Auteur : Dancelune

Email : karrakolnyahoo.fr

Disclaimer : Les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de Yuki Shimizu et de son sensationnel manga Love Mode. Seul l'élément perturbateur est de ma création.

Série : Love Mode.

Genre : réaliste dans la mesure du possible.

Prenez moi avec vous

Chapitre 2 : Un mystérieux professeur

Rena ouvrit paresseusement les yeux. Elle était bien. Trop bien pour vouloir sortir de cette douce torpeur. Malheureusement, elle avait déjà dormi tout son saoul et était réveillée. Le blanc cassé du plafond reflétait le doré du soleil. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti cette sensation de bien-être qui vous envahit lorsque vous prenez le temps de sortir doucement de vos rêves. Elle se nichait plus confortablement sous les couvertures lorsque les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire. Elle ouvrit brusquement les yeux en grand.

Rena tourna la tête, cherchant un réveil. Il n'y en avait pas. D'après la luminosité qui filtrait de part les rideaux, la matinée devait déjà être bien avancée. Ils l'avaient laissé faire la grasse matinée. Cela la toucha plus qu'elle ne voulut bien l'admettre. Elle se calma.

La jeune fille enfouit sa tête sous les couvertures. Elle n'avait pas envie d'affronter la journée. La veille avait été catastrophique, ce qui ne la mettait pas du tout en confiance pour la suite. Elle devrait cependant un jour ou l'autre les affronter. Soupirant à fendre l'âme, Rena se leva.

Elle s'aperçut qu'elle était en sous-vêtements. Elle rougit jusqu'à la racine des cheveux. Elle n'avait pas le souvenir de s'être déshabillée. C'était forcément l'un des hommes de cette maison qui l'avait dévêtit et couché. Elle pria pour que ce soit Haruomi. Elle ne savait pas pourquoi, elle avait plus confiance en lui qu'en tous les autres.

La jeune fille chercha ses habits du regard mais ne les trouva pas. Ils devaient probablement les avoir mis à laver. Elle se dirigea vers sa valise, l'ouvrit et en sortit un deuxième ensemble noir : une jupe plus courte et plissée, un chemisier au col hexagonal qu'elle adorait, des bas noirs avec porte-jarretelles. C'était une tenue à peine descente mais elle se sentait bien dedans. De plus, comme ils étaient tous homosexuels dans cette maison, elle n'aurait pas à subir de regards inquisiteurs. Son collier ras du cou en cuir ne lui avait pas été confisqué. Elle le passa rapidement à son cou.

Elle se vêtit puis pris sa trousse de toilette. Elle ne s'était pas démaquillée la veille au soir, elle devait avoir une tête affreuse à n'en pas douter. Elle ouvrit doucement la porte de sa chambre et passa la tête par l'entrebâillement. Il n'y avait personne dans le couloir. Elle sortit. Rena se demanda où se trouvaient la salle de bain et les toilettes. Elle avait une envie pressante, réalisa-t-elle soudain.

« Vous êtes réveillé ? » demanda Kashima qui venait de monter à l'étage.

Rena sursauta et cria de concert. Elle se retourna, le cœur battant la chamade et les joues rouges. Il lui avait fait une peur bleue. Elle ne l'avait pas entendu arriver.

« Pardonnez-moi. Je vous ai fait peur » s'excusa le jeune homme.

Rena acquiesça, retrouvant progressivement son calme.

« Oh, je vois que vous avez votre trousse de toilette. Je vais vous conduire à votre salle de bain. Si vous voulez bien me suivre. »

Le jeune homme était souriant. Rena réalisa que cela faisait longtemps qu'elle ne croisait plus de sourires lorsqu'elle se levait le matin. Même s'il ne faisait que son travail, elle était contente. Elle suivit sans un mot Kashima et le remercia lorsque ce dernier lui ouvrit la porte de sa salle de bain.

« Cette pièce vous est exclusivement réservée alors n'hésitez pas à y installer vos affaires. Personne ne viendra fouiller ici. Ce sera à vous d'amener votre linge sale dans la buanderie. »

Sur ce, il la salua en se penchant en avant puis referma la porte.

