Auteur : Dancelune

Email : karrakolnyahoo.fr

Disclaimer : Les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de Yuki Shimizu et de son sensationnel manga Love Mode. Seul l'élément perturbateur est de ma création.

Série : Love Mode.

Genre : réaliste dans la mesure du possible.

Prenez moi avec vous

Chapitre 5 : Des amis.

Seiichi et Rena sortirent de la cour de l'école d'art dans laquelle la jeune fille venait d'être inscrite. Ils avaient passés toute la matinée dans le bureau du directeur puis de la secrétaire principale afin de se mettre au courant des us et coutumes de l'établissement ainsi que de mettre les papiers administratifs à jour. Ils repartaient d'ailleurs avec une pochette remplie de documents à faire signer par le tuteur actuel de Rena.

Et là, Seiichi avait sans en avoir conscience réalisé la plus grosse bourde de sa vie selon Rena.

Il n'avait pas dit que c'était Aoe Kiichi qui était son tuteur légal, mais Aoe Reiji. A cette annonce Rena avait dangereusement pâli. Elle avait eu du mal à en croire ses oreilles. La jeune fille s'était retenue de justesse de protester. Seiichi était l'adulte, il parlait au directeur et tenait des propos confiants et assurés. Le contredire n'aurait pas été bienvenu et aurait été pris pour une marque d'impolitesse. Après quelques minutes de réflexions, Rena se demanda tout de même si elle n'aurait pas mieux fait de réagir finalement, vu que la secrétaire saisissait tous les papiers au nom de Reiji Aoe. Rena frissonna rien qu'en imaginant la réaction qu'allait avoir l'homme acerbe lorsqu'il saurait qu'il avait sous son aile une toute nouvelle protégée qu'il n'appréciait pas du tout… Et qui en plus portait sa veste.

Ce problème fit oublier à Rena les regards inquisiteurs des étudiants qu'elle avait croisé. Elle dénotait avec ses habits noirs alors que la couleur de l'uniforme de l'école d'art était beige. Elle se demandait d'ailleurs bien pourquoi. En peinture par exemple, comment est-ce que des élèves pouvaient ressortir impeccables de ce cours ? A moins qu'ils ne portent une blouse, ce qui était fort probable en y pensant. Elle regretta un petit peu d'avoir mis une jupe si courte mais ce remord ne dura pas bien longtemps. Elle avait de belles jambes, autant les montrer. Les élèves ne semblaient pas lui être hostiles, juste curieux. Les filles regardaient surtout Seiichi, se demandant si Rena était sa sœur ou bien sa petite amie (elle avait surpris des bribes de conversation alors qu'elle passait à la hauteur d'un groupe de filles). Les garçons semblaient moins intéressés, à part un ou deux qui l'avaient regardé plus attentivement que les autres. Rena tenait la tête haute et regardait droit devant elle, confiante grâce à la présence de Seiichi à ses côtés.

« Hé bien je suis pas mécontent que ce soit fini ! déclara Seiichi une fois le portail franchi. Je n'aurai jamais crû qu'ils nous garderaient aussi longtemps. Je me souviens maintenant pourquoi je déteste l'administration. Il est déjà midi et demi !

- Hmm.

- Bon ! La première épreuve est passé ! fit le jeune homme en souriant à Rena d'un air victorieux.

- Heu, oui ! » répondit cette dernière en revenant à la réalité.

Seiichi la regarda d'un air sceptique en sortant son paquet de cigarettes de la poche intérieure de sa veste.

« Y'a encore un truc qui cloche ? » demanda-t-il d'une voix neutre.

Rena rougit jusqu'à la racine des cheveux. Elle s'en voulait de faire toute une montagne du lapsus de Seiichi. D'un autre côté, c'était réellement une montagne à qui elle allait devoir expliquer la situation… Voir deux montagnes si Kiichi-Sama se sentait offusqué ou vexé. Elle soupira.

« Je m'excuse, répondit piteusement la jeune fille.

- Pourquoi ? interrogea Seiichi en allumant une cigarette.

- C'est que… fit la jeune fille hésitante.

- … Quoi ? demanda le jeune homme qui commençait à être agacé.

- Eh bien… Vous avez fait remplir tous les papiers au nom de Reiji Aoe, fit Rena en désignant d'un geste de la tête la pochette que tenait Seiichi et en grimaçant.

- Oui. Et alors ?

