Auteur : Dancelune

Email : karrakolnyahoo.fr

Disclaimer : Les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de Yuki Shimizu et de son sensationnel manga Love Mode. Seul l'élément perturbateur est de ma création.

Série : Love Mode.

Genre : réaliste dans la mesure du possible.

Remarque : Désolée pour l'énorme retard de ce chapitre, mais il y a eu pas mal de changement ces temps-ci dans ma vie, et il a fallut que je m'adapte. Maintenant que tout est revenu dans l'ordre, je peux à nouveau me consacrer pleinement à mes petites fics chéries

Prenez moi avec vous

Chapitre 6 : Fin de journée

(titre débile mais je suis ce qu'il y a d'on ne peut plus nulle pour trouver des titres à mes chapitres)

« C'était génial ! fit Rena une fois assise dans la voiture.

Content que cela t'ait plu ! commenta Seiichi en souriant et en démarrant la voiture. Le Grand Huit était super.

Carrément ! Mais au bout de trois fois de suite j'ai failli être malade.

C'est à cause des crêpes que tu as mangé juste avant.

Possible… En tout cas elles étaient très bonnes ces crêpes, surtout celles à la confiture.

A la fraise. Ce sont les meilleures !

Exactement ! »

La jeune fille soupira de plaisir et se laissa aller contre son siège. Elle avait passé une journée presque idyllique en compagnie de Seiichi… Presque… Le souvenir d'Aoe Reiji et de ses remarques désobligeantes vint assombrir ses pensées mais elle le chassa bien vite de son esprit.

Elle s'était amusée comme une petite folle cet après-midi. C'était la première fois de sa vie qu'elle avait été aussi gâtée. Seiichi lui avait acheté toutes les friandises qu'elle désirait, ses moindres caprices avaient été exécutés comme des ordres, elle avait pu faire absolument tout ce qu'elle voulait. Il lui avait semblé qu'elle redevenait petite fille, à jouer comme lorsque l'on a encore l'innocence de l'enfance. Rena pensait qu'elle avait déjà été à Disneyland Tokyo quand elle était petite, avec ses parents, mais elle n'en avait pas de souvenirs précis, juste des impressions. En tout cas, elle avait passé une après-midi radieuse et ce grâce à Seiichi. Elle était aux anges.

Pour lui dire au revoir la jeune fille ne pu résister au plaisir de déposer un bisou sur la joue de l'homme dont les cheveux mi-longs étaient retenus en une queue de cheval sexy, lorsque ce dernier la déposa devant la grille du manoir des Aoe. Seiichi fut surpris mais d'après son petit sourire amusé cette marque d'attention n'eut pas l'air de le gêner plus que cela. Le cœur de Rena s'apaisa un peu en voyant l'air content de son compagnon. Elle s'était posée la question bien cinq minutes avant leur arrivée chez les Aoe. Elle se demandait si elle oserait ou pas. Un baiser, même sur une joue, gardait la signification comme quoi vous aimiez bien la personne que vous embrassiez. Que cette personne était spéciale à vos yeux. Mais comme Seiichi était homosexuel et qu'il savait qu'elle le savait, Rena se dit qu'il ne l'interprèterait pas mal. Certainement comme une petite sœur faisant un bisou à son grand frère. Ce n'était pas tout à fait vrai cependant.

Rena sortit de la voiture avec le sourire. A mi-chemin elle se retourna et fit de grands gestes de la main pour redire au revoir à Seiichi. Elle savait qu'elle le reverrait demain, ce qui allégea son chagrin de le quitter si tôt. Elle arriva sur le pas de la porte des Aoe et s'arrêta net.

Que devait-elle faire ? Sonner ou entrer directement ? Elle se retourna et vit que Seiichi attendait dans la voiture de voir si elle rentrait bien chez elle. Rena lui fit un dernier petit signe de la main auquel son ami répondit puis se décida à pousser la porte d'entrée sans frapper, tout bonnement pour ne pas perdre la face devant Seiichi. C'était une raison puérile et elle le savait.