Rena n'en croyait pas ses yeux ni ses oreilles. Elle avait une salle de bain privée. Cela ne lui était jamais arrivé. A bien y réfléchir, vu qu'elle était la seule femme de la maison, c'était un peu normal. Mais tout de même ! Elle n'était pas habituée à autant de luxe. Même dans l'une de ses anciennes familles d'accueil qui était très aisée elle n'avait pas eu droit à autant de confort. Elle avait dû partager avec les autres.

La salle de bain était sensationnelle. Il y avait le choix de la douche ou du bain, une commode pour ranger ses affaires, un lavabo surplombé d'un grand miroir, une penderie pour ranger les peignoirs et le linge délicat. Par terre ce n'était pas du parquet froid mais de la moquette chaude et chaleureuse. La couleur générale était pêche et bleu pastel. Ils avaient pris soin de déposer des savons un peu partout, des serviettes de bain dont le moelleux ne faisait aucun doute, ainsi qu'une brosse à dent neuve accompagnée de son dentifrice et de son verre. Il ne manquait plus que les ustensiles de maquillage et cela aurait été parfait.

Rena prit son temps pour se laver le visage. Alors qu'elle allait se remaquiller, elle céda à l'envie d'une bonne douche. Lorsqu'elle ouvrit les robinets l'eau chaude vint presque instantanément. Elle soupira de plaisir, d'autant plus qu'elle avait tout son temps pour apprécier le massage de l'eau sur son corps. Une fois terminée, elle s'enroula en ronronnant dans les grandes serviettes de bain blanches et douces. C'était le paradis.

Elle n'osa pas laisser sa trousse de toilette dans la salle de bain. Une fois propre et habillée elle retourna la poser dans sa chambre, à côté de sa valise. Elle remarqua avec inquiétude que sa chambre ne fermait pas à clé. Elle fronça les sourcils. Elle ne souhaitait pas qu'ils viennent fouiller dans ses affaires. C'était peu probable, mais on ne savait jamais. Elle hésita un moment à cacher le cadre de la photo de ses parents sous l'oreiller puis elle y renonça. Plutôt que de la cacher, elle décida de la mettre bien en évidence sur la table de chevet. Elle sortit précautionneusement son cadre, embrassa la photo, un baiser pour sa mère, un baiser pour son père. Elle la posa sur la table et la regarda un moment. Elle soupira puis descendit dans le salon.

Une délicieuse odeur de café embaumait la pièce. Le ventre de Rena couina rien qu'à l'odeur appétissante. La table était mise dans la salle à manger. Il n'y avait qu'un seul couvert, le sien. Elle s'installa. Elle était sur le point de se relever pour aller prévenir Kashima de son arrivée lorsque ce dernier sortit de la cuisine en tenant un plateau rempli de victuailles.

« J'espère que vous aimez les petits déjeuners occidentaux. Comme c'est votre premier jour ici, je me suis dis que du café au lait avec des tartines grillées et de la confiture pourrait vous faire plaisir. C'est typiquement français comme nourriture.

- C'est parfait, répondit-elle d'une petite voix.

- Bien. Je vous apporte votre jus d'orange tout de suite. » fit le jeune domestique en retournant à la cuisine.

Rena ne savait que penser. Elle n'avait pas l'habitude d'être traitée avec autant d'égards. C'était étrange. Elle ne savait pas si elle devait être contente ou triste. Malgré toute sa réticence elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un peu d'espoir. Il est vrai que la veille avait été un désastre, notamment à cause du frère du médecin, mais elle ne savait pourquoi, elle pressentait que cela n'allait pas lui nuire. Alors que normalement, une scène pareille et la famille la ramenait illico-presto au foyer pour orphelins.

Ces gens n'avaient pas l'air d'être comme tout le monde. Ils semblaient plus... tolérants.

« Voici votre jus d'orange, Rena-Chan. Vous permettez que je vous appelle Rena-Chan ? »

La jeune fille sentit les larmes lui monter aux yeux mais elle les ravala. Elle acquiesça vigoureusement, la gorge serrée.

« Est-ce que cela vous dérangerait si je vous tenais compagnie pendant votre petit déjeuner ? » demanda le jeune homme toujours souriant.

Rena fit un petit sourire. Kashima le prit pour un oui et il eut raison.

