Auteur : Dancelune
Email : karrakolnyahoo.fr
Disclaimer : Les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de Yuki Shimizu et de son sensationnel manga Love Mode. Seul l'élément perturbateur est de ma création.
Série : Love Mode.
Genre : réaliste dans la mesure du possible.
Prenez moi avec vous
Chapitre 3 : Savoir garder ses distances.
Rena venait de passer une après-midi de rêve. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie le cœur aussi léger. Elle s'était promenée en ville accompagnée de Seiichi et Katsuki, visitant les écoles d'art, prenant des papiers d'inscription, se renseignant sur les tarifs, les matières enseignées, les débouchés. Elle ne disait jamais rien. C'est Seiichi qui s'occupait de tout, avec un professionalisme incroyable.
Rena s'émerveilla bien malgré elle de la prestance et du charme de l'homme aux cheveux mi-long. Il s'était habillé comme un homme d'affaire. Il avait une allure très digne et respectueuse. Rena s'aperçut que les femmes n'étaient pas insensibles à son charme. Malheureusement pour elles, elles ne produisaient aucun effet sur ce bel homme.
Katsuki aussi avait son lot de conquêtes, surtout parmi les adolescentes. Son allure décontractée et son look branché ne passaient pas inaperçus. Il affichait de plus un visage confiant et sûr de lui, attitude qui plaisait généralement aux femmes recherchant une âme sœur protectrice sur qui elles pouvaient compter. Il n'avait pas arrêté de parler pendant les trajets entre les différentes écoles. Il racontait sa vie, ses déboires amoureux, ses échecs ou succés scolaires, tout cela sans aucune pudeur. Rena était effarée de voir une personne qui lui était encore inconnue lui dévoiler des secrets aussi intimes que sa première fois au lit, ses petites habitudes au réveil ou encore les petites manies de ses parents.
Seiichi lui ne disait rien, il s'amusait du comportement un brin puéril de son colocataire.
C'était étrange, d'ailleurs, car Katsuki faisait référence à Seiichi en tant que Sempaï. Rena n'osa pas demander ce que Seiichi pouvait enseigner au jeune homme. Elle rougit et leva les yeux au ciel en pensant qu'il lui apprenait peut-être les meilleures positions au lit lorsque l'on couche avec un homme.
Au final, les trois compères revinrent à l'appartement tard en fin de journée. Katsuki sortait encore l'une de ses blagues à deux francs lorsque Seiichi ralentit inconsciemment le pas. Rena leva la tête puis suivit la direction du regard de l'homme. Elle s'aperçut qu'une voiture noire était garée devant l'immeuble. Seiichi regarda sa montre et grogna.
« Il va être en pétard.
- Qui ça ? » demanda Katsuki.
Rena se souvint brusquement de ce que lui avait dit Kiichi : « Reiji viendra te chercher. » ... Aoe Reiji !
Rena grimaça. Le soleil commençait déjà à se coucher, il devait bientôt être l'heure du souper. Elle ne se souvenait plus à quelle heure elle devait être rentrée. Elle pria pour qu'il n'ait pas attendu trop longtemps.
Ils s'approchèrent de la voiture en silence. Kashima sortit du véhicule. Il leur sourit mais il semblait légèrement crispé.
« Bonsoir.
- Salut Kashima, fit Seiichi.
- Vu que nous avons le double de tes clés, j'ai préféré les faire attendre chez toi. »
Les ? se demanda Rena.
« T'as bien fait. Il est de quelle humeur ?
- Massacrante, révèla Kashima.
- Super, répondit Seiichi déconfit. Ca fait longtemps qu'il attend ?
- Presque une heure.
- Misère. »
Sur ce, l'homme se dirigea vers son appartement, vite suivi par les deux adolescents.
Lorsque Rena pénétra dans le salon, la première chose qu'elle vit fut le visage renfrogné de Reiji Aoe. La colère de ce dernier était palpable à des kilomètres à la ronde. Il avait les yeux plissés et les lèvres serrées. Nul doute qu'il allait leur passer un savon mémorable. Rena se ratatina sur elle-même et se cacha légèrement derrière Seiichi.
« Yo. » fit Seiichi.