- A l'origine, c'est Kiichi-Sama qui est censé s'occuper de moi, expliqua Rena.

- … Oh.

- Et Reiji-San ne m'aime pas beaucoup, je pense que vous vous en êtes aperçu…

- Effectivement…

- Voilà c'est tout. C'est pas très grave, hein ! Mais bon… Enfin… Ca m'ennuie un petit peu. »

Seiichi inspira une bouffée de nicotine avant de soupirer lamentablement et de passer une main désabusée dans sa crinière.

« Arf ! J'avoues que je n'y avais pas du tout pensé. C'est clair que…

- Seiichi-San ! Rena-Chan ! » cria une voix masculine sur leur gauche.

Seiichi et Rena tournèrent la tête de concert pour voir arriver Naoya accompagné de l'un de ses camarades de classe.

C'est vrai qu'il a cours pas loin, se souvint alors Rena.

« Bonjour, fit Naoya une fois à la hauteur de Seiichi et Rena.

- Bonjour, répondirent en cœur ces derniers.

- Oh ! Heu, je vous présente Jouma, c'est l'un de mes amis.

- Salut ! fit Seiichi.

- Bonjour, dirent Jouma et Rena en se penchant en avant en même temps.

- Je me disais que l'on pourrait manger tous ensemble à midi, comme cela, vous pourrez nous raconter comment s'est passé cette matinée d'inscription, déclara Naoya en rougissant légèrement.

- C'est une excellente idée, je meurs de faim ! répliqua Seiichi. Vous avez des envies particulières ? demanda le jeune homme aux trois adolescents. Rena ?

- Hein ? Oh ! Comme vous voulez.

- Naoya-Kun ? interrogea alors Seiichi.

- Heu… J'aime bien les ramens…

- Va pour des ramens ! conclut Seiichi.

- Y'a un restaurant pas très loin d'ici qui fait d'excellents ramens, proposa Jouma timidement.

- C'est parfait, on a plus qu'à… »

Seiichi s'interrompit dans sa phrase alors qu'une voiture noire de sa connaissance se garait près d'eux dans un crissement de pneus. Décidément, on peut dire qu'il le surveille, son châton, pensa le jeune homme en voyant Reiji descendre du véhicule.

« Aoe-San ! » s'exclama Naoya en allant à sa rencontre.

Aoe Reiji ! pensa Rena avec une pointe d'effroi. Elle ne pensait pas qu'elle aurait à faire à lui si tôt. Elle fut surprise de voir cet homme au charisme imposant avoir un geste aussi tendre que de caresser doucement les cheveux de Naoya alors qu'il se penchait en avant en murmurant un léger bonjour et en souriant un peu. Elle sentit le rouge lui monter aux joues devant ce moment de tendresse que partageaient les deux hommes et qui aurait dû rester intime.

« Reiji ! s'exclama Seiichi avec un petit sourire aux lèvres. Me dit pas que t'es là simplement parce que tu savais que Naoya avait prévu de déjeuner avec nous ce midi ! » lança-t-il moqueur.

Reiji fronça le nez et lui jeta un regard glacial, ce qui voulait dire que c'était exactement pour cela qu'il était là. Seiichi étouffa un petit rire. C'est alors que le regard de Reiji se porta sur Rena. La jeune fille se sentit rapetisser devant le regard inquisiteur de l'homme qui avait osé lui donner une gifle. Rien qu'à s'en souvenir elle sentit la colère monter en elle. Elle releva la tête et le regarda avec défiance. Il avait un air hautain et dédaigneux. Elle lui répondit en faisant la mou et en fronçant les sourcils. Elle remarqua soudain et avec angoisse que l'homme avait avancé très légèrement la tête et fixait la veste qu'elle portait. Ses yeux se rétrécirent dangereusement et ses lèvres ne devinrent plus que deux traits fins. Rena perdit un peu de son assurance. Cet homme allait encore la disputer, mais cette fois-ci en pleine rue et bien sûr devant des personnes qu'elle estimait. Il allait l'humilier une fois de plus, c'était sûr, alors que ce n'était même pas de sa faute, c'était Kashima qui l'avait obligé à la porter. Elle vit avec terreur Reiji qui commençait à ouvrir la bouche. Rena se prépara à recevoir les foudres de l'Enfer lorsqu'elle s'aperçut que c'était une voix douce qui parlait.

Hein ?