« Avant toute chose Kiichi-Sama s'excuse pour hier soir, reprit Kashima. A cause de son travail il ne peut pas vous faire ses excuses en personne, il m'a donc demandé de vous les transmettre. Allez-y, mangez, cela va être froid sinon. »

Rena prit une tartine et mordit dedans avec délectation. Son ventre criait famine. Kashima la regarda sans rien dire un moment, semblant perdu dans ses pensées, puis il se reprit.

« Oh ! Oui, j'allais oublié. Kiichi-Sama viendra vous chercher en début d'après-midi. Il ne pourra pas s'occuper de vous personnellement mais il vous conduira chez un ami qui prendra en charge votre éducation. »

Rena se raidit à ces mots.

« N'ayez crainte, Rena-Chan, nous n'allons pas revenir sur la discussion. Kiichi-Sama a été très ennuyé par votre réaction. Il ne voulait pas vous faire de peine dès votre arrivée. Il avait oublié de prévenir ses invités à ce sujet. Izumi-San s'excuse aussi. Il s'en veut de vous avoir fâché. Il espère bien que ce mauvais début n'aura pas de suite et que vous vous entendrez bien. » la rassura le jeune homme.

Rena se détendit légèrement.

« Bien, je vais vous laissez terminer votre petit déjeuner en paix. Soyez prête pour 13h s'il vous plaît. Kiichi-Sama apprécie la ponctualité. »

Kashima se leva et prit congé. Rena se retrouva seule devant son bol de café et ses tartines. Elle n'en fit qu'une bouchée.

« Kashi... Ah oui c'est vrai il n'est pas là ce matin. » bougonna Reiji.

Son secrétaire privé était resté au manoir s'occuper de la gamine. Reiji s'en voulait un peu de son attitude de la veille. Il y avait été un peu trop fort. Il s'en était rendu compte sur le moment mais il n'avait pas pu se retenir. La gifle était partie avant qu'il ne s'en rende compte. Il avait ensuite été de mauvais poil toute la soirée et c'est son pauvre Naoya-Kun qui en avait pâti. Il allait devoir rattraper sa conduite déplorable le plus rapidement possible.

Reiji prit son téléphone et composa le numéro de Seiichi.

« Allo ?

- Aigawa, c'est Reiji.

- Heu... C'est Kastuki à l'appareil. »

Katsuki... Katsuki... Ah oui ! Le jouet de Jinnai, se dit Reiji.

« Ce n'est pas grave, c'est à Seiichi que je voudrais parler.

- Il n'est pas encore réveillé.

- C'est urgent, va le chercher.

- D'accord. »

Katsuki posa le combiné sur la table. Reiji entendit des bruits de pas qui s'éloignent. Après une attente insupportable d'après le Propriétaire du Blue Boy, Seiichi daigna enfin répondre au téléphone.

« Allo ? fit une voix endormie.

- Seiichi, c'est Reiji.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- J'ai besoin de toi pour un travail un peu spécial.

- Tu m'en diras tant ! répondit Seiichi. Et c'est quoi cette fois-ci ?

- Tu vas être le tuteur d'une gamine. »

Silence au bout du fil.

« Tu veux que je couche avec une gamine ? interrogea Seiichi abasourdi.

- T'es mal réveillé, toi. Je te demande pas de coucher avec, je te demande d'être son tuteur... scolaire.

- ... Reiji c'est une blague ? finit par questionner Seiichi qui était pour le coup complètement alerte.

- Non.

- ... C'est qui cette fille ?

- Une ado à problèmes. Kiichi n'a pas pu s'empêcher de vouloir jouer les Saint-bernard. »

Seiichi soupira.

« Tu seras payé double » assena Reiji.

C'était un argument imparable.

« Kiichi viendra te la présenter chez toi cet après-midi. Tâche de faire bonne figure.

- Une fille... Tu sais très bien que je n'ai jamais été doué avec elles.

- Je sais, mais tu es l'un des plus éduqués. J'avais pensé à Izumi mais il vient à peine de s'installer avec son ... heu...

- Arashi.

- Voilà. Je ne pouvais pas lui faire ça, d'autant plus qu'il a démissionné.

- Et Jinnai ?