Reiji s'apprêtait à ouvrir la bouche lorsqu'une voix douce se fit entendre.
« Bonsoir tout le monde. »
Rena tourna son regard vers la gauche et aperçut Naoya. Reiji fronça les sourcils d'énervement mais ne dit rien. A priori le jeune garçon avait réussi à lui faire garder son calme. Rena se demanda comment il avait fait pour réussir. Rien qu'à voir l'œil sévère de Reiji Aoe elle se sentait diminuer à vue d'œil. Cet homme la terrorisait.
# Flash-back #
« Allo ?
- Aoe-San ? C'est Naoya. Je ne vous dérange pas ?
- Quand est-ce que tu vas te mettre à me tutoyer, bon sang ! Qu'est-ce que tu veux ?
- Rena-Chan n'est pas à l'école aujourd'hui. Je pensais qu'elle serait là. Je m'inquiète un peu. »
Reiji soupira. Son Naoya s'inquiètait pour cette gamine. Cela l'énervait. C'était de la jalousie mal placée, il le savait, mais il n'arrivait pas à se raisonner.
« Kiichi s'est renseigné, son retard scolaire est de deux ans. Elle ne pourra probablement pas intégrer ton école tout de suite, elle a trop de retard.
- Oh. Mais qu'est-ce qu'elle fait alors ?
- On l'a confié à Seiichi pour qu'il s'occupe de son éducation.
- Ah bon ?
- Oui. Elle doit probablement être chez lui en ce moment même.
- Hmm... Aoe-San ?
- Quoi encore ?
- Je me demandais s'il serait possible que l'on passe la voir ce soir ? »
Reiji sentit son sang bouillir. Il serra le poing un moment puis se calma. Après tout, il ne connaissait pas d'amis à Naoya. Celui-ci n'en avait peut-être pas. Ce n'était pas normal à son âge. Les amis étaient nécessaires. Peut-être que cette gamine... Non. Cela l'énervait encore rien que d'y penser.
« Je dois la ramener au manoir ce soir vers six heures. Si tu as fini les cours tu peux me rejoindre au Blue Boy, on ira ensemble.
- Super ! »
Cet excès d'enthousiasme faillit donner une crise cardiaque à Reiji.
« Soit là à 17h30. » fit-il avant de raccrocher.
Le Propriétaire du Blue Boy avait ensuite passé sa journée à râler après ses employés et après les membres qui ne payaient pas leurs factures. Il ne se dérida même pas lorsque Naoya arriva.
« Bonsoir, fit le garçon avec un sourire affectueux.
- 'lut. » répondit Reiji sans même le regarder.
Le jeune garçon gela sur la place. C'était la première fois que Reiji lui faisait un accueil aussi froid. Il savait qu'il n'aimait pas trop Rena-Chan mais il lui avait expliqué hier soir qu'il n'avait pas à s'inquièter. Il désirait seulement l'aider parce qu'il avait vécu la même galère. On lui avait porté secours, il souhaitait faire de même avec la jeune fille. Naoya pensait que Reiji aurait compris mais apparemment non.
Il resta sans bouger, regardant Reiji avec tristesse et incompréhension.
Le Propriétaire du Blue Boy finit par relever la tête de ses papiers. Lorsqu'il croisa le regard de Naoya, il sentit son cœur frissonner. Il posa son stylo, se leva, alla droit sur le jeune garçon et le prit dans ses bras.
« Bienvenue. » murmura-t-il chaleureusement.
Naoya hésita puis serra à son tour son amant dans ses bras.
« Elle vous énerve tant que cela ? » demanda-t-il doucement.
Reiji soupira.
« Je crois que je suis jaloux. »
Naoya rit de surprise. Il leva la tête vers Reiji, lui offrant ses lèvres. Ce dernier les accepta volontiers et embrassa tendrement son partenaire. Naoya savourait avec délectation le goût sucré des lèvres de Reiji ainsi que l'audace de sa langue lorsqu'il sentit des mains remonter sa chemise d'uniforme et glisser sur son torse, l'enserrant fortement et amenant son bassin à se coller à celui de son compagnon.
« Aoe-San ! fit le jeune homme en essayant de repousser les bras de son partenaire.
