedi 5 novembre 2005
Carson,
Mes mains tremblent en écrivant ces mots, votre lettre m'a bouleversé, a fait battre mon cœur comme jamais auparavant, j'ai sûrement du rougir, j'ai sûrement du blêmir, et j'ai eu du mal à reprendre mon souffle. Comment arrivez vous à m'aimer ? Oh Carson, vous qui êtes si parfait, tellement mieux que moi, comment pouvez vous me désirer ? Comment pouvez vous attacher autant de considération à un homme à vos pieds, qui n'as de cesse que d'entendre votre souffle et qui défaille de plaisir à chacun de vos mots ?
Je vais mourir, c'est trop. Vous me donnez votre cœur et je ne sais pas quoi en faire, il est trop précieux. J'ai peur de vous décevoir. J'ai peur de la désillusion, si vous cessiez de m'aimer, je ne crois pas que j'en réchapperais. Jamais la vie ne m'avait donné un si beau cadeau, jamais personne ne m'avait vraiment aimé et je crois que je n'ai jamais aimé personne aussi fort que vous. Ce n'est pas une carapace que vous voyez, c'est un bouclier, qui vous protége vous, car sans cette retenue, rien ne pourrait m'empêcher de vous aimer au grand jour, sans limites.
Pourquoi avez-vous peur de moi ? Je préférerais mourir plutôt que de vous faire mal. Je suis à vous, ne le comprenez vous pas ? Faites de moi ce que vous voulez, mais laissez moi à vos cotés, et je serais le plus heureux des hommes. Prenez moi, modelez moi, je suis à vous pour l'éternité, je ferais tout ce que vous voulez. J'ai confiance en vous, ayez confiance en moi. Mon cœur palpite à la seule idée de vous rencontrer, mes mains veulent caresser votre visage, mes lèvres ne demandent qu'a toucher les votre, je vous aime.
Jamais je ne trouverais lassitude à ces mots. Je vous aime, je vous aime, je vous aime, cela m'envahit, m'étouffe, cela doit sortir, je vous aime Carson, je vous aime ! Laissez moi vous le prouver, je vous en supplie. Laissez moi vous rencontrer en amant autrement qu'en ami.
Avec espoir
Rodney.
Lundi 7 novembre 2005
Rodney,
Oh, Rodney, je suis tellement désolé de n'avoir pas répondu plus tôt ! Il faut dire que votre précédente missive m'a tellement terrifié que quelque part, j'ai voulu l'ignorer. Faire comme si rien ne s'était passé, comme si vous n'aviez jamais posé cette question qui me torturait l'esprit. Je me sens pris dans un étau, entre peur et désir, entre crainte et curiosité, jamais vous ne m'avais paru si proche, si intimidant. J'ai peur de plonger dans l'inconnu, je n'ai jamais rien fait de semblable avec un homme, et quelque part cela m'effraie. Même si j'ai reçu une éducation libérale, me disant de me fier uniquement à mes émotions et pas à mon cerveau, cette gêne persiste. Je n'ai jamais été attiré par un homme auparavant. En fait, la question de ma sexualité ne s'était jamais posée, j'aimais les femme comme tous les hommes que je connaissait aimaient les femmes, et même si je n'étais pas un grand coureur de jupons comme certains, de par mon sérieux, ma retenue et quelque part ma timidité, j'ai eu, c'est vrai, quelques belles aventures.
Mais maintenant que mon cœur s'emballe au seul son d'un prénom masculin –uniquement le votre, rassurez vous- et que le désir de vous aimer physiquement s'empare de moi, j'ai peine à constater qu'il est toujours accompagné d'un étau de conventions, mes sentiments me mettent parfois mal à l'aise et paradoxalement ça me met mal à l'aise d'être mal à l'aise en pensent à vous. Ce que je viens d'écrire est purement incompréhensible, vous m'en voyez navré, mais c'est ce que je ressens. Vous devez me trouver bien compliqué !
La question de la réaction des autres s'impose aussi à moi. Seront-ils plus distants ? Amusés ? Moqueurs ? Heureux pour nous ? Elisabeth, Teyla…Je les connais bien sur. Elles réagiront bien. Ce sont des femmes responsables, à la tête froide, je considère Teyla comme ma meilleure amie et je sais qu'elle sera contente, cette jeune femme comprend les autres et les encourage dans la voie qu'ils ont choisie de façon admirable. Quant à Elisabeth, elle est compréhensive et diplomate, pas du genre à séparer deux membres du personnel à cause d'un stupide amalgame entre l'USAF et cette expédition. Par contre, les militaires… L'état major est homophobe, c'est un fait, le « don't ask, don't tell » en est la preuve lancinante. Mais j'aurais sûrement tord de mettre tous les militaires dans le même sac. Alors, Sheppard ? Aucune idée de ce qu'il va en penser. Lors d'un examen médical, Radek m'avait confié en riant que la tête de Sheppard quand Cadman m'avait embrassé dans votre corps –quand je pense que notre premier baisé aura été involontaire, ça me rend malade !- avait été caustique à un point inimaginable. Je le considère comme un ami moyennement proche, mais j'avoue avoir un peu peur de sa réaction, ainsi que de celle des autres militaires. Je suis médecin, je dois les examiner à chaque retour de mission, et je sais très bien que certains pensent que l'homosexualité est contagieuse et qu'un médecin attiré par les hommes profiteras sûrement de sa situation pour…enfin bref, les idées reçues ne sont pas là pour me rassurer, je le crains.
La solution alternative serait peut être de nous cacher un temps, mais je m'y refuse, je n'ai jamais eu honte de mes opinions et de ce que je suis.
Avec tout ça, j'ai oublié de répondre à votre proposition. Je ne vais pas faire durer le suspence plus longtemps : la réponse est oui. Oui, je veux vous voir, oui, je veux vous serrer dans mes bras, vous embrasser…Je veux combler ce vide, je vous veux (oh bloody hell, je n'en reviens pas d'écrire un truc pareil !). Retrouvons nous dans mes quartiers vers 20h demain soir.
Carson.
P.S. : Moi aussi je vous aime Rodney.