Rena referma doucement la porte derrière elle. Elle ôta ses chaussures puis enleva sa veste. Elle s'apprêtait à la ranger sur le premier portemanteau qui traînait lorsqu'elle s'aperçut qu'elle n'avait aucune idée du placard dans lequel elle devait ranger cette veste. Kashima l'avait sorti ce matin de l'une des deux armoires qui trônaient dans l'entrée mais la jeune fille était incapable de se souvenir de laquelle. Bien embêtée, Rena décida de remettre la veste et de rentrer comme cela dans le salon. Elle s'avança et s'arrêta sur le pas de la porte. Kiichi étais assis confortablement sur le canapé en train de lire un magazine.

Rena se dandina d'un pied sur l'autre puis décida de se lancer.

« Bonsoir. » dit-elle en restant bien sagement dans l'encadrement de la porte et en se baissant poliment.

Kiichi releva tout de suite les yeux de son journal.

« Rena-chan ! s'écria-t-il en la voyant. Je suis content de te voir. Ces deux jours n'ont pas été trop durs ? demanda l'aîné des Aoe en repliant son journal.

Non pas du tout.

Ne reste pas plantée là et viens t'asseoir. »

La jeune fille s'exécuta timidement.

« Mais… C'est une veste de Reiji que tu portes ! remarqua Kiichi à qui rien n'échappait. Vous vous êtes donc réconciliés ?

Hmm, pas vraiment, répondit Rena gênée.

Ah bon ? Dommage... Tu ne me donnes même pas un bisou de bienvenue ? s'exclama le docteur vexé alors que la jeune fille s'installait sur la chaise en face de lui.

Heu… »

Rena stoppa son geste et se redressa. De tous les hommes qu'elle avait côtoyé ces derniers jours, Kiichi était l'un de ceux qu'elle connaissait le moins bien. Finalement elle ne lui avait parlé que deux ou trois fois. Sa timidité était revenue au galop. L'adolescente se dirigea maladroitement vers Kiichi et se cogna le genou contre l'un des rebords de la table basse. Elle espéra que sa petite grimace était passée inaperçue. Elle s'approcha du bel homme qui tendait la joue pour recevoir son dû. Rena rougit jusqu'à la racine des cheveux puis déposa un rapide bisou sur la joue de Kiichi.

« Bonsoir Mademoiselle Rena. » fit alors la voix d'Haruomi dans son dos.

Rena se redressa brusquement, rouge tomate, et fit volte-face.

« Bonsoir Haruomi-San, répondit-elle en s'inclinant bien bas et rapidement.

Haruomi devrait lui aussi avoir droit à un bisou, non ? » déclara avec espièglerie Kiichi en voyant que la jeune fille ne bougeait pas.

Le beau jeune homme brun à lunettes retint un gloussement lorsqu'il vit la couleur des joues de Rena s'accorder parfaitement à celle de son pull grenat. Lorsqu'il tourna son regard vers Haruomi, il vit que celui-ci était livide. Aucun des deux protagonistes de la scène ne remuant même le petit doigt, Kiichi se dit qu'il se devait d'intervenir.

« Haruomi !

Hai ! »

Les réflexes prirent le dessus et le garde du corps de Kiichi s'approcha enfin d'eux. Une fois à leur hauteur et voyant le visage noyé dans le rouge de la jeune fille, Haruomi prit sur lui en retenant un soupir d'exaspération envers son compagnon, se pencha en avant et déposa un baiser sur la joue incandescente de Rena.

« Bonsoir mademoiselle. Nous vous attendions pour dîner, répliqua l'homme à la large carrure. Le repas sera prêt dans un quart d'heure.

Ah… murmura Rena complètement retournée par le bisou du domestique.

Juste le temps pour Rena-Chan de me raconter ses journées ! » déclara un Kiichi ravi et tout fier de lui.

Il lança un rapide coup d'œil amoureux à son amant. Ce dernier, loin de paraître aussi enthousiaste, fit la moue avant de repartir vers la cuisine.

« J'espère que tu t'es bien amusée, reprit le maître des lieux en indiquant d'un geste de la main à la jeune fille qu'elle pouvait aller se rasseoir, ce qu'elle fit. Alors ? Que t'est-il arrivé de beau ces deux derniers jours ? »

Rena, encore sous le charme des lèvres chaudes d'Haruomi, mit un petit moment avant de réagir. C'était la première fois depuis fort longtemps qu'elle recevait un baiser d'homme. En donner la gênait déjà, mais en recevoir était tout bonnement grisant. Son cœur battait la chamade et elle avait chaud. Elle ne pu s'empêcher de regarder le dos du grand homme qui se dirigeait vers la cuisine. Sa vision lui procurait un tel bonheur qu'elle en fut étourdie. Non pas qu'elle soit amoureuse de cet homme. Simplement… elle se sentait bien à ses côtés. Elle l'adorait sans savoir pourquoi. Elle soupira inconsciemment de contentement.