- On a vingt minutes. » déclara Reiji alors qu'il faisait tomber la veste du jeune homme.
# Fin du flash-back #
« Naoya-Kun ! s'exclama Seiichi. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je voulais juste prendre des nouvelles de Rena-Chan » expliqua Naoya en rougissant légèrement.
Rena se sentit très touchée par cette marque d'attention. Le regard qu'elle porta à Naoya se fit plus doux. Cela n'échappa pas à Reiji qui sentit à nouveau la moutarde lui monter au nez. Il allait lancer une remarquer acide lorsque Katsuki lui coupa net la parole.
« Naoya-Kun, tu vas dans quelle école ? Parce qu'on a fait le tour des écoles d'art et je me disais que ce serait bien si on prenait celle qui est le plus prêt de la tienne, comme cela Rena-Chan pourrait te retrouver le midi pour déjeuner. »
Reiji sentit la crise d'apoplexie le frôler.
« Ah ben ça... Dis donc Katsuki, je ne te savais pas aussi attentionné, le taquina Seiichi.
- Je suis toujours là pour une demoiselle en détresse, se vanta ce dernier.
- Je suis pas en détresse, fit remarquer Rena.
- C'est tout comme ! Arrête de casser mon image s'il te plaît, lui murmura Katsuki avec un air de conspirateur.
- Pardon, lui répondit-elle à voix basse.
- Tu veux intégrer une école d'art ? demanda Naoya à Rena.
- Oui.
- C'est super ! fit Naoya. On...
- CA SUFFIT ! » s'écria soudain Reiji.
Tout le monde se tut et le regarda interloqué. Reiji soupira.
« J'ai encore du travail, je n'ai pas de temps à perdre ici, dit-il en se levant.
- C'est toi qui amène Rena-Chan ici demain matin ? » demanda Seiichi pour retourner le couteau dans la plaie.
Ce dernier avait très bien compris la raison de l'attitude plus que désagréable de Reiji. Il ne le blâmait pas, tout le monde passait par là dans une relation. Les doutes sur la sincérité de l'autre ne s'effaçaient que petit à petit. L'arrivée de cette jeune fille était une épreuve en soi, pas pour Naoya qui était jeune et pur, mais pour Reiji qui avait beaucoup plus d'expérience et qui savait quelles trahisons la vie pouvait vous réserver.
« Kashima s'en chargera, répondit le Propriétaire sur un ton agacé. Tu viens Naoya ?
- Hai ! »
Le fait que l'homme n'appelle que Naoya blessa douloureusement Rena. La jeune fille se sentait minable à cause de lui. Elle était en colère aussi. Il était clair que c'était à cause de sa présence que le frère du docteur s'énervait. De plus, elle se douta qu'il n'appréciait pas du tout son semblant de discussion avec Naoya. Vu qu'il la détestait, il ne souhaitait probablement pas voir son fiancé devenir ami avec elle.
Cet Aoe Reiji la ramenait durement à la réalité. Elle se surprit elle-même de la vitesse incroyable à laquelle elle en était venu à apprécier la compagnie de ces hommes. Deux jours à peine et elle pouvait discuter avec eux, voir même rire ensemble. C'était tout bonnement prodigieux. Et cela ne lui ressemblait pas du tout non plus.
C'était comme si un voile tout doux était posé sur le monde, le rendant plus soyeux et accueillant.
C'était peut-être parce qu'il n'y avait aucune ambiguité entre eux. Etant homosexuels, il n'y avait aucun sous entendu dans les gestes tendres ou attentionnés de chacun. Ils ne considéreraient jamais Rena comme une proie potentielle pour leurs affaires de sexe. Le mieux qu'elle pouvait espérer était d'être choyée comme une petite sœur. Elle souhaitait ardemment que cela se produise. Si cet Aoe Reiji ne se mettait pas sans arrêt sur son chemin...
« On se voit demain, Rena-Chan. » fit Katsuki en posant une main rassurante sur son épaule.
Rena acquiesça avec un petit sourire. Ce réconfort lui faisait du bien.
« On prendra le temps de choisir l'école demain matin, ajouta Seiichi. Ensuite on ira t'inscrire et on ira acheter ton uniforme.