- Tu veux qu'elle attrape une crise cardiaque ? Ce mec est odieux, il va la pulvériser en moins de deux. »

Seiichi soupira à nouveau.

« Ca durera combien de temps ?

- Le temps qu'elle retrouve un niveau scolaire normal.

- Mais elle a quel âge cette gamine ?

- Dix-sept ans.

- ... Quoi ???!!! Mais tu te rends compte que ça fait des années que je ne vais plus à l'école ?! Je vais être complètement largué.

- C'est pas pour rien qu'on te paye double. »

Seiichi soupira à nouveau, à court d'arguments.

« Je compte sur toi, Seiichi. » fit Reiji avant de raccrocher.

Rena ne sut que faire de sa matinée. Elle visita le jardin et rangea le peu d'affaires qu'elle avait dans sa chambre. Kashima partit faire des courses. Elle n'osa pas lui demander si elle pouvait l'accompagner. Elle finit allongée sur son lit à regarder le plafond.

Elle était mitigée. Elle ne savait pas vraiment quoi penser de cette famille peu banale. Tous ces hommes faisaient preuve de beaucoup d'attention. C'était surprenant. Elle aurait crû le contraire. Ils se montraient très courtois mais Rena sentait qu'ils ne se forçaient pas. C'était naturel chez eux.

La maison était immense mais en aucun cas impersonnelle. Il y avait toujours un petit objet qui traînait dans un coin, signalant le passage d'untel. C'était chaleureux et bien entretenu. Il n'y avait pas d'excès de zèle non plus. Ils étaient peut-être riches mais ils ne le montraient pas. Rena n'avait vu aucun gadget inutile lorsqu'elle avait fait le tour de la maison.

Elle se demanda soudain qui était cet ami du maître de maison. Est-ce que ce serait lui qui serait en charge de l'amener à l'école, un peu comme un chauffeur ? Elle abandonna bien vite cette idée. Il ne fallait tout de même pas trop rêver.

Peut-être qu'il sera gay lui aussi ? songea-t-elle. Cela ne m'étonnerait pas.

Cela l'ennuyait un peu. Elle était femme. Inconsciemment elle était persuadée qu'une femme était faite pour être avec un homme. Même si elle était résignée à vivre sa vie sans amour, elle ne pouvait empêcher cette petite flamme de briller alors qu'elle croisait un homme. C'était naturel et instinctif. Elle n'y pouvait rien. Deux hommes ensemble, cela ne la dérangeait pas, du moment qu'elle en trouve un pour elle.

Rena ne se doutait pas une seconde des motifs profonds de sa déception.

D'un autre côté, se dit-elle, s'il est aussi droit que la famille Aoe et leurs domestiques, cela devrait bien se passer.

La jeune fille s'était assoupie lorsque l'on frappa à sa porte de chambre. Kashima l'informa alors que le déjeuner était servi. Rena se leva et descendit dans la salle à manger. Cette fois-ci la bonne odeur ne lui ouvrit pas l'appétit. Elle s'installa et regarda Kashima lui apporter l'entrée.

« M- Monsieur Kashima ? » demanda Rena rouge d'embarras.

Le jeune homme sourit à cette appellation.

« Ne m'appelez pas Monsieur, Rena-Chan, je n'ai que vingt-cinq ans ! »

Rena acquiesça.

« Quel est votre problème ? » interrogea le jeune homme.

Rena se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Elle baissa les yeux sur son assiette.

« Je suis désolée, Monsieur Kash... Kashima-San, se reprit-elle au grand contentement du domestique. Je... Ca a l'air délicieux mais... Je n'ai pas très faim.

- Vraiment ?

- Je n'ai pas faim du tout en fait. » avoua la jeune fille.

Elle avait pris un petit déjeuner conséquent quelques heures plus tôt. N'étant pas habituée à manger beaucoup et surtout aussi riche, elle digérait encore sa troisième tartine à la confiture.

« Hmm, c'est un soucis. Si vous ne mangez pas maintenant vous aurez faim dans quelques heures.

- Oh non je...

- Je vais téléphoner à Seiichi pour qu'il vous prépare une petite collation. » dit Kashima heureux d'avoir trouver la solution et allant de ce pas mettre son plan à exécution.

Seiichi ?

« Non mais ce n'est... pas la peine. » termina Rena alors que Kashima n'était déjà plus là.