En voyant la réaction de la jeune fille, Kiichi sourit intérieurement. Qui aurait crû que son Haruomi, si stoïque, puisse déchaîner les passions ? Il était un peu jaloux de son amant mais en même temps très heureux pour lui. Depuis le temps qu'ils vivaient ensemble ils n'avaient jamais abordé la question des enfants. Kiichi y avait déjà réfléchit et se demandait si cela manquerait à Haruomi un jour. Après tout, la paternité était un sentiment tout à fait naturel qui venait avec l'âge. C'était le désir ancestral de l'homme voulant se reproduire pour perpétuer la race. Et Haruomi n'échapperait pas à cette règle. D'ailleurs, en voyant comme son amant ne s'était qu'à peine fait prier pour embrasser la jeune fille, Kiichi savait désormais que son compagnon, même s'il ne le montrait pas, s'était déjà beaucoup attaché à la jeune fille. Et s'entendre appeler « papa » avait dû le secouer plus qu'il ne voulait bien le montrer.

Tout cela était pour le mieux.

Seiichi se gara dans le parking souterrain réservé au personnel du Blue Boy. Il éteignit le moteur, s'étira puis soupira. L'idée d'affronter son boss ce soir après avoir passé une après-midi à s'amuser et se détendre au Parc d'Attractions avec la jeune fille ne l'enchantait pas particulièrement. De plus, il savait déjà quels reproches allait lui faire son patron. Il soupira d'exaspération. Il détestait les disputes en général, que ce soit d'ordre professionnel ou privé. Là, les deux étaient entremêlés. C'était la pire des situations.

Seiichi sortit de sa voiture, la ferma à clé et se dirigea vers l'ascenseur. Il allait appuyer sur le bouton d'appel lorsque les portes s'ouvrirent, faisant place à Jinnay accompagné d'un homme âgé d'une trentaine d'années et plutôt bien conservé. L'un des hôtes les plus chers du Blue Boy travaillait ce soir. Jinnay et Seiichi s'échangèrent un regard complice alors que les deux hommes sortaient de l'ascenseur. Seiichi les salua courtoisement puis rentra dans l'ascenseur. Il monta jusqu'à l'avant-dernier étage de la tour.

Le jeune homme s'apprêtait à sonner à l'entrée du bureau de Reiji lorsque Kashima le devança et ouvrit la porte pour lui.

« Seiichi-San ! Bonsoir.

Salut Kashima.

Reiji-Sama vous attend. Entrez je vous prie. »

Seiichi s'exécuta et rentra dans une pièce décorée le plus sobrement possible. Le papier peint était beige, les fauteuils et canapés d'attente dans les gris clair. Sur la table basse étaient disposées quelques revues. Il y avait quelques reproductions de tableaux accrochées au mur. Un Monet, un Picasso, un Remblais.

Kashima dépassa Seiichi et ouvrit les portes de la pièce d'après. Le secrétaire particulier de Reiji s'effaça pour laisser entrer son hôte dans le bureau du patron du Blue Boy.

Reiji était afféré à remplir des papiers administratifs et à signer des demandes d'adhésion au club. Seiichi attendit patiemment qu'il ait fini. Au bout d'une minute Reiji poussa un soupire de lassitude et se renversa sur son fauteuil. Il sortit ensuite un paquet de cigarettes de sa poche. Il en proposa une d'un geste de la main à Seiichi qui accepta. Une fois quelques bouffées de nicotine envolées, le propriétaire du Blue Boy se décida enfin à lancer le sujet.

« Bon. Seiichi. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu t'es bien rendu compte que tu dépassais ton rôle d'hôte en prenant la responsabilité de me rendre tuteur de cette gamine ? Ton rôle était juste de lui donner quelques cours d'étiquette et de la surveiller pendant la semaine où elle allait rester chez Kiichi. D'ailleurs, il avait certainement dû tout organiser pour qu'elle rentre dans une école bien précise, et pas en école d'art.