- D'accord. » répondit la jeune fille en souriant.
Ces deux-là étaient vraiment des amours. Pas comme l'autre monstre qui l'attendait en tapant du pied près de la porte d'entrée. Rena salua ses hôtes puis rejoint à la hâte Naoya et Reiji. Elle ne souhaitait pas se faire disputer, cela aurait gâché sa journée.
Reiji monta à l'avant à côté de Kashima et Naoya monta à côté de Rena sur la banquette arrière.
« Au manoir. » fit Reiji à Kashima qui démarra aussitôt.
Le début du trajet se fit dans le silence.
« Je vais à l'école Satokongi, fit Naoya d'une voix douce à l'attention de Rena.
- Oh.
- C'est juste à côté de l'école d'art d'Etsuki 1, lui indiqua le jeune homme.
- Elle avait l'air bien cette école. C'est la deuxième que nous avons visité.
- La sœur d'un de mes camarades de classe étudie là-bas. Si tu t'y inscris je pourrais te donner son nom et parler de toi à son frère, comme cela tu connaîtras déjà une personne là-bas.
- C'est gentil, merci.
- Izumi-kun va au lycée Masuki. On ne pourra pas le voir très souvent malheureusement.
- C'est dommage.
- Oui, fit Naoya en acquiesçant. Mais on pourra toujours le voir le week-end ou le soir.
- Bien sûr. »
Naoya sourit à la jeune fille. Devant, Reiji ne disait rien. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il aimait si peu cette gamine. Cette dernière ne semblait ni grossière ni trop familière avec Naoya. De plus, il savait que ce dernier lui était fidèle et qu'il l'aimait. Ce n'était pas donc pas à cause de la jalousie, comme il l'avait crû au départ, qu'il n'aimait pas Rena. C'était autre chose mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il se rendait compte aussi que tous les autres appréciaient la jeune fille et faisaient en sorte qu'elle se sente bien parmi eux. Ce qui était le plus étrange, c'est que Rena répondait à cent pour cent à l'attention qui lui était portée. Elle leur avait fait confiance d'emblée. Reiji se demanda d'où pouvait provenir cet excés de confiance.
Lorsqu'ils arrivèrent au manoir le téléphone sonnait. Kashima se dépêcha d'ouvrir la porte et se rua dans l'entrée pour décrocher.
« Demeure des Aoe, fit le domestique. Ah ! Kiichi-Sama ! Oui nous venons à peine de rentrer... Oui tout s'est bien passé... Je ne sais pas, je pense qu'il va retourner travailler directement... Naoya ? Je ne sais pas, je vais lui demander, ne quittez pas. Naoya-Kun ? fit Kashima en posant une main sur le combiné.
- Oui ?
- Est-ce que tu veux rester manger ici ce soir ?
- Heu... Je ne sais pas, je...
- Reste, fit Reiji. De toute façon j'ai du travail.
- Ce n'est pas la peine qu'... » commença Rena.
Elle se tut immédiatement en voyant le regard sévère de Reiji. Il lui faisait une fleur, elle comprit qu'elle n'avait pas intérêt à protester.
« Allo ? Oui, Naoya-Kun va rester dîner avec nous... Oui je vous le passe, ne quittez pas. Reiji-Sama ? fit Kashima en tendant le combiné à Rejji.
- Quoi ? fit Reiji en prenant le téléphone. Kiichi, grogna-t-il après quelques instants. C'est tout ? demanda-t-il agacé. Non, je n'ai pas oublié.... Oui... Non... Tu me fatigues, Kiichi... Elle n'a rien... Mais bien sûr que non que je ne l'ai pas touché ! Tu - !... »
Reiji soupira. Il raccrocha.
« J'y vais, dit-il en repassant le combiné à Kashima.
- Aoe-San ! fit Naoya en suivant Reiji alors que celui-ci retournait à sa voiture sans un au revoir.
- Je vais faire réchauffer le dîner. » informa Kashima avant de prendre congé.
Rena se retrouva seule dans le salon. Elle s'assit sur le canapé. Elle ne savait pourquoi, elle avait le cœur gros. Lorsque Naoya revint dans le salon, elle était au bord des larmes.