« Rena-chan ta veste est superbe, elle te va très bien. C'est Kiichi-San qui te l'a offert ? » demanda Naoya sans se rendre compte qu'il venait de sauver la vie à la jeune fille.

En entendant la voix de son protégé Reiji s'était arrêté net et retrouvait peu à peu un visage normal. C'est dingue comme il a de l'influence sur lui, pensa Rena devant la réaction de l'homme à l'écoute de la voix de l'adolescent.

« Hein ? Oh ! Heu, non… commença-t-elle.

- C'est une ancienne veste à Reiji, commenta Seiichi en fixant ce dernier avec un air de vainqueur. C'est lui qui lui a offert.

- Seiichi… commença à menacer Reiji.

- Vraiment ? » s'écria Naoya tout content en se retournant vers son aimé et en le regardant avec admiration et amour.

Reiji fut complètement décontenancé face à l'innocence de son compagnon. Seiichi sourit, tout fier de lui. Rena remercia le jeune homme un millier de fois pour son esprit rusé. Jouma lui ne comprenait rien à la scène.

« Hé bien… fit Reiji en capitulant.

- Ouais ! Il a même accepté d'être le représentant légal de Rena-Chan pour son école, décida de continuer Seiichi en enfonçant le clou.

- QUOI !!!! s'écria Reiji qui s'était raidi d'un coup. Je…

- Tiens d'ailleurs voici les papiers qu'il faut que tu signes, fit Seiichi avec un sourire supérieur en lui tendant la pochette. C'est bien que tu sois là ce midi, comme cela on pourra retourner les papiers au directeur cette après-midi.

- Seiichi. » grogna Reiji qui était plus qu'énervé.

Reiji ne trouva rien de plus à répondre, il était complètement dépassé par la situation. Kashima qui se permettait d'habiller la fille de ses anciens vêtements et Seiichi qui décidait de son propre chef de le nommer tuteur de la gamine. Incroyable. Depuis quand est-ce que les gens commençaient à décider pour lui ? C'était nouveau et cela ne lui plaisait pas du tout. Il dû se rendre à l'évidence que rien n'était de la faute de cette jeune fille, elle devait probablement subir les désirs de ces messieurs sans avoir son mot à dire. Elle n'était pas méchante, il le savait bien, mais alors pourquoi n'arrivait-il pas à la regarder sans que son poil s'hérisse ? Elle avait le don de l'énerver rien que par sa présence. C'était rare qu'il perde son flegme en face de quelqu'un.

« On y va ? demanda Naoya qui sortit Reiji de ses réflexions. C'est qu'il nous reste moins d'une heure avant la reprise des cours, expliqua-t-il.

- Let's go ! » fit Seiichi en prenant la tête du convoi aux côtés de Naoya.

Reiji soupira et suivit en marmonnant des choses incompréhensibles. Jouma sourit alors à Rena et attendit que la jeune fille soit arrivée à sa hauteur pour se mettre en marche à ses côtés. C'est gentil de sa part de m'attendre, pensa Rena. Elle lui sourit en retour puis ramena son regard devant elle. Les deux jeunes gens ne dirent rien pendant le trajet jusqu'au restaurant.

Rena écoutait d'une oreille distraite la conversation entre Seiichi et Naoya. En fait, elle était absorbée par le dos d'Aoe Reiji : des épaules larges, une taille fine, bien droit. Elle se demanda pourquoi cet homme lui en voulait. C'était parfaitement illogique. Il était évident que Naoya était amoureux de lui et que c'était réciproque. Il n'avait aucune raison de s'inquiéter et elle suspectait que la raison de sa rancœur avec elle n'avait rien à voir avec la jalousie. Cet homme était un vrai mystère. Elle se souvint de sa profession. Avec une telle classe il était difficile à croire qu'il soit dans le milieu de la prostitution. Elle regarda Seiichi. Le jeune homme travaillait pour Reiji Aoe. Il avait le même charisme avec un peu moins de prestance, probablement parce qu'il était plus jeune. A l'image de son patron, personne ne pourrait deviner qu'une personne aussi distinguée loue ses services à des clients, qui plus est des hommes. Le club privé d'Aoe Reiji devait avoir une certaine réputation et rapporter beaucoup d'argent, vu la stature des membres et du propriétaire. Rena se demandait quels pouvaient être les clients de ce genre d'endroit. Probablement des hommes riches, vu le standard établit par le maître des lieux.