Il ne m'en avait pas parlé.

… Soit. Mais quant au fait de me rendre tuteur de cette gamine, c'est tout sim…

Je suis désolé. J'aurais dû mettre le nom d'Aoe Kiichi sur tous les papiers. Rena-chan me l'a déjà reproché. Je n'ai pas réfléchi sur le moment. Mais si vous n'étiez pas intervenu ce midi, on aurait pu arranger tout cela demain sans que vous n'en voyez un seul désagrément, le coupa Seiichi, qui vouvoyait toujours son ami lorsqu'il était dans les locaux du Blue Boy.

Je ne vois pas en quoi mon intervention de ce matin aurait changé quelque chose. C'est bien toi qui m'a tendu les papiers à signer, non ?

Oui. Tout simplement parce que vous faisiez preuve d'injustice envers cette pauvre jeune fille.

Ce n'est pas parce que je suis un peu dur envers elle que je suis injuste.

Si vous arrêtiez de l'humilier sans cesse je suis sûr qu'il n'y aurait aucun problème à l'heure actuelle.

Je ne v…

Même Naoya vous le demande. »

La réplique de Seiichi stoppa net Reiji. Pourquoi faisait-il intervenir Naoya dans leur discussion. Cela n'avait absolument rien à voir selon lui.

« Patron, on aimerait tous savoir ce qu'elle vous a fait cette petite pour qu'elle vous énerve à ce point là. »

Reiji ne répondit pas. Lui aussi se demandait bien ce que c'était. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus et c'était cela la cause de sa mauvaise attitude. Pourtant, il était certain qu'il y avait quelque chose. Mais quoi ? Cela restait pour l'instant un mystère.

« Ce que je… » commença-t-il.

Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone. Reiji fit un signe de la tête à Seiichi pour qu'il aille s'asseoir au cas où son coup de fil serait long.

« Aoe.

Patron ? C'est Tokiko-San.

Ah ! Tokiko. Bonsoir.

Bonsoir. Patron, j'ai un petit soucis dont j'aimerais discuter avec vous.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Vous vous souvenez que vendredi M. Nishihido a demandé à réserver le bar pour une petite soirée privée.

Ouais.

Et il a demandé à ce que les meilleurs hôtes du Blue Boy se joignent à la petite fête pour divertir ses invités au cas où. Il paye une petite fortune pour cela.

Ouais.

Hé bien M. Nishihido souhaite amener dix personne de plus, des tops models et acteurs européens dont la réputation n'est plus à faire là bas.

Le bar est assez grand pour accueillir dix personnes de plus, non ?

Certes, mais M. Nishihido souhaite que cinq membres du Blue Boy soient ajoutés pour la soirée.

Cinq ? Il se prend pour qui ?

Il est prêt à payer la moitié de la somme déjà versée en plus.

… C'est accepté.

Le problème est de savoir si nous avons effectivement cinq hôtes qui seront libres ce soir là. »

Reiji réfléchit un instant.

« Il veut des hôtes pour égayer sa soirée point barre, ou bien est-ce qu'il souhaite que ces hôtes fassent la totale si besoin est ?

La deuxième hypothèse est la bonne, mais il a insisté sur le fait que ce ne serait pas trop grave si ce n'était pas le cas. Il se rend compte qu'il fait sa demande un peu tardivement, il s'en est d'ailleurs excusé.

Ses nouveaux invités sont tous homosexuels ?

Non. Mais il veut juste pouvoir leur offrir le meilleur au cas où.

Hmm. Je vais voir ce que je peux faire, je te tiens informée.

Bien Patron. Désolée encore de vous avoir dérangé à cette heure là.

Ce n'est rien, tu sais très bien que tu peux m'appeler à n'importe quelle heure.

Oui Patron. Encore merci. Bonne soirée. Au revoir.

Bonsoir. »

Reiji reposa le combiné. Il sortit un classeur de sous une pile de documents, le parcourut des yeux rapidement et fronça les sourcils.

« Un problème ? demanda Seiichi.

Hm ? Ouais. Faut que je trouve cinq hôtes de plus pour la soirée de vendredi, mais le planning est déjà très serré pour tout le monde.

Tu ne veux pas demander à Izumi ou Rin de reprendre du service ?