« Qu'est-ce qu'il y a, Rena-Chan ? demanda Naoya en venant s'asseoir à côté d'elle.
- Il me déteste.
- Qui ça ?
- Aoe Reiji. Il me déteste. »
Naoya prit son temps pour répondre. Il était vrai que Reiji n'appréciait pas trop la jeune fille, mais de là à la détester, il pensait que c'était exagéré.
« Tu sais, Rena-Chan, Aoe-San est toujours comme cela avec tout le monde. Il hurle tout le temps, il boude, il se fâche, il s'énerve facilement, mais il n'est jamais méchant. Izumi-kun le prenait pour le diable en personne au début. Mais au final, après réflexion, il a bien été obligé d'admettre que c'était grâce aux conseils et aux disputes de Reiji que sa relation avec Takamiya-San est aussi saine et harmonieuse aujourd'hui. Je dirais que Aoe-San est un ange sous une couverture de démon. Il va te paraître cruel, froid et insensible alors que c'est tout le contraire. C'est vraiment quelqu'un de bien. Laisse-lui juste un peu de temps pour te le prouver. »
Rena resta silencieuse un moment, le temps de ravaler ses larmes qui menaçaient de couler et de retrouver sa sérénité.
« D'accord, approuva-t-elle.
- Le dîner est prêt, fit Kashima en sortant de la cuisine avec une marmitte fumante qui semblait peser son poids.
- On arrive. » fit Naoya en se levant pour s'installer à table, suivi de Rena.
Les trois jeunes gens s'installèrent et commencèrent à manger.
« C'est délicieux comme toujours, Kashima-San, fit Naoya.
- Merci beaucoup, répondit le jeune homme. Alors Rena-Chan, cette première journée, c'était comment ?
- Très bien. Monsieur Amaiga et monsieur Kyosouke sont très gentils.
- Je ne les connais pas beaucoup mais ils avaient l'air plein d'attention, fit Naoya.
- Seiichi-San est une personne très attentionné effectivement. C'est un très bon choix pour un tuteur scolaire, remarqua Kashima.
- Est-ce que...
- Oui, Rena-Chan ?
- Est-ce que Monsieur Amaiga et Monsieur Kyosouke sont... heu... ensemble ? »
La remarque fit rire le domestique et rougir Naoya.
« Non, Katsuki-Kun est le Kouhai de Seiichi-San. Ils travaillent au même endroit et Seiichi apprend les bases du métier à Katsuki. »
Naoya rougit de plus belle en pensant au genre de métier qu'exerçaient les deux hommes. Il pria pour que Rena ne pose pas de questions.
« Je me sens bien avec eux, en sécurité. Et avec vous aussi... Je me demande si c'est parce que vous êtes homosexuels ? » questionna Rena avec innocence.
Naoya s'étrangla avec son verre d'eau alors que Kashima partit rire.
« Je te rappelle que je ne lui suis pas, dit Kashima.
- Oui, je sais, mais vous vivez avec eux, donc j'imagine que vous êtes un peu pareil, même si vos préférences sexuelles sont différentes, répliqua la jeune fille en rougissant fortement lorsqu'elle prononça ces derniers mots.
- Vous savez Rena-Chan, le fait d'être homosexuel ou pas n'a pas qu'à voir avec l'acte physique et l'assouvissement du désir, expliqua Kashima. C'est avant tout une histoire d'amour. Je ne pense pas que Naoya-Kun ait eu envie de tomber amoureux d'un garçon. Simplement, Reiji-Sama est apparu dans sa vie et il s'est trouvé être la personne dont Naoya-Kun avait le plus besoin. Leurs sentiments ont naturellement évolués, passant de la méfiance à l'amitié et de l'amitié à l'amour. Reiji-Sama ne sortait qu'avec des femmes avant de rencontrer Naoya-Kun. Et le fait que Naoya-Kun soit plus jeune que lui lui a posé de gros soucis au niveau responsabilité et ethique de ses sentiments, n'est-ce pas, Naoya-kun ?