Son regard se porta ensuite sur Naoya. Le jeune homme était beaucoup plus frêle que les deux adultes. Il était très mince et semblait près à se casser au moindre coup de vent. Il était mignon lui aussi mais pas dans le même style que Seiichi ou Aoe Reiji. Les deux hommes étaient virils et en imposaient par leur simple présence. Naoya lui faisait plutôt penser à une poupée précieuse qu'il fallait envelopper d'attentions et cajoler pour qu'elle sourit. Ce sentiment était encore plus prononcé lorsqu'il se trouvait aux côtés d'Aoe Reiji. Rena se demanda quelle était leur histoire à tout les deux. Comment avaient-ils pu se rencontrer ? Ils semblaient issus de deux mondes différents. Et comment expliquer leur différence d'âge ? Naoya avait au moins dix ans de moins qu'Aoe Reiji, si ce n'était pas plutôt quinze ou vingt. Comment deux êtres à des stades d'évolution si différents pouvaient-ils s'entendre ? Rena envisageait sans problème la relation père - fils, mais la relation amoureuse qu'ils entretenaient la laissait sceptique. Elle-même n'arrivait pas à s'imaginer sortant avec quelqu'un de beaucoup plus vieux qu'elle. Sortir... Peut-être que ces deux êtres ne faisaient pas que sortir ensemble. Peut-être qu'ils s'aimaient ? L'amour rend aveugle paraît-il. S'il est pur, alors peut-être que la différence d'âge s'efface devant la force des sentiments ?

Rena fut tirée de ses réflexions lorsque la sonnette de la porte d'entrée du restaurant retentit. Le petit groupe alla s'installer à une table au fond de la salle. Une serveuse vint immédiatement prendre leur commande.

« Alors Jouma ! Tu es un ami de Naoya-kun ? fit Seiichi pour entamer la conversation et pour inclure le nouveau venu dans le groupe.

- Hein ! Oh, oui. On se connaît depuis le jardin d'enfant, répondit Jouma en souriant.

- Vraiment ? C'est une chance que tu sois dans la même école que Naoya, il est toujours bon d'avoir des amis avec soi. Tu ne trouves pas, Reiji ? demanda Seiichi.

- Hm, répondit l'homme en allumant une cigarette et en ouvrant la pochette de documents.

- Ah oui ! fit Seiichi en le voyant faire. Ce n'est pas précisé, mais en tant que tuteur tu devras participer aux réunions de parents d'élèves. »

Reiji ouvrit la bouche béa et faillit en laisser tomber sa cigarette. Naoya la récupéra de justesse et la reposa délicatement sur les lèvres de son amant. Rena se ratatina sur sa chaise. Pourquoi donc est-ce que Seiichi insistait sur tous ces détails ? Il ferait peut-être mieux de laisser l'homme se faire à l'idée avant de lui assener toutes les responsabilités qu'il devrait prendre envers elle.

« Des réunions de parents d'élèves ? fit Reiji durement. Ca existe encore ce genre de chose ?

- Oui, jusqu'à la fin de ses études au lycée, tu seras officiellement le papa de Rena-Chan. » répondit son vis à vis.

A ces mots la cigarette de Reiji tomba bel et bien dans son assiette, Naoya déchira la serviette en papier avec laquelle il était en train de s'amuser et Rena se noya dans son verre d'eau. Le silence s'installa à la petite table, alors que trois paires d'yeux ahuris fixait un jeune homme parfaitement détendu.

« Pas question ! s'écria soudain Rena en se levant.

- Tu dis n'importe quoi Seiichi ! explosa Reiji dans le même temps en se levant et en claquant son poing sur la table.

- Papa ? » murmura Naoya incrédule.

Reiji et Rena se foudroyèrent du regard.

« Il est hors de question que je prenne cette gamine chez moi ! fit Reiji en sautant sur une conclusion stupide.

- Je ne veux pas de ce vieux dragon comme papa ! cria Rena en montrant Reiji du doigt.

- Vieux dragon ? interrogea ce dernier avec un regard noir.

- Exactement ! répondit Rena qui était plus que furieuse.

- Pourquoi ? Tu crois que Reiji ne ferait pas un bon père ? demanda Seiichi tranquillement alors que tous les regards de la salle de restaurant étaient braqués sur eux.

- Bien sûr que non ! Si jamais j'ai un papa ce sera Haruomi-San ! » se révolta la jeune fille.