Elle regarda à nouveau son assiette et se sentit idiote. Toute cette nourriture gâchée. Elle s'en voulait. Peut-être qu'en la mettant au frais elle pourrait se conserver ? Rena allait appeler Kashima lorsqu'elle se souvint qu'il devait être au téléphone. Elle se leva, prit son assiette et alla la déposer à la cuisine. Elle eut honte de son petit appétit lorsqu'elle découvrit les autres plats qu'avait cuisiné le domestique. Elle posa son assiette sur la table et chercha le film plastique. Malheureusement, tous les tiroirs étaient en hauteur. Malgré sa grande taille Rena ne réussit pas à bien voir dans les placards. Elle se résigna et retourna dans la salle à manger pour avertir Kashima qu'elle avait laissé son assiette sur la table de la cuisine. Il n'y était pas, par contre ses couverts traînaient sur la table. Elle les pris et les amena à la cuisine aussi. Elle essaya plusieurs tiroirs avant de trouver celui des ustensiles et les rangea dedans. Elle prit ensuite l'éponge qu'elle passa sous l'eau avant d'aller nettoyer la table.

« Rena-Chan qu'est-ce que vous faites ? s'écria Kashima en revenant alarmé dans la cuisine.

- Hé bien... Comme je n'avais pas faim, j'ai rangé les couverts. Je voulais mettre mon assiette au frigo pour conserver la nourriture jusqu'à demain et ...

- C'est très gentil Rena-Chan mais c'est mon travail. Vous n'avez pas à vous occuper de cela.

- Mais je ne vais pas tout vous laisser faire ?!

- Ne vous inquiétez pas. J'adore cuisiner et je suis très maniaque. J'aime bien que les choses soient rangées comme j'ai l'habitude. Vous pourriez ranger que je repasserais derrière vous pour tout réarranger, soyez en sûre !

- Je voulais juste... »

Le bruit d'une voiture se fit entendre.

« Ils sont en avance ! Venez, allons les accueillir ! »

Rena suivit Kashima jusqu'à l'entrée où ce dernier ouvrit la porte. Devant la grille Haruomi ouvrait la portière à Kiichi. Le cœur de Rena fit un petit bond dans sa poitrine à la vue du chauffeur. Sans savoir pourquoi, elle était contente de le revoir.

« J'ai un imprévu ! » déclara Kiichi en sortant rapidement de la voiture.

Il les rejoint rapidement sur le pas de la porte.

« Bonjour Rena-Chan, dit-il en posant une main sur la nuque de la jeune fille et en déposant un baiser sur son front. Tu es habillé très sexy aujourd'hui dis moi. C'est pour impressionner ton nouveau professeur ? »

Rena ne comprit pas trop de quoi il parlait mais elle sentit à nouveau le rouge lui monter aux joues. Elle avait chaud, soudain. C'était la première fois qu'un homme l'embrassait sur le front. Et que cet homme soit homosexuel ou non ne changeait rien à son désarroi.

« J'espère que Kashima s'est montré à la hauteur ! » continua le docteur en taquinant son domestique.

Sur ce, il rentra rapidement dans le manoir en appelant Haruomi. Ce dernier arriva à son tour. Il se contenta d'un « Bonjour mademoiselle Rena. » avant de suivre Kiichi dans ses appartements.

Kashima et Rena se regardèrent, ne sachant pas ce qu'il se passait. Kashima referma la porte d'entrée.

« Je vais vous demander de patienter dans le salon, Rena-Chan. »

La jeune fille acquiesça et s'assit sans un mot sur le canapé alors que Kashima partait à la chasse aux nouvelles. Rena se demandait bien ce qu'il se passait. Vu que Kiichi était médecin, c'était peut-être une urgence qu'il devait traiter en se rendant directement au domicile de la famille. Elle était impatiente de savoir. Après quelques minutes les trois hommes revinrent dans le salon.

« Haruomi va t'accompagner jusque chez Seiichi le temps que je prépare mes valises. Je n'ai qu'un aller-retour à faire mais je ne serais de retour que demain. J'appellerai Reiji pour qu'il passe te prendre et te ramène à la maison. Je suis vraiment désolé. Je voulais discuter avec toi ce soir mais ce sera pour une autre fois. Heu... Je ne vois rien de plus à ajouter... »

Sur ce, Kiichi déposa un autre bisou sur le front de Rena.