- C'est vrai, approuva Naoya d'une voix qui ressemblait presque à un murmure. Je n'ai pas réfléchi, j'ai suivi mes instincts et mon cœur. Je voulais être près de lui, c'était tout ce qui comptait. »
Rena sourit un peu tristement. Sans le vouloir, elle enviait un peu tous ces hommes qui semblaient si bien dans leur peau, si heureux, et dont certains avaient trouvé l'âme sœur. Ils n'avaient pas l'air d'en attendre plus de la vie. Ils semblaient sereins et paisibles, contents d'être entre eux et profitant pleinement de ce qui leur avait été offert.
« Que se passe-t-il Rena-Chan, vous semblait triste ? demanda Kashima
- Hein ? Oh, non. Pas du tout.
- Vous aimeriez bien être comme eux, n'est-ce pas ? demanda le domestique.
- Quoi ? s'exclamèrent de concert Naoya et Rena.
- Ah ah ah ! Voyons, je ne parlait pas de devenir homosexuel. Mais, Rena-Chan, ne me dites pas que mon petit speech sur l'amour ne vous a pas rendu un petit peu jalouse. »
Rena se ratatina sur sa chaise. La jalousie est un vilain défaut, tout le monde le sait.
« Ne vous en faites pas, c'est tout à fait normal. Toute personne seule aspire au bonheur d'une relation à deux. C'est justement à ce niveau là que je voulais vous prévenir.
- Me prévenir ? demanda Rena.
- Oui. Vous êtes jeune et influençable, vous avez eu une enfance difficile et perdu l'amour familial depuis longtemps. D'ailleurs, faites bien attention à ne pas confondre l'amour pour une personne avec l'amour familial. Mais bon, là n'est pas le sujet. Ce que je voulais vous dire, c'est... Ne tombez surtout pas amoureuse de l'un d'entre eux. »
Rena en resta bouche bée.
« Vous souffririez énormément, continua Kashima, si vous vous attachiez plus qu'amicalement à l'un des hommes de cette maison. Je suis désolé de vous dire qu'ils ne sont pas et ne seront jamais pour vous, alors mettez des barrières dès maintenant. Vous pouvez par contre les considérer comme des grands frères mais cela ne doit pas aller plus loin. Je dis ça pour votre bien, Rena-Chan. Ces hommes ont beaucoup de charme et de tendresse, ils feront attention à vous et feront leur possible pour que vous vous sentiez bien parmi eux. Mais ne vous méprenez pas, malgré leurs gestes tendres, aucun ne développera de l'amour pour vous. Soyez-en avisé.
- Kashima-San, vous êtes dur, intervint Naoya-Kun.
- Je sais. Mais je connais des femmes qui ont eu le cœur brisé par des homosexuels dont elles étaient tombées amoureuses. Je ne souhaite pas que la même chose arrive à Rena-Chan.
- Je crois que je l'avais déjà comprit, répliqua Rena qui, elle ne savait pourquoi, venait de penser avec déception à Seiichi-San.
- C'est bien. Cela veut dire que vous n'êtes pas aveugle et que vous comprenez mieux le monde que ce que je ne pensais, répondit Kashima.
- Et puis Rena-Chan, beaucoup de mes camarades de classe aiment les jeunes filles. Je suis sûr qu'ils t'aimeront tous beaucoup ! fit Naoya pour réconforter la jeune fille.
- Oh ça va, ne vous en faites pas. Je ne suis pas en manque au point de sauter sur le premier venu, fit Rena que la conversation rendait toute chose.
- Bien sûr que non, s'empressa de répondre Naoya. C'est juste que...
- L'univers ne tourne pas autour des homosexuels ! continua Kashima pour relativiser la situation. Y'a plein de mecs bien qui sont hétérosexuels !
- N'est-ce pas, Kashima-San, fit Naoya pour le taquiner.
- Toucher, ah ah ah ! répondit le domestique.
- Malheureusement Rena-Chan, il est déjà pris, intervient Naoya.
- Hé oui... » soupira le jeune homme concerné.
Rena se surprit à rire. Elle était contente malgré cette épine de désolation qui lui éraflait le coeur. C'était dur de voir des gens être heureux et savoir que l'on aurait jamais accés au même bonheur. D'un autre côté, ils étaient suffisamment prévenant pour clarifier la situation dès le début afin qu'elle ne s'embourbe pas plus tard dans des sentiments confus.