Le silence accueillit ses propos. Rena reprit petit à petit ses esprits. Elle réalisa qu'elle était debout, les deux mains posées sur la table, rouge comme une tomate et essoufflée, et qu'elle venait de dire une chose insensée. Troublée, elle tourna la tête sur le côté pour voir la serveuse stoïque, ses plats à la main, qui regardait la scène bouche bée. Ce sentant ridicule, la jeune se rassit en murmurant un inaudible pardon.

Le silence s'installa à nouveau. Tout le monde semblait plongé dans ses réflexions, même Jouma qui ne comprenait rien à cette dispute mais qui savait parfaitement qu'il valait mieux pour lui qu'il n'ouvre pas la bouche.

« Haruomi-San… finit par murmurer Seiichi.

- C'est l'amant de mon frère, déclara Reiji froidement en s'adressant à Rena.

- Je sais ! » aboya cette dernière.

La jeune fille était furieuse contre elle-même. Comment avait-elle pu se laisser emporter de la sorte ? Et cette déclaration, comme quoi elle voulait Haruomi comme papa. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Elle le connaissait à peine. Elle se sentait en sécurité avec lui mais rien de plus. Alors pourquoi avoir soudainement… Est-ce que c'était ce qu'elle désirait ? C'était absurde. Elle n'avait qu'un seul papa, et il était mort quand elle avait cinq ans. Personne ne pourrait le remplacer.

« Seiichi, tu viendras me voir à mon bureau ce soir à 19h, déclara Reiji.

- Pour du travail ? demanda le jeune homme.

- Entre autre » fit Reiji en le fusillant du regard.

Seiichi soupira. Il y avait été fort. Très fort même. Il savait qu'il venait de pousser son patron à bout et que ce dernier se retenait de faire une esclandre seulement parce que son amant était là. D'un autre côté, il n'avait pas envie de traîner ce genre de problèmes derrière lui à cause des non-dits. Il travaillait pour Reiji, il le respectait en tant que patron. En tant qu'ami, il n'avait aucunement le droit de lui dicter une quelconque conduite ou bien même d'être en colère après lui. Il savait cependant que son aîné bouillait de rage et qu'il allait avoir droit à des remontrances. Cependant, il jugeait nécessaire que le patron du Blue Boy soit un peu plus tolérant vis à vis de Rena. Seiichi ne supportait pas que l'on s'en prenne aux enfants, de quelque manière que ce soit. Et malgré le fait qu'elle ait 17 ans, cette jeune fille était encore une gamine. Reiji devait faire plus attention. Nayoa l'avait déjà beaucoup adoucit mais il restait encore beaucoup de travail à faire pour humaniser totalemnt son patron.

« Je te rappelle que je suis actuellement en train de travailler » déclara Seiichi.

Reiji avait-il oublié qu'il lui avait dis il y a à peine deux jours que son travail consistait désormais à s'occuper de l'éducation de Rena ?

« Mes clients sont prioritaires, assena Reiji.

- Aoe-San ! » sursauta Naoya.

Le visage de Seiichi se ferma. Son patron était vraiment insensible. Il y mettait en plus de la mauvaise volonté. Le jeune homme jeta un regard à la jeune fille qui était blanche comme un linge. Il remarqua qu'elle serrait les poings qu'elle avait de posés sur ses cuisses. Pas étonnant. A chaque fois qu'elle rencontrait Reiji il la rabaissait. Ce déjeuner était peut-être une mauvaise idée, finalement.

Reiji sortit un stylo de la poche de sa veste et signa tous les papiers. Personne ne dit mot pendant qu'il s'affairait. Une fois terminé, il rangea les papiers dans la pochette et la tendit sans un mot à Seiichi. Le jeune homme la prit. Reiji se leva et mit son manteau.

« 19h, fit-il à Seiichi.

- Tu n'as rien mangé, fit remarquer ce dernier.

- Aoe-San » murmura Naoya en levant des yeux inquiets vers son amant qui partait.

Reiji baissa les yeux vers Naoya. Il sourit imperceptiblement et lui caressa la joue d'un doigt avant de partir sans se retourner.

Personne ne dit mot.