« A demain ! » dit-il avec un grand sourire avant de retourner à ses occupations, suivi par Kashima.

Rena se retrouva seul avec Haruomi.

« Mademoiselle, si vous êtes prête, nous pouvons y aller. » fit ce dernier.

Rena acquiesça et suivit le domestique. Il lui ouvrit la porte de la maison, la laissa passer puis fit de même à la voiture. Le trajet s'effectua en silence, Rena n'osant pas engager la conversation avec l'homme. Elle était intimidée. Il leur suffit de dix minutes pour arriver dans un quartier du centre ville. Haruomi se gara, fit descendre Rena et la mena jusqu'à un petit édifice de quelques étages. Ils montèrent les escaliers et s'arrêtèrent au troisième étage. Haruomi fit en sorte que Rena se tienne à côté de lui puis il sonna.

Le cœur de la jeune fille battait un peu plus fort que d'habitude.

La porte s'ouvrit sur un jeune homme blond à la beauté indéniable et légèrement plus âgé que Rena. Ce dernier les regarda tous les deux puis sourit.

« Bonjour, dit-il.

- Bonjour, je suis Kashima Haruomi, je travaille pour la famille Aoe et je dois voir Amagai Seiichi aujourd'hui.

- Oui bien sûr, vous êtes attendu, répondit le jeune homme en les laissant entrer. Je m'appelle Kyosuke Katsuki. Je vis en colocation ici avec Seiichi-San. Tu dois être Rena, fit-il en s'adressant à la jeune fille.

- Oui. Bonjour. Je suis enchantée de faire votre connaissance. » répondit la jeune fille.

Rena ne savait pas si ce qu'elle disait était juste ou pas. Elle se souvenait seulement de l'un des rares films qu'elle avait vu où une jeune fille de bonne famille se présentait ainsi devant ses beaux-parents.

« Yo ! Haruomi ! » fit Seiichi en entrant dans le salon.

Rena ne put retenir un cri d'effroi. Elle sursauta et se précipita instinctivement dans les bras d'Haruomi. Elle se serra fortement à lui sous le coup de la surprise. Le domestique fut plus qu'étonné par l'attitude de la jeune fille. Ne sachant que faire, il se contenta de poser une main rassurante sur l'épaule de Rena qui se cramponnait toujours à lui.

« Je fais si peur que cela ? » demanda Seiichi vexé.

Rena finit par se détendre. Elle réalisa la situation, rougit fortement puis lâcha piteusement Haruomi. Elle se sentait ridicule.

« Je... Je suis désolée.

- Qu'est-ce qu' il s'est passé, mademoiselle Rena ? demanda le domestique légèrement inquiet.

- Heu... Rien... C'est juste que... Avec le contre-jour... J'ai crû voir Monsieur Aoe Reiji. »

Les trois hommes restèrent bouche bée puis Katsuki éclata de rire. Haruomi eut du mal à contenir un sourire qui montait et Seiichi prit un air désabusé.

« Il te terrorise à ce point là ? demanda Seiichi.

- Mademoiselle Rena et Reiji-San n'ont pas beaucoup d'affinités, intervint Haruomi avec un regard qui incita fortement les deux autres hommes à changer de sujet de conversation. Mademoiselle Rena je suis désolé de vous laisser aussi abruptement mais je ne dois pas tarder, Kiichi-Sama est très pressé.

- Oui, je sais.

- On viendra vous chercher vers 18h. Kashima vous attendra au manoir.

- Vous ne serez pas là ? demanda la jeune fille déçue.

- Non. J'accompagne Kiichi-Sama dans son déplacement.

- Oh. »

C'est vrai qu'ils sont amants, se rappela Rena.

« Prenez bien soin d'elle. » fit Haruomi à l'attention des deux hommes avant de saluer l'assemblée et de prendre congé.

Rena regarda tristement la porte se refermer sur Haruomi. Décidément, elle se sentait vraiment bien avec lui. Comme s'il la protégeait des agressions extérieures.

« Bon, Rena-chan ! » fit Katsuki.