Lorsque Kashima avait parlé de grand-frère, elle avait tout de suite pensé à Haruomi. Et lorsqu'il avait parlé d'amour, c'était la silhouette de Seiichi-San qui était venue s'imprimer dans son esprit. Rena retint un soupire. Elle devrait réfréner ses envies face à cette personne. Elle pria pour rencontrer plein de garçons dans sa nouvelle école qui lui feraient oublier ce petit tressaillement qu'elle avait ressenti en rencontrant Seiichi-San.
Le dîner se passa merveilleusement bien. La conversation fut légère et les trois jeunes gens rirent beaucoup. Le téléphone sonna un peu avant minuit. C'était Reiji qui s'inquiètait que Naoya ne soit pas encore rentré alors qu'il avait école demain. Kashima avait passé l'appel à Naoya qui avait eu bien du mal à calmer le Propriétaire du Blue Boy. Il partit tout de suite après avoir raccroché.
Rena remarqua le changement de comportement de Naoya lorsqu'il prit le combiné. Tout son être s'adoucit. Son amant se faisait du soucis pour lui, il y avait effectivement de quoi être heureux. Rena se demanda comment était leur vie de couple dans l'intimité. Quoi qu'elle fasse, elle n'arrivait pas à visualiser le jeune garçon au lit avec Aoe Reiji sans être parcourue d'un frisson. Cette scène virtuelle lui semblait perverse. La jeune fille savait qu'elle se faisait des idées et qu'il fallait qu'elle lutte contre les préjugés de la société qui avaient déteint sur elle.
Elle sourit lorsqu'il s'excusa rapidement avant de prendre congé et de courir rejoindre l'homme qu'il aimait. C'était vraiment attendrissant. Kashima se leva de table et lui tapota l'épaule en signe de réconfort. Il lui sourit, l'air de dire qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, son tour viendrait à elle aussi. Rena lui sourit en retour. Elle lui souhaita bonne nuit et monta dans sa chambre se coucher.
Elle aurait bien aimé qu'Haruomi soit là. S'il la prenait dans ses bras, rien que cela, alors elle aurait peut-être un peu la sensation d'être dans les bras de son père, comme quand elle était petite. Elle pourrait alors se laisser aller en écoutant une voix rassurante lui certifiant qu'elle pourrait bientôt sourire de la même manière que Naoya en pensant à un être aimé.
Rena embrassa la photo de ses parents et fit sa prière du soir avant de se coucher. Elle se pelotonna dans ses couvertures et s'installa en position fœtale. Elle s'endormit en ressentant un manque cruel d'affection. Elle se demanda ce que faisait Naoya-Kun et Aoe Reiji en ce moment, si leurs retrouvailles étaient tendres et agréables. Elle pensa à Seiichi-San qui devait s'être détendu devant la télé avec Katsuki-Kun, à Kiichi et Haruomi dans leur chambre d'hôtel, à Izumi-Kun qui devait être chez lui où chez son amant, à tous ces gens qu'elle venait de rencontrer et qui lui avait ouvert l'esprit et le cœur en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Amen.
Rena se releva, ouvrit sa valise et en sortit un vieil ours en peluche. Elle ne l'utilisait plus depuis des années mais elle conservait car c'était le seul cadeau de ses parents qu'il lui restait. Elle se recoucha se soir là en gardant la peluche serrée contre son cœur. Elle attendit le lendemain avec impatience.
A suivre...
Dancelune, 19 octobre 2004.
1 Les noms des écoles sont totalement inventés, je ne connais malheureusement pas les écoles de Tokyo.
PS : Merci beaucoup pour ta review Gayana, elle m'a fait hyper plaisir (j'en profite pour te remercier aussi pour celles que tu laisses pour Mascarade, je suis contente que ton intérêt pour cette fic ne faiblisse pas, je fais de mon mieux pour la garder intéressante et plaisante ).
PS 2 : Merci aussi à Mimi yuy pour ses commentaires toujours judicieux, t'es une super beta lectrice ma Mimi ! V