Naoya regarda Reiji partir avec tristesse, malgré tout l'espoir et l'amour que contenait sa dernière caresse. Cela lui avait fait un choc que quelqu'un puisse envisager que Reiji soit père. Nayoa savait qu'il était beaucoup plus âgé que lui, mais de là à pouvoir être le père d'une adolescente de son âge… Cela le bouleversait. Il savait que ce n'était que des mots mais si Rena devenait la fille de Reiji, que deviendrait-il, lui ? Ils étaient amants mais devant la loi ils n'étaient rien. Rien ne les liait à part l'amour. Et si ce dernier venait à s'effriter, il n'aurait à nouveau plus personne dans sa vie. Bien sûr, il avait toujours Wataru et la société Haitani, avec toutes les personnes à son service qu'il commençait à apprécier, mais… Sans Reiji, que ferait-il ?... Il n'arrivait pas à le concevoir en père. Il était son amant. Il ne pouvait être autre chose. Il en voulut un instant à Rena d'avoir fait de Reiji son tuteur légal. Elle aurait très bien pu se contenter de Kiichi. Il était tout aussi qualifié si ce n'est plus pour être son tuteur. Qu'est-ce qu'il lui avait prit ? La jeune fille semblait pourtant ne pas apprécier son amant. Alors pourquoi en faire son tuteur. Elle devait très bien savoir que cela lui déplairait fortement. Etait-ce de la vengeance ? Et après, crier qu'elle ne veut pas de lui comme père… Pourquoi se contredire ?... A moins que ce ne soit Seiichi qui ait décidé cela. Mais dans ce cas, dans quel but ? Naoya était dépassé par les événements. Néanmoins, il décida qu'il parlerait ce soir avec son amant de sa conduite inqualifiable. Il n'avait pas le droit d'être aussi cruel envers quelqu'un surtout si cette personne n'avait rien fait pour mériter cela. L'attitude de son compagnon le laissait perplexe. Il leva les yeux vers Rena et vit cette dernière au bord des larmes. Un fort sentiment de compassion étreint alors son cœur.

Seiichi retrouva vite son calme. Un « vieux dragon »… Il sourit en pensant à cette expression. La jeune fille n'avait pas tord. Reiji crachait littéralement des flammes devant elle. Seul Naoya pouvait l'apaiser. Il allait être d'une humeur massacrante cet après-midi. Il eut une petite pensée pour Kashima qui allait devoir le supporter. Quant à Rena… Il faillit rire tout haut en imaginant Haruomi en papa poule. Il trouvait que ce rôle ne lui convenait pas du tout. Il se demanda comment la jeune fille en était venue à avoir autant d'affection pour lui. Encore un mystère de la gente féminine qu'il n'était pas près de découvrir. Il ne comprenait décidément rien aux femmes.

Il pensa alors à Tomoko. Avoir une adolescente à ses côtés lui rappelait le jeune garçon qui avait réussi à conquérir son cœur avant de le quitter brutalement. Depuis ces événements, Seiichi était devenu beaucoup plus sensible envers ses cadets. Il était protecteur avec Katsuki et il sentait qu'il allait faire de même avec la jeune fille… Rectification faite : il faisait déjà de même. S'il avait provoqué Reiji, c'était entre autre pour que Rena n'ait pas à l'affronter seule. Elle avait besoin d'affection et de soutien, c'était évident. Il se demanda bien pourquoi Reiji faisait semblant de ne pas s'en rendre compte. Quand il posa ses yeux sur la jeune fille, il se rendit compte qu'elle retenait difficilement ses larmes.

Rena fulminait. Ses clients étaient plus importants qu'elle… Forcément, venant d'un type qui la détestait, ce n'était même pas surprenant. Mais même si elle essayait de se persuader que cela ne lui faisait rien, elle avait mal. Mine de rien, son refus catégorique de vouloir assumer un rôle de père envers elle l'avait mortifié. Etait-elle donc si peu adorable que même un homme responsable ne voulait pas la prendre en charge ? Il était le frère de Kiichi. Il devait lui ressembler un minimum. Même s'il ne le montrait pas, il devait quand même éprouver des sentiments, non ? Etait-elle si misérable au point de le laisser indifférent, voir méprisant ? Elle ne lui avait rien fait. Elle ne faisait qu'être là. Sa présence était-elle si énervante ? L'homme lui donnait l'impression d'être une moins que rien, une intruse qui ne méritait pas d'être là, en leur compagnie. Ce n'était pas juste. Il ne lui laissait aucune chance.