Qu'est-ce qu'ils avaient tous à l'appeler Rena-chan ? Comme s'ils l'adoptaient d'office. Elle n'était pas habituée à autant de familiarité, surtout que ce surnom avait une connotation affective.

« Tu veux boire quelque chose ? Limonade, sirop, bière, alcool ?

- Katsuki ! gronda Seiichi.

- Une limonade ce sera bien, fit Rena.

- Parfait ! répondit Katsuki en souriant. J'adore tes fringues ! Très gothique. Joli style, commenta-t-il en allant à la cuisine chercher les boissons. Seiichi ce sera quoi pour toi ?

- Un thé. Je n'ai toujours pas mangé depuis ce matin.

- Ca marche !

- Rena assis-toi, fais comme chez toi, lui dit l'homme qui ne ressemblait que très vaguement à Reiji Aoe finalement.

- Merci. »

Le fauteuil était confortable. Seiichi s'installa en face d'elle sur le canapé, bientôt rejoint par Katsuki qui rapporta deux verres, du sirop et de la limonade.

« Alors Rena, qui es-tu donc ? demanda Katsuki en servant son invité. On ne sait rien de toi et personnellement je suis très curieux.

- Katsuki, grogna Seiichi.

- Quoi encore ? Si on ne peut plus discuter librement maintenant ! Elle est jeune, elle n'est pas coincée comme vous autres, les vieux !

- Les vieux ? demanda Rena.

- Seiichi approche la trentaine. Mais faut pas le dire, il fait un complexe sur son âge. » avoua Katsuki en rigolant.

Son indécence lui valu une bonne tape sur le crâne.

« Alors Rena, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? demanda Seiichi. Kiichi m'a dit que tu avais un certain retard scolaire à rattraper.

- Deux ans. » avoua Rena en rougissant jusqu'à la racine des cheveux.

Seiichi pâlit.

« La vache ! T'es une sacrée rebelle, toi ! s'exclama Katsuki ébahi. Et t'as fait quoi pendant tout ce temps ?

- Rien, répondit Rena qui commençait à se sentir de plus en plus mal à l'aise.

- Deux ans... répéta Seiichi sérieusement embêté.

- Je suis désolée, s'excusa Rena.

- Hein ? Oh ce n'est pas de ta faute, c'est juste que l'école est un vague souvenir pour moi et que je me demande bien comment je vais faire pour t'enseigner les bases, vu que je les ai moi-même oublié, expliqua Seiichi.

- Hé hé hé ! Mais je suis là, moi ! fit Katsuki. Et je suis à l'université je vous rappelle.

- Ouais et si je te laisse seul avec Rena une journée, le soir je peux être sûr qu'elle ne sera plus vierge. » se moqua Seiichi.

Rena s'étouffa presque.

« Ah parce que... vous n'êtes pas gay ? » demanda –t-elle d'emblée.

Katsuki en recracha sa gorgée de limonade et Seiichi ouvrit des yeux ronds.

« Que... Qu'est-ce que... commença Katsuki.

- Tout le monde est gay chez les Aoe, alors je me suis dis que leurs amis devaient être gay aussi. » expliqua Rena.

Seiichi et Katsuki retinrent un soupire de soulagement. Kiichi n'aurait quand même pas eu l'audace de lui parler du club particulier que tenait son frère. La jeune fille ne savait apparemment pas pour leur travail un peu spécial. C'était une bonne chose.

« Heu, non. J'aime les femmes aussi, répliqua Katsuki. Mais le faire avec des hommes ne me dérange pas.

- Et vous ? demanda Rena à Seiichi.

- Disons que je ne sais pas y faire avec les femmes.

- Vraiment ?... Donc vous êtes...

- On peut dire ça, oui. »

Rena acquiesça. Ce n'est pas qu'il ne sait pas y faire avec les femmes, c'est simplement qu'il aime les hommes. Parce qu'avec son allure, nul doute qu'il aurait beaucoup de prétendantes.

« Arf ! Je ne sais vraiment pas comment je vais faire pour tes leçons, gémit Seiichi.

- Heu... fit Rena.

- Oui ?

- Je... Heu... On pourrait peut-être déjà sélectionner les matières à revoir ?