Impossible. Tu sais comment on est lorsque l'on a enfin trouvé chaussure à son pied, non ? »

Un flash instantané traversa la vision de Seiichi. L'image d'un jeune garçon appelé Tomoki, naïf et pourtant si avide d'amour et de tendresse, plein de vie malgré sa maladie qui lui rongeait le cerveau un peu plus chaque jour. Un éclat de tristesse vint se planter dans le cœur de Seiichi lorsqu'il se remémora les funérailles du jeune garçon.

« Excuse-moi, fit Reiji.

Ce n'est rien. C'est le passé.

Tu serais libre toi ?

Tu sais bien que je m'occupe de Rena. »

Reiji marmonna dans sa barbe, apparemment fort mécontent de la réponse de son ami.

« Izumi-Kun et Naoya-Kun seraient du plus bel effet dans la soirée, tu ne trouves pas ? demanda Seiichi en clignant de l'œil.

T'es barge ou quoi ? Je n'enverrai jamais Naoya dans un repère de bêtes sauvages comme celui là ! Et Takamiya me tuerait si je pervertissais le gamin lors d'une de ces soirées mondaines pas très catholiques.

Mais Takamiya et toi vous pourriez être là pour les surveiller. Cela ferait déjà quatre hôtes sur cinq de trouvés, et d'excellente qualité. De plus, je pense qu'il y aura bien assez d'hôtes professionnels pour couvrir l'appétit sexuel de certains des invités, tu ne crois pas ?

Ce n'est pas une bonne idée, Seiichi, répliqua Reiji d'un ton ferme.

Comme tu veux, ce n'était qu'une proposition après tout. »

Seiichi savait très bien ce que pensait Reiji de son idée. Naoya savait dans quel domaine travaillait son amant, seulement la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes. Cela n'aurait pas ennuyé Reiji plus que cela d'amener Naoya avec lui si ce dernier avait déjà accepté « les faits ». D'ailleurs, Seiichi pensait qu'une petite valse avec son chaton ne déplairait sûrement pas au patron du Blue Boy. Il était aussi persuadé que Naoya ne serait aucunement gêné de participer à l'une de ces soirées. C'était simplement l'anxiété de Reiji, qui voulait protéger son jeune amant au maximum, ce qui était très louable en soi.

« Pour en revenir à Rena, elle portait aussi l'une de mes vestes, fit Reiji irrité.

Ah ah ah ! Là c'est à Kashima qu'il faut s'en prendre ! Je n'y suis pour rien dans cette histoire !

Vraiment ? Kashima ? appela Reiji en se tournant vers le jeune homme blond au costume gris perle qui renforçait la bonté qui se dégageait de ses yeux noisette.

Monsieur ? fit le secrétaire qui était resté muet dans un coin du bureau jusqu'à présent.

Alors comme cela s'est toi qui a habillé la gamine avec mes fringues ?

La petite n'avait pas de veste et vu sa stature je me suis tout naturellement dit que l'une des anciennes vestes inutilisée de Reiji-Sama lui irait à merveille. Elle l'a d'ailleurs porté avec grâce, ne trouvez-vous pas ?

Tout à fait ! s'exclama Seiichi pour soutenir le domestique.

Ouais, ouais. C'est une coalition quoi, fit Reiji bougon.

Je n'aurais pas trouvé de meilleur mot. » souligna Kashima avec un sourire.

Reiji fit la sourde oreille. Il s'apprêtait à bouder et à remettre le nez dans ses papiers quand le téléphone sonna à nouveau. Il décrocha rapidement.

« Quoi encore !

A… Heu… Aoe-San ? Je…, bredouilla Naoya qui ne s'attendait pas du tout à une telle réception.

Naoya, c'est toi, fit Reiji avec une voix beaucoup plus douce.

Oui je… Je m'excuse de vous déranger…

Tu ne déranges pas.

Je voulais savoir si je pouvais passer vous voir mais j'attendrais demain, c'est pas très…

Tu peux venir tout de suite, je viens de finir ma journée, répliqua Reiji en s'adossant à son fauteuil, soudain plus calme et serein que dans la minute précédente.

D'accord. Je serais là dans dix minutes alors.

C'est parfait. A tout de suite.

Bonsoir.

Ne soit pas en retard. »

Reiji raccrocha avec un minuscule sourire aux lèvres.