Ses pensées se tournèrent vers Haruomi. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de révéler à tout le monde qu'elle préférerait avoir Haruomi comme papa ? C'était inconcevable même pour elle-même… Alors quoi ? Elle avait parlé sans réfléchir, ses mots venaient du cœur. Rena ne parvenait pas à y croire. Est-ce qu'elle était tellement en manque de tendresse qu'elle serait prête à prendre le premier inconnu qui passe comme père ? Avait-elle donc tant besoin que ça d'une famille ? Etait-ce si urgent ? Elle n'arrivait pas à savoir. La confusion régnait à nouveau dans son cœur.

Une image de son père et de sa mère traversa son esprit. Elle sentit les larmes monter.

« Rena-Chan ? demanda Naoya en se penchant vers la jeune fille avec bienfaisance. Est-ce que ça va ? »

Rena releva promptement la tête. Elle essuya rapidement les larmes qui perlaient. Ses yeux lançaient des éclairs. Elle faillit être méchante par impulsion mais réussit à se contrôler et à ne rien dire. Elle se contenta d'acquiescer et reporta son attention sur ses poings. Ses ongles dans sa chair commençaient à lui faire mal.

« Pardon, reprit Naoya. Je ne sais pas pourquoi il agit ainsi. Il n'est pas méchant d'habitude. Je ne comprends pas. »

La jeune fille ne releva pas la tête. Naoya était très gentil mais elle n'avait pas envie d'entendre des mots de consolation maintenant. Elle était trop en colère et très énervée. Elle n'écoutait rien dans ces moments là. Il fallait qu'elle se calme elle-même avant de pouvoir se concentrer à nouveau sur les autres.

« Bon ! Allons-y ! fit Seiichi en se levant et en sortant son porte-monnaie.

- Où ça ? demanda Naoya au bout d'un instant.

- Désolé les gars, je n'emmène que Rena avec moi » répondit le brun.

Rena s'intéressa à la conversation en entendant son nom. C'était Seiichi qui parlait. Elle l'aimait bien. Elle voulait savoir comment il réagirait.

« Je suis désolé de vous avoir fait subir un déjeuner aussi catastrophique, s'excusa-t-il auprès de Naoya et Jouma.

- Mais que… commença Naoya.

- Naoya, peux-tu dire à Reiji que je ne serais là qu'à 20h ce soir ?

- Bien sûr.

- Ne tarde pas trop, s'il te plaît. Reiji déteste être prévenu des changements à la dernière minute.

- D'accord mais où…

- Disneyland Tokyo, répondit l'homme en anticipant la question de Naoya.

- Disneyland ? » s'exclama Naoya.

Rena ouvrit de grands yeux ronds en entendant cela.

« Exactement. Je remettrai les documents au directeur et on se chargera de l'uniforme de la miss demain. Ce dont elle a besoin pour l'instant, c'est de faire quelques tours de grand huit » déclara Seiichi.

Les trois jeunes gens restèrent bouche bée un moment.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne veux pas y aller Rena-Chan ? interrogea l'homme en s'en allant. Salut les gars ! fit-il avant de tourner le dos.

- Huh ! Si si !!!! » s'écria cette dernière en se levant précipitamment et en prenant fébrilement sa veste.

Elle fit quelques pas puis se retourna.

« Au revoir Naoya-Kun. Au revoir Jouma-Kun, fit-elle en s'inclinant.

- Salut Rena-Chan, fit Naoya. Amuse-toi bien.

- Au revoir Rena-Chan, fit poliment Jouma. »

La jeune fille fit un petit signe de la main avant de laisser les deux garçons consternés face à leurs assiettes. Elle marcha rapidement pour rattraper Seiichi. Elle ralentit lorsqu'elle arriva à sa hauteur. Elle regarda ses chaussures un moment puis leva les yeux vers lui. Il la regardait en souriant.

« Prête pour le grand frisson ? » demanda-t-il joyeux.

La jeune fille sentit son cœur se gonfler de bonheur, alors que l'instant d'avant il était piétiné et déchiré en morceaux. Cet homme avait décidément un effet extraordinaire sur elle. Il la surprenait chaque fois un peu plus. Elle lui sourit grandement.

« Hai ! » clama-t-elle haut et fort.

Seiichi sourit de plus belle et héla un taxi.

A suivre…

Dancelune, 2 décembre 2004.

PS : Merci Gayana et Mimi Yuy pour vos reviews :o) J'espère que ce chapitre où l'on retrouve un peu de nos bishies vous a plu . Et la scène d'explication entre Naoya et Reiji arrivera dans le prochain chapitre