- Comment cela ? Tu sais déjà ce que tu veux faire plus tard ? » demanda Seiichi.

Rena se ratatina sur son siège. Elle avait une passion pour le dessin et elle avait un métier en vue. Simplement, ce dernier pouvait passer pour frivole ou encore irréalisable.

« Hé bien... J'aimerai bien dessiner des mangas.

- ... Des mangas ?

- ... Oui.

- Comment c'est intéressant...

- C'est génial ouais ! intervint Katsuki. J'adore les mangas ! Surtout ceux sur le sport, tu sais, avec les équipes et les pros qui sont toujours à vouloir être les meilleurs et tout ! J'adore ceux là ! C'est des comme ça que tu veux dessiner ?

- Heu... En fait je m'y connais pas trop en sport... répondit Rena.

- Ah dommage. »

Rena fixa son attention sur Seiichi qui semblait perplexe.

« Je ne vois pas trop en quoi je peux t'aider, dit-il.

- Ben... En fait... C'est assez embarrassant à avouer, commença Rena en rougissant, mais... Je ne connais rien de la société... A part traîner dans les rues je n'ai pas fait grand chose d'autre.

- ... Je vois. » fit Seiichi.

A la surprise de la jeune fille, il se mit à sourire.

« Aaaaaaaaah ! Finalement cela risque d'être très amusant ! déclara-t-il. Je suppose que Kiichi va assurer toutes tes dépenses ?

- Heu... Je ne sais pas.

- Seiichi, tu comptes faire quoi au juste ? demanda Katsuki.

- Cette demoiselle a besoin de connaître mieux la société pour pouvoir construire des histoires plausibles. Elle doit aussi prendre des cours de dessin pour se perfectionner, j'imagine. Elle apprendra beaucoup de choses à l'école, mais ce ne sera pas suffisant pour avoir une idée de l'organisation de la société et surtout pour connaître les us et coutumes des différentes classes. En gros, je pense lui apprendre à devenir une lady.

- Une lady ? demandèrent en cœur les deux jeunes gens.

- Oui ! Une jeune femme raffinée qui maîtrise la cérémonie du thé, sait s'habiller en kimono, sait se tenir au restaurant, sait parler noblement e cetera. Elle connaît déjà le milieu de la rue et des gens modestes. Elle doit compléter son savoir. »

Les yeux de Rena se mirent à briller de plaisir. Prendre des cours dans une école d'art, elle n'avait même pas osé en rêver. Ce Seiichi devenait la personne la plus miraculeuse qu'il lui ait été donné de rencontrer.

« Hmm, mais tu ne crois pas que ce serait mieux si c'était une femme qui lui apprenait tout cela ? demanda Katsuki.

- Non ! » répondit rapidement Rena.

Les deux hommes l'interrogèrent du regard.

« Je... Heu... Je préfère les hommes. » expliqua-t-elle très maladroitement.

Katsuki sourit grandement, tout fier sans aucune raison. Seiichi plissa les yeux, essayant de deviner le pourquoi du comment.

« Bien ! fit Seiichi. Je propose que l'on mange un petit bout puis que l'on aille faire le tour des écoles d'art.

- Yeeeees ! Je meurs de faim ! » s'exclama Katsuki.

Rena se contenta de sourire. La veille avait été horrible mais cette journée était pour le moment magique. Elle pria pour que sa chance ne tourne pas. Ces hommes la traitaient beaucoup mieux qu'aucune des familles d'accueil dans lesquelles elle avait échoué jusque là. Elle se rendit compte qu'elle commençait déjà à fonder beaucoup d'espoirs sur eux. C'était risqué et peu raisonnable mais elle n'y pouvait rien. Pour la première fois de sa vie ce qu'il lui arrivait l'excitait et l'enthousiasmait. Pour la première fois, quelqu'un lui avait demandé ce qu'elle voulait faire et lui donnait les moyens de réaliser son désir. Quelqu'un allait s'occuper d'elle et faire en sorte qu'elle réussisse. Et ce quelqu'un, c'était un dénommé Seiichi, homosexuel de son état, bientôt trentenaire mais avec une classe folle, rencontré il y a quelques minutes à peine.

La vie pouvait parfois réserver de bonnes surprises.

A suivre...

Dancelune, 13 octobre 2004.