Seiichi le remarqua et faillit lever les yeux au ciel. Ce gamin changeait Aoe de démon en ange. C'était la première fois qu'il voyait son patron et ami amoureux. Il n'aurait jamais crû qu'il pouvait être aussi possessif et jaloux. D'un autre côté, les personnes capables de percer la carapace de son ami devait se compter sur les doigts d'une main. Pas étonnant qu'il y tienne tant.

« Bon, fit Seiichi qui était bien décidé à profiter de la bonne humeur de son patron pour se sauver en douce. Si tu n'as plus rien à me dire je vais y aller. Mine de rien s'est épuisant de prendre soin d'une adolescente.

Hm. Tu t'en tires bien, commenta Reiji.

Tu remercieras Naoya-Kun pour moi, répliqua Seiichi avec un grand sourire.

Je ne vois pas ce que Naoya a à voir là-dedans, contre-attaqua Reiji avec une mauvaise foi évidente.

Hai, hai, fit Seiichi en se levant et en levant les mains en signe de trêve. »

Seiichi salua son patron en se penchant légèrement en avant puis se dirigea vers la porte que Kashima ouvrit pour lui. A bien y réfléchir, il aurait bien aimé y participer à cette soirée de vendredi. La plupart de ses collègues de travail ainsi que ses kouhais seraient là. Il aurait bien aimé discuter un peu avec eux voir comment allaient les choses. De plus, il devait bien se l'avouer, il était en manque de sexe. Une petite sauterie n'aurait pas été pour lui déplaire. Si seulement il n'y avait pas eu Rena…

Seiichi s'arrêta avant de passer la porte du bureau de Reiji. Il repensa à la jeune fille, plutôt de grande taille, fine, pas beaucoup de poitrine, de longs cheveux noirs… Un sourire de vainqueur s'afficha sur son visage, ce qui rendit perplexe Kashima qui l'observait sans comprendre. Seiichi se retourna brusquement.

« Reiji ! Enfin, patron ! » s'exclama-t-il.

Reiji releva la tête de ses papiers et interrogea son employé du regard.

« Je crois que j'ai trouvé le cinquième hôte de la soirée. » déclara-t-il avec malice.

Reiji le fixa, sceptique.

« Je vous l'amènerai vendredi soir, vous m'en direz des nouvelles. Mais en contrepartie, j'aimerai bien y voir Naoya-Kun et Izumi-Kun. Je suis sûr qu'ils s'entendront très bien avec lui, et cela l'apaisera de voir d'autres garçons de son âge. » décréta Seiichi.

Reiji faillit en avaler sa cigarette. Il toussa plusieurs fois avant de reprendre contenance.

« Seiichi, tu deviens sénile avant l'âge ou quoi ? Je ne prends pas de mineurs dans mon club !

Je sais ! Mais ton client ne demande en fait que des figurants, non ? Cela ferait vraiment du bien à mon nouveau. Cela lui ferait voir la vie sous un autre angle. Et je te promet que tu ne seras pas déçu. Sa tenue et son attitude seront irréprochables ! Une vraie perle comme tu en as rarement vu ! »

Reiji resta muet pendant une bonne minute. Il devait s'avouer qu'il avait aussi un peu envie d'amener Naoya à cette soirée. Même s'il avait peur pour sa sécurité, il avait aussi de le montrer fièrement à tout le monde. Son amant était devenu un jeune homme d'un charme rare et son intelligence n'était plus à démontrer. Il l'aimait et de temps en temps il voulait que le monde entier le sache. Simplement, sa pudeur et son image lui interdisait d'être aussi naturel. Seiichi venait de lui donner l'argument pour inviter Naoya à la petite fête sans pour autant paraître être l'instigateur de ce projet. Il garderait donc toute sa dignité aux yeux du jeune homme. Il n'avait pas vraiment de raisons de refuser finalement.

« Très bien. Mais tu as intérêt à épater ta galerie avec ta soi-disant perle rare.

Deal ! » s'écria Seiichi tout excité.

Sur ce, il ne rajouta pas un mot et sortit rapidement du bureau de son patron. Il devait rentrer chez lui et fouiller la garde robe de Katsuki. La fin de semaine s'annonçait fébrile et pleine de rebondissements. Seiichi s'en félicita.

A suivre…

Dancelune, 26 Mars 2005.